L'histoire du tunnel sous la Manche, on le sait, est émaillée des projets ajournés, de propositions insolites, d'espoirs et de déceptions, le tout sur fond de rapports franco-britanniques mi-figue mi-raisin. Aujourd'hui, en 1987, presque deux siècles après qu'un certain Mathieu-Favier ait proposé au Premier Consul Bonaparte un projet de tunnel sous la Manche - nous étions aux beaux jours de la Paix d'Amiens - Eurotunnel ouvre le plus grand chantier du siècle qui, en 1993, apportera à l'Europe sa véritable épine dorsale. [...] On pensait prouesses techniques, inventions diverses, grands moyens alors qu'il eût été plus simple peut-être d'envisager le problème sous l'angle des rapports franco-anglais qui déterminèrent les abandons successifs des projets ! L'un des mérites du livre d'Alain Coursier est, d'ailleurs, de mettre en lumière toutes les incidences politiques et diplomatiques qui donnèrent autant de rebondissements rocambolesques à cette histoire mouvementée. Depuis 1985, les choses semblent avoir pris un tour définitif et l'on sait aujourd'hui qu'Eurotunnel sera le constructeur (le dernier...) du fameux tunnel ouvert en 1993. C'est tout le feuilleton - lui aussi, à certains égards, rocambolesque mais extrêmement passionnant - des rapports Mitterrand-Thatcher, de la course entre les quatre projet initiaux (Transmanche Express, Europont, Euroroute et Eurotunnel), des modes de financements et de la résolution des problèmes techniques qu'Alain Coursier a entrepris de nous raconter ici dans ses moindres détails, sur le ton de la plus palpitante enquête journalistique. Le projet Eurotunnel nous est, enfin, totalement dévoilé et il n'est pas exagéré de dire que cet ouvrage précis, sérieux, exhaustif, illustré de nombreux documents inédits, peut être, d'ores et déjà, considéré comme le manuel le plus fiable destiné aux futurs usagers du tunnel, et le guide passionnant du plus grand projet du siècle.
L'égalité serait-elle l'ultime croyance d'un pays qui n'en a plus guère ? Le dernier tabou d'une société où les interdits sont balayés ? De tous côtés, il n'est question que de lutter contre les inégalités. Et la voix de ceux qui doutent est aussitôt couverte par un concert d'invectives. Faut-il avoir, aujourd'hui, l'audace sacrilège de transgresser l'interdit ? De clamer que cette apparente unanimité repose sur un formidable malentendu ? En effet, l'égalité est un principe républicain. Mais, l'égalité économique et sociale réclamée à cor et à cri par les hérauts du progressisme n'a rien à voir avec l'idéal des fondateurs de la République. Pour le Club de l'Horloge, l'égalitarisme contemporain menace au contraire les fondements du régime républicain. Parce que l'égalitarisme favorise le cancer bureaucratique, il étouffe les libertés ; parce qu'il s'appuie sur le ressentiment, il détruit la fraternité ; parce qu'il paralyse l'initiative, il affaiblit la nation. Aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans d'autres pays d'Europe, les opinions publiques rejettent les illusions de l'égalitarisme et les abus de l'État-Providence. Le mirage égalitaire se dissipe. Voici venue l'heure des choix. Le Club de l'Horloge propose une nouvelle voie : celle d'une société solidaire et différenciée, où les valeurs économiques ne régneraient pas sans partage. La France, à son tour, se libérera-t-elle du Grand Tabou ?