La pandémie due au coronavirus rappelle la nature exceptionnelle du « bien » santé comme condition de la vie sociale et démocratique. Elle démontre aussi que la façon dont la santé des populations est prise en compte est un miroir des sociétés. En exacerbant les liens entre santé, économie et société, l'expérience de 2020 peut servir d'électrochoc et inspirer un changement de représentations sur la politique publique et participer à une nouvelle dynamique du capitalisme. De nombreux travaux, depuis plusieurs années, nourrissent le débat sur l'utilisation d'indicateurs de santé comme critères alternatifs de jugement de nos sociétés. Les textes de ce numéro de la Revue Française de Socio-Économie illustrent chacun à leur manière les relations tourmentées et souvent orageuses entre santé et économie. La situation française n'étant pas exceptionnelle, ce dossier s'accompagne d'un regard international sur la pandémie. Des chercheurs venant de disciplines et de pays différents livrent leurs expertises et soulignent que la crise sanitaire est aussi une crise du politique, qui se manifeste différemment selon les contextes mais reste liée à la marchandisation des systèmes de santé publics et à l'augmentation des inégalités.
Dès les années 1960, les dépenses des administrations publiques sont soumises à une « nouvelle gestion publique ». Ce cadre de pensée entend s'inspirer du privé. Il postule que les grandes entreprises, parce qu'elles sont confrontées au marché et à la recherche du profit, ont développé des modalités d'organisation et d'allocation des ressources efficaces qui permettent d'optimiser les dépenses. La gestion des budgets des administrations publiques fait ainsi l'objet de nouveaux types de calculs micro-économiques, tels que la rationalisation des choix budgétaires ou les programmes finalisés du plan. Le présent dossier de la Revue française de socio-économie vient approfondir les connaissances sur ce courant de pensée. Il réunit des recherches qui étudient l'organisation du travail dans les services publics et qui montrent comment ce sont les politiques gestionnaires elles-mêmes qui ont créé la rareté des ressources publiques. Les contributions mettent donc l'accent plus particulièrement sur les liens entre réformes du secteur public et pratiques de gestion de ressources rares. Elles soulignent que les transformations de l'appareil d'État ont participé à l'émergence de savoirs économiques et budgétaires ajustés à un contexte non-marchand et rappellent que ce sont bien des pratiques gestionnaires assurées par des professionnels qui ont donné corps à ces options doctrinales.
La pandémie due au coronavirus rappelle la nature exceptionnelle du « bien » santé comme condition de la vie sociale et démocratique. Elle démontre aussi que la façon dont la santé des populations est prise en compte est un miroir des sociétés. En exacerbant les liens entre santé, économie et société, l'expérience de 2020 peut servir d'électrochoc et inspirer un changement de représentations sur la politique publique et participer à une nouvelle dynamique du capitalisme. De nombreux travaux, depuis plusieurs années, nourrissent le débat sur l'utilisation d'indicateurs de santé comme critères alternatifs de jugement de nos sociétés. Les textes de ce numéro de la Revue Française de Socio-Économie illustrent chacun à leur manière les relations tourmentées et souvent orageuses entre santé et économie. La situation française n'étant pas exceptionnelle, ce dossier s'accompagne d'un regard international sur la pandémie. Des chercheurs venant de disciplines et de pays différents livrent leurs expertises et soulignent que la crise sanitaire est aussi une crise du politique, qui se manifeste différemment selon les contextes mais reste liée à la marchandisation des systèmes de santé publics et à l'augmentation des inégalités.