En France, le pouvoir central est si envahissant, que les pouvoirs locaux paraissent souvent quantité négligeable. Cependant, l'intégration nationale dépend - en grande partie - de l'équilibre instauré dans le système politico-administratif entre le centre et la périphérie.
Largement hérité de la IIIe République, le système politico-administratif local, lieu d'interaction et de la légitimation réciproque des bureaucrates et des notables, définit un jacobinisme apprivoisé, dans lequel les détenteurs du pouvoir périphérique grignotent constamment la volonté rationalisatrice centrale, au profit des exigences locales.
Vu d'en bas, l'État apparaît ainsi - très largement - comme un colosse aux pieds d'argile, empêtré dans des rapports de clientèle, neutralisé en même temps que soutenu par les réseaux notabiliaires, qui se développent à la jointure des organisations bureaucratiques et des institutions de représentation.
Il semble, cependant, que cette mécanique complexe et mal connue d'équilibre des pouvoirs soit en train de s'enrayer, entraînant ainsi, avec la fin de l'administration républicaine, la disparition d'un mode d'intégration nationale.
Loisir et Culture (1966) démontrait que le loisir, vécu à l'échelle d'une ville entière, ne se réduit pas à une consommation standardisée, mais qu'il est aussi un cadre diversifié d'accès à des valeurs culturelles de niveau inégal, réparties de façon variable selon les classes sociales. Aujourd'hui (1976), une nouvelle étude de cette même ville (Annecy) précise dans quelle mesure, selon les classes et les âges, ces valeurs sont dépendantes ou indépendantes de celles du travail, des obligations familiales, des engagements socio-spirituels ou socio-politiques et des niveaux d'instruction. Une observation participante, accompagnée d'enquêtes menées entre 1956 et 1975, a permis d'établir dans quelle mesure l'avènement de la télévision de masse, les troubles de la guerre d'Algérie, les espérances de mai-juin 1968, ont affecté l'évolution des activités sportives, artistiques ou intellectuelles proposées par les associations volontaires et les services publics. Les rapports de soumission ou de rébellion de la structure d'animation correspondante avec les institutions et les idéologies dominantes, sont examinés sous l'angle de l'émergence difficile d'une société éducative, de même que les changements de cette structure provoqués par les progrès conflictuels de la commercialisation et de l'institutionnalisation de l'action culturelle. Enfin, l'apparition, à partir de mai 1968, d'un mouvement social orienté vers la revendication d'un pouvoir culturel, est analysée à travers ses vissicitudes.
La crise a effacé l'image à la fois orgueilleuse et banale que les sociétés industrialisées aimaient à donner de leur avenir. Mais elle risque de les enfermer dans un souci myope de la conjoncture économique. Pour sortir de la crise, ne faut-il pas, beaucoup plus que réparer les conséquences d'un accident, reconnaître que nous changeons de société et de culture ? Ce livre, préparé au sein d'un groupe international qui s'est réuni pendant deux ans, à Turin, puis à Paris, ne considère que les changements des sociétés économiquement les plus avancées mais, dans ce cadre à la fois limité et important, s'efforce de lier trois champs de réflexion : les transformations de la culture, celles des rapports sociaux et de l'État, l'apparition de nouveaux objectifs politiques. Ses auteurs n'acceptent plus la distance, devenue insupportable, entre la réalité historique d'aujourd'hui et les idées auxquelles la plupart des observateurs recourent pour l'analyser. Ils se méfient des exégètes et des doctrinaires ; ils veulent aussi aller au-delà de l'utopie. Pour eux, la crise est moins une situation que notre impuissance à comprendre, à accepter et à orienter les mutations en cours. C'est en analysant ce que devient la production, la famille ou l'État que nous préparons ce renouveau de l'action politique qui peut conduire ces sociétés au-delà de la crise.
Semaine de 40 heures, retraite à 60 ans, drop-out scolaire, travail ménager contesté... : du temps libéré, pourquoi faire ? Le loisir est une de nos grandes obsessions et pourtant il reste mal connu : ses dimensions réelles sont cachées par la représentation dominante, stéréotypée, mythique de ses rapports avec le travail et les autres engagements sociaux. L'ignorance de ces relations dans la dynamique des mutations culturelles et sociales de notre temps, rend la réflexion théorique illusoire et la politique culturelle aveugle. Le loisir ne se réduit pas au temps libéré par le progrès économique et la revendication sociale. Il est aussi création historique, née du changement des contrôles institutionnels et des exigences individuelles. Tout en étant conditionné par la consommation de masse et la structure de classe, il est de plus en plus le centre d'élaboration de valeurs nouvelles, surtout dans les jeunes générations : mises en question des règles du travail professionnel et scolaire, de la vie familiale, socio-spirituelle et socio-politique. Il a donné naissance à un mouvement social qui va ébranler et modifier non seulement les structures de la société mais, plus radicalement, les orientations de la vie elle-même.
Pour la quasi-totalité des « compétiteurs » politiques, le vote est un jugement porté par les électeurs sur les options présentées par les camps en présence. Toute voix obtenue est considérée comme une approbation des principes fondamentaux de son bénéficiaire. La théorie démocratique postule des citoyens attentifs aux événements politiques, au fait des problèmes et instruits des idéologies en lice, exprimant en définitive par leur vote un choix réfléchi et motivé. C'est une tout autre réalité que dévoile l'analyse sociologique...
La France, en ce début des années 80 - comme d'autres sociétés occidentales -, traverse un étrange passage à vide. Des individus, des groupes, les intellectuels eux-mêmes, paraissent se mettre en retrait du social et de l'idéologie. Derrière la cacophonie trompeuse de l'information, règne, en fait, un énorme silence. Comme une panne de la production de sens, une panne de toute transcendance. Le vide social, cette crise multiforme, n'est pas la fin de l'histoire, mais une sorte de ruse partagée confusément par tous, une manière de vivre en attendant. Mais en attendant quoi ? Quelle prodigieuse mutation ce vide prépare-t-il ? Quel est le lien entre cette crise de la société civile et de l'État, et les nouvelles pensées qui se cherchent autour de notions comme celles d'autonomie ou de système ? La société du vide d'Yves Barel est sans doute la première analyse en profondeur de ce qu'on appelle de manière trop simpliste la crise. Elle ouvre vers l'avenir des chemins encore largement inexplorés. Ce n'est pas si fréquent.
Aucun individu, aucun groupe et pas une société ne peuvent se passer - durablement - de produire du sens. Du sens, c'est-à-dire un horizon discernable, un système de références, un fondement quand ce n'est pas, plus modestement, une simple raison de vivre, de survivre et d'espérer. Ils s'y emploient donc et y parviennent, même quand, périodiquement, le défi, le déni ou le dépit veulent tuer ou exténuer le sens. Mais produire du sens fut sans doute, dans l'histoire, l'entreprise la plus difficile qui soit. Et elle le reste. Il s'agit d'unir ce que tout devrait opposer : le sens venu ou imposé de l'extérieur - la transcendance - et celui - immanence ou autoréférence - venu de l'intérieur. Cette question du sens hante aujourd'hui plus que jamais nos sociétés au ciel vide, nos groupes en panne de transcendance. Or, les Grecs, en leur temps, et en même temps qu'ils inventaient la politique - ce qui n'est pas un hasard -, ont créé la matrice vers laquelle maintenant encore nous retournons quand nous voulons créer du sens, ruser avec lui, apprendre même - provisoirement - à nous en passer. Comment les Grecs ont su résoudre cette question fondamentale, voilà ce que Yves Barel propose ici de raconter. Si ce livre était un roman ce serait un roman à clefs. Car c'est bien de nous, en cette fin du XXe siècle, qu'il est aussi question.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
C'est vrai, les entreprises françaises changent. Prises dans la tourmente économique et le tourbillon technologique, elles relèvent des défis et s'engagent sur la voie de la modernisation. Flexibilité, participation, innovation sont les maîtres termes que l'on décline sur tous les tons, véritables mots de passe pour accéder au paradis convoité du post-taylorisme. Mais, à y regarder de plus près, en dépit des mouvements qui traversent l'entreprise et concentrent toutes les curiosités, les hommes et les femmes ne continuent-ils pas de trimer selon la bonne vieille logique taylorienne ? Les autres solutions imaginables sont incertaines, mais aussi, et surtout, le consensus réel dans l'entreprise n'est pas assuré, ce qui conduit nombre de directions à adopter une politique d'organisation du travail plus que prudente. Tant que la confiance ne règnera pas, ne vaut-il pas mieux attendre ? Et user du participatif comme d'une véritable panacée en espérant des jours meilleurs ? Pourtant il n'est pas sûr que cette politique, que l'on pourrait assimiler au fond à celle de l'autruche, soit la plus efficace.
Des milliards de fonds publics, régulièrement injectés dans la sidérurgie des marchés publics garantis à l'informatique américano-française ; à Dassault, à Thomson ; des prêts de faveur à Peugeot, pour racheter Citroën à Michelin ; le secteur public mis en déficit pour le bénéfice de ses plus gros clients et fournisseurs ; une fiscalité des sociétés au service des concentrations et des liquidations d'entreprises, etc. Autant de faits caractéristiques d'un système en crise, qui ne peut survivre sans sa drogue, son financement massif par l'État.
Faut-il parler de « cadeaux aux trusts » ? C'est davantage une donnée structurelle de la phase actuelle du capitalisme : le capitalisme monopoliste d'État.
Comment un gouvernement de Gauche, héritant d'un tel système, parviendrait-il à ne pas « casser la machine », sans pour autant « gérer le capitalisme » ? C'est ainsi que l'on présente, souvent, l'alternative ou le défi. En réalité, ce qu'il faut, c'est changer la machine elle-même, par des réformes de structure profondes, au premier rang desquelles figurent les nationalisations prévues par le Programme commun de la gauche. Elles seules, permettront de développer un nouveau type de croissance et de passer de l'étatisation actuelle à l'autogestion nationale.
De toute part, les informations économiques nous assaillent, sans que nous puissions toujours démêler le vrai du faux, les faits incontestables, des interprétations les plus diverses. Les mécanismes économiques nous paraissent déployer leurs contraintes bien au-delà de notre portée. Or, en même temps que nous sommes spectateurs de la vie économique, nous en sommes aussi acteurs. Comment nous situons-nous dans le circuit économique par nos revenus, notre consommation, notre travail, notre attitude à l'égard des conflits sociaux ? Quels rôles y jouent les entreprises, les administrations, les banques, les pays étrangers ? À quoi peut-on juger une économie ? À sa croissance ? À ses équilibres ? Peut-on la modifier ou changer les règles du jeu ? Initiation de base, cet ouvrage nous permet, à travers des tests, des schémas, des tableaux statistiques, de situer à la fois nos connaissances et nos options par rapport à l'approche qui est ici proposée.
La spéculation fait partie intégrante de l'économie libérale : la liberté d'entreprendre contient celle de spéculer : nul besoin là de fabriquer ou de transformer, il suffit de posséder. À l'entreprise succède ainsi l'agiotage, à l'économie de production l'économie de rente. Le jeu chasse l'effort, et le désordre s'étend. La valeur du bon tuyau est telle, que la structure même de l'information, qui constitue désormais un nouveau champ d'inégalités au sein de la société, est profondément modifiée. On spécule sur les terrains à bâtir, sur les oeuvres d'art, sur les monnaies, sur les matières premières, etc., entraînant inévitablement l'inflation et le désordre des marchés. L'accroissement de la dépendance des économies nationales vis-à-vis d'un marché mondial incontrôlé et incontrôlable, laisse prévoir une évolution chaotique, des crises renouvelées, voire des dislocations du système. À quelles conditions un gouvernement de gauche pourrait-il maîtriser la spéculation ?
L'Etat est trop évident. Son pouvoir semble omniprésent. Ses appareils s'offrent à d'infinies descriptions. Ses gouvernants - et leurs challengers - emplissent la scène politique.
On en oublierait l'essentiel : que tout Etat résulte des luttes de classes qu'il canalise. A chaque structure de classes correspond un type spécifique d'Etat, lequel n'exerce jamais un pouvoir solitaire, mais doit s'adapter à tout un réseau de pouvoirs, épars dans la société civile.
En chaque société, l'Etat et la société civile composent une structure politique que l'histoire enrichit de traits particuliers, si bien qu'elle se présente comme une forme de régime, riche de singularités.
Etat, société civile, forme de régime, scène politique : l'analyse ne peut se complaire à aucun de ces niveaux, elle doit les maîtriser tous et rendre intelligible le passage de l'un à l'autre.
Au reste, cette analyse est politique. La critique des Etats passés et présents est son ressort, le dépérissement de l'Etat son horizon.
L'idéologie est omniprésente. Au même titre que la production économique et l'organisation politique, elle est l'une des trois dimensions consubstantielles à toute société. L'idéologie est la culture commune à tous les hommes que la société fait vivre ensemble, en de nombreux groupes de convivance reliés en un réseau plus ou moins vaste. Elle s'enrichit de la culture plus raffinée que les appareils idéologiques, peu à peu spécialisés, font circuler dans ce réseau. En chaque société, les appareils et le réseau composent une structure idéologique, de type variable, que les luttes de classes mettent sous tension. L'exploitation économique et la domination politique ont ainsi, pour répondant, une hégémonie idéologique, garante de l'ordre établi et du consentement que lui accordent les hommes-en-société. Les nations s'identifient, les classes prennent conscience d'elles-mêmes, sous cette tension hégémonique. Les us et coutumes s'élaborent, les religions naissent et meurent, les arts et les sciences se cherchent sous cette même tension omniprésente. Omniprésente et impérissable : l'abolition de l'exploitation et le dépérissement de l'État sont concevables et réalisables ; la fin des idéologies est un pur non-sens. D'où l'immense prix de cette invention due à Marx : la prise de distance critique dans l'idéologie.
Quoi de commun entre un indigène d'Afrique du Sud et un ouvrier de Détroit ? Entre un paysan de l'Ancien Régime et un exclu de la société avancée ? Tous ont été, ou sont encore, des terrains de recherche pour les sociologues et les ethnologues, des matériaux de l'observation de l'homme, de la science de l'homme. Peut-on, dès maintenant, élaborer une théorie générale de l'observation sociale ? Pourquoi aujourd'hui ne pas observer les observateurs de l'homme ? Historiquement, leur pratique s'est inscrite au coeur des rapports sociaux qu'ils prétendaient étudier en toute objectivité. Quels étaient les termes de l'échange entre observateurs et observés, groupes sujets et groupes objets ? À travers divers documents de l'histoire des sciences sociales sont dévoilées les mises en scène des enquêtes menées depuis deux siècles en Occident, leurs conditions historiques, culturelles et politiques. Questionnant des frontières faussement évidentes, cet ouvrage analyse de façon critique l'insertion et le rôle des sciences humaines dans différents types de sociétés contemporaines et la lumière qu'elles jettent, à leur corps défendant, sur leur environnement.
Les frontières s'ouvrent. On croyait voir l'industrie française élargir ses débouchés ; on la voit attaquée sur son propre marché. On croyait voir nos entreprises valoriser leur potentiel ; on les voit rachetées à vil prix par les géants américains. L'industrie française est gravement menacée. Son redressement suppose une politique industrielle à l'échelle nationale, certes, mais plus encore à l'échelle européenne.
La tâche des communes est immense : elles y consacrent chaque année plus de 40 milliards de francs, 600 000 agents communaux y collaborent. Mais le pouvoir des 38 000 collectivités locales n'est le plus souvent qu'un fiction : il a glissé des mains des maires et retourne, comme inéluctablement, vers la capitale. Par la variété de ses tutelles, par la constance de ses « aides » financières, par la minutie de ses réglementations, l'État est présent dans la moindre bourgade. Les « citoyens de l'État » ne sont-il pas responsables de cette lourde subordination des « citoyens des communes » ? La solution n'est pourtant pas de promouvoir les communes - telle qu'elles sont - contre l'État : c'est de les reconstruire et de libérer ainsi de nouvelles énergies démocratiques.
Tendues vers la croissance économique, les sociétés occidentales ont-elles chance de maîtriser les risques de désorganisation qui les menacent et de développer encore leur prospérité matérielle ? C'est possible. Le principal danger est autre. Il est de les voir évoluer, en s'organisant, vers un avenir d'injustice et de violence croissantes. Un avenir dans lequel les grandes orientations de l'activité seront définies par les minorités dominantes de l'économie ; dans lequel les modes de vie, soumis à d'inacceptables contraintes technologiques, ne seront pas librement choisis ; dans lequel subsisteront et s'aggraveront les diverses formes d'injustice. Une telle évolution n'est cependant pas fatale. Des institutions ordonnatrices d'un développement social maîtrisé et choisi pourraient en écarter la menace. De ces institutions, les embryons existent déjà et l'étude critique du VIe Plan français montre par quels progrès elles pourraient faire face aux risques de désordre que courent toutes les économies en évolution rapide. Mais réaliser de tels progrès, c'est modifier profondément la structure du pouvoir, c'est inclure des objectifs politiques explicites dans le champ de la planification, c'est ouvrir la voie à une réforme profonde de la société. Plus profondément, pareils progrès supposent un accord profond entre un projet social et une idée de l'homme. D'où la méditation par laquelle s'achève ce livre : de quelle espérance l'homme a-t-il été capable, au fil de sa longue histoire ?
L'inflation nous concerne tous et tous nous créons l'inflation. Elle provient moins de la carence des politiciens, de la course aux profits, de la course aux salaires dénoncées par les uns ou par les autres que du prix de la réalisation de nos désirs, du prix de la qualité de la vie : lutte contre la pollution, amélioration des équipements collectifs (transports en commun, enseignement, téléphone, etc.). La demande est forte, il faut y céder ; or les impôts sont impopulaires. On en fera payer à qui ne veut pas dire son nom : l'inflation. Le phénomène n'est donc plus conjoncturel mais structurel. C'est pourquoi les recettes classiques contre la hausse des prix sont inopérantes. Dévaluation, réévaluation enregistrent les conséquences des phénomènes sans en supprimer les causes. Nous sommes désormais dans une société d'inflation. Comment s'en accommoder ?
Les élites dirigeantes du tiers monde dénoncent l'injustice du système économique international qui favorise la croissance dans une minorité de pays et provoque le sous-développement de tous les autres. Mais les exploités participent eux aussi à l'exploitation. Les parasites de la pauvreté prospèrent en Afrique, en Asie et en Amérique latine, comme dans les pays industrialisés. Ils ne peuvent remettre en cause un système d'exploitation auquel ils sont associés. C'est pourquoi, malgré des options idéologiques parfois opposées et des résultats en apparence différents, tous les États du tiers monde mènent en réalité la même politique socio-économique. Pour tous les peuples du tiers monde, le développement qu'ils proposent n'est qu'une croissante intégration dans un système national et international d'exploitation, une régression politique, économique et sociale. Que pourrait être le développement, non plus pour un État, mais pour un peuple ? Comment abattre concrètement les pouvoirs qui s'y opposent ? Par une tactique souple et quasi clandestine : la guérilla économique.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
La théorie sociale est souvent pratiquée d'étrange façon par les héritiers de Marx. Dès qu'ils s'éloignent de la base où s'opère la production, pour s'aventurer dans les superstructures où se manifestent le pouvoir et l'idéologie, leur matérialisme semble s'évanouir : l'énorme logistique du pouvoir et la lourde intendance de l'idéologie ne retiennent presque jamais leur attention. Il est vrai qu'en ce domaine, ils n'ont guère de citations à se mettre sous la dent... L'appareil d'État apparaît rarement dans les écrits de Marx. Lénine ne s'en soucie qu'à la fin de sa vie, quand déjà l'irréparable s'accomplit sous ses yeux. Gramsci, témoin navré de la faillite bolchevique, devient, pour cette raison, le premier observateur vigilant des structures qui portent le pouvoir et colportent l'idéologie. Mais sa manière est foisonnante et il faudra attendre trente ans encore, avant qu'Althusser commence à élaborer le concept d'appareil idéologique. La meilleure façon d'enrichir un concept est de le mettre au travail. C'est ce qu'entreprend le présent volume où est esquissée une théorie générale des appareils étatiques et idéologiques, considérés dans leur développement historique. Explorant une terre presque vierge, il en dessine une carte sans doute grossière : mais tout explorateur espère être suivi par de nombreux voyageurs, dût sa carte en être bouleversée.
Il est certes trop facile d'affirmer que toutes les difficultés de l'économie française proviennent du pétrole ou du dollar ; il n'en est pas moins vrai qu'aujourd'hui, les échanges entre pays se sont tellement développés que l'on peut vraiment parler d'une économie mondiale. Les forts et les faibles, les dominants et les dominés s'y affrontent dans un jeu qui, pour n'avoir pas de règles, n'en a pas moins une logique impitoyable. Après vingt-cinq ans de croissance continue, au moins dans les pays industrialisés, la crise s'installe, accélérant les mutations, redistribuant en partie les cartes. Où allons-nous ? Comment va évoluer le tiers monde ? Y a-t-il crise dans les pays de l'Est ? Cette initiation permet de situer les grands axes de l'économie mondiale et de mieux comprendre les événements qui, sans cesse, la bouleversent.
Que savez-vous des promoteurs ? Tout le monde affirme qu'ils gagnent trop d'argent, qu'ils organisent la spéculation, qu'ils favorisent l'inflation et qu'ils détruisent le paysage urbain. S'il gagnent trop d'argent, comment et combien ? S'ils organisent la spéculation, peut-on s'en défendre ? Et sont-ils les seuls à profiter de la pénurie des terrains ou des logements ? S'ils favorisent l'inflation, ne peut-on trouver une politique de la construction qui préserve l'équilibre économique ? S'ils détruisent le paysage urbain, n'est-ce pas avec l'accord tacite, si ce n'est avec les encouragements, de la classe politique au pouvoir ? L'action des promoteurs est au coeur des problèmes quotidiens de chaque citoyen. Connaître les rouages du système de la promotion est donc une condition pour agir sur l'environnement, pour modifier le cadre de vie, pour intervenir dans la politique de l'habitat. Comment naît une tour, quelles sont les grandes banques qui dirigent des groupes immobiliers, y a-t-il beaucoup de dérogations, quel est le principe de la publicité immobilière, peut-on être protégé par la loi en acquérant un logement ? Au-delà des scandales qui défraient périodiquement la chronique, il est temps d'aborder sans fard les vrais problèmes de la promotion et des promoteurs.