Le Commentaire de Carl G. Jung sur le traité taoïste du Mystère de la Fleur d'Or constitue dans son oeuvre une étape cruciale : il inaugure sa recherche, aujourd'hui devenue incontournable, sur les civilisations orientales, et annonce quelques-uns des grands thèmes privilégiés comme "l'âme" ou la quête d'une "conscience totale" - à partir desquels va se structurer dorénavant la psychologie des profondeurs. Ce commentaire est ici accompagné de dessins chinois et de "mandalas européens" sélectionnés par Jung, ainsi que de certains textes - dont une remarquable préface au Yi King - qui jalonnèrent son exploration de la spiritualité chinoise traditionnelle.
« Ce livre se veut une porte d'entrée à mes deux précédents ouvrages consacrés à la figure et au message de Jésus de Nazareth. J'ai cherché à interpréter, en dialoguant avec des exégètes d'hier et d'aujourd'hui, ce que Matthieu et Luc racontent, au début de leurs évangiles, sur l'enfance de Jésus.
Une interprétation juste, selon moi, requiert deux étapes. D'abord, il faut se demander ce qu'ont voulu dire, à leur époque, les auteurs de ces textes - c'est la composante historique de l'exégèse. Mais il ne faut pas laisser le texte dans le passé. La seconde question doit être : « Ce qui est dit est-il vrai ? Cela me regarde-t-il ? Et si cela me regarde, de quelle façon ? »
Je suis bien conscient que toute interprétation reste en deçà de la grandeur du texte biblique. J'espère que ce petit livre, malgré ses limites, pourra aider de nombreuses personnes dans leur chemin vers et avec Jésus. »
Benoît XVI
Près d'un demi-siècle après sa mort le 10 décembre 1968, Karl Barth, l'une des plus grandes voix de la théologie chrétienne au siècle dernier, fascine et rebute toujours et encore. Son oeuvre si vaste donne le tournis et a de quoi effrayer toute personne qui cherche une porte d'entrée. Comment accéder à cette figure et à cette pensée toujours en mouvement? Christiane Tietz propose la piste biographique, avec une grande maestria et sans passer sous silence les zones d'ombre du pasteur et professeur bâlois, notamment son « ménage à trois » durant les dernières décennies de sa vie.
Suivre l'existence et la réflexion du théologien devient alors à la fois aisé et passionnant. À celles et ceux qui se demandent comment faire de la théologie après les grands cataclysmes du XXe siècle et au moment où les institutions ecclésiastiques s'inquiètent de leur avenir, Karl Barth n'apporte pas de solution toute faite, mais indique comment continuer de chercher à comprendre l'Évangile au milieu de très graves crises. Faire de la théologie, c'est tout à la fois s'ériger contre tout ce qui défigure l'être humain, et c'est aussi, plus fondamentalement encore, s'orienter toujours à nouveau vers le «oui» de Dieu vis-à-vis du monde et de l'humanité.
En plus des quatre évangiles bibliques, il existe de nombreux textes sur Jésus écrits au début du christianisme qui n'ont pas trouvé leur place dans la Bible. En particulier les Évangiles de l'enfance, qui ont marqué durablement la piété chrétienne liturgie, traditions festives, représentations picturales. D'autres textes, comme l'Évangile de Thomas, n'ont été redécouverts qu'au XXe siècle. Jens Schrter décrit les écrits apocryphes les plus importants sur Jésus, éclaire leur relation avec les évangiles canoniques et explique leur signification pour l'histoire du christianisme.
« Que Dieu tout-puissant daigne envelopper notre oeuvre de sa grâce, forger en nous une volonté juste, bénir notre discernement
et nous rendre heureux dans la confiance de nos peuples. Amen. »
Tenus lors d'un discours radiodiffusé en 1933, ces propos d'Adolf Hitler illustrent toute l'ambiguïté du régime hitlérien à l'égard du christianisme: le nazisme était-il une idéologie fondamentalement hostile à la religion chrétienne ou a-t-il au contraire su exploiter les tendances les plus profondes de l'âme religieuse allemande? Quant aux Églises chrétiennes, ont-elles été ces lieux de résistance au totalitarisme dont les historiens d'après-guerre ont si volontiers chanté les louanges, ou bien n'ont-elles été finalement que l'un des nombreux rouages d'une société dévouée tout entière à son Fu hrer?
Ce sont ces questions que l'historien allemand Christoph Strohm aborde dans ce petit livre, devenu un classique outre-Rhin depuis sa publication en 2011. Sans compromission mais sans non plus entamer le procès des acteurs historiques, son propos se veut également une introduction simple d'accès à cette page sombre de l'histoire du christianisme au XXe siècle.'occasion de ses 65 ans, des amis de Michel Deneken
La Bible réunit des écrits très différents, datant de plusieurs millénaires, et pourtant elle se présente sous la forme d'un seul et même livre. Comment cette oeuvre extraordinaire a-t-elle vu le jour?
Pas à pas, deux éminents chercheurs en sciences bibliques, Konrad Schmid et Jens Schrter, décryptent comment des récits anciens, des chants, des proverbes de sagesse et des lois, mais aussi des lettres adressées aux premières communautés chrétiennes et des récits sur Jésus ont, dans un long processus, donné naissance aux saintes Écritures des juifs et des chrétiens, qui sont lues dans le monde entier.
Un livre qui fait le point sur les dernières recherches et propose une formidable vue d'ensemble afin de mieux comprendre comment la formation de la Bible a eu lieu.
« Dieu n'est pas un chic type » ... et heureusement : qui donnerait ne serait-ce qu'un quart d'heure de sa journée pour un Dieu aseptisé, gentil et terriblement ennuyeux ? Pourquoi alors avons-nous délaissé un Dieu infiniment beau, bon, exigeant et tout-puissant pour lequel tant d'hommes et de femmes ont tout quitté et tout enduré, jusqu'à donner leurs vies ?Sans détour, Ulrich Lehner nous amène avec une étonnante facilité à (re)découvrir ce Dieu que nous ne connaissons plus. Il casse l'image trop souvent répandue d'un Dieu frelaté qui n'attire plus les foules. Il plaide avec passion pour « reconquérir le Dieu qui apparaît à Moïse dans le buisson ardent, qui parle à travers les ânes, qui bannit les démons d'un troupeau de porcs, qui jette Saul de son cheval, et apparaît à saint François». En contemplant le Dieu de la Bible, le seul qui peut saisir notre âme, on ne peut que vouloir chercher à le rencontrer et se faire proche de lui, dès aujourd'hui.
Un ouvrage salvateur et lumineux.
« Dieu n'est pas un chic type est un livre incontournable pour les parents, les éducateurs religieux et les simples fidèles qui veulent se libérer de la divinité en pullover issue de la culture pop américaine et rencontrer la grandeur radicale de Dieu. »Rod Dreher
Originaire de Bavière, le professeur Ulrich Lehne enseigne avec passion l'histoire et la théologie à l'université Notre-Dame (États-Unis). Membre de l'Académie européenne des sciences et des arts, il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, traduits dans de nombreux pays.
Dans cet ouvrage d'abord présenté comme thèse de doctorat en 1927, à l'âge de 21 ans seulement, Dietrich Bonhoeffer propose une réflexion théologique sur l'Église comme « communauté » (Gemeinde), comme groupe social convoqué par la parole de Dieu.
En dialogue fécond et critique avec divers travaux sociologiques de son temps (notamment Ernst Troeltsch), Bonhoeffer refonde la notion de «personne» afin de dépasser une conception abstraite de l'histoire et de la réalité concrète: le «je» individuel ou collectif est toujours confronté à un «tu» qui le sollicite et qui le constitue. Là où le protestantisme conçoit parfois la communauté ecclésiale comme facultative, Bonhoeffer présente cette dernière comme «le Christ existant comme communauté», comme lieu par excellence de la présence du Christ et de l'Esprit dans le monde. Karl Barth parlait à juste titre de cet ouvrage comme d'une « surprise théologique » (theologische Uberraschung), tant la maturité de l'auteur saute aux yeux. Bonhoeffer s'est appuyé sa vie durant sur les intuitions qu'il articulait dans cette première monographie.
On pourrait se croire dans une pièce de Shakespeare, Le franciscain de Venise. À l'aurore de la Renaissance, on croise Henri VIII, le roi d'Angleterre qui sollicite le droit de divorcer d'avec sa première femme auprès du pape, dont les légats sont accompagnés d'un théologien de renom, philosophe de haut vol et kabbaliste par passion.
Petit à petit sort de l'ombre le personnage-titre, Francesco Zorzi (1466-1540) ou Francesco Giorgio Veneto. Parlant le latin, le grec et l'hébreu, familier des Saintes Écritures autant que des textes néoplatoniciens et pythagoriciens, ce moine se passionne pour les écrits rabbiniques au point de posséder l'une des plus impressionnantes bibliothèques hébraïques. Fasciné par l'architecture et la possibilité de concevoir un bâtiment à l'image du corps humain, il collabore avec l'architecte Jacopo Sansovino à la conception de l'église de San Francesco della Vigna.
À travers cette figure énigmatique, qui connaît à merveille l'oeuvre de Pic de la Mirandole, a lu Marsile Ficin et disputé les doctrines de Nicolas de Cues, c'est tout l'univers de l'humanisme renaissant que restitue Verena von der Heyden-Rynsch.
Quel est le sens de la vie ?
Que deviennent les rêves ?
Existe-t-il un destin ou devons-nous le créer ?
À la mort brutale de son père, la vie conduit Tom en Andalousie, à Népenthès, un lieu mystique à l'abri des soucis. Accompagné de son âne, il y explore son Moi profond. Il commence à faire des rêves mystérieux où reviennent des images et
émotions de son enfance.
Débute alors un véritable parcours initiatique parsemé de révélations, mais aussi d'épreuves qu'il devra surmonter pour réaliser ses rêves et connaître le sens de la vie.
Une histoire brillante pour comprendre
qui nous sommes réellement.
Avec les pontificats de Jean-Paul II et Benoît XVI, l'Église serait-elle, comme une vieille dame, atteinte d'ostéoporose ? Telle est en effet le diagnostic implacable que fait Hans Küng. Extérieurement, l'Église catholique est affectée par une crise sans précédent en Europe : absence de prêtres, départ massif de fidèles, absence de toute réforme du gouvernement romain, scandale de la pédophilie des prêtres, rigorisme moral insupportable, autoritarisme, restauration anté-conciliaire qui se dessine, traditionalisme liturgique, œcuménisme défaillant. Küng va aux causes profondes et lointaines de cette débâcle : un système romain – de puissance, de fermeture, d'arrogance – a fait son temps. Juridisme, cléricalisme, système de gouvernement médiéval, mentalité de croisade, méfiance envers la sexualité humaine, refus de toute réforme, mépris de la science aujourd'hui comme hier, refus de la démocratie – réservée aux autres –, goût du secret, haine du moderne, autocélébration et autoconservation internes qui se refusent à toute autocritique véritable : n'en jetez plus ! Il propose aussi toute une série de remèdes, car le mal ne lui paraît pas (encore) mortel, pour " guérir " l'Église catholique : des réformes pour être plus fidèle l'Évangile, et non pour faire plaisir à l'esprit du temps.
Hans Küng, jeune théologien brillant d'origine suisse, fut expert au Concile Vatican II (1962-1965) en même temps que Josef Ratzinger. Dernier livre de Hans Küng au Seuil : Faire confiance à la vie (2010).
" J'écris pour des hommes qui sont en recherche. Ceux qui ne savent que faire avec la foi traditionnelle de provenance romaine ou protestante. Ceux qui pourtant ne sont pas non plus satisfaits de leur incroyance ou de leurs doutes. Ceux qui ne se contentent pas d'une "spiritualité de bien-être' ou ne demandent pas une "béquille existentielle' à court terme. J'écris aussi pour tous ceux qui vivent leur foi, mais veulent pouvoir en rendre compte. Ceux qui ne se bornent pas à "croire', mais désirent "savoir' et donc attendent une conception de la foi fondée d'un point de vue philosophique, théologique, exégétique et historique, avec des conséquences pratiques. "
Prenant pour thème central la " vie ", le " vivre ", Küng en déploie les diverses facettes : confiance dans la vie, joie de vivre, chemin de vie, sens de la vie, raisons de vivre, souffrance de vivre, art de vivre... Un livre inhabituel de Hans Küng : livre de sagesse, de spiritualité, de sérénité, de foi, de récapitulation – d'un contestataire dans l'Église parvenu à la " neuvième décennie " de sa vie.
Hans Küng est un théologien catholique rebelle, connu et lu dans le monde entier. Auteur de nombreux livres, il a toujours lutté avec une constance inflexible pour " l'ouverture " de l'Église catholique et pour le dialogue et la paix entre les religions.
Les Pouvoirs du sacré pose une question brûlante : celle de la place persistante du sacré et de la religion dans la vie sociale contemporaine. Ni une vision linéaire de la sécularisation comme déclin progressif et mondial de la religion, ni une compréhension mystique du " retour du religieux " ne conviennent pour appréhender ce phénomène complexe. Hans Joas parcourt, synthétise et discute les grands paradigmes qui ont été élaborés par la philosophie et la sociologie, depuis le xviiie siècle, pour penser la vie religieuse.
En discussion critique avec Max Weber, Joas construit une alternative au récit du " désenchantement du monde ". Il estime qu'une compréhension du devenir de la religion ne peut se séparer d'une interprétation des tensions entre le politique et le religieux, l'État et les Églises, qui ont paradoxalement créé des interstices dans lesquels les individus ont pu construire leur liberté et redéfinir leur vie en commun.
Il s'agit aussi d'un livre engagé en faveur d'un universalisme des droits de la personne qui se traduirait, au plan théologico-politique, par le double rejet des théocraties et des dictatures laïques, et par une mise en garde contre la tentation d'une " auto-sacralisation de l'Europe " contre l'islam.
Hans Joas est aujourd'hui l'un des plus éminents représentants de la sociologie des religions et de la " philosophie sociale " allemande, illustrées jadis par Max Weber ou Georg Simmel. Ont été traduits en français La Créativité de l'agir (Le Cerf, 1999), George Herbert Mead. Une réévaluation de sa pensée (Economica, 2007) et Comment la personne est devenue sacrée. Une nouvelle généalogie des droits de l'homme (Labor et fides, 2016).
Traduit de l'allemand par Jean-Marc Tétaz.
Les thèses de 1523 et leurs commentaires sont de beaucoup le texte le plus important et le plus volumineux de Zwingli. Il est aussi le tout premier manifeste de ce qui allait devenir la branche proprement réformée du protestantisme. Enfin traduit en français, ce document laisse transparaître nettement ce qui a d'emblée distingué le courant réformé du courant luthérien. Zwingli l'a écrit en moyen haut allemand de l'époque, à destination de ses anciens paroissiens de Glaris, pour les mettre au courant des discussions et controverses qui avaient précédé la dispute au terme de laquelle Zurich est passé à la Réforme, et tenter de les y rallier à leur tour. Il l'a fait avec une liberté de ton, un mordant, voire une manière populaire de dire et envisager les choses qui font de ce document un témoin important et savoureux de ce qui s'est joué au XVIe siècle.
Eberhard Jüngel, éminent théologien de notre temps (né en 1934), se penche sur le thème de la mort. Cette thématique est d'abord envisagée dans une perspective anthropologique large, en dialogue avec la médecine et la philosophie, comme une « énigme ». Dans un second temps, Jüngel propose une réflexion biblique et théologique sur la mort comme « mystère ». Interroger la mort, c'est interroger la vie - notre vie. Qu'est-ce que la mort ? Une réalité à la fois tout à fait personnelle (notre mort), mais aussi tout à fait étrangère. Elle n'est toutefois pas que « ma » mort, mais aussi celle d'autrui : elle est un fait social, dont les incidences sur nous-mêmes sont indéniables. Théologiquement parlant, la mort de Jésus est l'événement de la rencontre entre l'être de Dieu et l'être de la mort : Dieu y assume la négation de la mort. Si la mort de Jésus-Christ a quelque chose à voir avec nous, c'est parce qu'elle concerne également Dieu : en Jésus, Dieu même n'en est pas indemne. Loin d'être « réconcilié » par la crucifixion de Jésus, au sens où Dieu passerait de la colère au pardon, Dieu ôte à la mort sa puissance de négation et de séparation, donnant à l'être humain d'avoir part à sa vie même. D'abord paru en 1971, dans le contexte des théologies de la « mort de Dieu », cet ouvrage, très lu dès sa parution mais jamais traduit jusqu'ici en français, n'a rien perdu de sa pertinence
Wolfhart Pannenberg, éminent théologien luthérien de la seconde moitié du XXe siècle, propose une réflexion centrée sur le royaume de Dieu, motif décisif du message de Jésus de Nazareth.
Pannenberg renverse nos conceptions habituelles du temps pour suggérer que le royaume, loin de simplement représenter le terme d'une progression temporelle linéaire, vient faire irruption dans notre présent, ouvrant ce dernier vers la réalité de Dieu. Autrement dit: ce qui est dernier advient dans notre présent, sans rien y laisser indemne.
Une réflexion exigeante et riche qui renouvelle notre compréhension de la fi gure de Jésus, de la foi chrétienne, de l'éthique et de l'Église pour notre temps.
Comment un théologien catholique peut-il, ose-t-il, défendre l'idée d'une " aide à mourir ", appelée aussi " suicide assisté " ou " accompagné ", ou encore " euthanasie " ?
Précisément au nom de sa foi ! " Justement parce que je crois en une vie éternelle, j'ai le droit, le moment venu, de décider quand et comment je vais mourir. " C'est comme croyant que Hans Küng défend une fin de vie digne de l'homme, de son humanité. " Un Dieu qui interdirait à l'homme de mettre fin à sa vie quand la vie lui fait porter durablement des fardeaux insupportables ne serait pas un Dieu amical à l'homme. "
Hans Küng parle pour lui-même et ne veut rien imposer à personne. Mais avec beaucoup de délicatesse et de nuances, il revendique, pour ceux qui n'en peuvent plus de vivre, le droit de partir quand ils l'ont souhaité, en toute clarté et lucidité.
Ce livre est aussi un parcours simple et éclairant sur le " changement de paradigme " où nous sommes engagés aujourd'hui dans notre compréhension de la vie et de la mort humaines.
Hans Küng, né en 1928, est un théologien catholique mondialement connu pour ses prises de position contestataires et courageuses dans une Église qu'il n'a jamais quittée.
Les textes traduits ici proviennent tous des Journaux et notes de jeunesse de Gershom Scholem. Ils ont été écrits entre 1917 et 1919. Réformé pour raisons « psychiatriques », Scholem rend souvent visite à Benjamin à Berne, et, à son contact, cherche à développer une conception du langage, et, notamment, du langage biblique, à l'occasion des traductions qu'il fait de certains cantiques de lamentation. On trouve ainsi un écho direct de ses discussions avec Benjamin, sur la « justice divine » comme sur la notion d'« expérience vécue » dont Buber est, du côté juif, avec Rosenzweig, le principal représentant. À cette « expérience », Scholem veut opposer la position qu'il adoptera définitivement, celle du philologue-historien. Dans cette perspective, il esquisse une conception du temps où le prophétisme et le messianisme jouent un rôle de premier plan, ce que montre son commentaire du prophète Jonas.
La crise politique, culturelle et morale que traverse l'Occident, immense, affecte l'humanité tout entière. Il n'existe plus de système de valeurs communément partagé à partir duquel avancer. Même les crimes contre l'humanité se voient justifiés par des fanatiques idéologiques et pseudo-religieux qui ambitionnent de contraindre les peuples à céder à leur exigence d'un pouvoir totalitaire.Ces dérives désastreuses sont la conséquence du déni de la vérité objective, fondée sur Dieu, Créateur du monde, et sur la loi naturelle telle qu'elle se manifeste dans sa création.En abordant la question de Dieu, de la Vérité objective, de la place de l'Église dans la société contemporaine, le cardinal Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, montre que notre attitude à l'égard de la vérité que Dieu nous a révélée ne peut dépendre de notre état psychologique ni de notre tournure d'esprit, qu'elle soit plutôt conservatrice ou plutôt progressiste.Au coeur des bouleversements, il en appelle au courage des catholiques pour témoigner, fut-ce au risque de leur vie, du Christ sauveur de l'Humanité.
Archevêque et cardinal allemand, Ludwig Gerhard Müller a été préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, la plus haute autorité doctrinale de l'Église de 2012 à 2017.
Si Maître Eckhart est aujourd'hui l'un des auteurs les plus connus du Moyen Âge, c'est sans aucun doute grâce à ses Sermons allemands dont la profondeur spirituelle et la beauté littéraire n'ont jamais cessé de captiver ses auditeurs, puis ses lecteurs. Écrits vraisemblablement à Erfurt dans les années 1303-1311, alors qu'il est prieur de la province dominicaine de Saxe, les Sermons 87 à 105 s'interrogent en particulier sur le rôle de l'intellect dans la connaissance de Dieu : ne faut-il pas admettre que celle-ci dépasse les facultés de l'âme ? Pourtant, la lumière du Christ ressuscité vient éclairer les ténèbres de l'homme. Comment l'âme doit-elle alors se disposer intérieurement pour accueillir la Parole de Dieu ? Eckhart envisage cette question de la connaissance à travers l'expérience du détachement, montrant " la grande noblesse que Dieu a déposée dans l'âme " ( Sermon 101 ). C'est en effet dans le silence de l'âme que prend naissance le Verbe éternel, pour la plus grande béatitude de l'homme.
Ce nouveau volume réunit pour la première fois en français un ensemble de sermons dont dix (91 à 100) sont totalement inédits, et nous offre un précieux témoignage sur l'âge d'or de la spiritualité dominicaine à la fin du Moyen Âge, dont Eckhart fut incontestablement l'une des plus grandes figures.
Éric Mangin est philosophe et théologien. De Maître Eckhart, il a déjà traduit et présenté le Commentaire du Notre Père (Arfuyen, 2005) et les Sermons parisiens (Seuil, 2009). Il est également l'auteur de Maître Eckhart ou la profondeur de l'intime (Seuil, 2012).
L'extraordinaire destin du christianisme primitif peut s'expliquer à partir d'une étude psychologique du mouvement lancé par Jésus et ses premiers héritiers. Le succès d'un petit cercle religieux comme il en existait tant à l'époque tient à la manière dont les premiers chrétiens ont su intégrer dans une même communauté des comportements religieux a priori antagonistes, dictés par des invitations conjointes à rompre avec les héritages et à les respecter. Les attitudes très diverses admises dans le christianisme primitif ont permis l'essor d'une communauté plurielle constituée de profils psychologiques très divers, épousant plusieurs manières différentes de se situer par rapport à Dieu : en brisant des tabous, en rejetant son passé et sa famille, mais aussi en inscrivant sa croyance dans une sagesse traditionnelle. Pour Gerd Theissen, une psychologie de la religion permet d'identifier les pulsions individuelles qui ont permis cette diversité. Bien davantage que l'Eglise ultérieure, les textes du Nouveau Testament offrent un matériau propice à cette lecture : processus de conversions, miracles, glossolalie, visions, exorcismes et rituels disent beaucoup de choses sur les premiers chrétiens et, au-delà, sur des comportements religieux universels.
Avant tout, ce livre répond à une question simple : que peut encore dire un croyant de la Création et d'un Dieu créateur maintenant qu'on sait que la Terre a 13,7 milliards d'années, que la Vie en a près de 5 milliards et que les premiers hommes sont apparus il y a environ 2 millions d'années ? Ces questions font depuis longtemps difficulté aux croyants, mais elles connaissent aujourd'hui un regain d'actualité avec le succès des créationnistes, ces " fondamentalistes " qui récusent le travail des paléontologues comme celui des astrophysiciens et préfèrent s'en tenir littéralement au récit de la création du monde et de l'homme dans la Bible. Par ailleurs, les découvertes de la génétique et des sciences cognitives ne sont pas en reste pour troubler les croyants.
Ces difficultés sont ici abordées de front. Mais encore faut-il savoir de quoi on parle. Chaque découverte, théorie, problème scientifique fait l'objet d'une présentation claire, honnête, lucide, pertinente. Les aspects historiques ne sont pas absents. L'auteur est sévère pour l'attitude de l'Eglise et des croyants dans le passé, et encore aujourd'hui. Mais sa volonté d'ouverture ne fait pas taire ses désaccords avec des interlocuteurs scientifiques, en particulier quand ils franchissent sans réflexion les limites de leur domaine.
En fin de compte, c'est tout le conflit, jamais vraiment dépassé, entre foi et science, qui est revisité dans ce livre intelligent et pédagogique.
Comment conforter la foi des chrétiens en quête de leur propre identité ? Pour Anselm Grun, il ne s'agit rien moins que de définir la différence, l'essence du christianisme au regard des autres traditions religieuses. Pour autant, il ne faut pas s'en tenir à la seule question du dogme, mais envisager la manière dont la foi chrétienne permet de traverser la vie de tous les jours. " Être croyant, c'est pour moi rendre témoignage sans cesse de ce qui m'habite, de ce dont je vis et des raisons qui me font vivre. Être croyant implique une incessante interrogation sur le rôle joué dans ma vie par Jésus-Christ, sur la façon dont, comme chrétien, je traite les problèmes majeurs de mon existence : le mal et la faute, la maladie et la mort, le travail et la vie quotidienne, l'amour et le plaisir. "
Dans cet ouvrage en forme de testament moral et spirituel, écrit en camp de concentration, Léo Baeck parle autant de l'universalité du genre humain que de la spécificité de l'homme juif. Ce rabbin philosophe pour lequel le judaïsme authentique rimait avec un humanisme sincère, transcendant tout clivage confessionnel, nous rappelle que seules les oeuvres de l'esprit sont indestructibles et que seul un peuple qui abdique sa dignité spirituelle est réellement mort. La meilleure chose qui puisse arriver à un peuple est de plaider pour tous les autres en plaidant pour lui-même, de se battre pour l'humanité tout entière en se battant pour son droit. Baeck, convoquant un immense savoir historiographique, y voit le cur de la mission historique et divine dévolue aux Juifs.