« C'est pas la Corse ici. On te tue pas. C'est plus subtil. C'est sournois. La peur... »
Depuis les années 1960, le « système » agro-industriel fait naître des empires transnationaux et des baronnies rurales. Il crée des usines et des emplois. Il entraîne la disparition progressive des paysans, l'asservissement de nombreux salariés de l'agroalimentaire, l'altération des écosystèmes et la généralisation de la nourriture en boîte. Il s'impose au nom de la realpolitik économique et de la foi dans une certaine idée du « progrès ». Il prospère grâce à la bienveillance, l'impuissance ou la lâcheté des autorités. Il engendre ses propres mythes, capables de façonner durablement les mentalités. Il enrichit considérablement une minorité, alors que certains se contentent de survivre grâce aux subventions ou doivent s'estimer heureux parce qu'ils ont un travail. Il fait taire des récalcitrants à coups de menaces, de pressions, d'intimidations, de calomnies ou de sabotages. La violence est son corollaire. Le silence, son assurance-vie. Comment le définir ? « Féodalité », répondent les uns. « Esclavage moderne », disent les autres. « Oligarchie » ou « mafia », jurent certains...
Enquête au long cours jalonnée de témoignages saisissants, Silence dans les champs est une immersion glaçante dans le principal territoire agro-industriel de France : la Bretagne.
Comment un certain désir s'y prend-il pour impliquer des puissances tierces dans ses entreprises ? C'est le problème de ce qu'on appellera en toute généralité le patronat, conçu comme un rapport social d'enrôlement.
Marx a presque tout dit des structures sociales de la forme capitaliste du patronat et de l'enrôlement salarial. Moins de la diversité des régimes d'affects qui pouvaient s'y couler. Car le capital a fait du chemin depuis les affects tristes de la coercition brute. Et le voilà maintenant qui voudrait des salariés contents, c'est-à-dire qui désireraient conformément à son désir à lui. Pour mieux convertir en travail la force de travail il s'en prend donc désormais aux désirs et aux affects.
L'enrôlement des puissances salariales entre dans un nouveau régime et le capitalisme expérimente un nouvel art de faire marcher les salariés. Compléter le structuralisme marxien des rapports par une anthropologie spinoziste de la puissance et des passions offre alors l'occasion de reprendre à nouveaux frais les notions d'aliénation, d'exploitation et de domination que le capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat joyeux.
Et peut-être de prendre une autre perspective sur la possibilité de son dépassement.
L'histoire de la " bande de copains " qui a changé le visage du capitalisme français.Tout commence au début des années 80.
Tous sont encore inconnus ou presque.
Leurs noms ? Claude Bébéar, Vincent Bolloré, Bernard Arnault, David de Rothschild, Serge Kampf, Michel Pébereau, Henri Lachmann, Didier Pineau-Valencienne, Jean-René Fourtou, Thierry Breton...
Leur point commun ? Une petite association, Entreprise et Cité, sans logo ni locaux, qui se réunit de façon informelle autour d'un match de rugby, d'une bonne table ou d'une virée entre amis.
Pendant près de vingt-cinq ans, ils vont chasser en meute. Dévorant autour d'eux et se dévorant parfois entre eux.
"Tontons flingueurs" pour les uns, "Chevaliers de la Table ronde" pour les autres.
Très vite, Claude Bébéar s'impose comme le grand inspirateur et le grand ordonnateur de ces chamboulements inédits de l'économie française.
Comment a-t-il façonné et développé des groupes comme AXA, BNP-Paribas ou Vivendi ?
Comment a-t-il, en parallèle, imposé l'Institut Montaigne parmi les think tanks incontournables et influencé en profondeur la société française en lançant, parmi les premiers, le débat sur l'accès à l'emploi ou l'intégration des jeunes issus de la diversité ?
Comment une vraie "bande de copains" à l'appétit insatiable, avec ses éclats de rire, ses coups de gueule et ses coups de coeur, a-t-elle ainsi secoué le capitalisme
de la vieille France jusqu'à en faire émerger des champions mondiaux ?
Leur histoire est une saga.
Elle était secrète.
Elle ne l'est plus.
Le rideau s'ouvre : Messieurs les Banquiers, son Altesse le président de la République française, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Gouverneur de la Banque centrale et le petit peuple des conseillers de la Cour. La pièce peut commencer : lessivés par la crise des désormais célèbres " subpraïmes " (sic), les Banquiers s'apprêtent à sonner à la porte de l'État pour lui demander de mettre la main au porte-monnaie... avant que le résultat de leurs acrobaties ne fasse exploser les dettes publiques et conduise à la rigueur pour tous – pour tous les autres qu'eux.
C'est une forme particulière, et inattendue, celle de l'alexandrin, qui est ici convoquée pour mettre en scène la crise de la finance mondiale. Peut-être en effet fallait-il l'ambivalence d'un vers qui convient à la tragédie aussi qu'à la comédie pour saisir et la déconfiture d'un système aux abois et l'acharnement bouffon de ses représentants à le maintenir envers et contre tout.
Mais ce que ces " élites " aveuglées par leur domination, et déjà disqualifiées par l'Histoire, ne voient plus c'est qu'un retournement peut en cacher un autre. Et celui des marchés annoncer celui du peuple.
Le texte de la pièce est suivi d'un post-scriptum : " Surréalisation de la crise ".
Économiste, Frédéric Lordon est notamment l'auteur de Jusqu'à quand ? Pour en finir avec les crises financières (Raison d'agir, 2008), La Crise de trop (Fayard, 2009), Capitalisme, désir et servitude (La Fabrique, 2010).
Le néolibéralisme engage une mutation d'ensemble des rapports politiques et sociaux, et une véritable révolution anthropologique, qui voit l'émergence d'un sujet néolibéral calqué sur le modèle de l'entreprise, soumis à la logique de la concurrence. Un défi politique et intellectuel inédit.
Il est devenu banal de dénoncer l'absurdité d'un marché omniscient, omnipotent et autorégulateur. Cet ouvrage montre cependant que ce chaos procède d'une rationalité dont l'action est souterraine, diffuse et globale. Cette rationalité, qui est la raison du capitalisme contemporain, est le néolibéralisme lui-même. Explorant sa genèse doctrinale et les circonstances politiques et économiques de son déploiement, les auteurs lèvent de nombreux malentendus : le néolibéralisme n'est ni un retour au libéralisme classique ni la restauration d'un capitalisme " pur ". Commettre ce contresens, c'est ne pas comprendre ce qu'il y a précisément de nouveau dans le néolibéralisme : loin de voir dans le marché une donnée naturelle qui limiterait l'action de l'État, il se fixe pour objectif de construire le marché et de faire de l'entreprise le modèle du gouvernement des sujets. Par des voies multiples, le néolibéralisme s'est imposé comme la nouvelle raison du monde, qui fait de la concurrence la norme universelle des conduites et ne laisse in-tacte aucune sphère de l'existence humaine. Cette logique érode jusqu'à la conception classique de la démocratie. Elle introduit des formes inédites d'assujettissement qui constituent, pour ceux qui la contestent, un défi politique et intellectuel inédit. Seule l'intelligence de cette rationalité permettra de lui opposer une véritable résistance et d'ouvrir un autre avenir.
Les apparences sont trompeuses : la mondialisation laisse accroire que l'économie est partout, qu'elle triomphe des États et mine leur souveraineté. Or une nouvelle économie politique, développée surtout dans les pays anglo-saxons et que cet ouvrage entend faire connaître en France, soutient résolument l'inverse : l'économie ne peut se comprendre sans le rôle des institutions, c'est-à-dire, selon Douglass North, "les règles du jeu de la société ou, plus formellement, les contraintes conçues par l'homme qui façonnent les interactions humaines."
Ces règles, issues de la coutume, de la religion, de la politique ou du droit de chaque culture, déterminent la coordination et les performances économiques des sociétés. La Grèce des années 2010 est surendettée parce qu'elle peine à collecter l'impôt, à fixer le cadastre, à se défaire de pratiques clientélistes qui, depuis cent cinquante ans, ruinent ses finances publiques, parasitent l'État de droit, désespèrent l'opinion. Son défaut est institutionnel. La monnaie commune le transmet au reste de l'Europe. Laquelle est confrontée, dans des formes désormais pacifiques, à la régulation institutionnelle de ses États. Dans la mondialisation, c'est désormais sur les institutions que porte la concurrence car celles-ci façonnent la compétitivité des territoires.
La plupart des institutions préexistant au développement de l'économie, la nouvelle économie politique des "ordres sociaux" nous rappelle que la manière dont s'évalue le profit dérivable de telle ou telle action dépend avant tout des règles sociales en vigueur et des conditions de leur application.
5 millions d'inscrits à Pôle emploi, la désindustrialisation qui s'aggrave, des inégalités qui se creusent : les Français ont le blues, souvent à raison. Guillaume Duval, qui s'est fait une spécialité de tordre le cou aux idées reçues qui traînent dans le débat économique et social, montre ici que ce déclin incontestable n'a pourtant, en soi, rien de catastrophique. La France dispose de nombreux atouts pour s'insérer positivement dans l'économie mondiale.
Les Français ont le blues. Avec plus de 6 millions d'inscrits à Pôle emploi, la désindustrialisation qui s'aggrave et les inégalités qui se creusent, les raisons de s'inquiéter ne manquent pas. Ce blues n'en est pas moins excessif. Il s'explique notamment par le sentiment d'un déclin ininterrompu du pays, par rapport à un " âge d'or " fantasmé où la France était un modèle pour le reste du monde.
Pour Guillaume Duval, il faut se rendre à l'évidence : avec moins de 1% de la population mondiale, la France n'a aucune chance de redevenir une grande puissance. Ce déclin incontestable n'a pourtant rien de catastrophique : on peut vivre - et bien vivre - sans avoir besoin de s'imposer au reste du monde. Avec sa démographie équilibrée, ses infrastructures et sa protection sociale de qualité, ses salariés productifs et motivés, ses scientifiques bien formés ou encore ses espaces agricoles importants et ses rapports privilégiés avec le sud de la Méditerranée, la France dispose de nombreux atouts pour s'insérer dans l'économie de demain. D'autant que l'ère de la mondialisation sauvage, qui a sérieusement mis à mal le modèle social français, pourrait bien s'achever. À condition, toutefois, que la France parvienne à surmonter ses antagonismes traditionnels pour mobiliser ses énergies, réformer son État, rattraper son retard en matière d'écologie et rassembler autour d'elle pour construire une Europe plus solidaire.
Plus de quinze ans après la définition du concept de médiation culturelle, celui-ci a acquis une reconnaissance incontestable. Aujourd'hui, il n'est plus possible d'envisager un projet à vocation scientifique et/ou culturelle sans un volet consacré à la médiation. Quelles avancées et quelles dérives a rencontré le concept devenu désormais une discipline enseignée ? À travers une série de contributions, voici un portrait à multiples facettes de la médiation, ses extensions et, en creux, un état des questions en cours.
Hiérarchie, inégalités et défiance : telle est la véritable devise de la société française ! Hiérarchisée à l’excès, élitiste, conflictuelle, cette organisation de notre société mine les relations sociales mais aussi la confiance en l’avenir et la croissance. Diffusée à l’ensemble du corps social (entreprises, salariés, partenaires sociaux, Etat…), cette logique empêche pour l’instant la France de sortir de l’engrenage du déclin annoncé. Depuis 10 ans, ses effets pervers sont accentués par le manque de transparence du gouvernement, de capacité intégratrice du système scolaire et la mauvaise qualité des relations sociales. Autant d’entraves à l’économie française. Pourtant, le déclin n’est pas une fatalité : les nombreuses réformes menées à l’étranger offrent des pistes pour sortir de l’ ornière.
Chaque année, l'OFCE propose dans la collection " Repères " un bilan accessible et rigoureux de l'économie française. L'édition 2021 présente l'état de la conjoncture, les principales tendances et les grands problèmes contemporains, et offre une analyse inédite de la crise de la Covid-19.
Quelles conséquences la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 aura-t-elle sur l'activité française ? Quels secteurs seront durablement impactés par cette crise ? Comment le marché du travail se transformera-t-il ? Doit-on s'attendre à une hausse des défaillances d'entreprises ? Quelles incidences ces défaillances d'entreprises auront-elles sur l'emploi salarié ? Quel impact doit-on attendre du contre-choc pétrolier sur le pouvoir d'achat des ménages et sur les marges des entreprises ?
Des références bibliographiques ainsi que de nombreux tableaux et graphiques complètent cet ouvrage.
Krach financier, panique, fuite vers la liquidité : la crise qui entraîne aujourd'hui le monde vers son effondrement est comparable à celle des années trente, mue, à nouveau, par ce que Keynes appelait « le désir morbide de liquidité » et Freud, plus abruptement « la pulsion de mort ». Nichée au coesur du capitalisme, cette pulsion le pousse à détruire et à s'autodétruire. C'est entre le « mardi noir » et l'arrivée des nazis au Reichstag, que Freud, désabusé, découvre le rôle de la pulsion de mort dans la civilisation. Au même moment, Keynes, dont l'oeuvre ne peut être comprise sans sa lecture permanente de Freud, traduit cette pulsion dans le désir insatiable d'argent. Cet ouvrage propose une lecture du capitalisme à travers le double prisme de Freud et de Keynes. Il dévoile comment ce tout jeune système au regard de l'histoire de l'humanité est porteur de menaces pour elle, par son simple désir de détruire et de mourir, et laisse entrevoir « l'au-delà du capitalisme ». Fruit de plus de dix ans de recherches de Gilles Dostaler et de Bernard Maris, il se trouve être, brutalement, d'une extraordinaire actualité.
Les trois océans de l'outre-mer français sont ici mis en relations concrètes, soit l'espace Atlantique des Antilles/Guyane/St-Pierre-et-Miquelon, les terres de l'océan Indien, La Réunion/Mayotte/TAAF, et les collectivités de l'océan Pacifique, Nouvelle Calédonie/Polynésie française/Wallis-et-Futuna. Une première partie, présente des pans entiers de l'actualité politique, économique, sociale et culturelle. La seconde partie pose des questions de fond : identité, « génocide », éducation, politique, fiscalité.SS
Entre complexité administrative et conservatismes, la France est prisonnière d'un temps trop long. Comment la réveiller ? Dans cet essai percutant, Guillaume Poitrinal nous incite à aller plus vite ! Si la France produisait en 355 jours ce qu'elle réalise en 365, elle augmenterait sa croissance de 3%.
Ces travaux sur la décentralisation outre-mer montrent que, sur fond d'incertitudes et d'interrogations quant au devenir institutionnel et statutaire de ces collectivités, les velléités de coopération et de coordination de l'action publique territoriale sont souvent contrariées par l'exacerbation de la concurrence et l'enchevêtrement des compétences entre les différents niveaux d'administration.
Cessons de nous voiler la face : les prévisions de croissance retrouvée que nous égrènent, depuis 2009, les gouvernements successifs sont une vaste plaisanterie. 2 % de croissance en 2016 : même pas en rêve ! Pas plus qu'en 2017, en 2018 ou en 2023... La croissance qu'a connue la France à la fin du xxe siècle, fondée sur les gains de productivité et le progrès technique, n'était pas la règle d'un monde nouveau mais l'exception d'une histoire têtue.
Ce livre démontre, au travers de brefs détours théoriques et de multiples anecdotes, que les rêves de croissance de nos gouvernants sont de funestes chimères. Faut-il pour autant se décourager ? Bien sûr que non. La France ne tombe pas. Elle est au seuil d'un nouveau modèle de développement. Soit elle refuse d'affronter cette réalité et Billancourt, désespéré, pourrait bien basculer dans la violence la plus légitime. Soit elle change de logiciel, elle s'adapte à son nouvel environnement et elle s'ouvre de nouvelles pistes de création de bien-être.Ces nouvelles pistes peuvent permettre à notre pays, non pas de raser gratis dès demain, mais d'offrir à sa jeunesse des perspectives qui lui ôtent toute envie de s'enliser dans le triangle des Bermudes que délimitent aujourd'hui le repli sur soi, l'expatriation et la violence. Chef économiste de Natixis, professeur à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne, Patrick Artus est membre correspondant du Conseil d'analyse économique auprès du Premier ministre. Marie-Paule Virard est journaliste économique. Elle a notamment publié avec Patrick Artus Le capitalisme est en train de s'autodétruire, La France sans ses usines et Les Apprentis sorciers.
Que se passera-t-il lorsque la bulle obligataire mondiale éclatera ? On peut craindre, entre mille maux, des explosions sociales massives et un délitement instantané des tissus économiques. Ni l'inflation ni la croissance ne réduiront l'endettement mondial.
Notre seule planche de salut est de mettre en place un nouveau système dès maintenant : il faut saigner la finance avant qu'elle ne nous saigne !
Vecteur de l'ascension sociale et des valeurs progressistes pour les uns, lieu de cristallisation du mécontentement du repli social et de la crainte du déclassement pour les autres, les classes moyennes véhiculent des images pour le moins contrastées. Analyses croisées, synthèses et commentaires dans ce dossier très fouillé et à jour des toutes récentes évolutions.
Le luxe et son savoir-faire sont inscrits dans l'ADN culturel et économique de la France. Ils sont un atout majeur de l'économie française, les entreprises françaises figurent parmi les toutes premières dans ce domaine. Comment s'explique ce succès ? Que font les marques, grandes ou petites, pour durer ? Et que peut faire l'État pour préserver et consolider cet écosystème, développer les capacités de production et filières de formation, renforcer la prise en compte des facteurs écologiques, éthiques et durables... ?
Un témoignage inédit et des pistes concrètes pour accélérer la révolution économique, écologique et solidaire.Nous vivons collectivement un moment historique qui nous offre une opportunité unique : responsabiliser le capitalisme. En mesurant son impact, nous pouvons changer l'économie... et refaire société.
À l'heure où la crise sanitaire a définitivement éveillé les consciences à l'urgence d'adopter des modes de consommation et de production plus responsables, l'économie se réinvente sous nos yeux. Dans cet essai personnel et engagé, Olivia Grégoire s'interroge sur les conditions de survie du capitalisme, l'avenir de l'entreprise, et leur contribution au vivre-ensemble. Pour la secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale, solidaire et responsable, il s'agit de transformer l'économie en lui redonnant toute sa place au coeur d'un projet de société durable et inclusif : si la société capitaliste ne réussit pas sa mutation, ce n'est pas le capitalisme qui disparaîtra, mais la société elle-même.
Un témoignage inédit et des pistes concrètes pour accélérer la révolution économique, écologique et solidaire.
L'horreur fiscale, ce n'est pas seulement le taux d'imposition élevé qui touche les Français. C'est un système déréglé, incohérent, opaque et, qui plus est, injuste.
Irène Inchauspé et Sylvie Hattemer, journalistes économiques, ont mené l'enquête, épluché des rapports, rencontré des experts, soulevé les tapis, débusquant les idées reçues, les démonstrations biaisées, les fausses solutions. Et elles ont découvert que la préférence française pour l'impôt a abouti à une situation bien pire encore que ce que l'on pouvait imaginer. Classes moyennes, chefs d'entreprise, héritiers, retraités : personne n'échappe à la tonte généralisée. Et le pire, c'est que cette rafle fiscale ne sert à rien, puisque la dette continue à progresser.
Alors, oui, les Français sont en colère, et ils expriment leur ras-le-bol avec les armes à leur portée : les plus riches s'exilent, les grands groupes délocalisent une partie de leurs équipes dirigeantes, les patrons créent leur entreprise à l'étranger. Ceux qui restent manifestent dans les rues, et les autres se révoltent en silence, soit en travaillant moins, soit en basculant dans la fraude.
Il va falloir faire preuve de courage et d'imagination pour nous sortir de là. En étudiant non seulement les recettes utilisées par les pays qui s'en sont sortis, mais aussi ce qui s'est fait en France dans le passé, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu'il s'agissait de reconstruire le pays. Rien ne nous empêche de monter sur des épaules de géants pour voir plus loin...Sylvie Hattemer a été grand reporter au Nouvel Économiste, puis à Challenges. Irène Inchauspé est journaliste à L'Opinion. Elle a notamment coécrit avec François de Closets L'Échéance (Fayard, 2011).
On oublie trop souvent que les banques sont des entreprises et que, de ce fait, elles obéissent aux logiques de rentabilité et de performance. Les banques françaises ont développé des stratégies de concentration, ce qui a eu des effets sur leur taille. Dans quelle mesure la taille peut-elle influencer les banques dans leur développement ? Quel modèle élaborer pour optimiser la taille critique ?
De quoi parle-t-on quand on parle de Marseille ? De la ville, cette cité, vielle de 26 siècles qui s'étale entre mer et collines, ou de l'ensemble urbanisé qui, de Port-Saint-Louis-du-Rhône à la Ciotat en passant par Aix-en-Provence, semble constituer une aire métropolitaine à la dimension du département des Bouches-du-Rhône. C'est à cette question que veut répondre le livre. Il rappelle que Marseille a manqué, au cours de son histoire, beaucoup d'occasions de s'imposer comme une grande capitale économique méditerranéenne. Il lui appartient aujourd'hui de bâtir une aire métropolitaine qui en réconciliera tous les pôles pour un avenir commun dynamique.
Philippe Saunier éclaire le lecteur sur les origines, les principes qui fondent la comptabilité publique mais pointe également les insuffisances qui se manifestent aujourd'hui. Cette matière s'est développée tandis que les déficits publics et l'endettement deviennent la norme, alors que les structures politiques françaises ont longtemps tenu la comptabilité pour secondaire. Si aujourd'hui on doit se convertir aux exigences de la nouvelle comptabilité européenne et aux normes publiques internationales, l'auteur nous rappelle que ce sont les chiffres qui s'imposent au pouvoir politique.
Le 19 décembre 2014, presqu'à la sauvette, les actionnaires d'Alstom décident de vendre à l'américain General Electric les activités énergie du groupe, un des leaders mondiaux pour l'équipement des centrales électriques. Une bonne affaire pour GE. Une mauvaise pour la France. Après Pechiney, Arcelor, Alcatel, c'est le dernier acte du grand démantèlement de l'industrie française. La France perd le contrôle d'un secteur stratégique : l'électricité, l'un des piliers de la croissance économique du XXIe siècle. D'Alstom, il ne reste que la branche Transport.De la fabrication des turbines Arabelle indispensables à la nouvelle génération des EPR à la maintenance du parc existant de centrales nucléaires, c'est toute la filière nucléaire française qui est ainsi déstabilisée. Au moment même où Areva est en grande difficulté. Il n'y aura pas d'« Airbus européen » de l'énergie non plus.Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Pourquoi n'a-t-on pas négocié un accord équilibré ? Pourquoi l'État n'a-t-il rien vu venir ? Quel rôle ont joué les deux ministres, Montebourg, puis Macron ? Oui, il y a bien une affaire Alstom.Jean-Michel Quatrepoint mène une enquête serrée autour de ce dossier. Il raconte la nouvelle stratégie des États-Unis pour faire main basse sur les fleurons industriels européens, et français en particulier. Notre classe dirigeante se révèle impuissante à faire prévaloir les intérêts du pays. Jean Michel Quatrepoint est journaliste. Après onze ans passés au Monde, il a dirigé les rédactions de l'Agefi, de la Tribune et du Nouvel Economiste. Il a été pendant quinze ans le patron de La Lettre A. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont La Crise globale (Mille et une nuits, 2008) et Le Choc des empires (Gallimard, 2014).