Ce livre révèle qui a assassiné Patrice Lumumba, les raisons de ce meurtre et comment il a été perpétré. L'histoire de cet assassinat annoncé est écrite par le gouvernement belge de Gaston Eyskens et exécutée par des officiers et diplomates belges, avec l'aide de leurs complices congolais. Bruxelles, tout comme Washington et les dirigeants des Nations unies, étaient d'avis que la liquidation de Lumuba était indispensable pour sauvegarder les intérêts des trusts qui exploitaient la colonie comme leur pays conquis.
Les études postcoloniales se sont imposées comme un courant important des études culturelles et de la recherche en sciences sociales de langue anglaise.
Il est de plus en plus reproché à l'Université française de les ignorer, alors que des militants et des historiens engagés interprètent la crise des banlieues dans les termes d'une "fracture coloniale" plutôt que sociale.
Ce mauvais procès n'est pas fondé. Il occulte toute une tradition d'écrits et de travaux qui ont perpétué en France une pensée critique sur la colonisation. Surtout, les études postcoloniales restent prisonnières du culturalisme et du récit national dont elles prétendaient émanciper les sciences sociales.
Leur reconsidération fournit l'opportunité d'ouvrir de nouvelles pistes de réflexion pour l'analyse de l'Etat, au croisement de la science politique, de l'histoire, de l'anthropologie et de l'économie politique.
Le bèlè, le danmyé et la kalennda sont des danses et des musiques héritées de l'Afrique noire, de l'influence européenne et des contraintes du système esclavagiste qui font l'objet d'une attention renouvelée en Martinique. Associations et militants y entreprennent de faire passer ces pratiques du statut de « folklores » méprisés à celui d'instruments de reconnaissance politique, sociale et culturelle. Depuis plus d'un demi-siècle, les habitants de « Bô Kannal », l'un des quartiers les plus défavorisés de Fort-de-France, ont ouvert cette voie en faisant du carnaval un instrument de visibilisation, de promotion et de réinvention culturelles. Mais comment comprendre qu'un groupe apparemment démuni et constitué d'individus au statut précaire soit parvenu à développer une mobilisation culturelle longue et intense, à l'écart des institutions ?
Le 26 juillet 2007, Nicolas Sarkozy prononçait dans les locaux de l'Université de Dakar un discours sur la culture africaine confrontée à la modernité, qui reprenait les clichés sur le "continent hors de l'histoire".
Ce discours a suscité une vive émotion, notamment en Afrique. Cet ouvrage, rédigé par cinq universitaires africains et français, représente une critique incisive de ce déni d'histoire, en en montrant à la fois l'absurdité scientifique et les motifs de sa survivance en France dans l'opinion publique et dans l'enseignement.
Avec les contributions de Jean-Pierre Chrétien, Jean-François Bayart, Achille Mbembe, Pierre Boilley, Ibrahima Thioub.
Symbole de la réinvention par l'Afrique de l'utopie démocratique, la Conférence nationale n'a pas toujours été bien comprise. Le Camerounais Fabien Eboussi Boulaga propose de délaisser l'anecdotique de la conférence nationale pour n'en tenir que la portée universelle.
Les problématiques de santé en Afrique connaissent un tournant majeur depuis les années 2000. La Global Health et son objectif d'inscrire les chocs épidémiologiques dans les agendas internationaux s'illustrent par l'intervention inédite d'une constellation d'acteurs sur les terrains de la santé. Ces nouveaux faisceaux de partenariats public-privé, de réseaux transnationaux, de programmes internationaux, sur lesquels se redéploient de manière inégale des trajectoires de politiques nationales, renouvellent la pensée politique de la santé en Afrique.
Ce dossier soumet à l'épreuve des faits cette reconfiguration des politiques de santé, dissèque les déterminants des progrès et des inégalités, ainsi que les apories qui fondent les rapports entre l'économie de marché et les impératifs de santé publique. Les textes de ce dossier montrent, sur des politiques spécifiques, des césures et des continuums dans la manière de penser la santé tout en mettant en lumière des angles morts de la Global Health.
En revenant sur trois décennies d'autoritarisme, les articles de ce dossier tentent de saisir au plus près des acteurs les négociations qui s'opèrent avec le pouvoir autoritaire et les manières dont ces pratiques participent à la formation de l'État soudanais, ici depuis le déploiement du régime dit « islamiste » en 1989 jusqu'à sa chute en avril 2019. Les contributions donnent à voir des acteurs qui s'adaptent et négocient afin de maintenir leur influence ou de renégocier leur capacité d'action. Les fondements économiques, politiques et idéologiques du régime, loin d'être linéaires sur ces trois décennies, sont également discutés pour comprendre les redéfinitions des pratiques concrètes du pouvoir ou, au contraire, leurs permanences. Parmi ces permanences, on notera une domination de long terme fondée sur une pratique exclusive, discriminante et violente d'un pouvoir de plus en plus contesté et affaibli. La dernière décennie, débutée avec l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, signe en effet une déliquescence progressive des bases économiques, sociales, et politiques qui mènera à la révolution de décembre 2018, présentée par les révolutionnaires comme « anti-islamiste », et à la chute du président le 11 avril 2019.
Investir dans le développement, ce métier se décline différemment selon les institutions et selon les pays où elles exercent. Si le financement du développement semble relever d'une politique codifiée, proche de la diplomatie et des relations officielles, il est pourtant tissé d'échanges entre personnes, où les émotions et les symboles participent d'une démarche commune de coopération. L'histoire de l'AFD en Guinée examine l'aide au développement sur une de ses frontières de la guerre froide, et révèle les mutations et les complexités d'une politique publique encore insuffisamment connue, en articulant les évolutions stratégiques globales, leur déclinaison au niveau de la relation avec un pays privilégié, la Guinée, et le sens qu'elles revêtent pour les expatriés. Ce livre présente pour la première fois cette histoire, en prenant appui sur des sources et des témoignages inédits.
Le mot de gouvernance revient désormais à tout propos, comme une espèce de brevet de compétence que les dirigeants qui l'utilisent à profusion se décernent à eux-mêmes, mais sans que « les gouvernés» que nous sommes ne comprennent en général de quoi ils parlent précisément. Cet ouvrage se propose d'éclairer «ce que gouvernance veut dire », sous ses multiples angles d'application et depuis divers lieux : l'Europe, le Mexique et l'Amérique du Nord. Le mot souvent ne fait guère que se substituer à celui de gouvernement, sans rien y ajouter, sinon une tonalité caressante inspirée par la mode. D'autres fois, pourtant, il possède des significations bien définies, mais malheureusement dispersées, applicables selon les cas à la conduite des entreprises, ou bien à la gestion des villes, ou encore au fonctionnement d'un système international en quête de procédures nouvelles. Cela sans oublier la «bonne gouvernance» exigée des pays pauvres par la Banque mondiale, de même que la gouvernance européenne qui est synonyme du mode de gouvernement post-étatique de l'Union européenne. Au constat de tous ces frémissements qui modifient l'art de mener les peuples, une question cruciale surgit finalement à l'esprit. La gouvernance n'est-elle qu'une simple méthode ou technique nouvelle de «management» de nos sociétés? Ou bien ne faudrait-il pas y voir déjà le nom d'un régime politique en gestation, futur certes, mais proche, celui d'une après-démocratie qui s'insinuerait dans nos pays sans que nous y prenions encore garde?
A première vue, les villages retirés des Kabre (Kabyiè) du Nord-Togo partagent tous les signes extérieurs d'une culture africaine "isolée" - agriculture de subsistance, cases au toit de paille, rites des ancêtres et forte présence du monde des esprits. Dans Isolement global, Charles Piot suggère pourtant que cette culture locale se révèle profondément globalisée, modelée par l'histoire coloniale et postcoloniale qui a placé les Kabre au coeur de l'Etat togolais. Cet ouvrage aide ainsi à penser la modernité des sociétés africaines et en particulier celle des régions rurales.
L'Angola, riche en pétrole, en diamants, avec des infrastructures en grands progrés au cours des années 1960-1974, une élite urbaine non négligeable et parfois de vieille tradition, n'avait-il pas tout pour réussir? Pourtant, la guerre civile commence alors même que la guerre anticoloniale contre le régime dictatorial portugais n'est pas terminée. C'est la sociologie historique des conflits incessants qui est abordée dans ce premier de ces deux volumes d'articles de Christine Messiant publiés à titre posthume.
On assiste, depuis quelques années en Afrique, au déploiement concomitant d'ethnographies carcérales et à l'inscription de la question pénitentiaire dans le champ du développement, en tension entre enjeux sécuritaires et droits de l'homme.
Tandis que les agences internationales (re)produisent un discours sur la prison africaine, appréhendée comme un objet à réformer, ce dossier, à contre-courant des idées reçues et des lectures stéréotypées, entend ouvrir la discussion à partir d'enquêtes de terrain, issues majoritairement d'un programme collectif et pluridisciplinaire, et dégager les grandes questions qui sous-tendent la pluralité des réalités carcérales.
L'expérience carcérale et l'économie des valeurs circulant en détention et produites hors et dans les murs sont ainsi analysées. Une place est également ménagée aux voix des détenus, trop souvent inaudibles. Les dimensions politiques de l'incarcération, des plus évidentes à celles plus implicites, sont abordées. Enfin, les multiples aspects de la réforme et de ses paradoxes sont discutés, au regard notamment de la place historique du travail dans les discours sur la punition et sur la réinsertion. Finalement, ce dossier réaffirme l'importance de la réflexion sur les prisons, et au-delà sur les rapports de domination et sur les inégalités sociales à l'échelle du continent. Ce faisant, il affirme aussi la place de l'Afrique dans le débat mondialisé sur la peine de prison.
Dès le début des années 1980, les auteurs posaient le problème du politique par le bas en Afrique. Ils soulignaient le rôle des "petits", des "sans importance", des "en bas du bas" dans l'invention de formes originales de l'Etat, alors même que prévalaient au sud du Sahara des situations autoritaires. Mais ils s'interdisaient aussi de postuler l'existence d'une "culture populaire", en reprenant à leur compte les critiques formulées à l'encontre de cette notion. Ils proposaient pour leur part une problématique de l'énonciation du politique, seule à même de restituer l'historicité du politique dans sa complexité et son ambivalence. Leurs analyses ont marqué le renouvellement des études africaines et ont reçu une large audience bien au-delà de ces dernières. Réunies en 1992 dans un volume qui fit date mais qui était épuisé depuis plusieurs années, elles sont aujourd'hui reprises, alors que de nombreux travaux redécouvrent la portée de l'approche du "politique par le bas" et la mettent en perspective avec les subaltern studies indiennes, l'Alltagsgeschichte allemande, la microstoria italienne ou l'historiographie marxiste anglaise. Dans cette nouvelle édition augmentée, une préface inédite montre en quoi elle demeure utile de pour comprendre le monde contemporain en dehors des facilités de pensée. A condition de voir qu'elle n'a jamais prétendu être une "école", mais un simple état d'esprit, une forme d'hétérodoxie par rapport aux courants établis des sciences sociales, une expression de cynisme heuristique vis-à-vis des croyances et des convenances académiques ou politiques.
Jean-François Bayart est directeur de recherche au CNRS (Science Po/ CERI, Paris). Achille Mbembe est directeur de recherche au Witwatersrand, Johannesburg). Comi Toulabor est directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques (CEAN/Institut d'études politiques de Bordeaux)
À la fin du XIXe siècle, sauf à l'intérieur de quelques garnisons et forts de traite européens de la côte, les prisons étaient inconnues en Afrique. Aujourd'hui, les États africains utilisent massivement le système pénitentiaire légué par les colonisateurs. Comme le rappellent chaque jour les prisons surpeuplées du Rwanda, la nuit carcérale étend désormais son ombre sur l'ensemble des sociétés au sud du Sahara.
Dès les premières années de la conquête coloniale, la prison joua un rôle central dans le contrôle de la population. Des bâtiments temporaires aidèrent à contraindre et à soumettre les Africains au travail forcé et à l'impôt obligatoire, remplacés bientôt par un maillage serré de prisons permanentes, partie intégrante du décor colonial et de ses techniques répressives.
Aujourd'hui, ce réseau architectural n'a été ni détruit ni remplacé, et fournit la majeure partie des bâtisses utilisées par le régime pénal des États contemporains. Mais la prison fait partie d'un ensemble plus vaste. Les gouvernements coloniaux dotèrent leurs territoires d'institutions destinées à connaître, comprendre et surtout quadriller les espaces et les hommes qui persistaient à leur échapper.
Ces outils intellectuels et matériels - cartes ethniques, routes, villages regroupés, asiles, camps de travail - enfermèrent peu à peu l'Afrique dans une nouvelle forme d'espace politique, dont les paysages actuels sont les héritiers directs. Ce basculement séculaire d'une Afrique ouverte à une Afrique fermée contient de précieuses leçons sur l'efficacité des modèles de gouvernement occidentaux à envahir d'autres aires culturelles, sur la capacité des hommes ordinaires à refuser ou à manipuler les systèmes imposés de l'extérieur, ainsi que sur le destin de l'autorité en Afrique, et de ses États.
Cet ouvrage présente pour la première fois l'histoire sociale, culturelle et politique des arsenaux répressifs apparus en Afrique, depuis la capture des esclaves au XIXe siècle jusqu'aux prisons du génocide rwandais, en passant par les asiles d'aliénés coloniaux, les camps de réfugiés, et les réponses des prisonniers à leurs bourreaux.
Ancien directeur du CERI, spécialiste internationalement reconnu de l'Espagne et de l'Amérique latine, Guy Hermet est aussi l'un des fondateurs de l'école française du comparatisme. Ses travaux sur les situations autoritaires, et les colloques qu'ils ont inspirés, ont marqué la science politique et ont eu un vrai retentissement à l'étranger. Il s'est ensuite consacré à l'analyse critique de la formation de la démocratie, à la faveur de la "troisième vague" d'expansion de celle-ci dans l'ensemble du monde ; ce qui l'a naturellement conduit à se pencher sur le phénomène du populisme.
Ont contribué à cet ouvrage
Javier Santiso, juan Linz, Oscar Godoy Arcaya, Bertrand Badie, Bérenère Marques-Pereira, Pierre Birnbaum, Michel Dobry, Ali Kazancigil, Yannis Papadoulos, Christophe Jaffrelot, Stéphanie Balme-Lautard, Soledad Loaeza, Philippe C. Schmitter, Yohann Aucante, Cristian Popescu.
Discipline dans l'armée, discipline de l'armée : n'est-ce pas souvent pour avoir érigé son règlement en religion et s'être instituée conservatrice en chef des vertus oubliées que l'armée fait irrémédiablement irruption sur la scène politique du monde arabe ? Et pourquoi, dans cette région du monde, son poids a-t-il été et reste déterminant dans le déroulement du jeu politique et l'évolution des régimes ? L'histoire politique de ces pays donne-t-elle à comprendre ce phénomène, d'autant plus crucial à l'heure de la mondialisation, où la diplomatie est devenue stratégie générale. Comment saisir que l'armée est et reste la puissance qui crédite le militaire arabe d'un pouvoir sans égal ?
L'objectif de ce livre est d'expliquer l'évolution du rôle politique des officiers militaires durant les différents pouvoirs autocratiques arabes et les coups d'état de la fin du XIXe à aujourd'hui (les Printemps arabes compris) ; de comprendre la spécificité du rôle extra-militaire de ces armées ; d'évaluer leur omniprésence aux niveaux décisionnels et de savoir pourquoi elles restent garantes de la stabilité de régime totalitaire.
Par cette approche historicisée des régimes et de leur rapport à l'armée, l'auteur relativise les analyses conférant trop d'importance aux questions des arsenaux, des budgets d'armement sophistiqué et de l'industrie militaire, ainsi que l'approche tactique de conflits régionaux, fait ainsi apparaître les évolutions non linéaires de la construction de ces États à travers le prisme des institutions militaires de chaque pays, elles-mêmes au prise avec la création depuis bientôt soixante-dix ans de l'état israélien. Enfin, l'auteur aborde ce sujet à travers les récents événements des Printemps arabes, révélant la montée en puissance d'une nouvelle génération d'officiers nationalistes dont il interroge les missions qui leur seront dévolues, en particulier pour l'égypte.
Cet ouvrage de synthèse historique et régionale témoigne de la force de ces institutions militaires, aussi bien sur le plan institutionnel, sociologique, que politique ; analyse pourquoi les militaires suscitent tant d'adulation et de vindicte populaire par leur éthique et leur image au sein des populations locales.
Né en 1945 à Toshkâ (Nubie), Mohammed Anouar Moghira - colonel (CR) dans l'armée égyptienne - est expert des questions de défense, de stratégie militaire et des services de renseignement arabes. Aujourd'hui journaliste, il est l'auteur d'ouvrages politiques et historiques, entre autres : L'isthme de Suez, passage millénaire (640-2000), [L'Harmattan, 2002] ; L'égypte en République, la vie quotidienne (1952-2005), [L'Harmattan, 2006] ; L'égypte, clé des stratégies au Moyen-Orient, [L'Âge d'Homme, 2009].
Histoire et anthropologie s'associent dans ce numéro qui appréhende la folie comme une « tragédie de l'ordinaire ». Le commun et le quotidien, au coeur des contributions, invitent à un renouvellement des approches en favorisant une perspective au « ras des hommes » et au « ras des sources ». À partir d'expériences singulières, les articles du dossier amènent également à réfléchir aux évolutions des logiques de gouvernement de la folie depuis les temps coloniaux jusqu'à l'époque contemporaine, en restant au plus près des individus. Ce faisant, ils donnent à voir des objets encore peu explorés dans les études sur la santé mentale en Afrique.
Vingt ans après la chute du mur de Berlin, des musées proposent aux écoliers des reconstitutions de la vie quotidienne sous le communisme, au risque de leur donner une image exotique d'un passé récent. Pendant ce temps, des firmes agroalimentaires, reconverties au marketing le plus contemporain, offrent à leurs clientèles des chocolats aux évocations très proustiennes, dans un emballage modernisé qui se pare des couleurs de l'authenticité. Entre une mémoire officielle en cours d'élaboration et l'activation marchande de souvenirs individuels, comment embrasser les expériences socialistes de l'après-guerre ? À partir des années 1960, l'Europe soviétisée vit émerger une consommation de masse et une culture de consommation adossées à de nouvelles politiques publiques, centrées sur la figure du « nouvel homme » communiste. La consommation ne fut pas énoncée dans le seul langage du « niveau de vie ». Elle avait vocation à façonner les imaginaires, les pratiques, les valeurs. Transformés, les styles de vie et les représentations du bien-être connurent une différenciation progressive. Même contrariée par les pénuries qui réapparaissaient avec des intensités variables selon les contextes nationaux, cette métamorphose suivit une chronologie qui n'était pas déconnectée des évolutions observées à l'Ouest.
La consommation fournit aux auteurs de cet ouvrage pluridisciplinaire un prisme à travers lequel interroger les vies quotidiennes sous le socialisme, au-delà de la seule dimension répressive des ordres politiques. Elle met en lumière des goûts et des sensibilités, des savoirs et savoir-faire qui participèrent également d'une logique de distinction sociale. En réinsérant les expériences socialistes dans des historicités plus longues, son analyse invite à envisager autrement l'articulation entre les démocraties populaires et le centre impérial soviétique, et donne à voir des circulations Est-Ouest au tracé plus complexe que ne le laisse penser l'image manichéenne de la Guerre froide. En définitive, se trouvent éclairées certaines des conditions de possibilité et de reproduction des systèmes communistes.
Ce que l'on nomme "identité" est devenu un thème central du débat politique et des affrontements idéologiques dans un grand nombre de sociétés contemporaines. cet ouvrage s'efforce de comprendre ce dont il est en réalité question lorsque le thème de l'identité, nationale ou autre, est mis en avant.
Les études de cas montrent la diversité des modes de configuration des "identités" en politique, la variété des usages qui en sont faits et la complexité des effets que ces usages en ont dans les sociétés étudiées (France, Italie, Hongrie, Roumanie, Russie, Liban, Inde, Etats-Unis).
Par la variété de ses usages, répondant à des besoins faondamentaux, l'eau constitue un bien de souveraineté, une source de conflit quand la ressource se raréfie, que les usages et les usagers se multiplient. La géopolitique fluviale est une géographie régionale qui se plaît dans les grands ensembles, mais ne s'y complaît pas.
L'Afrique n'est certes pas un théâtre majeur des conflits hydropolitiques ; sur la part la plus sèche du continent, contre toute attente, les tensions restent modérées. Ce calme relève largement des crises économiques et politiques, du caractère limité et local des aménagements.
Les cinq grands bassins étudiés ici appartiennent tous aux zones soudanienne et sahélienne : eaux rares, pluies faibles, population relativement dense circonscrivent les problèmes. De surcroît, à l'exception du Niger, les tracés fluviaux conduisent du mieux arrosé au plus sec.
Cet ouvrage est réalisé par trois générations de géographes et historiens.
Depuis les indépendances, des affrontements politico-ethniques ensanglantent régulièrement le Burundi et le Rwanda, et font - de la région des Grands Lacs - un foyer majeur d'instabilité en Afrique. Après plusieurs années de « transition démocratique » agitée, l'élection d'un président et d'une assemblée nationale au Burundi, la signature des accords d'Arusha pour le Rwanda, créaient les conditions d'un retour durable à la paix civile. Pourtant, dans les deux pays, les nostalgiques de l'ordre ancien ont brisé ces espoirs avec le putsch militaire d'octobre 1993 au Burundi, puis l'attentat contre les deux présidents, le 6 avril 1994, à Kigali.
Cet ouvrage collectif propose un large éventail d'analyses sur ces crises « en miroir », et fournit le maximum d'éléments d'information sur les événements (chronologies, personnalités, structures de l'État et organisations civiles, documents, prises de position...), auxquels peu de personnes, - particulièrement les ressortissants de la région - accèdent réellement.
Avec une majorité de participants originaires de la région, et de nombreux spécialistes, il s'agissait d'ouvrir un espace de réflexion plurielle entre des universitaires, des responsables politiques, et des journalistes acceptant de s'exprimer en leur nom propre. L'objectif est triple : témoigner, comprendre, et faire comprendre. Témoigner, pour affirmer que la prise de parole n'est pas le monopole des fanatiques, que l'implacable silence et la peur - imposés par les brutes armées de tous bords - n'ont pas définitivement vaincu. Comprendre, c'est oser affronter les faits, et dégager les stratégies individuelles et collectives, qui ont abouti à ces catastrophes. Cet exercice intellectuel personnel est vital pour échapper à la culpabilité paralysante, avouée ou insidieuse, de tous ceux - impliqués à divers titres dans les enjeux régionaux - dont les fonctions reconnues consistent à promouvoir les valeurs de l'intelligence et de l'éthique, de la responsabilité sociale et politique. Faire comprendre enfin, pour que cesse d'être renvoyée aux ressortissants de la région l'image de « barbares », pour que l'exclusion - par rapport aux « nations civilisées » - ne se rajoute pas au malheur et au dénuement.
Ce livre s'adresse non seulement aux chercheurs, aux journalistes, aux politiques, mais aussi à un public plus large, de l'étudiant à celui que l'Afrique intéresse et qui cherche des informations différentes de celles que proposent les grands médias.
Cet ouvrage s'efforce de traquer les formes publiques de résistance dans le Cameroun de la première moitié du XXème siècle. Il montre comment, par le biais de pratiques multiformes allant de la soumission à la négociation en passant par l'indiscipline et la lutte armée, les Africains se constituèrent à la fois comme sujets exerçant et subissant des relations de pouvoir et comme agents moraux de leurs actions.
Dans les confins indiens du Mexique, la démocratisation s'accompagne d'une reconnaissance de la nature pluriculturelle de la société. L'indianité fait son entrée dans la sphère publique, sous l'effet combiné de la mobilisation sociale et du calcul politique. Dans l'une des provinces à plus forte densité de population indienne, l'Oaxaca, cette politique du multiculturalisme a pris une forme particulière. La reconnaissance a porté sur l'autonomie politique des communautés indiennes. L'Etat a légalisé les formes traditionnelles d'élection et de délibération politique au niveau municipal.
Cet ouvrage s'attache à élucider cette énigme de la transition mexicaine. Dans une perspective comparative, il enrichit les problématiques de la démocratie et nourrit la réflexion sur la question indienne à l'échelle du continent.
David RECONDO est chercheur au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po. Il est actuellement vice-président de l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes, et membre du comité de rédaction de la revue Problèmes d'Amérique latine. Ses recherches portent sur la transformation des formes de médiation et de réprésentation politiques en Amérique latine.
Le Territoire de Quintana Roo, au sud-est du Mexique, à la frontière avec le Belize, naît en 1902. Le premier défi des autorités locales et nationales est de mettre en oeuvre des mesures pour attirer de nouveaux habitants. Et pour les définir. Dans cette région périphérique, le peuplement constitue un enjeu stratégique d'affirmation de la souveraineté et de l'identité nationales, amenant à imposer les caractéristiques raciales et nationales de la population.
Cet ouvrage propose une sociologie historique portant à la fois sur la racialisation des politiques migratoires, l'instauration de mesures d'intégration et de développement de la région (expéditions scientifiques, accès aux terres, type d'exploitation foncière) et les négociations entre administrations du centre (Mexico) et de la périphérie (Payo Obispo - Chetumal). En s'intéressant à l'émergence d'une nouvelle entité politico-administrative à la marge de la nation et en inscrivant le Mexique au sein des sociétés post-esclavagistes marquées par les migrations de travailleurs afrodescendants, il s'agit ainsi d'introduire une altérité autre qu'indienne dans les réflexions sur la nation, le métissage et la race, à partir du cas de l'étranger noir.
Cette recherche revient sur les logiques d'inclusion et d'exclusion propre aux politiques de métissage dans le Mexique postrévolutionnaire, en proposant un double décalage : étudier la place des populations noires plus que celle des indiens; se centrer sur l'immigration plus que sur l'autochtonie.
Elisabeth Cunin est chargée de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), actuellement rattachée à l'Unité de recherche Migrations et Société (URMIS) à l'Université Nice Sophia Antipolis, et membre du bureau du Centre international de recherches sur les Esclavages, CIRESC.