Ce livre étonnant est un voyage qui montre comment l'économie façonne la société. Une immense fresque aussi, qui fait passer de l'empire romain à celui d'Hollywood, de la crise des années 30 à celle des subprimes, de l'Allemagne du Kaiser à la Chine contemporaine. Un voyage inquiet, hanté par une question : comment l'Occident, qui a arraché l'humanité au règne de la faim et de la misère, a-t-il pu finir sa course dans le suicide collectif des deux guerres mondiales ? La question n'est pas seulement rétrospective. Le monde s'occidentalise aujourd'hui à vice allure : les tragédies européennes pourraient-elles se répéter, en Asie ou ailleurs ? La planète pourra-t-elle éviter un nouveau suicide collectif, écologique cette fois ? Comme la crise financière l'a brutalement rappelé, une incertitude d'ordre systémique plane sur le capitalisme : sait-il où il va, où il entraîne le monde ? Telles sont les questions graves dont dépend le XXIe siècle. Ce qui est frappant ici, c'est l'extraordinaire clarté de Daniel Cohen : jamais on n'avait retracé l'histoire de l'humanité et les incertitudes qui pèsent sur son avenir avec une telle concision, un tel sens des formules et une érudition, délivrée avec tant de sobriété.
A quoi servent les économistes ? s'interroge Bernard Maris, le co-auteur de Ah ! Dieu ! Que la guerre économique est jolie !
Si l'économie est une science qui prédit l'avenir, le plus grand économiste s'appelle Madame Soleil. Rappel de leurs propos à l'appui, nos Minc, Attali, Barre et Sorman font pâle figure. L'oracle George Soros, vénéré pour avoir spéculé sur la livre et fait fortune, a perdu le double en jouant sur le rouble. Car tous ces experts qui viennent nous conter l'avenir et les bontés du marché ne cessent de se leurrer et de nous tromper en toute impunité, profitant de ce que la théorie économique est à l'agonie. Les nouveaux gourous Merton et Sholes, prix Nobel d'économie 1997, ont été ridiculisés par le naufrage de leur fonds spéculatif et ces adeptes du libéralisme sans entraves ont dû en appeler à l'argent des contribuables pour éviter un krach boursier. Quant au patron du Fonds monétaire international, le Français Michel Camdessus, il n'a vu venir ni les crises asiatiques, ni celles du Mexique et du Brésil.
Les Balladur, Tietmayer, Trichet, Dominique Strauss-Kahn et autres marchands de salades économiques ont surtout une fonction d'exorcistes. Dans un monde sans religion, ils sont devenus les conteurs intarissables des sociétés irrationnelles, chargés de parler sans cesse afin d'éviter que le ciel ne nous tombe sur la tête.
Longtemps arriérée et périphérique par rapport aux grandes civilisations de l'Asie, une économie européenne a émergé lentement, du ixe au xiiie siècle. Devenue une réalité du xve au xviiie siècle, elle a préparé la mutation de la Révolution industrielle. Grâce à l'accélération de la croissance au xixe siècle, et en dépit du contraste entre pays "riches" au nord, pays "pauvres" au sud et à l'est, l'économie européenne était plus intégrée en 1900 qu'elle ne l'est en 2000.
En insistant sur les caractères communs à l'espace économique de l'Europe, sur les relations entre ses différentes parties, sur la diffusion des institutions et des technologies, sur les migrations de main-d'oeuvre, de savoir-faire, de capitaux, sur le rôle des diasporas, François Crouzet signe ici une magistrale synthèse. Cette "histoire de l'économie européenne" nous permet de mieux comprendre les débats actuels sur les heurs et malheurs de l'Europe.
Comment l'école de Chicago, qui a réinventé le libéralisme a-t-elle transformé la gauche, de Mitterrand à Hollande ?Par quel mécanisme pervers nos impôts financent-ils ce qu'il y a de plus toxique dans les salles de marché ?Le grand patron de Renault, Carlos Ghosn, sait-il vraiment ce qui se passe dans son entreprise ?Pourquoi le Forum de Davos censure-t-il un grand banquier ?Dans quelles conditions trois hauts fonctionnaires français, tous de gauche, ont-ils accéléré la mondialisation financière ?Que fait Nicolas Sarkozy avec le Washington Speakers Bureau ?Que cachent parfois les décisions stratégiques de certains grands patrons ?Dans cette enquête qui mêle reportage et analyse, Sophie Coignard et Romain Gubert, grands reporters au Point et auteurs de L'Oligarchie des Incapables, nous racontent comment, de Londres à Washington en passant par Francfort, Bercy ou Chicago, l'alliance contre nature entre un État immoral et un capitalisme cupide a produit un système cannibale qui peut à tout moment se retourner contre chacun d'entre nous.
La prégnance de l'économie sur la vie des hommes n'est pas plus à démontrer que leur morosité et leur souffrance. Comment s'est construit notre « imaginaire économique », notre vision économique du monde ? Pourquoi voyons-nous aujourd'hui le monde à travers les prisme de l'utilité, du travail, de la compétition, de la concurrence et de la croissance sans fins ? Nous avons inventé la valeur-travail, la valeur-argent, la valeur-compétition, et construit un monde où rien n'a plus de valeur mais où out possède un prix ? Au fil d'une passionnante mise en perspective historico-économique, Serge Latouche revient aux origines de cette économie que les premiers économistes appelaient la « science sinistre ». Servi par une brillante érudition économique et philosophique, cet ouvrage montre la manière dont s'est façonné notre obsession utilitariste et quantitative, et nous permet ainsi de porter un regard neuf sur notre monde.
La prochaine présidentielle sera dominée par ceux qu'on appelle les populistes, à droite comme à gauche. Ils se nourrissent de l'extraordinaire dégringolade de la France depuis dix ans : effondrement de la classe moyenne, baisse de la richesse par habitant, chômage permanent, auxquels s'ajoute, depuis les attentats et la crise des migrants, un sentiment d'insécurité renforcé.
François Lenglet explore les causes de cette éclipse française : l'union monétaire, ou plutôt l'usage que nous en avons fait. Les illusions de la génération libérale, au pouvoir aujourd'hui. Le déni des responsables politiques, dont les tabous bloquent l'Etat et les entreprises. Et cela jusqu'à Hollande et Sarkozy, ces frères jumeaux dans l'impuissance économique.
Les Français veulent désormais être protégés. Et c'est pour cela que les solutions des partis nationalistes et souverainistes séduisent. François Lenglet les dissèque car, dans l'histoire, nombre de leurs mesures ont fini par être adoptées, y compris par des partis traditionnels. Est-ce un mal ? Sans complaisance, il propose des orientations efficaces pour garantir à la France un futur moins sombre. 2017 nous donnera une vraie chance. Peut-être la dernière. Sinon... Tant pis, nos enfants paieront.
Cet extraordinaire document qui retrace, d'une plume souvent féroce, le sauvetage du Crédit Lyonnais est l'histoire d'une double trahison de l'État.
D'abord la trahison inspirée par un système où irresponsabilités et incompétences ne sont jamais sanctionnées, un système incapable de contrôler le pouvoir qu'il a lui-même installé, un système où on a laissé pendant cinq ans une banque de taille mondiale dériver jusqu'aux frontières de la faillite.
Des prêts hasardeux aux investissements des requins d'Hollywood, l'entreprise a connu les plus folles dérives sous le règne d'inspecteurs des Finances protégés par le sérail.
Mais ce que raconte l'auteur, c'est aussi la trahison d'une caste, celle de Bercy. On y découvre une nomenklatura pénétrée de certitudes et persuadée d'incarner l'intérêt général... Une fois que le scandale a éclaté, un petit groupe de dirigeants politiques et de hauts fonctionnaires va s'efforcer de faire disparaître, malgré le redressement accompli, les traces de ce qui restera le plus grand désastre financier des trente dernières années et qui constitue une tâche sur leur réputation.
Ce témoignage explosif décrit, à travers de nombreux portraits et anecdotes, dix ans de lutte acharnée menée pour sauver une grande maison que tout le monde, des ministres français aux commissaires européens en passant par les banques de la place, condamnait.
Pourquoi Nicolas Sarkozy et Angela Merkel considèrent-ils le « capitalisme de l'ombre » comme la plus grave menace à laquelle nous sommes confrontés ?
Comment BP s'est-il organisé pour se protéger des catastrophes pétrolières ? Comment le lobby des grandes banques arrive-t-il à ses fins ? Les agences de notation vont-elles tuer l'euro en mettant de l'huile sur le feu ?
Un capitalisme opaque et spéculatif s'oppose désormais au capitalisme réglementé. Ce système retient en otage Etats et consommateurs, sans parler des salariés et des petits actionnaires.
Mais ce capitalisme-là s'est émancipé : entre contournement massif des règles par le « hors-bilan » et paradis fiscaux, les interdits ont explosé. Est-on impuissant face à ce pouvoir occulte que la classe politique n'ose pas affronter?
Une extraordinaire enquête, de Paris à Hong-Kong, de Genève à Washington, aux conclusions inquiétantes. Car si le système reste globalement assez efficace, il multiplie néanmoins les risques. Pour tout le monde.
Auteur d'un livre très remarqué sur l'empire Goldman Sachs (La Banque), Marc Roche, correspondant du Monde à Londres, nous révèle avec effarement les dérives d'un système qui a échappé à tout contrôle.
La France serait paresseuse. Nous ne travaillerions pas assez. Pour endiguer l'invasion des produits japonais, contrer les ventes allemandes, conquérir l'Europe et triompher de la crise, il faudrait de toute urgence doubler les cadences, supprimer les retraites, chasser sans répit l'oisiveté.
Et pourtant ? Si la solution était à l'inverse dans la mutliplication des rentiers ? Jacques Marseille, professeur d'histoire économique à Paris-VIII, membre du jury d'H.E.C., auteur avec Alain Plessis de Vive la crise et l'inflation, démontre brillamment dans ce livre paradoxal que les idées reçues peuvent mener à l'impasse.
Aussi n'hésite-t-il pas à vous assurer qu'en arrêtant de travailler, non seulement vous pouvez vivre heureux et éviter l'infarctus, mais en plus vous aiderez la France à terrasser l'inflation, redresser la balance des paiements, améliorer la compétitivité des entreprises, relancer l'emploi...
La France travaille trop vous dit comment concilier l'inconciliable. Lisez-le. Vous serez convaincu que l'avenir est aux rentiers et qu'on n'est jamais trop jeune pour le devenir.
Le capitalisme 3.0 est à nos portes. Après l'âge de la vapeur, puis celui de l'électricité, une nouvelle révolution industrielle est en marche. Google, Uber, Amazon, Apple, Facebook, Wikipedia sont les éléments avancés d'une vague qui va emporter l'économie et la société toute entière.Entreprises, administrations et salariés sont menacés. À moyen terme, nous disent Philippe Escande et Sandrine Cassini, journalistes au Monde et aux Echos, un emploi sur trois pourrait disparaître. Avocat, médecin, banquier, professeur, journaliste... toutes les professions sont concernées.Fin du salariat, fin des petits chefs et des grandes organisations, le monde du travail construit au début du XXe siècle est en train de se recomposer. Fin de l'intimité aussi ! Etats et entreprises peuvent désormais tout savoir de nos besoins, de nos désirs, de nos vies. Mais il est aussi plus facile qu'hier d'entreprendre, de travailler, de se faire connaître... Le numérique rend plus libre, plus informé plus créatif. Moins seul.Sommes-nous à l'aube d'un hyper capitalisme marchand où tout sera à vendre ? Ou inversement la société va-t-elle se convertir à l'échange et au partage ? Enfer ou paradis ? Un voyage au coeur du nouveau monde qui nous attend.
D'où vient le malaise de la politique économique ? Impuissante à résorber le chômage, ligotée par les marchés financiers, elle semble souvent frappée d'inefficacité. Pourquoi ? Il y a d'abord l'effet d'une désinflation compétitive qui, arc-boutée à la monnaie unique, perdure sans souci de ses échecs répétés et impose une « cohérence » résolument étrangère au problème de l'emploi.
Mais, au-delà des impasses propres à la désinflation compétitive, il se pourrait plus largement que la politique économique connaisse une mutation qui en altère profondément les pratiques et l'efficacité. Désormais soumise à l'opinion globale, c'est-à-dire à la convergence de tous les regards, elle est en permanence exposée aux jugements et aux interprétations. Et, seul le spectacle de la communauté tout entière rassemblée derrière la « bonne » politique semble pouvoir tranquilliser les marchés. Quand faire entendre une objection suffit pour alarmer la finance, c'est la possibilité même du dissensus démocratique qui se trouve dès lors mise en cause.
L'Europe permettra-t-elle de dépasser ces limites et de restaurer la souveraineté de la politique économique ? Rien n'est moins sûr, estime Frédéric Lordon, puisqu'il revient désormais aux marchés financiers, ce haut-lieu de l'opinion globale, d'élire la nouvelle monnaie internationale que l'euro voudrait devenir.
Frédéric Lordon, né en 1962, est chargé de recherche au CNRS et chercheur au CEPREMAP (Centre d'Etudes Prospectives d'Economie Mathématique Appliquées à la Planification). Il enseigne à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.
Parce qu'ils sont en pleine mutation, les adolescentssont des êtres tracassés, aux désirs et aux contradictions multiples. Ce phénomène, normal dans la plupart des cas, donne du souci aux parents. D'autant plus que l'adolescent(e) d'aujourd'hui affronte un monde qui a évolué et dans lequel la pression pour lui faire brûler les étapes est très forte.
À travers plus de cent questions, le Pr Daniel Marcelli et Guillemette de La Borie expliquent les sentiments de cet enfant qui devient grand et indiquent comment l'aider lorsque :
- Il se trouve trop petit
- Elle est horriblement insolente
- Il ne veut plus venir à table
- Elle monopolise la salle de bain
- Son premier chagrin d'amour l'accable
- L'école est le cadet de ses soucis
- Chez ses copains, il y a du hasch...
Santé, vie de famille, argent, relations parents-enfants, scolarité, amours et amitiés, autonomie... Tous les angles sont abordés dans cet ouvrage qui ne ressemble à aucun autre guide de l'adolescence et qui apporte des réponses claires lorsqu'on ne sait plus quoi penser.
Le monde compte désormais près de cent quatre-vingts banques centrales, soient dix fois plus qu'au début du XXe siècle.
Que cache cette inflation ? Quel est le processus qui a déterminé ce rôle prépondérant dans l'activité économique ?
Historiens, économistes et banquiers centraux se sont associés dans cet ouvrage, né d'une conférence organisée par le Centre Cournot. S'attachant à décrire, dans une perspective transatlantique, l'affirmation progressive de la banque centrale, ils établissent un état des lieux de ses objectifs et de son action, en période de croissance comme en période de crise.
Aujourd'hui placées au sommet de l'activité monétaire, les banques centrales semblent avoir gagné leur indépendance sans pour autant effacer les questions qui se posent sur leurs fondements, leur légitimité et leurs prérogatives. Ce livre y apporte des réponses claires et ouvre de nouvelles pistes de réflexion.
À l'image des autres secteurs d'activité, le secteur bancaire a été marqué au XXe siècle par deux mouvements en apparence contradictoires : poussée de la concentration et progrès des grandes organisations ; maintien et adaptation des banques locales et régionales. Ce livre étudie les conditions de résistance et d'adaptation de ces banques en Europe occidentale. En mettant l'accent sur l'encastrement des stratégies bancaires, il montre que les banques commerciales qui survécurent surent concilier ancrage régional et effets de taille, économies de proximité et économies d'échelle, suivi des clientèles et division des risques. Dans les pays où les banques commerciales ne surent pas s'adapter, elles furent remplacées le plus souvent (mais pas toujours) par des banques parapubliques, principalement mutualistes, qui cumulaient les avantages de la proximité et de la moindre soumission aux impératifs de rentabilité.
Cet ouvrage interroge les conséquences de la survie ou de la disparition des banques locales et régionales en terme de développement économique.
Rien ne semblait prédestiner Oriane Garcia, étudiante en lettres, à devenir l'une des reines de la toile.
Pourtant, armée d'un optimisme à toute épreuve et persuadée qu'elle a son rôle à jouer dans cette révolution, la jeune femme va se donner pour objectif de rendre la nouvelle technologie accessible à tous.
Dans les années 2000, elle fonde avec succès plusieurs start-up (Lokace, Caramail...), qui lui vaudront le surnom d' « égérie de l'internet français ».
Elle nous raconte avec humour ces années de folie, comment elle a vécu de l'intérieur l'émergence de la nouvelle économie, le scepticisme et les railleries du monde des affaires et des politiques (« Votre internet, mademoiselle, ça ne marchera jamais ! »), l'euphorie des années 2000, suivie de l'éclatement de la bulle internet. Aujourd'hui, en Chine, elle explore de nouveaux horizons, aussi bien virtuels que réels.
A sa manière, Oriane Garcia a contribué à réconcilier les Français avec la technologie autant qu'avec l'esprit d'entreprise.
Nourri d'anecdotes, son livre est un témoignage unique sur cette extraordinaire révolution qui a changé nos vies à jamais.
Depuis l'an 2000, nous assistons à une explosion de la richesse mondiale. Désormais la planète compte 12 millions de millionnaires, dont 500 000 en France. Heureusement, malgré la crise, la pauvreté s'est en même temps réduite plus vite que prévu sur la planète.Trois causes à cette progression spectaculaire des fortunes :Une forte croissance mondiale (sauf en Europe).La révolution numérique qui multiplie les jeunes millionnaires.La domination croissante des financiers, maîtres du jeu de l'argent.Les riches ont gagné sur tous les tableaux : l'argent, l'influence politique et souvent le contrôle des médias. Et l'on ne voit pas venir ce qui pourrait s'opposer à leur pouvoir.Mais contrairement aux clichés, les Français ne détestent pas les riches et souvent les admirent.En même temps les inégalités s'accroissent et peuvent déstabiliser nos sociétés. Comment réduire cette fracture devient la question primordiale des vingt prochaines années.
« Consacré à l'économie du IVe au XIe siècle, l'ouvrage de Robert Latouche, Doyen honoraire de la Faculté des Lettres de Grenoble, ouvre des horizons très vastes, car l'économie, durant cette longue période, a revêtu une importance toute particulière à cause de sa longue et difficile évolution: on assiste, en fait, à la naissance de l'Europe, de la civilisation occidentale par la mise en place de ses bases économiques. Les transformations les plus essentielles se sont faites au cours de ces sept ou huit siècles considérés, souvent encore, comme les plus obscurs, les plus « inutiles ». Sort semblable à celui de la petite enfance « oubliée » dans le développement ultérieur de l'individu.
On sera frappé de l'agréable lecture qu'offre cet ouvrage, alerte et vivant, toujours proche du concret. Pourtant, sans cesse, l'auteur montre les écueils, les lacunes, les difficultés de son sujet. En effet, rien n'est simple, la réalité est toujours plus complexe que les théories et les hypothèses, plus riche aussi que ne nous le laissent entrevoir les documents eux-mêmes. Mais le talent du véritable historien, en insufflant la vie dans son oeuvre, permet d'intégrer les problèmes, en en montrant l'évolution qui rythme la civilisation. » Paul Chalus, préface.
La mesure de la monnaie s'est imposée au coeur de nos économies et de nos sociétés. Mesurer la monnaie, c'est à la fois estimer sa quantité et calculer sa valeur, mais aussi en régler la circulation et la distribution, en modérer la création et l'usage. Cette raison monétaire n'est pas un fait de nature. Elle a une histoire riche et mouvementée, encore largement inexplorée. Entamée à la fin des Lumières et poursuivie jusqu'à nos jours, l'histoire de la mesure de la monnaie a reposé pour l'essentiel sur l'action de ces institutions spéciales dotées dès l'origine du privilège rare d'émettre de la monnaie : les banques centrales. Les contributions réunies dans ce livre étudient pour la première fois l'histoire des modalités théoriques et pratiques de la mesure de la monnaie par les banques centrales, en France et dans d'autres pays européens. Elles montrent que la production de statistiques monétaires résulte toujours d'un processus à la fois technique et politique, interne et externe aux banques centrales. C'est, en dernière analyse, sur cette machinerie statistique de plus en plus complexe, progressivement établie par l'organisation de services compétents et le recrutement de personnels qualifiés, que les banques centrales ont construit, de manière croissante au cours de l'époque contemporaine, leur autorité monétaire.
Le sentiment est assez largement partagé aujourd'hui d'une « perte » du travail qui fragiliserait les fondements mêmes de notre civilisation. Mais celui-ci ne peut se comprendre sans saisir à quel point notre perception ordinaire du travail est encore empreinte de schémas archaïques. On ne saurait en effet réduire la question de la place du travail dans notre société à l'opposition, souvent stérile, entre l'efficacité économique et la défense humaniste des valeurs sociales.
Cet essai stimulant invite à rouvrir le débat sur de nouvelles bases, alors que la mondialisation organise un système de division du travail à l'échelle de la planète et que l'automatisation a bouleversé en profondeur nos représentations du travail et de la production. L'enjeu est de trouver la voie d'une nouvelle conceptualisation du travail, capable de penser les modalités par lesquelles nous continuons plus que jamais, pour le meilleur et pour le pire, à interagir avec la nature.
Dans le sillage de Enron, Worldcom et Parmalat, les scandales entourant la gestion de grandes sociétés cotées se sont succédé depuis le début des années 2000. Pour l'écrasante majorité des commentateurs, il s'agit là d'accidents isolés, certes fâcheux, mais ne pouvant remettre en cause les vertus d'un système dominé par la finance de marché. Pour Michel Aglietta et Antoine Rebérioux, ces scandales à répétition sont au contraire la marque des dérives de ce « capitalisme financier ». Les auteurs mettent en évidence les contradictions qui traversent ce régime de croissance. Pierre angulaire du capitalisme financier, le postulat selon lequel l'entreprise doit être dirigée dans le seul intérêt de ses actionnaires est en même temps son talon d'Achille. Une vacuité du contrôle au sommet des grandes entreprises se solde par une instabilité chronique et une aggravation des inégalités. Surmonter ces contradictions par une avancée de la démocratie participative dans l'entreprise : plutôt que comme un objet de droits de propriété, celle-ci doit être gouvernée comme une institution, où s'élabore une finalité commune à l'ensemble de ses parties prenantes, telle est la proposition des auteurs de cet ouvrage.
Économiques 2 continue à défricher les nouveaux territoires de l'économie politique. Autour de Philippe Askenazy et de Daniel Cohen se sont rassemblés des auteurs qui partagent leur approche concrète et pragmatique des faits. Cette nouvelle édition de questions d'économie contemporaine s'appuie, comme la précédente, sur les travaux de recherche du Cepremap, le Centre pour la recherche économique et ses applications. Trois thèmes principaux ont été retenus. Le premier traite de la crise financière, qui reste entourée d'une certaine opacité sur les mécanismes qui l'ont produite. Le second traite porte sur ce qu'on appelle depuis longtemps le « mal français ». Quelles sont la nature, l'origine et les solutions éventuelles à apporter à ce phénomène ? Le troisième thème développe les menaces qui pèsent de plus en plus sur l'État-providence. Une refonte majeure de notre système de protection sociale permettrait-elle de le pérenniser tout en le rendant plus efficace ? Ce volume est la suite de la magistrale entreprise commencée avec Économiques 1.
La plus grande ruse du diable est de faire croire qu'il n'existe pas. Le plus habile stratagème du communisme ne serait-il pas de répandre l'idée qu'il est moribond ? Regardez en effet : les nuages noirs du communisme ne semblent plus tellement obscurcir l'horizon. En URSS, la dissidence clame que le marxisme est mort, et sa voix résonne jusqu'en Amérique, d'où Soljenitsyne prêche que le stade suprême du léninisme, c'est le goulag. En Occident, la gauche convaincue pleure son dieu trépassé, et n'arrive plus à faire la différence entre les camps de Brejnev et ceux de Hitler ; le libéralisme ose redevenir anticommuniste, sans craindre d'être ni primaire ni viscéral, et défie l'Est d'étaler autant de richesses et de libertés que lui. Partout la foi s'embrase : en Orient, l'islam renaît et dresse ses masses innombrables, comme un Himalaya infranchissable aux hordes soviétiques, cependant que le monde catholique se mobilise à l'appel d'un charisme venu du froid. L'internationalisme prolétarien le cède à celui des affaires et l'URSS, prise à ce jeu nouveau pour elle, y perd, sans le savoir, son agressivité... Occidentaux, ne prendriez-vous pas vos désirs pour la réalité ? Refuserez-vous d'écouter, si l'on vous démontre que le marxisme n'est pas ce que vous croyez, et qu'il est bien vivant ? Et n'examinerez-vous pas les armes que l'on vous suggère de saisir pour le combattre vraiment ?
Un cadavre de femme sur une décharge publique. Encore une victime des réseaux de maniaques sexuels qui se constituent grâce aux messageries roses du Minitel. La police, abasourdie, se demande comment stopper la prolifération de sexualités interdites (pédophilie, zoophilie, etc.) dont les adeptes peuvent enfin se reconnaître et se rencontrer sans trop de risques grâce au caractère éphémère des annonces passées sur leurs écrans domestiques. S'agit-il, comme veulent le laisser croire les pères du plus spectaculaire des produits de France-Télécom, d'une déviation imprévisible de l'outil ? L'enquête, rigoureuse mais pittoresque, menée par Denis Perier, prouve qu'il n'en est rien. Au prix d'une étroite et active complicité, hauts fonctionnaires et patrons de presse ont organisé un vide juridique permettant que les ébats érotiques tarifés rentabilisent ce nouvel instrument de communication, en échappant aux sanctions pénales et pour le plus grand bonheur des marchands de sexe.
L'histoire du tunnel sous la Manche, on le sait, est émaillée des projets ajournés, de propositions insolites, d'espoirs et de déceptions, le tout sur fond de rapports franco-britanniques mi-figue mi-raisin. Aujourd'hui, en 1987, presque deux siècles après qu'un certain Mathieu-Favier ait proposé au Premier Consul Bonaparte un projet de tunnel sous la Manche - nous étions aux beaux jours de la Paix d'Amiens - Eurotunnel ouvre le plus grand chantier du siècle qui, en 1993, apportera à l'Europe sa véritable épine dorsale. [...] On pensait prouesses techniques, inventions diverses, grands moyens alors qu'il eût été plus simple peut-être d'envisager le problème sous l'angle des rapports franco-anglais qui déterminèrent les abandons successifs des projets ! L'un des mérites du livre d'Alain Coursier est, d'ailleurs, de mettre en lumière toutes les incidences politiques et diplomatiques qui donnèrent autant de rebondissements rocambolesques à cette histoire mouvementée. Depuis 1985, les choses semblent avoir pris un tour définitif et l'on sait aujourd'hui qu'Eurotunnel sera le constructeur (le dernier...) du fameux tunnel ouvert en 1993. C'est tout le feuilleton - lui aussi, à certains égards, rocambolesque mais extrêmement passionnant - des rapports Mitterrand-Thatcher, de la course entre les quatre projet initiaux (Transmanche Express, Europont, Euroroute et Eurotunnel), des modes de financements et de la résolution des problèmes techniques qu'Alain Coursier a entrepris de nous raconter ici dans ses moindres détails, sur le ton de la plus palpitante enquête journalistique. Le projet Eurotunnel nous est, enfin, totalement dévoilé et il n'est pas exagéré de dire que cet ouvrage précis, sérieux, exhaustif, illustré de nombreux documents inédits, peut être, d'ores et déjà, considéré comme le manuel le plus fiable destiné aux futurs usagers du tunnel, et le guide passionnant du plus grand projet du siècle.