Dans un avenir qui nous est proche, une jeune biologiste québécoise fait sa marque en parvenant à recréer, et donc sauver, des écosystèmes marins. Cette reconnaissance du milieu scientifique lui vaut d'être invitée à participer à une expédition dans l'Arctique, en compagnie de collègues du monde entier.
Pendant leur absence, l'humanité est presqu'éliminée par un virus. Isolés en pleine mer, les exilés vivent ces événements avec un détachement bien involontaire, racontés par une narratrice attachante au regard lucide. De son enfance à son voyage, entre la grande Histoire et celle, plus modeste, de sa famille, elle nous raconte la vie, sous toutes ses formes.
Le jour où la belle Junie emménage avec Britannicus, le royaume d'Agrippine est menacé. Néron n'a plus qu'une idée en tête, posséder Junie, quitte à mettre Octavie dehors. L'ordre établi s'écroule et tous se retrouvent dans une course à qui mettra le feu à la maison familiale.
Si les personnages sont empruntés à Racine, c'est dans un royaume de vinyle et de mélamine que se déploie cette histoire de trahisons, de sacrifices, de désirs, de flammes et de corps ensevelis sous la neige et les cendres, mais aussi d'amours infinis.
Tess et Jude sont passés maîtres dans l'art du voyage virtuel. Un jour, l'idée de faire des Jack Kerouac d'eux-mêmes s'impose. Tess travaille au Subway, Jude est prestataire de l'aide sociale ; ils conviennent que rédiger le récit de leur expédition est l'unique moyen de la financer. Tess s'abreuve aux enseignements d'un gourou des lettres et tire les ficelles auprès d'un amoureux transi, auteur de romans abscons, afin d'obtenir une subvention du gouvernement. Le duo quittera-t-il enfin Grand-Mère à bord de sa Monte Carlo 2003 jaune pour sillonner les routes jusqu'à Bird-in-Hand, en Pennsylvanie ?
Entretiens avec Peter Brook menés par Pierre MacDuff, directeur général de la compagnie de théâtre Les Deux Mondes.
À la fois biographie, enquête, témoignage et autobiographie, Un livre sur Mélanie Cabay est une réflexion sur la mémoire et la violence faite aux femmes. Avec humilité et tendresse, François Blais revient sur les années qui se sont écoulées depuis la disparition de Mélanie Cabay, le 22 juin 1994. La nostalgie est ici teintée de douleur, voire de culpabilité. Ces jeunes femmes qui disparaissent, ces Mélanie, Kristina, Karine ou Rosiana, François Blais les ramène à notre mémoire, leur redonne vie quelques instants, le temps de se dire qu'elles auraient pu être ses sœurs, ses copines, ses professeures.
Un homme, le Pasteur, est l'auteur de crimes en série qui nous sont racontés par un écrivain. À sa poursuite, Chester Head, détective privé, parti en quête du coupable ou de ce qu'il appelle la Vérité, sorte de Jugement dernier qui porte sur la responsabilité de chacun devant le Mal. Une femme, Blandine Berger, amante tour à tour de Head et du Narrateur, partie elle-même en quête du Pasteur, relie les trois hommes dans un ballet enivrant, étourdissant, envoûtant. Au centre de toutes ces affaires apparaît Lorraine Greenwood, jeune modèle de la sculptrice Sylvia Shaw Judson dans la création de la Bird Girl, statue qui a longtemps trôné dans le cimetière Bonaventure de Savannah, à laquelle on attribue toutes sortes de pouvoirs, bénéfiques ou maléfiques, dont celui d'inspirer l'idée de meurtre ou de sacrifice aux déréglés de la vieille ville.
Avec la verve qu'on lui connaît, Gilles Pellerin renoue avec le genre de la nouvelle en prenant pour appui les douze signes du zodiaque ; grâce à son érudition et à son sens du rythme, chaque signe sert ainsi de prétexte à une nouvelle mettant en scène des personnages légèrement décalés, dont on ne saurait dire s'ils sont franchement agaçants, attachants ou carrément drôles. Chose certaine, le genre de la nouvelle est particulièrement bien servi ici, confirmant la réputation de l'auteur, maintes fois récompensé.
Un jeune homme qui trouve un numéro de téléphone sur un mur de toilette de bar entreprend une correspondance électronique avec la jeune femme qui lui répond lorsqu'il compose le numéro. Le sujet peut semble banal, une histoire d'amour ratée. Par contre la forme est inventive, la narration étant parsemée de courriels, de fabliaux racontés comme outils de séduction, et des interventions d'un narrateur omniscient qui n'hésite pas à résumer l'action et à faire le point.
Textes de trois pièces de théâtre de Lomer Mercier Gouin accompagnés d'un dossier bibliographique et d'une présentation de André G. Bourassa, éminent spécialiste du théâtre québécois et des écrivains automatistes.
Dans ce troublant roman où alternent les voix de Jean-Loup et d'Hortense, les auteurs, Hans-Jürgen Greif et Guy Boivin, nous convient à la rencontre d'un couple en apparence banal. À partir de leur rencontre à Québec dans les années 1970, le lecteur est témoin de la débâcle d'une cellule familiale menée de main de fer par une Hortense manipulatrice, colérique et diabolique. Jean-Loup, un immigré français solitaire, coupé de sa famille et de ses racines, peine à trouver les ressources matérielles et émotives qui lui auraient permis de résister à ce mur de volonté et de hargne. Campé dans l'univers de l'histoire de l'art et de la bibliothéconomie, Le pélican et le labyrinthe ne prétend pas fournir de réponses aux grands maux des couples d'aujourd'hui. Il met plutôt en lumière les effets dévastateurs de certains traits humains.
Le pélican et le labyrinthe est la troisième collaboration de Hans-Jürgen Greif et Guy Boivin (La bonbonnière, 2007 ; Le temps figé, 2012).
Un narrateur s'adresse à l'enfant qu'il a été pour lui rappeler un passé douloureux et violent. Si le sujet est difficile, Alain Raimbault sait trouver les mots pour l'aborder avec franchise, voire humour. De la France au Québec, d'une maison de passe parisienne à la campagne, l'histoire d'un jeune garçon devenu homme se dévoile dans un rythme rapide et vif, sans complaisance.
Une jeune femme revisite son enfance auprès d'une mère fragile. Les souvenirs et le présent s'entremêlent dans une écriture simple, directe et musicale. Nicole Richard aborde des sujets difficiles tels que la maternité, la pression sociale, la maladie mentale et la féminité avec courage et doigté.
Clara et Romain forment un couple improbable : il est actuaire, toujours tiré à quatre épingles, rigoureux, solitaire ; elle est brouillon, atteinte de schizophrénie, sans emploi. C'est pourtant leur rencontre qui marque le point de départ de ce roman à plusieurs voix : celle de Romain, et celles de Clara, qui souffre d'épisodes de dissociation. Quand la vie la bouscule, quand les chocs sont trop difficiles à encaisser, Clara s'efface au profit d'autres personnalités, pendant quelques jours ou quelques semaines. Elle se réveille souvent à l'hôpital, incapable de se souvenir de ses faits et gestes, entièrement dépendante d'une famille et d'un système souvent infantilisants.
Si Romain souhaite de tout coeur fonder une famille, Clara s'y refuse. Quand elle comprend qu'elle est enceinte malgré les précautions prises, elle panique, s'emballe, se rebiffe et fuit. Au fil des pages se développe un jeu de manipulation et de pouvoir, dans lequel le corps de la jeune femme lui est en quelque sorte confisqué, son identité bafouée, au profit de cet enfant dont elle ne veut pas. Entre la folie de Clara, son honnêteté et sa vulnérabilité, et le désespoir de Romain, qui s'accroche à l'idée de la famille comme à une bouée de sauvetage, Marie-Ève Muller dépeint des personnages à vif, chacun pris dans ses contradictions et ses chimères, sans tomber dans un manichéisme primaire.
Dans ce roman magnifique, Marielle Giguère suit l'histoire d'une famille en apparence banale : grands-parents, parents, enfants. Leur tissu est pourtant troué de tragédies, certaines plus fortes que d'autres. Le départ de la grand-mère, partie à l'aventure, marque le début de cette histoire teintée de poésie, de résilience et d'amour. Celle qui ne devait partir que quelques jours envoie au fil des mois des cartes postales à son mari, des signes de vie qui ne portent que quelques mots : Deux semaines encore. Je t'aime.
C'est principalement par le biais d'Arnaud, le petit-fils de la voyageuse, que se dévoile le récit. Jeune homme timide, proche de son grand-père avec qui il partage l'amour des vieilles choses, Arnaud s'émancipe comme il le peut de cette famille qu'il trouve lourde à porter. Entre Montréal et Sainte-Croix-de-Lotbinière, où la famille a une maison au bord de l'eau, entre le Marché aux puces Saint-Michel et la splendeur du fleuve, d'un passé cabossé à un avenir incertain, se dessine le récit d'une existence à fleur de peau.
Avec beaucoup de doigté et de légèreté, Marielle Giguère joue avec les codes du genre romanesque ; insérées dans le récit, des parties qui ressemblent à de courtes scènes théâtrales mettent en place les décors, campent les personnages et créent une ambiance qui happe le lecteur.
C'est suite à un séminaire en création littéraire sur l'écriture, la suspicion et la fiction que Cassie Bérard, professeure en études littéraires, a eu envie de partager les textes des étudiant.e.s à la maîtrise et au doctorat qui y ont participé. Les fictions qui ont été écrites dans ce contexte ont donné lieu à un imaginaire propre, celui de l'inquiétude. La qualité des voix qui se révèlent ici, dans certains cas pour une première publication, démontre que la chimie qui a opéré au cours de ce séminaire était véritablement hors normes, et laisse présager l'émergence de nouveaux talents à suivre de près.
Avec des textes de :
Cassie Bérard (directrice), Jennyfer Chapdelaine, Marie-Ève Fortin-Laferrière, Alizée Goulet, Marie-Pier Lafontaine, Jean-Philippe Lamarche, Catherine Anne Laranjo, Julie Roy, Joëlle Turcotte et Élise Warren.
Les métamorphoses du corps engendrent plus que des transformations physiques : elles sont le plus souvent productrices de nouveaux discours, libérant un dire jusque-là tenu captif, ou une créativité qui trouve dans le corps son fond et sa forme. Sans viser l'exhaustivité Philippe St-Germain « à l'écoute de ce qui est produit par la métamorphose corporelle », a recherché dans la littérature québécoise des oeuvres se prêtant bien à des lectures parallèles ou complémentaires afin de proposer un panorama varié des imaginaires du corps. En démontant les jeux sémantiques mis en scène grâce au corps et en mettant en relation des livres autrement séparés par les conventions de genre ou d'époque Kaléidoscorps enrichit d'une strate supplémentaire la littérature québécoise de ce corpus.
Dans ce recueil de quinze nouvelles, les lieux et les situations, aussi familiers soient-ils, basculent tranquillement vers l'étrange. Au fil des pages, on est happé par des récits rythmés qui mettent en scène un monde qui, l'air de rien, se désagrège.
Familles inquiétantes, amis aux vocations inusitées, enseignants et enseignantes naïfs, tous sont brillamment observés par un auteur que l'on devine amusé, voire un peu cynique.
Iris part en Colombie pour étayer ses recherches sur les conditions des travailleurs au début du vingtième siècle. Elle tombe en amour avec le pays et ses habitants. On marche avec elle dans les rues, on rend visite à ses amis, on découvre le pays et ses villes, son abondance, sa luxuriance, sa sensualité. Les odeurs et les couleurs sont généreuses, les sourires sont rayonnants et la vie intellectuelle est stimulante.
Mais toute cette beauté ne peut faire oublier la pauvreté, la violence, la corruption étatique qui permet, entre autres, le pillage des richesses naturelles par des sociétés étrangères. Iris constate que les conditions de travail des mineurs n'ont guère progressé depuis le début du siècle dernier. Découvrant que des minières de son pays sont responsables de graves dommages environnementaux et de violences auprès de la population, elle se sent trahie. Ébranlée, elle tente de retrouver son équilibre et comprends qu'elle ne pourra plus jamais fermer les yeux sur la surexploitation des ressources que ce soit en Colombie ou dans son Abitibi natale.
En introduction de ce recueil de 369 limericks, Guy Ménard présente le genre dans un texte porté par une plume alerte, dynamique et divertissante. S'il prend parfois des petites libertés avec la forme, ses limericks répondent sans contredit à leur objectif premier : observer le monde contemporain sous toutes ses coutures, le disséquer, le retourner dans tous les sens. Ces petites caricatures révèlent un homme d'une grande sensibilité, au cynisme bien placé et au sens de l'humour indéniable. Chaque poème est un petit bonheur de sourire en coin, et on se prendra plus dune fois à se dire, la main sur la bouche : « Ciel, il a osé ! »
Avec un talent indéniable pour raconter le quotidien, Chantale Gingras nous offre avec Éclats un magnifique recueil de haïkus, ces petits textes destinés à révéler la grandeur des choses modestes. En nous invitant à prendre une pause, à voir autrement le monde qui nous entoure, la poésie de l'autrice parvient à trouver du beau dans un klaxon de voiture, à déceler le tragique dans un bois mort déposé sur la plage, ou à apprécier le bruit des feuilles qui craquent sous nos pas. Les trois parties du recueil, La nature, Les choses, L'humain, nous livrent des petites perles, des morceaux de vie que l'on peut lire et relire, en prenant le temps de savourer chaque mot et chaque idée.
Dans ce roman écrit à la première personne, Nicole Richard donne de nouveau la parole à Eugénie, la narratrice de son précédent roman (L'étincelle 2018). Dans un va-et-vient entre le présent d'un voyage en Europe et une adolescence en banlieue de Montréal, La ligne brisée fait revivre avec un bel aplomb les affres de la puberté (les garçons, les amitiés, les choix de cours, les décisions d'avenir) dans un contexte familial encore ici très difficile. Eugénie vit avec sa mère Jeanne, mais trouve refuge et soutien chez un couple d'enseignants qui lui permettra de s'émanciper de cet univers ne lui offrant aucun horizon.
Le collectif L'état nomade rassemble les textes de 16 autrices et auteurs dont les réflexions portent sur ce moment indescriptible qui s'ouvre au moment où surgit l'inconnu. Si les participant·e·s s'intéressent surtout aux liens qui unissent voyage et création (écriture, mais également fabrication du pain, oeuvres picturales, matériel pédagogique, musique, danse, etc.), ils n'en permettent pas moins une réflexion sur tous ces moments du quotidien où, l'espace d'un instant, l'univers des possibles est ébranlé. Cet état de suspension, cet « état nomade », nous le connaissons tous et c'est une des grandes qualités de ce livre que de nous aider à l'apprécier, le nommer, voire le rechercher. Sur les routes de l'Asie et d'Amérique, dans l'arrière-pays français ou l'Inde contemporaine, les voyageurs de L'état nomade nous invitent à les suivre avec intelligence et générosité.
Sous la direction de Cassie Bérard, Ludovic Champagne, Alexandre Côté-Perras et Rosy L. Daneault, le collectif d'auteurs « La Preuve » propose dans Le Cas une trame judiciaire dans laquelle s'imbriquent les textes de chacun. Composé de onze créations en apparence indépendantes, le recueil est traversé par une trame narrative unificatrice visant, par l'humour, la lettre et l'esprit, à tromper les apparences.
En multipliant les points de vue (fictifs ou non), les témoignages (vrais ou faux), en fouillant dans les documents d'archives, en juxtaposant leurs pratiques créatives, les autrices et auteurs veulent mener l'enquête, tenter de réparer ce qui a été brisé lors d'événements réels, et par là, proposer une éthique de la fiction. Le résultat se manifeste comme une « preuve », un objet intrigant d'enquête et de littérature.
Le roman de Francine Minguez donne la parole à Daniela, une femme d'origine chilienne installée à Montréal depuis ses 28 ans. Avec l'âge, Daniela sent le besoin de revisiter son passé et, en grande amoureuse des mots, de le mettre par écrit. Elle se remémore sa vie au Chili, l'adaptation au Québec, l'engagement politique, la passion, la douleur, l'amitié et surtout son grand amour tourmenté avec le père de son fils. Brisée par une agression et profondément ébranlée par la perte de ses illusions, la narratrice tisse des liens émouvants entre un passé encore brûlant, les racines au Chili, et un présent que l'on comprend plus apaisé.