Le développement ? Il sera possible uniquement pour « une société maîtresse de son destin, ayant retrouvé son équilibre intérieur et ses instruments de mesure morale de toute chose ; une société dont le consensus d'une communauté d'hommes libres est la loi suprême. Spiritualité et Démocratie = Développement... Que penseront les experts de cette équation inhabituelle ? Des malheurs du tiers monde, personne cependant n'est quitte, encore moins les pays riches ; non que leur aide soit le principal remède mais pour leur propre intérêt car « leur survie à long terme (et même, sur certains plans, à court terme), exige que les pays sous-développés deviennent des partenaires économiques mutuellement développant, et cessent en tout cas d'être, à force de misère et de désespoir, des sources imprévisibles de tensions et de déséquilibres ».
Cet ouvrage se situe à contre-courant de la mode idéologique actuelle qui fait feu de tout bois contre la pensée de Marx, en l'assimilant abusivement aux déformations bureaucratiques et étatistes de sa postérité, évitant ainsi de l'affronter sur son terrain même : celui de la théorie critique de la pratique sociale. Dans cette perspective, l'ouvrage s'attache en particulier à reprendre en les approfondissant les principales thèses marxistes de l'économique comme monde réifié et représentation fétichiste. Il s'efforce d'analyser dans toutes ses implications le développement monstrueux de l'aliénation marchande au sein du monde moderne. Chemin faisant, c'est le processus de la reproduction du capital comme rapport social qui se révèle comme problématique centrale au sein du capitalisme actuel. De ce processus, il est ici proposé une première approche globale qui met en évidence le rôle médiateur fondamental qu'y jouent certaines formes mentales et sociales : la marchandise, la centralité urbaine, la contractualité civile, le spectacle, l'État. Ainsi s'esquissent les éléments d'une théorie à la fois globale critique et utopienne du mode de production capitaliste dans son ensemble.
« Péril jaune », « défi », « miracle », « modèle », ces qualificatifs ont - tour à tour - été appliqués au Japon. Ses performances inquiètent et fascinent les Occidentaux.
Il est tentant d'en trouver des explications faciles. Les industriels rapportent, de leurs missions d'études, une image faite de robots et de consensus social. Les hommes politiques, de tous bords, sont séduits par l'harmonie apparente des rapports entre l'État et l'industrie. Ce qui n'empêche pas les uns et les autres de protester contre le comportement « déloyal » des Japonais dans le commerce international.
Ce livre s'efforce de montrer qu'il n'y a pas de miracle japonais, et que les réussites - passées et présentes - peuvent être expliqués, sans recourir aux mystères de l'« âme japonaise ».
Le « modèle » commence, lui, à rencontrer des limites évidentes : ralentissement de la croissance, vieillissement de la population, augmentation du chômage et précarité accrue de la main-d'oeuvre.
Le redéploiement industriel : concept clef d'une économie développée en crise, et qui se déploie sur elle-même pour en trouver l'issue. Comment définir une politique industrielle nouvelle en France, quand, depuis plusieurs années, c'est le redéploiement industriel à l'échelle internationale qui semble dicter sa loi ? Que cache concrètement ce terme qui évoque le mouvement d'une armée ? Sur le territoire national, sur le champ international, d'un secteur à l'autre, les activités se relocalisent. Image simple, séduisante, dynamique, d'un corps qui se déplace pour assurer de meilleures positions. Et pourtant, ce corps qui se redéploie semble malade. À chaque mouvement, le voilà qui s'affaiblit. La dynamique du redéploiement crée de faux horizons, suscite de fausses perspectives. L'imagerie guerrière induit en erreur : le redéploiement représente, avant tout, un phénomène de retour du système productif sur lui-même, de repli. Mais, et c'est bien l'aspect le plus paradoxal, dans ce retour exacerbé du système productif sur lui-même, naissent certaines potentialités nouvelles. Pour pouvoir penser, réaliser une politique transformatrice, il faut décrypter les contradictions existantes, partir de ce qui déjà se manifeste. On ne nie pas le redéploiement, on ne l'imite pas. On le transforme de l'intérieur.
Régulièrement le régime sollicite les suffrages populaires. Quelles qu'en soient les issues, la classe dirigeante ne se sent pas menacée : la crise économique fait des mécontents, pas des révolutionnaires et peut-être même pas des opposants. Sans dissoudre l'appareil classique de coercition, le capitalisme libéral préfère des procédés moins visibles mais d'action plus profonde : la balkanisation de chacun, la dislocation sociale, la dépolitisation tranquillisante, l'infériorisation des manuels, l'exploitation des divergences d'une opposition sans projet. Ce livre ne se limite pas à exposer les mécanismes d'un capitalisme auto-entretenu, ni à déplorer la perte de l'élan des premiers socialistes. Il se veut une contribution à l'espérance révolutionnaire, une première réflexion sur les conditions de sa résurgence.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Évoquant la partie économique du programme qu'il a corédigé avec Guesde et Lafargue, Marx écrit à Sorge (le 5 décembre 1880) : « Ce fut un grand pas que de ramener les ouvriers français leur phraséologie nébuleuse à la réalité des faits ; aussi éveille-t-elle beaucoup de susceptibilités parmi tous les filous qui vivent de la fabrication des nuages ». Comment les thèses de Marx ont-elles été introduites en France ? Quelle audience avaient-elles ? Qu'est-ce qui caractérise le marxisme français de cette époque ? Qui en sont les principaux théoriciens ? À quels débats idéologiques participent-ils ? En quoi ce marxisme-là annonce-t-il les marxismes qui suivront ? À ces questions, l'auteur apporte quelques éléments de réponse : les thèses de Marx sont introduites tardivement et généralement caricaturées ; le marxisme de cette époque est le guesdisme dont l'influence idéologique reste très limitée ; ses principaux théoriciens sont Gabriel Deville et Paul Lafargue (injustement méprisés aujourd'hui) ; ce marxisme annonce le marxisme (bien que bolchévisé) du P.C.F. (faire payer les riches, fabriquons français, exproprions les expropriateurs, etc.). Participer à l'histoire des idéologies révolutionnaires et plus particulièrement des marxismes, tel est le principal propos de cet ouvrage.
Socialisme = propriété d'État + planification. Cette équation simple résume la plupart des conceptions actuelles du socialisme, qu'elles visent à l'apologie des pays où ce système est « réellement existant », ou qu'elles les considèrent d'un oeil critique. L'équation symétrique n'est autre que : capitalisme = propriété privée + anarchie du marché. Le présent livre cherche à faire la critique de ces deux formules. Sur la base d'une fausse conscience de la réalité du capitalisme, le socialisme est défini comme société homogène contrôlée par l'État, où les catégories marchandes et capitalistes servent d'instruments à une gestion purement technique de l'économie. Cette vision du socialisme comme capitalisme organisé représente la théorisation des apparences trompeuses que fait surgir la propriété d'État. Et si elle n'était qu'une idéologie du capitalisme étatique ? De la révolution à 1954 (parution du Manuel d'économie politique), l'Union Soviétique voit se constituer un système économique, dont les thèses vont marquer profondément les conceptions contemporaines de tous les pays socialistes. Un processus riche d'enseignements et de questions sur les formes modernes du capitalisme, leur évolution et leurs idéologies.
La crise économique du capitalisme mondial en accentue le développement inégal, ce dont certains capitaux et firmes tirent profit : il s'agit de multinationales industrielles et bancaires. Cet ouvrage rassemble des indices concrets sur leur croissance et leur rentabilité, tendant à montrer qu'une fraction importante des multinationales échappe complètement à la crise. Elles mettent en oeuvre, avec succès, des stratégies de rejet de la crise, dont les « victimes » sont les salariés, le Tiers Monde et les autres firmes capitalistes.
Un nouvel ordre mondial, économique, technique, monétaire, financier, se met ainsi en place. Il n'est pas le résultat des négociations internationales entre les États des pays industrialisés et ceux du Tiers Monde, mais le produit de la remise en ordre du capital, par et pour sa fraction (multinationale) dominante.
Cette analyse de l'ubiquité croissante des multinationales chemine à travers une triple critique : de l'idéologie multinationale, du discours « anti-multinationales » basé sur l'espoir de politiques étatiques efficaces pour contrôler ces firmes, et de l'insuffisante prise en compte des multinationales dans les théories de la crise actuelle.
Quelles seront les issues de la crise actuelle des sociétés capitalistes ? Tout est possible de la régression aux bouleversements révolutionnaires. Alain Bihr et Jean-Marie Heinrich suggèrent ici que pour maintenir et développer l'accumulation capitaliste. le système a besoin d'une mutation radicale de la forme étatique. Approfondissement réel de l'étatisation de la société civile, elle prendrait les couleurs d'une « autogestion » redistribuant une apparence de pouvoir. Il s'agirait en effet d'établir un nouveau consensus social, d'appâter les nouvelles couches intellectuelles et techniciennes. « la nouvelle petite bourgeoisie », d'établir ainsi une « néo-sociale-démocratie » où ceux qui se battent contre le capitalisme risqueraient de tenir les premiers rôles dans une nouvelle duperie aux couleurs de la révolution.