Particulièrement vigoureuse en France, l'opposition entre « laïcs » et « religieux » nous prive d'un dialogue constructif et restreint le débat intellectuel. Obnubilé par la séparation du politique et du spirituel, on en oublie que les religions, outre leur expression cultuelle, ont accumulé depuis des siècles un trésor de sagesses et de réflexions pour penser les problèmes du monde.Idéologies extrémistes, attentats... le brusque et violent retour du religieux sur la scène publique n'aide ni à la clairvoyance ni à l'indulgence. C'est là où l'inculture religieuse, précisément, opère ses plus sérieux ravages. Privée des ressources du discernement, la modernité préférera invalider globalement les religions au nom de leur violence. En confondant la sécularisation avec une prétendue perte de pertinence de la spiritualité religieuse, elle leur refuse une légitimité à s'exprimer sur les problèmes de l'heure.Le moment est venu de faire la part des choses de manière plus subtile entre deux de nos héritages essentiels : les Lumières, qui ont fondé notre modernité, mais aussi les religions, qui ont fondé nos civilisations. De dénoncer le passe-passe permanent des fausses oppositions. Et, pour renouer avec la dynamique du croire et du savoir, d'en finir avec les clichés anti-religieux.
Yann Boissière a commencé son parcours dans le cinéma en tant que scénariste. Rabbin depuis 2011, fondateur de l'association les « Voix de la Paix », il a été nommé, en 2020, secrétaire général de l'IHEMR (Institut des hautes études du monde religieux). Il a publié Éloge de la loi (Cerf, 2017) et Heureux comme un juif en France ? Réflexions d'un rabbin engagé (Tallandier, 2021).
La peur de notre époque découle de la catastrophe protéiforme induite par des pouvoirs politiques et économiques adonnés à la volonté de puissance à une échelle inconnue de nous jusqu'à ce jour. Cette peur est redoublée par l'impression qu'aucune autre voie n'existe face au règne de la force.La foi en l'Évangile présente pourtant une alternative, dans la mesure où elle instille en nous la confiance en un Dieu qui cherche incessamment à transformer nos vies et à orienter le temps historique.Plutôt que de conduire à la maîtrise de toutes choses au moyen de la raison et de la volonté, c'est à un dessaisissement radical pour la charité qu'ouvre la foi. La vie dessaisie est le processus et le résultat de cette dépossession expérimentée dans les différentes sphères de notre existence individuelle et collective.
Foucauld Giuliani est un professeur de philosophie de 31 ans, engagé dans l'action sociale chrétienne. Il a fondé Le Dorothy à Paris (en référence à Dorothy Day, à l'origine du Catholic Worker), un café-atelier associatif animé par des chrétiens et ouvert à tous, où l'on tente, avec tout ce que cela comporte de défis, de mettre en pratique la charité. Il est l'auteur de tribunes pour La Vie, Le Monde ou La Croix, et a publié en 2021 Une promesse de lumière. Lecture de Philippe Jaccottet, aux Éditions du Club des poètes, et La communion qui vient (avec Anne Waeles et Paul Colrat), aux Éditions du Seuil.
Terre sculptée par les éléments, la Bretagne est une presqu'île singulière et attachante. Du cairn de Barnenez à Brocéliande, de la Vallée des Saints aux enclos paroissiaux, des cathédrales aux humbles chapelles, le sens du sacré s'y manifeste depuis la préhistoire. Coutumes celtiques, rituels druidiques, mythes de la Table Ronde imprègnent sa culture tout autant que les récits invoquant ses saints fondateurs : la Bretagne a donné une figure originale au christianisme qui l'a forgée en profondeur.Sur le sentier des douaniers ou au coeur de la forêt, Aliette Armel nous invite à explorer des lieux connus, mais aussi plus secrets. Ses sens sont en éveil, attentifs aux signes d'une autre dimension de l'univers, à laquelle font écho les mots des poètes. Elle nous transmet les dernières découvertes sur la civilisation de Carnac, elle nous entraîne sur l'estran, vers l'île du moine Maudez. Elle nous conduit au sommet du Menez Bré, mais aussi sur les pas de Tristan et Yseut, ou auprès des bénédictins de Landévennec... Une promenade personnelle sur une terre puissamment authentique, aussi exigeante que généreuse.
Historienne de formation, Aliette Armel a été critique au Magazine Littéraire et a contribué à la revue Ultreïa. Elle est intervenue fréquemment sur France Culture. Auteure de plusieurs romans inspirés de voyages et d'essais sur de grandes figures littéraires, elle anime aujourd'hui des ateliers d'écriture entre Paris et la Bretagne.
Face à ce monde sans espérance, où les croyants eux-mêmes ont trop souvent peur de leur ombre, Eloi Leclerc invite à relire le message de l'apôtre Paul, dans la Lettre aux Ephésiens.Complètement retourné par la personne vivante du Christ ressuscité et par la puissance de son Esprit, Paul a fait en lui-même l'expérience exaltante de l'homme nouveau. Et il a vu surgir, au sein du vieux monde païen, un monde nouveau, une nouvelle communauté humaine, l'église du Christ, ouverte à tous, prémices d'une humanité réconciliée et rassemblée. « Le monde ancien s'en est allé, écrit-il, un monde nouveau est déjà né » (2 Co 5,17).à la double lumière de cette expérience qui le projette vers l'avenir, Paul nous découvre le grand Dessein de Dieu, révéla tion du Père immense. Il nous fait voir comment l'humanité, appelée depuis toujours à partager la vie et la joie divines, retrouve le chemin de son avenir, en renouant dans le Christ ressuscité avec l'élan de l'Amour créateur et divinisant du Père. Il nous ouvre ainsi au sens de notre histoire et de l'univers. Vision d'espérance d'où part cet appel, plus que jamais actuel :« Réveille-toi, toi qui dors, lève-toi d'entre les morts : Christ t'illumine de son aurore » (Ep 5,14).
Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), prêtre jésuite et chercheur scientifique de renommée internationale, peut être considéré comme l'un des plus grands penseurs du XXe siècle. Le Phénomène humain (1955), son livre majeur, comme la plupart de ses écrits, fut cependant interdit de publication de son vivant. Sa pensée, centrée sur l'Évolution de l'univers, se fonde sur cette affirmation qu'il emploiera sa vie à démontrer : "Il est une communion avec Dieu et une communion avec la Terre, et une communion avec Dieu par la Terre" (La Vie cosmique, 1916). De nombreux courants d'idées s'inspirent aujourd'hui de cette nouvelle "vision du monde", où se réconcilient, de façon admirable, la science et la foi, annonçant l'esprit à venir dans l'Église.
Parmi les prières chrétiennes les plus connues, qui circulent de main en main et même jusque sur Internet, figure la Prière d'abandon de Charles de Foucauld, l'ermite du désert béatifié par jean-Paul Il. Fidèle à la spiritualité de Frère Charles, Mgr Boulanger propose une méditation commentée de ce grand texte. Tout en renvoyant à l'expérience d'abandon psychologique vécu par Foucauld dans son enfance, par la perte de ses parents, cette prière invite davantage à un mouvement de confiance, de don de soi dans la suite du Christ. Proche aussi de l'esprit de Thérèse de l'Enfant-Jésus, cette démarche invite à s'abandonner, jour après jour entre les mains de celui qui fait naître à sa vie. Car Dieu veut notre bonheur et entend bien nous aider à dépasser les deuils et arrachements qui font le tragique de nos existences.
Enseignement de morale fondamentale dans lequel le père Xavier Thévenot tente de répondre aux questions de l'homme contemporain face aux choix de l'existence et revient sur la formation du sujet, la question du discernement moral et la distinction entre éthique et morale.
La gnose constitue un des phénomènes les plus fascinants de l'histoire des idées. Elle est apparue sous le Haut-Empire romain (Ier-IIe siècle), période brillante et inquiète, qui voit aussi l'essor du christianisme. Les gnostiques, Basilide, Valentin, Marcion, prêchent des doctrines étranges se présentant comme une connaissance secrète (gnose) que Jésus-Christ aurait transmise à ses proches. Christianisme philosophique ou sulfureuse contrefaçon ? Sagesse élevée ou charlatanisme ? Religion sui generis ou maladie infantile du christianisme ? Ultime expression de la philosophie grecque ou anticipation de l'existentialisme ? Vecteur d'influences juives ou au contraire rejet du judaïsme? La gnose garde une partie de son mystère. Née en Orient (Syrie, Égypte), répandue à Rome, dénoncée par les Pères de l'Église (saint Irénée, Tertullien), elle connaît peut-être son sommet aux confins de l'Empire perse avec Mani (IIIe siècle) dont la doctrine, le manichéisme, se répand jusqu'en Chine et pourrait avoir inspiré le bouddhisme.Depuis la fin des cathares (XIVe siècle), dernier avatar de la gnose européenne, celle-ci se survit par des traditions initiatiques (franc-maçonnerie, théosophie), des lignées de maîtres spirituels qui s'en réclament et des influences diffuses sur la littérature, particulièrement romantique, la musique, la philosophie. Par son rejet radical du monde réel ou sa volonté d'émanciper l'esprit des contraintes de la condition charnelle, le mode de pensée gnostique imprègne à bien des égards la culture contemporaine.Sur un sujet complexe et controversé, l'auteur présente, dans une perspective historique, une synthèse claire, vivante et équilibrée.Roland Hureaux, ancien élève de l'École normale supérieure (Saint-Cloud) et de l'ENA, agrégé d'histoire, est membre du Comité de rédaction de Commentaire. Il a notamment publié Jésus et Marie-Madeleine (Perrin) qui a été traduit en plusieurs langues.
Les épîtres de saint Paul sont les plus anciens écrits chrétiens existants. En dépit du goût actuel pour ce qui touche aux commencements. Paul reste un auteur maltraité, mal aimé et peu lu. Légaliste, misogyne, antisocial, conservateur... Sa mauvaise réputation est tenace. Mais si Paul peine à conquérir la faveur des chrétiens, il est de plus en plus apprécié comme l'un des penseurs remarquablement originaux des derniers millénaires. L'homme est un géant de la pensée. Encore faut-il le lire, ce à quoi cet ouvrage invite. Il expose les principaux points de la recherche sur Paul en termes simples la biographie de Paul revue par les historiens ; ses relations complexes avec l'Eglise de Corinthe la construction littéraire des épîtres ; ses relations à la loi juive et à Israël ; l'évolution de ses idées les oeuvres d'imitation, y compris les apocryphes. Avec en filigrane un questionnement brûlant : Paul est-il ou non le fondateur du christianisme ?
Grégoire Ier, pape de 590 à 604, a mérité le nom de Grand " car il joua, au début du Moyen Age, un rôle capital pour l'histoire de l'Eglise, de la pensée chrétienne et de la christianisation de l'Europe. On redécouvre de nos jours et ses écrits et son oeuvre. Jean XXIII puis Jean-Paul Ier voyaient en Grégoire le modèle des papes. Tout en affirmant la primauté romaine, Grégoire refusait le titre d'évêque universel pour ne pas léser les prérogatives des Eglises locales. Il respectait les usages des autres Eglises car " dans une même foi, une coutume diverse ne nuit pas à la sainte Eglise ". " Serviteur des serviteurs de Dieu ", saint Grégoire est resté humble et conciliant. N'a-t-il pas écrit à ses missionnaires d'Angleterre : " De nos jours la sainte Eglise, corrige certaines fautes par zèle, en tolère d'autres par mansuétude, ferme les yeux sur d'autres par sagesse. "".
Un jeune païen méditerranéen, de famille socialiste et athée, découvre grâce à l'aventure de la Résistance puis en se rendant à Paris, dans le désert de la ville, l'angoisse et la mort. Mais en même temps, il s'étonne devant les visages, la beauté ; la vie. Surmontant le désespoir et la tentation du suicide, il se convertit au christianisme sous l'influence d'un grand Russe de l'immigration, Vladimir Lossky, et rencontre l'orthodoxie. L'autobiographie spirituelle d'Olivier Clément, décédé en janvier 2009, constitue un témoignage unique et la meilleure manière de découvrir ou de retrouver le grand théologien orthodoxe et le pionnier de l'oecuménisme qu'il fut, dans toute sa profondeur. Cette nouvelle édition est enrichie des témoignages d'Andrea Riccardi et du père Boris Bobrinskoy, et d'une contribution de Dominique Ponnau.
Avec des ouvrages à grand succès, comme La souffrance de Dieu, L'humilité de Dieu ou Joie de croire, joie de vivre, le père François Varillon a été l'une des figures marquantes du catholicisme français au XXe siècle. Par ses écrits, ses conférences, son rayonnement, il a marqué plusieurs générations de chrétiens dans son souci de présenter autrement le visage de Dieu et celui du christianisme. D'une plume claire et alerte, Étienne Fouilloux fait le portrait de ce pédagogue et spirituel hors pair. Rompant avec l'Action française dans sa jeunesse, le père Varillon a accompagné durant quelques décennies ce catholicisme engagé, imprégné des valeurs de l'Action catholique, qui prépara l'évolution conciliaire. Une belle évocation d'un homme attentif d'un même mouvement à la " beauté du monde " et à la " souffrance des hommes "
Après la Shoah, la création de l'Etat d'Israël a été unanimement saluée comme la seule proposition, nouvelle voire révolutionnaire, permettant de mettre fin à la persécution du peuple juif, en lui donnant un territoire où se rassembler et se défendre. L'idée n'est pourtant pas exclusivement liée au sionisme politique, comme on le croit trop souvent, et ne date pas de l'après-guerre, mais du tournant du XIXe et du XXe siècle. C'est en Russie, suite à la révolution d'Octobre, qu'eurent lieu les deux premières tentatives de territorialisation des Juifs dans le cadre d'une unité politique : au sud de l'Ukraine, en Crimée rurale, puis dans une région administrative autonome à l'extrême-est de l'Union soviétique, l'Etat juif du Birobidjan. Le baron Maurice de Hirsch, philanthrope d'origine allemande, fonda quant à lui des colonies agricoles juives", pour répondre à l'exigence de peuplement d'un territoire argentin alors sous-occupé. La redécouverte de ces expériences méconnues apporte un éclairage sur la situation actuelle des Juifs : ne peut-il y avoir une identité sans territoire, une identité dans et par l'exil ?".
Surpris de lui voir abandonner son métier de médecin pour embrasser la vie monastique, des amis du Frère Bruno, moine cistercien, n'ont cessé de le questionner. Soigner ceux qui souffrent, n'est-ce pas une belle vocation ? Travailler dans le tiers monde, n'est-ce pas un engagement suffisant pour un chrétien ? Pourquoi entrer dans un monastère ? Comment expliquer un tel choix qui semble aller au rebours des idéaux de bonheur du monde contemporain ?Partant de ces questions, Frère Bruno a approfondi les raisons de son engagement. Quel est le sens de la vocation monastique ? Dieu a-t-il besoin d'être entouré d'admirateurs oublieux des autres hommes ?Pour l'auteur, vivre en communion avec Dieu, c'est aussi vivre en communion avec ses frères en humanité, vivre un service...
" L'Un engendre le Deux, le Deux engendre le Trois et le Trois engendre les Dix mille êtres. " Ces lignes du Dao De Jing illustrent combien l'usage des nombres est ancien et essentiel dans la Chine traditionnelle. Car au-delà des réalités concrètes, les nombres s'enrichissent de valeurs symboliques. Ainsi, dans les écrits classiques, cette dimension de la symbolique des nombres apparaît comme une clé de lecture indispensable pour appréhender la civilisation ou lire les grands textes fondateurs de la pensée chinoise. Elle est nécessaire pour mieux comprendre la médecine, le taoïsme ou le Livre des Mutations. Voila pourquoi cette introduction d' Élisabeth Rochat de la Vallée plonge dans la polysémie des nombres chinois qui, plus que des rangs ou de simples quantités, traduisent la vision d'un ordre du monde, voire témoignent d'une sagesse sous-jacente. " A partir d'une origine Une, la vie s'exprime dans le multiple infini. "
Comment appréhender la dépression ? Comment la vaincre ou la traverser? Et au-delà des seuls aspects médicaux, comment ne pas voir que celle-ci comporte une composante spirituelle ? Déjà les Pères du désert parlent de l'acédie, la sécheresse du coeur et les grands saints connaissent des moments de découragement... Yves Prigent, psychiatre, auteur bien connu de L'Expérience dépressive et Stan Rougier, prêtre et écrivain, dont la traduction des Psaumes Montre-moi ton visage fait largement place à la désespérance, croisent leur regard sur la dépression. Pour le premier, il s'agit d'expliquer les mécanismes psychiques à l'oeuvre, la part de la petite enfance, les signes cliniques, les thérapies possibles ainsi que la dimension culturelle et sociale. Plus largement, la dépression renvoie à la question de l'intériorité. D'où le souci de Stan Rougier de poursuivre en relisant la Bible et en interrogeant la dimension plus spirituelle du mal dépressif. Comment faire la part du médical et du spirituel ? La prière peut-elle nous aider ? Que penser des techniques de méditation ? Et la dépression des jeunes ? Un livre simple et tonique.
Ne pardonne pas qui veut ! Le pardon ne saurait être une simple décision de la volonté mais un long processus psychologique et spirituel. Pourquoi pardonner ? L'homme peut-il exorciser de son coeur les sentiments de haine, de vengeance quand il a été blessé dans ce qu'il a de plus cher ? Jusqu'où peut aller le pardon ? Existe-t-il des " crimes " impardonnables ? Peut-on pardonner sans se faire le complice du mal ? Comment concilier pardon et justice ?Toutes ces questions de notre quotidien ou la vie de nos sociétés, Michel Hubaut les aborde en refusant d'y plaquer trop vite des réponses "bien-pensantes" ou simplistes. En s'appuyant sur des exemples concrets, il écoute avec respect les interrogations, les silences douloureux, les cris de révolte, les réponses généreuses de l'homme et interroge la Parole de Dieu.Il montre combien finalement le " pardon " est un itinéraire intérieur plus ou moins long qui touche au mystère même de l'homme.
Si l'on a beaucoup évoqué et débattu des relations entre le Vatican avec l'Allemagne nazie ou l'Italie fasciste, on connaît moins en revanche les liens de celui-ci avec le régime japonais au cours de la Seconde Guerre mondiale. C'est donc un aspect peu connu mais tout à fait intéressant et problématique de l'histoire de l'Eglise au XXe siècle qui se trouve développé ici. Au cours de cette période, Mgr Marella est envoyé comme nonce au Japon, empire alors sous la domination d'un régime autoritaire, voire fascisant. Dés lors, deux problèmes majeurs se posent à lui. Quelles peuvent être les relations du Saint-Siège avec un régime de ce type, allié aux puissances de l'Axe ? Comment l'Eglise et le Vatican doivent-ils se situer par rapport à ce type d'Etat ? Seconde difficulté, comment établir aussi des relations avec un régime soumis à un rite religieux d'Etat particulier, le shinto ? N'est-ce pas revenir à la fameuse querelle des rites chinois posées par les jésuites quelques décennies plus tôt ? Un tableau historique très fouillé que propose ici Régis Ladous.
L'historien livre un ensemble de réflexions autour du thème de l'identité catholique.
Moine bénédictin, le F. Achille Mestre propose ici un parcours au fil de la Parole de Dieu. Comme le souligne l'auteur, notre religion n'est pas une religion du Livre, mais une religion de la Parole, ainsi que le Prologue de saint Jean le révèle si fortement. Toute parole induit une écoute et engendre à sa suite le dialogue. St Paul, dans sa lettre aux Romains, l'a parfaitement compris : "La foi naît de ce qu'on entend ; et ce qu'on entend c'est l'annonce de la Parole du Christ." La foi n'est pas inscrite dans un livre, pas plus qu'elle ne germe spontanément dans le coeur de l'homme. Elle jaillit de l'étincelle provoquée par la rencontre entre une Parole et un coeur. De cette confrontation peut naître la foi. La parole, écrit Denis Vasse, jette ensemble celui qui parle et celui qui écoute. Elle les fait remonter à leur origine commune en laquelle le parlant et l'écoutant communient : l'Esprit Saint. Elle les lance ensemble sur les routes de la vie. "".
Il faut lire Jacques Maritain, soutient avec passion Paul Valadier. Avec le choc des totalitarismes, la faiblesse voire la démission des démocraties et la proclamation toujours plus forte des droits de l'homme, les débats d'idées politiques ont été vifs au XXe siècle; Maritain en fut partie prenante. Mais étrangement, le philosophe chrétien est resté dans l'oubli. C'est pourtant l'un des rares à réfléchir à l'avenir de la cité en partant de l'inspiration évangélique, pour promouvoir une démocratie vivante. D'une plume acérée, Paul Valadier répare cette injustice et réhabilite la pensée de l'auteur d'Humanisme intégral. En ces temps incertains de cynisme et de crise du politique, Maritain peut offrir encore des pistes et des valeurs pour notre vivre ensemble.
Trop souvent, notre monde souffre de tristesse et de morosité. La peur de l'avenir et le mal de vivre marquent nos contemporains, jeunes ou plus âgés s'interrogent sur le sens de leur vie, nombre d'adultes souffrent de solitude... " Soyez dans la joie ", nous dit pourtant Mgr Michel Santier, relayant ainsi le message biblique. joie du peuple d'Israël libéré de l'esclavage, joie de Marie à l'Annonciation, joie de Jésus devant l'amour du Père. Non, le christianisme ne propose pas une foi morbide ou doloriste, mais bien une bonne nouvelle de paix, de pardon et d'ouverture au bonheur. C'est cette certitude joyeuse que partage ici Mgr Santier, à partir de son expérience d'évêque, nourrie aussi de sa proximité avec le Renouveau et sa familiarité avec les Écritures.
Saint Norbert est né en 1080, à Xanten, dans la vallée du Rhin. Un beau seigneur allemand, cousin de lempereur Henri IV (celui de Canossa), dont la carrière sannonce magnifique. Mais le jeune et brillant chanoine de la cour impériale, un jour dorage dans la forêt de Freden, est foudroyé par Dieu. Jeté comme saint Paul à bas de son cheval, Norbert se convertit.
Dans le climat enfiévré dune Église en pleine réforme cest le temps de saint Bernard et de saint Bruno, des croisades et des ordres militaires , Norbert se fait pauvre, prédicateur itinérant, messager fou de lÉvangile. Sa course sarrête en 1120, dans la forêt de Saint-Gobain, à Prémontré, où il fonde un monastère. Une réussite exceptionnelle, comparable à celle de Cîteaux : un siècle après sa mort, lOrdre de Prémontré compte six cents maisons en Occident. LOrdre vit encore aujourdhui, dans les cinq continents.
Norbert meurt en 1134, archevêque de Magdebourg en Saxe, archi-chancelier de lEmpire et intime de lempereur Lothaire. Létude des sources primitives permet de restituer ce personnage fascinant, à la fois charmeur et intransigeant. Homme dÉglise et homme dÉtat : sans peur, sans compromis. Homme de prière aussi, dont saint Bernard, son ami, disait : « Dentre nous, je le sais bien, cest lui le plus proche de Dieu »
Si l'homme d'aujourd'hui témoigne d'une immense soif de dignité et de respect pour ses semblables, il ne sait plus en revanche dire Dieu ", tout simplement. Cette aspiration et ce manque interrogent fortement Mgr Michel Dubost. Car selon lui, tant que l'homme ne se respecte pas et n'est pas respecté, il est impossible de dire Dieu en vérité. Tant que Dieu n'est pas recherché, il est impossible de respecter l'homme totalement. A partir des Ecritures, l'auteur explore donc ce que l'homme peut dire de Dieu et ce que Dieu dit de l'homme. L'homme est à l'image de Dieu - à l'image d'un Dieu Trinité, qui est Père et Créateur, Fils qui obéit à son Père et le communique, et Esprit de vérité, de communion et de fidélité. Que peuvent vouloir dire ces expressions aujourd'hui ? Peuvent-elles aider à trouver un chemin pour sortir du mal de vivre ? Oui, répond Mgr Dubost. Car, lorsque le Psaume repris par Jésus affirme : " Vous êtes comme des dieux ", il ouvre des perspectives nouvelles.".