"Les grosses n'ont simplement pas le luxe de passer pour des hystériques; dans l'imaginaire collectif, nous sommes déjà paresseuses, apathiques et stupides, en plus de manger comme des porcs. Au lieu de crier, j'écris. Mes voisines apprécient sans doute la délicatesse. Je canalise mon aversion dans chaque touche enfoncée, dans chaque lettre et chaque virgule qui défilent devant moi. Je me prends pour une autrice en écrivant sur ce que je connais le mieux: la haine."
Malgré les beaux discours sur la diversité corporelle et l'acceptation de soi, rien ne semble entamer la grossophobie ambiante. Dans Cet exécrable corps, Eli San explore son dégoût instinctif envers son propre corps. D'un ton acerbe, vulnérable et parfois indulgent, ce livre parle de capitalisme, de haine de soi et d'injonction à la minceur, mais surtout, de la difficulté d'être emprisonnée dans un corps que tout nous pousse à haïr.
«Je vis avec des fantômes. Je ne guérirai jamais car j'adore jouer dans le bobo, le bobo me regarde, il rit, je lui souris gentiment, le bobo et moi sommes des amis de longue date, quand je le montre aux médecins ils me disent qu'il est là pour rester, ils me disent d'apprendre à vivre avec, et moi, femme-fantôme, je réponds d'une voix d'outre-tombe : Bouh.»
Quelque part dans la poche d'un manteau de fausse fourrure remplie de mouchoirs usagés, parmi les contenants, les sachets et les cartes de crédit, une voix rompt la quiétude d'une petite toxicomanie tranquille. Et s'il était possible de raconter autrement la dépendance aux drogues que selon le traditionnel schéma qui va de la chute à la rédemption? En cherchant à réfléchir hors de cette trame surannée, Marie Darsigny constate que le panorama est brouillé tant par la médicalisation que la marchandisation du rétablissement. En écho aux Amy Winehouse, Billie Holiday, Marguerite Duras, Jean Rhys ou Joan Didion, Marie Darsigny revendique un éthos d'écrivaine délinquante, d'intoxiquée fonctionnelle, se débattant avec la tragicomédie de la désintoxication.
À qui appartient la ville ? Sûrement pas aux femmes. Souvent le théâtre des violences ordinaires ou frontales, la ville repose sur des fondations sexistes. Kern s'attarde à la manière dont les relations de genre, de classe, de race, d'âge se déploient dans la ville. Elle nous invite à redéfinir et à nous réapproprier les espaces urbains. Comment rendre nos villes plus féministes ? Partant de son expérience quotidienne de citadine à différentes époques de sa vie (enfant, adolescente, étudiante, travailleuse, militante et mère), elle s'appuie sur les théories d'urbanisme, des travaux de géographes féministes et des références à la culture pop pour montrer comment une ville genrée qui s'embourgeoise exclut les populations marginalisées, mais également pour évoquer les possibles configurations d'une ville plus inclusive.
La question des jeunes trans gagnerait à être mieux connue du grand public. Longtemps, les identités trans et non binaires chez les enfants et les jeunes ont été comprises comme des pathologies du développement à mettre en veilleuse, voire à corriger. Or, la littérature scientifique actuelle et l'expérience du terrain nous montrent que les identités de genre non conformes sont une expression parmi d'autres de la diversité humaine. Défendant une approche dite «transaffirmative», qui repose sur une vision non binaire du genre, non pathologisante, respectant l'autodétermination et l'expertise des personnes sur leur vie, cet ouvrage pluridisciplinaire entend fournir des fondements théoriques et pratiques sur le sujet, dans le but d'accompagner et d'améliorer la qualité de vie de ces jeunes.
Avec des textes de Éli Abdellahi, Florence Ashley, Alexandre Baril, Greta Bauer, Gabrielle Bouchard, Lucile Crémier, Aaron Devor, Karine Espineira, Maxime Faddoul, Annie Fontaine, Andrée-Ann Frappier, Gabriel Galantino, Shuvo Ghosh, Gabriel Girard, Andreea Gorgos, matthew heinz, Valeria Kirichenko, Zack Marshall, Denise Medico, Annie Pullen Sansfaçon, Jake Pyne, Marjorie Rabiau, Muriel Reboh Serero, Marie-Joëlle Robichaud, Jean-Sébastien Sauvé, Françoise Susset, Charles-Antoine Thibeault, Jacques Thonney, Raphaël Wahlen et Adèle Zufferey.
Queer, la télévision? À en croire certains éditocrates excédés, il serait désormais impossible d'ouvrir la télé sans y voir toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. S'il est vrai que la diversité sexuelle et la complexité des genres sont de plus en plus représentées à la télévision, les efforts déployés par les Netflix de ce monde pour rester en phase avec les attentes du public sont souvent suspects... et incomplets. Que signifient au juste ces nouvelles représentations? Peut-on faire confiance à un média qui cherche avant tout à engranger des profits? La télévision peut-elle être queer?
Talk-show, websérie, téléroman, les études de cas réunies ici portent sur divers formats de ce média, et ce, dans différents contextes culturels (Québec, Canada, États-Unis, Allemagne et Espagne). Ces analyses montrent tout à la fois les limites du média et ses possibilités pour mettre en scène des représentations queer radicalement subversives.
Des textes de Stéfany Boisvert, Tara Chanady, Florian Grandena, Charlotte Kaiser, Antonio Lérida Muñoz, Alexis Poirier-Saumure, Julie Ravary-Pilon, Joëlle Rouleau, Olivier Tremblay, Christoph Vatter et Arnaud Widendaële.
Luxure, nom féminin : comportement de quelqu'un qui se livre sans retenue aux plaisirs sexuels.
Les codirectrices de Libérer la colère poursuivent leur relecture libre et féministe des péchés capitaux en s'attaquant cette fois à une bête redoutable : le sexe. Qui a dit que la libération sexuelle des années 1970 avait vraiment «libéré» notre sexualité? Est-ce que le devoir conjugal n'appartient qu'à la génération de nos grands-mères? Comment se fait-il que le fossé orgasmique soit encore si profond? Peut-on repenser le sexe en dehors du modèle standard de couple? De l'asexualité au BDSM, du polyamour au consentement enthousiaste, ces textes culottés réclament haut et fort une nouvelle révolution sexuelle, une réinvention de nos rapports intimes. Si le privé est politique, la sexualité est la clé de voûte de véritables rapports égalitaires. Nous réclamons le droit à la jouissance complète de nos vies. Si dans Libérer la colère nous disions être des féministes frustré·e·s, nous constatons dans Libérer la culotte que nous sommes aussi mal baisé·e·s.
Avec des textes de Stella Adjokê, Caroline Allard, Julie Artacho, Rose-Aimée Automne T. Morin, Sarah Beaudoin, Rachel Bergeron, Pascale Bérubé, Isabelle Bouchard-Veillette, Fanny Britt, Emilie Sarah Caravecchia, Zed Cézard, Maya Cousineau-Mollen, Caroline Dawson, Fannie Dionne, Catherine Darion, Laïma A. Gérald, Amélie Gillenn, Marie-Laure Landais, Leyla Lardja, Maude Ménard-Chicoine, Geneviève Morand, Mélodie Nelson, Maude Painchaud-Major, Léonie Pelletier, Véronique Pion, Shirley Rivet, Natalie-Ann Roy, Hélène Saint-Jacques et Catherine Voyer-Léger, et des entretiens avec Melissa Mollen Dupuis et France Castel.
Elles sont belles. Elles sont riches. Elles sont populaires. Elles sont des superstars, et elles se disent féministes. Dans la lignée de Madonna, des Riot Grrrls et des Spice Girls s'élèvent aujourd'hui les voix et les corps de femmes puissantes et controversées comme Beyoncé et Lady Gaga. On leur reproche de faire fructifier leurs prises de position. D'édulcorer les idées politiques dont elles se réclament. Simple plus-value à leur image de marque ou résistance authentique ? Et si leur discours relevait à la fois de l'une et de l'autre ?
Sandrine Galand plonge au coeur de ces questions difficiles dans cet essai documenté sur la place du féminisme dans la culture populaire contemporaine. Elle fait le pari d'embrasser les tensions qui le traversent pour mieux repérer ce que ces stars pop représentent de subversif et d'inclusif, pour mieux comprendre ce qui se passe entre les gloires et les chutes. Plus qu'un effet de mode, ce sont de nouveaux récits qui s'écrivent avec ou en marge des luttes. L'autrice réapprend à aimer ce féminisme qui fleurit à l'ombre du spectacle, en révélant ce qui, en lui, nous parle de nous.
Né dans les espaces publics clandestins et masculins des Lumières anglaises, le mouvement anarchiste au 19e siècle était accusé de « conspiration » par des gouvernements effrayés par la révolution. Au début du 21e siècle, diverses « théories du complot » suggèrent que les anarchistes sont contrôlés par le gouvernement. Au sein même des groupes anarchistes, de nombreuses idées complotistes ainsi que des préjugés sur le genre et la laïcité circulent, nuisant aux efforts de « solidarité ». Mettre de l'ordre dans l'histoire de la gauche radicale, voilà l'objectif de cet essai iconoclaste. Erica Lagalisse propose donc une réflexion sur l'autorité au sein des mouvements de gauche et de la mouvance anarchiste, dans une perspective féministe et décoloniale qui en examine les angles morts. Les inégalités de genre, de classe et la domination Nord-Sud sont tour à tour évoquées dans ce portrait de ce qui constitue le capital culturel de plusieurs leaders élitistes de la gauche. Dans un contexte où les théories conspirationnistes sont florissantes, Lagalisse montre comment il est impérieux de comprendre l'attrait qu'elles exercent auprès de populations moins scolarisées. Tenant à la fois de l'histoire, de l'ethnographie et du récit, ce brillant essai d'une activiste, elle-même anarchiste et féministe, est un ouvrage majeur.
« C'est précisément à cause des effets néfastes de cette abondante désinformation sur la fraternité révolutionnaire dans la culture populaire que je trouve utile, sur le plan politique, de tirer ces affaires au clair. »
Qu'y a-t-il de commun entre la mort de Joyce Echaquan en 2020 et celle de Marie-Joseph Angélique en 1734? La militante de longue date Alexandra Pierre en aurait long à dire sur le sujet. Dans ce livre, elle s'entretient avec neuf femmes engagées afin de connaître leurs histoires de résistance et faire apparaître le fil qui les unit les unes aux autres. Elle en tire un matériau inédit, ancré dans les luttes passées et futures, et détaché des grandes trames du féminisme blanc et du militantisme de gauche. Habilement orchestré, alternant de l'intime au politique, cet essai révèle une pensée en mouvement, généreuse et insoumise.
«Toutes nos histoires sont interconnectées. Nous sommes toutes des soeurs de lutte.» - Émilie Monnet et Marilou Craft, extrait de la préface
Avec la participation de Avni, Dalila Awada, Naïma Hamrouni, Widia Larivière, Marlihan Lopez, Abisara Machold, Hirut Melaku, Sheetal Pathak et Alejandra Zaga Mendez.
L'école enseigne-t-elle l'hétérosexualité? Y apprend-on les bonnes et les mauvaises manières d'être une fille ou un garçon? Dans la cour de récréation comme en classe, les jeunes ont tôt fait de comprendre quels corps, quels comportements et quelles attirances sont admissibles. Et c'est peut-être dans les cours d'éducation à la sexualité que ces messages sont transmis le plus directement.
Ce livre passe au crible une culture scolaire qui contribue à reconduire des normes de genre et de sexualité, souvent à son insu. Il montre comment les programmes, les manuels et les pratiques enseignantes peuvent maintenir les élèves dans l'ignorance quant à leur identité et leurs désirs, voire alimenter la violence. Dressant un portrait sans complaisance de l'éducation à la sexualité en France et au Québec, il propose des pistes d'intervention afin de rendre les contenus scolaires véritablement inclusifs, positifs et antioppressifs.
En quoi consiste la notion de consentement enthousiaste? De quelles façons se vit le plaisir sexuel, seule ou avec des partenaires? Comment conjuguer désir et handicap ou maladie chronique? Et comment la société et la culture influencent-elles l'expérience de la sexualité? Des questions fondamentales qui se retrouvent bien souvent sans réponse, à une époque où on en aurait tant besoin pour faire des choix éclairés. Corps accord vient rompre le cycle de l'ignorance.
Accessible, décomplexé et inclusif, cet ouvrage est la première adaptation québécoise du classique Our Bodies, Ourselves, dont la dernière édition est parue en 2011. D'abord publié en 1971, puis maintes fois réédité et traduit en 34 langues, OBOS a révolutionné le domaine de la santé de femmes en alliant des témoignages sur leur sexualité, des points de vue féministes diversifiés et des données scientifiques. Cette véritable encyclopédie a contribué à une réappropriation du pouvoir et du savoir des femmes sur leur corps et demeure à ce jour une ressource incontournable pour toutes les générations.
Encore invisible, le travail des femmes? La question peut faire sourciller tant les féministes ont obtenu des gains sur ce front au cours des dernières décennies. Or, si les femmes ont massivement intégré le marché de l'emploi, le travail dit invisible, majoritairement effectué par celles-ci, n'a fait que croître et se complexifier. En plus du strict travail ménager, il se présente sous de multiples visages: la charge mentale de l'organisation familiale, le travail invisible d'intégration des femmes immigrantes, le travail des proches aidantes, celui des aides familiales venues d'ailleurs, des femmes autochtones et racisées, des étudiantes stagiaires, ou encore, des travailleuses du sexe.
Comment se décline l'enjeu du travail invisible dans différents milieux, et où en sont les revendications pour faire reconnaître ce travail et le sortir de l'ombre? Rassemblant des militantes féministes et des intellectuelles engagées sur ces questions, cet ouvrage collectif entend remettre le sujet du travail invisible à l'ordre du jour politique tout en proposant des pistes de réflexion et de mobilisation concrètes.
Des textes de Stella Adjokê, Sandrine Belley, Sonia Ben Soltane, Annabelle Berthiaume, Jenn Clamen, Hélène Cornellier, Irène Demczuk, Myriam Dumont Robillard, Claudia Foisy, Monica Forrester, Elizabeth James, Elene Lam, Widia Larivière, Valérie Lefebvre-Faucher, Linda Li, Camille Robert, Annabelle Seery, Valérie Simard et Louise Toupin.
Nées en Italie dans les années 1940, Silvia Federici et Mariarosa Dalla Costa sont des militantes pionnières et des intellectuelles féministes de premier plan. Dans ces entretiens avec Louise Toupin, elles reviennent sur le mouvement qu'elles ont cofondé en 1972, le Collectif féministe international, qui fut à l'origine d'une revendication radicale et controversée au sein du féminisme, celle de la rémunération du travail domestique. À partir de ce riche terreau, elles racontent comment s'est développée leur pensée au fil du temps, et formulent une critique intersectionnelle du capitalisme néolibéral, depuis la notion de crise de la reproduction sociale.
Quand sont apparues ces Correspondances libres, furieuses et joyeuses, en 2008, le web avait encore l'air d'un vaste boy's club. C'était l'époque où le féminisme n'avait pas du tout la cote. Des aventurières ont alors pris la toile d'assaut, en faisant le pari d'offrir aux jeunes féministes une tribune à leur image. Elles ont blogué, créé et piaffé sans répit, et ce, jusqu'à transformer le web.
Je suis féministe a été - et est toujours - ce blogue influent, incubateur de polémiques et d'émois, tel un feuilleton du féminisme 2.0. Cet espace a servi de porte d'entrée dans l'écriture et dans le débat public à des dizaines de jeunes francophones qui s'y sont multipliées, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus les ignorer.
Grâce au minutieux travail de Marianne Prairie, auteure et chroniqueuse, et de Caroline Roy-Blais, recherchiste et gestionnaire de communauté, Je suis féministe passe au papier, afin de garder une trace de cette aventure collective marquante. Cette anthologie réunit des textes de plus de 30 auteures, écrits entre 2008 et aujourd'hui.
«Dans les voix claires et nettes de ces jeunes femmes, on entend tour à tour l'exaspération, la moquerie, la colère, la curiosité, la tristesse, la révolte, l'humour autocritique, la complicité et, surtout, un immense désir de bousculer un ordre établi sans elles.» - Sylvie Dupont, extrait de la préface
Moi, Gémeau ascendant Sagittaire, j'apprends à devenir une plante, l'espace d'un livre, d'un parcours spirituel, avec ses résistances, ses engagements, ses frustrations, ses désistements et ses extases. C'est avec une pelle, un sécateur et mes pieds que j'ai ouvert le sentier sur lequel j'ai traîné le bagage critique d'une femme qui a passé beaucoup de temps à l'université. Je l'ai gardé, ce bagage, même si je l'ai un peu remodelé, parce qu'au final, c'est lui qui peaufine, qui sculpte, et qui fait shiner ma destinée.
Historienne de l'art, horticultrice-arboricultrice, forestière et yogini, Pattie O'Green nous entraînedans l'univers des yogis qui nous expliquent la vie, des déesses néolibérées, des fuckboys spirituels, des sirènes en sac de couchage et des jardiniers-bénéficiaires d'un CHSLD. Elle y explore les rapports à la nature et au corps sur les chantiers d'horticulture, dans la forêt urbaine et lors de longues randonnées dans le bois, mais c'est par la danse, la masturbation féminine et le rêve chamanique que le coeur finit par s'ouvrir.
À chaque mouvement de libération, sa réplique contre-révolutionnaire: c'est ce que nous enseigne l'histoire. Les luttes féministes n'y font pas exception. Décrié à droite comme un réel péril pour la stabilité sociale et l'avenir de la nation, à gauche comme une lutte secondaire à inscrire dans un bien plus vaste programme, le féminisme a toujours dérangé ceux qui trouvent intérêt à préserver le régime patriarcal.
Tant sur le plan des idées que de l'action, l'antiféminisme se déploie suivant une logique réactionnaire, dont la visée, consciente ou pas, serait de revaloriser une condition masculine mise à mal. Pour arriver à leurs fins, les antiféministes usent de stratégies discursives comme la désinformation ou le recours à la nostalgie du «bon vieux temps» et à l'ordre naturel. Ce sont précisément ces discours revanchards, présents sur toutes les scènes, de celle de l'humour à celle du militantisme, que cet ouvrage entend décortiquer.
«L'antiféminisme a accompagné toute l'histoire du féminisme, en dénonçant ses excès ou en s'empressant d'en dresser le constat de décès. Il couvre un spectre très large, mais il comprend toujours une dénonciation de la liberté et de l'égalité que revendiquent les féministes pour toutes les femmes.» - Francis Dupuis-Déri et Diane Lamoureux, extrait de l'introduction
Des textes de Julie Abbou, Jérôme Cotte, Francine Descarries, Francis Dupuis-Déri, Sara Garbagnoli, Diane Lamoureux, France Théoret et Sidonie Verhaeghe.
À l'heure où des crises environnementales, économiques, politiques et humanitaires se croisent et menacent jusqu'à la vie sur Terre, il est troublant de constater que nous ne faisons toujours pas de la défense du vivant une priorité. Et si le travail de soin, les modes de vie égalitaires et durables souffraient du même mépris qui a longtemps occulté le savoir et l'action des femmes? Ce livre postule l'urgence de l'écoféminisme. Comprendre les similitudes dans le fonctionnement du patriarcat et de l'exploitation de la nature permet de revaloriser de puissantes stratégies de résistance.
Les auteures de ce recueil réfléchissent à la décentralisation du pouvoir, à la décolonisation, aux droits des animaux, à la crise de la reproduction, aux grands projets d'exploitation des ressources, au retour à la terre, à la financiarisation du vivant, à la justice entre générations. Toutes sont engagées sur plusieurs fronts pour freiner la destruction du monde. Et pensent que nous n'y arriverons pas sans rompre radicalement avec l'idéologie de domination.
Tant de luttes ont été menées pour que les lesbiennes sortent de l'ombre. Pourtant, les adolescentes qui prennent conscience aujourd'hui de leur homosexualité refont le même chemin tortueux, de l'invisibilité à l'affirmation. Et le récit de ces expériences demeure rare, étouffé, voire phagocyté par le tapage continu du discours hétérosexiste.
Ce livre rassemble et analyse les témoignages sans fard d'une vingtaine de jeunes femmes qui ont accepté de dévoiler pour nous ces parcours intimes. Quand prend-on conscience de son orientation sexuelle? Que faire des désirs homosexuels naissants? Comment agissent les représentations culturelles de l'hétérosexualité? Et qu'est-ce qui fait que l'on s'identifie, au final, comme lesbienne?
Toutes se souviennent de l'homophobie latente à l'école, des relations hétérosexuelles malheureuses, du sentiment d'être normales ou déviantes, des réactions de leur famille, de leur propre déni. Et du silence aussi, qu'elles ont brisé pour cet essai, qui veut aider d'autres jeunes femmes à surmonter la détresse et les blessures.
Féminisme et religion sont-ils mutuellement exclusifs, voire irréconciliables? Devons-nous absolument vivre des déchirements autour de ces enjeux fondamentaux ? À l'heure des tensions que l'on connaît en Occident et de la hausse des discriminations liées aux signes religieux, tout porte à croire que oui. Dania Suleman pense plutôt le contraire. Avec cet essai bref et brillant, écrit dans un souci de vulgarisation, elle saute dans l'arène dans le but avoué d'amorcer une réconciliation.
La coexistence de la liberté de religion et de l'égalité des sexes est une question sensible qui n'est pas sans comporter de pièges. Dania Suleman sait les éviter pour nous mener ailleurs. Là où il est possible de reconnaître la dimension patriarcale des religions à travers l'histoire, mais du même souffle, le rôle qu'elles jouent dans l'intégration sociale de la population immigrante. Possible de constater que les tribunaux canadiens savent faire la part des choses pour protéger les femmes, sans hiérarchiser ces droits constitutionnels. Possible d'explorer le travail des théologiennes féministes postcoloniales qui revisitent les textes sacrés. Une réflexion salutaire puisant à la sociologie, au droit et au féminisme, qui vient revaloriser l'autonomie et la liberté des femmes tout en offrant un point de vue incarné sur l'identité religieuse. Et surtout, qui peut contribuer à apaiser les fractures sociales.
Nous sommes en colère! Ce fut une révélation. Une épiphanie. Ce sentiment est tellement honni pour les femmes. Nous vivions dans le déni. Nous ravalions le grondement. Déjà le dire. Se l'avouer. L'écrire. Le hurler. Nous sommes en colère. C'est le début de la libération.
Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy croient que si les femmes manquent de pratique, leur colère est nécessaire. Elles ont décidé de la prendre au sérieux, et de lui ouvrir un espace. Cette colère accumulée, longtemps cachée pour préserver les apparences d'harmonie, se déploie ici comme une puissance politique méconnue. Ce livre rassemble les témoignages, les coups de gueule et les réflexions d'auteures aux réalités variées. Ensemble, elles pulvérisent le mythe de la femme supportant les outrages en silence, comme celui de l'hystérique aux emportements absurdes. Leur indignation s'explique et s'assume; encore faut-il avoir le courage de les écouter...
Avec des textes de Dalila Awada, Laurence Bergeron, Pascale Bérubé, Emilie Sarah Caravecchia, Natacha Clitandre, Sabrina Clitandre, Yolande Cohen, Alexa Conradi, Toula Drimonis, Anne Florentiny, Kristen Ford, Élodie Gagnon, Amélie Gillenn, Andréanne Graton, Gaëlle Graton, Véronique Grenier, Marilyse Hamelin, Mariane Labrecque, Aurélie Lanctôt, Marie-Laure Landais, Marie-Claude Lortie, Melissa Mollen Dupuis, Geneviève Morand, Pénélope McQuade, Véronique Pion, Noémie Pomerleau-Cloutier, Marianne Prairie, Natalie-Ann Roy, Shahad Salman, Carolane Stratis, Josiane Stratis, Elkahna Talbi (Queen Ka), Danielle Veilleux, Jocelyne Veilleux, Cathy Wong.
Confrontées à une société sexiste et raciste qui leur impose des images stigmatisantes d'elles-mêmes, les femmes noires des États-Unis n'en ont pas moins une longue histoire de résistances. Dans cet essai incontournable enfin traduit en français, Patricia Hill Collins nous offre une synthèse impressionnante de cette tradition d'oppression et de militantisme.
La pensée féministe noire puise autant dans la littérature, les récits de vie, l'histoire militante, la philosophie sociale et politique, la sociologie critique que dans la culture populaire. Elle nous incite à penser non seulement les oppressions enchevêtrées, mais aussi les luttes passées et à venir. Ce livre donne accès à un savoir profondément ancré dans l'expérience irréductible des Africaines-Américaines; un savoir essentiel pour qui se préoccupe de justice sociale et pour un féminisme véritablement inclusif.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Diane Lamoureux
À l'automne 2013, au moment de la controversée Charte des valeurs visant à interdire aux fonctionnaires le port de signes religieux dits ostentatoires, des femmes et des féministes se sont organisées. Pendant que certaines se regroupaient sous des bannières faisant de la laïcité la seule garante de l'égalité des sexes, des féministes se sont saisies d'espaces de parole alternatifs pour dénoncer le déni des droits fondamentaux et la stigmatisation des femmes issues de minorités.
Si l'analyse des intersections entre racisme et sexisme fait partie intégrante du champ des études féministes depuis la fin des années 1960, le contexte politique récent ramène à l'avant-plan ces questions difficiles et nous force à les revoir sous un éclairage nouveau. Qui est le sujet-femme dont parle le féminisme? Qui fait partie de ce «Nous» et quelles femmes en sont implicitement tenues à la marge? Est-ce que les revendications au coeur du féminisme actuel représentent bien les préoccupations profondes des femmes minorisées, racisées? Compte tenu de l'effervescence que connaît le féminisme ces derniers temps, il était devenu incontournable de rassembler dans un même ouvrage ces réflexions sur le thème des femmes racisées, une première dans le monde francophone.
Avec des textes de Leïla Benhadjoudja, Sonia Ben Soltane, Ryoa Chung, Julie Cunningham, Naïma Hamrouni, Gaëlle Kingué Élonguélé, Chantal Maillé, Ida Ngueng Feze, Geneviève Pagé, Sandrine Ricci, Karine Rosso et Diahara Traoré. Avec la participation de Alia Al-Saji, Alexa Conradi, Viviane Michel, Maria Nengeh Mensah et Geneviève Rail.
L'intersectionnalité, telle qu'élaborée par les féministes noires dans les années 1980, permet de réfléchir aux rapports de pouvoir dans leur complexe enchevêtrement. Au-delà d'un certain effet de mode, cette éthique est plus que jamais nécessaire pour comprendre le monde, à l'aube d'une décennie marquée par un virus ayant partout exacerbé la violence et les inégalités, et mis en évidence les systèmes de privilèges.
Et qu'arrive-t-il lorsque l'on porte ce regard attentif sur les médias? Les textes rassemblés dans cet ouvrage explorent avec aplomb les questions de l'inclusion et de l'exclusion médiatiques. Que décoder du traitement média réservé au port du hijab dans le sport, aux agressions sexuelles à l'endroit des femmes noires et autochtones, ou encore, de la place de la sourditude et des transidentités dans l'espace public? Un recueil qui amène son lot de réponses éclairantes et douloureuses, une rareté dans le paysage des études culturelles et médiatiques francophones.
Avec des textes de Alexandra Barbeau et Stéphanie Defoy-Robitaille, Kenza Bennis, Célia Bensiali et Emory Shaw, Karine Bertrand, Nathalie Bissonnette, Gabrielle Caron, Adèle Clapperton-Richard et Catherine Laplante, Geneviève Gagné, Véronique Walsh et Josette Brun, Charles Ouellet et Anne-Sophie Gobeil, Laurence Parent et Véro Leduc, Kharoll-Ann Souffrant et Ingrid Guesdon, Marilou St-Pierre, Bochra Manaï et Christopher Lavie Mienandy, ainsi que Valérie Yanick.
Françoise Collin a fait entrer le féminisme dans la philosophie, et la philosophie dans le féminisme. Figure marquante des lettres francophones, originale, radicalement plurielle, sa pensée nous rappelle que le féminisme n'est pas qu'une théorie ou une action politique. Il est une façon d'être au monde. Dans ces textes, elle explore les notions d'héritage, de filiation et de transmission entre les générations de féministes. Un puissant antidote à la division et à la démission.
« Françoise Collin était une féministe in-comparable et une philosophe du politique. L'une n'allait pas sans l'autre. Toujours à l'affût dans le présent de ce qui interpelle, interroge, bégaye, balbutie. Avec le culot de l'interpréter, avec rigueur mais sans prétention, pour l'ouvrir à ce qui innove. »
- Marie-Blanche Tahon