« L'Afrique noire est mal partie », alertait René Dumont en 1962, alors que le « soleil des indépendances » venait de se lever sur le continent, résolu à prendre son destin en main. Quarante ans plus tard, mal partie et jamais arrivée, l'Afrique se meurt : 3,3 millions de victimes dans la guerre au Congo-Kinshasa, 800 000 Tutsi massacrés lors du génocide au Rwanda, 200 000 Hutu tués au cours de leur fuite à travers l'ex-Zaïre, 300 000 morts au Burundi, autant en Somalie, sans parler du Soudan, du Congo-Brazzaville, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Côte d'Ivoire...
La moitié du continent est dévastée par des « guerres d'écorcheurs » ; l'autre vivote entre crise et corruption, tribalisme et anarchie. Émigration clandestine, fuite des cerveaux : les meilleurs partent. Dans nombre de pays, les fonctionnaires cumulent des mois, voire des années, d'arriérés de salaire, les hôpitaux sont des mouroirs, les écoles fermées. L'État s'effondre. Seuls quelques îlots émergent dans un océan de malheur. Le sida frappe partout, emporte les élites, réduit l'espérance de vie de quinze à vingt ans.
Pourquoi l'Afrique meurt-elle ? Après avoir été martyrisée par la traite esclavagiste et soumise par le colonialisme, l'Afrique, handicapée dans le commerce international, en retard sur tous les plans, se suicide. Ses habitants, tétanisés par un présent qui n'a pas d'avenir, s'enferment dans un autisme identitaire. Face à la mondialisation, ils capitulent en postulant « l'homme noir » irréductible à l'universel.
Le Parti communiste français a publié vingt-huit listes noires de 1933 à 1945. Deux mille trois cents noms, « traîtres » ou supposés tels, militants stigmatisés pour leur conduite, leurs relations ou leurs choix politiques, sont inscrits sur ces brochures distribuées aux membres du Parti. Avant la guerre, ces militants sont discrédités. Souvent, le Parti communiste les désigne comme des agents potentiels de l'ennemi infiltré dans ses rangs. Pendant l'Occupation, certains sont assassinés, d'autres blessés.Les listes noires ne servent pas seulement à condamner d'anciens militants communistes. Elles servent d'abord à rappeler aux responsables locaux leurs obligations. Elles énoncent, via les motifs d'exclusion, ce que ces derniers ne doivent pas faire. Elles rappellent les conduites prescrites et les règles intangibles qui régissent le Parti. Car les listes noires sont une des marques du stalinisme à la française. Ce n'est pas un hasard si leurs auteurs ont été formés à Moscou.Pour décrypter ces listes noires, les auteurs ont consulté archives publiques et fonds privés, archives russes et françaises, nationales et départementales, policières et militantes. À travers cette étude, c'est l'identité même du communisme qu'ils interrogent et le rapport très particulier que les communistes ont entretenu avec la notion de trahison. La hantise du traître est constitutive de la représentation du monde telle que Lénine l'a lui-même défini. Le monde est en guerre, il n'y a que deux clans : qui n'est pas avec nous est contre nous.
Le 11 septembre 2001, les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone ont plongé le monde dans la stupeur, au point que beaucoup ont été tentés dy voir un changement de paradigme, le moment où est « mort le monde ancien ». Cinq ans plus tard, il est temps que nos yeux se décillent : ce monde partagé en deux blocs nest pas mort en 2001, nous dit Ali Laïdi, mais en 1989 avec la chute du Mur. Avec lémergence dune unique hyper-puissance, la guerre froide, de nature idéologique, sest muée en une guerre économique mondiale, une guerre menée par tous contre tous, quon appelle par euphémisme mondialisation.
Les effets de cet affrontement non-violent sont ravageurs pour des civilisations traditionnelles, dont les modes de vie et les valeurs plient sous la déferlante dimages, de sons et de mots venus dailleurs, porteurs de modernité et de promesses de mieux-être que rien ni personne ne peut satisfaire.
Chez les populations musulmanes, elle se heurte à une résistance plus farouche quailleurs. Linertie de leurs gouvernements et de leurs élites, voire la compromission de celles-ci avec lOccident, ne font que décupler la frustration et la rage de populations arabes qui ont limpression de ne plus maîtriser leur destin. La religion devient alors pour les plus exaltés dentre eux le seul refuge de leur identité menacée, le dernier sanctuaire de leur souveraineté personnelle et collective. Loin dêtre la source de leur haine, comme le veut un contresens couramment répandu en Occident, elle en est le vecteur, le mode dexpression.
Face au danger dune « guerre sans fin » où le terrorisme, larme des faibles, susciterait une réponse toujours plus belliqueuse des forts, Ali Laïdi plaide pour que lOccident prenne enfin conscience des dommages collatéraux occasionnés par la mondialisation, et pour que les élites arabes, de leur côté, fassent sauter les verrous qui enferment leurs peuples dans le cercle vicieux de léchec et du ressentiment.
HISTOIREL'homme ne vit pas que de pain. C'est ce qu'ont enfin compris, après cinquante années de suprématie de l'histoire économique et sociale, les historiens. L'histoire politique revient au premier plan. Chacun redécouvre l'importance de la philosophie politique et des sciences administratives et juridiques pour comprendre les règles et les écarts du développement politique occidental.Quelle est la nature du pouvoir moderne : a-t-il emprunté au droit romain, à l'Empire allemand ? Et comment contrôler la croissance de l'Etat ? A ces questions redevenues essentielles, Blandine Barret-Kriegel répond en examinant le processus d'élaboration du pouvoir. Elle explique comment l'Etat administratif l'a emporté sur l'Etat de justice et ce que notre citoyenneté démocratique actuelle doit à l'Ancien Régime.Brillant et incisif, les Chemins de l'Etat renoue avec la grande tradition de l'Ecole française d'histoire politique et permet de saisir l'origine et les structures de notre Etat-providence.
Pour la première fois dans l'histoire, l'humanitaire fait la guerre. Mais Restore Hope, le débarquement spectaculaire des marines sur les plages de Mogadiscio et la relève prise par l'ONU, désormais engagée dans des « raids punitifs », n'auront été qu'un entracte entre deux catastrophes : la famine, résultat d'une guerre civile qui a fauche 300 000 Somaliens dans l'indifférence d'un monde longtemps coupable de non-assistance a population en danger ; la tentative de restauration d'un Etat victime d'un « suicide national », livré aux seigneurs de la guerre, ceux-là même qui ont pillé et dévasté le pays au prix d'une génération.
Ce livre retrace tous les épisodes du drame somalien, de 1989 à juillet 1993, de la lente et sanglante agonie du régime de Siad Barre a sa chute, des luttes fratricides à la famine, de l'intervention militaro-humanitaire des Américains au retour de l'ONU. Il montre comment l'humanitaire a tenu lieu de politique a une communauté internationale plus soucieuse de soulager sa conscience, à n'importe quel prix, que de comprendre, pour la résoudre, la crise que traverse un pays abandonne. L'échec est dès lors inéluctable. Nourrie de force, manu militari, sans Etat ni armature morale, son histoire et sa culture scandaleusement ignorées en dépit d'un déferlement cathodique exceptionnel, la Somalie est sur le point de devenir un « cimetière » de l'aide humanitaire, terra incognita ou rôdera à nouveau la mort, dans l'indifférence des bienfaiteurs d'hier.
Entre carnet de route et essai, cet ouvrage, rempli d'informations inédites, allie la rigueur de la démonstration à la vivacité du reportage.
Stephen Smith est, depuis 1988, le responsable Afrique de Libération. A plusieurs reprises, notamment au moment de la chute du dictateur Siad Barre, il a été l'un des très rares journalistes occidentaux présents en Somalie.
Martine Aubry est la célébrité la plus inconnue de la vie politique française. Soucieuse de protéger son jardin secret, elle demeure un mystère. D'autant plus inaccessible, que son image publique est tout en contrastes : à la fois militante loyale et rétive à l'embrigadement des appareils, austère et facétieuse, sincèrement amicale et irrépressiblement médisante, le coeur dans l'idéalisme social et la raison dans le pragmatisme gestionnaire, un pied dans la gauche jacobine traditionnelle, et l'autre dans la deuxième gauche rénovatrice, suscitant la méfiance des syndicats et la révérence des patrons, dénigrée par les siens et saluée par ses opposants politiques, séductrice détestant la séduction, femme se méfiant du féminisme, elle constitue un paradoxe vivant. Comment cette éphémère ministre du Travail dans le gouvernement Cresson, n'ayant jamais affronté le suffrage des urnes jusqu'aux élections municipales de 1995, caracole-t-elle en tête des sondages d'opinion et incarne-t-elle l'espoir d'une relève ? Pourquoi cette étoile montante du Parti socialiste, est-elle demeurée au zénith de la popularité, au moment où son parti plongeait dans la disgrâce ? Le bilan effectif de son action sur le terrain justifie-t-il sa place dans le coeur des Français ? Ne fait-elle que parler de la politique autrement, ou applique-t-elle réellement une autre politique ? Pendant deux ans, Paul Burel et Natacha Tatu ont multiplié les entretiens avec Martine Aubry, son premier cercle familial et amical, ses partisans comme ses détracteurs, et se sont livrés à une enquête de terrain pour déchiffrer l'énigme Aubry. Ils brossent ici, avec probité intellectuelle et liberté de ton, un portrait biographique contrasté, passionnant, qui fourmille d'anecdotes et retrace deux décennies d'histoire de la question sociale en France.
Enquêter sur la Sacem ? Plus d'une fois, les interlocuteurs d'Irène Inchauspé et de Rémi Godeau ont tenté de les en dissuader. Des conseils en forme de menace voilée (" Vous avez tout à y perdre ") aux procès en irresponsabilité (" Vous faites le jeu des Américains ") et aux fantasmes de persécution (" Mais pourquoi nous détestez-vous tant ? ").
Pas étonnant dans ces conditions que, depuis sa création en 1850, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique ait largement échappé aux regards et aux questions, et ce malgré son statut d'entreprise privée, certes, mais chargée d'une mission de service public, à savoir répartir le plus équitablement possible les quelque 610 millions d'euros de droits d'auteur générés tous les ans par l'exploitation des oeuvres musicales.
Pourquoi cette opacité ? Parce que la Sacem se situe au confluent de tous les pouvoirs - culturel, économique, politique -, et parce qu'un homme, Jean-Loup Tournier, l'a dirigée d'une main de fer pendant quarante ans, réduisant au silence toute contestation interne et décourageant quiconque de s'y intéresser de trop près - y compris son autorité de tutelle.
Mystères de l'héritage Ravel, des droits des compositeurs juifs pendant la guerre, des coûts de fonctionnement pharaoniques : Main basse sur la musique nous permet d'entrevoir, pour la première fois, quelques-uns de ces secrets si jalousement gardés.
Il n'aurait jamais dû survivre aux épreuves de son enfance. Mais il siège aujourd'hui au Parlement européen, après avoir accompli à la radio et à la télévision une des carrières les plus exemplaires et diversifiées que l'audiovisuel français ait jamais connues.
Comment ce qui ressemble à un miracle a-t-il pu se produire ? C'est ce que raconte ce livre. Si une énergie sans faille n'avait pas guidé la vie entière de Jean-Marie Cavada, on aurait pu parler de conte de fées. Orphelin de l'Assistance publique, recueilli par une famille de paysans des Vosges, à 8 ans il garde des vaches, à 25 il est journaliste à la station strasbourgeoise de Radio France, à 35 il dirige la rédaction d'Antenne 2, à 55 il est P-DG de France 5, puis de Radio France. Aujourd'hui, à 65 ans, il est député européen. Entre-tremps, il a animé pendant plus de treize ans une des émissions les plus célèbres de l'histoire de la télévision française. Demain, où sera cet éternel jeune homme qui conserve intactes ses passions et sa combativité, et qui répugne autant à employer le mot "pouvoir" comme substantif qu'il affectionne comme verbe ?
Le lecteur découvrira l'itinéraire d'un homme qui a consacré sa vie à mieux appréhender le monde afin de transmettre aux autres sa propre soif de connaissance et ses questionnements les plus divers. Le résultat : une "marche dans le siècle" doublement exemplaire. D'abord parce qu'elle prouve que rien n'est impossible à qui veut entreprendre et désire faire bouger les choses. Encsuite parce qu'elle constitue le vibrant hommage d'un homme qui n'hésite pas à affirmer qu'il doit tout à l'école de la République, à un système qui pose l'égalité des chances et donne à chacun les moyens de réussir sa vie. Une belle leçon d'humanisme, que nous dispense celui qui n'hésite pas à écrire : "Je n'ai jamais eu d'ambition, j'ai eu pire : l'orgueil de bien faire ce que j'avais à faire.".
La loi sur la parité sert-elle la cause des femmes en politique ? Question incongrue, en ces temps de « paritémania », du sommet de l'État aux terrains de la politique locale. Femmes ministres au nom de la parité, ascension de Ségolène Royal, municipales de mars 2008 où les listes seront strictement égalitaires : jamais cette notion n'a été autant sanctifiée.La parité est à la mode mais qu'a changé la loi du 6 juin 2000 ? Les femmes politiques connues du grand public se comptent toujours sur les doigts de la main. Au sein des partis, leur influence reste fragile, réversible et continue de dépendre de la bonne volonté masculine.L'expérience de Lucile Schmid, aujourd'hui élue locale, est au coeur de ces ambiguïtés. Haut-fonctionnaire, militante, proche des réalités de terrain : elle avait des atouts « naturels » et personnels pour mener des batailles électorales et pourtant, on lui a souvent fait sentir qu'elle n'était qu'une candidate de la parité.Avec un regard incisif mêlant témoignage et analyse politique, l'auteur démontre brillamment que si la parité a changé les images du pouvoir, elle n'en a pas modifié les pratiques.Loin des partis pris caricaturaux, Lucile Schmid dévoile avec courage les coulisses du Parité Circus.
Adieu Bécassine ! Cette fois, le complexe breton est bel et bien enterré. La perception du vieux duché s'est métamorphosée à la faveur d'un renouveau culturel et économique. Demeurée, après-guerre, à l'écart de la société industrielle, la région a spectaculairement rebondi, pour devenir l'une des plus dynamiques de France. Comment expliquer ce miracle breton ? Puissance verte, la Bretagne est également riche d'un véritable patronnat de terroir, à l'origine de quelques-unes des plus belles sagas des Trente Glorieuses : François Pinault, Vincent Bolloré, Yves Rocher ou Édouard Leclerc. L'État a, certes, joué un rôle majeur dans les implantations industrielles des dernières décennies, mais son intervention n'explique pas tout. Si les Japonais y ont tant investi, c'est parce qu'elle possède un véritable logiciel culturel. Une précieuse culture collective - sens du devenir commun, diffusion de l'effort, construction de réseaux - l'arrime à son passé, tout en la propulsant vers l'avenir. Le secret de la réussite bretonne réside dans ce paradoxe : c'est en conservant le meilleur de ses traditions rurales, qu'elle s'est donné les moyens de jouer un rôle dans le monde postindustriel des années 2000.
La France fait aux femmes, dans les instances du pouvoir, une place particulièrement réduite, nous le savons tous. Mais qu'en pensent les femmes elles-mêmes ? Interrogées par Maurice Maschino, toutes ont répondu à ses questions, en laissant de côté l'habituelle langue de bois de ceux qui exercent du pouvoir. Des moins connues, aux plus illustres - comme Jacqueline de Romilly, Anne Sinclair ou Simone Veil, toutes ont accepté de raconter leur itinéraire, de dire leurs difficultés pour parvenir là où elles sont aujourd'hui, les résistances du milieu, les pièges tendus par leurs collègues masculins. Mais la réalité est loin d'être aussi simple ; et on sera surpris, en lisant ce qu'elles relatent, de voir combien leurs motivations sont différentes de celles des hommes, combien elles se préoccupent peu des signes extérieurs de pouvoir ; comme si, finalement, l'essentiel n'était pas là pour elles. Aussi y a-t-il pas mal d'humour dans la façon dont elles disent à leurs collègues : Après vous, messieurs...
« Quelle figure a accompagné, éclairé, voire suscité votre engagement dans la vie publique ? » C'est la question simple qu'Éric Fottorino a posée aux actuels ou futurs dirigeants politiques français.Pour tous, leur engagement s'est nourri des valeurs prônées avant eux par des personnages emblématiques dans lesquels ils se reconnaissent et dont ils s'inspirent. À une époque où les politiques sont discrédités, sévèrement jugés pour leur absence de convictions, leur opportunisme, ce livre montre les références à l'origine de leur parcours. Il nous les dévoile sous un jour inattendu, tissé d'anecdotes révélatrices de leur personnalité, de leur caractère, de leurs aspirations profondes.Bonaparte pour Jean-François Copé, Walesa pour Rachida Dati, Gorz pour Cécile Duflot, Hugo pour François Hollande, De Gaulle pour Marine Le Pen, Jaurès pour Jean-Luc Mélenchon, Malraux pour Valérie Pécresse, Orwell et Camus pour Manuel Valls, Mandela pour Rama Yade... Personnages de l'histoire ou figures contemporaines, les mentors de nos politiques sont variés.Ces portraits, publiés dans l'hebdomadaire L'Hémicycle et repris ici en volume, composent un tableau très riche et étonnant de la République française dans sa dimension historique.
Vous pensez que les diplômés des grandes écoles vivent dans une sorte de paradis professionnel, où le chômage n'existe pas et où le pouvoir d'achat progresse de 5 % par an ? Eh bien... vous avez raison. Pourtant, le système des grandes écoles françaises ne vacille plus, il tangue. Jamais ses grands fondements n'ont été à ce point remis en cause. Jamais ses acteurs n'ont été à ce point ébranlés par le doute. Position médiocre dans les classements internationaux, faiblesse de la recherche, inadaptation d'un recrutement hyper élitiste : ces établissements savent qu'il y a urgence à se réformer.Étudiants, parents et psychologues dénoncent les effets pervers de la compétition à tout prix. Directeurs d'écoles, professeurs et employeurs prennent enfin conscience qu'il est temps de contrer l'ahurissante reproduction sociale. À force de recruter les mêmes profils, le capitalisme hexagonal perd en effet en diversité sociale comme en efficacité économique.Le constat est paradoxal : l'excellence à la française nuit finalement à la santé économique du pays. Un exemple ? Parmi les jeunes créateurs d'entreprise, les diplômés des grandes écoles sont très minoritaires alors qu'ils sont pourtant les mieux armés pour réussir.Faut-il en déduire que la formation frileuse de nos élites a définitivement vécu ? Dans un pays où la quasi-totalité des dirigeants des grandes entreprises, des hauts fonctionnaires et des hommes politiques sortent d'une grande école, ces questions sont étrangement absentes du débat public.Une enquête riche et stimulante sur les lieux d'apprentissage des hommes et des femmes de pouvoir, dans un monde jusque-là fermé et hautain. Bienvenue dans la petite France des grandes écoles.
Le général de Gaulle en avait fait son « seul adversaire », François Mitterrand fustigeait l'argent « qui corrompt » et « qui pourrit jusqu'à la conscience des hommes ». Nicolas Sarkozy est le premier président de la Ve République à clamer haut et fort sa fascination pour l'argent et à briser de fait un tabou.La véritable « rupture » est donc bien là. Dans la façon dont le chef de l'Etat a placé l'argent au coeur de son action publique. Une passion privée qu'il entend faire partager aux Français.Quel est le rapport quotidien du Président avec l'argent ? Comment dépense-t-il les deniers de l'Elysée ? Quels sont ses liens avec les puissances de l'argent ? Autant de questions délicates qu'il est temps d'aborder si l'on veut dépasser le simple constat du clinquant présidentiel et du folklore tape-à-l'oeil.Ni pamphlétaire ni complaisante, cette enquête minutieuse dans les allées du pouvoir révèle avec rigueur et précision les dessous des relations tumultueuses, complexes et intrigantes qui unissent Sarkozy et l'argent roi.
Patrice Cohen-Séat est l'un des principaux dirigeants du Parti communiste français, codirecteur de la campagne présidentielle de Marie-George Buffet en 2007. Il revient ici sur l'échec de la gauche et la « bérézina communiste » de 2007 qui pose la question de la place de son parti dans la société française. Il assume sans détour sa responsabilité.
Mais surtout, il ouvre en grand l'analyse de la « crise historique de la gauche ». Qu'est-ce que « la gauche » ? D'où vient « la chute de l'ange communiste » ? Où va le Parti socialiste ? Il pousse la réflexion sur les « points chauds » de l'histoire de la gauche et du communisme, et propose une critique de fond de notions comme égalitarisme, collectivisme, étatisme, internationalisme, révolution... Il réexamine à cette lumière certaines questions politiques au coeur de l'actualité : l'assistanat, la fiscalité, la réduction du temps de travail, l'Europe, la mondialisation, les délocalisations, la pénalisation de l'usage des drogues...
Sa thèse est que le communisme s'est politiquement construit comme le contraire du capitalisme alors que la réalité, selon Marx lui-même, appelait à le dépasser en allant plus loin dans tous les domaines : liberté, égalité, efficacité, solidarité... Il ouvre alors des pistes pour une nouvelle conception de cette espérance d'émancipation humaine qui a pris le nom de « communisme ». N'esquivant aucun tabou, il tente de définir les conditions nécessaires d'un tournant vital pour la gauche, et pour le Parti communiste, dont il remet tout en question.
Jamal Dati veut parler ? On lui ordonne le silence.
Pourquoi le livre de Jamal fait-il si peur ?Ancien mineur délinquant récidiviste, trafiquant de drogue, taulard : Jamal Dati, le « frère de », a tout pour déplaire. À 37 ans, ce père de famille, ouvrier spécialisé, a beaucoup enduré : la mort de sa mère, qui le hante, un divorce, une réinsertion compliquée, et sa guerre personnelle contre la toxicomanie.Juillet 2007 : Jamal Dati est projeté à la une de l'actualité. La France découvre le frère trafiquant de drogue de la garde des sceaux. Qu'importe qu'il ait décroché ! Que la justice en guerre contre Rachida - Jamal en est persuadé - règle ses comptes sur le dos du frère de la ministre ! Il retourne « à l'ombre », tandis que le clan Dati se mobilise pour éviter que les déboires de Jamal ne ternissent la réputation de sa grande soeur.Portrait d'une famille compliquée, chronique explosive de la vie quotidienne en prison, révélations sur le trafic de drogue, ce livre évènement est avant tout le témoignage bouleversant d'un homme qui a changé, et qui aimerait qu'on le reconnaisse enfin.
Le 26 novembre 2006, Ségolène Royal était désignée candidate officielle du Parti socialiste à l'élection présidentielle de 2007.
Une majorité de socialistes, parmi lesquels beaucoup d'adhérents de fraîche date, s'en réjouissent. Nombre de militants et de sympathisants, toutefois, cachent mal leur consternation.
Le parti de Jean Jaurès représenté par une élue qui fréquente peu l'hémicycle, n'y prend que très rarement la parole, et voue un culte à Jeanne d'Arc ? Le parti de Léon Blum emmené par une oratrice sentencieuse qui, au vocabulaire de l'action collective, préfère le registre doloriste et compassionnel ? Le parti de François Mitterrand conquis par une adepte de la « démocratie participative » qui entend aller chercher l'inspiration « chez les gens » ?
Comment le Parti socialiste en est-il arrivé là ? s'est demandé le journaliste Claude Lévy.
Pour tenter de répondre à cette question, il a mené l'enquête à tous les niveaux du parti : état-major, instances intermédiaires, sections de quartier. Il décrit des militants tétanisés par la peur de revivre l'humiliation de 2002, et décidés à laver l'affront à n'importe quel prix, même à celui d'un renoncement aux valeurs traditionnelles de la gauche. Le coup de maître de Ségolène Royal, nous démontre Claude Lévy, a été de se présenter comme la plus apte à réunir le « peuple de gauche » en adoptant les codes de la communication moderne, qui affirme la primauté de l'image, réputée fédératrice, sur le fond, source de discorde. Son OPA sur le plus vieux parti de France restera dans les annales comme l'exemple le plus abouti de la « stratégie de la séduction », à moins que la politique ne reprenne brutalement ses droits.
De part et d'autre des périphériques et des rocades, deux france s'invectivent.
La France qui a peur ne veut voir dans celle des cités que délinquants, islamistes et graines de terroristes insolubles dans la République. Cette France qui fait peur, trop souvent laissée pour compte, hurle à la discrimination, au racisme et à l'"islamophobie".
Dans cette cacophonie de lieux communs, personne ne s'entend, car personne n'écoute, chacun se contentant de projeter sur l'autre ses fantasmes et ses préjugés, ses angoisses et ses frustations. Résultat : le contrat social qui a fait de la France un pays de mélanges et de rencontres bat sérieusement de l'aile.
Pour éviter qu'il ne finisse en miettes, Caroline Fourest propose une remise à plat radicale des idées reçues qui prospèrent de part et d'autre. Systématiquement, avec rigueur et impartialité, elle les recense, les décortique et les analyse :
- La France est-elle victime de l'islamisation ?
- la polygamie est-elle responsable des émeutes de novembre 2005 ?
- La presse est-elle "islamophobe" ?
- La France est-elle raciste ?
- La justice est-elle laxiste ?
- Deux poids, deux mesures ?
- Le modèle anglo-saxon fonctionne-t-il mieux ?
Sans fantasmes ni angélisme, Caroline Fourest répond aux questions des Français. De tous les Français. Ceux qui risquent de céder aux amalgames. Et ceux qui risquent de répondre aux amalgames par d'autres amalgames.
« Qui sont les criminels ? Pourquoi deviennent-ils des tueurs ? Comment se manifeste le crime à travers l'espace et le temps ? Comment est-il traité et perçu ? Quel est le rôle joué face au crime par la police, la justice, la science et les médias ? C'est pour tenter de répondre à ces questions, et à beaucoup d'autres encore, c'est pour entreprendre la première véritable radiographie du phénomène criminel jamais réalisée que ce livre est né. Il est né d'une triple rencontre, d'une amitié et d'une passion professionnelle communes. La nôtre. Celle de deux commissaires de police judiciaire et d'un magistrat. Illustré par des centaines d'affaires criminelles, Le Livre du crime n'a pas la prétention de tout dire sur l'homicide, ni de fournir des solutions providentielles contre ce fait social d'exception. Nous avons seulement voulu que soient rassemblées toutes les pièces d'un puzzle unique dans lequel les « tueurs en série » prennent place aux côtés de la cohorte des assassins ordinaires, dans lequel l'enquête et la justice criminelles voisinent avec l'univers des statistiques officielles et celui du fait divers. »
n dit que le temps efface tout. En treize ans, qu'a-t-il effacé de la mort de deux petites filles, tuées dans un accident de la route le 30 avril 1980 ? Leur mère, Geneviève Jurgensen, veut percer ce mystère si intime. Si on lui avait annoncé, à l'époque, qu'elle mènerait aujourd'hui une vie pleine et, ose-t-on à peine dire, heureuse, elle ne l'aurait bien sûr pas cru. Mais surtout, elle ne l'aurait jamais accepté. C'est cette vie qu'elle raconte à un ami, dans une correspondance privée qui relate l'implacable absence mêlée aux plus légères des joies. L'une imprègne les autres, pour donner une continuité à un destin marqué par la disparition.
Les Français ont du tonus. Ils ont de la vitalité. Ils ne demandent qu'à s'adapter, mais aimeraient avoir leur mot à dire sur les décisions qui concernent leur vie de tous les jours. Comment débloquer le système et donner la parole à ceux qu'on n'entend pas ? Comment libérer les initiatives et permettre aux citoyens d'exercer des choix ? Y a-t-il un pourcentage des impôts, même minime, dont l'affectation puisse être décidée par les contribuables ? Y a-t-il un pourcentage des dépenses de solidarité, même minime, qui puisse aller d'une personne en chair et en os à une autre, sans passer par les circuits bureaucratiques ? Y a-t-il une loi, une directive, un règlement, un formulaire qui puisse être élaboré ou simplifié ou supprimé, après consultation directe des intéressés ? Ce livre a pour seule ambition d'ouvrir quelques pistes, afin que chacun d'entre nous acquière un surcroît de dignité en se sentant utile.
Avec l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République, la jacquerie ne menace plus les portes de l'Élysée : elle vient d'investir les lieux ! L'ancien super-ministre de l'Agriculture va-t-il devenir le porte-parole des cumulards du lobby agricole, le plus puissant de France ? L'aveuglement de la bastille politico-agricole est constant. Hier encore, ses ténors bataillaient contre la réforme de la PAC et contre le GATT, jusqu'à la victoire d'Édouard Balladur - triomphe en trompe-l'oeil, dont l'auteur décrit les coulisses avec humour. Il n'est plus question, désormais, de remettre cette réforme en cause : plus de 100 milliards de francs ont irrigué le monde agricole en 1994 ; chaque agriculteur a reçu 150 000 francs en moyenne, et chaque contribuable versé 2 000 francs en faveur des 700 000 agriculteurs de l'Hexagone. Émises de tous côtés - organisations agricoles, microcosme politico-médiatique, opinion nostalgique d'un prétendu âge d'or des campagnes -, trop de contre-vérités parasitent la réflexion sur l'avenir économique et social de la France au sein de l'Union européenne. Pour Michel Leblanc, qui illustre sa pensée d'exemples et d'anecdotes, la priorité est de mettre en oeuvre une politique dédiée au réaménagement des villes, et de réhabiliter un monde rural où le paysan cesserait d'être l'otage de l'agriculteur.
René Maury démontre ici avec fougue que notre système d'imposition sur le revenu est l'une des principales causes du chômage en France : c'est un impôt injuste, rétrograde, absurde, impossible à réformer dans le détail, qui pénalise les salariés et leur interdit de s'enrichir. Son abolition est devenue un devoir national. Elle est conjoncturellement possible et financièrement faisable. Possible parce que la France est à la fois le plus imposé des grands pays industrialisés de la planète et celui où le pourcentage de l'impôt sur le revenu est le plus faible en proportion des recettes fiscales totales. Faisable sans affecter nos services publics si l'on tient compte des principaux moteurs de la compensation. Cette abolition n'est pas une utopie irresponsable : elle a déjà été réclamée à la fois par la gauche, le centre et la droite en France, et préconisée par cinq prix Nobel d'économie dans le monde.
Alors que l'évolution de la politique internationale, et des rapports de force dans le monde, remet partiellement en cause la course aux armements, Pierre Marion lève le voile sur le complexe militaro-industriel français. Sous la pression de ce clan, nous dépenserons 2 000 milliards de francs d'ici la fin du siècle en seuls équipements militaires, pour des armements (chars Leclerc, porte-avions, missiles Hadès...), qui seront probablement obsolètes en l'an 2000. Cette emprise d'un groupe élitiste sur les choix stratégiques et technologiques, n'est pas acceptable. Ce complexe étend ses ramifications dans des entreprises (Dassault, Aérospatiale, Thomson...), l'appareil d'État, et s'appuie sur la haute hiérarchie militaire. Son histoire montre comment il a, constamment, prôné le recours aux armes, et imposé ses vues aux gouvernements successifs : que ce soit dans la constitution de l'empire colonial français, dans la volonté revancharde qui conduisit au massacre de la Première Guerre mondiale et à la débâcle de la Deuxième, jusqu'aux soubresauts de la décolonisation, et aux interventions récentes en Afrique et au Moyen-Orient. De la diplomatie aux services secrets, du lobby nucléaire au commerce des armes, Pierre Marion retrace la constitution de ces réseaux d'influences occultes. Il dénonce, sans concession, les visées idéologiques et financières de cette nouvelle stratocratie, qui hypothèque le devenir de la France au bénéfice d'intérêts privés.