Vous avez déjà essayé la méditation pleine conscience sur une appli ? Tenté l'hypnose pour vous défaire d'une addiction ? Chanté un mantra dans un cours de yoga ? Sans parler de votre ancienne
responsable marketing devenue permacultrice en biodynamie après un stage Vipassana ?
Retraites chamaniques, cercles de sorcières, culte de Gaïa, yoga, reiki, jeûne ou Tarot : les nouvelles spiritualités explosent. Elles poussent comme des champignons magiques dans la jungle
d'une modernité sécularisée et consumériste. Dans une société plus individualiste que jamais et peinant à offrir des futurs désirables, leur essor témoigne d'un besoin puissant de lien et de transcendance.
Les nouveaux explorateurs du sacré ne sont pas de simples consommateurs de croyances, la plupart inscrivent leur quête dans
un projet éthique, social et politique. Dans un contexte de crise écologique, ils aspirent à réenchanter le monde en tissant des liens avec le Vivant et en renouant avec leur intériorité : ils sont le signe
d'une société furieusement entrée en quête de sens.
Du désert de l'Atlas aux forêts de Bretagne en passant par les tours de La Défense, Marc Bonomelli est parti en immersion à leur
rencontre. Pendant deux ans, il s'est initié à leurs rituels et à leurs croyances. Son enquête réunit de très nombreux témoignages et des entretiens inédits avec des chercheurs en sciences sociales.
Alors, êtes-vous prêts à partir sur les nouvelles routes du soi ?
Marc Bonomelli est journaliste, spécialiste des nouvelles spiritualités. Il collabore régulièrement avec Vice, Les Inrocks et Le Monde des religions.
"Depuis des années, nous sommes abreuvés d'informations et d'opinions sur l'islam. L'actualité tragique du monde comme les mutations profondes de la société française, tout ne cesse de pointer vers cette religion à laquelle journaux, sites Internet et émissions de télévision consacrent tant de décryptages. Pourtant, le paradoxe est là : plus on l'explique, moins on le comprend."
Pourquoi peut-on dire sur l'islam tant de choses contradictoires ? Et pour connaître son "vrai visage", comment s'y prendre ? Suffit-il de lire le Coran ? Peut-on enfin savoir si cette religion, avec son milliard de croyants, en veut vraiment à notre mode de vie et à la paix dans le monde ?
Dans ce livre lumineux, qui éclaire sans prétendre tout résoudre, Adrien Candiard explique pourquoi, en ce qui concerne l'islam, rien n'est simple. Une lecture dont on sort heureux d'avoir, enfin, compris quelque chose.
Si l'islam forme un tout et rassemble une communauté de croyants, ceux-ci ne se réclament pas tous d'une même doctrine - loin s'en faut. L'islam est divisé en de nombreuses branches, elles-mêmes scindées en sous-groupes et en tendances, dont chacun possède sa propre spécificité doctrinale, sans qu'aucune instance supérieure ne garantisse une orthodoxie.
Comment comprendre ces divergences et comment sont-elles apparues au cours des quatorze siècles d'existence de l'islam ? Partant de la formation de la religion islamique autour du prophète Muhammad, Sabrina Mervin met en évidence les évolutions doctrinales, montre comment elles se sont déployées au sein des sciences religieuses et replace les courants de l'islam contemporain dans leur histoire, faite de tensions entre réformisme et tradition.
Les catholiques suscitent parfois un étonnement qui évoque celui des Parisiens du xviiie siècle face au Persan de Montesquieu : " Ah ! ah ! monsieur est catholique ? C'est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être catholique ? " Nombre de nos contemporains ne comprennent plus comment ni pourquoi on peut (encore) adhérer à une telle vision du monde... quand ils n'affirment pas qu'elle est dénuée de sens. Quant aux catholiques, ils se dérobent trop souvent au débat.
Ces questions et critiques méritent d'être prises au sérieux. Denis Moreau, philosophe catholique, fait donc tout simplement le choix de s'expliquer sur sa foi, en se plaçant sur le terrain de l'argumentation rationnelle. Cela n'exclut ni la profondeur spirituelle, ni le témoignage, ni l'humour. De la question de la foi à celle de la résurrection de Jésus, en passant par l'idée de sagesse, le problème du mal, la place du plaisir dans le catholicisme, les beautés et noirceurs de son histoire ou encore son avenir, ce livre apporte des réponses riches et éclairantes à de très nombreux débats et questions.
Il ne convertira personne au catholicisme – ce n'est d'ailleurs pas son but. Mais à ceux qui ne croient pas, il suggérera qu'un catholique n'est pas nécessairement un imbécile. À ceux qui croient déjà, il fournira quelques arguments susceptibles d'affermir leur foi. À tous, il expliquera que lorsque se pose la seule question qui vaille vraiment – comment tenter de réussir sa vie ? – le catholicisme constitue une des bonnes réponses envisageables. Et même un choix de raison.
Denis Moreau est professeur de philosophie à l'université de Nantes. Auteur de plusieurs ouvrages sur Descartes et l'histoire de la philosophie moderne, il a aussi codirigé un Dictionnaire des monothéismes (Seuil, 2013) et publié des essais plus personnels comme Pour la vie ? Court traité du mariage et des séparations (Seuil, 2014) ou Mort où est ta victoire ? (Bayard, 2017).
« Non, la méditation sur la France, son génie ou son esprit, n'est ni anachronique ni caduque. C'est même strictement l'inverse : non seulement l'immersion dans le village global ne frappe pas d'obsolescence notre interrogation sur ce génie propre mais elle la rend plus cruciale que jamais, si toutefois nous voulons éviter de nous perdre totalement dans la mondialisation, de subir celle-ci comme une dilution pure et simple de nous-mêmes et comme une aliénation par tout ce qui nous entraîne au-delà de notre identité historique...
Mais à quoi tient-il, ce génie de la France ? Pour une part essentielle à la laïcité. Une laïcité qui est peut-être la condition politique de la vie spirituelle la plus haute. Car en séparant l'État des religions, elle « fait le vide », ce vide qui est au coeur de toute destruction mystique et métaphysique des idoles... Comment expliquer cependant que nous n'ayons pas compris plus tôt cette valeur inséparablement spirituelle et politique de la laïcité ? Nous Français n'avons en réalité même pas commencé de sonder l'abîme de notre vide laïque. Et, au-delà de nous-mêmes, n'est-ce pas la modernité politique tout entière qui a souffert d'un terrible aveuglement vis-à-vis du potentiel spirituel de la laïcité et de la démocratie ? »
Penser la laïcité spirituellement : c'est à cette réflexion profonde, ouverte et érudite que nous convie ici Abdennour Bidar, grande figure du dialogue interspirituel, auteur notamment de Plaidoyer pour la fraternité.
Faouzia Charfi nous propose dans ce nouveau livre de revisiter l'histoire des sciences en pays d'islam. Une histoire commencée sous le signe de l'ouverture à l'autre avec le vaste mouvement de traduction des textes anciens inauguré par le calife Al-Mansur au viiie siècle. Une histoire qui a bifurqué dès le xie siècle, quand la science s'est vue assujettie à des fins pratiques et religieuses. Le mouvement réformiste musulman au xixe siècle aurait pu rebattre les cartes mais il a échoué, faisant le lit du projet ambigu d'islamisation de la connaissance. Faouzia Charfi plaide ici pour une véritable séparation de la science et du religieux. Un message qui s'adresse particulièrement aux jeunes générations, trop souvent séduites par un islam de pacotille surfant sur la vague des technosciences. Faouzia Charfi est physicienne et professeure à l'Université de Tunis. Personnalité politique de premier plan en Tunisie, elle est l'auteure de La Science voilée et de Sacrées questions..., tous deux publiés chez Odile Jacob.
Il y a trente ans, quand on voulait être pris au sérieux, on parlait politique ; évoquer la religion, en revanche, était le meilleur moyen de faire rire. Aujourd'hui, la situation s'est inversée ; la religion fascine, inquiète, et la peur s'installe à l'égard de certaines de ses formes, voire de la violence que, suppose-t-on, elles fomentent.
Il importe d'essayer d'y voir un peu clair. Poursuivant le travail d'élucidation qu'il a entrepris depuis une dizaine d'années, Rémi Brague s'interroge sur la légitimité même du terme « religion », puis sur le contenu propre des religions - avant tout sur celui des « trois monothéismes ». Qu'est-ce que la religion nous dit de Dieu, et de l'homme en tant qu'il est doué de raison ? Qu'est-ce qu'elle nous dit d'autres domaines de l'humain comme le droit, la politique ? En quoi garantit-elle - ou menace-t-elle - la liberté morale, sinon l'intégrité physique, des individus ?
Un essai salutaire pour délaisser nos a priori et prendre de la hauteur.
Des attaques de Toulouse et Montauban en mars 2012 au procès des attentats de Paris en 2021, la France est confrontée à la mise en question de son modèle politique et sociétal par le terrorisme islamiste. Face à ce constat, s'est imposée la nécessité de réhabiliter ce que l'idéologie islamiste tend à détruire : le sens des mots et du langage, c'est-à-dire notre humanité. Dans ce livre, à partir de l'expression populaire « J'vous l'jure sur le Coran de la Mecque », l'auteure dévoile l'existence d'une béance, qu'elle nomme trou identitaire. Son usage révèle une quête de référencement à la culture arabo-musulmane fantasmée et détournée par les « entrepreneurs religieux », qu'ils soient Frères musulmans, salafistes, tablighis ou jihadistes. Ces derniers, nouveaux mercenaires de l'Islam, investissent le champ laissé par ce qui n'a pas pu s'imprimer tant dans le récit familial que dans la conscience nationale. L'islamisme masque ainsi les trous présents dans l'islamité fracturée et mal représentée en France, dans l'arabité encore abîmée par le passé colonial, mais témoigne aussi d'un désir de reconnaissance dans un monde ordonnancé par les Autres. L'ouvrage articule ainsi les épisodes historiques structurant l'idéologie islamiste à des observations et analyses inédites tirées de procès terroristes aux dimensions variables mais aux profils toujours signifiants. Il propose de dépasser la logique de haine associée à la mémoire du monde arabo-musulman, pour reconstruire un espace où l'histoire et les mots se réconcilient.
Un spectre hante le monde : le terrorisme à fondement religieux, surtout islamique. Cet essai tente d'expliquer les ressorts de ce phénomène, religieux mais aussi politique, sans nul doute le plus angoissant de notre temps.En exposant une série de « thèses » brèves et fortement argumentées, l'auteur situe ce phénomène dans le contexte historique et culturel de la religion politique en général. Il explique pourquoi la tentation fondamentaliste révolutionnaire est aujourd'hui plus forte dans l'islam que dans d'autres systèmes religieux tout aussi politiques que lui ; mais il n'en reste pas là : il cherche avant tout à définir les moyens de combattre cette tentation.Rédigé dans une langue simple et illustré par des exemples concrets, ce livre se veut le vade-mecum du citoyen déboussolé face à cet ennemi auquel il doit désormais se mesurer.
Nouvelle édition 2016
Des prêtres sont coupables de pédophilie. Il faut donner la parole aux victimes. C'est justice. Des prêtres se suicident. Le silence recouvre leur geste. A rebours des idées reçues, la crise que traverse l'Eglise nous appelle à une redécouverte de l'autorité spirituelle. Un livre-choc sur la vérité des curés de France.
Des prêtres sont coupables de pédophilie. Il faut donner la parole aux victimes. C'est justice. Des prêtres se suicident. Le silence recouvre leur geste. Hors de l'Église mais aussi dans l'Église. Une crise ne saurait effacer un abandon. La souffrance qu'elle cause vient s'ajouter à d'autres, devenues l'ordinaire des vies consacrées.
Quelle est leur source ? La dureté de l'institution ? La dureté de l'adhésion ? La dureté de la mission ? Quel est l'impact de la sécularisation ? Comment exprimer la solitude du sacerdoce ? Peut-on se contenter de dénoncer le cléricalisme ?
Ou le prêtre n'est-il pas fils engendré et accompagné par l'évêque pour se faire père à son tour ? C'est l'amour paternel qui fait la prêtrise et le manque de paternité reçue et donnée, qui la vide de son sens.
À rebours des idées reçues, cette crise nous appelle à une redécouverte de l'autorité spirituelle.
Un livre-choc sur certains aspects du sacerdoce en France.
Peut-on imaginer, en France, qu'à la suite d'un échange de mails entre enseignants, dans une société déjà traumatisée par l'assassinat de Samuel Paty, un professeur se trouve accusé de « fascisme » et d'« islamophobie » par un syndicat étudiant ? C'est la singulière mésaventure dont a été victime, le 4 mars 2021, Klaus Kinzler, professeur d'allemand à l'IEP de Grenoble depuis vingt-six ans. Du jour au lendemain, sa vie tranquille d'enseignant alliant dans ses cours rigueur et fantaisie a changé : déferlement de haine sur les réseaux sociaux, menaces de mort, protection policière au quotidien, enquête ouverte pour « injure publique », intervention gouvernementale, absence de soutien de la direction de l'IEP, etc. Mais aussi des centaines, et plus encore, de messages de soutien.
La « faute » de Kinzler ? Avoir osé discuter la notion d'islamophobie, en la remettant dans une perspective historique. Un an après ce « tourbillon », aussi violent que médiatique, dont il n'est pas sorti indemne, Klaus Kinzler revient, dans un récit où profondeur de réflexion et humour se mêlent, sur cette « affaire de Grenoble », cas d'école qui en dit long sur l'état de la liberté d'expression aujourd'hui. Et par-delà ce qu'il a vécu, il nous livre un salvateur et brillant manifeste pour la démocratie.
Klaus Kinzler est professeur de langue et de civilisation allemande.
Depuis la parution des Versets sataniques de Salman Rushdie en 1988, nous nous sommes habitués aux accusations islamiques de blasphème contre des productions artistiques, ainsi qu'aux redoutables mobilisations qui les accompagnent. Or elles ont été préparées, dans l'Europe et les États-Unis des années 1960 à 1988, par celles de dévots du christianisme (dont parfois leurs Eglises) contre des films dont ils voulaient empêcher la sortie. Ils en ont successivement visé quatre, qui font aujourd'hui partie du répertoire international : Suzanne Simonin, La Religieuse de Diderot (Jacques Rivette, 1966) et Je vous salue, Marie (Jean-Luc Godard, 1985) ; Monty Python : La vie de Brian (1979) ; et La Dernière tentation du Christ (Martin Scorsese, 1988).
En se fondant notamment sur des archives inédites, 'Jeanne Favret-Saada propose une suite de récits qui relatent les ennuis de chacun d'entre eux, et la modification progressive de l'accusation de "blasphème" en une "atteinte aux sensibilités religieuses blessées". Ce sont autant de romans vrais, qui retracent à eux tous un moment unique de l'histoire de la liberté d'expression.
En quoi le monachisme, régi par une Règle héritée des temps les plus anciens du christianisme, peut-il servir à penser les rapports entre le christianisme et la modernité contemporaine ? L'hypothèse de ce livre est que cette forme de vie communautaire à l'écart du monde, qui se donne pour l'anticipation du Royaume à venir, condense, à toutes les époques, les tensions et contradictions du rapport du christianisme à son environnement social, à travers les jeux qu'elle établit entre trois régimes de temps : temps de l'Église, temps du Royaume et temps de la société. Du rêve de la reconquête à la révolution oecuménique, de la réinvention de la communauté à l'utopie de l'hospitalité inconditionnelle, le monachisme est un lieu où s'écrit depuis près de deux siècles, à travers les compositions et recompositions des temps, la dramaturgie du christianisme contemporain. Le propos de cet ouvrage, qui relève à la fois de la sociologie historique et de l'enquête sociologique de terrain, est d'identifier les configurations typiques de ce rapport, entre le XIXe et le XXIe siècle, sur le terrain des monastères d'hommes, bénédictins et cisterciens, en France.
Voilà trois siècles que « La Famille », une étrange communauté religieuse, vit au coeur de Paris dans le plus grand secret. Ses quelque 4 000 membres, issus de huit patronymes différents, se marient uniquement entre eux depuis plusieurs générations. Coupés du monde, ces fondamentalistes chrétiens, descendants de jansénistes convulsionnaires sectaires, cultivent un mysticisme d'un autre temps, entre rites datés et interdits rigoristes. Dans une France en quête d'identité, ce modèle d'ultraconservatisme, prônant la pauvreté, la solidarité et les valeurs familiales, aurait de quoi séduire.Mais cet entre-soi, où la consanguinité fait loi, a aussi brisé quelques vies sans que les autorités ne soient alertées par les victimes, sous le joug de l'omerta. Dans cette micro-société, dont les adeptes admettent avoir « 50 ans de retard », l'avenir des plus jeunes est bien souvent bridé, les femmes réduites au rôle de mères et d'épouses silencieuses.Étienne Jacob, qui a rencontré ces « Mormons de Paris », nous livre une enquête fascinante et fouillée.
Journaliste au Figaro, Étienne Jacob traite régulièrement des dérives sectaires.
Et si les caricatures de Mahomet étaient une chance pour l'islam ?
En réponse aux tabous mortifères qui gangrènent et condamnent la religion musulmane à terme, Malik Bezouh prône une « théologie islamique de la libération ».
Blasphème, homosexualité, masturbation, athéisme... la puissance du tabou qui enveloppe ces thèmes rend presque impossible tout débat en islam. Figé politiquement par un despotisme empêchant l'émergence d'une réflexion apaisée et rationnelle, englué dans un conservatisme religieux anachronique, et travaillé en profondeur par des courants réactionnaires, le monde islamique, hétérogène, complexe, est à la peine lorsqu'il s'agit de considérer sereinement ces sujets, pourtant fondamentaux. Marqueurs d'une modernité enfantée par un Occident jadis chrétien, hier colonisateur, aujourd'hui sécularisé, ces questions génèrent des crispations parfois paroxystiques comme en attestent les attentats commis sur notre sol depuis quelques années.
Aujourd'hui, l'islam est à la croisée des chemins. Soit ce culte entame un profond examen de conscience, soit il est condamné à périr. L'agonie, du reste, a déjà débuté, comme en témoigne la montée de l'athéisme en terre musulmane.
L'heure est donc au sursaut religieux ! Secondée par la science, la raison, chère à Averroès, peut apporter son écot à ce processus salutaire de revivification. Et le temps presse !
Nous protégeons les animaux, Daesh égorge des hommes. On pourrait penser que nous vivons sur des planètes différentes... Il n'en est rien. La violence de l'État Islamique se nourrit de notre désarmement, elle est l'envers des progrès pacifiants de la civilisation. Le djihadisme incarne la puissance d'une idéologie religieuse qui nous méprise et nous insulte. C'est là notre vraie blessure : l'histoire est peut-être en train de changer de camp, à notre détriment. Notre pacification sourcilleuse abandonne au djihadisme l'immense fascination de la violence collective.
Consacrée en 2017 pour son courage intellectuel et politique, Fatiha Boudjahlat dénonce dans ce nouveau livre nos aveuglements, compromissions et lâchetés, et en appelle au sursaut de la République contre le voile.
Au-delà du voile comme objet, c'est l'acte même du voilement qui doit susciter notre réflexion. Qu'il concerne les mamans des sorties scolaires, l'étudiante syndicaliste, la chanteuse de télécrochet ou les petites filles, le voilement signe un consentement - construit, contraint, ou consenti - à un ordre patriarcal. Le voilement se banalise, de normal, il devient norme. Le soft power islamique s'associe à l'idéologie intersectionnelle pour en faire même un vecteur d'émancipation. Qu'il n'est pas. Qu'il ne sera jamais. Qu'il n'est nulle part.
À travers cette enquête sans précédent qui signale et déconstruit démissions politiques, confusions médiatiques, manipulations militantes et errements judiciaires, Fatiha Agag-Boudjahlat livre ici une analyse exigeante contre ce multiculturalisme qui vient, qui signe le triomphe du communautarisme et de l'assignation identitaire. Contre la belle et ambitieuse promesse républicaine.
Les convergences entre l'islam fondamentaliste et les extrémismes politiques se sont multipliées depuis les années 1920. Une première alliance idéologique, l'« islamo-nazisme », est apparue sous l'égide du « Grand Mufti » de Jérusalem, Amin al-Husseini, et des Frères musulmans. Après la Seconde Guerre mondiale et la création de l'État d'Israël, une nouvelle configuration idéologique s'est développée au sein des mouvances tiers-mondistes ou altermondialistes ralliées à l'antisionisme radical : l'« islamo-gauchisme ».
En France, aujourd'hui, un profond clivage idéologico-politique oppose les anti-islamistes aux anti-islamophobes, lesquels sont souvent des islamo-gauchistes, c'est-à-dire des militants d'extrême gauche séduits par l'islam politique au point de s'en faire les défenseurs à travers des arguments antiracistes empruntés aux thèses décoloniales ou indigénistes. Les islamo-gauchistes forment des minorités actives sur les réseaux sociaux et dans l'espace universitaire. Ils visent à placer les citoyens devant ce dilemme : être pro-islamistes ou « islamophobes ».
Comment échapper à cette alternative inacceptable ? Comment préserver la liberté d'expression, et plus particulièrement le principe de la libre critique des religions, quand les défenseurs de la laïcité sont accusés de faire preuve d'« islamophobie » par les islamistes et ceux qui les soutiennent, directement ou non ?
Le 26 juillet 2016, l'assassinat du père Jacques Hamel par des djihadistes dans l'église de Saint-Étienne du Rouvray provoque une émotion planétaire. Sans attendre, Jan De Volder se rend sur place. Il enquête sur les circonstances, minute après minute, de
"Accoutrement obscène et dégradant", "négation de soi", "atteinte à la dignité humaine", "emblème du statut inférieur de la femme en islam", "symbole d'oppression", le niqab s'est vu dénoncé par des intellectuels, journalistes ou politiciens français en prologue à son interdiction par la loi votée le 11 octobre 2010.Un certain nombre de personnes dans notre société ont exprimé leur répulsion pour ces "fantômes en noir", Batman et autres Belphégor, allant jusqu'à les insulter sans avoir eu le moindre contact verbal avec ces femmes. Mais qui se cache derrière ce tissu voué aux gémonies?La sociologue Agnès De Féo met à profit ses dix ans d'enquête sur les usagères du niqab en France pour nous permettre de découvrir leurs motivations profondes, loin des clichés réducteurs que leur opposent leurs détracteurs. Certaines se sont radicalisées en rejoignant la Syrie ou l'Irak, d'autres ont abandonné le niqab et jusqu'à la pratique de l'islamCe livre, préfacé par Olivier Roy, politologue spécialiste de l'islam, transcende les apparences et nous offre une plongée dans l'intimité insoupçonnée de celles qui ont fait trembler la République.
Elles sont environ cinq cents à avoir choisi de rallier Daech. Comment penser ce phénomène et l'ampleur qu'il a prise en Europe, au point que, en 2015, le nombre de candidates au départ est devenu presque égal à celui des hommes ? Quelles sont les motivations et les aspirations de ces jeunes femmes et parfois toutes jeunes filles ?
En mettant en œuvre d'une manière complémentaire les approche sociologique et psychanalytique, ce livre propose d'abord des analyses qui se fondent sur des critères objectifs (âge, classe sociale, lieu de résidence, culture musulmane ou conversion, etc.). Il éclaire ensuite les ressorts subjectifs de l'adhésion à ce régime violemment oppressif qui dénie aux jeunes femmes les acquis de l'émancipation féminine mais leur donne paradoxalement le sentiment d'exister enfin en tant qu'épouse de combattant et mère de "lionceaux", promis au combat comme leurs maris le sont à la mort.
Il faut s'intéresser à l'attrait qu'exerce une telle régression car il est probable qu'il constitue l'un des marqueurs de notre modernité.
Fethi Benslama est psychanalyste, professeur de psychopathologie et doyen de l'UFR d'Études psychanalytiques à l'université Paris-Diderot.
Farhad Khosrokhavar est sociologue, directeur d'études à l'EHESS et directeur de l'Observatoire de la radicalisation à la Fondation de la Maison des sciences de l'homme à Paris.
Où va l'Église ? Cette question habite le père Trébossen qui voit les Chrétiens, et massivement les jeunes génértaions, s'éloigner de l'Église. Dans cet ouvrage sans langue de bois, il appelle l'institution à renouer le dialogue avec ses fidèles afin que l'Église devienne la lumière du siècle." J'ai vu, je vois, des chrétiens s'éloigner de l'Église, et massivement les jeunes générations n'en franchissent pas le seuil. La doctrine, la morale, le mode de fonctionnement de l'Église catholique leur paraît d'un autre temps, comme figés dans le passé.
D'où vient que le catholicisme éprouve de telles difficultés à bouger les lignes et à se réformer ? Faut-il redire ici combien la " crise moderniste " éloigna l'Église du temps des hommes...
Je souhaite fortement que l'Église catholique entre en conversation avec les hommes, faisant en sorte qu'ils se réalisent pleinement et deviennent ce qu'ils doivent être... Cessons d'accuser la perte du sens religieux, la tiédeur, le manque de foi. Interrogeons-nous plutôt sur la crédibilité du message chrétien et comment révéler que l'Évangile est porteur de sens.
En entrant dans la modernité, notre attention doit se porter sur l'essentiel : Jésus de Nazareth venu nous dire Dieu. Et ce en conduisant notre réflexion à partir du vécu, de l'expérience existentielle des hommes de toutes cultures et dans la diversité de leur histoire.
Aujourd'hui comme hier, voilà bien une permanence du christianisme : que la Parole de Dieu invite tous les chrétiens, quel que soit l'étage de leur résidence, à se mettre en marche, pour vivre une histoire de la fraternité.
Il y a eu le siècle des Lumières, que l'Église devienne " La lumière du Siècle ". Tel est ce que ce livre voudrait faire advenir. "
PG Trébossen
L'islam de France a cessé de se faire discret. Les jeunes générations désirent lui faire une place et, à travers lui, affirmer leur identité, dénoncer les discriminations, voire contester un modèle de société.
L'engouement religieux et le communautarisme menacent-ils pour autant les libertés individuelles, la cohésion sociale et la paix ? Guerres et attentats menés au nom du fondamentalisme ne sont pas propices à l'analyse raisonnée ; c'est à elle pourtant que prétend cet ouvrage. Ni angélisme ni alarmisme du côté des auteurs, plutôt une analyse des faits à partir d'enquêtes de terrain et de témoignages. On y croise des étudiantes voilées, des entrepreneurs, des mères d'élèves de quartier sensible, des jeunes actifs de retour d'un pèlerinage à la Mecque, des délinquants rejoignant un islam rigoriste, des jeunes repérés par la Protection judiciaire pour « radicalisation ».
Les écouter, prendre au sérieux leurs opinions, comprendre leur cheminement et interroger leurs rapports à la société et à la République, voilà des clés pour éclairer le jugement, combattre quelques idées fausses et mieux vivre ensemble.
Lætitia Bucaille, vice-président de l'INALCO, et Agnès Villechaise, maîtresse de conférence à l'Université de Bordeaux, ont dirigié cet ouvrage auquel ont contribués:
Vincent Tiberj, Leila Seurat, Sarah Aïter, Fabien Truong, Geneviève Zoïa, Laurent Visier, Laurent Bonelli et Fabien Carrié.
Dans la torpeur de l'été 2016, l'« affaire » du burkini éclate soudain. L'emballement médiatique pousse chacun à se positionner dans l'urgence. Surprise : tous les camps habituels se retrouvent divisés. Droite contre droite, socialistes contres socialistes, écologistes contre écologistes, féministes contre féministes, etc. Les positions sont tranchées mais la confusion règne, ce qui a le don d'agacer le monde politique, désireux d'en finir au plus vite avec cette histoire, pour retrouver les « vrais problèmes » des Français.