Démission du ministre de la Coopération Michel Roussin. Tentative de déstabilisation du juge Halphen. Mises en garde à vue d'entrepreneurs en bâtiment. Affaire Schuller-Maréchal. Scandale des HLM. Valises de billets. Appartements aux loyers bradés pour les amis et affidés. Villas construites ou achetées au rabais... Tous ces dossiers ont fait la une des journaux, des coups de projecteur ont été donnés sur un monde où se côtoient hommes politiques, financiers douteux, truands de plus ou moins grande envergure, avant que ne retombent sur eux le silence et l'obscurité propices aux mauvais coups. Cette obscurité, Alain Guédé et Hervé Liffran la scrutent depuis des années pour le Canard enchaîné. Ils ont rencontré des dizaines de témoins, procédé à de minutieuses investigations, à de patients recoupements. Le tableau est effarant. La plupart de ces événements ont un lien commun : la mise en place d'un système de fausses factures destiné au financement occulte du RPR. Ils ont un décor commun : l'Hôtel de Ville de Paris. Et des acteurs communs, truculents comme Jean-Claude Méry, inquiétants comme Louise-Yvonne Casetta, connus comme Robert Pandraud et Patrick Balkany, ou secrets comme Georges Pérol et Jean-Pierre Quéré. Faut-il en déduire qu'ils ont un maître d'oeuvre commun, dont la carrière doit tant à la ville qu'il a administrée et au parti qu'il a incarné ? Déjà, des observateurs s'interrogent : et si le passé du maire de Paris en venait à rattraper l'hôte actuel de l'Élysée ?
Si le communisme modèle soviétique a fait faillite, le communisme demeure un courant bien vivant. Il vient de loin dans notre histoire. Il croise nombre des aspirations d'aujourd'hui. Être utile, dans le présent de l'action comme dans l'invention d'un nouvel avenir, c'est l'ambition de Robert Hue pour son parti. Cela implique des transformations profondes dans l'identité même du Parti communiste français, une mutation. Elle est déjà entreprise, il faut la mener à bien. Nouveau communisme, lecture du passé, ouverture et volonté constructives, rénovation du Parti : Robert Hue s'explique. En homme chaleureux, direct. À sa manière, faite de franchise et d'invitation au dialogue.
Corrompre est devenu, en Europe, un loto où l'on gagne le pactole neuf fois sur dix, en toute impunité. Les « affaires » qui secouent la France, l'Italie, l'Espagne, la Belgique ou l'Allemagne, ne sont que la partie émergée d'un iceberg de trafics en tout genre : recyclage de l'argent sale, commissions occultes, implantations mafieuses, fraude fiscale à grande échelle...
Face à cette criminalité financière, aux ramifications internationales, les magistrats sont enchaînés par des procédures archaïques et interminables. Leurs enquêtes s'arrêtent, immanquablement, aux portes des paradis fiscaux, qui pullulent jusqu'en Europe. Parce qu'ils profitent, souvent, de ces circuits illégaux pour leur financement, les « politiques » ne font rien pour aider les juges. Il arrive même, comme en France, que certains fassent tout pour les empêcher d'agir.
Sept hommes ont décidé de dire « non ». Sept juges en première ligne contre les voleurs de démocratie. Certains, à l'instar du Français Renaud Van Ruymbeke, prennent la parole pour la première fois. Avec une étonnante liberté de ton, ils se confient à Denis Robert. Et lancent un appel à tous les citoyens. Si la justice n'est pas appliquée avec la même rigueur pour tous, si le capitalisme laisse la corruption et l'argent sale envahir chacun de ses mécanismes, si la confiance des électeurs est durablement trahie, sans que personne ne réagisse, ce sera le chaos.
Ce livre est dangereux : quand vous l'aurez reposé, vous ne regarderez plus la télévision, la radio, ou vos journaux de la même façon. Vous ne verrez plus les hommes politiques du même oeil. Vous ne signerez plus, comme avant, vos chèques à la caisse des hypermarchés, vos factures d'eau ou votre déclaration d'impôts. C'est un livre sur la politique. Des directeurs de cabinet, des porteurs de valises, des patrons, racontent l'engrenage et la propagation de la corruption. Urbanisme, énergie, commerce, communication : quand l'ombre obscurcit, à ce point, toutes décisions, la République a quelques raisons de trembler. C'est un livre sur l'argent. Celui qui achète les médias. Celui qui sort des caisses des entreprises, ou des poches des contribuables, pour s'évader vers des comptes inconnus via des paradis fiscaux. En privé, ils disent que c'est le capitalisme ; ou l'huile de l'économie. En public, ils nient, la main sur le coeur. Ce livre dit comment se trafique l'influence. C'est un livre sur la justice et ses coulisses : malgré les apparences, elle a rarement été autant entravée dans les affaires en cours, dès que celles-ci visent les liens financiers entre hommes publics et puissances privées. C'est un livre sur les médias. Portraits, anecdotes, choses vues et entendues, il témoigne du triomphe de la communication et du journalisme porte-serviette. Il décrit, derrière le rideau de fumée, la fabrication d'illusions collectives, la mécanique du mensonge.
Du précédent ouvrage de Robert Hue, « Communisme : La mutation », on a surtout retenu le règlement de comptes, qu'opérait le secrétaire national du PCF avec le passé soviétique du communisme. Cette fois, il se tourne vers l'avenir, et invite à explorer un nouveau projet.
Car les temps ont changé. Très vite. La déferlante de l'ultralibéralisme semblait avoir tout submergé - et il apparaît, avec les multiples crises, que ce n'est pas si simple. Une époque nouvelle s'ouvre, avec ses réalités, ses enjeux, ses questions, ses aspirations. Rien n'est joué. Et le Parti communiste participe au gouvernement de la France, au sein de la « gauche plurielle ».
Robert Hue livre ici ses analyses, et propose d'ouvrir « Les chantiers » neufs d'un communisme de notre temps, d'une organisation communiste du XXIe siècle. Chaleureux et audacieux, convaincu que le débat est indispensable pour redonner à la politique la dimension de la volonté et l'ambition du projet, il nous y invite aujourd'hui.
Dans la ville en miettes, la société n'a plus de territoires où ancrer sa mémoire et recréer des espaces publics. Pourtant, ici et là, s'éveille un nouvel art de vivre lourd d'interrogations, mais aussi de promesses. À Paris, particulièrement dans le vingtième, émerge une nouvelle culture politique, qui prend appui sur l'esprit des lieux, rebelle et créatif. La municipalité d'arrondissement, élue en juin 1995, met en oeuvre une logique expérimentale qui inflige un démenti aux prophètes du déclin de la démocratie, comme aux zélateurs de la technocratie. L'efficacité de l'action publique ne repose pas seulement sur le raffinement des dispositifs et la progression des financements, mais aussi et d'abord, sur la capacité à mobiliser les énergies en amont des projets, à susciter une ingénierie du lien social et de l'action collective. Bref, à faire le pari de la démocratie locale. Mais le renouveau entrevu, ici comme ailleurs, reste fragile et les problèmes de société demeurent. Il faudra bien que l'évolution des pratiques et des mentalités gagne Paris, - et notre pays en entier, - où trois Français sur quatre sont des urbains.
C'est une lettre. Une lettre de Robert Hue aux jeunes. Il leur parle d'eux et de la politique. Une lettre qui commence ainsi : Tout est fait aujourd'hui pour vous détourner de la politique. D'ailleurs, la politique, souvent vous la rejetez. Et, en même temps, - je le sais parce que nombre d'entre vous me le disent -, vous en attendez beaucoup. Je pense, quant à moi qu'il n'y a pas de solution à vos problèmes et à ceux du pays sans politique. Mais pas la politique telle que vous la rejetez : une politique différente. Et, pour qu'elle soit différente, pour que vous puissiez avoir la certitude qu'elle est différente, un seul moyen : qu'elle passe par vous. Qu'elle se fasse avec vous et donc, bien sûr, pour vous. Comme elle devrait se faire avec et pour l'ensemble des citoyens. Il y a votre attente. Et il y a cette conception nouvelle que j'évoque. Ne pensez-vous pas qu'elles méritent de se rencontrer ? En fait, l'une ne va pas sans l'autre. Alors, il nous faut dialoguer. Oui, c'est cela : il faut qu'on se parle. Se parler pour, comme je le souhaite, nous entendre ! Comment faire ? Et bien, je commence. Je fais le premier pas. Je vous écris.
L'histoire du socialisme et une exploration des orientations qu'il peut prendre en maints domaines et en toutes régions, en secouant des syndicats et des partis souvent banalisés et parfois moribonds.
Une espèce prolifique : DENG XIAOPING - KIM IL-SUNG - SADDAM HUSSEIN - HAFEZ EL-ASSAD - LE ROI D'ARABIE SAOUDITE - ANDREAS PAPANDRÉOU - HASSAN II - FIDEL CASTRO - JEAN-PAUL II - MITTERRAND - REAGAN - ANDROPOV - TCHERNENKO - ELTSINE - BEGIN - DAYAN - BOURGUIBA - POMPIDOU - BOUMEDIENE - GOLDA MEIR - LE SHAH D'IRAN - DUVALIER - MARCOS - CHE GUEVARA - CEAUCESCU - KADHAFI - KHOMEINY. Ce ne sont pas des malades comme les autres... L'entretien des auteurs avec le professeur Jean Bernard l'atteste. Voici quelques extraits : « On a dit parfois que les puissants de ce monde n'étaient pas bien soignés parce qu'ils avaient une idée préconçue sur les maladies et les médecins, la médecine officielle et les charlatans. On pourrait démontrer, statistiquement, que les chefs d'État ont une durée de vie plus courte que l'ouvrier du coin souffrant de la même maladie. ... Lorsque j'ai soigné des hommes politiques de haut rang, j'ai souvent été surpris de la crédulité que manifestaient ces dirigeants vis-à-vis des médecines parallèles. ... Il faut tenir compte de la mentalité très particulière de ces malades qui nous gouvernent et qui refusent d'une part, de considérer leur état de santé comme incompatible avec la direction d'un pays ou d'une armée, et d'autre part, d'admettre que les conséquences de leur maladie peuvent être graves pour leurs concitoyens. ... On peut parfaitement imaginer une commission médicale dont les membres seraient désignés par le Conseil constitutionnel. Elle examinerait le président de la République chaque année et pourrait constater le début d'une maladie grave. Elle garderait le secret quelques mois et déciderait, à un moment donné, d'alerter le Conseil constitutionnel qui apprécierait et prendrait une décision. Les médecins doivent rester des consultants et non pas des décideurs. »
Le 21 mai 1996, le GIA annonce l'exécution des sept moines de Tibhirine enlevés deux mois plus tôt. Le 1er août suivant, l'évêque d'Oran, Pierre Claverie, est assassiné. Dix-neuf religieux chrétiens ont été tués en Algérie depuis le début de la tragédie. Bouleversé par le sacrifice de ces hommes et de ces femmes qui ont tout donné à Dieu et à l'Algérie, Jean-Luc Barré a voulu comprendre le sens de la présence, ancienne et durable dans ce pays, d'une Église qui n'y occupe plus aujourd'hui qu'une place réduite. Parti à la rencontre de leur espérance, il s'est rendu auprès de ce qui subsiste de communauté chrétienne à Alger. À travers le récit de ce qu'il appelle un voyage intérieur, qui est aussi un reportage sur le drame algérien, il nous livre son témoignage sur l'oeuvre de fraternité et d'amour, engagée à perte de vie par ces hommes de silence. En suivant le parcours, souvent difficile et heurté, de personnages exceptionnels, comme le cardinal Duval, Pierre Claverie ou Christian de Chergé, le prieur de Tibhirine, il montre leur prise de conscience du nécessaire dialogue avec les musulmans, où gît l'espoir qui, seul, peut répondre au fanatisme et à la violence. L'espoir en une humanité plurielle, fondée sur le respect des différences. L'espoir fraternel, pour lequel ces hommes et ces femmes ont vécu, et accepté par avance de mourir.
Fin novembre 1997, je me suis rendue dans quatre des sept villes des territoires occupés, devenues autonomes par application des accords d'Oslo. En sillonnant les routes de Jérusalem au Jourdain, et de Naplouse à Gaza, en écoutant des témoignages, plus tard en relisant l'histoire de ce pays, j'ai découvert une réalité que je m'étais employée à nier depuis toujours, et j'ai compris qu'il était temps d'en finir avec un aveuglement consenti. Petit à petit, je voyais s'effondrer, non sans douleur et sans déchirement, un système d'affirmations rassurantes, répétées, et souvent légitimes - l'audace du peuple juif, la nécessité de sa sécurité. Et, derrière elles, se profiler l'existence d'un peuple, le peuple palestinien, de sa terre - terre ancienne, habitée, nourrie de cultures, de religions, d'influences arabes, chrétiennes, juives. La cause palestinienne a été trop souvent le prétexte, ou l'alibi, d'un retour de la judéophobie. Mais l'indispensable mémoire de l'Holocauste aurait-elle jamais dû servir à masquer les épreuves subies, depuis des dizaines d'années, par le peuple palestinien, et à justifier la politique menée par Israël dans la partie occupée de la Palestine ?
La Fayette, nous voilà ! Depuis la guerre d'Indépendance américaine, les relations entre les États-Unis et la France sont passées par bien des vicissitudes. En cette fin de siècle, la rivalité entre nos deux pays atteint des sommets, et les malentendus paraissent de plus en plus profonds. Les agacements mutuels, les procès d'intention, les guerres commerciales, se nourrissent d'incidents de plus en plus fréquents. Depuis la fin de la guerre froide, les nouveaux terrains d'affrontements se retrouvent dans la diplomatie, les armées, les grandes entreprises. À Washington, on peint les Français comme des alliés, sans doute, mais si inconstants et indociles, si arrogants et si imprévisibles, qu'il en devient insupportable d'envisager des initiatives communes ou des coopérations. À Paris, on fustige la morgue américaine et le caporalisme des élites politiques ou économiques d'outre-Atlantique - sur fond de naissance de l'Europe unie, de technologies de l'information omniprésentes, de compétitions farouches dans le commerce ou la culture. Sans que l'on sache comment ces deux grandes démocraties sortiront de cette crise qui les voit s'affronter sur tous les terrains, la France et les États-Unis sont devenus les pires amis du monde !
Une vocation : l'État ; une carrière : les affaires. On appelle cela le pantouflage. Entendez le passage d'un poste de haut fonctionnaire, à un emploi non moins élevé dans une entreprise privée, publique ou semi-publique. Ceux qui n'ont pas encore sauté le pas prononcent le mot avec gourmandise : celui-ci roule dans leur bouche, comme l'annonce d'une volupté promise. Un péché qu'on se pardonne déjà. Le rêve de travailler dans le privé, se substitue au désir de servir l'État, dont la vanité se révèle tristement d'année en année. Aux yeux du citoyen, le pantoufleur n'est qu'un pantouflard, un déserteur en somme, un personnage indélicat qui fait fi de ses engagements, et qui préfère une opulence confortable, même difficile, à l'austérité du service, même tranquille. Pratique douteuse, voire scandaleuse ou sortie de secours des énarques qui vivent mal le déclin du prestige de l'État ? La désertion a-t-elle un prix ? Le procès qu'on leur fait est-il juste ? Le découvrir est bien le but de ce voyage au pays des pantoufleurs.
Le 6 février 1998, le préfet de Corse, Claude Érignac, est abattu de trois balles tirées à bout portant, en pleine rue à Ajaccio. Le 6 mai 1999, en pleine affaire des paillotes, son successeur, le préfet Bernard Bonnet, est incarcéré. À deux reprises, l'État est bafoué comme il ne l'a jamais été auparavant. Que s'est-il passé pendant ces quinze mois ? Qui sont ces militants nationalistes qui ont tué le préfet Érignac ? Comment le champion de l'État de droit, le préfet Bonnet, a-t-il pu chuter aussi durement, au point de terminer son séjour en prison ? Rarement l'État aura paru aussi impuissant à gérer la question corse. Rarement, un gouvernement aura autant manqué de vision, d'imagination et de projet politique. En retraçant avec précision le cours de cette période mouvementée qui a embrasé les relations entre l'État et la Corse, le présent ouvrage analyse cette société complexe et pose la question de son avenir.
Masque passif, presque pathétique de Slobodan Milosevic, masque résolu de Bill Clinton, masque compréhensif de Jacques Chirac, masque résigné des réfugiés du Kosovo, masque insouciant des jeunes de Belgrade, masque outragé de la diaspora serbe, masque froid et souriant des pilotes de chasse, masque secret du diplomate... Dans cette danse macabre, qui a pour scène un tout petit pays d'une Europe presque oubliée, chaque acteur s'est vu affublé d'un masque, comme dans une tragédie grecque. Comment comprendre alors ce conflit, qui a pris une tournure indéchiffrable, que penser du Kosovo, si on est incapable de savoir qui agit et qui est responsable ? Pour devenir juge de son histoire, n'est-il pas temps de faire tomber les masques ?