Le débat public français charrie une singulière conception de l'universalisme, généralement perçu comme incompatible avec les particularismes : les communautés religieuses ou ethniques, dit-on, doivent renoncer à leurs différences pour entrer dans la communauté nationale. Ce livre important montre que cette conception étroite et rigide est bien plus récente qu'on ne le croit.
Grâce à une lecture attentive de la manière dont les responsables politiques, les romanciers, les philosophes ou les cinéastes français ont abordé la question de l'intégration des juifs entre le XVIIIe et le XXe siècle, Maurice Samuels explique que différentes conceptions de l'universalisme n'ont cessé de s'affronter. Et que certaines d'entre elles, parfaitement républicaines, ne cherchaient aucunement à éradiquer les particularités prêtées aux minorités juives.
Au contraire, c'est dans l'interaction avec ce particularisme, réel ou imaginaire, que s'est construit l'idéal universaliste français. D'où la tentation, dans certains cas, d'accentuer cette prétendue différence pour montrer la force de l'universalisme français : si la France est capable de faire des juifs des citoyens, n'est-ce pas la preuve de son exceptionnel pouvoir inclusif ?
Analysant avec une grande finesse le rapport ambigu que les élites intellectuelles et culturelles françaises ont longtemps entretenu avec les minorités juives, depuis l'abbé Grégoire jusqu'à Jean-Paul Sartre, en passant par Émile Zola ou Jean Renoir, ce livre ouvre des perspectives essentielles, qui éclairent de façon inédite les débats actuels sur le " communautarisme " et le " séparatisme ".
Alors qu'il exerçait depuis de nombreuses années de hautes fonctions au sein du Vatican, le père Charamsa révèle publiquement son homosexualité à la veille du synode sur la famille. Il vise ainsi l'un des grands silences de l'Église catholique : la condition des homosexuels au sein d'un ministère dont ils constituent pourtant la moitié. Avec ce livre il souhaite secouer les consciences et poser les bases d'un nécessaire renouveau de l'Église, une institution en laquelle il veut toujours croire.
La pierre angulaire est la première à être posée quand on construit un édifice. C'est la plus importante, celle qui doit tout soutenir. Pour Krzysztof Charamsa, cette première pierre a été son
coming out du 3 octobre 2015. Alors qu'il exerçait depuis de nombreuses années de hautes fonctions au sein du Vatican, ce prêtre polonais a annoncé publiquement son homosexualité à la veille du synode sur la famille, afin de dénoncer l'hypocrisie de l'Église catholique. Une institution qui, depuis des siècles, instrumentalise les questions sexuelles pour imposer son propre pouvoir.
À travers ses préceptes et doctrines, l'Église conditionne ses fidèles à ne pas vivre sereinement leur sexualité. Ainsi, et alors même qu'elle parvient à dissimuler parfaitement les crimes de pédophilie, elle alimente, dans le secret du confessionnal, le sentiment de soumission des femmes à leurs époux, la culpabilisation de l'amour, la stigmatisation des homosexuels et des transsexuels, qu'elle considère comme des pestiférés. Or, selon K. Charamsa, le clergé catholique est lui-même composé en très grande partie de prêtres homosexuels. Qui se trouvent réprimés et contraints à la clandestinité.
Démis de ses fonctions par le Vatican, K. Charamsa souhaite avec ce livre secouer les consciences et poser les bases d'un nécessaire renouveau de l'Église. Une institution en laquelle il veut toujours croire, mais qui, si elle veut continuer à exister comme guide spirituel, doit commencer par respecter chaque personne.