Peut-on sortir des contraintes imposées par le système économique mondial ? Le tenter ne conduit-il pas nécessairement à la terne stagnation du « socialisme des casernes » ? Quelle est la marge de manouvre dont dispose un quelconque État du tiers monde ? Est-il condamné à la dépendance ? L'auteur du Développement inégal, du Matérialisme et la loi de la valeur, de Classe et nation dans l'histoire et la crise contemporaine et de L'avenir du maoïsme défend dans ce nouveau livre la thèse d'un « décrochage » non seulement possible mais nécessaire de la logique centre/périphérie. La déconnexion - concept stratégique proposé en complément de celui de développement autocentré national et populaire - s'impose avec force aux peuples du tiers monde qui veulent éviter les réajustements dramatiques provoqués par la crise, telle la famine ou la guerre. Mais elle concerne tout autant les États du Nord, en redéfinissant les règles du jeu planétaire. L'auteur voit d'ailleurs dans les mouvements « Verts » européens comme dans le regain du fait religieux dans le monde entier les signes de la nécessaire réadaptation des stratégies et des tactiques politiques ouvrant pour un autre développement. Approche globale et renouvelée des grandes mutations du système mondial contemporain, ce livre offre aussi au lecteur une présentation claire et synthétique des concepts-clé de l'ouvre de Samir Amin, devenus objet de débats et de controverses dans le monde entier.
Au cours des dernières années la mondialisation des affaires politiques et économiques s'est accélérée à un point tel que le système global en acquiert de nouvelles dimensions qualitatives. Acceptée sans réserves par les pouvoirs et les idéologies dominantes, cette mondialisation est porteuse de conflits tels, qu'elle ne débouche que sur l'Empire du chaos. Crise du socialisme, recul des perspectives de développements régionaux significatifs dans les Suds, effondrement de l'espoir d'une construction européenne ouverte sur le progrès social mondial, triomphe du préjugé atlantiste, médiocrité des visions des pouvoirs, absurdité des réponses populaires. L'humanité paie cher l'universalisme tronqué proposé par le capitalisme et sa critique insuffisante par les gauches historiques. Un livre à contre-courant des idées reçues, une théorie critique du système mondial, les linéaments d'une alternative progressiste nécessaire.
Ouvrage de ENDA Tiers monde en coédition avec NENA
AUJOURD'HUI ? A la face du monde, le Sommet des réformateurs, réuni à Berlin les 2 et 3 juin 2000, vient de prendre position pour une mondialisation à visage humain, un pacte de développement avec le Sud, et une lutte plus consistante et plus efficace contre la pauvreté. Ce livre n'en devient-il pas obsolète ? Tout au contraire, l'ouvrage que voici s'inscrit dans la réflexion qui a nourri le Sommet. Celui-ci, en quelque sorte, lui apporte une caution. Et, privilégiant l'approche à partir du Sud, ce livre invite à passer de l'intention à l'action. Ce livre synthétise des recherches et échanges financés, pour une large part, par la Coopération Française. Les expériences sur lesquelles se fonde l'ouvrage sont celles qu'ont initiées et réalisées -dans bien des cas avec enda - des populations du Sud, avec l'appui de l'Autriche, des Pays-Bas, du Luxembourg, de la Suisse et de l'Unesco. Les Autorités du Sénégal et d'autres pays du Tiers-Monde ont encouragé les actions et les recherches qui les ont accompagnées.
Cet ouvrage est le fruit d'un enseignement de la théorie économique par l'auteur. Celui-ci s'est évertué à donner la parole aux auteurs autant que possible. Ce contact direct avec les écrits des grands économistes permettra aux étudiants d'avoir une meilleure maîtrise de la théorie économique qui est inséparable de l'histoire de la pensée économique. Après un certain engouement pour les techniques quantitatives, l'histoire de la pensée économique est revenue en force, parce que considérée comme incontournable dans la formation de tout économiste. L'histoire de la pensée économique n'est au fond rien d'autre que la théorie économique présentée sur le mode historique, au lieu du mode logique.
Le monde arabe oriental a opéré une mutation au cours des années 50 et 60. A défaut d'une intégration unitaire et d'une transformation socialiste de la société, l'impression prévalait que les systèmes baasistes nouveaux de Syrie et d'Irak allaient permettre la réalisation des projets de développement nationaux, affermissant l'indépendance des Etats, fut-ce dans l'interdépendance à deux. L'analyse de la stratégie mise en ouvre pendant les vingt dernières années montre l'échec de ce projet. Le développement du capitalisme agraire et l'industrialisation de substitution, inscrits dans la logique de la division internationale du travail, ont accentué l'inégalité dans la distribution du revenu. La logique des intérêts de classe dominants appelle alors inéluctablement la transnationalisation. La « voie non capitaliste » et l'option en faveur des « industries industrialisantes » se sont révélées le plus sûr chemin vers un nouveau stade du capitalisme périphérique dépendant.
Peut-on sortir des contraintes imposées par le système économique mondial ? Le tenter ne conduit-il pas nécessairement à la terne stagnation du « socialisme des casernes » ? Quelle est la marge de manouvre dont dispose un quelconque État du tiers monde ? Est-il condamné à la dépendance ? L'auteur du Développement inégal, du Matérialisme et la loi de la valeur, de Classe et nation dans l'histoire et la crise contemporaine et de L'avenir du maoïsme défend dans ce nouveau livre la thèse d'un « décrochage » non seulement possible mais nécessaire de la logique centre/périphérie. La déconnexion - concept stratégique proposé en complément de celui de développement autocentré national et populaire - s'impose avec force aux peuples du tiers monde qui veulent éviter les réajustements dramatiques provoqués par la crise, telle la famine ou la guerre. Mais elle concerne tout autant les États du Nord, en redéfinissant les règles du jeu planétaire. L'auteur voit d'ailleurs dans les mouvements « Verts » européens comme dans le regain du fait religieux dans le monde entier les signes de la nécessaire réadaptation des stratégies et des tactiques politiques ouvrant pour un autre développement.
Approche globale et renouvelée des grandes mutations du système mondial contemporain, ce livre offre aussi au lecteur une présentation claire et synthétique des concepts-clé de l'ouvre de Samir Amin, devenus objet de débats et de controverses dans le monde entier.
Les années cinquante soixante avaient été marquées par l'espoir d'un développement généralisé dans l'ensemble du Tiers Monde. Le « Projet de Bandoung » - dominant de 1955 à 1975 - avait inspiré des stratégies économiques qui, par-delà leurs diversités, s'assignaient l'objectif de renforcer l'indépendance politique par un développement économique conçu dans la perspective d'une interdépendance mondialisée progressivement moins inégale. Les désillusions des années quatre-vingt marquent-elles la « fin de l'idéologie du développement »? La dérive progressive qui conduit à une dizaine d'années du combat pour un « nouvel ordre économique international » à la soumission aux politiques de recolonisation, la vulnérabilité particulière de l'Afrique dans une conjoncture défavorable, la crise de l'État-nation ne démontrent-elles pas que le projet national bourgeois reste impossible, s'il a jamais été souhaitable? Mais que faire? Se réfugier dans l'idéologie passéiste des nationalismes culturalistes pour tenter de construire une société affranchie d'un seul coup de la mondialisation marchande ? Ou agir dans le sens de la construction d'un monde polycentrique fondé sur l'ajustement réciproque aux exigences d'une démocratisation sociale. En tout état de cause, la soumission des relations extérieures à la priorité d'un développement populaire intériorisé reste fondamentale.
Ouvrage de laFondation Rosa Luxembourg en coédition avec NENA
Du modèle du parti unique jusqu'à la « démocratie représentative », des plans d'ajustement structurel aux réformes pour renforcer la « compétitivité » et améliorer le « climat des affaires », quasiment tous les modèles politiques et économiques en vogue ont été expérimentés sur le continentafricain. Or, le constat d'échec est bien là qu'atteste la plupart des indicateurs socioéconomiques dans le domaine de la nutrition, de la santé, de l'éducation, de l'emploi, etc. Selon les projections des Nations-Unies, l'Afrique représentera près d'un quart de la population mondiale à l'horizon 2050. Si l'Afrique n'arrive pas encore à s'occuper correctement des problèmes que rencontre son milliard d'habitants, comment le pourrait-elle au moment où sa population aura doublé ? Au-delà de la critique du néolibéralisme, il est donc urgent de réfléchir à des alternatives qui pourront permettre à l'Afrique de sortir de l'impasse et de trouver la voie qui est la sienne.
C'est la perspective adoptée par cet ouvrage édité par Ndongo Samba Sylla et qui rassemble des contributions d'experts des questions de développement en Afrique.
La démocratie permet-elle d'arriver aux changements souhaités par les populations africaines ? Si oui, à quelles conditions ? Autrement, que mettre à la place ? Comment l'Afrique peut-elle rompre avec les pratiques néocoloniales qui contraignent son émancipation politique, économique et culturelle ? Quelle place pour les femmes dans ces processus ? Face à la paralysie et à la trahison des élites, les mouvements sociaux peuvent-ils être les porteurs des ruptures radicales tant attendues ? Quelle pourrait être la contribution des médias privés dans la mise en ouvre d'alternatives au service des peuples ?
Sortir de l'Impasse essaie d'apporter des éléments de réponse à ces questions essentielles.
Capitalism is going senile. Its ambition is now restricted to maintaining the wealth of the wealthy in the world, while the poor, condemned to remain out of the loop, are increasingly demonized as the enemy. This is the theme of Samir Amin's major new book, in which the celebrated analyst presents a synoptic view of capitalism's future. He depicts a world in which NATO and so-called coalitions of the willing have taken over the role of the United Nations, in which US hegemony is more or less complete, in which millions are condemned to die in order to preserve the social order of the US, Europe and Japan. Samir Amin's analyses of the Gulf War, the wars in former Yugoslavia and the war in Central Asia reveal the scope of US strategic aims. He explains why Macdonald's hamburgers need McDonnell-Douglas's F-16s, arguing that the political and military dimension of US dominance is as significant as US economic preponderance in determining the future of capitalist development - with the recent US invasion and occupation of Iraq being a confirmation of Amin's prescient thesis.
End Graf Sahel à travers ce document essaie de rendre visibles ses nombreux relais populaires et ses champs d'action, tant au Sénégal qu'ailleurs en Afrique de l'Ouest. Après une introduction qui présente Enda Graf Sahel en quelques pages, viennent les six autres parties du texte qui correspondent aux cinq grands terrains d'actions aujourd'hui privilégiés par la structure et aux quatre axes transversaux recoupant toutes es activités d'Enda Graf. Cet ouvrage fait partie d'un ensemble de trois publications qui font suite à l'édition du plan d'action 96-99. Une première reprenant en résumé les principales lignes directrices du plan d'action, une seconde précisant les idées d'Enda Graf en matière de recherches populaires et le présent ouvrage qui présente une vue d'ensemble des activités de recherche populaires que soutient l'ONG.
L'étude des finances publiques recouvre l'ensemble des règles fondamentales relatives aux procédures et moyens budgétaires et financiers par lesquels les collectivités publiques réalisent leurs fins. Celles-ci se sont, progressivement, élargies suivant une évolution sensible dans tous les pays et qui a substitué, à la conception classique et « neutraliste » des finances publiques, une conception largement interventionniste où les finances publiques ont un rôle important dans l'orientation de l'activité économique. Dans les pays en développement, un tel rôle est, à l'évidence, fondamental et aboutit à conférer aux finances des diverses collectivités publiques une fonction centrale et active de mobilisation des ressources affectées aux tâches de développement. Parmi les collectivités publiques, l'État occupe, naturellement, la première place. C'est donc, par rapport à lui, que les finances publiques seront étudiées. Les autres collectivités publiques existantes, soit au sein de l'État (Collectivités secondaires), soit par le groupement d'États (organisations internationales), connaissent, elles aussi, des problèmes financiers. Chacune de ces situations présente des traits spécifiques, mais, à travers la diversité des solutions adoptées, le problème financier se pose dans les mêmes termes qu'elles. L'étude des institutions financières permet de démontrer l'unité substantielle des finances publiques qui réside, essentiellement, dans le caractère public de ces institutions. Discipline relevant du droit public, les finances publiques ne se bornent pas à l'approche juridique des phénomènes qu'elles étudient. Elles cherchent, aussi, à déterminer dans quelle mesure les moyens financiers dont disposent les collectivités publiques, principalement l'État, leur permettent de réaliser leurs objectifs politiques, sociaux et économiques. La discipline des finances publiques englobe la politique financière et la politique fiscale à l'instar du droit constitutionnel imprégné de sciences politiques et du droit administratif enrichi par l'apport de la science administrative. Cela est d'autant plus vrai que derrière les phénomènes financiers, on aperçoit toujours les individus, leurs activités et leurs biens, c'est-à-dire des situations particulières. Ils atteignent ces situations, soit par le moyen de la dépense publique, soit par les recettes fiscales. Ainsi, apparaît la complexité de la notion de finances publiques. Il convient d'une part, de la cerner en la comparant à celle des finances privées (S1), d'autre part, en dégageant son évolution historique (S2) et, enfin, en situant son rôle dans les pays en voie de développement (S3).
Ouvrage des Éditions Arcade en coédition avec NENA
La recherche sur cette brochure entre dans le cadre de la lutte pour la souveraineté monétaire, qui constitue l'une des batailles majeures pour l'indépendance économique de l'Afrique. La question de la souveraineté monétaire a quitté le cercle restreint des intellectuels pour devenir l'un des principaux chantiers de développement au niveau continental, avec les projets de Banque centrale africaine (BCA) et de Fonds monétaire africain (FMA) de l'Union africaine. En Afrique de l'Ouest, le projet de monnaie unique de la CEDEAO, plusieurs fois différé, semble avoir pris un nouvel élan au niveau politique, avec la création de la Taskforce Présidentielle, chargée de veiller à la bonne marche du processus vers l'échéance de 2020. Ces développements au niveau continental et sous- régional confortent les vues de tous ceux qui, depuis des années, luttent contre la Zone Franc et le franc CFA et appellent à leur remplacement par une monnaie souveraine. Au cours de ces dernières années, cette lutte s'était amplifiée, notamment au sein du mouvement social et au niveau des économistes et chercheurs. Cette brochure est une contribution à cette lutte, et en particulier à la campagne du Réseau Africain pour la Souveraineté Monétaire (RASM).
L'économie du Congo-Brazzaville est grevée d'un lourd passé. Domaine privilégié des grandes compagnies concessionnaires qui se sont partagées le pays à la fin du siècle précédent, le « Congo Français » a connu, jusque dans les années trente, un régime fondé sur la contrainte : impôt de capitation, recrutements autoritaires de travailleurs, cultures obligatoires de plantation, ont favorisé les abus, affaibli les populations et accru la misère. La nouvelle République a ainsi souffert dès le départ de déséquilibres structurels massifs résultant de cet héritage sans perspective. Pourtant, les atouts sont nombreux. Le Congo de 1958 n'est plus celui de Céline. Il est « modernisé », sa population urbanisée et prolétarisée. D'un pays primitif, il est devenu un véritable pays sous-développé, une région périphérique du système capitaliste mondial. Les réalisations économiques du régime « socialiste » actuel sont limitées. L'accueil au capital étranger n'a été, à aucun moment, remis en cause. Les industries légères commencent à plafonner. La création d'un secteur commercial d'Etat a jusqu'à présent échoué. Le développement impossible dans le cadre étroit des frontières, impliquerait l'organisation planifiée d'un vaste espace économique, animé par de puissantes industries de base autocentrées. Mais la modestie des résultats ne doit pas être attribuée seulement aux orientations nouvelles de la politique économique, en feignant d'ignorer la réalité du passé colonial.
« Les pages qui suivent ne constituent en aucune manière une « histoire de l'ère de Bandoung ». J'ai proposé, dans de nombreux articles et ouvrages qui couvrent la période, des réflexions et des analyses concernant de nombreux aspects des réponses que les peuples concernés du Sud ont apportées à l'époque aux défis de l'impérialisme dominant. Il s'agit ici de Mémoires qui comportent nécessairement et toujours une dimension personnelle marquée, et ajoutent peut-être, je l'espère, aux analyses proposées. Les activités de l'Institut africain de développement de l'ONU - IDEP - (de 1970 à 1980) puis du Forum du tiers-monde - FTM - (à partir de 1980) - séminaires et conférences, ateliers de recherche - la poursuite de mes recherches personnelles comme l'occasion offerte par des missions de consultation - de gouvernements et d'organisations politiques - auxquelles il me paraissait utile de donner suite, m'ont offert la possibilité de connaître a peu près le monde entier - Australie et îles du Pacifique exclus. Je n'infligerai pas au lecteur une énumération de mes voyages qui risquerait de lui faire croire que j'exerce la profession de tour operator ou que j'appartiens à la surclasse (pour employer le terme stupide et vulgaire d'Attali dont Gilles Chatelet nous a donné un commentaire fort amusant) des jet-experts. Je ne suis ni l'un ni l'autre, mais plus modestement un militant de la cause du socialisme et de la libération des peuples, convaincu que cette cause est universelle et que, de ce fait, la bataille se déploie sur tous les continents. Les circonstances de ma vie professionnelle m'ont, de surcroît, offert fort heureusement la possibilité de donner un terrain d'action à cette conviction. »
Pendant plus d'un siècle la coïncidence entre l'espace de la gestion économique de la société et l'espace politique de l'Etat-Nation a fourni le modèle de la modernité que le tiers monde a tenté de reproduire après la guerre. Dans ce cadre, les classes dirigeantes d'Asie, d'Afrique et de l'Europe de l'Est, souvent pluriethniques, fondaient leur légitimité sur le développement économique que l'expansion capitaliste mondiale forte permettait jusqu'aux années 80. L'approfondissement de la mondialisation, en mettant un terme à cette coïncidence, est à l'origine de la crise de l'idéologie de l'Etat-Nation et du renouveau de mouvements centrifuges qui s'expriment souvent par l'ethnicisme. L'érosion des modèles anciens de développement a plongé les périphéries du Sud et de l'Est dans une crise qui a éclaté l'unité de leurs classes dirigeantes en fractions rivales tentant de fonder leur légitimité sur les aspirations ethniques de leurs peuples en désarroi. La gestion de cette crise, pars la manipulation des aspirations démocratiques et du droit des peuples, alimente le projet de soumission des sociétés aux exigences du marché, assis sur la destruction d'Etats capables de moduler efficacement les conditions de la mondialisation. Les exemples de la Yougoslavie et de l'Ethiopie illustrent les conséquences tragiques de cette faillite rapide du projet utopique du capitalisme mondialisé.
L'intervention de l'OTAN en Yougoslavie a signifié un renforcement de l'hégémonie américaine, même si elle le fut à la demande de l'Europe. Débordant les Nations unies, cette action a prouvé l'incapacité des européens à organiser eux-mêmes leur politique ( et leur défense). Les conséquences en sont dramatiques surtout pour le Sud. La recherche d'alternatives semble passer par la construction d'un monde multipolaire.
Cette étude de l'Egypte nassérienne est le fruit de la réflexion d'un marxiste égyptien, sur l'histoire contemporaine de mon pays, sur le problème des origines, de la signification historique et des perspectives d'avenir du nassérisme. Cet ouvrage comporte cinq chapitres: Le premier (« la stratification sociale dans les campagnes ») part des résultats précis, c'est-à-dire chiffrés, d'une analyse socio-économique du partage du revenu agricole pour essayer de comprendre la structure actuelle et l'évolution historique de la société rurale égyptienne, de mesurer l'ampleur réelle des changements introduits par la réforme agraire. Le second chapitre (« la société urbaine ») applique la même méthode socio-économique à l'analyse du monde des villes. J'aborde, dans le chapitre III (« les structures de la bourgeoisie urbaine, 1882-1963 »), la description systématique des différents groupes qui constituent la bourgeoisie urbaine et son évolution récente. Le chapitre IV (« l'évolution économique de 1880 à 1960 et les perspectives d'avenir ») est une histoire chiffrée de l'accumulation du capital et du développement du pays et, à la lumière de cette histoire, une analyse critique des perspectives du Plan Quinquennal 1960-65. C'est seulement une fois précisés les résultats de ces analyses socio-économiques que j'estime possible de comprendre l'évolution politique du XIXe siècle à Nasser, traitée dans le chapitre V.
La question paysanne et le capitalisme est le deuxième volume de la nouvelle collection Anthropos - I.D.E.P. dirigée par Samir Amin. La soumission de l'agriculture au mode de production capitaliste, fondée sur la relative régression du capitalisme agraire et sur l'essor de la petite production paysanne, est à l'échelle mondiale un phénomène très récent, marquant notamment l'évolution agricole dans le XXème siècle.Samir Amin analyse dans ce volume le problème des alliances de classe, ainsi que celui du statut social des paysans indépendants, producteurs de marchandises. Il fait apparaître l'importance de l'alliance de classe nouée entre les capitalistes industriels et les gros propriétaires fonciers dans la redistribution de la plus-value et dans la formation de la rente foncière. Mais, démontrant le caractère formel de la petite propriété paysanne contemporaine, il conclut que le petit paysan actuel devrait être considéré comme un prolétaire à domicile. La logique du système capitaliste d'ensemble l'emporte, en effet, sur la rationalité agricole capitaliste et le système capitaliste obtient de l'agriculture organisée selon la formule familiale un surtravail social très supérieur à celui qui découlerait d'une agriculture fondée sur la rationalité de l'entreprise agricole capitaliste.Kostas Vergopoulos, partant des écrits de Malthus, Ricardo, Marx et Lénine sur la rente foncière, fait apparaître, dans ce livre, les procédés « d'accumulation primitive » auxquels le capitalisme industriel fit appel, vers la fin du XIXème et le début du XXème siècle. La diversification du champ agricole par rapport au champ du M.P.C. permet, non seulement de parler de l'agriculture contemporaine comme d'un « capitalisme sans capitalistes » (les vrais capitalistes de la production agricole lui sont « extérieurs » : le capital banquier et commercial, les complexes agro-industriels et l'État), mais aussi de comprendre le caractère nécessaire des difformités qui apparaissent sur le corps social du capital. C'est dans ce sens que le capitalisme devrait être considéré comme un système par définition inégal, irrégulier et difforme.
À partir de travaux dans les domaines divers allant des racines lointaines du sous-développement africain aux formes du développement capitaliste contemporain et aux grandes négociations internationales des années 70, Samir Amin redéfinit la thèse de l'accumulation à l'échelle mondiale en termes de « déconnexion ». La période ouverte est celle d'une dérive progressive, tant au plan des stratégies internes des pays du tiers monde qu'à celui des équilibres économiques et politiques mondiaux. Samir Amin mène ici un examen attentif des propositions d'un développement national populaire déconnecté, base de la reconstruction nécessaire d'un monde polycentrique plus favorable aux peuples.
Ce glossaire réunit les principaux termes monétaires et financiers les plus fréquemment utilisés dans la littérature et dans les débats sur les questions économiques. Il vise à familiariser le grand public avec ces termes pour mieux comprendre le sens des débats sur ces questions, dans le contexte africain et international. Ce travail entre dans le cadre de la lutte pour la souveraineté monétaire en Afrique, notamment dans les pays africains de la Zone Franc. L'un des principaux objectifs de cette brochure est de renforcer la formation des membres du Réseau africain pour la souveraineté monétaire (RASM) afin qu'ils puissent mieux maîtriser les concepts liés à la monnaie et aux politiques monétaires et financières.
Samir Amin reprend ici le débat concernant les problèmes de l'échange international inégal. Les discussions relatives à la théorie de la valeur ont été dominées par une interprétation étroitement économiste de l'analyse du monde de production capitaliste. L'auteur s'élève contre le schéma mécaniste et linéaire du matérialisme historique qui découle de cette vulgarisation. Il fait apparaître la prééminence de l'unité du système mondial et critique la causalité linéaire mécaniste des modèles mathématiques utilisés pour démontrer l'existence d'une relation entre le développement des forces productives et le niveau des salaires. Cette nouvelle édition est enrichie de plusieurs études concernant précisément cette dialectique
Le discours dominant depuis l'effondrement du socialisme dit réellement existant en Union Soviétique et le déploiement du capitalisme dans la Chine post maoïste prétend tout simplement qu'il n'y a pas de voie de « développement » possible autre que capitaliste, dont l'horizon serait de ce fait indépassable. Les seuls débats possibles ne concernaient alors que les modalités de ce capitalisme « incontournable », « régulé » par la prise en considération d'intérêts sociaux autres que ceux du seul capital, ou « dérégulé », c'est à dire régulé en fait au bénéfice exclusif de celui-ci. L'histoire du capitalisme réellement existant, constituée de phases successives de dérégulation ou de régulation, selon que les rapports de force étaient plus ou moins défavorables aux classes et aux peuples dominés, ne conforte pas l'optimisme de commande du discours du capitalisme sur lui-même. Car cette histoire est en définitive celle de destructions humaines gigantesques - génocides de peuples entiers, polarisation de la richesse à l'échelle mondiale, paupérisations massives - atténuées seulement dans les moments de forte régulation du déploiement capitaliste. Il en fut ainsi dans cette période exceptionnelle qui a suivi la seconde guerre mondiale, caractérisée par la régulation social-démocrate de l'État de bien être (le Welfare State) dans les centres développés, les formules du socialisme réellement existant des pays de l'Est, celles du populisme national dans le tiers monde libéré du vieux colonialisme. Je ne reviendrai pas ici sur l'analyse de ce moment que j'ai proposée ailleurs. Je ferai seulement observer que le discours dominant du libéralisme d'aujourd'hui capitalise les « échecs » de ces formules - en fait, les systèmes en question n'ayant pas été capables d'aller au delà des formules qui avaient été à l'origine de leurs succès pour un temps - pour réaffirmer sans nuances l'exclusivité de l'option capitaliste de principe, et même plus particulièrement de sa forme dérégulée. En oblitérant les dimensions destructives immanentes à tout procès d'accumulation du capital, a fortiori dérégulé. Ou, tout au moins, en prétendant que ces effets sont « provisoires », tentant de faire oublier que ce « provisoire » constitue la règle depuis cinq siècles. Or loin d'être progressivement atténuées par le renforcement général de la puissance des forces productives développées par le capitalisme, ces dimensions destructives sont aujourd'hui parvenues à un stade tel qu'elles sont devenues une menace d'une gravité exceptionnelle pour la survie même de la civilisation humaine. Les analyses concrètes de ce défi, conduites sur les terrains les plus divers du monde contemporain - en Chine et en Inde, dans les mondes arabe et africain, ceux de l'Amérique latine et de l'Europe de l'Est, comme en Occident développé lui-même - démontrent toutes l'extrême gravité de la menace pour tous, en dépit de la diversité des conditions locales et des résultats apparents (qualifiés de « succès » ou « d'échecs » dans les termes du déploiement du capitalisme libéral mondialisé qui définit le moment actuel). Cette gravité même constitue le meilleur indicateur de ce que j'ai appelé la « sénilité » du capitalisme. Autrement dit ou bien ce système sera dépassé positivement, fut-ce évidemment progressivement, à travers une longue transition en direction de ce qu'on ne peut appeler autrement qu'un socialisme mondial à inventer, ou bien il le sera par la cristallisation d'un système odieux « post capitaliste » que j'ai qualifié d'apartheid à l'échelle mondiale, génocidaire par vocation. Avant de revenir sur quelques unes des grandes questions concernant l'analyse des systèmes et de leurs contradictions, l'efficacité des visions politiques et des stratégies à travers lesquelles les luttes des classes et des peuples qui en sont les victimes s'expriment ou peuvent s'exprimer, laissons parler les analyses concrètes considérées dans cet ouvrage collectif.
La crise s'exprime par un excédent de capitaux qui ne trouvent plus de débouchés suffisants dans l'investissement productif, et la gestion de la crise consiste alors à leur trouver d'autres débouchés pour éviter leur dévalorisation. Les pouvoirs se préoccupent exclusivement de cette gestion à court terme. Au plan mondial, l'instrumentalisation des institutions de Bretton Woods par la mise en ouvre des programmes dits d'ajustement structurel imposés aux pays du Sud et de l'Est doit être lue dans ce cadre. Ces programmes ne méritent donc pas leur nom : il s'agit de politiques conjoncturelles de gestion de la crise qui enferment dans une spirale régressive et rendent impossibles les transformations structurelles qui conditionnent l'expansion ultérieure. En contrepoint, la relance du développement doit être pensée comme un projet sociétaire qui n'est pas le produit naturel de la gestion et de l'expansion des marchés, mais le résultat de transformations structurelles considérées dans toutes leurs dimensions. Cet ouvrage réunit les textes présentés par le Forum du Tiers-Monde (Dakar) à la conférence des associations populaires tenue à Madrid en octobre 1994 à l'occasion du cinquantième anniversaire des institutions de Bretton-Woods. Ce projet a bénéficié partiellement des soutiens financiers de la coopération norvégienne, des Pays-Bas, de Christian Aid (Londres) et de la Coalition canadienne des Églises pour l'Afrique, auxquels nous adressons ici nos sincères remerciements. Cependant, selon la formule consacrée, les opinions exprimés ici n'engagent que leur auteur.
Je me propose dans cette étude de développer l'essentiel de l'argumentaire nécessaire pour faire apparaître les raisons objectives qui permettent de comprendre que le capitalisme, considéré dans toute son ampleur comme mode de gestion à la fois de l'économie et de la vie sociale, est un système « obsolète ». L'opinion hélas dominante que ce système est légitime parce qu'il garantirait à la fois « l'efficacité » économique produite par le principe de compétition sur lequel il est fondé et la « démocratie » politique, est sans fondement. En fait on peut rigoureusement démontrer que le capitalisme alimente sur trois plans une dérive irrationnelle et dangereuse à l'extrême du point de vue social et humain. Premier Plan : la reproduction de l'accumulation élargie du capital (la valorisation du capital) exige, au stade du capitalisme des monopoles qui caractérise ce système depuis la fin du XIXe siècle, la croissance d'activités parasitaires, inutiles, destructrices, dont la fonction exclusive est d'absorber un surplus grandissant qui ne peut être investi dans l'élargissement et l'approfondissement d'activités productrices et utiles. Second Plan : la reproduction de l'accumulation à l'échelle mondiale produit, reproduit et approfondit la polarisation à cette échelle, et permet la ponction d'une rente impérialiste en croissance continue au détriment des peuples et des nations de la périphérie de ce système mondialisé, elle-même obstacle grandissant à la construction d'un monde multipolaire garantissant le respect égal des droits des nations. Troisième Plan : l'aliénation dans la marchandise, la réification des rapports sociaux et la financiarisation de la gestion économique, indissociables du capitalisme, ruinent les possibilités du progrès dans l'émancipation des êtres humains et des sociétés. Il n'y a pas « d'autre capitalisme » possible, comme le rappelle avec force Rémy Herrera (Un autre capitalisme n'est pas possible, Syllepse 2010). La perspective communiste internationaliste constitue la seule alternative réaliste à la barbarie qu'implique la poursuite de la voie capitaliste dite de « développement » (ou plus simplement de croissance sans fin du PIB fondée sur la valorisation du capital).