« Je marche dans la rue en levant les yeux au ciel. Il paraît que c'est ultra-efficace pour éviter de pleurer. J'inspire à fond. J'écoute battre mon coeur. Je viens d'entrer dans un tunnel immense... C'est le début du grand huit. Il va falloir que je m'accroche.
Longtemps, je n'ai pas voulu voir, pas voulu savoir. J'étais dans le déni et la mauvaise foi. J'ai joué à merveille mon rôle d'actrice lumineuse, pétillante et légère. J'avais une double vie : celle à laquelle je voulais croire, et l'autre, celle que je vivais vraiment... Il m'aura fallu dix ans pour accepter la différence de ma fille. Dix ans de fuite, dix ans de combat. Je ne m'attendais pas à un tel voyage.
Je voudrais aujourd'hui partager ce chemin de rires et de larmes, de colères, de doutes, de joies et d'amour. Parce que, si longue que puisse être la route, si gigantesques que soient les montagnes à franchir, nous avons tous le choix d'être heureux. »
Je crois qu'un des mots-clés de Marguerite Duras à
mon endroit c'est : « Je vous aime, tais-toi. »
En 1982, Yann et Marguerite vivent ensemble depuis
deux ans. Elle en a plus de soixante-dix, il en a quarante
de moins. Derrière l'écrivain, Yann a découvert
le « personnage » Duras, aussi assoiffée d'absolu dans
la vie qu'elle l'est dans l'écriture.
Sur cette expérience bouleversante, qui brise aussi
bien les codes de l'amour que ceux de la littérature, il
sait qu'il ne peut garder le silence.
À l'époque où ces entretiens ont été enregistrés, Yann Andréa
n'a pas encore écrit les livres qui le feront connaître plus
tard - M. D. (Minuit, 1983) et surtout Cet amour-là (Pauvert,
1999, réédité en 2016). Il répond aux questions de Michèle
Manceaux, écrivain, journaliste et amie de Marguerite Duras.
Ce début de XXIe siècle est traversé par une telle succession de crises - écologique, économique et politique - qu'il voir refleurir le vieux mythe de la fin des temps. Nous nous trouvons confrontés aujourd'hui à au moins dix bouleversements inédits dans notre histoire. Pour trouver une mutation similaire, il faut remonter non pas à la Renaissance, ni à la fin de l'Empire romain, mais au tournant du néolithique, lorsque, il y a plus de dix mille ans, les groupes humains abandonnèrent le mode de vie nomade pour se sédentariser. On assista alors à un changement radical du rapport de l'homme à lui-même et au monde, dont nous sommes les ultimes héritiers. Aujourd'hui, ce n'est pas la fin du monde que nous connaissons, mais la fin d'un monde, celui fondé sur la prééminence du cerveau rationnel et logique par rapport au cerveau émotionnel et intuitif, sur l'exploitation mercantile de la nature, sur la domination du masculin sur le féminin. Frédéric Lenoir montre ici que la guérison est possible. Illustrant les impasses de la fuite en avant (le progrès à tout-va) comme celles du retour en arrière (démondialisation, écologie radicale, intégrismes religieux), il exprime sa conviction que l'humanité peut dépasser cette crise planétaire par une profonde transformation de nos modes de vie et de pensée : rééquilibrage du masculin et du féminin, passage de la logique du « toujours plus » à celle de la « sobriété heureuse », de l'égoïsme à la communion, de l'état de spectateur passif à celui d'acteur responsable... Au-delà des rafistolages provisoires d'une pensée et d'un système à bout de souffle, une immense révolution est en marche : celle de la conscience humaine.
Après l'assassinat de Samuel Paty, en octobre 2020,le ministre de l'Éducation nationale a demandé à Robert Badinter d'enregistrer une brève vidéo rendant hommage à ce professeur pour qu'elle soit diffusée à tous les élèves. L'ancien garde des Sceaux y a donné sa définition de la laïcité et de la République.
Ces paroles ont inspiré une enseignante, Peggy Kilhoffer. En demandant à ses élèves de CM1-CM2 à Schiltigheim, en Alsace, de réfléchir à ces questions, en est sortie l'idée de cet Abécédaire républicain.
Avec leurs dessins et leurs mots d'enfants, de « Accepter » à « Zèle », en passant par « Solidarité » ou « Garantir », ses élèves livrent une vision juste, vibrante, de la République et de ses valeurs. Un document émouvant et nécessaire alors que les sondages et les
médias évoquent souvent une jeunesse déconnectée de ce qui forge notre identité commune. Le fac-similé de cet abécédaire est précédé du texte d'hommage
de Robert Badinter, d'un avant-propos de sa main ainsi que d'une préface de Peggy Kilhoffer qui nous livre le récit de cette aventure.
Peggy Kilhoffer est professeure à l'école Jean-Mermoz de Schiltigheim et formatrice dans l'académie de Strasbourg.
Robert Badinter, avocat, fut ministre de la Justice (1981-1986) président du Conseil constitutionnel (1986-1995) et sénateur (1996-2001).
« Pendant longtemps, pour se souvenir des nombreux enfants qui n'ont pas pu grandir, il n'y avait rien. Rien pour dire qu'ils avaient été tués parce que nés juifs, ni même pour dire qu'ils avaient vécu, qu'ils avaient ri, joué et pleuré... Comme s'ils n'avaient jamais été là. »
Rachel Jedinak a survécu à la première rafle du Vél'd'Hiv, en juillet 1942. Ses voisins, ses cousines ou ses camarades de classes, eux, n'ont pas eu sa chance. Après s'être battue pendant des années pour faire apposer, dans les écoles, collèges et lycées, des plaques aux noms de ces élèves oubliés, elle leur rend ici un dernier hommage.
Dans ce récit, tendre et délicat, elle raconte les parties interminables d'osselets sur les trottoirs, puis les camarades de classe qu'on regarde jouer dans le jardin public où l'on n'a plus le droit d'entrer. Et enfin, les traques, les rafles, les petits qui hurlent de chaud dans la Bellevilloise puis la fuite. Rachel Jedinak nous dit finalement la guerre de la plus universelle des langues : celle des enfants.
Rachel Jedinak a 84 ans. Elle préside le comité Tlemcen qui, depuis plus de vingt ans, se bat pour le souvenir des enfants disparus.
« Je viens de rencontrer mes passeurs. Ces hommes qui font désormais partie de ma vie puisqu'ils vont m'aider à la quitter.
Je les ai sentis rigoureux, exigeants, prudents. Et engagés à me tendre doucement la main. Une autre médecine qui, quand elle ne peut plus soigner le corps, se décide à soigner l'âme. »
Parce qu'elle aime furieusement la vie et qu'elle est condamnée, Anne Bert a décidé de choisir et de ne pas subir jusqu'au bout les tortures que lui inflige la maladie de Charcot. C'est ce cheminement qu'elle nous raconte ici. Celui de devoir mourir hors-la-loi, et hors-les-murs, puisque la loi française ne l'autorise pas à abréger ses souffrances. Celui aussi de son dernier été.
Il faut découvrir le goût des dernières fois et des renoncements, apprendre à penser la mort, dire au revoir à ceux qu'elle aime, en faisant le pari de la joie malgré le chagrin.
Un récit poignant, une ode à la liberté et à la vie, permise seulement par sa détermination à dire non.
Aujourd'hui dans le monde, toutes les sept secondes, un enfant de moins de 10 ans meurt de faim. Le plus souvent victime d'un impératif et d'un seul, celui des maîtres du monde : le profit sans borne.Ces nouveaux maîtres du monde, ce sont les seigneurs du capital financier mondialisé. Qui sont-ils et d'où tirent-ils leur pouvoir ? Comment les combattre ?Au coeur du marché globalisé, le prédateur. Banquier, haut responsable de société transnationale, opérateur du commerce mondial : il accumule l'argent, détruit l'Etat, dévaste la nature et les êtres humains. Ce livre révèle son visage, analyse son discours, dénonce ses méthodes.Des mercenaires dévoués servent l'ordre des prédateurs au sein de l'Organisation mondiale du commerce, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international. Ce livre suit à la trace les satrapes de ces institutions au-dessus de tout soupçon, démonte l'idéologie qui les inspire et jette une lumière crue sur le rôle joué en coulisses par l'empire américain. Mais un peu partout dans le monde, la résistance s'organise au sein de l'extraordinaire front qui fédère tant de refus locaux porteurs d'espérance. C'est la nouvelle société civile planétaire, dont Jean Ziegler montre ici la richesse, la diversité et la détermination. La puissance de ce livre engagé ne doit pas surprendre : les gens dont il brosse le portrait, Jean Ziegler les a bien souvent croisés ; les institutions qu'il critique, il les connaît de l'intérieur. Tous ces mouvements de résistance, il les fréquente et les estime. Et puis il y a l'urgence. Jean Ziegler est Rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation. Auteur de nombreux ouvrages sur le tiers-monde, il a notamment publié La Suisse lave plus blanc (1990), La Suisse, l'or et les morts (1997) et Les Seigneurs du crime (1999).
Communiste et charmeur, cégétiste et volage : tel était Lulu, mon père. Menteur aussi, un peu, beaucoup, passionnément, pour couvrir ses frasques, mais aussi pour rendre la vie plus belle et inattendue.
Lulu avait toujours une grève à organiser ou des affiches à placarder. La nuit venue, il nous embrigadait, ma mère, mon frère et moi, et nous l'aurions suivi au bout du monde en trimballant nos seaux de colle et nos pinceaux. Il nous faisait partager ses rêves, nous étions unis, nous étions heureux.
Evidemment, un jour, les lendemains qui chantent se sont réduits à l'achat d'une nouvelle voiture, et Che Guevara a fini imprimé sur un tee-shirt.
Le clan allait-il survivre à l'érosion de son idéal et aux aventures amoureuses que Lulu avait de plus en plus de mal à cacher ? Collègues, voisines, amies ; brunes, blondes, rousses : ses goûts étaient éclectiques. Lulu était très ouvert d'esprit.
Sans nous en rendre compte, nous avions dansé sur un volcan. L'éruption était inévitable.
Architecte, ministre de l'Armement du Reich et confident d'Hitler, Albert Speer est jugé avec les autres dignitaires nazis lors du procès de Nuremberg en 1946. Seul à plaider coupable, il est condamné à vingt ans de prison et incarcéré dans l'immense forteresse de Spandau, où Français, Britanniques, Américains et Russes surveillent à tour de rôle sept détenus - dont Rudolf Hess, l'ancien dauphin d'Hitler.
Durant ses décennies d'incarcération, Albert Speer rédige sur papier hygiénique des milliers de feuillets de souvenirs et d'observations, à l'insu de ses gardiens ou avec leur complicité. Dans ce journal de détention, publié après sa libération, il évoque pêle-mêle ses entretiens avec Hitler, sa méthode de survie en milieu carcéral et sa perception des débuts de la guerre froide. Jour après jour, il se met en scène comme un homme simple, raisonnable et modeste, qui se penche avec lucidité sur ses aveuglements de jeunesse.
Le lecteur - seul juge de la sincérité de son repentir -, en émergeant de ce document historique exceptionnel, sera sans doute surpris et décontenancé d'avoir pénétré aussi loin dans l'univers de ce haut responsable d'un des régimes les plus criminels du xxe siècle.
Adhérent au parti nazi dès 1931, Albert Speer (1905-1981) est l'architecte en chef d'Hitler et l'un de ses plus proches collaborateurs.
« Je suis né à Paris, le 8 juillet 1921, rue Mayran, dans le IXe arrondissement, au pied de la butte Montmartre... »C'est à l'occasion de la remise par Bertrand Delanoë, maire de la capitale, de la médaille d'honneur de la Ville de Paris, que, prononçant son discours de remerciement, l'auteur de La Voie, bon pied , bon oeil, a eu l'idée de ce récit de sa vie en évoquant ses tribulations dans les différents quartiers de la capitale. A chaque déménagement, à chaque compagne ou conquête amoureuse correspondent aussi des étapes de la vie intellectuelle et des engagements politiques de l'inventeur de la « pensée complexe », co-auteur avec Stéphane Hessel du Chemin de l'espérance. Un récit pétillant d'humour et d'intelligence par le plus non-conformiste des jeunes nonagénaires, traduit et célébré dans le monde entier.
Qui connaît Elisa Lemonnier, Julie-Victoire Daubié, Jeanne Chauvin, Maria Vérone et Madeleine Brès ? Si les jeunes filles peuvent passer le baccalauréat, suivre des études supérieures, devenir médecin ou avocat, c'est grâce à l'action de ces femmes, à leur combat pour imposer à une société essentiellement masculine des réformes qui leur permettent simplement d'exister. Si les femmes ont le droit de voter et d'être élues, c'est naturellement le fait du législateur... mais c'est aussi et surtout le résultat de leur action. Toutes les femmes évoquées dans ce livre ont su, hier comme aujourd'hui, s'élever contre les corporatismes, les privilèges et les immobilismes pour imposer leurs idées. Elles ont osé porter un regard critique sur une société sclérosée, impuissante à faire évoluer les mentalités. Militantes de la liberté, elles ont suggéré des réformes essentielles et méritent à ce titre d'être mieux connues. Plus qu'un livre d'histoire, Ces femmes qui ont réveille la France est une véritable recherche sur l'avènement de la République et de ses valeurs.
Penser aux générations futures, au long terme, devient une urgence. Travailler pour les générations suivantes, c'est travailler pour nous-mêmes. Ce Manifeste pour une société positive est un appel à l'altruisme, afin que chaque être humain, individuellement, mais aussi l'État, les collectivités, les entreprises, pensent la société de demain et la fassent advenir ensemble. Éducation, santé, transports, écologie, finance, gouvernance démocratique, changement climatique, innovation : à toutes les dimensions du vivre-ensemble doit s'appliquer cette nouvelle conception.
Le Positive Economy Forum fédère, depuis sa création en 2012, plusieurs milliers de citoyens, décideurs politiques, dirigeants d'ONG et de syndicats, chefs d'entreprises, entrepreneurs sociaux, en France et à travers le monde. Ouvrage coordonné par Jacques Attali.
Se dire oui, « pour le meilleur et pour le pire »... Pour les uns, le mariage est le plus beau jour de la vie. Pour les autres, c'est le début de la fin. Faut-il ou ne faut-il pas se marier ? Vieille querelle qui dure depuis des siècles, sans cesse rejouée ! Jean-Paul Morel nous raconte l'imaginaire du mariage à travers les sentences de la sagesse populaire et les bons mots d'auteurs. Préparatifs, cérémonie, contrat, sentiments, fidélité, vie quotidienne... La plus vieille institution est passée au crible. Que l'on soit pour ou contre le mariage, l'amour a toujours le dernier mot.
Que savons nous vraiment de la prison ? Uniquement ce que veulent bien nous en dire des détenus ou des membres de l'administration pénitentiaire. Arthur Frayer a voulu aller plus loin. Décidé à voir par lui-même ce qui se passe dans ce monde clos, ce jeune journaliste a mené l'enquête de l'intérieur : il a passé le concours de gardien de prison et est devenu, l'espace de quelques mois, un « maton ».Comme Florence Aubenas dans Le Quai de Ouistreham, il s'est « infiltré » pour rendre compte d'un monde toujours méconnu. En stage à Fleury-Mérogis, puis en poste à Orléans, il raconte ses mois passés en détention. Il s'attendait à être confronté à la violence, à l'injustice, mais pas, comme l'avait pourtant prévenu un de ses instructeurs, à « se prendre de la misère plein la gueule ». On découvre avec lui, en partageant son inquiétude, son étonnement et souvent sa colère, la réalité des maisons d'arrêt surpeuplées, les humiliations quotidiennes - pour les détenus comme pour les matons -, le désespoir et la folie, la roublardise de tous, le poids de l'enfermement. Au fil des jours, toutes les certitudes du journaliste vacillent : comment rester juste, comment oeuvrer à la réinsertion quand on doit exercer un métier épuisant dans des conditions si difficiles ? Finalement, quand Arthur Frayer décide de jeter le gant, on mesure combien il est difficile de ne pas vaciller soi-même dans un tel milieu. Cette expérience hors du commun donne aujourd'hui un récit bouleversant et d'une force rare.
Instrument indispensable à toute gouvernance, forgé sur le modèle des pratiques des agences de notation financière, l'évaluation a étendu son empire à tous les domaines, tous les métiers, tous les instants, tout, vraiment tout, de la naissance à la mort. Et elle n'a cessé de prouver, de toutes les manières possibles, son inopérante bêtise et sa dangerosité. Pourtant, elle n'est jamais démentie : elle promet encore plus, si l'on évalue encore... Pour comprendre ce qui ne va plus, ce qui ne doit pas continuer, il faut s'intéresser à l'outil universel de l'évaluation : les grilles. Nous, citoyens, administrés, professionnels, étouffons derrière les grilles. Il faut coûte que coûte entrer dans les cases. Il faut réduire chacun de nos actes à une série d'items pour qu'ils soient quantifiables, performants. Ce que nous faisons les uns et les autres n'a plus de sens : nous ne reconnaissons plus nos vies dans la représentation du monde ainsi formaté. Les grilles produisent un monde surveillé qui élimine toute inventivité, toute nouveauté, tout espace de liberté. Un monde mort... Ne restons pas plus longtemps enfermés derrière les grilles d'évaluation.Directrice de recherche au CNRS, Barbara Cassin, philologue et philosophe, est membre de l'Appel des appels (dernier ouvrage : La Nostalgie, Autrement, 2013).Avec les contributions de : Éric Alliez, Didier Bigo, Laura Bossi, Serge Bronstein, Fernanda Bruno, Catherine Caleca, Barbara Cassin, Julie Caupenne, Marie-José Del Volgo, Nathalie Georges-Lambrichs, Yves Gingras, Roland Gori, Jean-Jacques Gorog, Daphné Marnat, Christine Nicoulaud, Albert Ogien, Peter Osborne, Marie-Blanche Régnier, Claude Schauder, Christian Védie, Catherine Vidal.
Pendant deux ans, Claude Chossat a servi la Brise, ou du moins l'un de ses fondateurs. D'abord petit truand, il a voyagé dans sa roue et grimpé l'échelle sociale du grand banditisme à la vitesse de l'éclair en servant de chauffeur et de confident à Francis Mariani, le plus violent et le plus fou de tous.
Une ascension qui s'est arrêtée net le 23 avril 2008, lorsque «Francis» décide de tuer l'un de ses frères : Casanova, le roi Richard. Claude Chossat doit fuir, le gang et la Corse. Il se réfugie en Suisse avant de se livrer à la justice et de tout raconter.
Même s'il est aujourd'hui libre, Claude Chossat ne bénéficie d'aucune protection. Il vit caché, pour protéger sa famille de représailles qui peuvent surgir à tout moment.
Une situation intenable qui le pousse à tout raconter.
Il nous livre ici un témoignage choc qui ouvre, pour la première fois, les portes du célèbre gang de la Brise de mer.
11 mai 2020. Le commissaire Visser-Bourdon prend son service et se demande à quoi va ressembler ce premier « jour d'après ». À 52 ans, dont trente de carrière dans la police, il n'aurait jamais imaginé devenir un jour l'un des gardiens de cette France confinée par nécessité. Il repense aux deux mois qui viennent de s'écouler, aux contrôles d'attestation parfois houleux, au dénuement des collègues sur la voie publique, sans gants ni masque. Aux nuits à essuyer des tirs de mortiers de feux d'artifice dans les cités de l'Essonne, au trafic de drogue qui se réorganise en livraison à domicile.
Le commissaire a tenu le cap. C'est un homme de terrain, un pragmatique. C'est d'ailleurs ce qui a fait sa force quand il a géré la « Jungle » de Calais et ses 10 000 migrants. Toujours aux côtés de ses hommes, quitte à prendre des coups dans les moments difficiles, il est écouté et respecté. Patrick Visser-Bourdon, marié et père de trois enfants, est à la fois un homme de poigne et de dialogue, sans illusion et lucide, quelqu'un à qui on ne la fait pas, passé par l'antiterrorisme, les « stups », le SRPJ de Versailles. Le commissaire sait que la vie est faite de zones de gris, à l'heure où chacun voudrait imposer ses certitudes. Bienvenue dans sa vie de flic.
Patrick Visser-Bourdon est commissaire dans l'Essonne, en banlieue parisienne. Passé par le SRPJ de Versailles, l'antiterrorisme au 36 quai des Orfèvres et la brigade des stupéfiants, il a également été en poste à Calais pendant plus d'un an, où il a piloté le démantèlement de la Jungle fin 2016.
Journaliste, Jean-Marie Godard est rédacteur en chef du pôle « sécurité globale » de l'agence AEF info, après avoir été reporter au bureau français de l'agence Associated Press, puis collaborateur des magazines Society et Marianne. Il est l'auteur de Paroles de flics (2018) et Bienvenue aux urgences (2019), aux Éditions Fayard.
Génération CV raconte les tribulations d'un bac + 5 à la recherche d'un emploi. D'entretiens d'embauche en entretiens d'embauche, on le voit perdre confiance en soi et succomber au spleen du jeune diplômé quittant le système scolaire pour entrer dans le marché du travail. "Motivation" ? "Projet professionnel" ? Voilà les questions existentielles de cette génération des jeunes actifs mobilisée dans une impitoyable guerre des CV. A travers son personnage aux prises avec les cabinets de recrutement et autres DRH, c'est le mode de vie, les angoisses, les désirs de la génération des 25-35 ans qui sont dépeints avec bonheur. Ici, on voit apparaître les pittoresques "Glandignés", ou ceux qui cherchent du travail et un appartement sans trop se fatiguer ; là des descriptions au vitriol nous mènent dans les coulisses du marketing, du conseil ou du journalisme. Ainsi sont abordés avec légèreté, les problèmes auxquels sont confrontés les jeunes diplômés : cloisonnement du marché du travail, utilisation névrotique des sites de réseaux sociaux (Linkedin/Viadeo/Facebook), prépondérance du réseau relationnel sur le diplôme, frustration générée par les chasseurs de têtes (ne sont chassés que ceux qui ont déjà du travail !), décryptage des offres d'emplois, compétition féroce entre jeunes actifs, culte du diplôme, difficultés de logement... L'auteur met à profit son expérience pour livrer un témoignage dont l'humour bat en brèche tout défaitisme et donner la parole à une génération qui s'exprime peu, trop souvent caricaturée en Tanguy ou objectivée en statistiques.
Née à Buenos Aires, Marcela Iacub est juriste et chercheur au CNRS. Elle intègre le barreau de Buenos Aires à vingt et un ans. En 1989, elle s'installe à Paris, où elle devient juriste spécialisée dans la bioéthique. Après sa thèse de doctorat à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), sous la direction du professeur Antoine Lyon-Caen, elle devient chercheuse au CNRS et membre associée au Centre d'étude des normes juridiques de l'EHESS. Marcela Iacub est l'une des meilleures spécialistes en bioéthique, elle travaille notamment sur les problèmes posés par l'évolution des technologies de la procréation et les revendications contemporaines touchant à la sexualité. Marcela Iacub est l'auteur de Le Crime était presque sexuel (EPEL, 2002), Penser les droits de la naissance (PUF, 2003), Qu'avez-vous fait de la libération sexuelle ? (Flammarion, 2002), L'Empire du ventre (Fayard, 2004), Aimer tue (Stock, 2005), Bêtes et victimes (Stock, 2005), Antimanuel d'éducation sexuelle, avec Patrice Maniglier (Bréal, 2005) et Une journée dans la vie de Lionel Jospin (Fayard, 2006). photo : © CROCUSSS/OPALE
La galère, c'est d'abord l'expérience de ces jeunes dominés par l'incertitude, le flottement des projets, les longues périodes d'oisiveté entrecoupées de petits boulots, la délinquance présente et peu spectaculaire, le risque de destruction du sujet lui-même. Cependant la galère n'est pas uniquement le produit de la crise économique et du chômage; elle apparaît au crépuscule de la société industrielle, lorsque tout un monde se défait morceau par morceau dans ses formes d'intégration, ses rapports sociaux et ses modes d'action collective.
De Seraing, ville industrielle wallonne dominée par la culture ouvrière, aux Minguettes à Venissieux avec ses jeunes immigrés, en passant par Orly, Sartrouville, Champigny et Clichy, François Dubet restitue l'expérience de la galère, la manière dont elle se construit chez les jeunes et dont elle est perçue par les adultes. Hors des catégories de la sociologie classique de la délinquance, la galère est une action de classe dangereuse faite de désintégration, d'exclusion et de rage. Les régulations traditionnelles se sont épuisées, les mécanismes d'intégration scolaire et professionnelle se sont durcis et surtout, la conscience de classe ouvrière ne parvient plus à donner sens à l'ensemble d'une expérience de domination.
Mais la galère n'est pas une pure destruction. D'elle surgissent parfois de nouvelles formes de protestation et de mobilisation. C'est là que naît le mouvement des jeunes immigrés et que sont esquissés les traits d'un nouveau visage d'une action contestataire au sein même de la mise hors jeu de cette jeunesse.
François Dubet, maître de conférence à l'Université de Bordeaux II et chercheur au CADIS (Centre d'analyse et d'intervention sociologique) à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, est notamment l'auteur de Le Mouvement ouvrier (Fayard, 1984) et L'Etat et les jeunes (Editions ouvrières, 1985).
À première vue, ça peut sembler banal. Une classe de seconde qui se distingue en remportant un concours, ça arrive tous les ans. Mais quand il s'agit d'un lycée de banlieue où les profs, à force de se confronter à des cas difficiles, ont des raisons d'être lassés, et où les élèves, à force d'être mal vus, perdent leur estime d'eux-mêmes, l'événement acquiert une tout autre portée. Et quand ce concours porte sur la Shoah, à une époque qui excite l'antisémitisme et le racisme, cette victoire devient puissante.
Puissante au point d'inspirer à l'un des élèves de la classe, Ahmed Dramé, une belle histoire à scénariser et un livre édifiant à écrire.
Derrière le quotidien singulier d'une classe « à problèmes » devenue classe à lauriers, au-delà de l'audace de ses protagonistes et de la transformation d'Ahmed, se dessinent en filigrane les pires errements de l'Histoire.
Le lycéen devenu adulte ne sortira pas indemne de sa rencontre avec Léon et les autres survivants, à l'âme abîmée mais rayonnante. Il renaîtra profondément touché et infiniment plus fort.
« Sans les familles, il n'y a pas d'histoires. »
La dernière fois que Lien a vu ses parents, c'était en 1942, à La Haye, alors qu'une inconnue l'emmenait loin de chez elle pour échapper aux Allemands. Elle avait huit ans. Élevée dans l'amour d'une famille adoptive, elle a pourtant rompu avec ceux qui l'avaient protégée. Près de cinquante ans plus tard, Bart Van Es se lance dans l'exploration de ce passé. Qui était cette petite fille, cachée par ses grands-parents, avec laquelle son père a été élevé et dont personne ne prononce plus le nom ? Que s'est-il passé pendant la guerre, et après ?
Lien a aujourd'hui quatre-vingt-cinq ans, elle vit à Amsterdam, et l'enquête réparatrice de Bart Van Es va leur permettre à tous deux d'affronter leur histoire. Celle d'une enfance meurtrie par la guerre ; celle d'une famille qui dut faire face au traumatisme que la barbarie nazie sema derrière elle ; celle d'un pays qui plus que d'autres collabora à la déportation des Juifs.
Bart Van Es livre le récit bouleversant de cette vie volée, rassemblant patiemment les pièces d'un passé jusque-là effacé.
Bart Van Es est professeur de littérature anglaise à l'université d'Oxford (Royaume-Uni). Spécialiste d'Edmund Spenser et de Shakespeare, il leur a consacré plusieurs livres reconnus. The Cut Out Girl (Penguin Random House, 2018), traduit ici, a remporté le Costa Book of the Year 2018.
Traduction de l'anglais (Grande-Bretagne) par Clément Baude
18 avril 2015. Un chalutier clandestin transportant
800 personnes en direction de l'Italie sombre
dans les eaux internationales, au large de la Libye.
Au lendemain du naufrage, Matteo Renzi s'engage
devant la presse à remonter l'épave et à donner à
chaque victime une sépulture digne et un nom.
Lorsque la journaliste Taina Tervonen se rend
à la morgue de Milan seize mois plus tard, pour
rencontrer l'équipe en charge des identifications, elle
découvre parmi les objets personnels des naufragés
un téléphone Nokia jaune citron en trois morceaux
et un bout de plastique, destiné à le protéger de l'eau.
C'est tout ce qui reste de PM390047, dont le corps
resté anonyme est enterré dans le carré des migrants
du cimetière de Catane, en Sicile.
Qui était-il ? Taina Tervonen décide de remonter
le fil de son histoire, de Milan à Catane, en passant
par le Niger et le Sénégal. Sur sa route, elle croise
des dizaines de destins brisés aux portes de l'Europe,
et entend le désarroi de leurs proches face à
l'impossible deuil. Une enquête, aussi bouleversante
que vertigineuse, sur un des plus gros enjeux de notre
temps.
Taina Tervonen est journaliste et réalisatrice.
Elle a travaillé sur les disparus en Bosnie et en
Méditerranée.
Pourquoi être une star ? Quelles que soient les réponses, c'est toujours à la fin pour gagner de l'argent. Et comment gagner très vite beaucoup d'argent quand on n'a pas de talent particulier ? En devenant le meilleur des truands. Casinos, drogue, filles et boîtes de nuit sont des loisirs que partagent sans compter stars et truands. Ils échangeraient d'ailleurs volontiers leurs rôles de temps en temps.
Parmi les héros du cinéma français, ils sont nombreux à avoir le "complexe du voyou", parfois au point de faire un tour par la case « prison », et pas pour un simple tournage. Samy Naceri est un exemple emblématique de cette dualité, mais bien avant lui d'autres acteurs illustres s'étaient encanaillés avec des parrains du Milieu. La fascination semble réciproque et les truands les plus insaisissables, en plein « complexe de star », cherchent parfois dans la presse à lire le récit de leurs frasques.Spécialiste de la criminalité organisée et du grand banditisme, Thierry Colombié fait parler ceux qui, dans l'ombre, ont côtoyé les people du cinéma français, il revient sur l'amitié qui unissait Alain Delon et les frères Guérini ou celle qui rapproche Johnny Hallyday du monde de la nuit. Entrez dans le monde du showbiz par une porte dérobée !