La mobilisation et l'engagement des femmes pour l'abolition de l'esclavage, la fin de la ségrégation ou les droits civiques - et la part qu'y ont prise les femmes noires - ont été déterminants. Au coeur de cette histoire transparaissent des contradictions encore à l'oeuvre aujourd'hui. Du xixe siècle à nos jours aux États-Unis, Angela Davis décortique les intérêts conflictuels et convergents des grands mouvements de libération et d'émancipation. Elle montre comment le patriarcat, le racisme et le capitalisme ont divisé des causes qui auraient pu être communes. Preuve que c'est en surmontant les clivages de genre, de race, de classe, et en brisant les fausses mythologies que les femmes pourront le mieux se libérer des oppressions. Femmes, race et classe est un essai fondateur, indispensable pour comprendre la portée des mobilisations féministes passées et à venir, et les conditions de leur réussite.
Aujourd'hui, en France, 354 personnespèsent 1 000 milliards d'euros. Ce livre-enquête révèle l'origine des plus grandes dynasties financières (Rothschild, Arnault, Bolloré, Wertheimer, Pinault, Rockefeller). Il s'agit de retrouver quelle a été leur place réelle dans notre histoire. À quel point ils ont influencé les transformations des sociétés. Ils sont devenus des acteurs systémiques de l'économie.
Oui, ces riches appartiennent à une élite planétaire qui se déplace en jet privé, collectionne les voitures de luxe, organise des fêtes somptueuses, multiplie les domiciliations aux quatre coins du monde, investit tous les marchés, domine tous les réseaux.
Les riches, les très riches sont LE vrai pouvoir, aussi bien visible
qu'invisible. Nous les connaissons sans les connaître, alimentant ainsi une fascination qui peut aller jusqu'à la haine.
Pour la première fois, cette histoire mondiale des riches vous les montre tels qu'ils sont.
Les niveaux très élevés d'inégalité semblent moralement contestables. Mais les raisons pour lesquelles ils le sont et pour lesquelles il faudrait les réduire ou les éliminer sont-elle si évidentes ? Nous avons donc besoin d'une conception claire des raisons de combattre les inégalités.
« Les individus ont de nombreuses raisons différentes de s'opposer à des formes d'inégalité : des raisons fondées sur leurs effets, sur les relations avec les autres qu'elles impliquent, et sur les institutions qui les engendrent. Ces raisons sont diverses et ne découlent pas toutes d'un unique principe distributif égalitaire. Ce qui les unifie, c'est leur rôle commun dans le processus par lequel les institutions sociales doivent être justifiées auprès de ceux à qui l'on demande de les accepter. »
Par-delà nos raisons d'améliorer le sort des plus démunis, nous avons aussi des raisons de nous opposer à l'inégalité, c'est-à-dire à la différence entre la vie des uns et celle des autres. Ces dernières sont plus énigmatiques, et Thomas Scanlon examine six raisons de ce type. Il montre que l'inégalité peut être contestable parce qu'elle crée d'humiliantes différences de statut ; parce qu'elle donne aux riches des formes de contrôle inacceptables sur ceux qui ont moins ; parce qu'elle sape l'égalité des chances économiques ; parce qu'elle nuit à l'équité des institutions politiques ; parce qu'elle résulte de la violation d'une exigence d'égalité d'attention pour les intérêts de ceux à qui les pouvoirs publics ont l'obligation de fournir certains services ; ou encore parce qu'elle est produite par des institutions économiques inéquitables. Il examine également les objections à la poursuite de l'égalité au motif qu'elle implique une entrave inacceptable à la liberté individuelle, et fait valoir qu'on ne peut ni justifier ni s'opposer à l'inégalité en se fondant sur une notion de mérite.
Disposer d'une conception claire des raisons pour lesquelles les inégalités doivent être combattues permet de faire apparaître en quoi sont contestables les lois et les institutions qui les promeuvent, et pourquoi il peut être justifié de les modifier.
L'une des thèses fortes de ce livre : toutes les inégalités ne s'exposent pas aux mêmes objections, qu'il faut parvenir à distinguer pour fournir à ceux qui veulent les combattre les meilleures raisons de le faire.
Philosophe à Harvard, spécialiste d'éthique et de philosophie politique, Thomas M. Scanlon a publié des travaux de première importance sur la liberté d'expression, l'égalité, la tolérance, les théories de la justice, les théories du contrat social, le bien-être, ainsi sur de nombreuses questions fondamentales de philosophie morale. Parmi ses ouvrages, en français, L'Épreuve de la tolérance. Essais de philosophie politique (Hermann, 2018).
Si l'école aime à proclamer sa fonction d'instrument démocratique de la mobilité sociale, elle a aussi pour fonction de légitimer - et donc, dans une certaine mesure, de perpétuer - les inégalités de chances devant la culture en transmuant par les critères de jugement qu'elle emploie, les privilèges socialement conditionnés en mérites ou en « dons » personnels. À partir des statistiques qui mesurent l'inégalité des chances d'accès à l'enseignement supérieur selon l'origine sociale et le sexe et en s'appuyant sur l'étude empirique des attitudes des étudiants et de professeurs ainsi que sur l'analyse des règles - souvent non écrites - du jeu universitaire, on peut mettre en évidence, par-delà l'influence des inégalités économiques, le rôle de l'héritage culturel, capital subtil fait de savoirs, de savoir-faire et de savoir-dire, que les enfants des classes favorisées doivent à leur milieu familial et qui constitue un patrimoine d'autant plus rentable que professeurs et étudiants répugnent à le percevoir comme un produit social.
La première édition de cet ouvrage est parue en 1964.
Partant d'une réflexion sur les sujets du développement, de l'écologie et du genre, Vandana Shiva démontre que le modèle occidental d'essor technologique et économique, présenté comme un futur souhaitable pour le monde entier, est en réalité un « mal-développement » fondé sur l'asservissement et l'exploitation des femmes et de la nature, et conduisant l'humanité sur la voie de l'autodestruction. Face à un tel système à la fois patriarcal et néocolonial, la seule issue possible de survie et de libération est celle de l'écologie, de l'harmonie, de la soutenabilité et de la diversité.
En s'inspirant des luttes paysannes en Inde et dans le tiers-monde, Vandana Shiva explore le rôle unique des femmes pour créer des alternatives et sauvegarder les ressources vitales de la nature.
Vandana Shiva est une militante féministe et écologiste indienne de premier plan, qui a notamment reçu le prix Nobel alternatif en 1993 « pour avoir placé les femmes et l'écologie au coeur du discours sur le développement moderne ». Elle dirige actuellement la Fondation de la recherche pour la science, les technologies et les ressources naturelles.
Dans la famille de Maya, originaire du Mali et vivant dans une HLM de banlieue parisienne, les filles sont élevées dans la tradition patriarcale, les coups pleuvent souvent et les interdictions sont nombreuses. À 6 ans, lors de ses premières vacances à Bamako, elle subit une excision. Rapidement, elle comprend que cette mutilation est voulue par ses parents, qu'elle doit taire sa douleur, prendre sur elle. Seule la voix de Céline Dion lui donne un peu de courage.Mais surtout, à l'adolescence, un professeur de français l'ouvre à d'autres cultures, d'autres mondes. L'école la sauve, l'arrachant à sa cité Rimbaud où elle étouffe, à son foyer où l'on veut la préparer à devenir une femme exemplaire, c'est-à-dire mariée, mère de famille et gardienne des coutumes.« La liberté s'acquiert par la connaissance » devient sa maxime.Face au poids des rites et des croyances, Maya oppose sa force, sa rage, refusant de se résigner à son sort, sans pour autant renier ses deux identités.
Un récit inspiré de la vie de l'auteur et de ses rencontres. Bouleversant.
Née en France de parents sénégalais, Halimata Fofana a été excisée à l'âge de 5 ans. Elle se consacre aujourd'hui à l'écriture et à la réalisation. Les mutilations sexuelles faites aux femmes sont devenues son combat.
Tous pour un, un pour tous, il fut un temps où la solidarité de classe ressemblait peu ou prou à la devise des Mousquetaires. Or, plus encore qu’elles ne se creusent, les inégalités sociales se transforment et changent de nature. Alors que les inégalités de classes structuraient les conflits, les mouvements sociaux, la vie politique, les identités collectives et les principes de la solidarité, aujourd’hui, les inégalités se multiplient et s’individualisent. Nous sommes tous inégaux et singuliers.
Comme le constate François Dubet, les inégalités nous séparent plus qu’elles nous rassemblent. Nous nous sentons privilégiés, défavorisés, discriminés ou méprisés « en tant que » : en tant que salarié, en tant que précaire, en tant que jeune, vieux, femme, immigré, etc. Ces inégalités multiples sont d’autant plus douloureuses que l’adhésion à l’idéal de l’égalité des chances, nous conduit à être responsables de ce qui nous arrive et à penser que les autres « méritent » les inégalités qu’ils subissent.
C'est à l’analyse de ce nouveau régime des inégalités qu’est consacré cet essai, ainsi qu’à la façon dont il met la politique au défi. Car l’enjeu est crucial, en particulier pour la gauche : comment le camp qui fédérait et représentait des inégalités de classes relativement homogènes, peut-il parvenir à représenter ces inégalités singulières ? Comment reconstruire de la solidarité ? Sans prétendre répondre à la question, François Dubet démontre que seul un travail sociologique peut permettre de comprendre la société actuelle et ses défis.François Dubet est professeur de sociologie émérite à l’université de Bordeaux II, directeur d’études à l’EHESS. Il a notamment publié, au Seuil, Les Places et les Chances (2010), La Préférence pour l’inégalité (2014) et Le Temps des passions tristes (2019). Traduit dans le monde entier, il est considéré comme l’un des plus grands sociologues français.
Depuis la dernière édition de ce livre en 2007, la bourgeoisie a connu des bouleversements liés notamment au pouvoir grandissant de la finance sur l'industrie, la politique et les médias. Quelles en sont les conséquences sur les différentes formes de richesse, l'argent, la culture, les relations sociales et le prestige qui caractérisent cette classe sociale ? Quatrième édition de ce classique par deux des meilleurs spécialistes de la bourgeoisie française. Depuis dix ans, la bourgeoisie a connu des bouleversements liés notamment au pouvoir grandissant de la finance sur l'industrie, la politique et les médias. Quelles en sont les conséquences sur les différentes formes de richesse, l'argent, la culture, les relations sociales et le prestige qui caractérisent cette classe sociale ?
Les modes de vie des grands bourgeois ont-ils changé ? Dans quelles conditions leurs positions dominantes se reproduisent-elles de génération en génération ? Quel est le rôle des dynasties familiales dans cette transmission ? La bourgeoisie, face à la montée des inégalités économiques et sociales, est-elle consciente de leurs conséquences sur les peuples ? Est-elle la dernière classe sociale ? La mobilisation pour la défense de ses intérêts exige des liens de plus en plus étroits avec les politiques. Peut-on parler d'une oligarchie ?
C'est à ces questions sur cet univers encore trop méconnu et qui préférerait le rester que répond ce livre rigoureux et accessible.
Longtemps, la masculinité a semblé aller de soi. Chaque homme devait ressembler à l'idéal viril qui dominait toute la culture. L'identité sexuelle paraissait inscrite dans la nature. Ces trois dernières décennies, les femmes ont fait voler en éclats ces évidences. Les limites du masculin et du féminin sont devenues floues. Et chaque homme, désormais, de s'interroger sur son identité profonde. Elisabeth Badinter trace ici les contours, encore incertains, du nouvel homme que notre siècle est en train d'inventer.
Voici trois décennies que l'étude des inégalités a fait son retour dans les sciences sociales. Concomitantes de la résurgence et de l'accroissement des inégalités économiques au début des années 1980, ces analyses ne se bornent pas à l'établissement d'un diagnostic. Elles ne se limitent pas non plus à la redécouverte de préoccupations connues : le problème de la répartition en économie, celui de la stratification sociale en sociologie ou encore les études quantitatives de l'École des annales en histoire.
L'effort sans précédent de construction de données mondiales sur les inégalités est aussi le ferment d'une reformulation pluridisciplinaire. Ainsi l'économie a-t-elle souvent recours à l'histoire ou à la sociologie pour rendre compte des inégalités de revenu ou de patrimoine, tout comme la sociologie puise dans l'économie des échanges internationaux ou de l'innovation pour étudier les transformations des rapports sociaux. Ce livre s'inscrit dans cette perspective pluridisciplinaire, désormais indispensable pour expliquer les inégalités. Il offre une synthèse qui permet de comprendre les tendances longues et les enjeux contemporains de cette histoire.
Alors qu'elles avaient diminué au XXe siècle, les inégalités économiques se creusent de nouveau, depuis plusieurs décennies, dans la plupart des pays occidentaux. Mais la seule dimension économique ne suffit pas à rendre compte des inégalités, qui doivent aussi être saisies dans leur ensemble, quelle que soit la forme qu'elles prennent. Afin d'appréhender leur pluralité, Nicolas Duvoux dresse un panorama des différentes définitions qu'on donne des inégalités sociales, des outils qui permettent de les mesurer ainsi que des interprétations de la façon dont elles se construisent et s'enracinent. Comprendre les inégalités sociales, c'est dès lors décrypter comment chaque société les conçoit, les critique et tente (ou non) de les combattre.
Faire l'état de la recherche de ces dernières décennies sur les liens entre religions et classes sociales revient pour partie à documenter une absence. Cette éclipse est toutefois relativement récente, car la question a longtemps constitué un classique en sciences sociales. L'articulation entre appartenance religieuse et appartenance de classe est-elle devenue si discrète ou à l'inverse si évidente qu'elle passerait désormais sous nos radars ? Les onze enquêtes qualitatives réunies dans cet ouvrage renouent avec ce champ d'investigation. Elles interrogent nos manières de voir (ou de ne pas voir) ces liens et invitent à approfondir l'analyse au-delà des affinités électives apparentes, en portant le regard vers les superpositions, les désajustements et les tensions entre religions et classes sociales. À travers une immersion dans des contextes historiques, des aires géographiques, des traditions religieuses et des groupes sociaux très divers, les contributions démontrent l'actualité de ces questionnements et leur pertinence pour comprendre la fabrique des frontières sociales et la reproduction des inégalités. La finesse des analyses empiriques et la rigueur du cadre théorique font de cet ouvrage un incontournable pour les étudiants et chercheurs en sciences sociales ainsi que pour tous les professionnels qui croisent les questions de religion et de classe dans le cadre de leurs activités.
« Bobo » : un néologisme que tout le monde utilise, souvent comme un qualificatif péjoratif (contraction de « bourgeois-bohème ») désignant une partie mal définie de la population. Bizarrement, ce mot a un sens, mais pas de définition. En réalité, il recouvre un groupe social que la sociologie universitaire refuse de déterminer sous prétexte que « bobo » serait une construction journalistique, polysémique et floue. Thomas Legrand et Laure Watrin tentent malgré tout de définir ce mot, et les mots qui y sont attachés, soit parce qu'ils font partie du vocabulaire des bobos, soit parce qu'ils aident à cerner le périmètre de la boboïtude. AMAP, bio, mixité, vinaigre blanc, solidaire, citoyen, contradiction, butternut, vegan, bistronomie, local, glocalisation, jardins partagés, carte scolaire, gentrification, récup'... 100 mots comme autant de détails dont le tout dessine une population à la fois ouverte et autocentrée, parfois exaspérante, mais qui invente ou contribue à promouvoir les rapports sociaux et les modes de vie d'un monde globalisé, hyperconnecté et sous contrainte écologique.
À l'automne 1918, la Première Guerre mondiale à peine terminée, les généraux cèdent la place aux hommes d'État qui doivent définir les termes de l'armistice et ouvrir les négociations de paix. Des femmes politiquement engagées, notamment dans le mouvement pour le suffrage des femmes, n'entendent pas laisser les hommes décider seuls et demandent qu'une délégation soit reçue et admise à
la table des négociations alors que doit se tenir la conférence de la paix, à Paris. Le refus du président des États-Unis, Woodrow Wilson, et du Premier ministre britannique, David Lloyd George, n'entame en rien leur détermination à agir : les femmes s'organisent entre elles et se préparent à exiger l'égalité des sexes et la justice sociale ainsi que des mesures pour instaurer une paix durable dans
le monde d'après-guerre. La Conférence de la paix de Paris suscite une vague de militantisme féminin sans précédent, attirant sur la scène internationale des femmes venues du monde entier pour défendre simultanément la paix, la démocratie et les droits des femmes. Tel est le point de départ de cet ouvrage, dont le fil rouge pourrait être que « Nul ne peut se croire autorisé à parler au nom des peuples tant que les femmes seront exclues de la vie politique des
nations », selon la formule de la féministe et suffragiste française Marguerite de Witt Schlumberger.
« Aujourd'hui, plus de cent ans après, la lutte pour les droits des femmes dans le monde se poursuit sans relâche. Suivant les traces des pionnières courageuses et audacieuses de 1919, une nouvelle génération pourrait encore trouver le chemin d'un ordre mondial plus juste et plus équitable. »
« Si le progrès ne réside plus guère que dans les moyens, qui ont tendance à augmenter sans cesse, il n'est pas surprenant qu'on le rencontre à chaque pas, avec le sentiment de rencontrer en réalité à chaque fois autre chose que lui. L'impression qui résulte de ce qui se passe est que le progrès est partout, et que pourtant sa physionomie ne peut plus être reconnue nulle part. »
Dans Le Mythe du progrès, von Wright remet en question certaines de nos croyances contemporaines les plus fondamentales, en particulier la croyance au progrès, et rappelle, d'une part, que l'espèce humaine est soumise à la même loi de précarité et de caducité que les autres espèces et, d'autre part, que rien ne garantit que la forme industrielle de production soit biologiquement adaptée à l'être humain. Ces deux idées pourraient donner l'impression de relever du simple bon sens ; elles n'ont rien de particulièrement choquant ou subversif. Mais elles n'en ont pas moins suscité des réactions négatives surprenantes de la part de tous ceux, scientifiques, économistes, politiciens, intellectuels, qui partagent une conviction commune, que l'on peut appeler « la croyance dans la croissance économique illimitée ».
Ce qui confirme l'idée de Kraus que, même si on ne sait pas ce qu'est le progrès, tout le monde est plus que jamais tenu de croire qu'une chose au moins est sûre : nous progressons, nous pouvons le faire de façon illimitée, et l'obligation de continuer à le faire est une sorte d'impératif catégorique pour les sociétés contemporaines.
Quand il s'interroge sur le type de lecteurs qui seraient, au contraire, susceptibles d'apprécier les idées qu'il a développées, von Wright suggère prudemment deux groupes, qu'il appelle celui des « conservateurs de la valeur » et celui des « intellectuels de gauche » - dont il constate, d'une façon que je ne contredirai pas, qu'il semble pour tout dire déjà moribond. La question qui se pose est de savoir qui sont aujourd'hui les intellectuels de gauche. Doit-on encore appeler ainsi des gens qui, s'ils sont plus sensibles que d'autres aux coûts sociaux et humains du progrès, et en particulier aux inégalités qu'il engendre, n'en continuent pas moins le plus souvent à croire à la possibilité et à la nécessité du progrès par la croissance économique illimitée, se contentant pour l'essentiel d'exiger que les fruits de la croissance soient répartis un peu plus équitablement ?
L'institution de l'esclavage est une reprise complétée et actualisée d'un ouvrage qu'Alain Testart, décédé en 2013, avait publié sous le titre L'esclave, la dette et le pouvoir, en 2001, aux Éditions Errance.
La définition de l'esclave a toujours été incertaine et le statut de ce que l'on met sous ce nom a beaucoup changé selon les temps et les lieux. Mais il reste toujours un exclu : exclu de la cité dans les sociétés antiques, exclu de la parenté dans les sociétés lignagères, exclu en tant que sujet dans les sociétés monarchiques. C'est l'exclusion d'une des relations sociales tenues pour fondamentales par la société qui distingue l'esclave des autres formes de dépendance et d'asservissement.
Sous l'esclavage, gît donc la question du pouvoir. Il y a, pour l'auteur, un lien direct entre l'esclavage et l'émergence de l'État, qui s'arroge le monopole des esclaves, vis à-vis des pouvoirs concurrents, de tout ordre, économique ou non. D'où la constatation, bien documentée, que c'est dans les sociétés les moins centralisées et les moins hiérarchisées, en principe les moins oppressives, que se rencontre la pire condition de l'esclave. Et l'inverse : c'est dans les sociétés les plus autoritaires et despotiques que la condition de l'esclave semble la moins défavorable.
Alain Testart est un des rares anthropologues qui disposent d'une culture aussi étendue, largement comparative. Cette nouvelle édition, établie par sa collaboratrice, Valérie Lécrivain, ajoute à l'ancienne un article inédit qui permet de préciser les thèses de l'auteur. Elle fait de ce livre d'il y a plus de quinze ans un livre neuf, plus adapté aux connaissances et aux sensibilités contemporaines
De la remarque la plus « anodine » à la violence la plus insupportable, de l'espace public à l'espace intime, voici la parole sans filtre de femmes de tous âges, de tous horizons qui témoignent des injustices et du harcèlement au quotidien.
Dans la bouche d'une fille c'est un collectif de femmes déterminées. Un compte Instagram très suivi. Et un livre manifeste qui s'adresse autant aux femmes qu'aux hommes désireux de croire à la pleine égalité des sexes et prêts à l'encourager !
Sous la direction d'Astrid ToulonUn texte de Astrid Toulon, Luna Baruta, Valérie Thierry, Enissa Bergevin, Louise Pothier...
Toutes les enquêtes le confirment : notre système scolaire ne parvient pas à atténuer les inégalités sociales, économiques, ethniques ou genrées. Il les construit même tout au long de la scolarité des jeunes. Bien sûr, les travaux des sociologues ont depuis longtemps mis en relief les conséquences des stratégies scolaires des familles mais aussi le poids du capital culturel dans la réussite à l'école. Cependant, depuis une dizaine d'années, la situation a changé?: on observe que l'école française - contrairement à celles de ses voisins - ne fait pas que reproduire des inégalités qui lui préexistent, elle en produit aussi de spécifiques. L'éducation comme ascenseur social est plus que jamais un mythe. Georges Felouzis dresse un constat sans appel sur la situation de notre système scolaire. Il pointe les types d'inégalités scolaires et s'attache à comprendre ce qui les creuse. Il invite, grâce à ce diagnostic, à penser autrement les politiques éducatives. Une urgence.
Notre monde n'a jamais été aussi riche ni si inégalitaire. N'en déplaise aux fondamentalistes de la croissance économique, le fossé continue de se creuser entre les uns, de plus en plus riches, et les autres, de plus en plus pauvres. À l'heure actuelle, une infime minorité de la population mondiale concentre près de la moitié des richesses totales. La « main invisible » des marchés opère pour une petite caste, étranglant tous les autres.
Dans cet essai incisif, Zygmunt Bauman condamne les mirages de la société de consommation, du toujours plus. Il poursuit sa réflexion sur les ravages de la mondialisation, en attaquant les systèmes élitistes. Il montre leur inefficacité économique et sociale, ainsi que les dangers qui pèsent désormais sur la démocratie.
Héritière d'une tradition verrière pluriséculaire, l'usine de Givors fermait définitivement en 2003, après une âpre lutte contre des spéculateurs financiers. Quelques années plus tard, une épidémie de cancers frappa les ex-verriers de Givors, donnant lieu à une enquête civile qui permit de rassembler nombre de documents accablants. En abordant ce matériau avec les outils de la sociologie critique, Pascal Marichalar donne à voir les mécanismes et les responsabilités à l'oeuvre derrière le drame.
Dans la petite ville de Givors, proche de Lyon, des hommes meurent les uns après les autres, emportés par des cancers à un âge relativement jeune. Leur point commun : ils ont travaillé pour produire des bouteilles et des pots à la verrerie qui a fermé ses portes en 2003. La compagne d'un verrier malade fait alors équipe avec un imprimeur à la retraite pour résoudre ce mystère. Ils comprennent vite que ce ne sera pas une enquête policière classique : c'est à eux de prouver qu'il y a eu un crime, et plus ils avancent vers la vérité, moins la justice semble disposée à juger les faits. Cependant, grâce à la force collective des verriers et de leurs soutiens, ils vont lever progressivement le voile sur un véritable scandale d'État.
Ce livre est une enquête sur cette enquête. Avec les outils des sciences sociales, l'auteur analyse les procédures, les mensonges et les injustices qui font que tous les jours autour du monde des millions de femmes et d'hommes sont mis en danger impunément.
« Et les Blancs sont partis. »
Ces mots sont ceux de beaucoup de gens croisés en reportage. Des mots entendus dans la bouche de Marocains, d'Algériens, d'Ivoiriens, de Maliens, de Sénégalais... qui s'en désolent et le déplorent le plus souvent. Du « départ des Blancs », ils sont les premières victimes.
Fruit de dix années d'enquêtes dans les cités, ce livre analyse la « ghettoïsation ethnique » à l'oeuvre dans la société française. Si l'expression est imprononçable dans notre République, elle est pourtant une réalité pour qui prend la peine d'aller et de revenir dans les quartiers les plus pauvres du pays.
Arthur Frayer-Laleix plonge avec cet ouvrage au coeur de la fracture ethnique française : il raconte notamment les services publics ségrégués, les discriminations à la couleur de peau, l'absence d'élus de la diversité à la tête de nos grandes villes et la surreprésentation des hommes issus de l'immigration dans nos prisons.
Arthur Frayer-Laleix, 38 ans, est reporter indépendant. Il collabore avec la revue Zadig, Le Monde, Les Échos et le site d'information StreetPress. Depuis son immersion en prison pour laquelle il s'est fait engager comme surveillant (Dans la peau d'un maton, Fayard, 2011), il travaille sur les banlieues françaises.
En matière de santé, femmes et hommes ne sont pas logés à la même enseigne. Ne sont-elles pas le « sexe faible » ? Au XIXe siècle les femmes sont considérées comme « d'éternelles malades » pour reprendre l'expression de Jules Michelet. Aujourd'hui, la perspective a bien changé : leur espérance de vie dans les pays occidentaux est plus longue que celle des hommes. Toutefois, elles passent aussi plus d'années qu'eux en mauvaise santé et souffrent de pathologies souvent bien différentes.
Les différences purement biologiques sont loin d'être seules en cause. Ainsi, les rôles sociaux et les activités professionnelles des unes et des autres les conduisent à ne pas être exposés aux mêmes nuisances de santé. Comparées aux hommes, les femmes adoptent moins de comportements à risque, consultent davantage, prennent mieux leurs traitements. Les pratiques des médecins se construisent aussi différemment selon le sexe de leurs patients.
Dans le domaine de la santé comme ailleurs, les inégalités entre les sexes existent et relèvent des mêmes stéréotypes et des mêmes mécanismes que dans le reste de la société, mais aussi de facteurs spécifiques, et notamment de la façon dont s'élabore le savoir médical. Pour lutter contre ces inégalités, il faut commencer par tordre le cou à un certain nombre d'idées reçues, chez les soignants comme chez les patients. Ce livre a pour objectif d'y contribuer, et de proposer des perspectives en matière de politique publique au service de la santé des femmes et des hommes.
« Il est important de (re)donner la finance aux citoyens. » C'est bien Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, qui parle ici, riche des témoignages des 70 000 bénévoles de l'association en contact quotidiennement avec cet univers de la pauvreté (13% des Français). Mais qui sont-ils vraiment ? Comment le devient-on dans la cinquième puissance économique mondiale ? Un quart des ménages redoutent de vivre ainsi. C'est à une « révolution fraternelle » qu'appelle l'auteure.
Véronique Fayet, née en 1953 à Toulouse, est présidente du Secours catholique français depuis juin 2014. Militante au sein de Quart-Monde, conseillère municipale à Bordeaux, elle a été successivement chargée de l'Action sociale et de la lutte contre l'exclusion, puis des Solidarités, de la Santé et des Seniors. Elle est chevalier de l'Ordre national du Mérite et officier de la Légion d'honneur. Aujourd'hui, elle fait la synthèse entre son engagement humaniste et son engagement chrétien.
L'école est mixte en France. Mais la mixité est loin d'être garante de l'égalité. Des filles plus discrètes en classe et des garçons qui souvent monopolisent la parole. Les premières ont les meilleurs résultats quand les seconds sont à la traîne. Une orientation scolaire qui dirige les filles vers les filières générales les moins prestigieuses et les secteurs les moins rémunérateurs. Quels sont ces mécanismes qui continuent à reproduire les inégalités entre les sexes ? Comment en finir avec les stéréotypes ? Et comment enseigner l'égalité ?