Mais qui est donc Ehud Barak ? Hier encore, personne en France n'avait entendu prononcer son nom ou presque, et voilà qu'aujourd'hui il est partout : dans les journaux, à la radio, sur toutes les chaînes de télévision. Barak, qui veut retirer l'armée israélienne du Liban ; Barak, qui tend la main à la Syrie ; Barak, qui négocie avec Yasser Arafat et parle, comme d'une évidence, d'un État palestinien ; Barak, qui promet que la paix au Proche-Orient sera une réalité à l'aube du troisième millénaire. Son nom en hébreu signifie Éclair, à l'image de sa victoire sur Benyamin Netanyahu, qu'il foudroie par un score sans appel, le 17 mai 1999, lors de l'élection au suffrage universel pour le poste de Premier ministre. Paule-Henriette Lévy et Haïm Musicant lèvent le voile sur la personnalité complexe du fils spirituel d'Itzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 pour avoir osé la paix. Ce militaire à la carrière époustouflante, né dans le kibboutz créé par ses parents, désarçonne. Ni franchement à gauche, ni tout à fait à droite, ni vraiment faucon, ni réelle colombe, laïc pétri de culture juive, tacticien de haut vol, tueur politique, pianiste de talent, l'homme est fascinant. Un jour, Amnon Lipkin Shahak, qui fut, à sa suite, chef d'état-major de Tsahal, le comparera à un missile à tête chercheuse, que rien ne peut plus arrêter lorsqu'il est mis à feu. Le missile Barak est lancé ! Pour une fois, il ne s'agit pas d'un engin de guerre, mais d'une arme de paix.
Assassinats d'Anouar el-Sadate, de Béchir Gemayel, de l'ambassadeur Delamare ; enlèvement d'Aldo Moro ; bombes contre les synagogues ; massacres aux jeux Olympiques, en gare de Bologne, à l'Oktoberfest de Munich, rue Copernic, rue Marbeuf, rue des Rosiers ; attentats contre Ronald Reagan, contre Jean-Paul II : la liste s'allonge sans que l'on en perçoive la fin. Chaque fois, dans chaque pays, la police ouvre une enquête. La piste des criminels conduit à soupçonner des extrémistes de gauche, de droite, des séparatistes, des vengeurs, des provocateurs, des illuminés. Chaque affaire, privée de son contexte, n'aboutit à rien. Elle est le plus souvent classée. Pourtant, tous les terrorismes concourent au même dessein : créer, par la terreur, les conditions d'une révolution mondiale. Les tueurs proviennent des mêmes organisations, liées entre elles par la haine qu'elles vouent au même ennemi. Ils sont entraînés dans les mêmes camps ; instruits au maniement des mêmes armes. Ils opèrent avec les mêmes deniers, bénéficient des mêmes complicités, trouvent refuge dans les mêmes sanctuaires... Qui est Carlos ? Quels rôles jouent l'O.L.P., les Brigades rouges, la bande à Baader ? Qui paye ? Qui commande ? À qui profite le crime ? Cette enquête minutieuse et éclairante suit le fil rouge qui conduit, du concile révolutionnaire de La Havane, à travers les camps de Sabra et Chatila, les officines de Sofia, jusqu'aux bureaux de la Loubianka, sans lesquels le terrorisme international n'aurait pas pu survivre.
Qu'est-ce que la citoyenneté? Comment peut-on intégrer de nouveaux arrivants dans une société qui a ses règles? Peut-on aliéner sa souveraineté dans une confédération plus large comme l'Europe?... Professeur de philosophie politique, l'auteur nous livre ses réflexions, qui reposent sur des conceptions philosophiques de la politique, de la citoyenneté, de l'Etat, ébranlant nos certitudes.
Le monde est livré au bulldozer du capitalisme financier et de son idéologie, l'ultralibéralisme, qui saccagent les sociétés humaines comme une mécanique aveugle. La politique n'y résiste pas : les dirigeants capitulent (quoi qu'ils en disent). La droite et la gauche se confondent. On démonte la République. À l'extérieur, on nous fabrique une fausse Europe aux ordres des marchés (et on lui sacrifie notre souveraineté). À l'intérieur, on nous fabrique une fausse démocratie confisquée par les experts (et on pousse le peuple à ne se soucier de rien). La société n'y résiste pas non plus. Panne de la famille, panne de l'école, panne de la citoyenneté, panne de la conscience nationale ; toutes nos pannes fin-de-siècle sont provoquées, ou aggravées, par la société de marché, et par son attitude (après moi le déluge) qui rend la vie absurde. Citoyen ordinaire, parlant à tous les citoyens ordinaires, je pose la question : faut-il accepter ce qui se passe ? Le peuple de droite (dont je suis issu) ne peut pas croire que l'économique suffit à tout. Le peuple de gauche ne peut pas croire que les discours officiels - qui cachent une démission - suffisent à répondre aux brutalités du marché mondial. C'est ce qui donne envie de faire la révolution : la France et l'Europe sont dans un engrenage dont il faut sortir ; sans insurrection de notre part, ce monde sera invivable ; il faut retrouver la liberté d'agir, retrouver l'arme du politique, bousculer ce qui barre notre avenir - et rouvrir les portes de l'Histoire.
Décembre 1997, janvier 1998 : les chômeurs prennent la parole et la rue, revendiquent une prime de Noël et une hausse immédiate des minima sociaux. Il occupent les agences Assedic, les ANPE et le paysage médiatique. C'est la cacophonie au gouvernement et dans les syndicats. Face à eux, une poignée d'organisations - l'APEIS, le MNPC, AC !, la CGT chômeurs - que tout sépare, histoire et culture, mais qui vont apprendre à coexister, revendiquer et occuper ensemble. Le mouvement des chômeurs ne surgit pas du néant. Il a une histoire, des objectifs et des troupes décidées. S'il est gros de colère et de souffrance, il représente aussi un formidable espoir pour ses participants et, au-delà, pour une société à bout de misère, de peur et d'idées. Ce livre, auquel ont été associées les organisations parties prenantes du mouvement, prétend, à sa façon, inscrire le mouvement des chômeurs dans l'histoire protestataire et politique de ce pays.
Bruno Masure a en commun avec François Mauriac les deux premières lettres du patronyme, une jeunesse provinciale et catholique, le rejet du rap et un regard distancié sur le petit monde du journalisme, véritable « noeud de vipères ». Sans doute, chez Bruno Masure, les vipères sont-elles davantage lubriques que celle du père François, mais les deux hommes partagent ce tourment : comment guérir la concupiscence ?
Mitterrand, c'est un médiocre, c'est la fausse valeur de la deuxième moitié du XXe siècle. Les fameux secrets d'État de Giscard ? Tout ce que je l'ai entendu me dire, c'est : Puis-je garder mon chauffeur ? Les critiques de Mitterrand, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre. Ainsi parlent nos trois derniers Présidents, loin des micros et caméras. Ils n'ont cessé de s'épier, de se haïr, de se fasciner. Accablant le rival, et presque autant leurs amis politiques, voyant des traîtres partout, ils rêvent tout haut de leur destin, donnent les prétendants à l'Élysée pour morts et, s'ils n'y sont pas (ou plus), s'y voient demain sans coup férir. Les confidences inédites égrenées, vingt ans durant, à Sylvie Pierre-Brossolette par les grands fauves politiques - Premiers ministres et ténors du microcosme compris - nous livrent ici leur face cachée sans aucun artifice. Mais tous ces propos cruels, drôles, acides, parfois extralucides ou, à l'inverse, étrangement aveugles, des princes qui nous gouvernent, éclairent aussi vingt ans d'histoire, riches en rebondissements. On ne lira plus tout à fait du même oeil la fin de Giscard à l'Elysée, la venue de la gauche au pouvoir, la première cohabitation, le retour de Mitterrand, le règne de Balladur, la revanche de Chirac, après pareil florilège de phrases prononcées par les protagonistes eux-mêmes. Ce livre est une part de vérité - et quelle part ! - arrachée aux coulisses du pouvoir.
La réunification allemande a recréé en Europe un déséquilibre objectif que la France a déjà connu après 1871. Jean-Pierre Chevènement, issu et élu des marches de l'Est, et depuis toujours passionné par l'Allemagne, n'hésite pas à lever les tabous qu'engendre la prégnance du modèle allemand. Il déchire le voile : son expérience au gouvernement, à l'Industrie en 1983 lors du tournant libéral, et à la Défense en 1989, au moment de la chute du mur de Berlin, l'aide à nous montrer les enjeux, les rapports de forces, les arrière-pensées. Ce livre comble un vide. Il met au jour les traumatismes des identités allemande et française au XXe siècle et il interpelle l'avenir : l'Allemagne, redevenue la puissance prépondérante en Europe, ne voit-elle dans celle-ci qu'une Allemagne agrandie ? L'union monétaire a-t-elle été conçue pour aider les autres Européens à gravir la montagne magique, au sommet de laquelle est dressée la table des riches et des puissants ? Ou bien n'est-elle qu'une mise en tutelle, l'Europe n'étant là, selon le mot de Günter Grass, que pour donner le change ? Jean-Pierre Chevènement aborde dans ce livre, qu'il a mûri pendant des années, le principal problème de notre politique étrangère. Montrant que le conformisme, qui est dans notre civilisation, et la faiblesse française, sont plus à craindre que la force allemande, il éclaire le chemin d'une Europe redéfinie à partir des peuples et des identités nationales, la seule réaliste. Un livre décapant, qui va au coeur du grand non-dit de notre politique.
Figure emblématique de la Résistance aux dérives insulaires, mafieuses et terroristes, Dominique Bucchini, 54 ans, est, depuis vingt ans, maire communiste de Sartène, en Corse du Sud. Il est également conseiller à l'Assemblée de Corse et conseiller général de la Corse du Sud. À travers cet ouvrage, le maire de Sartène stigmatise, et démonte les mécanismes de l'État de non-droit dans lequel s'est enfoncée l'île, contribuant à asphyxier une économie moribonde, nourrie de subventions, et d'une mise en coupe réglée de la Corse par une classe politique locale traditionnelle clanique et clientéliste, infiltrée par le Milieu, et qui se partage le gâteau des deniers publics dans l'opacité la plus totale, sans contrôle de l'État. Fédérant les énergies, par-delà les clivages politiques, Dominique Bucchini lance un appel à tous ses concitoyens, pour retrouver une attitude démocratique, au risque d'une faillite économique et identitaire, qui ferait de la Corse le dernier vaisseau fantôme de la Méditerranée.
1988-1996 : au cours de ces huit années, Jacques Chirac a tout connu, la défaite puis la gloire, la dépression et l'espérance, l'amour et la trahison. Et le grand public n'en a quasiment rien su. C'est l'histoire mouvementée de la remise à flot d'un homme qui semblait perdu, que racontent, pour la première fois, Nicolas Domenach et Maurice Szafran. Comment a-t-il refait surface ? Comment n'a-t-il pas sombré, de nouveau, après la candidature de Balladur, qu'il fut incapable de prévoir puis, longtemps, d'accepter ? Pourquoi ne s'est-il pas refait une santé en s'alliant avec le Front national ? Quels rôles ont réellement joué sa femme. Bernadette, sa fille, Claude et l'entourage proche, d'Alain Juppé à Philippe Séguin, en passant par les soutiers de la victoire ? Enfin, dans quel état Jacques Chirac est-il arrivé à l'Elysée, après des années de lutte et une guerre fratricide qui se poursuit aujourd'hui ? Car, ce n'était pas tout de remporter l'élection, il restait encore à devenir président. Fallait-il, pour autant, renier le candidat ? Les vérités et les mensonges qui ont façonné le chef de l'État, se révèlent au long de ces huit années. Nicolas Domenach et Maurice Szafran, après l'avoir suivi dans cette épopée, ont écrit l'aventure de cette vie qui est un roman.
Le cas de Lionel Jospin est trompeur. Longtemps pris pour une marionnette de François Mitterrand, il est donné pour politiquement mort en 1993. Avant de ressusciter deux ans plus tard. En Juin 1997, une classe politico-médiatique désabusée, assiste à son accession au pouvoir. Elle est, aujourd'hui, déconcertée par le succès de sa première année à Matignon. Jospin est-il le docteur miracle de la politique française ? Ou a-t-il simplement de la chance ? Loin des analyses louangeuses ou dénonciatrices, ce livre décortique l'aventure jospinienne, à partir d'une hypothèse féconde : le fils rebelle de Mitterrand a beau occulter cette filiation, c'est bien de l'ancien président de la République qu'il a tout appris ou presque. L'art de la dissimulation, comme la gestion du temps et des rapports de forces. Si le disciple s'est émancipé de son ancien maître, il ne cesse de s'inspirer de son expérience. Fruit d'une enquête minutieuse, riche en informations inédites, cet ouvrage analyse la singularité de la troisième gauche au pouvoir. Troisième gauche, car nous vivons le troisième quinquennat socialiste de la Ve République. Mais, aussi, parce que le jospinisme marie étrangement les cultures de la première et de la deuxième gauche qui se sont, si longtemps, et violemment affrontées. Faux compromis d'Amsterdam, polémiques sur l'immigration, expérimentations des 35 heures, ou encore mouvement des chômeurs : ce récit retrace les épisodes majeurs de la première année du gouvernement Jospin. Et raconte comment sont prises les décisions.
Guy Drut, le ministre le plus populaire du précédent gouvernement, a choisi de raconter, de l'intérieur, l'histoire de la dissolution. Son éclairage personnel, nourri d'anecdotes, permet de mieux comprendre la manière dont tout débat a été escamoté au sein de la droite, et les discussions qu'il a eues avec Jacques Chirac après la débâcle, lui ont donné envie d'analyser, plus en profondeur, les raisons de l'échec. Le vote des Français a été, essentiellement, conservateur - conservatisme de gauche comme d'extrême droite, peur du changement, des réformes, frilosité devant un monde en pleine mutation. Guy Drut, membre responsable du RPR, ne triche pas : il évoque, avec franchise, l'effondrement de la droite sur elle-même, ses certitudes, la guerre des chefs, le mépris des élites vis-à-vis des Français, la communication défaillante, les couacs de l'organisation et une totale absence de schémas politiques d'ensemble. Un constat s'impose : il est difficile de proposer un nouvel élan, en gardant une même politique et une même équipe. Les analyses des résultats permettent à Guy Drut de tracer quelques pistes d'avenir et, avant tout, une rénovation de l'action politique.
Qu'est-ce que le socialisme français ? Et, plus précisément, qu'est-ce que le socialisme français vu par les intellectuels et sorti de l'histoire du mouvement ouvrier ? Une idée aux contours et aux contenus flous. Tel est le point de départ paradoxal de l'essai, aussi stimulant que fourmillant de notations, écrit par Christophe Prochasson. Car, depuis un long siècle, les intellectuels de ce pays ont consacré à la question du socialisme articles, discours et ouvrages. Ce livre raconte donc l'odyssée d'une idée, en accordant deux démarches intimement liées. La première vise à replacer le socialisme dans la longue durée ; la seconde s'attache à remettre en cause l'existence même d'une doctrine unique sur une séquence aussi prolongée que celle courant des journées de 1848 à nos jours. Cette enquête sur les rapports entretenus par les intellectuels et le socialisme en France met au jour des comportements qui éclairent sur la nature des liens unissant les citoyens à la vie politique. En parcourant la galerie des intellectuels - de Saint-Simon à Régis Debray en passant par Péguy ou Durkheim - , en examinant les débats qui obsèdent cette tribu - le bonheur du peuple, la nature de la démocratie, les rapports avec les pouvoirs, la science, la religion ou l'art - l'auteur écrit l'histoire du siècle des intellectuels et de leur combat pour donner vie à une idée.
Les Français vivent, depuis des années, une période de doute, de désillusion, de scepticisme et, parfois, d'abandon. Ils ne croient plus en leur avenir. Menacée par un trop-plein d'immigration, fragilisée par une classe politique contestée, prisonnière d'un double rendez-vous européen - Maastricht puis Amsterdam - porteur de tous les dangers, la France risque de perdre, face aux défis du XXIe siècle, son âme et sa prospérité. Je propose aux Français de retrouver l'esprit de résistance et la volonté qui ont caractérisé la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et la période de reconstruction du pays. Partisan d'une Europe des nations, je refuse la construction ubuesque, non démocratique et paralysante, de l'Europe que nous préparent actuellement, dans la confusion, des politiciens dépassés et des technocrates triomphants. Seul un sursaut permettra à la France de contribuer à créer une nouvelle Europe et de s'y épanouir.
Comment, au nom des libertés, des droits de l'homme, de l'antiracisme, du respect des cultures, en vient-on à détruire la France républicaine ? Des universitaires, des artistes et des nostalgiques du ghetto, se prosternent devant des coutumes et des traditions étrangères à notre société, qui portent atteinte aux grandes valeurs démocratiques. Ici, on défend la polygamie légale. Là, on tolère l'excision, réduite à un différend culturel. Ailleurs, le port du foulard islamique ne serait qu'une petite affaire de look. Ailleurs encore, on plaide l'indulgence pour le crime d'honneur ommis par une famille musulmane, contre une adolescente. Et que dire de ceux qui osent comparer le sort des immigrés sans papiers, au destin des juifs sous l'Occupation ? À tous ceux qui refusent de vivre dans cette France déchirée, crispée sur ses différences, que tricotent les adeptes du multiculturalisme, faisant la fortune du Front national, le livre de Christian Jelen apporte des réponses claires. À partir d'une multitude d'exemples rigoureux, il réfute les arguments de ceux qui veulent mettre la République à la casse, faire de la France une mosaïque de pseudo-ethnies, et de l'État de droit un abominable État coutumier. Christian Jelen n'épargne aucun responsable, de droite ou de gauche. Ni le Conseil d'État, ni certains médias.
Ayant eu depuis un demi-siècle la fortune, bonne ou mauvaise, de fréquenter de près la classe politique, l'auteur a acquis la conviction que le discrédit dont elle souffre procède plus encore du double langage qu'elle pratique et de la distorsion entre ses promesses et ses performances, que de son incapacité à résoudre les problèmes des Français, qu'elle prétend assumer. Cette Comédie française bien particulière, qui fragilise la société, en freinant son adaptation, n'est pas une fatalité. Elle résulte, notamment, d'une pratique institutionnelle inadaptée. Dans ce nouvel essai, Antoine Veil perce à jour les faux-semblants qui nous accablent, et esquisse les voies de la démystification, telles que les explore une entité politique atypique, le Club Vauban.
Surtout, qu'on ne se méprenne pas sur le sens de ce livre. Dans le monde d'aujourd'hui, des milliers d'hommes et de femmes méritent le qualificatif d'humanitaires. Beaucoup d'entre eux sont des anonymes, isolés au sein de petites organisations locales. Ce ne sont pas ces individus, dignes de notre respect, que je tiens à accuser avec vigueur. Ce sont les politiques..., ce sont les grandes organisations..., ce sont certains médias..., ce sont les complicités croisées, qui finissent par construire un mur d'irréalité, d'idéalisation. Le ton est donné. Bernard Debré, ancien ministre de la Coopération, spécialiste de l'Afrique, a décidé de s'insurger. Il décrit les échecs de l'ONU, montre l'alibi que représentent les causes humanitaires pour les grosses puissances. Il évoque aussi la politisation des organisations non gouvernementales (ONG), l'humanitaire business, l'impréparation. N'a-t-on pas envoyé des médicaments périmés en Arménie, des chasse-neige en Afrique ?... Autre dérive de l'humanitaire : le spectacle. Tel humanitaire a été filmé sac de riz sur l'épaule, et plusieurs prises furent nécessaires pour obtenir la meilleure mise en scène. Tel politique s'est montré dans l'enceinte d'une école, expliquant son action, alors qu'il venait dans ce pays africain pour la première fois. Bernard Debré prône un nouvel humanitaire fondé sur l'éthique et le courage international.
Comment retrouver l'Allemagne ? Comment aller à la recherche de ce temps perdu, enfoui sous le passé récent de ce terrible vingtième siècle ? " Je me revois, un été, fraîchement rentrée d'Allemagne, à vingt ans, poussant du pied une balançoire sur laquelle je lisais Mme de Staël décrivant un pommier, à Leipzig, dont les branches dépassaient d'un mur, et dont les fruits cependant étaient respectés par les passants. En un éclair, m'apparurent les parapluies de l'université de Fribourg où j'étudiais. Les étudiants les mettaient à sécher dans le hall de l'université, et chacun les retrouvait après les cours. Ce parallèle me laissa interdite. Y avait-il donc des lignes de fond dans les peuples qui ne changent pas ? Y a-t-il une biographie intellectuelle, propre à chaque nation, qui les détermine et irrigue leur quotidien ? " Ce journal mêle, de janvier à décembre 1997, analyses historiques, choses vues, réflexions intellectuelles, récits et portraits personnels. 1997 est l'année, en Allemagne, de la nostalgie et de la redécouverte de la Prusse. Avec Brigitte Sauzay, on visitera les châteaux de Poméranie, et d'autres lieux de mémoire ; il sera question de la religion en Allemagne, des étrangers, de l'absence d'une vraie Gauche intellectuelle, des annonces matrimoniales, des mémoires de Guillaume II, des quatre millions de chômeurs, de la fin des minorités allemandes en Europe de l'Est, du statut de la femme en Allemagne, de l'amour et de ses différences avec la France, du passé qui ne passe pas...
Le livre de François Gault ne parle pas du Japon, deuxième puissance industrielle du monde. Il nous raconte tout ce que nous aurions voulu savoir sur le Japon sans jamais le trouver ailleurs : la vie villageoise, les relations entre voisins, les rites du mariage, la passion du sumo, le goût des fêtes, le culte de l'automobile, les secrets des geishas, les splendeurs des bains chauds, la vie étonnante sur les toits de Tokyo, la télévision japonaise qui ne ressemble vraiment à aucune autre... et encore mille « choses vues ». Dans ce « journal de bord », tout à la fois chronique de la vie quotidienne des Japonais, François Gault nous raconte l'expérience vécue dans l'empire du Soleil levant. Histoires attachantes, anecdotes significatives, récits révélateurs - l'auteur, dans ce livre vivant, expédie au rayon des antiquités beaucoup d'idées toutes faites et de « clichés » sur le japon comme sur le peuple japonais.
Trop connu, le Front national est méconnu, de même que l'histoire de l'extrême droite qui sous-tend les actions du mouvement frontiste rapportées dans la presse. Mais connaît-on le parti de Jean-Marie Le Pen ? Quelles sont ses racines depuis la Seconde Guerre mondiale, les clubs qui l'ont influencé, les réseaux qui s'étendent dans la société française ? Comment le Front a-t-il surgi, qui est responsable : une droite déboussolée en 1981 ? les gaullistes incapables de répondre ? les notables caressant l'extrémisme depuis l'OAS ? la gauche utilisant le Front national ? Quels sont les ressorts de l'extrême droite française ? Le racisme, le national-populisme, l'hétérophobie, la montée du chômage, l'Europe, la société post-moderne ? Quelle est la stratégie du FN ? L'OPA sur la droite, l'alliance avec celle-ci, la combinaison des deux ? Qui sont-ils, d'où viennent-ils, les successeurs potentiels de Jean-Marie Le Pen ? Le Front national veut-il ou peut-il prendre le pouvoir ? Quelle est la signification réelle des élections régionales ? Après des années d'études et d'enquêtes, ce livre tente de répondre à toutes ces questions. Il s'agit ici moins de révélations, bien que l'ouvrage en fourmille, que de comprendre le phénomène frontiste. Une synthèse remarquable d'un demi-siècle de l'extrémisme, et le suivi pas à pas du parti de Jean-Marie Le Pen.
Ce livre est un témoignage. Le mien, et celui d'autres femmes, stars de la politique ou militantes inconnues des médias. Un témoignage sur les combats menés, les coups reçus, les médiocrités, la petitesse, mais aussi les joies et la noblesse de l'engagement politique. Il est aussi une réflexion, la mienne et celle de quelques autres femmes, qui ont choisi la politique parce quelles veulent agir, construire un monde meilleur, et rêvent de sociétés moins violentes, plus équilibrées, plus humaines. Mais les femmes peuvent-elles changer la politique ou bien la politique changera-t-elle les femmes ?
L'Europe offre à la France la chance d'acquérir une nouvelle influence, et de forger une nouvelle ambition. Cela n'a rien de chimérique. En effet, l'Europe est, largement, une idée française et, depuis toujours, une histoire française. Notre pays a d'ailleurs donné de grands européens : de Briand à Robert Schuman, de Jean Monnet à Jacques Delors, du général de Gaulle - à sa rude manière - à Valéry Giscard d'Estaing ou François Mitterrand. Jacques Chirac et Lionel Jospin continuent cette tradition, en euro-réalistes déterminés. La France a souvent donné le ton, proposé des projets, forcé des blocages pour faire naître cette Europe. Ses atouts sont nombreux : la Grande-Bretagne reste prisonnière de sa culture insulaire et de son inconditionnalité anglo-saxonne, l'Allemagne est assujettie au poids de l'Histoire, l'Italie et l'Espagne ne jouent pas de rôle moteur. Ce parcours n'est pas sans embûches, et l'auteur ne nous cache rien de l'accouchement difficile de l'euro, du long chemin pour aboutir à un modèle social européen, des oppositions politiques internes virulentes, du difficile éveil d'une conscience européenne. Mais l'Europe est une nécessité et une occasion unique pour la France, si elle en a l'audace et l'énergie. Alain Duhamel montre bien, qu'en ce sens, les plus européens des Français sont aussi les patriotes les plus clairvoyants.
L'ancien directeur d'Antenne 2 a enquêté pendant deux ans sur les dépenses de l'Etat, des collectivités territoriales et des organismes sociaux. Il dénonce avantages et détournements de fonds pratiqués par les politiques de tous bords, chiffres et preuves.
La télévision, les journaux, les partis politiques, sont envahis par les sondages. Le panel, cet échantillon qui rassemble à peine quelques centaines de personnes, se prend pour la France. Et nous devrions le suivre comme des moutons. Sous l'apparence de la démarche scientifique au service de la démocratie, le sondage pervertit aujourd'hui la vie de la République. Les Français n'ont plus besoin d'agir ou de penser, il leur suffit de se laisser sonder. La vie publique est désormais animée par des marchands, qui bénéficient de la complaisance et de la complicité des médias, et de la résignation des politiques. Ils prétendent imposer l'avis d'une opinion publique qu'ils ont en réalité fabriquée ! Ce livre, qui explique et dénonce l'imposture de la société des sondages et de leurs effets pervers, est une antidote républicaine.