Parue pour la première fois en 1985, L'épître des sept voies a été la première traduction française d'une oeuvre d'Abraham Aboulafia (1240-1290?), cabaliste espagnol qui élabora sa doctrine de la cabale prophétique parallèlement au Zohar dont il était contemporain. Cette lettre, dans laquelle il définit les sept voies de la Torah, traite essentiellement des rapports entre philosophie et cabale et apporte sur l'oeuvre de Maïmonide un commentaire aussi riche qu'inattendu. Mais Aboulafia insiste également sur la spécificité de l'hébreu, conçue comme langue qui globalise le réel et l'informe immédiatement, sur quoi il reviendra en détail dans son grand oeuvre de 1285, Lumière de l'intellect. La philosophie, dès lors, serait une propédeutique à la cabale, dont les savoirs ne sont accessibles qu'à ceux qui auront déjà parcouru les sept voies de la connaissance.
Abraham Aboulafia (1240-1290?) est un cabaliste espagnol du 13e siècle. Son oeuvre n'a été publiée en hébreu que récemment mais ses écrits ont été recopiés par des générations de disciples. Il en existe des versions latines lues par Pic de la Mirandole. Sa vie ne manque pas d'anecdotes dont la plus célèbre est sa visite au Pape Nicolas pour lui demander de cesser de persécuter les juifs. Le jour de son arrivée à Rome, on lui annonce que dans la nuit le pape est mort, ce qui le sauve du bûcher.
Le débat public français charrie une singulière conception de l'universalisme, généralement perçu comme incompatible avec les particularismes : les communautés religieuses ou ethniques, dit-on, doivent renoncer à leurs différences pour entrer dans la communauté nationale. Ce livre important montre que cette conception étroite et rigide est bien plus récente qu'on ne le croit.
Grâce à une lecture attentive de la manière dont les responsables politiques, les romanciers, les philosophes ou les cinéastes français ont abordé la question de l'intégration des juifs entre le XVIIIe et le XXe siècle, Maurice Samuels explique que différentes conceptions de l'universalisme n'ont cessé de s'affronter. Et que certaines d'entre elles, parfaitement républicaines, ne cherchaient aucunement à éradiquer les particularités prêtées aux minorités juives.
Au contraire, c'est dans l'interaction avec ce particularisme, réel ou imaginaire, que s'est construit l'idéal universaliste français. D'où la tentation, dans certains cas, d'accentuer cette prétendue différence pour montrer la force de l'universalisme français : si la France est capable de faire des juifs des citoyens, n'est-ce pas la preuve de son exceptionnel pouvoir inclusif ?
Analysant avec une grande finesse le rapport ambigu que les élites intellectuelles et culturelles françaises ont longtemps entretenu avec les minorités juives, depuis l'abbé Grégoire jusqu'à Jean-Paul Sartre, en passant par Émile Zola ou Jean Renoir, ce livre ouvre des perspectives essentielles, qui éclairent de façon inédite les débats actuels sur le " communautarisme " et le " séparatisme ".
Abraham Aboulafia (1240-1290?) est l'une des figures les plus hautes en couleur du mysticisme juif. Prophète auto-proclamé aux prétentions messianiques, il vécut et oeuvra à un moment précis de l'histoire juive médiévale qui connut une activité mystique intense. À la différence de la plupart des cabalistes dont on connaît mieux l'oeuvre que la biographie, nous disposons pour Aboulafia d'une relative richesse d'informations concernant sa vie et ses pérégrinations méditerranéennes, grâce essentiellement à l'attention dont il témoigne lui-même dans ses écrits, que l'on commence seulement à pouvoir lire. Après les travaux pionniers de Gershom Scholem, ou ceux de Moshé Idel, Elliot Wolfson s'attache à montrer la dimension éminemment paradoxale d'une oeuvre sans équivalent dans la «pensée juive».
Elliot R. Wolfson (1956) est professeur en études juives de l'Université de Californie à Santa Barbara. Il a publié un grand nombre d'articles et d'ouvrages consacrés à la mystique juive, depuis Through a Speculum that Shines, Princeton, 1994. Il est également l'auteur de trois recueils de poésie dont le plus récent est Unveiling the Veil of Unveiling: Philosophical Aphorisms and Poems on Time, Language, Being, and Truth (Panui, 2021).
La primauté du mot comme origine du sacré prend une importance particulière dans la tradition juive. Dans ce texte lumineux, Gershom Scholem montre comment la mystique juive a relié le nom et la révélation. Ce que d'autres religions accordent à l'image sacrée, représentation du divin, le judaïsme le confie à la parole, à l'invocation. Pour la Kabbale, la Création émane du nom de Dieu, toute chose ayant été créée à partir des 22 lettres de l'alphabet. Ainsi, le travail sur la langue devient la tâche principale de la mystique juive. À l'origine de chaque forme linguistique est, précisément, le nom de Dieu, dont les variations infinies intéressent la science prophétique : un art combinatoire vertigineux à même de faire de la langue de la raison un langage sacré.
Gershom Scholem (1897-1982) a édité et diffusé les grands textes de la Kabbale et conféré à l'étude du mysticisme juif le statut de discipline à part entière. Il est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'histoire et à la philosophie religieuse du judaïsme : Les Grands Courants de la mystique juive, Les Origines de la Kabbale ou encore La Kabbale et sa symbolique. Il fut lié d'une profonde amitié avec Walter Benjamin, qu'il rencontre pour la première fois dans un café de Berlin.
La lumière de l'intellect dont nous donnons une édition du texte hébreu et une traduction enrichie de 1800 notes, est un livre d'une très grande complexité, mais qui pourrait être résumé ainsi : L'influx divin instruit l'homme de ce qu'est le monde dans sa totalité à travers le langage sous tous ses aspects: lettres de l'alphabet (formes, ordres, permutations, combinaisons, etc.) signes des voyelles (durée, sonorité, place etc.), grammaire, syntaxe, temps des verbes. En pénétrant les secrets d'une langue, on parvient par des jeux de langage et d'écriture à comprendre le fonctionnement des planètes, à connaître les secrets du divin, à comprendre les mystères de l'homme. Mais cette connaissance ne peut s'acquérir qu'à la lumière de l'intellect et la seule foi aveugle n'est bonne à rien.
Abraham Aboulafia (1240-1292?) est un cabaliste espagnol du 13e siècle. Son oeuvre n'a été publiée en hébreu que récemment mais ses écrits ont été recopiés par des générations de disciples. Il en existe des versions latines lues par Pic de la Mirandole. Sa vie ne manque pas d'anecdotes dont la plus célèbre est sa visite au Pape Nicolas pour lui demander de cesser de persécuter les juifs. Le jour de son arrivée à Rome, on lui annonce que dans la nuit le pape est mort, ce qui le sauve du bûcher.
Le Talmud, coeur de la spiritualité juive, n'est pas seulement un extraordinaire entrelacs de lois et de récits ; c'est aussi et avant tout l'expression de la Torah orale, Parole toujours vivante, à la fois divine et humaine, portée par des Sages hauts en couleur.De Hillel l'Ancien (début du Ier siècle, Palestine) à Rav Achi (fin du Ve siècle, Babylonie) en passant par Rabbi Akiva, Mar Chmouel, Rabban Yo'hanan ben Zacaï ou encore Rech Lakich, Adin Steinsaltz nous fait découvrir treize personnalités riches et profondes qui, par la magie de l'étude talmudique, sont encore aujourd'hui en quelque sorte nos contemporains. Les leçons de vie qu'ils nous donnent n'ont en tout cas rien perdu de leur fraîcheur.
La figure de Sabbataï Tsevi, le messie de Smyrne, hante l'histoire juive ainsi que l'histoire des mouvements apocalyptiques, d'autant qu'elle est restée très longtemps totalement inexplorée. Cette grande oeuvre de Gershom Scholem entreprend une évocation détaillée du personnage, qui, dans toute l'Europe et en Orient, apparut comme le messie. C'est le fond même de la vague à la fois insurrectionnelle et religieuse qui est sondé à travers ses manifestations publiques comme à travers ses récits. Comment presque tout un peuple a cru à un moment à la fin du monde et s'y est activement préparé, comment le fol espoir de délivrance bouleversa les données historiques concrètes et l'ordre social ordinaire pour s'effondrer ensuite et jeter dans le désarroi le monde juif abusé, c'est la question à laquelle ce livre tente de répondre. Aborder l'histoire dans l'horizon de ce qu'imaginent les hommes et non sous l'angle étriqué de leurs conditions d'existence matérielle, tel est l'apport de Gershom Scholem à la démarche historique qui la renouvelle en profondeur.
Menahem Mendel de Kotzk (1787-1859) est l'une des figures les plus marquantes et les plus iconoclastes du hassidisme, célèbre mouvement mystique et populaire du judaïsme d'Europe orientale. Maître spirituel exigeant, qui met la Vérité au centre de tout, le Rabbi de Kotzk refuse le rôle de « gourou » et invite ses disciples à la lucidité interne, qui seule mène à Dieu.
Le Rabbi a brulé ses rares écrits avant sa mort ; les récits réunis ici sont le principal témoignage de son enseignement. Une plongée joyeuse dans cette culture yiddish disparue, à l'attrait universel.
Le premier traité de psychologie écrit au Moyen Âge par le grand philosophe Maïmonide. Un texte précurseur qui s'apparente à un véritable guide de « développement personnel ».
Le Traité des Huit chapitres occupe une place particulière dans l'oeuvre de Maïmonide. Premier traité de psychologie, ce texte précurseur - rédigé en arabe en 1168 - s'apparente à un véritable guide de « développement personnel ».
Conciliant sagesses juives, grecques et arabes, ce philosophe, talmudiste et médecin, invite à « écouter la vérité d'où qu'elle vienne ». Curieux de toutes les formes de connaissances, il s'attache à conceptualiser la vertu. Qu'est-ce qu'un homme juste ? Comment exercer son libre arbitre ? Pourquoi a-t-on besoin d'humour, d'imagination, de contemplation ? Comment soigner les maladies de l'âme ?
Avec cette nouvelle traduction, Ariel Toledano nous propose une version contemporaine et commentée de ce Traité. Elle nous ouvre l'accès à la modernité de ce texte majeur. Une véritable initiation à une éthique de vie intérieure.
On peut difficilement imaginer terrain plus miné que celui de l’archéologie biblique. Sur tous les plans – théologique, historique, politique, diplomatique – elle soulève les débats les plus passionnés quant aux origines de la civilisation monothéiste, entre le mythe et l’histoire.Le petit livre du professeur Cline, l’un des plus éminents spécialistes contemporains de la discipline, permet de faire le point sur les enjeux de celle-ci. Il retrace d’abord une salutaire histoire des fouilles et des interprétations, depuis les premières excavations menées, bible en main, par des théologiens protestants jusqu’aux méthodologies actuelles, en passant par l’épineuse question des nationalismes proche-orientaux et les relations équivoques de l’archéologie avec le champ de la critique biblique. Il fait ensuite le point sur l’état actuel de notre savoir, depuis l’époque du Déluge jusqu’à celle de Jésus.Ce livre constitue un vade-mecum indispensable à quiconque s’intéresse à l’histoire de notre culture.
Découvrez la tradition judaïque, ses pratiques et son histoire.
Enfin un livre accessible et complet sur la religion juive.
Les non-juifs curieux d'approfondir cette religion étroitement liée à l'histoire et dotée d'une profondeur spirituelle, mystique et méditative découvriront les différents courants au sein de la communauté (Ashkénazes, Sépharades et réformateurs, orthodoxes et libéraux), les célébrations et leur signification et reviendront sur l'histoire du peuple juif depuis sa genèse jusqu'au génocide de la Shoah.
Les juifs en quête de repères y trouveront des informations claires sur la pratique pour aborder la judaïté sous tous ses aspects : l'histoire du peuple juif (de la genèse du peuple à l'holocauste) ; la pratique du culte ; les fêtes et célébrations (leurs déroulements et leurs significations).
Enfin, dans la partie des dix vous trouverez dix personnalités juives que l'on doit connaître et les réponses à dix questions fréquentes sur le judaïsme.
A noter : Les 60 ans de la création de l'Etat d'Israël le 14 mai 2008 pourront donner lieu à la médiatisation de l'ouvrage.
Les textes traduits ici proviennent tous des Journaux et notes de jeunesse de Gershom Scholem. Ils ont été écrits entre 1917 et 1919. Réformé pour raisons « psychiatriques », Scholem rend souvent visite à Benjamin à Berne, et, à son contact, cherche à développer une conception du langage, et, notamment, du langage biblique, à l'occasion des traductions qu'il fait de certains cantiques de lamentation. On trouve ainsi un écho direct de ses discussions avec Benjamin, sur la « justice divine » comme sur la notion d'« expérience vécue » dont Buber est, du côté juif, avec Rosenzweig, le principal représentant. À cette « expérience », Scholem veut opposer la position qu'il adoptera définitivement, celle du philologue-historien. Dans cette perspective, il esquisse une conception du temps où le prophétisme et le messianisme jouent un rôle de premier plan, ce que montre son commentaire du prophète Jonas.
Imprégné de mélancolie, le terme " diaspora " a souvent été utilisé pour décrire la dispersion du peuple juif à travers les nations et la fin d'une identité certes problématique entre le peuple d'Israël et la Terre promise qui l'a porté. Et si les Juifs,
Au moment où s'impose à lui l'idée d'une renaissance de l'hébreu comme condition obligée de la création d'un Etat pour le peuple juif, Eliézer Ben Yéhouda appelle à lui la langue de ses pères et consacre alors sa vie à son renouveau. il explore la littérature, il fabrique de nouveaux mots,... Voici plusieurs textes ici rassemblés du père de la renaissance de la langue hébraïque.
"Les Rabbins demandèrent à Rabbi Abba ben Zavda de prendre une femme et de faire des enfants. Il leur répondit : Si j'avais été digne d'avoir des enfants, je les aurais eus avec ma première femme. La vérité, c'est que Rabbi Abba ben Zavda était devenu imp
Analyser et déconstruire « dix mythes sur les Juifs » en dix courts chapitres accompagnés d'illustrations et caricatures percutantes : telle est la réussite de l'historienne Maria Luiza Tucci Carneiro. Des « Juifs déicides » aux « Juifs qui manipuleraient aujourd'hui la première puissance mondiale », ces dix récits mensongers destinés à « faire croire » sont en réélaboration constante et circulent à travers le temps et l'espace. Ils traduisent et nourrissent aussi bien l'antique antijudaïsme que l'antisémitisme et l'antisionisme contemporains.
à l'époque de la destruction du Second Temple de Jérusalem, en 70 de notre ère, le peuple juif qui vivait en majorité en Palestine et en Mésopotamie travaillait la terre et ne savait ni lire ni écrire. En 1492, date de son expulsion d'Espagne, il est devenu un modèle de communauté citadine et éduquée, particulièrement dynamique dans les domaines de l'artisanat, du commerce, de la banque. Comment expliquer un tel changement ?
Pour Maristella Botticini et Zvi Eckstein, il existe une corrélation entre le niveau d'alphabétisation des populations juives et leur degré de fidélité au judaïsme. Urbains et lettrés, les Juifs perdurent ; ruraux et analphabètes, ils disparaissent. Revisitant quinze siècles d'histoire, les auteurs montrent que ce ne sont pas les contraintes extérieures qui ont poussé les Juifs à se lancer dans les professions liées à l'argent, mais que le processus s'est amorcé auparavant, notamment grâce à l'usage de l'hébreu et aux fortes ramifications de réseaux juifs marchands à une échelle internationale. En effet, l'éducation favorise non seulement l'écriture, mais aussi la maîtrise des questions juridiques, notamment dans l'établissement des contrats.
Ce livre original apporte une contribution remarquable à l'histoire juive, revisitée sous l'angle économique et démographique, et invalide bien des idées reçues.
Les Caraïtes peuvent être définis comme une variante religieuse et éventuellement ethno-religieuse du judaïsme. Le caraïsme a rejeté la tradition orale des rabbins, contenue dans le Talmud et valorise la responsabilité de l'individu dans le choix de ses propres actions. La centralité de la Bible et de la Loi écrite, le maintien des traditions caraïtes, tout en emphatisant les aspects les plus modernes du caraïsme, comme le statut de la femme, rendent passionnant l'étrange histoire de ces "protestants" du judaïsme.
Dans cet ouvrage en forme de testament moral et spirituel, écrit en camp de concentration, Léo Baeck parle autant de l'universalité du genre humain que de la spécificité de l'homme juif. Ce rabbin philosophe pour lequel le judaïsme authentique rimait avec un humanisme sincère, transcendant tout clivage confessionnel, nous rappelle que seules les oeuvres de l'esprit sont indestructibles et que seul un peuple qui abdique sa dignité spirituelle est réellement mort. La meilleure chose qui puisse arriver à un peuple est de plaider pour tous les autres en plaidant pour lui-même, de se battre pour l'humanité tout entière en se battant pour son droit. Baeck, convoquant un immense savoir historiographique, y voit le cur de la mission historique et divine dévolue aux Juifs.