Analyser et déconstruire « dix mythes sur les Juifs » en dix courts chapitres accompagnés d'illustrations et caricatures percutantes : telle est la réussite de l'historienne Maria Luiza Tucci Carneiro. Des « Juifs déicides » aux « Juifs qui manipuleraient aujourd'hui la première puissance mondiale », ces dix récits mensongers destinés à « faire croire » sont en réélaboration constante et circulent à travers le temps et l'espace. Ils traduisent et nourrissent aussi bien l'antique antijudaïsme que l'antisémitisme et l'antisionisme contemporains.
Manuel Antunes, jésuite portugais, est né en 1918 et mort en 1985. La traduction d'un choix de textes proposée ici permettra la découverte, par les lecteurs francophones, d'une oeuvre absolument considérable, et encore largement méconnue, pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'elle n'a jamais été traduite. Ensuite, parce qu'elle est faite d'une immense constellation d'écrits qui n'ont jamais été réunis par leur auteur lui-même dans de véritables " livres ". Manuel Antunes fut un homme d'une très vaste culture (comme en témoigne nombre des articles réunis dans ce volume, sur Pascal, sur Martin Heidegger, sur l'histoire politique et religieuse du Portugal et de l'Empire portugais), mais qui, comme d'autres religieux de sa génération en Europe ou en Amérique, avait choisi d'être une sorte de journaliste de son temps, fondant et animant l'une des plus grandes revues de la Compagnie de Jésus, Broteria, collaborant à de nombreuses autres publications, souvent sous pseudonymes (on peut faire de lui un Pessoa jésuite). Enfi n et surtout, parce que c'est une oeuvre rebelle, indomptable : d'une attention prodigieusement aiguë à la société de son temps, dont il fut un surprenant sociologue, il en est aussi un critique sévère. Il poursuit les errements des sociétés démocratiques modernes tout en en épousant avec une empathie peu commune les respirations, les interrogations, les angoisses. Cette trajectoire, qui a traversé le XXe siècle, nous arrive aujourd'hui toute neuve de l'humanité intraitable qui est la sienne. La lecture de ces pages sera, certainement, une révélation.