Non, en politique, les extrêmes ne se rejoignent pas. Ce livre démontre pourquoi.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a bouleversé les Européens qui assistent médusés au retour de la guerre interétatique sur leur continent. En effet, depuis 1945, les Européens de l'ouest sont sortis de l'Histoire grâce aux Etats-Unis. Poutine, qui se comporte comme les Etats l'ont fait pendant des siècles, leur prouve qu'ils doivent aujourd'hui se réhabituer à vivre une tragédie et non un drame bourgeois. Le `'moment occidental'' arrive à son terme, et l'on voit apparaître un monde de grandes puissances qui ont à définir un équilibre fondé sur les rapports de force, similaire à celui que connaissait l'Europe jusqu'en 1914. Or, les Etats appelés à coexister aujourd'hui n'ont ni langage ni tradition ni vision du monde en commun... Tout est donc à réinventer.
Gérard Araud propose ici de nourrir le réarmement intellectuel de l'opinion publique française à partir d'exemples tirés de son histoire pour mettre en lumière toute la gamme des obstacles inhérents aux relations internationales. Il nous livre un véritable manuel de diplomatie avec, à chaque fois, un rappel historique des faits, mais aussi l'explication des choix diplomatiques et leurs conséquences.
Ce livre, audacieux dans sa forme, dresse des parallèles entre histoire et actualité :
La guerre de succession d'Espagne et le conflit israélo-palestinien lui permettent d'interroger la meilleure manière de terminer une guerre.
La paix d'Amiens de 1803 et le Brexit illustrent l'art de conclure des traités.
Le Congrès de Vienne éclaire la distinction entre politique étrangère et diplomatie.
La dépêche d'Ems de 1870 interroge la pression des opinions publiques indignées à l'heure des réseaux sociaux.
L'Entente cordiale évoque l'idée d'équilibre des puissances incarnée aujourd'hui par les Etats-Unis.
La Première Guerre mondiale montre comment les alliances comme l'OTAN peuvent dévier de leurs causes initiales.
Le Traité de Versailles permet de comprendre que la « question allemande » est aussi une « question française ».
Le désastre de mai 1940 se pose comme matrice de la relation de la France aux Etats-Unis.
L'expédition de Suez de 1956, leçon sur la militarisation d'une politique étrangère, informe l'engagement de la France au Mali.
Enfin, le refus français l'invasion de l'Irak en 2003 démontre que la stature d'un pays ne se résume pas à son PIB ou sa force de frappe.
Cet essai brillant, manifeste du réalisme en politique étrangère, se dévore comme un livre d'histoire.
« Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. »
Qu'est-ce qu'une nation ?
Cette question que Renan posait à la Sorbonne en 1882 reste aujourd'hui d'une actualité brûlante. Dans ce
petit texte d'une modernité insoupçonnée, souvent cité et rarement lu, Renan donne une leçon magistrale sur ce concept fondamental de l'histoire politique européenne.
Des égoïstes. Des arrivistes. Des narcisses. Des incompétents. Des traîtres.
Le théâtre politique regorge de ces créatures qui nous révulsent. Nous les critiquons, nous les jugeons et déjugeons. Nous adorons détester ce monde, mais nous nous garderions bien d'y mettre ne serait-ce qu'un orteil. Et jamais nous ne nous posons la vraie question : comment en sommes-nous arrivés là ?
Y aurait-il eu - comme les complotistes et les désabusés l'affirment - une confiscation du pouvoir, à tous les niveaux, jusqu'au sommet de l'État ? La réponse est à la fois banale et dérangeante : au-delà de travers institutionnels, de gaspillages publics et autres labyrinthes administratifs qu'il est urgent de corriger, nous avons peut-être tout simplement... les Politiques que nous méritons.
Quand l'air politique devient irrespirable, ne peuvent subsister que les héros et les dingos. Nous les rejetons, certes, nous déplorons de ne plus avoir le choix, mais ce non-choix, nous l'avons créé en rendant la vie impossible aux engagés et aux dévoués.
À la veille d'une bataille présidentielle décisive, au sortir d'un quinquennat marqué par de longues crises (Gilets jaunes, Covid-19...) et dans un contexte toujours plus dégagiste, le temps est peut-être enfin venu de balayer devant notre porte.
Et qui sait ? de se réconcilier avec nos Politiques.
Le 24 février 2022, le monde a changé. Pour la première fois depuis 1945, par la volonté de Vladimir Poutine, la guerre, la vraie, celle des chars, des canons et des missiles, des sièges sanglants et des exodes massifs de population, s'est de nouveau déclarée sur le continent européen. Le martyre de l'Ukraine, chacun en est conscient, a ouvert un nouveau chapitre de l'histoire du monde. D'un côté une dictature redoutable, décidée à faire peser sa loi sur un pays voisin et indépendant, de l'autre un peuple soucieux de liberté, soutenu par la coalition des grandes démocraties de la planète.François Hollande tire de cet événement majeur toutes ses conséquences pour l'Europe, pour le monde et pour l'avenir du peuple français. L'ancien président de la République a connu de près le chef du Kremlin. Il a négocié avec lui et Angela Merkel les accords de Minsk qui avaient établi un fragile compromis en Russes et Ukrainiens. Il a dirigé cinq ans la politique de la France, au milieu des menaces de toutes sortes, en constante liaison avec les alliés et les adversaires de notre pays. Fort de cette expérience incomparable, il éclaire de sa vive intelligence la nouvelle donne planétaire. Les démocraties sont-elles déclinantes et menacées par les tyrannies à l'offensive ? Quels sont les nouveaux rapports de force entre l'Europe, la Russie, la Chine et les États-Unis ? Comment la renaissance des empires affecte-t-elle l'équilibre du monde ? Comment ce retour tragique de la guerre se combine-t-il avec les grands défis du siècle, le dérèglement climatique, la montée des inégalités, la fragilité des démocraties, l'émergence du populisme et du nationalisme dans nombre de pays ? Témoin privilégié, acteur du jeu diplomatique, analyste respecté, homme d'État responsable, François Hollande livre un diagnostic aigu et original, trace des perspectives inattendues et propose aux Français une ligne de conduite nouvelle dans ce monde en plein bouleversement géopolitique et stratégique.
Quelles sont les origines intellectuelles de ce mythe politique qui fait le bonheur des nouvelles droites nationalistes?? Depuis son irruption dans le langage politique français au début des années 2010, «?le Grand Remplacement?», présenté comme l'objet d'un constat ou comme une théorie, traduit avant tout une grande peur idéologisée qui est apparue au cours de la seconde moitié du xixe siècle sous la plume de divers auteurs?: la peur de la fin d'un monde. Le thème du déclin de l'Occident est ainsi revenu à l'ordre du jour. Telle est la thèse de ce nouveau livre de Pierre-André Taguieff, archéologie passionnante d'une vision mythique des causes de nos malheurs. Si la croyance au «?Grand Remplacement?» est devenue populaire, c'est parce qu'elle n'a cessé d'être alimentée par les réels problèmes d'intégration posés par une immigration d'origine non européenne, ainsi que par la peur légitime du terrorisme djihadiste. Le déni persistant du malaise global qui en résulte ne fait que provoquer une radicalisation des révoltes contre le «?Système?». Las?! On ne répond pas sérieusement à un mythe aussi mobilisateur par une utopie comme celle de la «?créolisation du monde?», avancée par les nouveaux idéologues gauchistes. Pierre-André Taguieff rappelle qu'il s'agit de chercher des solutions aux vrais problèmes, en se tenant à égale distance de l'angélisme aveugle des adeptes du «?politiquement correct?» et du catastrophisme des nationalistes exaltés, qui dénoncent à grands cris l'«?immigration-invasion?».
Yes, you can ! Quatre. C'est le nombre de techniques dont vous avez besoin pour parler avec éloquence et construire des discours percutants. La métaphore, la métonymie, le contraste et la musique des mots. Rien de plus. Vous n'y croyez pas ? Et pourtant : c'est sur ces quatre leviers que reposent les plus grands discours de Barack Obama.
Dans ce livre court et efficace, l'auteur analyse les stratégies rhétoriques de l'ancien président des États-Unis et celles d'autres grands orateurs comme Robert Badinter et Simone Veil. Il décortique également les techniques à l'oeuvre dans les publicités les plus connues et les discours politiques. Chaque chapitre se conclut par des exercices pour s'approprier ces figures de style et devenir un orateur hors pair.
Moscou, 2009. Sergueï Magnitski est arrêté et torturé à mort dans une geôle moscovite après avoir dévoilé une escroquerie fiscale de 230 millions de dollars. Depuis, son ami et collaborateur Bill Browder dénonce avec ferveur les machinations financières de Poutine et consorts, se retrouvant ainsi dans le viseur du Kremlin.
En 2012, aux côtés de Barack Obama, Browder a fait adopter la « loi Magnitski », permettant aux gouvernements étrangers de geler les biens des oligarques russes visés par la justice. Cette arme puissante contre les violations des droits de l'homme est maintenant en vigueur dans plus de trente pays, suscitant la fureur du président russe.
À travers une série d'épisodes mettant en scène des juges, des politiques et des hommes d'affaires, Le Règne de glace raconte le combat de Browder pour que justice soit faite, qu'importent les risques.
Ce récit explosif, où la réalité dépasse la fiction, dévoile l'étendue de la corruption politique et financière en Russie.
Des Etats-Unis à la France en passant par l'Italie et le Royaume-Uni, partout les cadeaux fiscaux en faveur des plus riches se multiplient au même rythme que les coupes budgétaires pour les plus pauvres. Une minorité d'individus, s'accaparant déjà une importante partie des richesses, semble tout mettre en oeuvre pour en récupérer encore plus. De l'autre côté, la majorité de la population subit la dégradation des services publics, les fins de mois difficiles, la précarité et le manque d'espérance.
Des gilets jaunes aux banlieusards en passant par les cadres et les agriculteurs, cette majorité délaissée est multiple, et sa division est largement instrumentalisée par la minorité dominante et les partis politiques qui veulent s'assurer une base électorale. La lutte des classes a laissé place à une lutte entre pauvres. Et le système, intrinsèquement inégalitaire et destructeur pour la planète, ne tient qu'à ces dissensions.
Pour sortir de l'impasse, il faut que les différentes catégories que forment « les délaissés » se constituent en une classe majoritaire à même de soutenir une lutte commune : celle d'en finir avec le modèle économique actuel pour proposer un autre projet répondant aux urgences sociale et écologique.
Membre des économistes atterrés, docteur en économie de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, Thomas Porcher est professeur associé à la Paris School of Business. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages et de publications dans des revues académiques internationales. Son dernier livre, Traité d'économie hérétique (Fayard, 2018), s'est écoulé à plus de 50 000 exemplaires.
Comment s'emparer d'un Etat à l'ère de la modernité, et comment le défendre ? Voilà la question à laquelle Malaparte répond dans cet essai publié pour la première fois en 1931. La première édition a été française, chez Grasset, et le livre a été interdit dans toutes les dictatures du moment, pour n'être traduit en Italie qu'en 1948. Selon Malaparte, le temps des révolutions populaires est terminé. Nul besoin désormais de mobiliser un peuple afin de conquérir le pouvoir. Pour renverser un régime, il suffit d'une organisation technique et tactique, d'un nombre restreint d'individus capables de paralyser, pendant quelques heures, les administrations. Il illustre cette thèse en analysant le coup d'Etat bolchevique de 1917, la victoire du Polonais Pilsudski contre les Soviétiques en 1920, le putsch manqué de Kapp la même année à Berlin, et consacre un chapitre au 18 Brumaire de Bonaparte.
Loin d'être un traité sec et analytique, ce livre donne l'occasion à Malaparte de déployer son génie du portrait. Et voici un homme politique allemand qui n'exerce pas encore le pouvoir au moment où est publié le livre : hystérique, jaloux, peureux, tous traits de caractère qui ne pourront le mener qu'à une férocité impitoyable et sans limite. Ce politicien, c'est Hitler, et la description est prophétique.
Théorie impeccable, art du portrait et pénétration psychologique font de ce livre un classique. Et ce n'est pas parce que les réseaux sociaux sont arriver qu'il s'agit moins, à un moment donné, de prendre d'assaut un bâtiment symbolique du pouvoir... Tous ceux qui se rappellent le 6 janvier 2021 à Washington le savent.
« Le Royaume-Uni des années 1980. Les années Thatcher. Elles sortent toutes de là, les voix qui courent dans ce livre, elles plongent au creux de plaies toujours béantes, tissent un récit social, la chronique d'un pays, mais plus que cela, elles laissent voir le commencement de l'époque dans laquelle nous vivons et dont nous ne savons plus comment sortir.
C'est l'histoire d'un spasme idéologique, doublé d'une poussée technologique qui a bouleversé les vies. Ici s'achève ce que l'Occident avait tenté de créer pour panser les plaies de deux guerres mondiales. Ici commence aujourd'hui : les SOS des hôpitaux. La police devenu force paramilitaire. L'information tombée aux mains de magnats multimilliardaires. La suspicion sur la dépense publique quand l'individu est poussé à s'endetter jusqu'à rendre gorge. La stigmatisation de populations entières devenues ennemis de l'intérieur.
Londres. Birmingham. Sheffield, Barnsley. Liverpool. Belfast. Ancien ministre. Leader d'opposition. Conseiller politique. Journaliste. Ecrivain. Mineur. Activistes irlandais. Voici des paroles souvent brutes qui s'enchâssent, s'opposent et se croisent. Comment ne pas entendre ces quelques mots simples venus aux lèvres de l'ancien mineur Chris Kitchen comme de l'écrivain David Lodge : une société moins humaine était en gestation ?
Comment ne pas constater que le capitalisme qui prétendait alors incarner le monde libre face au bloc soviétique en plein délitement, est aujourd'hui en train de tuer la démocratie ?
Quand la mémoire prend forme, il est peut-être trop tard, mais il est toujours temps de comprendre. »J.P.
Dans un monde où les réseaux numériques entraînent une interconnexion des systèmes de traitement de l'information, les menaces associées à la digitalisation ont totalement transformé la manière de concevoir les conflits contemporains. Les États, et les principaux acteurs de la sécurité, sont donc amenés à repenser leurs politiques, leurs architectures et leurs stratégies de défense sur la scène internationale.
Le domaine de la cyberdéfense doit être appréhendé de manière globale et pluridisciplinaire, au croisement des approches politiques et géopolitiques, stratégiques et juridiques, économiques, techniques et sociotechniques. Cet ouvrage, rédigé par de nombreux spécialistes, offre de manière concise et accessible une vision large des connaissances disponibles sur la gestion de crise dans l'espace numérique.
Rapports de forces, cyberattaques sur les infrastructures, hacking, espionnage, fake news, cette deuxième édition, entièrement revue et actualisée, prend en compte les changements opérés dans le domaine de la cyberdéfense ces dernières années. Elle présente les dernières avancées technologiques et les transformations des enjeux liés à la conflictualité numérique, dans un monde cyber en perpétuel mouvement et étroitement lié à l'actualité mondiale, en témoignent les évolutions provoquées ou accélérées par la crise de la Covid-19 et la guerre en Ukraine.
La démocratie n'existe pas. Elle reste à inventer.
Loin d'être un refus de la politique, la crise actuelle de la démocratie représentative se manifeste par le combat de citoyens demandant davantage de démocratie, de participation et d'égalité.
Libres et égaux en voix propose ainsi de donner une voix et des places à celles et ceux qui en ont été trop longtemps privés : les femmes, les classes populaires, les minorités. D'abord en repensant notre système électoral et en garantissant la représentation parmi les parlementaires de la réalité de la société. Ensuite en proposant un nouvel équilibre entre la démocratie représentative et un usage raisonné du référendum. Enfin en donnant aux citoyens les moyens de reprendre le contrôle des partis, des médias et de la philanthropie, afin de dessiner un nouvel horizon politique égalitaire.
En tant que chercheuse et citoyenne, Julia Cagé renouvelle en profondeur la réflexion sur l'égalité politique dans un plaidoyer armé de propositions concrètes pour changer les règles du jeu politique. Nous pouvons faire mieux que le monde dans lequel nous vivons ; fini de rêver, voici venu le temps d'agir !
Professeure d'économie à Sciences Po Paris, Julia Cagé est l'autrice de Sauver les médias (Seuil, 2015) et Le prix de la démocratie (Fayard, 2018), qui a reçu le prix Pétrarque de l'essai Le Monde/France Culture.
Misarchie. n.f.?: régime dont le principe est une réduction maximale des pouvoirs et des dominations.
Cette réflexion politique démontre que les dérives autoritaires ou libérales actuelles ne sont pas une fatalité et qu'il est possible de penser une transformation radicale de la société.
L'originalité des recherches de Luc Boltanski et Arnaud Esquerre n'est plus à démontrer.
Les deux sociologues s'intéressent dans ce nouvel ouvrage à deux processus constitutifs de l'espace public. D'une part, les processus de mise en actualité : se saisissant de ce qui se passe maintenant, ces processus font connaître à nombre de personnes l'existence de faits que ces dernières n'ont pas, pour la plupart, directement vécus et les accompagnent généralement d'une description et d'une interprétation. Et, d'autre part, les processus de politisation : se saisissant de faits mis en actualité, ces processus les problématisent, en sorte que l'actualité concerne chacun, et par conséquent aussi l'État, tout en donnant lieu à des interprétations dont les divergences suscitent des commentaires, des polémiques et des divisions.
Boltanski et Esquerre fondent leurs analyses sur les milliers de commentaires mis en ligne par des lecteurs du quotidien Le Monde en septembre et octobre 2019 ; et les milliers de commentaires postés sur deux chaînes de vidéo d'actualité passée mises en ligne en janvier 2021 par l'Institut national de l'audiovisuel. Chemin faisant, ils reconstituent la norme du dicible en comparant les commentaires publiés et les commentaires rejetés par les instances de modération ; ils saisissent des opinions en train de se faire, au lieu de les recueillir sous la forme stabilisée, souvent réflexive et prudente, des réponses à des entretiens ou des sondages. Ils cartographient les processus de politisation à notre époque, tels le féminisme, l'écologie, l'immigration, les religions, le nationalisme, l'Europe, etc.
Loin d'être un livre de plus sur la presse, les médias ou les réseaux sociaux, c'est ici un grand livre sur la formation de l'opinion politique en démocratie et la manière dont en sont affectées nos vies quotidiennes.
Impossible, en évoquant la Russie, d'échapper à la tourmente du " pour " ou " contre " Poutine. Je le dis franchement : loin de moi ici l'idée de répondre définitivement à la question " Qu'y a-t-il dans la tête de Poutine ? ", ni d'affirmer que Poutine représente un " bien " ou un " mal " pour son pays – en aucun cas je ne me pose en juge –, mais j'ai plutôt le désir d'écouter l'essentiel, c'est-à-dire ce que les Russes ont à en dire, et de montrer comment, bon an mal an, cet homme a accompagné leur vie ces dix-sept dernières années.
En partant de l'extrême-est pour remonter jusqu'à la partie européenne de la Russie – ce qu'avait choisi de faire, au moment de son retour, Alexandre Soljenitsyne, lauréat du Nobel de littérature –, nous allons montrer quels sont les ressorts, les sentiments qui influencent le choix du peuple ; pourquoi voter Poutine n'est pas forcément, dans la tête des Russes, choisir un " dictateur ". Saisir la " petite réalité " dans la " grande " et interroger la société sur son quotidien, ses espoirs, ses angoisses, sa place dans le concert des nations. Sans parti pris ni vision stéréotypée, faire oeuvre de curiosité attentive et bienveillante en exposant le bouillonnement d'une société complexe et si attachante.
A. N.
Un continent derrière Poutine ? est également un documentaire d'Anne Nivat, Fabrice Pierrot et Tony Casabianca diffusé sur France 5.
Anne Nivat est grand reporter indépendante et écrivain. Spécialiste reconnue de la Russie où elle a vécu pendant dix ans (jusqu'en 2005), elle est l'auteur, entre autres, de Chienne de guerre (2000), prix Albert-Londres ; Lendemains de guerre en Afghanistan et en Irak (2004) ; Islamistes. Comment ils nous voient (2006) ; Par les monts et les plaines d'Asie centrale (2006) ; Bagdad zone rouge, et La République juive de Staline (2013), tous parus aux éditions Fayard.Tout comme son dernier livre, Dans quelle France on vit, grand succès de librairie, publié l'année dernière.
Alors que le recours à la violence est souvent présenté comme le mode de résistance le plus radical, Judith Butler propose de régénérer la non-violence comme idéal. La non-violence, ce n'est pas la passivité ni le renoncement à l'action. Ce n'est pas le pacifisme naïf ni l'aspiration inconséquente à une forme de pureté morale. Ce serait plutôt une entreprise politique agressive de rupture avec le monde et ses propres impulsions.
Défendre la non-violence comme idéal, serait-ce idéaliste ? Pour Judith Butler, la non-violence est au contraire nécessaire dans des temps comme les nôtres, quand ceux qui prennent position pour la violence reproduisent les cadres et les pratiques institués.
Judith Butler propose ainsi de constituer la non-violence comme nouvel imaginaire politique. À travers ses discussions de Fanon, Freud, Benjamin, Arendt, Foucault..., elle entreprend de fonder une éthique politique sur les notions d'interdépendance, d'égalité et d'anti-individualisme.
Ce livre s'est imposé dès sa parution comme un classique de la théorie politique contemporaine.
«?Traiter l'étranger, c'est-à-dire l'autre, qu'il soit proche ou lointain, non par la force brute ou par la soumission mais par l'intelligence et la subtilité, voilà la mission du diplomate.?» J. B. Le monde a-t-il encore besoin de diplomates?? Pourrait-on se passer, dans les rapports internationaux, de ces personnages qui, entre technicité et art consommé des contacts personnels, s'affairent dans les coulisses de l'histoire?? Derniers remparts avant la guerre, ils sont aussi les artisans du retour à la négociation, quand le pire s'est produit. Jérôme Bonnafont fait ici l'éloge de la diplomatie au service de l'État, de la nation, de l'aspiration à une société internationale ordonnée. Vade-mecum pour diplomate, débutant ou confirmé, cet ouvrage s'adresse à toute personne intéressée par l'action extérieure de la France. Il offre une visite guidée du Quai d'Orsay (et d'organismes internationaux comme l'ONU), de son organisation et de ses pratiques. C'est aussi un traité du négociateur. Parsemé de portraits de figures remarquables, de Talleyrand à Kissinger ou Lavrov, de rappels sur l'histoire des relations internationales et de la politique étrangère française ainsi que sur la construction européenne, ce livre est une mine d'informations sur la diplomatie, ses traditions et ses évolutions, et sur les différents centres de décision à l'échelle nationale ou internationale. Ce texte est surtout une défense et illustration du rôle des diplomates et de leur art, avec leurs idéaux, leurs ambiguïtés et leurs grandeurs, en des temps où, plus que jamais, on débat de leur fonction. Jérôme Bonnafont est diplomate de carrière depuis 1986. Après avoir servi à New Delhi, au Koweït et à New York, il a été conseiller puis porte-parole de la présidence de la République avant de devenir ambassadeur en Inde et en Espagne, directeur pour l'Afrique du Nord et le Proche-Orient et conseiller du Premier ministre. Il est aujourd'hui représentant permanent de la France auprès des Nations unies à Genève.
Un malaise profond s'est emparé de la politique : les citoyens n'ont plus confiance en leurs représentants, les gouvernements paraissent s'opposer à l'intérêt du peuple, la société se crispe. Face à une politique qui semble oublier sa valeur et se perdre en discours sans cohérence, il est urgent de clarifier les mots et les idées.
De la fragilité de la démocratie à la place des femmes en passant par le ras-le-bol fiscal, Antoine Houlou-Garcia interroge la crise actuelle à travers des expériences politiques surprenantes, des idées originales et des personnages visionnaires ayant jalonné l'Histoire, ici et ailleurs.
Très accessible, facile à lire, ce manuel citoyen s'adresse aux étudiants en sciences politiques comme à toutes celles et tous ceux qui veulent éclairer leur opinion et leurs jugements - et sans doute devrait-il faire réfléchir l'ensemble de la classe politique !
Le chaos pandémique n'a pas d'après. Pourtant, derrière les images monstrueuses qui défilent sur nos écrans, au-delà des polémiques qui agitent nos débats, dans le vertige des crises des années 2020, un nouveau monde est sur le point d'éclore.
Nous nous trouvons encore dans l'interrègne. Nous subissons des bouleversements que l'on peine à décrire, à transformer ou à arrêter. Fait-on du surplace ou sommes-nous en train de basculer ?
Deux forces fracturent notre réalité. La rivalité géopolitique entre la Chine et les États-Unis structure le monde. La crise climatique planétaire change tout. Entretemps, dans la pandémie, en France, en Europe, des spectres se raniment : la dette, le conflit, le genre, l'État, la souveraineté. Est-il encore possible de bifurquer ?
Ce premier volume du Grand Continent, phénomène intellectuel des années 2020, réunit vingt voix qui définissent la structure des politiques dans l'interrègne.
Une idée les réunit et justifie de les recueillir : si le désordre est certain, le chaos n'est pas encore une nécessité.
Grand Continent, revue née en ligne et portée par une nouvelle génération, s'est imposée en moins de trois ans comme la plateforme de référence pour le débat stratégique, politique et intellectuel à l'échelle continentale. De cet atelier foisonnant sort ce volume papier, exprimant l'ambition du Grand Continent d'articuler le temps du tweet au temps du livre.
Quand Le président T.W. Wilson : portrait psychologique, paraît en 1966, co-signé par le Viennois Sigmund Freud et William Bullitt, un diplomate originaire de Philadelphie, beaucoup crient au faux et mettent en doute la participation du père de la psychanalyse à ce livre entièrement consacré à un chef d'État américain. L'ouvrage fait scandale. La polémique enfle puis s'éteint sans que la vérité sur ses auteurs ait été démontrée. Le livre imprimé n'était en fait que l'ombre du manuscrit achevé en 1932. Le texte avait subi de nombreuses amputations et corrections - plus de trois cents - opérées par Bullitt sans l'aval de Freud, décédé depuis presque trente ans. Une fois le diplomate américain disparu à son tour, on crut le manuscrit princeps perdu. Patrick Weil l'a retrouvé.
Pour comprendre comment cette oeuvre a été conçue, y mesurer l'apport du père de la psychanalyse et saisir pourquoi elle a été censurée par son co-auteur, il nous faut plonger dans la vie de William Bullitt et le suivre, pas à pas, à travers les méandres de sa carrière diplomatique. D'abord proche conseiller de T. W. Wilson lors de la négociation du traité de Versailles qui devait, selon les voeux même du président américain, mettre fin à toutes les guerres et poser les fondements d'une paix mondiale via la SDN (La société des nations), Bullitt démissionne quand il découvre que le Président s'apprête à signer un traité qui dénature ses promesses, puis témoigne à charge contre lui devant le Sénat et l'opinion publique mondiale en septembre 1919. Quelques mois plus tard, à la grande surprise de Bullitt, Wilson sabote volontairement la ratification du traité... Comment un chef d'Etat peut-il détruire ce pour quoi il s'est battu ? Wilson, victime héroïque des revendications outrancières d'isolationnistes républicains comme l'Histoire l'a retenu ? La cause de son ahurissant retournement est-elle à plutôt à chercher dans la tête même du Président, son inconscient, ses mécanismes psychiques ? Le Président était-il devenu fou ? Bullitt en discute avec Freud, auprès duquel il suit une psychanalyse. C'est à Vienne, en 1930, que naît leur projet d'écrire ensemble un portrait psychologique du président américain.
Grâce à Bullitt et Freud, on découvre une autre réalité du Traité de Versailles, un nouveau récit de la période 1936-1940 qui précède l'effondrement de la France. Car quatorze ans après sa fracassante démission de 1919, Bullitt est devenu l'un des grands diplomates de Roosevelt, premier ambassadeur américain en URSS, puis à Paris entre 1936 à 1940. A travers ce témoin privilégié de l'Histoire, on découvre les grands événements internationaux du XXe siècle en compagnie des géants de l'époque : Lénine, Staline, Roosevelt, Herbert Hoover, de Gaulle, Churchill, Tchang Kaï-chek, Léon Blum, Daladier, Jean Monnet et bien sûr Wilson. Et l'on déchire enfin le rideau qui nous obscurcit la vue sur un passé souvent mythifié et mystifié. Quatre-vingt-dix ans après l'achèvement de leur livre commun, l'appel de Bullitt et Freud à reconnaître chez nos dirigeants les symptômes d'une personnalité pathologique avant qu'ils ne nous mènent à des catastrophes résonne de toute sa force.
Le clivage droite-gauche est une de ces créations françaises qui ont fait le tour du monde. Il est le produit d'une histoire marquée depuis la Révolution française par une conflictualité aussi intense que complexe. Mais le parcours qui a conduit à la mise en place de cette division canonique des opinions et des identités politiques est loin d'être linéaire. En reconstituer les étapes, comme le fait Marcel Gauchet, est l'occasion de revisiter d'un oeil neuf la singularité de notre histoire politique, en même temps que d'éclairer la signifi cation de ce couple devenu peu à peu constitutif de la vie démocratique. La grande question d'aujourd'hui étant de savoir s'il conserve sa raison d'être au milieu des bouleversements que connaissent nos sociétés, ou s'il appartient à une époque en train de se clore.
"Machiavel a largement défini la politique comme un art souverain du mensonge. Elle doit pourtant être autre chose : la capacité d'une société à s'emparer de son destin, à inventer un ordre juste et se placer sous l'impératif du bien commun."
Pour Alain Badiou, la politique n'est pas affaire de cynisme, ni même de pragmatisme. Loin de se résumer à la gestion des affaires publiques, elle est une quête collective de justice et de vérité.
Rappelant les grands principes du communisme, le philosophe pose son regard acéré sur notre époque dans cet essai vif et engagé, nourri de références à l'actualité autant que de retours sur l'histoire des révolutions.
L'An 2020, marqué par la Covid-19 et l'effondrement du marché pétrolier, est celui de tous les bouleversements depuis le Moyen- Orient jusqu'aux banlieues de l'Europe.
Le conflit israélo-palestinien se fragmente avec, d'un côté, un pacte portant le nom du prophète Abraham, qui va des États-Unis à Abou Dhabi au Maroc et au Soudan en passant par Israël, agrège l'Égypte et l'Arabie, et lorgne l'Irak ; de l'autre « l'axe fréro-chiite » qui rassemble Gaza, Qatar, Turquie et Iran, avec le soutien ponctuel de la Russie.
Dans ces convulsions sismiques, Beyrouth explose, réfugiés et clandestins affluent en Europe, et le président turc Erdogan tente de refaire d'Istanbul le centre de l'islam mondial.
Enfin, le terrorisme frappe de nouveau, en France et en Autriche, au nom d'un jihadisme sans organisation. Il s'appuie sur une atmosphère créée par des entrepreneurs de colère, mobilisant foules et réseaux sociaux du monde musulman pour venger leur prophète face à l'Occident - tandis que Joe Biden doit restaurer la confiance des alliés de l'Amérique.
Poursuivant la réflexion engagée dans Sortir du chaos, succès français et international, Gilles Kepel propose, cartes et chronologie à l'appui, la mise en perspective indispensable de l'actualité pour comprendre et anticiper les grandes transformations de demain.