La Sierra Leone a mis en ouvre un programme d'ajustement structurel (PAS) en avril 1990. Auparavant, l'économie était en déclin. Au cours des années 1980, le taux de croissance moyen du PIB est inférieur à 2 % et le chômage s'est aggravé de façon inexorable. Quant à l'inflation, son taux a augmenté sans cesse avant d'atteindre un niveau record de 180 % en 1987. Dans le même temps, le pays devait faire face à une crise de devises étrangères en raison de graves problèmes de balance de paiements. La réponse du gouvernement, par le rationnement des devises étrangères et l'instauration de divers régimes de taux de change, n'a fait qu'aggraver le problème.
L'Afrique traverse une crise agraire importante qui a été soulignée à l'attention mondiale par les images télévisées de millions de visages émaciés de victimes de la famine. L'Afrique est le seul continent dont la production alimentaire par habitant a baissé au cours de ces deux dernières décennies. La chute des taux d'autosuffisance alimentaire a été également marquée. Pour éviter une famine massive, un certain nombre de pays ont dû recourir à des importations de denrées alimentaires au moment où précisément leur capacité d'importation était affaiblie par la maigreur des recettes à l'exportation résultant d'une réduction du volume des exportations ou de la détérioration des termes de l'échange. Au cours des années 1980, le pouvoir d'achat des exportations agricoles de l'Afrique a, de façon générale, diminué chaque année alors que le volume des importations alimentaires s'accroissait de près de 5 % chaque année. Il faut cependant noter que bien que la crise se soit plus manifestement traduite par la famine, le rendement des cultures d'exportation a été médiocre dans la plupart des pays. L'Afrique doit faire face par conséquent non pas à une « crise alimentaire » mais à une véritable crise agraire. Ces deux dernières années ont vu une légère amélioration de la production. Mais la question de savoir si ce redressement est dû davantage aux facteurs climatiques qu'aux effets positifs sur la productivité, des réformes au plan des politiques, est très discutée.
Après une trentaine d'années d'expérience avec les mesures d'incitation, et d'avantage comparatif, il est opportun de revoir ces concepts à la lumière des études empiriques et des discussions qu'ils ont provoquées dans la littérature. L'expérience de l'ajustement structurel dans les pays en développement a suscité un nouvel intérêt dans la structure de protection, ainsi que les mesures de la protection et de l'efficacité. La littérature sur ces indices a deux racines principales : la théorie de la protection et l'analyse coût-bénéfice. L'incitation au niveau des prix de l'extrant est mesurée par le taux de protection nominale (TPN), et au niveau de la valeur ajoutée par le taux de protection effective (TPE). Le fondement théorique de ces indices est bien établi, les principales sources étant Balassa (1965), Balassa et al. (1971), et Corden (1966 et 1971). Ensuite, Schydlowsky (1967) a argumenté que l'incitation du profit, plutôt que l'incitation de la valeur ajoutée, est celle qui importe dans les décisions de l'entreprise. Cette idée a conduit Balassa et al. (1982) à proposer plusieurs indices d'incitation au niveau du profit ou du rendement du capital. En même temps, plusieurs économistes de la Banque d'Israël ont développé le coefficient de coût en ressources intérieures (CCRI)1 comme un critère d'investissement. Ce dernier indice a souvent été comparé avec le TPE, à cause de sa structure similaire au TPE. En dépit d'un débat illuminant dans la littérature (cf. Balassa et Schydlowsky 1972; Bruno, 1972), il s'est néanmoins réparti une opinion selon laquelle le CCRI mesure la même chose que le TPE. Encore récemment, la Banque Mondiale a publié par son Institut de Développement Économique un article (Helmers, 1988), qui assure l'égalité entre ces concepts sans, néanmoins, établir les conditions sur lesquelles repose cette égalité potentielle.