Qui ne connaît les Beatles ? Qui n'a jamais fredonné au moins un de leurs titres ? En dix ans seulement d'existence, les Beatles se sont imposés comme le groupe le plus populaire et le plus influent de l'histoire du rock. Par-delà leur musique et leurs expérimentations techniques, ils ont révolutionné la société de leur époque. Leurs chansons continuent d'être jouées et reprises dans le monde entier, et imprègnent encore la culture d'aujourd'hui. Y compris la littérature ! Il faut dire que leurs titres sont marrants et plutôt inspirants pour qui ne manque pas d'imagination : Octopus' Garden, The Fool On The Hill, Why Don't We Do It On The Road, Sitting On A Cornflake Waiting For The Van To Come...
Marlene Tissot s'est amusée à composer sa playlist et nous prouve ainsi que Life is a Beatles' song.
La passerage des décombres prospère dans les terrains vagues et les abords des routes et des chantiers ; des coins plutôt tranquilles où jouer quand on est petit, où traîner quand on grandit, où rêver et se souvenir quand l'autre est parti.
Cet ouvrage a été couronné du prix Livresse 2018
Dix récits, en époques et lieux différents, où tremblent les destins des personnages, où les événements franchissent en transfuges les frontières de l'intérieur et de l'extérieur, où le réel et l'irréel sont poreux, où les vies s'écartent de ce qui semblait être leur trajectoire.
« Il me reste un peu de temps pour glisser
dans d'autres destinées. En route ! »
Prix Boccace 2018
Par le geste inconscient d'un camarade de classe, Pascal, cinq ans, perd un oeil. « OEil-de-lynx vient de naître, avec qui il va devoir s'efforcer de vivre en bonne entente. » Dix ans plus tard, Pascal cale son oeil valide derrière l'oculaire d'une lunette astronomique. Les étoiles, c'est sa passion avouée, et Sarah son amour secret. Une histoire courte qui finit mal, forcément.
Pas d'envolée lyrique, mais un vocabulaire ajusté, tendu avec rigueur, polissant une oeuvre forte et sensible à la fois.
Un homme, une femme, et Paris pour décor de cette histoire d'amour languissante. Jeu de séduction, jeu d'illusions, plein de promesses non dites, de gestes attendus et de baisers espérés. Mais, la belle n'est pas bête, et se rebelle. Mots vengeurs, jamais rageurs, tout en délicatesse et subtilités de langue. Pascale Pujol dépoussière avec Je vous embrasse les codes courtois des amours galantes. Raffiné et non moins mordant, un régal d'insolence bienséante.
Le premier Je vous embrasse m'avait eue par surprise, les yeux d'un coup brouillés devant l'écran j'avais cru à une ouverture, une promesse, une reddition à sa mesure - discrète et guindée, prise dans ses codes bourgeois, étroite, mais réelle. D'autres avaient suivi, et j'en avais vite décrypté le sens. Une caresse, pas celle d'un amant mais plutôt d'un seigneur, d'un une flatterie qui ne disait ni Je vous aime ni même Je vous désire mais plutôt Aujourd'hui je suis d'humeur (à flirter) ou encore Vous me faites rire.
« Elle était un oiseau. Elle les aimait trop pour ne pas avoir emprunté à l'hirondelle au vol brisé qui criait son allégresse dans le ciel du soir, au rossignol tapi dans l'ombre qui lui semblerait avoir toujours inspiré Mozart, au rouge-gorge qui l'accompagnait en sautillant jusqu'au fond du jardin, à la mésange charbonnière, au bouvreuil, au chardonneret fardé de rouge, au verdier moins vert que jaune, au pinson du nord. »
Maurizio a quitté son village sarde pour les beaux yeux d'une touriste francaise, et voila` que l'ideÅLe le prend de rentrer au pays pour ouvrir une librairie ! Aidé de Giacomo, son ami d'enfance, avec qui il a correspondu toutes ces années d'exil, Maurizio,
« un homme sans histoire, sans bruit, dans un pays où l'on crie pour se dire bonjour »
va devoir affronter la rancune tenace et la redoutable défiance de ses compatriotes.
Une épreuve, un cauchemar. Le corps qui devient pierre. Aussi impossible à vivre qu'à entendre. L'autre corps, le médical, n'en veut pas, cette image le dérange, il la repousse.
Fermement. Il préfère « paralysie », évacuant ce que la pierre, pierre de la croix, pierre tombale, pourrait véhiculer de douteux, d'inquiétant. Comment dès lors réchapper de l'enfer ?
Ni fiction, ni journal, Bref Séjour chez les morts se présente comme un récit-témoignage se proposant de rendre compte au plus juste d'une expérience des limites.
« Monsieur Ernesto », baptisé ainsi par les habitués de Chez Nicole, eu égard au béret enfoncé jusqu'aux oreilles qu'il portait en permanence et à son art de tout contester. Longtemps il a réclamé le « monsieur » devant son pseudonyme. Quand un voisin de bar le hélait d'un « Ernesto, viens boire un coup », il corrigeait : « Non, Ernesto ne veut pas boire un coup... Mais, monsieur Ernesto accepte volontiers qu'on l'invite à déguster un verre de grand cru. »
Cet été-là, l'été de ses 17 ans, le narrateur décide de partir à la rencontre d'Arthur Rimbaud. Pas du côté de Charleville, où il est né, pas dans les Ardennes où il a beaucoup vadrouillé, pas en Belgique où il a souvent mis les pieds. Il choisit de se rendre à Marseille, très précisément à l'hôpital de la Conception, puisque c'est là que l'homme-aux-semelles-de-vent est venu mourir.
« Hommage rendu à la ville des villes qu'est Marseille, dans son dispositif visuel comme l'obsession mer et le flux des visages. C'est du moins là où se risque Raymond Penblanc. Mais avec sous la surface urbaine et les cinétiques du récit des affleurements de vieux mythes, et une figure qui troue le texte : le chemin qu'ici on fait nous mène au dernier chemin de Rimbaud »,
François Bon.
J'étais seul et sans mémoire depuis cinq ou six années. Je ne savais plus quoi, mais il avait bien fallu l'oublier. Mon nom même m'apparaissait comme une résonance plutôt étrange, je l'avais perdu sans doute pour gagner celui de fleurs et d'astres que je distinguais nouvellement - le monde me devenait familier, m'engloutissait. La vieille maison dont j'avais hérité souffrait de désolation, j'y errais dans un étroit périmètre de pénombre, entre des murs gris et des objets surannés. Une atmosphère mélancolique m'imbibait comme un mauvais vin, une piquette prise à contre-coeur. Cependant je vivais en continuant de vivre, ne méritant plus que de l'habitude. Rien de triste, en somme, simplement la vie de presque tout le monde. L'hiver venait souvent, j'avais froid. Des heures durant je me tenais sur le seuil, assis sur la pierre d'entrée, comme à attendre. Ainsi ce jour.
Jean-Claude Leroy signe avec Aimer de vivre un recueil crépusculaire, étranger au monde frivole, hors du temps - ensorcelant. Son écriture, subtilement poétique, se fait lascive, tumultueuse, mélancolique, intranquille, pour ciseler cinq récits, brûlants et vacillants comme la flamme d'une bougie, où se croisent, s'aiment, se désirent et se déchirent des corps, des coeurs, des frères et des âmes soeurs.
Y avait pas plus jolie fille au Jackson's que Minnie Waterfield. Les soirs où elle y chantait, y avait tant de monde, tant de types rassemblés au pied de la scène, qu'on aurait pu croire que tous les gars de Tremé et des autres quartiers s'étaient donné le mot. Y avait même des Blancs. Pour être sûrs d'avoir une place, on arrivait très en avance. Bien plus en avance qu'au boulot, ça...
Tremé, quartier mythique de La Nouvelle-Orléans. C'est là que tous les soirs, Minnie Waterfiled monte sur la scène du Jackson's, un de ces clubs de seconde zone « qui fleurissent au fond de ruelles sans réverbère, juste pour que des pauvres types qu'ont jamais su ce que rêver veut dire se rassurent, en constatant qu'ils ne sont pas les seuls ». Et des hommes, blancs, noirs, elle en fait rêver, Minnie Waterfield, dans sa robe de lamé bleu. Jusqu'au drame. Un musicien jaloux, on n'a jamais bien su, et la police n'a pas cherché longtemps non plus. Après tout, « c'était qu'une fille noire comme toutes les filles noires de Tremé, qui comptait juste pour des types [...] qu'ont simplement besoin d'un peu d'évasion, le samedi soir, au pied d'une scène, dans la fumée des cigarettes, avec leur costume du dimanche qui sent la naphtaline... »
À l'instar de l'héroïne de Polenta-vodka, qui expérimente des recettes « à la recherche de saveurs nouvelles et de sensations inédites », Benoît Fourchard nous a mijoté un alléchant recueil, au bouquet généreux et dans lequel se reconnaissent tendresse de l'enfance, coup de théâtre, ironie du sort, nostalgie poignante, fantaisie légère, amour fou, gouaille désinvolte, et tant d'autres émotions, passions, déraisons, subtilement distillées au gré de... ses Humeurs.
Parmi ces onze textes, plusieurs ont fait l'objet d'adaptation théâtrale, de mise en voix ou d'une première édition. Écrit pour le théâtre (et formant avec Cette chère Simone un dyptique, mis en scène avec la compagnie Les Fruits du Hasard en 2016), Quarante-huit fois est d'abord paru dans Le Cafard hérétique n° 9 (oct. 2017) avant d'être sélectionné par Outlier pour le recueil des 10 meilleures nouvelles 2018.
Une nuit, une nuit à écrire. Une nuit à hoqueter de chagrin, une nuit à bégayer de trop d'émotion. Les souvenirs se bousculent, s'emmêlent, les mots affluent, se répètent, s'entrechoquent :
« je veux crier c'est un cri que je lance un cri sourd un cri quand même un cri étouffé ça reste un cri oui un cri de douleur pourquoi écrire je me demande ce besoin irascible irrépressible d'écrire ce besoin mégalomaniaque d'écrire pourquoi pour qui ? »
Question universelle à tous ceux qui écrivent. Pas de réponse donnée ici, mais un flot tempétueux, impétieux, qui emporte le lecteur jusqu'au bout de la nuit.
Lui, Pic Paris, le rageur et l'insoumis, rivé au comptoir de sa liberté, rêve de versifier les fulgurances de sa sensibilité.
« Je suis libre. La vie est absurde, fragile, elle ne tient qu'à un fil. Dans une cage, l'oiseau chante et... »
Son stylo reste suspendu. Une cage, c'est la merde...
Au gré des déambulations de Pic Paris, poète plus imbibé qu'inspiré,
Pauline Louis
nous balade dans le temps. Surgit sous sa plume vive et enjouée l'épopée des grandes brasseries parisiennes du xx
e
siècle, où s'asseyaient au coude à coude sur les banquettes de moleskine muses mutines et « crayonneurs trousse-jupons » en quête de plaisir autant que de gloire.
De par sa longueur et son rythme singulier,
Mots de sable soufflés
s'immisce adroitement entre le roman et la nouvelle. OEuvre singulière, ce court texte se présente sous la forme d'une suite de tableaux invitant à regarder, écouter, sentir, goûter, rêver une Afrique fière, envoûtante, légendaire, pleine de ressources et d'idées folles, de vie, de mort, de rires et de larmes ; une Afrique
« qui vit bouge, crie, pleure, rit »
et où
« chaque grain de sable porte une histoire »
.
Pas facile de vivre minable quand on rêve grand, pas facile de mâcher soir après soir ses coquillettes quand la seule chose qui tienne au ventre est la peur de décevoir Lili. Lili si douce et si forte ; Lili qui dit qu'on s'aime, avec les enfants, et que ça personne ne pourra jamais l'enlever. Est-ce qu'on apprend
« à espérer toujours moins »
? Et le monde, il pèse combien le monde sur les épaules ?
Prix Livresse 2017
Carmen Niccoli rêve sa vie en Technicolor. C'est même une évidence : sa vie se fera ailleurs qu'à Billom. Les gondoles, la piazza San Marco, le faste des palazzi, le café Florian et son Tiramisù, les robes de Monica Daniele et l'étourdissant carnaval n'attendent qu'elle à Venise pour rependre le rôle de la comtesse Livia dans Senso, le film de Visconti. Oui mais voilà, le destin a parfois besoin d'être aidé pour arriver à ses fins.
Drôle et enlevée, cette nouvelle perle de Pauline Louis s'inscrit dans la veine du Nid, paru quelques mois plus tôt dans la même collection.
Tu souhaites.
Te faire oublier sous ces épaisseurs de coton. Obtenir un sursis. Te soustraire à ta vie pendant vingt-quatre heures.
- Maman...
Mais tu n'en as pas le droit.
Une journée qui s'annonce ordinaire, à regagner un territoire depuis longtemps perdu. Centimètre par centimètre. La chambre, le salon, le jardin. La porte de la maison devenue frontière infranchissable. Pour cela, il faut surmonter les gestes du quotidien, s'habiller, préparer l'enfant pour l'école, faire les courses. Cette femme fait des efforts surhumains pour ne pas fuir, hurler sa douleur de vivre.
Une journée qui s'annonçait ordinaire, et qui rappelle ce jour où...
J'ai pas besoin d'une nouvelle robe. J'ai besoin qu'on m'aime, mais elle sait pas ce que ça veut dire. Je voudrais qu'elle me prépare un chocolat chaud. Qu'elle s'assoie sur le tapis de ma chambre et joue avec moi. Qu'elle ouvre un livre, me prenne sur ses genoux et me lise une histoire. Qu'elle m'embrasse avant la nuit. Qu'elle me chante des chansons. Qu'on coure ensemble dans un champ de fleurs. Qu'on aille à la piscine. Qu'elle m'apprenne à faire des gâteaux. Qu'on invite la copine que je n'ai pas à dormir à la maison. Qu'on prépare un panier de pique-nique.
Perrine Le Querrec fouille l'enfance au plus intime pour en arracher ses dérives, ses tourments, ses chimères. La langue, affûtée, griffe les mots jusqu'au sens, et met à nu sans ménagement l'extrême solitude de ces Têtes blondes.
Ce recueil collectif est le résultat d'un concours initié en novembre 2014 par Christophe Sueur, animateur sur Radio Plus Douvrin de l'émission « La Vie des livres ». Il compile les 10 nouvelles lauréates. La première a fait l'objet d'une lecture publique lors de La Nuit des Livres, le 4 juillet 2015, à Esquelbecq.
Indépendance, de Denis Albot
L'Encre et le papier, de Pierre-Antoine Brossaud
Staline dans mon jardin, de Vincent Caumont
À cran, de Marie-Edith Nijaki
Les Fleurs noires de Dora, de Karine Guiton
Fenêtre sur passé, de Michel Alomène
Garde à vue, de Thomas Bigand
Le Génie des maîtres sonneurs, de Gaëlle Chevet
Et si Platon s'était trompé ?, de Nicolas Delmas
La Grande Dame, de Claude Ferey
Cinq lieux, cinq époques, et autant de récits, aux résonances tantôt légendaires, tantôt séculaires, qui n'ont en commun que le talent de conteuse de Sarah Taupin. On rit, on pleure, on frémit, de plaisir ou de peur, mais jamais on n'oublie.
Je fus homme autrefois se décline en rancoeur, en argent, en trahison et en vengeance - toutes faiblesses qui aveuglent et ruinent, toutes bassesses qui font les grandes histoires.
Qu'importe sa composition, qu'importent les sentiments que nourrissent les uns pour les autres ses membres, la famille est au coeur du Petit Peuple des nuages : déchirée, en deuil, recomposée, absente, éclatée, étouffante, perdue ou encore farfelue, la famille s'impose, omniprésente, prégnante, comme dans nos propres vies de lecteurs. Et justement, est-ce que renouer avec cette part d'enfance n'aiderait à grandir, à devenir adulte ?
Phare intérieur
, c'est le carnet secret d'un enfant qui débite son histoire, sans morale, sans espoir. Ce court récit transpire à chaque phrase, à chaque mot, à chaque syllabe assénée, la détermination et la lucidité tranchante d'une personnalité hors du commun, en marge, qui n'aime rien tant que s'enfermer dans l'inconfort de lieux exigus, avec pour seuls compagnons des objets inanimés, triptyque psychique de son échappatoire. Qui est-il ? Un enfant. Que veut-il ? Rien de plus que ce que veut un enfant : se sentir à l'abri des émois et des contrariétés, surtout être écouté, compris, aimé tel qu'il est.