Longtemps arriérée et périphérique par rapport aux grandes civilisations de l'Asie, une économie européenne a émergé lentement, du ixe au xiiie siècle. Devenue une réalité du xve au xviiie siècle, elle a préparé la mutation de la Révolution industrielle. Grâce à l'accélération de la croissance au xixe siècle, et en dépit du contraste entre pays "riches" au nord, pays "pauvres" au sud et à l'est, l'économie européenne était plus intégrée en 1900 qu'elle ne l'est en 2000.
En insistant sur les caractères communs à l'espace économique de l'Europe, sur les relations entre ses différentes parties, sur la diffusion des institutions et des technologies, sur les migrations de main-d'oeuvre, de savoir-faire, de capitaux, sur le rôle des diasporas, François Crouzet signe ici une magistrale synthèse. Cette "histoire de l'économie européenne" nous permet de mieux comprendre les débats actuels sur les heurs et malheurs de l'Europe.
La prégnance de l'économie sur la vie des hommes n'est pas plus à démontrer que leur morosité et leur souffrance. Comment s'est construit notre « imaginaire économique », notre vision économique du monde ? Pourquoi voyons-nous aujourd'hui le monde à travers les prisme de l'utilité, du travail, de la compétition, de la concurrence et de la croissance sans fins ? Nous avons inventé la valeur-travail, la valeur-argent, la valeur-compétition, et construit un monde où rien n'a plus de valeur mais où out possède un prix ? Au fil d'une passionnante mise en perspective historico-économique, Serge Latouche revient aux origines de cette économie que les premiers économistes appelaient la « science sinistre ». Servi par une brillante érudition économique et philosophique, cet ouvrage montre la manière dont s'est façonné notre obsession utilitariste et quantitative, et nous permet ainsi de porter un regard neuf sur notre monde.
« Consacré à l'économie du IVe au XIe siècle, l'ouvrage de Robert Latouche, Doyen honoraire de la Faculté des Lettres de Grenoble, ouvre des horizons très vastes, car l'économie, durant cette longue période, a revêtu une importance toute particulière à cause de sa longue et difficile évolution: on assiste, en fait, à la naissance de l'Europe, de la civilisation occidentale par la mise en place de ses bases économiques. Les transformations les plus essentielles se sont faites au cours de ces sept ou huit siècles considérés, souvent encore, comme les plus obscurs, les plus « inutiles ». Sort semblable à celui de la petite enfance « oubliée » dans le développement ultérieur de l'individu.
On sera frappé de l'agréable lecture qu'offre cet ouvrage, alerte et vivant, toujours proche du concret. Pourtant, sans cesse, l'auteur montre les écueils, les lacunes, les difficultés de son sujet. En effet, rien n'est simple, la réalité est toujours plus complexe que les théories et les hypothèses, plus riche aussi que ne nous le laissent entrevoir les documents eux-mêmes. Mais le talent du véritable historien, en insufflant la vie dans son oeuvre, permet d'intégrer les problèmes, en en montrant l'évolution qui rythme la civilisation. » Paul Chalus, préface.
La mesure de la monnaie s'est imposée au coeur de nos économies et de nos sociétés. Mesurer la monnaie, c'est à la fois estimer sa quantité et calculer sa valeur, mais aussi en régler la circulation et la distribution, en modérer la création et l'usage. Cette raison monétaire n'est pas un fait de nature. Elle a une histoire riche et mouvementée, encore largement inexplorée. Entamée à la fin des Lumières et poursuivie jusqu'à nos jours, l'histoire de la mesure de la monnaie a reposé pour l'essentiel sur l'action de ces institutions spéciales dotées dès l'origine du privilège rare d'émettre de la monnaie : les banques centrales. Les contributions réunies dans ce livre étudient pour la première fois l'histoire des modalités théoriques et pratiques de la mesure de la monnaie par les banques centrales, en France et dans d'autres pays européens. Elles montrent que la production de statistiques monétaires résulte toujours d'un processus à la fois technique et politique, interne et externe aux banques centrales. C'est, en dernière analyse, sur cette machinerie statistique de plus en plus complexe, progressivement établie par l'organisation de services compétents et le recrutement de personnels qualifiés, que les banques centrales ont construit, de manière croissante au cours de l'époque contemporaine, leur autorité monétaire.
La plus grande ruse du diable est de faire croire qu'il n'existe pas. Le plus habile stratagème du communisme ne serait-il pas de répandre l'idée qu'il est moribond ? Regardez en effet : les nuages noirs du communisme ne semblent plus tellement obscurcir l'horizon. En URSS, la dissidence clame que le marxisme est mort, et sa voix résonne jusqu'en Amérique, d'où Soljenitsyne prêche que le stade suprême du léninisme, c'est le goulag. En Occident, la gauche convaincue pleure son dieu trépassé, et n'arrive plus à faire la différence entre les camps de Brejnev et ceux de Hitler ; le libéralisme ose redevenir anticommuniste, sans craindre d'être ni primaire ni viscéral, et défie l'Est d'étaler autant de richesses et de libertés que lui. Partout la foi s'embrase : en Orient, l'islam renaît et dresse ses masses innombrables, comme un Himalaya infranchissable aux hordes soviétiques, cependant que le monde catholique se mobilise à l'appel d'un charisme venu du froid. L'internationalisme prolétarien le cède à celui des affaires et l'URSS, prise à ce jeu nouveau pour elle, y perd, sans le savoir, son agressivité... Occidentaux, ne prendriez-vous pas vos désirs pour la réalité ? Refuserez-vous d'écouter, si l'on vous démontre que le marxisme n'est pas ce que vous croyez, et qu'il est bien vivant ? Et n'examinerez-vous pas les armes que l'on vous suggère de saisir pour le combattre vraiment ?
Face à la misère du Tiers-Monde, l'Occident se sent et se dit aujourd'hui coupable. L'énumération de ses péchés est impressionnante : massacres, exploitation, colonisation, pillage, génocide culturel, échange inégal... la littérature du sous-développement retentit de bruyantes confessions. Ce phénomène doit se comprendre dans une perspective d'ensemble des rapports que l'Europe, depuis les "grandes découvertes" du XVIe siècle, entretient avec les nouveaux mondes, les îles, les colonies, le Tiers-Monde, la périphérie ; on y observe les métamorphoses d'un mythe : l'exotisme, en même temps que l'évolution d'une conscience morale ; à l'un et à l'autre, l'économie fournit un alibi scientifique presque parfait et, sous prétexte d'analyser le commerce international, la mise en valeur, le développement de l'impérialisme permet de réinventer quelque distance fabuleuse, où s'expriment les états d'âme de l'Occident. Mais l'économie exotique, recueil de sagesse marchande, est aussi le lieu d'une récupération raisonnable de toute l'irrationalité, que l'aventure d'outre-mer continue d'exalter.
Le 10 mai 1981, la France, par la grâce d'un candidat socialiste, est entrée en superstition. Sept années plus tard, sous le charme d'un président divinisé, elle est entrée en lévitation. Notre pays est ainsi passé d'un excès d'idéologie à un manque d'idées, du combat contre la France des châteaux, cher au coeur de Pierre Mauroy, à l'enrichissement de certains barons du régime, de la lutte contre les inégalités à la multiplication des nouveaux pauvres, des nationalisations conçues comme les fleurons d'une nouvelle croissance à des privatisations gérées comme des opérations de trésorerie à finalité électorale. Onze années de socialisme ont conduit la société française au bord de l'implosion et la tentation extrémiste s'est développée à l'abri du consensus mou. L'organisation du référendum sur le traité de Maastricht vient de rappeler la nécessité, dans une démocratie, du débat d'idées. Les auteurs de cet ouvrage, au-delà de la référence à l'impertinence voltairienne, entendent participer à ce débat pour montrer que la condamnation de l'échec socialiste ne suffit plus et qu'il existe dans tous les domaines (éducation, économie, culture, vie politique, communication, Europe, politique étrangère...) une alternative réformatrice qui évite le double piège des évidences démagogiques et des fatalités technocratiques.
Ce n'est pas seulement la banque américaine Lehman Brothers qui est à l'origine de ce krach qui n'en finit pas, mais aussi une grande banque française, un an plus tôt.
C'est une des révélations étonnantes de Marc Roche, auteur notamment de de La banque (Prix du meilleur livre financier), des Banksters et co-réalisateur du film Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde, dans une stupéfiante enquête sur cet engrenage fatal dont les mécanismes secrets sont encore largement ignorés.
Il nous dit comment l'aveuglement, l'arrogance, la cupidité de quelques-uns ont pu conduire la planète au bord du précipice. Il révèle et retrace avec minutie ce qui s'est réellement passé pendant ces quelques mois qui, d'aout 2007 à novembre 2008, ont bouleversé le monde économique, financier et politique.
Un document exceptionnel sur la véritable guerre qui se joue au sommet du pouvoir, de Londres à New York en passant par Paris, et dont nous sommes les otages impuissants.