La laïcité repose sur un principe de séparation entre l'État et la religion. Dans ce livre novateur, Cécile Laborde met à jour les fondements philosophiques de cette idée constitutive de la pensée politique moderne. Elle démontre l'ambiguïté de l'idée libérale de neutralité religieuse et propose de "désagréger" les différents aspects du phénomène religieux, afin de mieux comprendre le double mouvement qui conduit l'État à protéger le religieux, mais aussi à se protéger du religieux. Elle fonde la laïcité sur le triple impératif d'un État accessible, inclusif et non intrusif : ses règles doivent pouvoir être comprises de tous, ne pas conduire à l'exclusion de minorités, et ne pas violer la liberté des citoyens. En resituant la laïcité française dans une perspective philosophique et comparative élargie, ce texte offre un éclairage saisissant sur les controverses récentes relatives à la place de la religion dans l'espace public.
Les textes traduits ici proviennent tous des Journaux et notes de jeunesse de Gershom Scholem. Ils ont été écrits entre 1917 et 1919. Réformé pour raisons « psychiatriques », Scholem rend souvent visite à Benjamin à Berne, et, à son contact, cherche à développer une conception du langage, et, notamment, du langage biblique, à l'occasion des traductions qu'il fait de certains cantiques de lamentation. On trouve ainsi un écho direct de ses discussions avec Benjamin, sur la « justice divine » comme sur la notion d'« expérience vécue » dont Buber est, du côté juif, avec Rosenzweig, le principal représentant. À cette « expérience », Scholem veut opposer la position qu'il adoptera définitivement, celle du philologue-historien. Dans cette perspective, il esquisse une conception du temps où le prophétisme et le messianisme jouent un rôle de premier plan, ce que montre son commentaire du prophète Jonas.
Le thème de la religion occupe une place importante dans la philosophie politique de John Rawls, qui veut montrer comment des personnes aux croyances inconciliables peuvent néanmoins vivre ensemble dans une société juste. Deux textes découverts après la mort du philosophe (introduits ici par Robert Adams, Joshua Cohen et Thomas Nagel) apportent un éclairage nouveau sur cet aspect de son oeuvre. Le premier, Une brève enquête sur la signification du péché et de la foi, est un essai de théologie morale, rédigé en 1942, alors que le jeune Rawls envisageait la prêtrise. Affirmant la nature communautaire des personnes, il y définit le péché comme le rejet de la communauté et récuse toute vision de la société comme contrat. Le second, Sur ma religion, est un court texte personnel rédigé cinquante ans plus tard, qui retrace l'évolution religieuse de Rawls et son éloignement du christianisme suite à sa participation à la Deuxième Guerre mondiale.