Qu'est-ce qu'une association ? Quelle est l'importance du mouvement associatif français ? Quelles sont les origines de la fameuse loi de 1901 ? Qu'ont en commun les associations de services sanitaires et sociaux, celles d'éducation populaire et les joueurs de boules ? Quel rôle ce secteur joue-t-il dans l'économie ? Est-il créateur d'emploi ? Quels en sont les acteurs ? Quelles relations ont-ils avec les pouvoirs publics ?
Le tiers monde est - et sera longtemps encore - rural, malgré la forte urbanisation qu'il connaît depuis une vingtaine d'années : en l'an 2000, un habitant sur deux vivra dans les campagnes, et assurera l'alimentation des villes. C'est dire l'importance à venir des campagnes dans l'économie du tiers monde. Mais celui-ci est multiple : quoi de commun entre les zones désertiques du Sahel et la pampa argentine, entre les hauts plateaux andins et les rizières de l'Asie du Sud-Est, entre le Nord-Est brésilien et la Chine ? L'auteur connaît bien ces différentes situations, et mène dans ce livre une étude comparative et prospective des enjeux économiques, sociaux, culturels et environnementaux qui se nouent dans les campagnes. Deux réalités accablent ces continents : la pauvreté, sans cesse grandissante des paysanneries, et la fragilisation des solidarités villageoises. Jacques Chonchol propose, pour faire échec à la pauvreté, de revaloriser l'aspect rural, d'encourager une industrialisation appropriée aux campagnes et aux paysans, de favoriser l'émancipation des femmes qui sont à la base des cultures, de rétablir les nécessaires équilibres avec l'écosystème. Mais ces diverses propositions doivent être resituées dans leur contexte, et c'est pourquoi l'ouvrage effectue, chapitre après chapitre, un véritable tour du monde. Le déficit alimentaire, les problèmes fonciers, l'intervention de l'État, l'enseignement agricole, l'influence du modèle occidental de développement, les structures familiales, l'échange inégal ville/campagne, etc., différent d'une région à une autre. La ville, la modernité, la division internationale du travail, lancent de véritables défis aux communautés rurales. Les réponses sont à formuler et à mettre en oeuvre dès aujourd'hui.
Face aux déchaînements d'horreur en Algérie, l'opinion internationale semble tétanisée. Beaucoup d'observateurs disent : on ne comprend pas, on ne sait pas ce qui se passe vraiment. [...] Le rapport de Reporters sans frontières - Algérie, la guerre civile à huis clos - dénonce l'étrange inaction du pouvoir dans la recherche des assassins de journalistes, l'impitoyable censure qu'il exerce sur la presse, et l'interdiction de fait qu'il a imposée de toute enquête indépendante sur les violences ; le rapport de mission de la FIDH - La levée du voile : l'Algérie de l'extrajudiciaire et de la manipulation, établi à partir de témoignages particulièrement accablants recueillis sur place, montre que la lutte légitime de l'État algérien contre le terrorisme est menée, depuis 1992, en violation complète des conventions sur les droits de l'homme dont il est pourtant signataire (pratique généralisée de la torture, séquestrations arbitraires et disparitions, exécutions sommaires, milliers de prisonniers d'opinion, exactions encouragées des milices, etc.) ; - le rapport de l'organisation américaine Human Rights Watch - Algérie, des élections à l'ombre de la violence et de la répression - revient, à l'issue d'une mission sur place, sur les conditions très particulières des élections législatives du 5 juin 1997 (exclusion de certains opposants, censure, climat de violence, etc.) ; - et, enfin, le rapport d'Amnesty International - Algérie : la population civile prise au piège de la violence - analyse les exactions des groupes armés d'opposition, le rôle singulier des milices d'autodéfense armées par le pouvoir, le mur du silence construit par ce dernier pour entraver les enquêtes indépendantes, et l'indifférence de l'opinion internationale. Un ensemble de textes sans équivalent, qui ne permettra plus de dire : On ne savait pas.
Ce livre s'adresse à ceux qui refusent aussi bien l'horreur économique que le politiquement correct. Et qui ne s'accommodent pas de la langueur de la vie démocratique : élites décriées, militants désenchantés, représentation par les élus contestée, citoyens déresponsabilisés. À l'ère technologique, face au tout marché, la politique du XXIe siècle reste à inventer, de la base au sommet. C'est la conviction qu'entend faire partager ici Michel Charzat, maire du XXe arrondissement de Paris, sénateur socialiste de la capitale, acteur influent, mais discret, de la vie politique depuis plus de vingt-cinq ans. Exemples concrets à l'appui, il montre pourquoi, et comment, la démocratie locale, école et creuset de l'autonomie des citoyens, est le moyen nécessaire, sinon suffisant, de stimuler un nouvel appétit de participation politique. Dans ce livre d'entretiens avec Claude Neuschwander - lui-même un passionné de démocratie économique et sociale -, Michel Charzat explore, de façon très vivante, les voies possibles de ce renouveau. Et il explique ce qu'il faudra mettre en oeuvre pour que Paris - berceau de la démocratie moderne - redevienne un modèle pour le monde.
Affaires à répétition, crise de la protection sociale, poursuite du chômage... Face à ce climat d'incertitude, les Français sont perplexes. Et beaucoup se demandent : Que fait donc l'État ? Le problème est réel, et il n'est pas exclusivement d'ordre politique : à l'heure de la mondialisation et du chômage structurel, on est en droit d'attendre un sans faute de l'État. Or, trop souvent, celui-ci disjoncte, et les dysfonctionnements - petits et grands - de l'appareil public deviennent de plus en plus fréquents. Dans cet essai clair et décapant, René Lenoir analyse cette situation et propose des solutions. Il le fait à partir de trois dossiers exemplaires : celui de la politique fiscale et financière, qui a laissé se construire une société inégalitaire de rentiers et d'assistés ; celui de la délocalisation d'établissements publics, mal préparée et largement inefficace ; celui de la politique de décentralisation, vidée de sa substance au fil des années. Dans une seconde partie, René Lenoir s'appuie sur son expérience de quarante ans de service public, et de quatre années passées au gouvernement, pour formuler des propositions novatrices sur l'organisation même du travail gouvernemental, les moyens de prévision et d'évaluation à constituer et, surtout, sur la nécessaire évolution des rapports entre les politiques et la haute fonction publique.
Luttes d'influence, mafia, « affaires », pots-de-vin, fausses factures, népotisme. Aucun pays n'est épargné, qu'il s'agisse de ceux du Nord, du Sud ou de l'Est. Toutefois, la corruption recouvre des phénomènes extrêmement différents suivant les contextes. Elle a un rôle économique, politique et social, qui, selon certains, n'est pas forcément négatif. Peut-elle, par exemple, se substituer aux carences de l'Etat et jouer dans les pays du Sud un rôle de moteur de développement ? Mais si elle est parfois créatrice de richesse, la corruption ne relève-t-elle pas de l'informel, de l'arbitraire et de l'utilitarisme pur ?
Devenu usuel en Angleterre et en France au début des années 1830, le terme socialisme désigna, d'abord, une protestation morale, économique et politique contre la pensée libérale et ses excès. Puis, il s'identifia à un système de pensées opposé au capitalisme, mais distinct du communisme. Ce livre retrace les grands axes des idées socialistes en France, depuis la fin du XVIIIe. Quels furent les différents contenus de ce socialisme pluriel ? Quelles furent ses aires d'influence au contact des autres penseurs européens ? Dès les origines, le rapport au politique dessina des lignes de partage entre un socialisme sans l'État, contre l'État, ou dans l'État. Puis il dut se définir en fonction du marxisme et opter pour la révolution ou le réformisme, un socialisme de gestion ou d'autogestion. Quelles furent alors les principales permanences et ruptures qui permettent de mettre en perspective l'évolution des idées socialistes ?
Avec le passage des générations, les enfants d'immigrés s'intègrent pleinement à la société française. Et pourtant, des pans entiers de cette dernière continuent à rejeter les étrangers et les Français d'origine étrangère, comme en témoigne notamment l'audience durable du discours xénophobe des partis de MM. Le Pen et Mégret. Les explications ne manquent pas : chômage, « fracture sociale », discrédit de la classe politique, crainte d'une Europe « supranationale »... Mais dans les autres pays européens, où ces facteurs sont également présents, on n'a pas assisté à la consolidation de ce que certains ont pu appeler un « apartheid à la française », en particulier dans le Sud de la France. Pour Benjamin Stora, cette spécificité s'explique d'abord par la prégnance, depuis la fin de la guerre d'Algérie, des représentations du racisme colonial, anti-arabe et antimusulman, reprises à leur compte par les dirigeants du FN. En analysant dans ce livre un étonnant florilège de leurs déclarations sur le sujet, il montre comment celles-ci s'inscrivent dans une mémoire mythifiée de la colonisation de l'Algérie et de la guerre qui y a mis fin. Du discours des colons « ultras » à celui de l'OAS puis du Front national et du Mouvement national aujourd'hui, c'est un étrange « sudisme » à la française que révèle Benjamin Stora : une idéologie qui fait directement référence à celle des colons américains - esprit pionnier et conquête des grands espaces, mais aussi esclavagisme et relégation des « indigènes ». Une idéologie d'exclusion qui trouve une audience d'autant plus large qu'elle se nourrit des diverses « mémoires communautaires » constituées autour du souvenir de la colonisation et de la guerre d'Algérie, dans le déni et l'occultation de leurs pages les plus noires.
Pour la première fois sous la Ve République, un ministre est passé, en trois mois, du gouvernement à la prison. À l'automne 1994, la chute brutale d'Alain Carignon, maire de Grenoble, président du conseil général de l'Isère, ancien ministre de l'Environnement puis de la Communication, a sonné comme un avertissement supplémentaire pour une classe politique désespérément myope. Mais tout n'a pas été dit, loin s'en faut, sur la logique et les mécanismes qui expliquent cette ascension et cette chute exemplaires. D'où l'intérêt de cet ouvrage qui, grâce à une enquête approfondie nourrie aux meilleures sources, révèle les arcanes du système Carignon. Un système construit autour de la volonté et de l'ambition d'un homme, incarnation d'une nouvelle génération politique forgée par le marketing, et qui a remplacé la confrontation d'idées par une stratégie de communication tous azimuts. Un système qui a su tirer sa force des faiblesses de la décentralisation, par laquelle l'État a relâché ses contrôles, sans permettre l'affirmation de contrepouvoirs locaux. Grenoble-Paris, Paris-Grenoble : l'ascension d'un homme, la chute d'un système. C'est cette double histoire que retrace ce livre, rigoureux et renseigné, combinant anecdotes inédites et analyses en profondeur. Un livre qui vient, à son heure, pour mieux apprécier les faux-semblants et les enjeux réels des réformes sur la moralisation de la vie politique, adoptées après les incarcérations pour corruption liées à cette affaire.
La vie d'un communiste cabochard ou les aventures de Codou : communiste, objecteur de conscience, interné chez les fous, héros de Saint-Tropez contre la municipalité véreuse, morphinomane malgré lui, volontaire en Espagne, déporté dans les camps d'Algérie, responsable aux faux papiers pour le PCF, employé dans les ministères communistes et, enfin, versé dans l'import-export avec les pays de l'Est... À chaque fois, il empêche de danser en rond, fourre son nez où il ne faut pas, et n'en fait qu'à sa tête. La vie d'un communiste cabochard ou le Parti vu d'en bas : il croit au Parti tant qu'il peut, mais il note scrupuleusement tout ce qui le choque dans l'attitude des dirigeants qu'il côtoie. Il ne plaque pas la théorie sur le réel : il donne à voir Marty, Tillon, Rol-Tanguy, Garaudy, et même le mystérieux Jean Jérôme. Comme ils lui sont apparus, en bien ou en mal. De même pour les pays de l'Est : il ne disserte pas sur le socialisme réel, mais il se trouve à Budapest et à Varsovie en 1956 et il va partout, les yeux grands ouverts. Et quand il revient à Paris, il quitte le PC. La vie d'un communiste cabochard ou la honte. Honte aux dirigeants qui n'ont pas su être dignes de leurs militants, qui n'ont pas eu le goût du sacrifice, de l'honneur, ou simplement de la vérité. Honte aux petites magouilles et aux grandes trahisons.
"Ce que le parti attend de la direction, c'est qu'elle surmonte, si elle est en état de prendre conscience de cette nécessité vitale, sa surdité et son isolement, qu'elle se mette à l'écoute de l'appel qui monte de ses militants et des masses, et qu'elle s'engage résolument dans une véritable analyse marxiste de ses pratiques politique et organisationnelle.
Comment ne pas penser ici irrésistiblement à la campagne d'analyse et de critique à laquelle reste attaché le nom de M. Thorez, qui permit au P.C.F. de surmonter une grave crise et de mobiliser les masses populaires dans un grand mouvement historique : « Pas de mannequins dans le parti ! Que les bouches s'ouvrent ! »"
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Pour qui examine la politique du P.C.F. sur les questions de l'école de 1944 à 1978, un paradoxe saute aux yeux. Le P.C.F. s'occupe constamment de l'école : ses projets, ses dépôts de lois, ses discours, sa presse en témoignent. Mais, en même temps, il paraît incapable de développer une politique spécifique des luttes scolaires, et se trouve vite dépassé lorsque l'école bouge. On sait que Baudelot et Establet ont cru pouvoir circonscrire la cause de ce paradoxe en qualifiant la politique scolaire du P.C.F. de planomanie : à force d'avoir la manie des plans, le P.C.F. aurait, selon eux, délaissé la réalité des luttes concrètes. Pierre Roche et Yves Vargas s'inscrivent en faux contre cette interprétation. Ils montrent que les plans visent moins à résoudre les questions de l'école capitaliste, qu'à organiser certaines structures internes du Parti, et qu'à préparer le terrain de l'Union. À travers et en dehors des plans qui s'enrichissent et se gomment successivement - depuis Langevin-Wallon jusqu'à Reconstruire l'école -, il faut bien se poser la question de la place réelle de l'école dans les luttes politiques des communistes. Ce texte se veut la première tentative documentée sur la politique réelle du P.C.F. à l'école. Les auteurs ont voulu par là répondre à l'invitation de la direction de leur Parti : faire l'effort d'étudier mieux sa propre histoire pour agir mieux aujourd'hui et demain.
Après le triomphe de la révolution d'Octobre, Boukharine est l'un des plus jeunes, mais certainement l'un des plus brillants, dirigeants bolcheviks, après Lénine et Trotsky. Lénine l'a appelé dans son testament l'enfant chéri du Parti, et Boukharine est celui qui a le plus discuté avec lui, mais qui, lui aussi, a le plus apporté. En 1938, après une confession qui constitue l'une des pages les plus tragiques de l'histoire du Parti communiste soviétique, il est condamné à mort pour trahison, lors du procès du bloc des droitiers et des trotskystes. D'où ce livre-dossier. Avec des couches différentes d'histoire : il est mort le 15 mars 1938. L'accusation n'est officiellement pas levée en URSS...
Cet ouvrage, le quatorzième de la collection Intervention en économie politique, propose une description raisonnée de l'économie capitaliste. Spontanément, l'activité économique est perçue au travers des catégories et modes de penser, auxquels plus de deux siècles d'économie politique de la valeur nous ont accoutumés (offre/demande, prix naturels/prix de marché, valeur/réalisation, etc.). L'explication des fondements d'une représentation alternative permet, tout à la fois de marquer une rupture au niveau des hypothèses de départ, de se dégager de l'emprise de conceptions naturellement acceptées (la fable du troc, par exemple), et d'ouvrir des perspectives différentes. Le concept central est la séparation en ses différents modes, impliquant, de toute façon, l'unité de compte et la monnaie. Les principes généraux qui s'en déduisent, éclairent quelques difficultés non résolues de l'économie politique (indétermination de la monnaie, ajustement, nomenclature, rapport entre marchandise et capital). L'analyse des conditions de formation des marchands et des capitalistes révèle, notamment, que leur coexistence est impensable. À partir de l'étude des formes des relations monétaires, le caractère non marchand du salariat est démontré. L'économie fondée sur le rapport salarial, n'a pas le même mode de séparation des unités économiques, que celle caractérisée par la marchandise : la crise ne s'y résout pas par la formation des marchands, mais par celle des capitalistes. Maintes difficultés et contradictions des textes de Smith et de Marx procèdent d'une intuition erronée : ce n'est pas la marchandise, qui est l'élément commun à la société marchande et au mode de production capitaliste, c'est la monnaie. Les notes sur Marx, qui forment le dernier tiers du livre, se présentent comme autant de contributions ponctuelles à la discussion du marxisme, dont maints signes attestent le renouvellement, tant au point de vue des thèmes abordés qu'à celui de l'esprit dans lequel il se tient.
Certains récits, qu'on lira dans cet ouvrage, évoquent des situations vécues par des Juifs en diaspora. L'auteur les a recueillis en terre d'Israël, dans des villes de développement, peuplées de Juifs orientaux, les Séfarades. Ce sont leurs rêves, leurs problèmes, leurs colères et leurs joies qui émaillent un carnet de recherche, où la tendresse fait peu à peu place aux interrogations. Car si l'édification de l'État, la fertilisation du désert, les kibboutzim, les prouesses techniques et militaires peuvent être mis au compte d'un mouvement avide de justice, comment comprendre les discriminations subies par ces Juifs d'Orient, le drame palestinien et ses répercussions sur la région, le trouble qui gagne les diasporas ? Comme des ratés de l'histoire ? Les produits de la menace arabe ? Les effets pervers d'un dessein imparfaitement maîtrisé ? C'est à ces questions que tente de répondre Haroun Jamous, qui s'interroge, à partir de son enquête, sur la dynamique du volontarisme sioniste. Mouvement où la volonté de créer un Juif nouveau, suroccidentalisé, s'avère indissociable du rejet des traits rappelant l'orientalité du Juif. Dynamique qui se paie par la reproduction de principes discriminatoires initialement voués à disparaître, voire par l'apparition de formes feutrées de totalitarisme culturel. Ni pamphlet ni analyse froide et distanciée, ce livre est une contribution majeure à la compréhension des contradictions qui traversent aujourd'hui la société israélienne, et dont certaines ont éclaté au grand jour en 1982, à l'occasion de la guerre du Liban.
L'Amérique centrale est-elle la cinquième frontière de l'Europe, comme l'ont qualifiée des intellectuels français dans un appel au Congrès américain pour qu'il reconduise l'aide aux contras antisandinistes ? Cette région n'est-elle qu'un nouveau champ clos de l'affrontement planétaire entre les deux superpuissances ? Pour répondre à ces questions - et à bien d'autres - les auteurs de ce livre ont, délibérément, renoncé aux oeillères européocentristes, qui limitent trop souvent la perspective des observateurs de cette nouvelle zone de tension. S'appuyant sur de nombreux reportages réalisés sur le terrain, des entretiens avec des responsables de tous bords, et de nombreux documents officiels ou confidentiels, ils nous donnent à connaître, objectivement, les points de vue des différents protagonistes. Les principaux se trouvent d'abord sur place : gouvernements confrontés à de profondes crises, possédants accrochés à leurs privilèges, guérilleros rêvant de révolutions, et tous les autres aspirant à la paix. C'est cette fournaise que les États-Unis tentent d'éteindre, avec de puissants moyens politiques, économiques et militaires. Mais Washington doit aussi compter avec les autres acteurs du drame centroaméricain : l'Union soviétique, Cuba, les puissances régionales, l'Europe et l'Église. Écrit pour un large public, sérieusement documenté, ce livre apporte des analyses originales, et une synthèse complète sur l'un des dossiers les plus brûlants de la scène géopolitique mondiale.
Ce livre a un objet précis, la mise en cause de ce qui, dans le discours politique et scientifique du Parti communiste français, se veut l'expression théorique la plus avancée, la seule pertinente et authentiquement marxiste, rendant compte des réalités du capitalisme contemporain, la théorie du capitalisme monopoliste d'État : mise en cause de la logique interne de cette théorie, à travers les développements qu'elle connaît dans la littérature émanant du P.C.F. ; mise en cause, à l'aide de documents statistiques récents, de son adéquation à la réalité dont elle prétend rendre compte ; mise en cause, puisque la référence aux pères fondateurs du marxisme est explicite et constamment affichée, de sa compatibilité avec les écrits de Marx sur lesquels elle affirme se fonder ; mise en cause, enfin, de la conception qu'elle développe d'un État fonctionnant sur le mode de la dévalorisation du capital au profit des monopoles. La critique de la théorie du C.M.E. s'accompagne de propositions positives qui posent, à propos de la fiscalité ou de l'épargne, quelques jalons pour une analyse originale de l'intervention économique de l'État. Elle se dégage, en conclusion, du terrain économique sur lequel se situent les tenants du C.M.E. pour s'interroger sur le projet politique et la conception de l'État qui sous-tendent ladite théorie.
En 1970, naissait l'un des plus puissants mouvements de revendication urbaine qu'ait connu la région parisienne : les usagers manifestaient dans la rue leur refus de voir augmenter les tarifs des transports en commun. Malgré son ampleur, ce mouvement restera sans lendemain. Les luttes sociales sur les transports ne cesseront pas pour autant : au mouvement massif de 1970, vont succéder, à partir de 1974, des luttes dispersées sur des scènes locales, où des comités de défense de riverains se battent contre l'État pour défendre un environnement menacé. Entre ces deux périodes, que s'est-il passé ? Les syndicats et les partis qui avaient été le moteur du mouvement de 1970 ont-ils renoncé à toute intervention sur la question des transports et, plus généralement, sur la question urbaine, les considérant comme des fronts de lutte secondaires ? Pourquoi la tentative des groupes d'extrême gauche, de créer une sorte de syndicat des usagers des transports, s'est-elle soldée par un échec ? Pourquoi assiste-t-on à une mutation des luttes urbaines ? Que signifie la montée des mouvements de défense de l'environnement, situés dans la nébuleuse écologique, qui semblent supplanter des luttes plus économistes ? La mobilisation des classes populaires s'essouffle-t-elle devant la contestation portée par les couches moyennes ? Que représentent les comités d'habitants ? Leurs aspirations sont-elles partagées par. l'ensemble des citadins, ou simplement par d'étroites fractions des nouvelles couches moyennes ? Le pouvoir est contraint de négocier. Son fonctionnement autoritaire se démantèle peu à peu : le secret est brisé, la légitimité technique dont il s'entourait, est mise en cause. Le débat urbain devient public. Est-ce là une rupture décisive ? l'État est-il acculé à transformer son mode d'intervention sur le territoire ? Ou se sert-il de ces mouvements, pour mettre en place une nouvelle idéologie urbaine et une nouvelle politique de participation ?
Les 9 et 10 décembre derniers, le bureau politique du Parti communiste français organisait, à Vitry, une rencontre de discussion entre la direction du Parti et 400 intellectuels communistes de différentes disciplines. L'Humanité et l'ensemble de la presse en ont largement fait état, sans pour autant dissiper toutes les questions que soulève une telle initiative inédite, survenant à mi-chemin entre les débats internes, suscités par la défaite de la gauche en mars 1978, et l'ouverture officielle de la préparation du XXIIIe Congrès. S'agissait-il d'isoler les contestataires, comme le pensaient certains ? De promettre un pas en avant dans la voie démocratique annoncée par le XXIIe Congrès, comme le voulaient d'autres ? Manifestation d'unanimisme ? Dialogue de sourds ? Rien de tout cela, en fait : mais un moment d'une discussion en cours, avec ses limites, ses difficultés et ses contradictions. Une discussion qui a porté sur l'ensemble de la politique du Parti. Dans ce volume, quelques-uns des participants ont rassemblé leurs interventions, telles qu'ils ont pu les reconstituer après-coup, de façon à fournir à tous ceux que préoccupe la situation actuelle du Parti - communistes et non-communistes - des éléments d'information complémentaires. Il s'agit pour eux de contribuer ainsi à rompre un triple isolement : celui des intellectuels dans le mouvement populaire, celui du Parti dans les masses, celui des militants communistes entre eux. Car, sous ce triple rapport, la démocratie ne va pas sans l'information.
L'honnêteté intellectuelle et la fidélité à ses engagements et à ses amis, sont deux qualités essentielles de Boris Souvarine. Personne, quelle que soit sa place sur l'échiquier politique aujourd'hui, ne le conteste. Cet anti-stalinien de la première heure, ancien fondateur de la Section française de l'Internationale communiste lors du congrès de Tours (1920), a oeuvré toute sa vie de militant professionnel pour la propagation de ses idéaux. Autant dire qu'il est resté un homme de l'ombre. La revue lui a toujours semblé le moyen le plus efficace pour diffuser sa pensée et celle des auteurs qu'il appréciait. La Critique sociale, de 1931 à 1934, va paraître onze fois et utilisera ses colonnes, afin de faire connaître les débats théoriques du moment, les nouveautés en sciences sociales, la critique musclée du spectacle politique, et l'appel à l'audace intellectuelle. Lucien Laurat, Georges Bataille, Michel Leiris, René Michaud, Raymond Queneau, Karl Korch, Jean Bernier, Pierre Kaan, Simone Weil, Colette Peignot, et bien d'autres inconnus qui deviendront célèbres, participent à cette aventure périlleuse et ô combien stimulante qu'est l'appareillage et la navigation de cette galère particulière du monde des lettres : la revue. La Critique sociale, dans le paysage intellectuel des années trente, tient indéniablement une place originale. Cet ouvrage collectif le démontre et, mieux encore, nous explique en quoi le projet initial de ces revuistes interpelle notre présent.
L'équipe de la revue Dialectiques avait entrepris, depuis 1976, une discussion permanente, essentielle, avec Nicos Poulantzas, autour du problème de l'État. Ce sont les étapes mêmes de cet échange qui se trouvent présentées dans ce volume. S'y ajoute un repère important : une étude, aujourd'hui introuvable, parue en 1966 dans Les temps modernes, témoin de la place fondamentale de Gramsci dans l'élaboration des réflexions de Poulantzas sur l'État et la société. L'entretien accordé, en juillet 1979, à la revue anglaise Marxism Today relate un parcours, théorique, politique, d'action et de réflexion. Il est aussi profondément ancré dans la difficile actualité de 1979 : celle des conséquences de la défaite de la gauche, celle de la crise des partis et d'une certaine forme de représentation. Alors que passent les conjonctures, l'État demeure : merci à Nicos Poulantzas de nous y faire réfléchir, toujours.
Des communistes parlent. Ils avaient attendu en vain les tribunes de discussion dans la presse du Parti. Ils disent leur vie de militants, le Parti au quotidien, avec ses grands moments et ses petites magouilles. Ce n'est pas une enquête sociologique, ni une radiographie du P.C.F. C'est, tout simplement, un ensemble vivant de rencontres entre deux jeunes militants, Françoise Bouillot et Jean-Michel Devésa, et des camarades qu'ils connaissent personnellement et qui témoignent. C'est un texte concret, fait avec les moyens du bord dans un parti où les relations horizontales de militants à militants ne sont pas permises. Ce n'est pas une image fidèle du Parti, au sens de l'image des fidèles du Parti. Mais c'est une image réelle : car ce Parti-là existe aussi, celui des militants et militantes mécontents, irrités, parfois déçus, et qui proposent, expliquent, racontent. Ce livre n'est pas un manifeste : on n'y trouvera pas une ligne politique de rechange. Il s'agit du témoignage d'un débat qui a bel et bien lieu, et qui ne pouvait trouver à s'exprimer que dans cette collection, hors de toute recherche d'un monolithisme de pensée. On lira ici un exemple de tribune de discussion introuvable de l'après-mars 78 : disparate et vivante.
Quand Hitler est arrivé au pouvoir, Claude Vernier avait vingt ans et s'appelait encore Werner Prasuhn. Il était comédien débutant au théâtre municipal d'Essen, dans la Ruhr où il était né. D'abord imprégné par le nationalisme de son père, il avait été gagné peu à peu aux idées socialistes. Mais il n'était ni militant, ni juif. C'est donc poussé par un besoin très vif de liberté, et surtout parce qu'il se refuse à faire la guerre pour Hitler, qu'il décide, en 1936, de quitter l'Allemagne. Dans ces souvenirs écrits en français, Claude Vernier raconte son enfance sous la République de Weimar, ses premières expériences de comédien, puis les innombrables péripéties de son exil en France, jusqu'à la fin de la guerre, qu'il passa sous l'uniforme d'engagé volontaire dans la Légion. Élève de Dullin, il apprit son métier de comédien français dans la classe de Madeleine Robinson, Jean Marais, Jacques Dufilho ; il y rencontra Jean-Louis Barrault. Werner Prasuhn recevra son nom de scène - Claude Vernier - de Claude Dauphin. Sous l'humour de son récit, c'est l'amertume de toute une génération, profondément blessée, qui affleure sans jamais devenir grinçante. C'est aussi l'histoire de ses rencontres salutaires avec Brecht, Jean Renoir, Marcel Achard, Jacques Prévert, Robert Desnos, l'histoire de beaucoup d'amitié dans les moments tragiques ou cocasses de l'émigration, et de l'occupation en France. Claude Vernier vit en France où il est toujours comédien.