Ouvrage des Éditions Arcade en coédition avec NENA
La recherche sur cette brochure entre dans le cadre de la lutte pour la souveraineté monétaire, qui constitue l'une des batailles majeures pour l'indépendance économique de l'Afrique. La question de la souveraineté monétaire a quitté le cercle restreint des intellectuels pour devenir l'un des principaux chantiers de développement au niveau continental, avec les projets de Banque centrale africaine (BCA) et de Fonds monétaire africain (FMA) de l'Union africaine. En Afrique de l'Ouest, le projet de monnaie unique de la CEDEAO, plusieurs fois différé, semble avoir pris un nouvel élan au niveau politique, avec la création de la Taskforce Présidentielle, chargée de veiller à la bonne marche du processus vers l'échéance de 2020. Ces développements au niveau continental et sous- régional confortent les vues de tous ceux qui, depuis des années, luttent contre la Zone Franc et le franc CFA et appellent à leur remplacement par une monnaie souveraine. Au cours de ces dernières années, cette lutte s'était amplifiée, notamment au sein du mouvement social et au niveau des économistes et chercheurs. Cette brochure est une contribution à cette lutte, et en particulier à la campagne du Réseau Africain pour la Souveraineté Monétaire (RASM).
Ce glossaire réunit les principaux termes monétaires et financiers les plus fréquemment utilisés dans la littérature et dans les débats sur les questions économiques. Il vise à familiariser le grand public avec ces termes pour mieux comprendre le sens des débats sur ces questions, dans le contexte africain et international. Ce travail entre dans le cadre de la lutte pour la souveraineté monétaire en Afrique, notamment dans les pays africains de la Zone Franc. L'un des principaux objectifs de cette brochure est de renforcer la formation des membres du Réseau africain pour la souveraineté monétaire (RASM) afin qu'ils puissent mieux maîtriser les concepts liés à la monnaie et aux politiques monétaires et financières.
Le système monétaire international se heurte à de graves difficultés depuis les récentes années, à savoir : l'inertie du processus d'internationalisation des monnaies, l'hyperinflation dans certains pays, les résistances que rencontrent les gouvernements qui mettent en ouvre des programmes et des méthodes pour stabiliser les systèmes financiers. Face à tout cela, de nombreux gouvernements ont adopté des solutions alternatives dans la recherche de nouvelles approches. D'où par exemple le regain d'intérêt et la mise en place d'une nouvelle génération de currency boards (caisses d'émission ou directoires financiers) depuis les années 1990. Cet ouvrage s'interroge dès lors sur le fait de savoir si les currency boards peuvent constituer une alternative de régime de change que l'on pourrait aujourd'hui recommander tant aux pays développés qu'aux pays en développement en vertu de leurs performances macroéconomiques. En partant des propositions théoriques des économistes qui fondent leur utilisation, le livre montre en quoi les currency boards sont un bon instrument de stabilisation macroéconomique au niveau des indicateurs et des politiques économiques. Toutefois, cet ouvrage montre également en quoi les currency boards constituent un instrument dont la pertinence est limitée, non seulement à cause des résultats mitigés obtenus en matière de croissance économique et d'emploi, mais aussi à cause des limites structurelles et du noud de contraintes fonctionnelles liées à leur réussite. Par conséquent, les currency boards sont un instrument transitoire encore perfectible. D'où la question suivante : quelle en est la stratégie de sortie ?
La Sierra Leone a mis en ouvre un programme d'ajustement structurel (PAS) en avril 1990. Auparavant, l'économie était en déclin. Au cours des années 1980, le taux de croissance moyen du PIB est inférieur à 2 % et le chômage s'est aggravé de façon inexorable. Quant à l'inflation, son taux a augmenté sans cesse avant d'atteindre un niveau record de 180 % en 1987. Dans le même temps, le pays devait faire face à une crise de devises étrangères en raison de graves problèmes de balance de paiements. La réponse du gouvernement, par le rationnement des devises étrangères et l'instauration de divers régimes de taux de change, n'a fait qu'aggraver le problème.
Le Cameroun, comme bon nombre de pays en développement en général, et de pays africains de la zone franc en particulier, a été plongé dans une profonde crise, depuis le milieu des années 1980. Trois des principales causes à cette crise sont i) la dégradation des termes de l'échange en raison de la baisse des cours internationaux des principaux produits de base, ii) la baisse du dollar qui a amplifié celle des recettes d'exportation et iii) les politiques de dépréciation agressive des pays voisins, notamment le Nigéria. Des voies de sortie se sont avérées être des ajustements aussi bien internes qu'externes. Entre autres instruments d'ajustement, la réforme fiscale et douanière dans la zone de l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale (UDEAC) devait permettre une régulation des équilibres macro-économiques dans les États membres en général, et au Cameroun en particulier. Les objectifs principalement visés par la réforme fiscale et douanière dans la zone UDEAC étaient i) l'amélioration de la capacité de collecte de recettes des structures tarifaires et fiscales des États membres, ii) l'amélioration de l'efficacité et de la compétitivité du secteur manufacturier dans chacun des États par l'élargissement de la base fiscale pour des taux uniformisés et réduits, iii) la définition d'instruments de fiscalité indirecte flexibles et iv) la simplification de la structure fiscale pour son administration facile et la transparence de celle-ci.
L'Afrique traverse une crise agraire importante qui a été soulignée à l'attention mondiale par les images télévisées de millions de visages émaciés de victimes de la famine. L'Afrique est le seul continent dont la production alimentaire par habitant a baissé au cours de ces deux dernières décennies. La chute des taux d'autosuffisance alimentaire a été également marquée. Pour éviter une famine massive, un certain nombre de pays ont dû recourir à des importations de denrées alimentaires au moment où précisément leur capacité d'importation était affaiblie par la maigreur des recettes à l'exportation résultant d'une réduction du volume des exportations ou de la détérioration des termes de l'échange. Au cours des années 1980, le pouvoir d'achat des exportations agricoles de l'Afrique a, de façon générale, diminué chaque année alors que le volume des importations alimentaires s'accroissait de près de 5 % chaque année. Il faut cependant noter que bien que la crise se soit plus manifestement traduite par la famine, le rendement des cultures d'exportation a été médiocre dans la plupart des pays. L'Afrique doit faire face par conséquent non pas à une « crise alimentaire » mais à une véritable crise agraire. Ces deux dernières années ont vu une légère amélioration de la production. Mais la question de savoir si ce redressement est dû davantage aux facteurs climatiques qu'aux effets positifs sur la productivité, des réformes au plan des politiques, est très discutée.
Cet ouvrage présente quelques éléments de recherche empirique sur les causes et les effets de la dévaluation du Franc CFA de janvier 1994 à Dakar. Les résultats obtenus montrent qu'au-delà de l'ampleur très différenciée des causes d'un pays de la zone CFA à l'autre, cette opération monétaire était nécessaire. En effet, l'ajustement du Franc CFA a permis, dans un contexte international favorable, à la plupart des pays de la zone CFA de renouer avec la croissance après au moins une décennie de quasi-stagnation. Mais au-delà de cet ajustement monétaire, la perspective d'une croissance durable susceptible de procurer à ces pays les moyens de répondre à la montée des besoins individuels et collectifs et d'affronter dans les meilleures conditions la concurrence internationale repose sur une politique vigoureuse de diversification des exportations.
Après une trentaine d'années d'expérience avec les mesures d'incitation, et d'avantage comparatif, il est opportun de revoir ces concepts à la lumière des études empiriques et des discussions qu'ils ont provoquées dans la littérature. L'expérience de l'ajustement structurel dans les pays en développement a suscité un nouvel intérêt dans la structure de protection, ainsi que les mesures de la protection et de l'efficacité. La littérature sur ces indices a deux racines principales : la théorie de la protection et l'analyse coût-bénéfice. L'incitation au niveau des prix de l'extrant est mesurée par le taux de protection nominale (TPN), et au niveau de la valeur ajoutée par le taux de protection effective (TPE). Le fondement théorique de ces indices est bien établi, les principales sources étant Balassa (1965), Balassa et al. (1971), et Corden (1966 et 1971). Ensuite, Schydlowsky (1967) a argumenté que l'incitation du profit, plutôt que l'incitation de la valeur ajoutée, est celle qui importe dans les décisions de l'entreprise. Cette idée a conduit Balassa et al. (1982) à proposer plusieurs indices d'incitation au niveau du profit ou du rendement du capital. En même temps, plusieurs économistes de la Banque d'Israël ont développé le coefficient de coût en ressources intérieures (CCRI)1 comme un critère d'investissement. Ce dernier indice a souvent été comparé avec le TPE, à cause de sa structure similaire au TPE. En dépit d'un débat illuminant dans la littérature (cf. Balassa et Schydlowsky 1972; Bruno, 1972), il s'est néanmoins réparti une opinion selon laquelle le CCRI mesure la même chose que le TPE. Encore récemment, la Banque Mondiale a publié par son Institut de Développement Économique un article (Helmers, 1988), qui assure l'égalité entre ces concepts sans, néanmoins, établir les conditions sur lesquelles repose cette égalité potentielle.