« Plus de dix ans après la crise de 2007, rien n'est réglé. Partout, on a retardé les solutions politiques, économiques, technologiques : plus de monnaie, plus de dette, plus de procrastination, plus de promesses ! Avec l'espoir que le progrès technique, la croissance ou la Providence résoudront tout...
La question n'est pas de savoir si une prochaine crise va éclater, mais quand, et quels seront le déclencheur et le déroulement. Qu'elles soient financières, écologiques ou géopolitiques, ou qu'elles s'enchaînent par un effet de domino, ces crises trouveront leur source dans la priorité donnée au flux sur le stock, à la consommation sur l'épargne et l'investissement, au plaisir sur le patrimoine. J'en imagine ici les différents scénarios probables à court terme et leurs conséquences dévastatrices au niveau planétaire.
L'heure n'est toutefois ni au pessimisme ni à la résignation, mais à l'action positive. C'est aussi l'objet de ce livre que d'aider chacun à se protéger de ces crises qui s'annoncent, et même à en tirer le meilleur. On peut avoir le sentiment que tout cela est hors de portée. Cela ne l'est pas. Cela pourrait le devenir, dans vingt ans, si l'on n'a rien fait d'ici là. Si on agit, je suis convaincu que le siècle à venir peut être prodigieux de paix, de bonheur et de sérénité pour tous. »J. A.
Notre société est-elle encore capable d'agir sur elle-même, de générer des idées et des politiques économiques et sociales ou s'enferme-t'elle dans une crise sans fin ?
D'un côté, les libéraux nous conseillent de renoncer à construire un avenir volontariste et de nous laisser guider par le marché. De l'autre, l'ultra-gauche se contente de dénoncer la domination et de parler au nom de victimes réduites à l'impuissance. Au centre, beaucoup, autrefois de gauche, prenant acte du vide et de la confusion qui règne sur la scène sociale, ne croient plus qu'à la défense des institutions républicaines, synonyme, ou peu s'en faut, d'ordre et de discipline.
J'ai écrit ce livre contre ces trois manières de proclamer, d'accepter, de renforcer le vide social. Sortir du libéralisme ? Rien n'est plus urgent. Mais il y a les bonnes et les mauvaises manières de le faire. La voie que j'emprunte ici passe par l'identification et la reconnaissance de nouveaux acteurs, qui cherchent avant tout à faire reconnaître leurs droits culturels et qui peuvent, sans perdre leur indépendance, régénérer l'action politique. Il est grand temps de redéfinir, au-delà de la puissance déchaînée des marchés et des communautarismes extrêmes, une politique du possible et d'obtenir de chacun l'acceptation de l'identité et des projets des autres, regardés comme égaux et différents.
. Le corporatisme français est à nouveau accusé d'impotence, de gaspillage, on le traite de tue-la-croissance, d'ennemi du pouvoir d'achat, de somnifère criminogène. Cette vindicte le laisse froid, comme d'habitude au cours de sa longue vie. Qu'il soit loué, vilipendé ou simplement négligé, « notre » corporatisme n'a cessé d'affirmer une très belle et invulnérable santé. Dès sa naissance, sa fonction est claire : assurer l'ordre social à l'intérieur d'un espace géographique, concilier les intérêts individuels dont le contenu est indissociable de l'exercice d'un métier, et un intérêt collectif dont l'assurance est confiée au pouvoir politique. De sa naissance moyenâgeuse à la fin de son adolescence, il vit à l'ombre d'une monarchie dont il constitue le socle économique et social. Le corporatisme institue les métiers, lieux des solidarités, mais aussi des affrontements, pour interlocuteurs permanents d'un pouvoir politique chargé de pallier leurs carences éventuelles, d'arbitrer leurs conflits et d'assurer les meilleures conditions à la réalisation de leurs projets. Le destin du capitalisme mondial triomphant est tout à la fois l'industrialisation généralisée, encore plus l'informatisation, l'inévitable ploutocratie que porte en elle la prolifération de fortunes considérables, l'exclusion aussi, bien sûr, mais plus encore le corporatisme, indispensable à une stabilité sociale qui dépend de la classe moyenne, de cette immense armée d'employé(e)s adonnés à des métiers de plus en plus spécialisés et, pour certains, imprévisibles dans un futur plus ou moins éloigné. Le corporatisme n'a jamais été ni suprême, ni supérieur, et il ne le sera jamais. Il lui suffira d'être le stade ultime du capitalisme triomphant dont il fut le prolégomène avant l'industrialisation, et dont il sera l'héritier une fois apaisée la violence nécessaire à toute création, fût-elle de valeur. Le capitalisme est condamné à n'être qu'une transition, d'autant moins durable que son succès sera général et rapide. Après tout, le profit intelligent ne devient-il pas rente ? Et le progrès technique, né du génie de quelques-uns, incorporé et propagé à l'ensemble des peuples de la planète, n'a-t-il pas pour raison essentielle, voire unique, de démocratiser le sort enviable des rentiers, actifs et inactifs, assurés de la stabilité de leur condition ? Le bref et brillant essai d'Alain Cotta scrute les mille et une adaptations du corporatisme après l'abrogation des corporations par la loi le Chapelier sous la Révolution, ses résurgences et ses redéploiements sous la révolution industrielle, son précaire triomphe sous les fascismes allemand et italien, sous Pétain, sa routinière continuation après guerre et son ultime métamorphose avec l'abaissement des barrières et la globalisation, où les excès du marché et les insuffisances d'une régulation languide continuent de lui assurer une tranquille prévalence
Dans les premières années du XXIe siècle, une bulle se développa au sein de l'immobilier résidentiel américain. L'appréciation rapide du prix des maisons permit à des emprunteurs peu fortunés, regroupés au sein du secteur subprime, d'accéder au statut envié de propriétaires. La bulle requérait un flux constant de nouvelles recrues et quand celles-ci firent défaut en 2006, la bulle éclata : les prix de l'immobilier stagnèrent avant de partir à la baisse. Les emprunteurs subprime qui ne pouvaient faire face à leurs engagements sans une appréciation constante du prix de leur logement se retrouvèrent rapidement en situation délicate. La mise sur le marché de leurs logements ne fit qu'aggraver la crise.
L'industrie financière s'était d'abord adaptée passivement à la bulle, elle la facilita ensuite en mettant au point de nouveauux types de prêt. La "titrisation" permit de regrouper des collection de plusieurs milliers de ces prêts sous la forme d'une obligation classique vendue à des investisseurs éparpillés à la surface de la planète. Quand un nombre important d'emprunteurs subprime jetèrent l'éponge, ces oblagations tombèrent sous la barre de la rentabilité, entraînant des pertes considérables pour les établissements financiers qui les détenaient dans leur portefeuille. Affaiblis, ceux-ci accordèrent de moins en moins de prêts, provoquant un tarissement du crédit qui ne tarda pas à affecter l'économie réelle dont la vitalité repose sur l'accès à ces capitaux.
Tel est l'enchaînement qui a abouti à la crise financière majeure partie des Etats-Unis et qui ébranle ou menace le système bancaire de plusieurs pays européens.Anthropologue réputé, expert en intelligence artificielle et spécialiste de la formation des prix travaillant dans le monde bancaire, Paul Jorion jette depuis plusieurs années un autre regard sur l'économie ; il annonçait ainsi dès 2005 ce qui allait devenir la crise des subprimes.
Après l'effondrement du régime communiste et le succès des privatisations, le capitalisme possède désormais un monopole dont les débuts sont spectaculaires et préoccupants.
Le capitalisme du siècle à venir ressemblera fort peu à celui du siècle précédent. Il se sera médiatisé et livrera au jeu des pouvoirs économiques et financiers tous les grands moyens de la communication sociale, à commencer par la télévision. Il aura connu l'excitation de ses activités financières, vu les fortunes personnelles se dissiper aussi vite qu'elles s'étaient constituées, assisté à la mondialisation d'un paysage financier dominé par la faillite des banques américaines et le triomphe des banques japonaises. Il aura récemment subi les avancées de la corruption dans tous les domaines de la vie économique au point de voir la cohérence sociale menacée et ses fondements moraux dissociés dans une attitude du " Pourquoi pas moi après tout ".
Il sera, surtout, devenu sans politique au sens où le mode d'exercice des pouvoirs démocratiques (suffrage universel, chambres élues, président de République ou de Confédération) connaît dès aujourd'hui une crise grave de légitimité dont on pressent qu'elle n'est pas passagère mais ouvre sur un autre monde.
La France est en panne. Le chômage a cessé de régresser pour reprendre une ascension qui laisse planer la menace de compter trois millions de chômeurs sous peu. La croissance ne cesse, quant à elle, de se ralentir non seulement dans l'absolu mais aussi par comparaison avec l'Allemagne et l'Italie. Si cette situation se poursuit jusqu'à la fin de la décennie, la France ne sera plus que la troisième puissance économique de l'Europe, dépassée par sa soeur latine. Plus grave encore, une crise profonde d'identité nationale se profile à l'horizon. La France en tant que nation ne paraît plus avoir de projets collectifs, industriel, économique, social ou culturel, capables de l'animer.
Comment en est-on arrivé là en dix ans? Pourquoi la France est-elle, aujourd'hui, ligotée? Le principal responsable est un monétarisme dogmatique qui s'est lentement substitué à tout autre forme de politique économique.
Nous devons écarter les deux mâchoires, germanique et latine, de la tenaille qui se resserre autour de nous.
Nous devons, le plus vite possible, nous réinstaller le long d'un sentier de croissance d'au moins 3% en pratiquant une politique de déficit budgétaire de plus grande ampleur.
Nous devons à bref délai refuser que la politique de la France soit faite à Francfort sous le prétexte d'un système monétaire européen qui a vécu, à moins que nous ne restions les seuls à accepter de la confondre avec une " zone mark " qu'il vaudrait mieux réduire au plus tôt à sa plus simple expression.
Retrouver une croissance durable implique que nous restaurions une économie publique qui a toujours constitué une de nos forces les plus vives. En dépit des coups multiples et injustes qui lui auront été portés par un pouvoir dit socialiste, cette restauration est indispensable pour redonner aux Français des projets collectifs qui soient à la mesure de leur passé et leur fassent envisager l'avenir autrement que remboursés par la Sécurité sociale sans ticket modérateur...
Récit de voyage, enquête, portraits, choses vues et entendues, pamphlet, programme, exploration de l'avenir: Le Capital, suite et fins, est tout cela en même temps.
Le capitalisme triomphant aux Etats-Unis, balbutiant en Russie, en Pologne ou en Chine, dévoyé au Brésil ou en Egypte, essoufflé en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, rejeté au Soudan ou en Inde, tel est le héros de cette saga contemporaine: une réponse ironique au Capital de Marx.
Le capitalisme saura-t-il défaire ses ennemis, succombera-t-il à ses crises intérieures, saura-t-il vaincre les fondamentalismes? Comment se concilie-t-il avec les cultures, les religions: les détruit-il, les remplace-t-il? Fonde-t-il ici la démocratie, mais n'en appelle-t-il pas ailleurs à l'autoritarisme, voire au despotisme? Comment crée-t-il de la liberté, mais aussi de la pauvreté et du chômage? Comment enfin, aujourd'hui, un projet libéral devrait-il répondre à l'attente des Français?
Telles sont quelques-unes des interrogations auxquelles Guy Sorman répond dans ce livre à sa manière: vivante, informée, concrète.
L'auteur, à 50 ans, achève ainsi le cycle qu'il a inauguré en 1983 avec La Révolution conservatrice américaine, poursuivi avec La Solution libérale en 1984, L'Etat minimum en 1985, La Nouvelle Richesse des nations en 1987, Les Vrais Penseurs de notre temps en 1989, Sortir du socialisme en 1990, En attendant les Barbares en 1992.
A l'heure où le P.A.F. (Pathos audiovisuel français, alias Paysage audiovisuel français) implose à nouveau, le Directeur général d'Antenne 2 nous entraîne au coeur de la mêlée. Entre Feydeau et Dallas, les " étranges lucarnes " n'ont jamais autant mérité leur nom. Pourtant la télévision est désormais la troisième activité des Français, après le travail et le sommeil, et leur principale source de connaissances. C'est dire l'importance de la bataille engagée pour que renaisse la Télévision publique, malmenée par l'irruption brutale des chaînes commerciales.
En racontant les péripéties de ce feuilleton haletant, Jean-Michel Gaillard nous entraîne dans les coulisses de l'audiovisuel. Il nous fait vivre au rythme d'une entreprise qui se transforme mais nous permet aussi, par une réflexion d'ensemble sur la télévision, de comprendre la partie de bras de fer qui se joue sous nos yeux.
Avec Zappons, enfants de la patrie, vous saurez tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la télé sans jamais oser le demander. C'est le moment!
L'histoire économique est souvent amnésique : elle a oublié des pans entiers de ce qui la compose et renvoyé au rang d'anecdotes des événements majeurs. Ces petites histoires sont pourtant très éclairantes pour comprendre l'évolution de l'humanité, de l'âge de pierre à nos jours.
Le commerce et la disponibilité de l'or, des épices ou des métaux précieux ont fait et défait les empires. Les révolutions dans les technologies, les transports, les armes, dans la fabrication des couleurs ou dans l'espionnage industriel ont chamboulé l'organisation des sociétés autant que les révoltes d'esclaves, les changements climatiques ou les grandes épidémies. Qui gagne, qui perd, qui décide... et à qui profite le commerce ?
En soixante siècles, les modes en économie ont radicalement changé, bouleversant les équilibres entre riches et pauvres. Le pouvoir s'est déplacé sans cesse sur la planète, à très grande vitesse, et bien rares sont les contemporains qui s'en sont rendu compte.
Avec un recul salutaire, Alessandro Giraudo nous plonge dans le chaudron bouillant de notre propre histoire.
Après avoir travaillé notamment à Turin, New York, Genève et Amsterdam, Alessandro Giraudo est actuellement le Chief Economist du groupe international Viel-Tradition à Paris. Il est l'auteur de Mythes et légendes économiques (Economica, 2007), Money Tales (Economica, Londres, 2007) Au Temps des comptoirs (avec Philippe Chalmin, Bourin, 2010) et Le Nerf de la guerre (Pierre de Taillac, 2013).Préface de Jean-Marc Daniel