En montrant comment le néolibéralisme - de la deuxième gauche à Emmanuel Macron - a transformé le modèle socioéconomique français, en insistant sur le lien entre dynamique économique et transformation des rapports de force, cet ouvrage permet de comprendre l'instabilité actuelle des gouvernements néolibéraux et leur recours à l'autoritarisme.
Le livre documente d'abord les difficultés économiques rencontrées depuis la fin des années 1970 - croissance molle, chômage, etc. -, tout en montrant que la présentation du caractère prétendument impératif des réformes structurelles pour y faire face est trompeuse et partiale. Il analyse ensuite les ressorts et la circulation de l'idéologie qui a permis la mise en oeuvre de cet agenda. Les liens entre néolibéralisme et modernisme, et la manière dont ils se sont noués au sein des appareils politiques sont finement disséqués.
Enfin, il étudie la constitution des blocs sociaux de droite et de gauche, traditionnellement en concurrence pour exercer un rôle dominant, leur désagrégation à mesure que l'agenda néolibéral progresse, et la formation d'un nouveau bloc social, le bloc bourgeois. Ainsi la crise systémique actuelle se caractérise-t-elle par une instabilité endémique, en raison d'un exercice du pouvoir chroniquement minoritaire. L'absence de formule politique qui permette d'intégrer les attentes d'une majorité de la population demeure en effet une contradiction irrésolue des forces néolibérales.
Aucun économiste n'a jamais avancé la supposée théorie du ruissellement, selon laquelle les riches doivent être plus riches pour que les pauvres soient moins pauvres, alors qu'elle est régulièrement convoquée par nombre d' experts sur les plateaux de télévision. Un mythe tenace qu'Arnaud Parienty décortique ici, démontrant l'artifice conceptuel autant que ses effets désastreux.
Emmanuel Macron, 15 octobre 2017 : " Pour que notre société aille mieux, il faut des gens qui réussissent ! [...] Je ne crois pas au ruissellement, mais je crois à la cordée. [...] Si l'on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c'est toute la cordée qui dégringole. " Le 6 janvier 2018, le porte-parole du gouvernement enfonce le clou : " Ce n'est pas un gouvernement qui fait des cadeaux aux riches ! C'est un gouvernement qui permet à l'argent d'être investi dans les entreprises pour nos emplois en France. " Un résumé saisissant de la notion de
trickle-down effect (effet de ruissellement) avancée en 1981 par le directeur du budget de Ronald Reagan : " Donner les réductions d'impôts aux tranches supérieures, aux individus les plus riches et aux plus grandes entreprises, et laisser les bons effets "ruisseler' à travers l'économie pour atteindre tout le monde. "
Telle semble bien la logique des mesures adoptées depuis 2017 par le gouvernement Macron/Philippe, même s'il affirme le contraire. Et même si aucun économiste n'a jamais produit une " théorie du ruissellement ". Alors comment expliquer que cette idée si décriée soit encore mise en oeuvre ? En analysant son fonctionnement comme celui d'un mythe, c'est-à-dire une construction imaginaire largement partagée. C'est ce que propose Arnaud Parienty dans cet essai enlevé et pédagogique. Il y décortique avec méthode les clichés répétés sur les plateaux de télévision : " trop d'impôts tue l'impôt ", ils favorisent l'évasion fiscale, etc. Et il remet en perspective la façon dont les politiques néolibérales ont conduit, partout dans le monde, à une explosion des inégalités, sans pour autant favoriser la croissance et l'emploi, contrairement à ce que prônent les adeptes du ruissellement.
Dans ce bref essai, très accessible, Immanuel Wallerstein propose une approche synthétique des idées-forces qui traversent son oeuvre, consacrée à l'étude du capitalisme comme entité globale et historique, constituant le système-monde moderne. En retraçant les étapes du capitalisme au cours des cinq derniers siècles, il met en évidence ses composantes qui ont constamment évolué comme celles qui sont restées invariantes. Et en mettant l'accent sur l'émergence et le développement d'un marché mondial unifié, avec la division internationale du travail qui l'a accompagné, il montre comment le capitalisme a provoqué l'appauvrissement des pays du tiers monde. Et pourquoi les problèmes économiques et sociaux de ces pays perdureront tant qu'ils resteront intégrés au capitalisme mondial.Un ouvrage indispensable pour comprendre la pensée de l'un des plus importants théoriciens du capitalisme comme mode de production universel et des forces antisystémiques qui le défient.
Avec près de 25 000 exemplaires vendus, cet ouvrage est devenu le dictionnaire d'analyse économique le plus diffusé au sein de l'université française.
Avec plus de 25 000 exemplaires, cet ouvrage est devenu le dictionnaire d'économie de référence le plus diffusé. Cette quatrième édition a été profondément modifiée, la crise commencée en 2007 justifiant un retour critique sur les théories dominantes - notamment en macro-économie - tout en remettant au goût du jour des auteurs comme Marx et Keynes. Certaines entrées d'une importance renouvelée, comme la monnaie et la finance, ont été complètement remaniées. Elles ont été complétées par de nouvelles rubriques ayant trait à la politique monétaire et à la politique budgétaire ainsi qu'à des phénomènes que la crise a remis sur le devant de la scène ou révélés - tels la déflation, la trappe à liquidité, le shadow banking ou le quantitative easing.
Le pari de cet ouvrage est d'introduire cette discipline à partir de textes, classiques ou inédits, de quelques-uns des auteurs les plus marquants de l'histoire globale. Une somme impressionnante et pluridisciplinaire.
En quoi l'actuel renouveau de l'Asie plonge-t-il ses racines dans une " longue durée globale " ? Quelle est la nature des changements structurels accompagnant la croissance démographique, le développement de l'État et du commerce, l'accumulation localisée des richesses et des savoirs ? Comment rendre intelligible une expansion géographique des flux d'échange et le déploiement parfois concomitant du capitalisme à l'échelle nationale, puis mondiale ? Pour la première fois en France, un ouvrage réunit anthropologues, économistes, politologues, sociologues et historiens pour répondre à ces questions et esquisser les grandes lignes d'un nouveau programme de recherche : l'Histoire globale. Celle-ci recouvre d'abord une analyse du rôle crucial du monde non européen dans l'histoire de l'humanité pour sortir enfin d'une démarche trop " eurocentrée ". Elle constitue ensuite un profond renouvellement de l'analyse en termes de système-monde, au-delà des oeuvres incontournables de Braudel et de Wallerstein. Elle inclut enfin l'analyse comparative des processus de mondialisation. Le pari de cet ouvrage est de présenter l'Histoire globale à partir de textes classiques ou inédits de quelques-uns de ses auteurs les plus marquants. Un prologue propose une synthèse de ses problématiques et recherches les plus caractéristiques, en soulignant leurs enjeux épistémologiques pour les sciences sociales. Les contributions de Beaujard, Bentley, Goody, Hall et Chase-Dunn éclairent les processus pluriséculaires d'intégration intercontinentale ; celles d'Aglietta, Arrighi et Silver, Gills et Denemark, Wallerstein abordent la naissance, le développement et les crises du capitalisme global ; les écrits de Berger, Goldstone, Norel, Pomeranz, Wong analysent les liens entre les épisodes de croissance et de créativité culturelle récurrents (ou " efflorescences "), et les processus de mondialisation.
L'effondrement financier de la Russie, en août 1998, a déclenché une double réaction en chaîne aux effets dévastateurs. D'abord, et surtout, pour la population russe, confrontée à une crise politique, économique et sociale sans précédent. Mais aussi, d'une autre façon, pour le reste du monde, en particulier pour les pays de l'Union européenne. Pour comprendre cette crise et ses effets possibles à moyen et long terme, il est fondamental d'en connaître les causes. Tel est le premier objet de court essai de l'un des meilleurs spécialistes français de la Russie. Jacques Sapir y montre, de façon particulièrement convaincante, pourquoi le krach, pourtant largement prévisible, a surpris la majorité des responsables et des experts occidentaux : ceux-ci ont préféré fermer les yeux sur le chaos dans lequel le pays était plongé depuis plusieurs années. Et il montre aussi comment ces responsables (FMI, G7...) ont encouragé les gouvernements russes à suivre des politiques qui ne pouvaient mener qu'à des impasses. Tout autant que ses graves conséquences matérielles, le krach a ouvert une profonde crise morale en Russie, qui frappe de discrédit la nouvelle élite russe, coupée de la société et déchirée par de féroces conflits. Mais cette crise touche aussi les opinions occidentales, choquées par les erreurs incroyables des grandes puissances qui prétendent régenter le monde. Pourtant, le pire n'est pas sûr, comme le montre Jacques Sapir en explorant en conclusion les conditions du redressement.
Comment se sont formés, depuis deux siècles, les traits fondamentaux de l'industrie française ?
Quelles sont les caractéristiques actuelles du tissu industriel ?
Comment l'industrie s'est-elle redéployée depuis 1975 ?
Que peut-on dire, aujourd'hui, de la compétitivité de l'industrie ?
Quelles sont les menaces et les opportunités du grand marché unique européen ?
Quel est l'avenir de l'industrie face à la "tertiarisation" de l'économie ?
Élaborée au début des années 1970, la théorie de la régulation emprunte à Marx le concept de capitalisme, à l'école des Annales le sens de la profondeur historique, et aux postkeynésiens les outils de la macroéconomie. Cet ouvrage, signé d'un de ses principaux théoriciens, en présente les notions centrales et la variété des méthodes, puis en synthétise les principaux résultats.
Pourquoi le régime de croissance des trente glorieuses s'est-il enrayé ? Comment expliquer que les innovations financières aient d'abord accéléré la croissance avant de déboucher sur une crise majeure ? L'euro, supposé unifier le vieux continent, ne creuse-t-il pas une fracture Nord-Sud ?
La théorie de la régulation répond à ces questions. Lors de sa création, dans les années 1970, elle a emprunté à Marx l'analyse de la dynamique du capitalisme, à l'école des Annales la nécessité d'une mise en perspective historique longue, aux post-keynésiens les outils de la macroéconomie. Depuis, elle n'a pas cessé de retravailler ses concepts, ses méthodes, et d'étendre son champ d'application. Aujourd'hui, sous l'hypothèse fondatrice du rôle déterminant des institutions et de leur architecture, elle est une économie politique qui explique les régimes de croissance stabilisée et leurs crises, avec une attention particulière à l'articulation de l'économique et du politique.
Cet ouvrage expose les notions centrales de la théorie de la régulation en les situant par rapport aux théories orthodoxes, mais aussi aux différentes alternatives hétérodoxes. Ce manuel d'économie politique, sans équivalent, synthétise plusieurs décennies de travaux d'un réseau international de chercheurs.
Rien n'est plus important aux yeux des sociétés modernes que l'argent. Et pourtant nous ignorons à peu près tout de ses origines et de ses significations. Nous croyons savoir qu'il a été inventé en vue de faciliter les échanges économiques de biens utiles, auparavant fondés sur le troc. Cette représentation, partagée par nombre de spécialistes, est pourtant, comme le démontre ce livre novateur, radicalement fausse.
Rien n'est plus important aux yeux des sociétés modernes que l'argent. Et pourtant nous ignorons à peu près tout de ses origines et de ses significations. Nous croyons savoir qu'il a été inventé en vue de faciliter les échanges économiques de biens utiles, auparavant fondés sur le troc. Cette représentation, partagée par nombre de spécialistes, est pourtant, comme le démontre ce livre novateur, radicalement fausse. Dans les sociétés sauvages et archaïques, la monnaie existe sous forme de biens précieux dénombrables, mais elle ne permet pas d'acheter - et notammeant pas des biens puisque ceux-ci ne sont pas vendus mais donnés. Elle permet seulement de s'acquitter d'une dette de vie qui, pourtant, ne peut jamais être abolie. Ces monnaires archaïques, explique Philippe Rospabé, sont données comme substitut de vie, à titre de gage par lequel les donneurs de biens s'engagent à rendre une vie pour celle qu'ils ont prise à un autre groupe. Pour les société archaïques, la monnaire, c'est la vie : par le versement du "prix de la fiancée", elle salue le don d'une femme porteuse de vie donnée en mariage ; par le "prix du sang", elle compense la mort qu'on a infligée. On mesure les implications multiples de cette analyse rigoureuse de certaines des institutions clés des sociétés sauvages, appuyée notamment sur une lecture exhaustive du matériau ethnographique récent consacré à la Nouvelle-Guinée. Ce livre passionnera autant les économistes que les ethnologues, les sociologues que les philosophes.
Le développement des luttes contre l'aménagement capitaliste du territoire, du Larzac à Malville, l'émergence d'une conscience régionale anticapitaliste, d'Occitanie en Bretagne, font ressortir les carences et les lacunes de la réflexion marxiste sur l'espace. C'est cette lacune que ce livre contribue à combler. Il propose plusieurs axes de réflexion : ce qu'est l'espace lui-même : quel rapport entretient-il avec les objets qu'étudie le matérialisme historique, en particulier le mode de production capitaliste ? ; partant de là : comment le matérialisme historique permet-il de comprendre le caractère hétérogène, inégalement développé, de l'espace concret, et la polarisation entre les nations, entre les régions ? ; cet inégal développement des régions étant historiquement acquis, quel rapport actuel entretient-il avec l'accumulation capitaliste ? En particulier, comment le capital monopoliste utilise-t-il cet inégal développement ? Le capitalisme n'est pas une entité douée de raison, mais la structure qui domine et que reproduit la pratique d'agents privés : les capitalistes. La régulation de ces pratiques privées qui concourrent à la reproduction du capital social, c'est la loi de la valeur. Existe-t-il une loi de la valeur dans l'espace ? Qui régule spatialement l'activité des capitalistes individuels ? Les simples mécanismes économiques ne permettant de maîtriser ni les conséquences socio-politiques du développement inégal, ni même les conditions de l'inscription dans l'espace des activités capitalistes, se trouve posée la question du rôle de l'État. Ainsi sont mis à jour un certain rapport entre division du travail, division de l'espace, rapports marchands et rapports Étatiques et ramène aux premières remarques de Marx et d'Engels sur la question, tout en inspirant quelques réflexions sur l'espace de la dictature du prolétariat... et des luttes actuelles en Chine.
La théorie économique bourgeoise ne désigne généralement par mobilité du travail, que les déplacements des hommes à travers l'espace économique, réduisant toujours la notion au rôle d'objet second de l'analyse économique. Or, à lire les stratégies du pouvoir capitaliste et les textes qui les appuient, comme à interpréter les luttes ouvrières, une autre conception se dégage, qui fait de la mobilité du travail une pièce maîtresse de toute stratégie de développement capitaliste. À travers les phénomènes qu'elle désigne, se manifeste toujours la manière dont les hommes soumettent leur comportement aux exigences de l'accumulation du capital, se manifeste aussi cet élément essentiel - mais non dit - de la croissance capitaliste, la docilité des corps des travailleurs dans l'espace et dans le temps. Aujourd'hui, des luttes populaires de plus en plus nombreuses refusent, et combattent cette stratégie capitaliste de mobilité forcée. Ce livre restitue les principaux traits d'un tel conflit et en analyse les aspects théoriques : à travers la manière dont la théorie néo-classique fournit le concept adéquat à la politique capitaliste de mobilité ; à travers la manière, jusqu'ici jamais étudiée, dont la théorie marxiste permet de comprendre le rôle essentiel joué par la mobilité du travail dans le procès d'accumulation capitaliste, à travers la manière dont elle permet aussi de poser les fondements d'une autre stratégie, nommée ici stratégie de l'immobilité, conforme aux aspirations qui se dégagent des luttes populaires contemporaines. Aux deux concepts, néo-classique et marxiste, de mobilité du travail, répondent ainsi deux conceptions du développement. Deux mondes qui s'affrontent, deux pouvoirs.
L'économie politique en tant que science : l'objet, la méthode et l'espace face aux autres branches des sciences sociales. L'histoire de l'économie politique : la pensée économique à l'ère précapitaliste ; la naissance à l'étape du capitalisme industriel ; le développement à l'étape capitaliste, et à l'étape de la transition vers le socialisme. L'économie politique, science des modes de production : du concept de mode de production ; les caractéristiques essentielles du mode de production capitaliste. Les caractéristiques essentielles du mode de production socialiste.
La gauche divisée, la gauche malade, la gauche impuissante ? Sans aucun doute : la perte de ses deux modèles de référence - le socialisme bureaucratique de l'Est et l'État-providence des grandes social-démocraties européennes - la met dans l'impasse. À l'origine, une histoire exclue par toutes les orthodoxies en place : celle de la classe ouvrière dans ses rapports à l'État. De tous les réformismes d'État européens, le modèle scandinave est sans doute le plus exemplaire et le plus fascinant. La Suède donc, avec tous ses paradoxes : une société plus égalitaire pour les deux sexes, une classe ouvrière qui a modelé la vie quotidienne, une école unique rêve de tout pédagogue français, un pouvoir syndical sans précédent... Mais aussi l'envers : bureaucratie réformiste et État libéral-corporatiste envahissants, concentration inégalée du pouvoir économique, bien-être fragilisé... Ni historiquement minoritaires, ni ennemi principal, ces expériences social-démocrates du mouvement ouvrier demeurent un défi. Défi politique lancé à l'eurocommunisme et à la gauche mondiale. Défi théorique mettant à mal tout un marxisme stérilisé par Staline et Keynes. Défi stratégique enfin : partout, un même vent conservateur balaie les social-démocraties keynésiennes, provoquant éclatements et reformulations de leurs projets. Ces défis nous concernent tous. Où vont les social-démocraties dans la crise ? Que serait un Marx sans Keynes ? Un socialisme post-keynésien, loin de tous les étatismes, productivismes et sexismes dominants ? Autant de questions ouvertes par l'enjeu social-démocrate. Ni plus ni moins que la recherche nouvelle et difficile d'un socialisme, brisant avec la logique mortifère des deux camps et ses modèles. Une idée neuve en Europe et ailleurs...
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Crise de la société, crise du marxisme : deux constats qui font, aujourd'hui, figure d'idées reçues. Dans ce livre, le quinzième de la collection « Intervention en économie politique », les auteurs proposent une approche différente - liant les phénomènes de socialisation et salariat - qui tente de rompre avec la tendance au fractionnement, au cloisonnement des faits, des hommes, de l'histoire, qui prévaut trop souvent chez les théoriciens marxistes. D'où une critique de l'analyse de la régulation, du (des) courant(s) « crise de marxisme ».
Sont présentés ensuite les enjeux - concrets et théoriques - de l'approche esquissée : extension du salariat dans les pays du Tiers Monde : apparition d'une économie de crédit international ; démystification du processus d'industrialisation de l'agriculture ; essai d'explication, à partir de la crise du fordisme, des échecs et des faiblesses de l'industrialisation du Tiers Monde, « vitrine » de la crise industrielle et salariale du capitalisme. Enfin, Philippe Zarifian recherche les conditions - politiques et économiques - qui permettraient d'éviter une « socialisation par le haut » : comment les travailleurs eux-mêmes peuvent-ils reconquérir l'appareil de production, se le réapproprier, à partir de nouvelles pratiques sociales ?
Des questions décisives, pour imaginer une « sortie de crise » dans un système socialiste, qui ne répète ni l'échec des pays de l'Est, ni celui de certains pays progressistes du Tiers Monde.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
À écouter les commentateurs de l'actualité économique, la théorie de Marx a triomphé, Il va de soi que la valeur des marchandises dépend du temps dépensé pour les produire, de la productivité. Il va de soi que le partage de la valeur ajoutée dépend de l'intensité du travail, de sa durée hebdomadaire, et du pouvoir d'achat des salariés. La valeur et le taux d'exploitation, que Marx voyait cachés derrière le mouvement apparent de l'économie, s'affichent aujourd'hui, à peine maquillés, sur la voie publique. Et pourtant, à entendre les docteurs et les marxologues, la théorie économique de Marx, déjà tissée d'erreurs logiques, est définitivement caduque. Le centenaire de sa mort serait la célébration de son échec historique. D'où vient ce contraste ? De l'absence d'une théorie marxiste, du lien précis entre cette réalité cachée (la valeur et l'exploitation) et la réalité apparente (le monde enchanté des prix et des revenus). L'ambition de cet ouvrage est de montrer que ce lien existe, et que Marx en a amorcé la théorie. Alain Lipietz prouve dans ce livre que les outils étonnants et méconnus, que Marx nous proposait (valeur en procès, connexions externes) se révèlent d'une stupéfiante actualité. Ils illuminent, à condition d'être mis en oeuvre dans le cadre d'une monnaie de crédit, ce phénomène que Marx avait imaginé sans y croire : l'envol inflationniste comme forme étirée de la crise. Ils nous mettent en garde contre ces thèses peu fondées qui inspirent des politiques désastreuses : celles du monétarisme...
Peut-on sortir des contraintes imposées par le système économique mondial ? Le tenter ne conduit-il pas nécessairement à la terne stagnation du socialisme des casernes ? Quelle est la marge de manoeuvre dont dispose un quelconque État du tiers monde ? Est-il condamné à la dépendance ? L'auteur du Développement inégal, du Matérialisme et la loi de la valeur, de Classe et nation dans l'histoire et la crise contemporaine, et de L'avenir du maoïsme, défend dans ce nouveau livre la thèse d'un décrochage, non seulement possible mais nécessaire, de la logique centre/périphérie. La déconnexion - concept stratégique proposé en complément de celui de développement autocentré national et populaire - s'impose avec force aux peuples du tiers monde, qui veulent éviter les réajustements dramatiques provoqués par la crise, telle la famine ou la guerre. Mais elle concerne tout autant les États du Nord, en redéfinissant les règles du jeu planétaire. L'auteur voit d'ailleurs dans les mouvements Verts européens, comme dans le regain du fait religieux dans le monde entier, les signes de la nécessaire réadaptation des stratégies et des tactiques politiques oeuvrant pour un autre développement. Approche globale et renouvelée des grandes mutations du système mondial contemporain, ce livre offre aussi au lecteur une présentation, claire et synthétique, des concepts-clé de l'oeuvre de Samir Amin, devenus objet de débats et de controverses dans le monde entier.
Le titre de cet ouvrage collectif est à dessein ambivalent : pour ses auteurs, c'est aussi bien le système économique que la manière de l'analyser qui doivent être changés. Dans cette période troublée, où s'évanouit le rêve de l'emploi à plein temps pour tous durant toute la vie, et où les économies nationales tendent à se dissoudre sous le choc de la mondialisation, il devient urgent de repenser l'économie. Et plus précisément de repenser conjointement la théorie économique et les politiques économiques. Un ouvrage important, qui intéressera aussi bien les praticiens que les chercheurs et enseignants en sciences économiques insatisfaits des théories aujourd'hui dominantes.