Elles sont nombreuses, les belles raisons d'habiter sur terre. On les connaît, on sait qu'elles existent. Mais elles n'apparaissent jamais aussi fortes et claires que lorsque Philippe Delerm nous les donne à lire.
Goûter aux plaisirs ambigus du mojito, se faire surprendre par une averse et aimer ça, contempler un enfant qui apprend à lire en bougeant imperceptiblement les lèvres, prolonger un après-midi sur la plage...
" Est-ce qu'on est plus heureux ? Oui, sûrement, peut-être. On a le temps de se poser la question. Sisyphe arrête de rouler sa pierre. Et puis on a le temps de la dissiper, comme ce petit nuage qui cachait le soleil et va finir par s'effacer, on aura encore une belle soirée. "
Philippe Delerm est notamment l'auteur de Sundborn ou les Jours de lumière (Le Rocher, 1996, prix des Libraires), La Première Gorgée de bière (Gallimard, 1997) et Je vais passer pour un vieux con (Seuil, 2012).
Séfarade, c'est la patrie de tous les accusés, exilés, bannis, chassés de leur quotidien, de leur maison, de leur terre et qui, où qu'ils se trouvent, sont à jamais des étrangers.
Séfarade, c'est la patrie de la mémoire, celle des disparus, morts ou vivants, personnages réels ou imaginaires réunis par la fraternité et la solidarité d'un écrivain.
Séfarade, ce sont dix-sept chapitres racontant chacun une histoire différente, toutes traversées par des motifs, phrases, personnages qui assemblent un discours dont le thème central est la persécution.
À travers la voix émouvante et forte d'Antonio Muñoz Molina résonnent celles de Primo Levi, Franz Kafka et Milena Jesenska, Willi Münzenberg, Evguénia Guinzbourg, Margarete Buber-Neumann, mais aussi l'attente d'une femme qui ne revit jamais son père, les nostalgies de Mateo le cordonnier, la folie amoureuse d'une nonne ou encore le souvenir d'une rescapée des geôles argentines. Autant d'êtres détruits au plus intime d'eux-mêmes par l'Histoire.
Ce livre magnifique brise les limites de la fiction en même temps qu'il les transcende. Et comme toujours sous la plume de ce grand écrivain espagnol, matière humaine et matière narrative se fondent en des pages d'une beauté inouïe.
Un don juan patenté s'impose la chasteté mais compense en collectionnant les baisers volés ; un kleptomane retrace son parcours de vie à travers les objets qu'il a dérobés ; un couple séparé se retrouve par hasard et remonte les cinq ans de sa relation, en partant de la rupture banale pour revenir au coup de foudre initial ; une jeune femme qui accumule les échecs professionnels et amoureux réussit à toujours avancer en faisant du surplace ; un acteur naïf voit sa vraie vie se transformer en un cauchemardesque thriller de série B.
Tous ces chemins que nous n'avons pas pris nous donne à voir ces rencontres fortuites qui font affleurer le passé à la surface de nos émotions, ces décisions impulsives qui changent irrévocablement le cours d'une vie, ces hésitations et renoncements qui compliquent tout.
Des nouvelles pleines d'humour, de sensibilité et de surprises qui mettent en valeur une fois de plus le regard pénétrant, malicieux et bienveillant de William Boyd et son talent unique de conteur.
William Boyd est né à Accra (Ghana) en 1952 et a étudié à Glasgow, Nice et Oxford, où il a également enseigné la littérature. Auteur réputé de fiction, d'essais et de théâtre, il est aussi scénariste et réalisateur. Il a repris en 2013 le flambeau de la saga " James Bond " créée par Ian Fleming.
Traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Isabelle Perrin
Isabelle Perrin, que tout destinait à une sage carrière universitaire, contracte le virus de la traduction littéraire auprès de sa mère Mimi. Les incurables duettistes cosigneront plus de trente traductions, dont tous les romans de John le Carré depuis La Maison Russie.
Dans ce recueil de huit nouvelles, Petros Markaris nous promène dans le temps et dans l'espace, de la Grèce contemporaine à celle des colonels, de l'Allemagne d'aujourd'hui à celle de 1944, d'Athènes à Istanbul durant les pogroms visant la communauté grecque. Le lecteur retrouve l'hypersensibilité de l'auteur à la question des migrants et de " l'étranger ", le dégoût du nationalisme, l'analyse subtile des relations complexes entre Grecs et Turcs tantôt oppresseurs, tantôt opprimés. Et les effets durables de la crise sur la population.
Au fil des énigmes, des investigations, des cadavres exhumés, Petros Markaris déploie tout son registre, du tragique abordé avec pudeur au rire franc en passant par le sarcasme et le sourire en coin.
En fustigeant l'état de la société à travers des enquêtes criminelles, il démontre une fois de plus ses talents de conteur, d'observateur attentif de son époque, de commentateur incisif et lucide. Sans jamais se défaire de son empathie pour ses personnages.
Au cours de l'intense saison créatrice qui coïncide à peu près avec les deux dernières années de sa vie, Giuseppe Tomasi di Lampedusa ne rédige pas seulement un des chefs-d'œuvre de la littérature italienne, mais aussi trois nouvelles et un long récit autobiographique.
Au fil des pages rassemblées ici, le lecteur éprouvera la joie d'entrer, en quelque sorte, dans le laboratoire de l'auteur, de retrouver les lieux de son enfance, ces vastes demeures siciliennes qui rappellent les immenses palais du Guépard, les personnages du grand roman ou leurs descendants, et les thèmes universels de la mort et de la beauté. Le professeur de la merveilleuse nouvelle qui donne son titre au recueil évoque le prince de Salina, qui lui-même évoque Lampedusa : fiction et autofiction sont comme toujours intimement mariées.
La nouvelle traduction de Jean-Paul Manganaro, un des plus grands traducteurs de l'italien, rend justice à la prose d'un des plus grands écrivains contemporains.
Né à Palerme en 1896, Giuseppe Tomasi, duc de Palma et prince de Lampedusa, a vécu jusqu'à 60 ans la vie d'un aristocrate sicilien de grande culture européenne. Entre 1955 et 1957, année de sa mort, il rédige son chef-d'œuvre, Le Guépard, aujourd'hui traduit dans le monde entier.
Jean-Paul Manganaro est professeur émérite de littérature italienne contemporaine à l'université de Lille 3. Lauréat du prix Halpérine-Kaminsky Consécration et du prix Laure-Bataillon Classique, il a traduit plus de cent soixante-dix romans italiens en français, dont Gadda, Calvino, Bene, Del Giudice, Mari...
Traduction, préface et notes par Jean-Paul Manganaro
Postface de Gioacchino Lanza Tomasi
Un homme est changé en statue au moment où il embrasse son chien pour la dernière fois. Une femme explique au docteur qu'elle ne comprend pas comment son mari a pu se fendre le crâne sur une hache en tombant de son lit. Un enfant, accompagné d'un puma " splendide, beige et doré ", marche au bord d'un canal où il croisera son père pour un rendez-vous décisif. Ce père qui, dans la toute dernière histoire, la plus autobiographique certainement, " ne s'est jamais promené main dans la main avec sa fille " et termine ses jours " dans une horrible ville industrielle, qu'il n'avait jamais aimée ".
Vingt-cinq textes baignant dans une atmosphère étrange et émouvante, qui ont été composés au fil des années, dès le début de l'exil d'Agota Kristof hors de Hongrie, en 1956. Peut-être la part la plus secrète de son oeuvre.
Quatre pistes distinctes, ayant toutes à voir avec le Pays de Galles, forment la matière de ce livre. Chacune d'entre elles est ici dénommée aventure. La première reconstitue l'incroyable histoire de Thomas Jones, ce peintre qui en 1782, à Naples, inventa l'art moderne avant de se retirer incompris dans sa ferme du Radnorshire. La deuxième tente d'identifier le geste poétique que formèrent l'œuvre et la vie de Dylan Thomas, le génial enfant de Swansea, le " Rimbaud de Cwmdonkin Drive ". La troisième suit les pas de W.G. Sebald, dont le livre Austerlitz comprend un pan gallois sur lequel se projettent, au sein même de l'exil qu'il raconte, les images d'un séjour transfiguré. La quatrième et dernière se déroule dans les vallées du sud, parmi les vestiges d'un monde qui fut celui des mineurs de charbon et que de parfaites images (dues à Robert Frank ou Eugene W. Smith) fixèrent en son temps.
Ainsi peinture, poésie, récit et photographie, réunis par une identique volonté de saisie et de vérité, permettent-ils d'aborder de l'intérieur cet ouest absolu qu'est le Pays de Galles. Chemin faisant, le livre est aussi une réflexion sur le rapport entre réalité et fiction, sur la nature des souvenirs et des traces, et sur ce que peut être l'identité d'une contrée.
Une femme effrontément libre défie la société traditionnelle colombienne des années 1940 ; un vétéran de la guerre de Corée affronte son passé lors d'une rencontre en apparence inoffensive ; sur un tournage, un figurant s'interroge sur les émotions de Polanski... Neuf histoires, neuf vies radicalement bouleversées par la violence.
Les nouvelles de Chansons pour l'incendie tranchent, dépècent, brillent comme le fil d'un couteau. Elles irradient cette lumière étrange des choses qui brûlent ou qui blessent. En Colombie, en Espagne, à Paris, à Hollywood, chacune révèle le jeu du destin, cette conjonction de forces incompréhensibles.
La prose est rapide, élégante, elle transporte dans des territoires intimes. Seule forme capable de conter ces existences, les « chansons » de Juan Gabriel Vásquez confirment l'étendue de son talent, et sa profonde compréhension des êtres.
Traduit de l'espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon
« Un livre magnifique, neufs territoires du passé qui s'opposent à l'oubli. »
El Cultural
Un spécialiste américain de la guerre psychologique transcende ses rancœurs et ses angoisses en concevant un vaste plan macabre pour remporter la victoire pendant la phase 1973 de la guerre du ViêtNam, et en arrive à commettre un acte de violence odieux.
C'est un cheminement identique qui amène un Boer à imaginer l'extermination des Noirs qu'il rencontre lors de son expédition vers le nord en 1760, après s'être vengé, dans un déferlement de violence et de meurtre, des Hottentots qui l'avaient humilié.
Dans ces deux courts romans, son premier ouvrage romanesque publié en Afrique du Sud en 1947, l'auteur explore avec détachement en apparence ironique, glacial, et déjà une étonnante maîtrise technique l'âme de deux personnages mégalomanes, à la frontière où l'on rencontre l'autre et où on l'extermine, exprimant ainsi la mort et la folie qu'on a peur de détecter en soi.
L'oeuvre de J. M. Coetzee a été récompensée par le prix Nobel de littérature en 2003.
" En vieillissant, il se fait de plus en plus pointilleux sur ce qui touche à la langue ; le relâchement croissant au mépris du bon usage l'agace. Tomber amoureux, par exemple. "Nous sommes tombés amoureux de la maison ", disent certains de ses amis. Comment pouvez-vous tomber amoureux d'une maison qui ne saurait vous aimer en retour ? [...] Et si cela lui ouvrait les yeux sur quelque [...] changement survenu dans la façon dont on ressent les choses ? "
La maison en Espagne, la ferme dans le Karoo, l'île de Robinson sont autant de vestiges d'un monde disparu.
Dans ces trois textes brefs et lumineux, J.M. Coetzee semble vouloir nous offrir un condensé de son art et des thèmes qui irriguent son œuvre. Il explore en particulier ce qui n'est plus : l'espoir, la magie de l'enfance, le lien à la nature et entre les êtres ; mais aussi le néant économique, social et moral qui a englouti et remplacé ce qui pouvait être sauvé.
Ces pages, empreintes d'une nostalgie poignante, écrites dans un style d'une limpidité exemplaire, témoignent d'une réflexion toujours en mouvement et font écho notamment aux préoccupations de l'écrivain sur l'approche de la fiction et sur le brouillage des frontières littéraires qui séparent l'auteur de ses personnages.
Traduit de l'anglais par Catherine Lauga du Plessis et Georges Lory
J.M. Coetzee, né en 1940 au Cap (Afrique du Sud), est l'auteur de trois récits autobiographiques, d'un recueil de nouvelles, de douze romans traduits dans vingt-cinq langues et abondamment primés, ainsi que de deux volumes d'essais. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2003.
J.M. Coetzee vit aujourd'hui à Adélaïde (Australie).
L'oeuvre de J. M. Coetzee a été récompensée par le prix Nobel de littérature en 2003.
Leur ami Tim est assigné à résidence en Ile-de-France. Et le gouvernement annonce le deuxième confinement, en octobre 2020. Avec une fausse attestation Netflix, ils partent dans une vieille bagnole prêtée à travers la France, vers le sud, chez des amis, des connaissances, des inconnus parfois très connus, pour présenter leur livre : des photos de Tim nageant dans la Marne, imprimées sur des plaques de pierre qui à elles toutes pèsent plus de trois cents kilos. Ils n'ont pas d'argent, mais se débrouillent. C'est léger et profond. C'est un affranchissement des contraintes et des faux besoins. C'est un formidable souffle de vie, porté par un récit à trois voix, Lutèce, Léo et Robin. Ils ont environ vingt-cinq ans, sortent d'écoles d'art. Ils inventent leur liberté, au jour le jour. Ils sont les nouveaux beats.
Plus que jamais chez Gadda, la satire et la dérision portent la narration : le célèbre dynamisme économique de la métropole du Nord se retourne en portraits de banquiers frauduleux et d'entrepreneurs naïfs en détresse ; les ingénieurs digèrent plus qu'ils n'étudient, ou construisent des ponts qui s'écroulent ; l'aristocratie locale s'incarne dans une vieille harpie à la Goya, la bourgeoisie dans l'obsession de la descendance mâle – et les femmes sont en proie à une libido difficilement contrôlée vis-à-vis de quelques sympathiques marlous qui, eux, préfèrent les servantes venues tout droit de la campagne.
Mais on rencontrera aussi des portraits d'une merveilleuse tendresse et, en particulier, celui d'Adalgisa, qui, après des débuts plus éclatants pour les yeux que pour l'ouïe dans La Traviata, se retrouvera veuve inconsolable époussetant les tombes du cimetière Monumental. Et puis, encore, des descriptions superbes où le regard réaliste s'élève jusqu'à la création d'un grand peintre.
Carlo Emilio Gadda (1893-1973) est un des plus grands écrivains du XXe siècle. Comparé à Céline et à Joyce, ce révolutionnaire de la forme narrative et du langage a obtenu en 1963 le Prix international de littérature.
Traduit de l'italien par Jean-Paul Manganaro.
" Je n'aime que les affaires privées. Ce sont les seules qui m'intéressent. [...] La vie privée des hommes, l'humain pur et simple, sont bien plus importants, plus grands, plus tragiques que toute notre vie publique ", déclare le héros d'un roman de joseph Roth. L' " humain pur et simple ", voilà sans conteste ce que l'auteur est parvenu à saisir dans les nouvelles rassemblées ici, peut-être plus encore que dans ses romans. Avec une tendresse qui n'exclut pas une ironie parfois mordante, il se penche sur des destinées obscures et solitaires afin d'en faire surgir toute la richesse et le tragique – comment ne pas penser, dans ses pages, au Flaubert d'Un cœur simple, tant admiré de Roth ? Sous des dehors ordinaires, les personnages des nouvelles sont capables des passions les plus insensées, tel ce chef de gare autrichien qui sacrifie une existence tranquille et bourgeoise à son amour pour une comtesse russe. Il y a là des originaux comme le comte Morstin du " Buste de l'empereur ", qui ne se résout pas à admettre la chute de l'empire austro-hongrois et continue de vénérer François-Joseph Ier, ou encore Nissen Piczenik, l'humble juif ukrainien, que sa passion pour le corail mène à sa perte. Il y a aussi des victimes, innocentes marionnettes engluées dans leurs illusions, leur recherche d'un amour sincère, leur rêve d'absolu : Mizzi Schinagl dans " Un élève exemplaire ", le jeune diplomate du " Triomphe de la beauté ". L'écriture élégante et nerveuse, le sens inouï de la conscience narrative qui caractérisent aussi bien ses romans que ses nouvelles font de Joseph Roth l'un des prosateurs les plus singuliers et les plus attachants de la première moitié de notre siècle.
La jolie petite fille faisait des grâces devant le miroir. Adolescente, au vu de son profil sur une photo d'amateur, le nez - gros-nez - enfoui dans une touffe de marguerites (fleurs sans parfum) elle se persuade qu'elle est laide. C'est seulement de face qu'elle fait illusion. À vingt ans, obligée de participer à un bal familial, elle s'arrange pour ne danser qu'avec son père. Jusqu'au moment où l'on crie changement de cavalière. Son danseur inconnu ne la voit que de profil : elle tourne constamment la tête (à la recherche de son père ?). Il n'en tombe pas moins amoureux d'elle... C'est l'une des treize nouvelles dans lesquelles l'auteur des Soleils rajeunis excelle à saisir des personnages en rupture d'équilibre, sous le coup - fantasme ou réalité - d'un ébranlement insolite du quotidien. Une parenté avec l'art de Salinger.
Ce recueil de quatorze récits est, avec la Connaissance de la douleur, l'Adalgisa et l'Affreux Pastis de la rue des Merles, un des quatre chefs-d'œuvre incontestés de Gadda. Ecrits entre 1930 et 1958, ces textes laissent passer en filigrane l'Italie juste avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, y compris les furies de l'auteur contre les guerres mussoliniennes. Mais, surtout, ce qu'on trouve ici, c'est tantôt le sarcasme à l'égard de la bonne société milanaise (Saint Georges chez les Brocchi), tantôt la description pittoresque d'une catastrophe populaire (l'Incendie de la via Keplero), tantôt les souffrances et la faim qui accompagnent la Seconde Guerre mondiale (Socer Generque et le très émouvant Club des ombres), tantôt encore le tragique d'une aventure dont le mystère reste inéclairci (Un salut respectueux), pour aboutir enfin à ces Accouplements bien réglés où s'entremêlent inextricablement affaires de sexe et d'héritage.
Comme toujours chez Gadda, des évocations de paysages magnifiques alternent avec des analyses de caractères ici émues, là sarcastiques, et des excursus qui emportent tout, tel celui dont Cicéron fait les frais.
De la description parodique d'une soirée à l'Opéra avec ses rites clinquants et bourgeois, à l'aventure dominicale d'un jeune homme dans un cinéma populaire ; de la remémoration d'une expérience militaire (à savoir l'impossible déplacement d'un canon), aux Études imparfaites où d'anciens thèmes poétiques sont mis en prose : comme dans une symphonie polyphonique, ces quatre courtes plages narratives précèdent le grand mouvement du dernier récit, celui qui donne son titre au recueil.
Là, l'ingénieur Baronfo, en proie à une névrose incurable, ayant trouvé refuge dans la lecture et les études philosophiques, rencontre, grâce à l'achat d'une bibliothèque, Maria Ripamonti : quelques promenades romantiques décideront de la suite heureuse des événements qu'une action finale dramatique semble, un instant, faire basculer dans l'impossible.
Ce premier recueil de Gadda, publié en 1931, illustre déjà l'inspiration originale de l'ingénieur milanais et le piquant de son langage qui ne se départit jamais d'un intérêt pour la vie des hommes.
Carlo Emilio Gadda (1893-1973) est un des plus grands écrivains du XXe siècle. Comparé à Céline et à Joyce, ce révolutionnaire de la forme narrative et du langage a obtenu en 1963 le Prix international de littérature.
Traduit de l'italien par Jean-Paul Manganaro.
Que se passe-t-il quand un jeune homme nonchalant tombe fou amoureux d'une femme hyperactive ? Quand deux hommes ayant débarqué ensemble sur les plages de Normandie se retrouvent trente ans plus tard, l'un comblé, l'autre brisé par la vie ? Quand un jeune acteur qui fait ses grands débuts au cinéma se retrouve perdu dans Paris en pleine tournée promotionnelle ? Quand quatre amis décident de construire leur propre fusée et de voyager jusqu'à la lune ?
Que se passe-t-il quand l'un des plus célèbres acteurs hollywoodiens, collectionneur depuis sa plus tendre enfance de vieilles machines à écrire, décide de faire crépiter les touches de sa Remington pour coucher sur le papier toutes les histoires qu'il a dans la tête ?
En littérature comme au cinéma, tout est question de caractère... Tom Hanks révèle ici le sien : fantasque et virevoltant, généreux, enthousiaste et fraternel, animé par une foi contagieuse en l'humanité.
Un écrivain est né.
Tom Hanks est acteur. Questions de caractère est son premier livre.
Le sous-marin de l'ingénieur Isaac Peral, qui a bel et bien existé mais n'a jamais été mis à l'eau, est une métaphore des possibles, et son spectre hante la profondeur des onze nouvelles de ce livre. Il symbolise les rêves interrompus par une main assassine, les torpilles de l'Histoire ou l'échec de l'existence. Il est le moment terrible et définitif relégué à l'oubli, qui resurgit par surprise et plonge le lecteur dans les mystères de l'espace et du temps chers à Felisberto Hernández et Julio Cortázar. Dans un bar de Montevideo qui porte son nom, il ressuscite Lola de Lodz, la femme polonaise au bras tatoué. Il nous dit, comme le célèbre tableau d'Hokusai, " Dragon dans les nuées ", que toute invention, toute création, n'est jamais figée.
En multipliant les lieux, les temps et les thèmes, les nouvelles de Juan Carlos Mondragón font escale dans les îles énigmatiques de la littérature. Elles sont des diamants noirs incrustés dans l'œuvre du grand écrivain uruguayen.
Traduit de l'espagnol ( Uruguay) par Gabriel Iaculli et Annie Morvan
Juan Carlos Mondragón est né en 1951 à Montevideo. Son œuvre s'inscrit dans la tradition littéraire du Rio de la Plata dont il est l'un des plus singuliers rénovateurs. Auteur de plusieurs romans, essais, nouvelles, il a reçu le Premio Nacional de la Crítica pour Le Principe de Van Helsing (Seuil, 2004). Docteur ès lettres de la Sorbonne nouvelle, il a enseigné à l'université de Lille III. Il vit à Paris.
Deux ethnologues partis recueillir les mots et gestes de la dernière femme parlant une langue vouée à s'éteindre avec elle. Des diplomates de l'ONU réfugiés dans une station orbitale qui assistent, impuissants, à la disparition de notre planète sous les flots. La rencontre d'Alexandre le Grand et d'une baleine morte au fond des mers. Un éléphant mélancolique, vaincu par l'amour et par les caprices d'une princesse...
En 13 histoires enchanteresses, traversant les siècles et les continents, Kanishk Tharoor invente mille et une nouvelles nuits, à la croisée du conte persan, de la fable moraliste et du surréalisme. Héritier cosmopolite de Borges et de Rushdie, Tharoor s'inscrit dans la grande tradition des poètes de l'imagination. D'une plume ciselée, trempée à l'encre de l'émerveillement et d'une ironie douce-amère, il nous fait découvrir le monde et les hommes comme nous ne les avions jamais vus, entre récit de nos triomphes et peinture de nos vanités.
Nouvelles traduites de l'anglais par Francis Kerline
"Fascinant, mystérieux, puissant. La révélation d'un écrivain doué d'un talent extraordinaire." - Amitav Ghosh
Kanishk Tharoor, ancien élève des universités Yale et Columbia, est écrivain, journaliste politique et culturel. Intervenant régulier dans les colonnes du New York Times, du Guardian ou du Hindustan Times, il a produit en 2016 pour la BBC une série intitulée "Le musée des objets perdus", consacrée à la destruction des trésors culturels d'Irak et de Syrie. Ses nouvelles lui ont déjà valu de nombreuses distinctions aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, où le présent recueil paraît en même temps qu'en France, après une publication initiale en Inde. Il vit aujourd'hui à New York, où il travaille à l'écriture de son premier roman.
Francis Kerline, après des études de philosophie à l'École normale supérieure de Saint-Cloud, a plongé il y a une trentaine d'années dans l'océan de la traduction, ce qui lui a donné l'occasion de nager avec quelques étoiles (Jack London, Harry Crews, Will Self, Jonathan Lethem, Hubert Selby Jr., Jonathan Franzen...) et même de harponner une baleine blanche (L'infinie comédie de David Foster Wallace).
"Un magnifique recueil de nouvelles qui transporte le lecteur dans un autre monde et réussit l'impossible à la seule force des mots." - The Hindu
"Jorge Luis Borges disait que chaque écrivain invente ses propres prédécesseurs. Avec ce livre patchwork, tissé de faits réels et de fantaisie, redessinant les cartes de nos cultures et civilisations ancestrales, et se frayant un allègre chemin dans l'exploration de dimensions parallèles, Kanishk Tharoor réinvente Borges." - The National
"Ces nouvelles révèlent un esprit profondément curieux du monde, qui transcende toutes les catégories du savoir. Conscient que tout a déjà été dit qui en valait la peine, et qu'il appartient à l'écrivain de faire siennes des histoires qui le dépassent, Tharoor s'attelle à son oeuvre avec l'élégance et l'humilité d'un honnête homme." - The India Express
En quelques nouvelles, poétiques et douloureuses, un tableau impitoyable d'une humanité abandonnée, rejetée dans les périphéries de la Suisse moderne ou d'autres sociétés. Un étudiant fils de migrants passe un examen. Il sent la petitesse vulgaire de son examinateur, avant d'aller fêter sa réussite avec des amis lorsque le drame se profile. Une femme veut voir la mer et tout son passé resurgit. Un professeur rencontre un adolescent perdu qui a été son élève. Un jeune homosexuel s'installe dans un chalet isolé pour travailler en attendant son ami. Il parle avec un voisin et découvre l'hostilité d'un environnement qu'il croyait accueillant. Un garçon un peu simple et persécuté prend conscience de la rareté des relations sincères et généreuses. Le monde que décrit Jean-François Haas est menacé par les forces du mal. L'écrivain offre des réponses généreuses à ces tragédies cachées ou visibles, minuscules ou désastreuses que l'on veut parfois enfouir dans un oubli facile qui prend la forme de drogues, de stéréotypes, de préjugés sexistes ou xénophobes.
Jean-François Haas est suisse. Après cinq romans (Dans la gueule de la baleine guerre, J'ai avancé comme la nuit vient, Le Chemin sauvage, Panthère noire dans un jardin, L'homme qui voulut acheter une ville), tous remarqués et dont plusieurs ont été couronnés de prix, il poursuit ici son oeuvre par des nouvelles.
Les tribulations d'un frère et d'une sœur braqueurs de banque promis à la potence dans l'ouest américain. Une bande d'enfants tentant d'aider leur voisine à retrouver son amour de jeunesse, quitte à pervertir les règles du conte de fées. Une fille de diplomate plongée dans les eaux troubles et dangereuses des services secrets. Une esclave poète traversant le Sud ségrégationniste et récitant ses sonnets devant la bonne société. Un archéologue découvrant son propre passé dans les décombres d'une secte millénariste.
Violence, trahison, vengeance et filiation - tels sont les fils rouges de ce recueil qui revisite avec panache le panorama des lettres d'Amérique. En dix nouvelles étourdissantes de variété, Dans la grande violence de la joie tord le cou à la langue et se joue de toutes les frontières pour créer un univers chatoyant, peuplé d'héroïnes puissantes et tarantinesques en diable. Iconoclaste, poétique, polymorphe, l'écriture de Chanelle Benz est un enchantement sans cesse renouvelé, qui met en scène les pouvoirs de l'imagination et démontre avec éclat que la fiction peut demeurer une grande aventure.
"Une nouvelle voix sidérante." - George Saunders
Traduit de l'anglais par Bernard Hoepffner
Un homme qui derrière sa fenêtre se vante de déceler l'humeur des habitants du quartier au timbre de leurs pas, jusqu'à ce qu'un mystérieux inconnu qui embrasse les arbres ruine sa théorie sur la transparence des hommes ; un facteur dont les doigts oscillent comme une baguette de sourcier dès qu'il a une lettre d'amour dans les mains ; un écrivain qui au désespoir de son éditrice n'aspire qu'à lire, cultiver son jardin et écouter de la musique. Tels sont quelques-uns des personnages loufoques qui peuplent cet ouvrage.
Le narrateur de chacun de ces treize récits, à la fois pétillants d'humour et teintés d'une douce mélancolie, est un intellectuel vieillissant en proie au malaise existentiel, à la solitude ou à la tristesse causée par la perte d'un proche ou le départ d'une femme. Alors qu'il tente de fuir le quotidien aseptisé, il se retrouve embarqué malgré lui dans des aventures cocasses et confronté à une série d'excentriques, bobos et artistes ratés.
Revenant à la veine satirique où il excelle, Michael Krüger fustige les dérives de l'époque, le déclin de la culture, et porte sur ses contemporains ¿ et sur lui-même ¿ un jugement féroce avec une verve enjouée et corrosive.
Traduit de l'allemand par Barbara Fontaine
Michael Krüger, né en 1943 à Wittgendorf (Saxe-Anhalt), vit à Munich, où Il est préside l'Académie bavaroise des beaux-arts, après avoir longtemps dirigé une prestigieuse maison d'édition et édité la revue Akzente. Il est l'auteur de nombreux recueils de poèmes, de nouvelles et de huit romans abondamment primés en Allemagne. Parmi eux, Himmelfarb, distingué par le prix Médicis étranger.
Barbara Fontaine traduit essentiellement des auteurs de fiction contemporains, parmi lesquels Ursula Krechel, Hans-Ulrich Treichel, Katja Lange-Müller, Robert Menasse, Thomas Hettche, Katja Petrowskaja. Elle est lauréate du prix André-Gide 2008 pour la traduction d'Un pays invisible de Stephan Wackwitz, et du prix Amphi 2010 pour la traduction de Près de Jedenew de Kevin Vennemann.
Himmelfarb, roman 1996, a reçu le Prix Médicis étranger
Ces contes mathématiques vous emmèneront dans l'univers merveilleux des nombres et vous feront découvrir les secrets de l'harmonie du monde.
Des rives magiques du fleuve Jaune à Bagdad la magnifique au temps des califes, de la Grèce antique à l'île de Vancouver, vous rencontrerez Thésée et Archibald Arcsonius, l'Empereur Yu et Schahrazade, qui vous guideront dans les espaces infinis des mathématiques.