Le 24 février 2022, le monde a changé. Pour la première fois depuis 1945, par la volonté de Vladimir Poutine, la guerre, la vraie, celle des chars, des canons et des missiles, des sièges sanglants et des exodes massifs de population, s'est de nouveau déclarée sur le continent européen. Le martyre de l'Ukraine, chacun en est conscient, a ouvert un nouveau chapitre de l'histoire du monde. D'un côté une dictature redoutable, décidée à faire peser sa loi sur un pays voisin et indépendant, de l'autre un peuple soucieux de liberté, soutenu par la coalition des grandes démocraties de la planète.François Hollande tire de cet événement majeur toutes ses conséquences pour l'Europe, pour le monde et pour l'avenir du peuple français. L'ancien président de la République a connu de près le chef du Kremlin. Il a négocié avec lui et Angela Merkel les accords de Minsk qui avaient établi un fragile compromis en Russes et Ukrainiens. Il a dirigé cinq ans la politique de la France, au milieu des menaces de toutes sortes, en constante liaison avec les alliés et les adversaires de notre pays. Fort de cette expérience incomparable, il éclaire de sa vive intelligence la nouvelle donne planétaire. Les démocraties sont-elles déclinantes et menacées par les tyrannies à l'offensive ? Quels sont les nouveaux rapports de force entre l'Europe, la Russie, la Chine et les États-Unis ? Comment la renaissance des empires affecte-t-elle l'équilibre du monde ? Comment ce retour tragique de la guerre se combine-t-il avec les grands défis du siècle, le dérèglement climatique, la montée des inégalités, la fragilité des démocraties, l'émergence du populisme et du nationalisme dans nombre de pays ? Témoin privilégié, acteur du jeu diplomatique, analyste respecté, homme d'État responsable, François Hollande livre un diagnostic aigu et original, trace des perspectives inattendues et propose aux Français une ligne de conduite nouvelle dans ce monde en plein bouleversement géopolitique et stratégique.
« Comment et pourquoi un populiste sans pitié, avec l'aide d'une bande de sympathisants toujours plus nombreux, a pu mettre fin à la démocratie turque au cours de la nuit du 15 juillet 2016, est une histoire longue et compliquée. Le propos de ce livre n'est pas de raconter comment nous avons perdu notre statut de démocratie, mais d'essayer d'en tirer des leçons au profit du reste du monde. »
E. T.
Dans ce livre vivant, passionné et provocateur, Ece Temelkuran dissèque la montée du populisme à l'international. Elle révèle les schémas, explore les causes profondes et les différentes façons dont les pays, même les nôtres, peuvent sortir de la démocratie sans s'en apercevoir.
« Être utile pour un ancien président, c'est être libre.
Libre de s'appuyer sur son expérience pour juger de la situation du pays et de l'état du monde. Libre de penser sans fard, sans désir de plaire, sans crainte de déplaire et sans rien rechercher pour lui-même.
Libre, surtout, d'alerter les Français sur la gravité des choix qui les attendent. Pour affronter la mutation écologique, pour affronter ce monde de plus en plus dangereux, pour affronter les divisions qui fracturent la nation, je veux ici ouvrir une voie nouvelle. »F. H.
Dans ce livre écrit avec la vivacité et la sagacité qu'on lui connaît, François Hollande passe en revue, au fil de portraits acérés, les prétendants déclarés dans la campagne présidentielle la plus cruciale de la Ve République. Il détaille les défis majeurs que la France doit affronter dans les cinq ans qui viennent, et expose les solutions originales qui permettront au pays de surmonter les multiples crises qui l'assaillent.
Un guide brillant, réfléchi et indispensable pour s'y retrouver avant le scrutin de 2022.
« Cet essai est né d'une impatience, d'une colère même. Depuis bientôt quarante-cinq ans, les besoins fondamentaux de l'être humain sont non seulement méprisés mais disqualifiés, diabolisés par l'idéologie progressiste. Le besoin de racines, d'identité nationale, de frontière, le besoin d'un passé et d'une histoire : toutes ces constantes anthropologiques sont traitées par les idéologues contemporains comme de la frilosité, de la crispation sur soi, comme un repli identitaire et xénophobe. Jusqu'à quand allons-nous continuer de flétrir ces aspirations sans être un instant effleuré par la question de savoir si ce ne sont pas des besoins normaux, liés au fait que nous sommes des êtres humains qui ne créent pas le monde dans lequel ils arrivent. Nous en héritons, avec notre langage et l'histoire qu'il charrie.
J'ai choisi d'ouvrir cet essai par le récit de mon propre parcours, car il me fortifie dans cette défense du besoin d'identité nationale, d'inscription dans une histoire. Née au début des années soixante-dix, j'appartiens à cette génération qui a été le laboratoire de l'idéologie de la désidentification qui continue de nous gouverner. Avec notre liberté pour alibi, les adultes ont renoncé à nous transmettre le vieux monde. Nous formerons bientôt la génération Mitterrand, celle de la jeunesse flagornée. »B.L.
Au football, mettre la balle au centre permet de relancer l'action. En politique, c'est l'inverse : nous n'aimons pas centrer. En revanche, nous suivons sans broncher le une-deux entre la droite et la gauche, le débordement populiste par les ailes, les tirs directs du referendum et les coups de boule du coup d'État. Pourtant, il faut l'admettre : depuis 1789, on a joué au centre plus souvent qu'on croit et qu'on nous l'enseigne.
De Mirabeau à Macron en passant par Ferry, Queuille, Barre ou Bayrou, cet essai visite le parent pauvre des discours et des études sur notre vie politique : la centralité, si souvent raillée par les prétendus esprits forts, mais toujours vivace dans une France contemporaine qu'on croit, à tort, si éternellement révolutionnaire et divisée qu'elle ne peut pas donner à la position médiane une légitimité populaire et une onction de souveraineté.
Pendant plus de deux siècles, pourtant, des hommes ont joué à contre-pied de « la » droite comme de « la » gauche, du conservatisme étroit, du progressisme délirant ou de l'appel au peuple vengeur. Loin d'être des mollassons ou des vaincus d'avance, ils ont été des volontaires du bien commun et de l'intérêt général qui ont mouillé le maillot pour gouverner au mieux plutôt que d'imposer des solutions partisanes et bellicistes. Ils ont montré qu'en politique, le droit et la raison, l'équité et la solidarité ne sont pas toujours à la merci des idéologies casquées, du bloc contre bloc, des fronts vite disloqués, des majorités impotentes et des alternances sans projet. Voici leur histoire.
L'élection de Barack Obama a profondément modifié l'image de l'Amérique dans le monde légué par George W. Bush. Mais est-ce que le changement d'homme entraînera forcément un changement de politique ? Est-ce que la superpuissance américaine dont George W. Bush a démontré combien elle pouvait être agressive peut se révéler aujourd'hui plus douce ? C'est à cette question essentielle que ce livre, pour la première fois, tente de répondre en s'appuyant sur une étude minutieuse de la personnalité de Barack Obama, de son discours, de l'équipe qui l'entoure, et des choix de politique internationale qu'il a été amené à prendre depuis son entrée en fonction en janvier 2009.
Dans cet ouvrage, Zaki Laïdi montre que l'objectif d'Obama est double : sortir l'Amérique de l'emprise du 11 Septembre qui l'a conduite à voir le monde de manière manichéenne, et réhabiliter le leadership américain dans le monde sur la base du principe suivant : admettre que l'Amérique ne peut plus, à elle seule, régler les problèmes mondiaux mais refuser que ces mêmes problèmes se règlent sans elle. Obama n'a certainement pas renoncé à ce que les États-Unis demeurent la première puissance du monde. Mais il sait aussi que, pour maintenir cette position, ils doivent davantage composer avec le monde, au risque de s'en isoler. Ceci étant, il ne faut sous-estimer ni la continuité de la politique américaine, qui comme toute politique d'un grand État ne peut pas changer du jour au lendemain, ni les innombrables contraintes politiques qui attendent l'administration américaine de l'Afghanistan au Moyen-Orient, en passant par l'Iran et l'Irak.
Zaki Laïdi signe ici le premier ouvrage consacré à la politique étrangère de Barack Obama.
Côté pile, les insultes sont réputées injustes et blessantes. Côté face, on les dit futiles et indignes d'attention. Elles semblent incarner les petitesses du débat politique. Elles méritent pourtant mieux que l'irritation, le sourire ou le mépris. Que l'on choisisse simplement d'en étudier une de près et l'enquête, palpitante, commence. Car la parole mordante ne se laisse pas cerner si facilement. Elle ne se révèle dans toute sa profondeur que si l'on prend le temps de décortiquer les mots incriminés, d'identifier les auteurs, victimes et témoins, de mettre les principaux enjeux en lumière, de décrypter le déploiement des conséquences immédiates ou lointaines. Au-delà de leur impact immédiat, « menteur », « ruraux », « vous êtes du Syndicat », « chiens couchants » ou « représentants du peuple entre guillemets » exigent - bien davantage que le très pauvre « Cass'toi alors, pauv'con » de Nicolas Sarkozy - un patient décodage.
Noms d'oiseaux est l'étude suivie d'une douzaine de ces situations d'insultes extraites de l'histoire française, au fil de deux siècles de parlementarisme. On y croise, au gré des chapitres, des groupes d'ultraroyalistes, de boulangistes ou de communistes en colère, mais aussi Honoré Daumier à sa table de travail, Michel Goudchaux en pleine déconfiture, Victor Hugo à l'assaut de « Napoléon le Petit », Georges Clemenceau l'épée au poing, Jean Jaurès frappé à la nuque, Léon Blum ou Simone Veil estomaqués par l'abjection de ce qu'ils viennent d'entendre, Dominique de Villepin les deux index pointés contre François Hollande. Par la petite porte, les insultes permettent de s'installer au coeur des débats d'hémicycle, de la Restauration à nos jours, en passant par l'Affaire Dreyfus, le Front populaire ou encore la Guerre froide.
Démission du ministre de la Coopération Michel Roussin. Tentative de déstabilisation du juge Halphen. Mises en garde à vue d'entrepreneurs en bâtiment. Affaire Schuller-Maréchal. Scandale des HLM. Valises de billets. Appartements aux loyers bradés pour les amis et affidés. Villas construites ou achetées au rabais... Tous ces dossiers ont fait la une des journaux, des coups de projecteur ont été donnés sur un monde où se côtoient hommes politiques, financiers douteux, truands de plus ou moins grande envergure, avant que ne retombent sur eux le silence et l'obscurité propices aux mauvais coups. Cette obscurité, Alain Guédé et Hervé Liffran la scrutent depuis des années pour le Canard enchaîné. Ils ont rencontré des dizaines de témoins, procédé à de minutieuses investigations, à de patients recoupements. Le tableau est effarant. La plupart de ces événements ont un lien commun : la mise en place d'un système de fausses factures destiné au financement occulte du RPR. Ils ont un décor commun : l'Hôtel de Ville de Paris. Et des acteurs communs, truculents comme Jean-Claude Méry, inquiétants comme Louise-Yvonne Casetta, connus comme Robert Pandraud et Patrick Balkany, ou secrets comme Georges Pérol et Jean-Pierre Quéré. Faut-il en déduire qu'ils ont un maître d'oeuvre commun, dont la carrière doit tant à la ville qu'il a administrée et au parti qu'il a incarné ? Déjà, des observateurs s'interrogent : et si le passé du maire de Paris en venait à rattraper l'hôte actuel de l'Élysée ?
Si le communisme modèle soviétique a fait faillite, le communisme demeure un courant bien vivant. Il vient de loin dans notre histoire. Il croise nombre des aspirations d'aujourd'hui. Être utile, dans le présent de l'action comme dans l'invention d'un nouvel avenir, c'est l'ambition de Robert Hue pour son parti. Cela implique des transformations profondes dans l'identité même du Parti communiste français, une mutation. Elle est déjà entreprise, il faut la mener à bien. Nouveau communisme, lecture du passé, ouverture et volonté constructives, rénovation du Parti : Robert Hue s'explique. En homme chaleureux, direct. À sa manière, faite de franchise et d'invitation au dialogue.
Corrompre est devenu, en Europe, un loto où l'on gagne le pactole neuf fois sur dix, en toute impunité. Les « affaires » qui secouent la France, l'Italie, l'Espagne, la Belgique ou l'Allemagne, ne sont que la partie émergée d'un iceberg de trafics en tout genre : recyclage de l'argent sale, commissions occultes, implantations mafieuses, fraude fiscale à grande échelle...
Face à cette criminalité financière, aux ramifications internationales, les magistrats sont enchaînés par des procédures archaïques et interminables. Leurs enquêtes s'arrêtent, immanquablement, aux portes des paradis fiscaux, qui pullulent jusqu'en Europe. Parce qu'ils profitent, souvent, de ces circuits illégaux pour leur financement, les « politiques » ne font rien pour aider les juges. Il arrive même, comme en France, que certains fassent tout pour les empêcher d'agir.
Sept hommes ont décidé de dire « non ». Sept juges en première ligne contre les voleurs de démocratie. Certains, à l'instar du Français Renaud Van Ruymbeke, prennent la parole pour la première fois. Avec une étonnante liberté de ton, ils se confient à Denis Robert. Et lancent un appel à tous les citoyens. Si la justice n'est pas appliquée avec la même rigueur pour tous, si le capitalisme laisse la corruption et l'argent sale envahir chacun de ses mécanismes, si la confiance des électeurs est durablement trahie, sans que personne ne réagisse, ce sera le chaos.
Ce livre est dangereux : quand vous l'aurez reposé, vous ne regarderez plus la télévision, la radio, ou vos journaux de la même façon. Vous ne verrez plus les hommes politiques du même oeil. Vous ne signerez plus, comme avant, vos chèques à la caisse des hypermarchés, vos factures d'eau ou votre déclaration d'impôts. C'est un livre sur la politique. Des directeurs de cabinet, des porteurs de valises, des patrons, racontent l'engrenage et la propagation de la corruption. Urbanisme, énergie, commerce, communication : quand l'ombre obscurcit, à ce point, toutes décisions, la République a quelques raisons de trembler. C'est un livre sur l'argent. Celui qui achète les médias. Celui qui sort des caisses des entreprises, ou des poches des contribuables, pour s'évader vers des comptes inconnus via des paradis fiscaux. En privé, ils disent que c'est le capitalisme ; ou l'huile de l'économie. En public, ils nient, la main sur le coeur. Ce livre dit comment se trafique l'influence. C'est un livre sur la justice et ses coulisses : malgré les apparences, elle a rarement été autant entravée dans les affaires en cours, dès que celles-ci visent les liens financiers entre hommes publics et puissances privées. C'est un livre sur les médias. Portraits, anecdotes, choses vues et entendues, il témoigne du triomphe de la communication et du journalisme porte-serviette. Il décrit, derrière le rideau de fumée, la fabrication d'illusions collectives, la mécanique du mensonge.
Un an après le vote de la loi sur le foulard islamique, il convient de faire le point. Fallait-il voter cette loi ? A-t-elle réglé les problèmes ? Deux auteurs bien connus ont choisi d'en débattre : Alain Touraine, sociologue, a fait partie de la commission Stasi dont le rapport a été à l'origine de la loi ; Alain Renaut, professeur de philosophie politique, est connu pour ses prises de position en faveur d'un multiculturalisme raisonné. Ils partagent les mêmes valeurs républicaines. Mais ils divergent sur les moyens à employer pour faire face à la montée du fondamentalisme musulman, sur les moyens de reconnaître les droits des minorités culturelles, sur le rôle de l'école. Alain Renaut est fondamentalement opposé à la loi et, d'une façon générale, très critique à l'égard de la politique française en matière de reconnaissance de la diversité culturelle. Alain Touraine continue de défendre la loi sur le foulard, dont il pense qu'elle a servi à marquer un cran d'arrêt dans la pénétration des fondamentalistes.
Il n'y a pas d'humanité sans échange entre les hommes, Axel Kahn, en est, comme d'autres, persuadé. C'est pourquoi le partage, le troc et le commerce ont joué depuis les origines un rôle si essentiel dans l'édification des sociétés humaines. Il s'est toujours agi, jusqu'au XVIIe siècle, de garantir la meilleure satisfaction conjointe des besoins individuels et du bien commun. Le pessimisme de la conception libérale quant à la nature humaine devait cependant perturber cette belle certitude : comment une société d'êtres fondamentalement égoïstes peutelle défendre l'intérêt général ? Dès cet instant, deux courants du libéralisme économique se sont opposés, celui pour lequel les vices privés conduisent à eux seuls aux vertus publiques et celui qui juge indispensable l'intervention d'un régulateur garant du bien commun.
Axel Kahn explique comment le succès, dans les années 1980, de la première ligne, a plongé le monde dans la crise ; il fait le pronostic que, sans réhabilitation du concept d'intérêt général, cette crise sera fatale au libéralisme.
Socialismes et émancipation sensuelle sont-ils compatibles ?
C'est à cette épineuse question que Thomas Bouchet tente de répondre en passant au crible du plaisir des sens deux siècles d'histoire des socialismes français. Depuis les harmonies sensuelles de Charles Fourier jusqu'au socialisme gouvernemental et pâlot d'aujourd'hui, via les colonies libertaires de la Belle Époque, les colonnes de L'Humanité ou encore les fêtes de Lutte ouvrière, deux tendances s'opposent : d'un côté, dominants, des socialismes anguleux adeptes de l'ascèse militante ; de l'autre, minoritaires, des socialismes tout en rondeurs qui intègrent la bonne chère, la fête et l'amour à leurs programmes.
Un parcours étonnant et inédit, au terme duquel se dessine une autre histoire des socialismes.
La Chine est la deuxième économie mondiale. Les investissements à l'étranger d'entreprises chinoises ont explosé. Les bénéfices des cinq premières banques nationales dépassent les 100 milliards d'euros. Le président Xi Jinping verrouille, en stratège et héritier du système communiste, toutes les portes des pouvoirs. Et les classes moyennes consomment et s'amollissent. Tout va bien, alors, pour la Chine au grand concert des nations ?
Il y a un risque chinois, dit l'auteur, dans cet essai documenté au quotidien, et fruit d'enquêtes à Pékin et ailleurs depuis 2010 : « Il n'est pas excessif de dire que l'injustice politique fondamentale de la Chine a accouché d'un système inégalitaire mais que cette inégalité a contribué à propulser le pays sur la trajectoire du développement. » La croissance, mais à quel prix ? Absence de liberté politique, concentration des pouvoirs, périls sur la contestation 2.0, dégradation de l'environnement, smog urbain, cancer des pollutions dévastant les campagnes, inégalités devant l'immobilier, marginalisation des minorités, et 230 millions d'humbles infortunés qui vivent clandestinement, sans le fameux passeport intérieur. Le modèle chinois aurait-il vécu ? Pris en étau entre la crise industrielle du low cost, car il y a désormais moins cher que la Chine au Bangladesh ou au Cambodge, et l'étouffement de l'arbitraire politique, la Chine entre dans le brouillard. Pour combien de temps et à quel risque imposé aux démocraties occidentales, dont la France ?
Abus de biens sociaux
Trafic d'influence
Faux et usage de faux
Abus de confiance
Escroquerie en bande organisée
Prise illégale d'intérêts
Blanchiment en bande organisée
Favoritisme
Corruption
Détournement de fonds publics
Abus de faiblesse
Comment et pourquoi Nicolas Sarkozy, qui a construit sa carrière sur une image de « Monsieur Propre », se trouve aujourd'hui menacé par onze affaires en cours.
Le tribunal correctionnel rend son jugement le 28 janvier 2010. Villepin, Lahoud et Gergorin seront fixés sur leur sort dans la ténébreuse affaire Clearstream. Prison ferme, sursis, relaxe ? Face au président Pauthe, trois virtuoses exceptionnels se sont succédés à la barre : Lahoud, un faussaire de génie et un escroc au renseignement hors pair ; Gergorin, un stratège machiavélique, formé dans les années 1970 à la lutte contre le KGB ; Villepin, le meilleur orateur de cette génération, spécialiste des « opérations spéciales » de l'Élysée.
Le procès Villepin raconte de l'intérieur les cinq semaines d'audience : les coulisses, les stratégies secrètes, les coups bas, les pièges et les parties de bluff. Le livre relate comment chacun des trois camps, au fur et à mesure, a ajusté sa défense. Comment chaque camp, dans la salle et à l'extérieur, a manoeuvré pour affaiblir les deux autres. Lahoud a d'abord encaissé avant de sortir ses armes dans la dernière ligne droite. Gergorin, à contre-emploi, a joué la carte de la bêtise, pilonnant Lahoud et ménageant une frappe chirurgicale contre Villepin. L'ancien Premier Ministre a opéré de magistrales diversions, chaque fois qu'il était en difficulté à la barre, pour que les journaux évitent de détailler ses mensonges.
Le livre raconte comment s'est joué le procès, au jour le jour, avant l'audience, dans la salle elle-même, et dans les débriefings de chaque camp. L'auteur a suivi l'affaire Clearstream depuis son démarrage et met en perspective les personnages du procès. Il dévoile le rôle de chaque avocat, et la façon dont le parquet s'est préparé pour la condamnation de Villepin. Il détaille la défense de Sarkozy et le bras de fer à distance entre les deux rivaux de la droite. Le livre révèle aussi comment l'avocat du président de la République a été à deux doigts de faire éclater le « chaînon manquant » de toute l'affaire...
Et si Nicolas Sarkozy n'était qu'un Jacques Chirac en sueur ? À mi-mandat, on cherche encore la grande réforme. Au-delà d'une parole effrénée empreinte de volontarisme, on cherche encore la fameuse rupture, la modernité promise, la gouvernance modeste et transparente annoncée. Que sont devenus les marqueurs idéologiques du sarkozysme, le « travailler plus pour gagner plus » (impraticable), « la discrimination positive » (abandonnée), la « laïcité positive » (oubliée), la « réforme de la françafrique » (même pas essayée) ? La plupart des réformes sont embourbées dans l'inévitable embouteillage législatif. Pour aboutir finalement à des mesures le plus souvent vidées de leur substance.
Le contraste entre une parole politique forte et des résultats squelettiques risque de porter un coup sévère à la crédibilité du discours politique. En fait de « retour du politique » revendiqué, nous avons un Président qui consomme comme aucun autre les études d'opinions qu'il commande à grands frais par le biais de ces nouveaux Mazarin que sont les sondeurs et les publicitaires de son entourage. La concentration des pouvoirs à l'Élysée, le manque de déontologie du pouvoir dans les nominations et quelques discours provocateurs, pourtant souvent non suivis d'effet, ont permis aux antisarkozystes pavloviens d'hurler à la menace contre la République ! Alain Badiou peut se demander « de quoi Sarkozy est-il le nom », ses outrances antisarkozystes apposent en réalité le sceau de la réforme à ce qui ne sont finalement que de pâles copies des promesses de révolution du candidat Sarkozy.
Sarkozy n'est ni le nom de la peste, ni celui de la barbarie... seulement celui de Nicolas. Il ne représente pas un danger pour la République, comme tant de commentateurs ou d'opposants aimeraient le croire, pour la simple et bonne raison que Nicolas Sarkozy n'est qu'un Président banalement de droite, un libéral pas convaincu, un pragmatique opportuniste dont le ton péremptoire n'a d'égal que sa capacité au revirement.
Nicolas Sarkozy n'est donc que le dernier Président du xxe siècle.
Une perte de temps pour la modernisation si nécessaire à la vie politique française.
Du précédent ouvrage de Robert Hue, « Communisme : La mutation », on a surtout retenu le règlement de comptes, qu'opérait le secrétaire national du PCF avec le passé soviétique du communisme. Cette fois, il se tourne vers l'avenir, et invite à explorer un nouveau projet.
Car les temps ont changé. Très vite. La déferlante de l'ultralibéralisme semblait avoir tout submergé - et il apparaît, avec les multiples crises, que ce n'est pas si simple. Une époque nouvelle s'ouvre, avec ses réalités, ses enjeux, ses questions, ses aspirations. Rien n'est joué. Et le Parti communiste participe au gouvernement de la France, au sein de la « gauche plurielle ».
Robert Hue livre ici ses analyses, et propose d'ouvrir « Les chantiers » neufs d'un communisme de notre temps, d'une organisation communiste du XXIe siècle. Chaleureux et audacieux, convaincu que le débat est indispensable pour redonner à la politique la dimension de la volonté et l'ambition du projet, il nous y invite aujourd'hui.
« Durant vingt mois, j'ai été chroniqueur. C'était un genre auquel je ne m'étais jamais risqué. Je m'en méfiais, l'identifiant à ce journalisme d'opinion, de commentaire et de jugement qui égare et dégrade le métier, à rebours du journalisme d'information, froid, distant et tranchant comme le serait une lame aiguisée, qui a ma préférence. J'étais injuste, bien sûr. Très français, le genre n'en est pas moins noble. Camus faisait de ce "journalisme d'idées" l'arme idéale du "journalisme critique" et le "Bloc-notes" de Mauriac reste encore inégalé.
En janvier 2004, je me suis donc résolu à écrire des chroniques en forme d'éditoriaux pour accompagner le lancement du Monde 2. Je les avais appelées "Au vif". Au vif, comme l'on dirait en venir au fait ou rentrer dans le vif du sujet. Jusqu'à mon départ du Monde en septembre 2005, je n'ai pas manqué un seul de ces rendez-vous. Aussi ces textes sont-ils en quelque sorte testamentaires. Ils disent une fin, l'organisent et la préparent. Sous l'actualité apparente qui motivait chacune de ces chroniques, je glissais des repères intimes, signaux d'alarme et avertisseurs d'incendie.
C'est pourquoi, les publiant après un délai de viduité, je les ai titrées Chroniques marranes. Comme ces Juifs qui, sous l'Inquisition, judaïsaient en secret, s'inventant une identité improbable, de mélange assumé et de liberté préservée, je m'y suis amusé à journaliser en secret, laissant entrevoir déjà ce qui n'a pris son sens que bien après, lors de ma rupture définitive. Le lecteur curieux de la presse sera tenté de chercher ces indices. Mais il pourra aussi y trouver un témoignage sur une période politique particulière, moment de transition avant que ne prenne forme le paysage de l'élection présidentielle de 2007. »
Dans la ville en miettes, la société n'a plus de territoires où ancrer sa mémoire et recréer des espaces publics. Pourtant, ici et là, s'éveille un nouvel art de vivre lourd d'interrogations, mais aussi de promesses. À Paris, particulièrement dans le vingtième, émerge une nouvelle culture politique, qui prend appui sur l'esprit des lieux, rebelle et créatif. La municipalité d'arrondissement, élue en juin 1995, met en oeuvre une logique expérimentale qui inflige un démenti aux prophètes du déclin de la démocratie, comme aux zélateurs de la technocratie. L'efficacité de l'action publique ne repose pas seulement sur le raffinement des dispositifs et la progression des financements, mais aussi et d'abord, sur la capacité à mobiliser les énergies en amont des projets, à susciter une ingénierie du lien social et de l'action collective. Bref, à faire le pari de la démocratie locale. Mais le renouveau entrevu, ici comme ailleurs, reste fragile et les problèmes de société demeurent. Il faudra bien que l'évolution des pratiques et des mentalités gagne Paris, - et notre pays en entier, - où trois Français sur quatre sont des urbains.
C'est une lettre. Une lettre de Robert Hue aux jeunes. Il leur parle d'eux et de la politique. Une lettre qui commence ainsi : Tout est fait aujourd'hui pour vous détourner de la politique. D'ailleurs, la politique, souvent vous la rejetez. Et, en même temps, - je le sais parce que nombre d'entre vous me le disent -, vous en attendez beaucoup. Je pense, quant à moi qu'il n'y a pas de solution à vos problèmes et à ceux du pays sans politique. Mais pas la politique telle que vous la rejetez : une politique différente. Et, pour qu'elle soit différente, pour que vous puissiez avoir la certitude qu'elle est différente, un seul moyen : qu'elle passe par vous. Qu'elle se fasse avec vous et donc, bien sûr, pour vous. Comme elle devrait se faire avec et pour l'ensemble des citoyens. Il y a votre attente. Et il y a cette conception nouvelle que j'évoque. Ne pensez-vous pas qu'elles méritent de se rencontrer ? En fait, l'une ne va pas sans l'autre. Alors, il nous faut dialoguer. Oui, c'est cela : il faut qu'on se parle. Se parler pour, comme je le souhaite, nous entendre ! Comment faire ? Et bien, je commence. Je fais le premier pas. Je vous écris.
L'histoire du socialisme et une exploration des orientations qu'il peut prendre en maints domaines et en toutes régions, en secouant des syndicats et des partis souvent banalisés et parfois moribonds.
Le 21 mai 1996, le GIA annonce l'exécution des sept moines de Tibhirine enlevés deux mois plus tôt. Le 1er août suivant, l'évêque d'Oran, Pierre Claverie, est assassiné. Dix-neuf religieux chrétiens ont été tués en Algérie depuis le début de la tragédie. Bouleversé par le sacrifice de ces hommes et de ces femmes qui ont tout donné à Dieu et à l'Algérie, Jean-Luc Barré a voulu comprendre le sens de la présence, ancienne et durable dans ce pays, d'une Église qui n'y occupe plus aujourd'hui qu'une place réduite. Parti à la rencontre de leur espérance, il s'est rendu auprès de ce qui subsiste de communauté chrétienne à Alger. À travers le récit de ce qu'il appelle un voyage intérieur, qui est aussi un reportage sur le drame algérien, il nous livre son témoignage sur l'oeuvre de fraternité et d'amour, engagée à perte de vie par ces hommes de silence. En suivant le parcours, souvent difficile et heurté, de personnages exceptionnels, comme le cardinal Duval, Pierre Claverie ou Christian de Chergé, le prieur de Tibhirine, il montre leur prise de conscience du nécessaire dialogue avec les musulmans, où gît l'espoir qui, seul, peut répondre au fanatisme et à la violence. L'espoir en une humanité plurielle, fondée sur le respect des différences. L'espoir fraternel, pour lequel ces hommes et ces femmes ont vécu, et accepté par avance de mourir.