Les textes traduits ici proviennent tous des Journaux et notes de jeunesse de Gershom Scholem. Ils ont été écrits entre 1917 et 1919. Réformé pour raisons « psychiatriques », Scholem rend souvent visite à Benjamin à Berne, et, à son contact, cherche à développer une conception du langage, et, notamment, du langage biblique, à l'occasion des traductions qu'il fait de certains cantiques de lamentation. On trouve ainsi un écho direct de ses discussions avec Benjamin, sur la « justice divine » comme sur la notion d'« expérience vécue » dont Buber est, du côté juif, avec Rosenzweig, le principal représentant. À cette « expérience », Scholem veut opposer la position qu'il adoptera définitivement, celle du philologue-historien. Dans cette perspective, il esquisse une conception du temps où le prophétisme et le messianisme jouent un rôle de premier plan, ce que montre son commentaire du prophète Jonas.
Dans cet ouvrage en forme de testament moral et spirituel, écrit en camp de concentration, Léo Baeck parle autant de l'universalité du genre humain que de la spécificité de l'homme juif. Ce rabbin philosophe pour lequel le judaïsme authentique rimait avec un humanisme sincère, transcendant tout clivage confessionnel, nous rappelle que seules les oeuvres de l'esprit sont indestructibles et que seul un peuple qui abdique sa dignité spirituelle est réellement mort. La meilleure chose qui puisse arriver à un peuple est de plaider pour tous les autres en plaidant pour lui-même, de se battre pour l'humanité tout entière en se battant pour son droit. Baeck, convoquant un immense savoir historiographique, y voit le cur de la mission historique et divine dévolue aux Juifs.