Au lendemain de l'indépendance, le Mali a hérité d'une économie essentiellement agraire. Comme dans la plupart des jeunes États à économie sous développée, la volonté nationale d'amorcer une industrialisation s'est tout de suite manifestée. Dans un premier temps, il fallait créer des unités industrielles pour fabriquer des produits substituables aux importations à partir des ressources disponibles. L'accent a été mis sur l'industrie de transformation des produits agricoles. Dans ce cadre, l'État a initié et mis en application des mesures incitant à créer et à protéger les entreprises. Le degré d'industrialisation, encore très faible, pousse à réfléchir sur l'efficacité des mesures appliquées. Dans cette étude, nous nous proposons, après inventaire des mesures de protection et d'incitation, de déterminer les indicateurs afférents et de calculer les coûts et rentabilité économiques pour en évaluer l'impact sur l'industrie, apprécier les lacunes du système en vigueur et proposer de nouvelles alternatives. Peu d'études ont été faites dans ce sens.
La crise économique mondiale actuelle a des effets variés dans le Tiers Monde. Elle bloque notamment le processus d'industrialisation en marche qui a permis durant ces trois dernières décennies à quelques pays de percer comme compétiteurs sur le marché mondial et qui s'est accompagné d'un début de redistribution des cartes entre le NORD et le SUD. Ce livre tente de présenter une synthèse sur la diffusion progressive de ce processus. Il analyse son cheminement avec ses insuffisances, les déformations qu'il engendre et les transformations à opérer pour que le Tiers Monde puisse disposer des moyens et des capacités de modifier, les conditions, le cadre de vie matérielle, intellectuelle de ses populations.
La première partie retrace l'évolution de la division internationale du travail dans laquelle s'inscrit l'industrialisation. Cette transition procède de l'action combinée de plusieurs forces : le capitalisme central, le pouvoir d'État national, les forces sociales industrialistes (bourgeoisie industrielle, bourgeoisie administrative, élites révolutionnaires), le socialisme international. C'est au rôle de ses forces qu'est consacrée la deuxième partie. La dernière analyse ce phénomène en tant qu'un système global articulé en quatre sous-systèmes : la création de marché, la création technologique, le système productif, le système relationnel. L'industrialisation véritable du Tiers Monde selon l'auteur doit se soumettre à quatre impératifs : le développement du marché intérieur, la priorité à la formation de personnel technique qualifié; le renforcement permanent de la capacité technologique nationale, une structure productive équilibrée et articulée.
« L'échec de l'industrialisation par les « éléphants blancs », en générant sa cohorte de chômage et de misère, met aujourd'hui l'ASS à nu. Avec lui, disparaissent les promesses mirobolantes d'un type de création des richesses que l'on voulait transposable ex nihilo. De leur côté, les différents plans d'ajustement structurel, mis en place, depuis bientôt une quinzaine d'années, parce qu'ayant d'abord recherché la mise en ouvre des conditions permettant le remboursement de la dette des États, ont confiné le sous-continent dans une phase de transition économique sans véritable cohérence interne (...). L'afro-pessimisme, qui s'est d'ores et déjà installé de par le monde, doit aussi être l'occasion d'un sursaut pour les africains qui devront désormais se réconcilier avec l'histoire de l'industrie, en vue d'adopter urgemment un schéma par lequel l'industrialisation se ferait à partir de son commencement et, non plus par sa fin (...). Aussi, se réconcilier avec l'industrie qu'on s'interdira dorénavant de regarder par le mauvais côté de la lorgnette et, au-delà, reconsidérer l'entreprise, définissent la problématique de l'urgence voire, les défis désormais incontournables et dont l'Afrique doit s'affranchir pour espérer se sortir de son sous-développement (...). Dans un contexte de baisse de l'épargne internationale désormais disposée à s'investir dans l'ASS (...), l'impérative « gestion des opportunités » qui, dorénavant, invite les africains à se prendre en charge n'est plus un superflu. Cela nécessite, de leur part, des revirements déchirants dont un changement radical des mentalités à tous les niveaux ou encore, l'abandon d'une logique d'industrialisation par imitation et non par conviction ».
Que signifie la crise de la sidérurgie ? La délocalisation de la production d'acier ? La baisse de la productivité du travail, la liquidation d'unités de production, la mise au chômage d'un grand nombre de travailleurs ? Pourquoi certains Etats résistent-ils mieux à cette crise, comme l'Allemagne et le Japon par exemple ? Quelles sont les conséquences de l'émergence de nouveaux producteurs d'acier dans le tiers- monde ? A ces questions décisives, l'auteur apporte une réponse : la crise de la sidérurgie en Occident et au Japon reflète la mise en place d'une nouvelle division du travail à l'échelle mondiale.