Alors que les technologies numériques et les médias sociaux ont transformé nos imaginaires, comment naviguer entre iconoclasme et idolâtrie? En 2015, une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux suscitait l'indignation de la communauté internationale: on y voyait des hommes en train de saccager le musée de Mossoul. L'État islamique affichait aux yeux du monde sa détermination à lutter contre l'idolâtrie. Trois millénaires plus tôt, un roi assyrien faisait lui aussi représenter des soldats en train de briser une statue. Que cache cet étrange parallèle? Pourquoi produire de nouvelles images, qui mettent en scène la destruction des anciennes?
Ce livre interroge la fonction politique des images autant que les politiques de l'iconoclasme. Du Proche-Orient ancien à l'Empire britannique et ses musées, de l'Irak de Saddam Hussein aux utopies cinématographiques de l'État islamique en passant par l'iconoclasme algorithmique imposé par les géants du Web, Aaron Tugendhaft montre qu'aucune image n'est neutre, que toute image peut devenir une idole. Peut-on se passer d'images? Le rêve d'Abraham d'un monde sans idoles n'a-t-il pas quelque chose à nous dire sur le rôle des images dans la fabrique même de nos communautés politiques?
Les premiers missionnaires débarqués au Brésil sont confrontés à un curieux paradoxe : alors que les Tupimamba acceptent volontiers la doctrine chrétienne et se convertissent, ils ne renoncent pas pour autant à leurs coutumes féroces, au cycle infernal des guerres intertribales, au cannibalisme et à la polygamie. Cette apparente inconstance, cette oscillation entre respect de la nouvelle religion et oubli de sa doctrine, entraîne finalement les Européens à déclarer que les Tupinamba sont fondamentalement sans religion, incapables de croire sérieusement en une quelconque doctrine. Dans cet essai, le célèbre anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, figure tutélaire des études actuelles en ethnologie amazonienne, revisite les sources du XVIe siècle pour restituer les enjeux de cette « inconstance de l'âme sauvage », en laquelle se disputeraient deux manières fondamentalement différentes de penser le monde et la société. Il nous invite à remettre en cause, dans une perspective à la fois historique et anthropologique, le rapport entre culture et religion.
Dans ce recueil, des poètes s'adressent à Dieu, personnifié ou non, car ces hommes et ces femmes ne veulent pas perdre pied. Aussi se font entendre leurs cris pour vivre et leurs aspirations à gagner en humanité... Leurs prières précèdent leurs tentatives de dire « je », où s'espère, se signale, se décèle, se distingue, se reconnaît... un Autre. Peu importe que ces poètes soient d'hier ou d'aujourd'hui. Si la forme de leur texte, si leurs styles trahissent une époque, il en va tout autrement du fond. Un même désir les habite : laisser filtrer la lumière qui les traverse, accueillie avec surprise ou reconnaissance.
La démarche comparative que l'anthropologue Marcel Mauss (1872 - 1950) élabore en grande partie avec son jumeau de travail, l'historien Henri Hubert, entre la fin du xixe siècle et le début du XXe siècle, relève de logiques multiples. Comme méthode, elle est une stricte et minutieuse approche philologique des sources. Comme état d'esprit, elle relève d'une manière d'apprivoiser l'inconnu. Comme perspective critique, elle constitue un formidable outil scientifique d'objectivisation de la recherche, en particulier en histoire des religions.
Cet ouvrage se propose de montrer quels ont été les principaux effets de ce comparatisme ni systématique, encore moins achevé, mais que l'on peut reconstituer en suivant la manière dont Marcel Mauss aborda certains phénomènes religieux, comme le sacrifice, la magie ou la prière.
Ceci n'est pas seulement un nouveau livre sur Mauss et sur sa manière d'observer les phénomènes sociaux. C'est un livre sur les effets d'un comparatisme radical et subversif qui ne laisse jamais en paix celui qui décide de le mettre en oeuvre pour explorer et comprendre la diversité humaine.
L'éthique de la liberté vise non pas à résoudre des problèmes mais à aider à mieux les poser par une confrontation entre ce que nous pouvons comprendre du texte biblique et ce que nous vivons concrètement dans notre société technicienne. De page en page, la liberté paraît comme une dominante de la vie chrétienne : pour Jacques Ellul, la liberté n'est pas une simple vertu, elle est la vie chrétienne même et doit donc s'incarner dans un agir individuel spécifique. Dans ce grand-oeuvre de Jacques Ellul, la pénétration de son analyse sociologique et la solidité de son exégèse biblique s'unissent pour exhorter les chrétiens, à la suite de l'apôtre Paul, à ne plus se conformer au monde présent. Car la liberté chrétienne est cette liberté orientée par l'amour, celle de Dieu, qu'il s'agit de glorifier, et de mon prochain, qu'il s'agit de servir.
Qu'est-ce que la religion ? présente onze définitions de la religion formulées par autant d'anthropologues, sociologues et historiens des religions, du XIXe siècle à nos jours. Que ce soit l'animisme d'Edward Burnett Tylor, l'idée d'une opposition entre sacré et profane de Durkheim ou la conception politico-religieuse de Bruce Lincoln, on découvre un passionnant parcours historique et critique sur la notion de religion. Ces onze définitions originales sont à chaque fois précédées d'une introduction générale présentant les enjeux théoriques et pratiques qu'implique l'acte de définir ainsi que de brèves notices situant l'auteur et son oeuvre. Dans ces temps troublés, où la religion est sans cesse invoquée - sans que l'on sache réellement de quoi il en retourne -, ce livre de vulgarisation de l'historien des religions Nicolas Meylan se révèle aussi précieux qu'indispensable.
Ce livre n'est pas une biographie scientifique de Marcel Detienne (1935-2019) - enfin, il l'est sans l'être vraiment. Ce n'est pas non plus l'éloge d'un des hellénistes, philologues et anthropologues de la Grèce ancienne les plus reconnus dans le monde, traduit, considéré comme le fils brillant et tumultueux de Jean-Pierre Vernant.
Il faudrait ajouter Claude Lévi-Strauss, Michel de Certeau et Georges Dumézil. Son ami Philippe Sollers, aussi. Le havre de paix qu'il avait trouvé à l'École pratique des hautes études, à Paris, venant de sa Belgique problématique. L'ostracisme qu'il a connu, enfin, des rives italiennes à celles des États-Unis. Tout ceci fait de lui un sujet infiniment incertain.
Il s'agit plutôt d'un essai subjectif, écrit à partir de nombreuses archives inédites, suivi d'une annexe de lettres. Il s'agit surtout de sonder un homme au plus profond, la manière dont un être se laisse marginaliser, pour aller au bout de lui-même. Ce livre est le fruit d'une visite que l'auteur a rendue à Detienne, quelques semaines avant sa mort, et d'une volonté de l'écrire après l'avoir vu. Vincent Genin a voulu rester un moment avec Marcel. Lire son oeuvre, celle du structuraliste au coeur de la Grèce, du camarade des dieux (Dionysos, Apollon), de l'intellectuel qui doute, puis l'enfant de la guerre inquiet devant une Grèce étant la valeur-or des nationalismes.
Tentative de cerner un être, ses moteurs, ses errances, sans doute. Une autre manière d'envisager l'histoire des sciences humaines ? Peut-être.
Une plongée en apnée dans la tête, la main et l'oeil de Marcel Detienne, certainement.
Dans l'ensemble des pays francophones, Jean-Paul Willaime est l'un des sociologues des religions les plus marquants de sa génération. Tout en assumant positivement un ancrage dans le protestantisme, ses analyses sociologiques du religieux contemporain mêlent l'empathie compréhensive et la distance critique de l'objectivation. Si l'on a pu penser que plus de modernité signifiait moins de religieux, il s'avère aujourd'hui que la radicalisation même de la modernité signifie non pas moins de religieux, mais du religieux autrement. Jean-Paul Willaime explique pourquoi, malgré la tragique actualité des fanatismes religieux, « la guerre des dieux n'aura pas lieu ».
Ces entretiens, réalisés avec le sociologue E.-M. Meunier, proposent une réflexion originale d'ampleur sur la formation et le travail d'un sociologue des religions dans une société sécularisée. Plus qu'à un simple essai biographique, c'est à une véritable réflexion sur le rôle de la religion dans les sociétés contemporaines que sont conviés les lecteurs.
Les pratiques religieuses contemporaines, marquées à la fois par l'individualisation, le déclin de l'institution et l'essor de nouvelles « spiritualités », peuvent sembler à première vue évacuer les enjeux de pouvoir et d'autorité, au profit de sociabilités moins contraignantes centrées sur l'émancipation personnelle. En s'appuyant sur des enquêtes ethnographiques dans les milieux du « New Age » mais aussi dans le contexte du méthodisme londonien, Matthew Wood invite à réexaminer cette question du pouvoir afin de réinscrire pleinement le fait religieux dans son contexte social. Il nous montre que si les formes de l'autorité évoluent, celle-ci ne disparaît pas pour autant. Un ensemble de rapports sociaux de pouvoir structurent toujours la vie religieuse, dont la sociologie doit rendre compte afin d'éclairer les transformations en cours au sein des sociétés néolibérales. Ces réflexions dessinent les contours d'une sociologie des religions plus ouverte sur les débats théoriques qui traversent aujourd'hui les sciences sociales, afin de repenser les relations entre religion, classes sociales, ethnicité et sécularisation.
Dans cet essai d'autobiographie spirituelle, l'auteur tente de caractériser trois liens qui ont marqué son existence. De famille juive, marxiste par formation et par choix, Denis Guénoun n'a cessé d'être questionné par le christianisme. À chacune de ces pensées, il reste profondément fidèle, mais chacune soulève en lui une interrogation critique. Il n'esquive pas les errements historiques, les fautes, les chutes. Mais le regard lucide n'affaiblit pas la fidélité : au contraire, elle s'en nourrit. Entre tensions et failles, sans éclectisme, le livre décèle dans ces Trois soulèvements une source commune, une histoire partagée, une résonance intime. Récit et réflexion se croisent, dans une méditation sur une vie de notre temps : disparate et affamée d'unité.
La religion n'est-elle pas une affaire sérieuse ? N'appelle-t-elle pas les humains à vénérer et à respecter la divinité et à mener une vie conforme aux prescriptions religieuses plutôt qu'à vivre joyeusement et à rire à temps et à contretemps ? Oui, et il en sera question tout au long de ce livre. La première approche sera donc de présenter ce que les textes en disent, négativement certes, mais aussi positivement, car de nombreux textes dans ce sens existent ! Il s'agira d'autre part de montrer qui rit dans l'espace des religions abordées et de quoi l'on rit.
Il s'agira enfin de faire réfléchir sur le côté humain des religions, sur les dérives et les failles de leurs représentants et de leurs fidèles, sur leur liberté aussi et sur leur oui à la vie. Ce faisant, ce livre ne s'adresse pas seulement aux spécialistes de l'histoire religieuse ou aux sociologues, mais à tous ceux qui, croyants ou non, s'intéressent à l'héritage religieux et à ce qu'il peut apporter à la joie de vivre et à l'envie de rire.
Ce livre propose un parcours à travers l'histoire de la réflexion occidentale sur la religion, à partir du christianisme ancien en quête de son autodéfinition jusqu'aux précurseurs modernes de l'histoire des religions. Il nous entraîne au coeur de la fabrique d'une culture occidentale, au croisement du monde gréco-romain, du christianisme ancien et du judaïsme rabbinique.
En suivant les réflexions des Pères de l'Eglise sur les origines de l'humanité, Guy G. Stroumsa nous permet de mieux saisir les cadres conceptuels qui vont déterminer, pour toute une tradition intellectuelle, la nature même de l'altérité religieuse. Surtout, il offre un nouveau regard sur l'histoire connectée du christianisme, du judaïsme et de l'islam, trois religions dont l'identité se construit, entre dialogue et conflit, autour de ou avec la figure d'Abraham.
Enfin, ce livre défend avec force la place et le rôle que doit avoir l'histoire des religions dans les débats actuels sur la diversité et la tolérance, débats essentiels s'il en est dans ce monde qui paraît chaque jour plus enclin à la violence religieuse
La question religieuse occupe beaucoup l'espace de la discussion civile et politique. Mais c'est le plus souvent pour décliner les formes, réussies ou en échec, de l'intégration sociale. Ou pour en appeler à des programmes de déradicalisation. On y recourt aux sciences sociales, ou psychologiques, mais en se gardant d'entrer sur le terrain du religieux et des croyances. Or c'est là un appauvrissement et un aveuglement, du coup une voie sans issue. C'est que le religieux est porté par des pulsions humaines dont le déni se paie. Que ce soit dans ses visées, refoulées, ou dans certaines de ses inflexions, dangereuses. Le présent essai entend en ouvrir la « boîte noire », pour y faire voir ce qui s'y joue et comment. Il est notamment attentif à en circonscrire la forme de « religion totale », en articulation à une généalogie de l'histoire européenne, christianisme compris. Et attentif aux correctifs ici requis et possibles, sur le terrain même des croyances.
Pour l'auteur, Dieu ne se prouve pas, mais s'éprouve. Il se rencontre. Reste à définir la nature de cette rencontre. Ici « Buisson ardent », là « Chemin de Damas », les textes bibliques nous offrent différents chemins. Mais Dieu s'affronte aussi, comme lors du « Combat de Jacob avec l'ange ». C'est de ce mode de rencontre dont il est particulièrement question ici. Dans ce combat, face à face avec l'invisible, il n'est pour l'être humain qu'un enjeu : la foi en Dieu. Au cours de la lutte, cette foi est souvent malmenée, culbutée, et roule plus d'une fois dans la poussière. Le miracle, c'est qu'elle en ressorte plus ferme, quoique transformée.
Ce combat, au corps à corps avec une foi possible, Bernard Duburque le livre sans jamais faillir ni renoncer. Au final, un texte bouleversant sur le doute, l'absence de sens, et peut-être, la réconciliation.
L'idée que le christianisme, le judaïsme ou l'islam puissent tenir un discours autre que négatif sur l'homosexualité a longtemps semblé impensable. Pourtant depuis plusieurs décennies, d'abord dans le monde anglo-saxon puis dans des pays comme la France, on observe des évolutions notables au sein des confessions chrétiennes, musulmanes et juives sur la question de l'homosexualité. Cet ouvrage collectif donne un aperçu des différents niveaux sur lesquels s'opère l'avènement d'une nouvelle place donnée aux homosexuels dans les traditions monothéistes : identitaire, doctrinal, herméneutique, historiographique et liturgique.
La question de la définition des fondements religieux et/ou philosophiques des droits individuels de l'homme proclamés à la fin du XVIIIe siècle, en Amérique puis en France, n'a cessé de passionner les penseurs de la modernité politique, et ce dès le lendemain de la Révolution française jusqu'à nos jours. Au lendemain de l'ébranlement constitué par la « révolution des droits de l'homme », pour reprendre le beau titre de l'ouvrage de Marcel Gauchet, les christianismes occidentaux ont eu à se positionner face au succès rencontré par cette idéologie devenue dominante dans les sociétés européennes en voie de modernisation accélérée. Alors que le protestantisme francophone s'est immédiatement senti des affinités électives avec les théories des droits individuels, le catholicisme s'est d'abord arc-bouté contre une pensée jugée par trop orgueilleusement humaine et méprisante des droits premiers de Dieu. Le ralliement de la doctrine catholique à celle de la liberté religieuse au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et le rappel renouvelé de la pensée calviniste au fondement essentiellement divin de la réalité humaine ont permis un rapprochement confessionnel sur la base d'un véritable oecuménisme des droits de l'homme. Mais cette nouvelle compréhension religieuse des droits de l'homme est-elle vraiment la même que celle, toute laïque et essentiellement juridique, défendue par les instances internationales qui lui sont dédiées ? C'est à ce travail de clarification que le présent ouvrage est consacré.
Longtemps perçue comme l'impulsion initiale de la modernité occidentale et à l'origine de profonds changements socioculturels, la Réforme protestante est ici arpentée par quelques-uns de ses meilleurs spécialistes francophones dans une perspective interdisciplinaire.
Les questions suivantes en guident l'examen: quel rôle revient à Luther et aux 95 thèses qu'il affiche en 1517 dans le déclenchement de ce mouvement réformateur ? Autour de quels foyers théologiques cette « renaissance » religieuse s'est-elle cristallisée ? Quelles lectures de la Bible en ont accompagné le discours et la pratique ? À l'heure où les confessions s'affrontaient partout en Europe, comment protestants et catholiques ont-ils cohabité dans les « bailliages communs » du Pays de Vaud ? Et quelle histoire de la réception retracer de cette mémoire de la Réforme, au XIXe siècle notamment ?
À la lumière de ces questions, cet ouvrage redessine un récit de la Réforme qui prend en compte aussi bien les continuités qui traversent cinq siècles d'histoire que la diversité des formes spirituelles et culturelles adoptées par le protestantisme.
Karl Barth (1886-1968) et Rudolf Bultmann (1884-1976) figurent certainement parmi les penseurs protestants les plus influents du XXe siècle. Au centre de leur réflexion se trouve la question de la possibilité et du sens du discours humain sur Dieu. Tous deux insistent dès le début des années 1920 sur l'« impossible possibilité » de cette entreprise. Leur réflexion a marqué une véritable révolution intellectuelle, bien au-delà de la théologie protestante, en rappelant que la réalité de Dieu ne peut jamais être dite que sous une forme paradoxale.
Le livre de Christophe Chalamet part à la recherche des sources de cette forme de pensée. Il rompt avec les idées convenues sur la rupture radicale que représenteraient les positions de Barth et de Bultmann pour montrer que tous deux héritent d'un théologien méconnu en francophonie, Wilhelm Herrmann (1846-1922).
Ce livre profondément novateur offre un accès original à l'une des périodes les plus fructueuses de la pensée protestante, devenue classique en raison même de son caractère révolutionnaire.
Comment expliquer la croissance des mouvements évangéliques en Occident alors que le christianisme traditionnel est en constante perte de vitesse ? A partir du contexte suisse, où les évangéliques ont triplé en trente ans pour représenter désormais 2 à 3 % de la population, quatre chercheurs ont mené l'enquête afin de répondre à cette énigme. Sur la base de plus de mille questionnaires et de près d'une centaine d'entretiens qualitatifs, trois grandes orientations sont identifiées au sein du milieu évangélique : les conservateurs, les classiques et les charismatiques. Partageant de mêmes conceptions sur l'inspiration divine de la Bible, la conversion individuelle, la centralité de Jésus-Christ et l'évangélisation, ces courants se différencient principalement quant à leur rapport à la société - ouverture ou retrait - et à leur degré d'adhésion à la ferveur « charismatique ». Tout indique que le succès actuel des évangéliques repose avant tout sur leur capacité à maintenir une identité forte en se protégeant des influences de nos sociétés contemporaines tout en proposant différents biens concurrentiels (spirituels, relationnels, vacances, loisirs, etc.) avec d'autres offres séculières. Contrairement à d'autres Eglises protestantes et catholiques, l'évangélisme apparaît dès lors comme un « milieu socioreligieux » particulièrement compétitif lui permettant de résister et de se reproduire dans nos contextes sécularisés.
Une enquête menée par l'IFOP en 2010 révèle une carte complètement renouvellée du protestantisme français. Alors que l'on évoque une déchristianisation massive de la France, les héritiers de la Réforme progressent selon une logique inattendue certes, mais indéniable. Désormais, un tiers des protestants française sont évangéliques alors que 60 % d'entre eux restent ancrés dans une tradition luthéro-réformée. Cette nouvelle donne suscite des questions et appelle des analyses. Cet ouvrage les développe sous la conduite de deux parmi les principaux intellectuels protestants français de l'heure, Sébastien Fath et Jean-Paul Willaime.
Où sont les forces vives des protestants français d'aujourd'hui ? Qui sont ces chrétiens ? Comment expliquer non seulement leur maintien mais aussi leur essor, notamment dans les banlieues ? Quels contours donner aux courants émergents, aux nouvelles Eglises, entre pentecôtisme, évangélisme et communautés issues de l'immigration ? Comment s'articulent, au sein des traditions réformée et luthérienne, l'héritage et le renouvellement ? Comment évoluent les relations avec le catholicisme ? Telles sont quelques-unes des questions développées par les vingt-deux auteurs de ce livre qui fera date.
La « divinisation de soi » constitue en Chine une option originale dans l'éventail des possibles destins posthumes de l'individu. Dans ce livre, Vincent Goossaert réévalue le modèle d'un au-delà chinois peuplé d'ancêtres, et remet en lumière une alternative tout aussi crédible, si ce n'est plus enviable : celle pour l'homme de devenir un dieu. Ce faisant, le livre retrace les grandes étapes de l'histoire des conceptions et pratiques religieuses de la divinisation, de l'Antiquité à nos jours. Loin de la vision répandue d'un imaginaire funéraire essentiellement tourné vers le culte des ancêtres, la Chine se présente ici comme un terrain d'expérimentation des destins individuels au-delà de la mort.
Dans ce livre passionnant sont présentées les religions de la Méditerranée ancienne - grecque, romaine, phénicienne et punique, hébraïque et juive, mésopotamienne, égyptienne - en mouvement. Au fur et à mesure de ces histoires de dieux en voyage, les principaux enjeux inhérents à la compréhension des religions antiques émergent naturellement : les noms des dieux, leurs images, leur traduction, les stratégies rituelles, le rôle des textes, la place des femmes ou des étrangers, l'attitude face à la mort, le rapport au pouvoir, les risques du voyage et de la confrontation avec l'altérité... Au coeur de chacun des douze chapitres, le lecteur découvrira les modalités et les effets des mobilités, libres ou contraintes, et une multitude de questions que soulèvent encore, de nos jours, les processus de transferts culturels dans un univers connecté. Une entrée unique pour mieux comprendre comment les Anciens ont pensé leurs dieux et construit leurs représentations du divin.
Comment réguler le religieux aujourd'hui dans l'espace public, et avec qui ? Le retour des religions dans l'actualité sous des formes violentes ou conservatrices ainsi que la présence de nouvelles religions au sein des espaces publics européens constituent un défi désormais majeur. Cet ouvrage collectif prend acte de cette évolution et propose de traiter un certain nombre de questions : qu'est-ce que la liberté religieuse aujourd'hui ? Comment gérer le religieux dans l'instruction publique et les institutions pénitentiaires ? Les marqueurs identitaires du religieux sont-ils vraiment incompatibles avec la dimension laïque des démocraties ? Quel est l'impact de la globalisation et de l'économie de marché sur le religieux et sa gestion ? Treize chercheuses et chercheurs internationaux - en éthique, sociologie, science politique, sciences des religions, droit - sont réunis dans cet ouvrage pour nourrir un débat essentiel et urgent.