C'est tout un pan de l'histoire du théâtre que nous raconte ici Marie Pasquini à travers la vie de Raymond Hermantier qui participa à la grande aventure du théâtre populaire aux côtés de Jean Vilar et en exporta l'utopie en Afrique après les Indépendances. Mais c'est aussi un éclairage formidable sur l'histoire de la coopération théâtrale qu'elle nous offre, et surtout l'occasion d'en comprendre les enjeux politiques et culturels.
Ce numéro aborde les questions juridiques liées au statut social et fiscal des artistes (droit au chômage, droit d'auteur, droit à l'image...) plus que jamais au centre de leurs préoccupations en cette période de crise où des coupes sévères sont opérées dans les budgets de nos institutions culturelles et où les conditions de travail des artistes, tout comme la réglementation sur leur droit au chômage, se voient durcies.
Érotique, le théâtre de Claude Regy ? Telle est l'hypothèse qui a guidé notre pensée dans cet essai où nous repensons les identités et le territoire de l'érotisme. Penser le théâtre de Claude Régy non plus uniquement en termes de métaphysique et de politique mais également en termes d'érotisme, voilà qui pourrait nous faire vivre chacune de ses créations comme une expérience charnelle et sensuelle inédite.
Depuis le milieu des années 1990, la ville de Calais attire les prétendants à l'exil anglais qui fuient les guerres ou la misère de leurs pays. Ces hommes, femmes, enfants venus du monde entier se retrouvent coincés là, par l'impasse marine, ce mur de mer que représente la Manche, une cinquantaine de kilomètres à peine, infranchissables, alors que l'Angleterre est si visible depuis la plage. Les cinq monologues de Calais Cul-de-sac retracent, grâce à la brutalité de la poésie de Veronika Boutinova, la détermination, l'épuisement, la déshumanisation de ces corps livrés à l'errance.
Les actrices ne furent pas de tout temps les bienvenues sur la scène de nos théâtres. Leur apparition entre le XVIè et le XVIIè siècles suscita de vives polémiques. Pourtant, partout où elle fut accueillie, l'actrice évinça l'acteur travesti, et devint en quelques années une figure centrale du théâtre. A travers cette nouvelle figure féminine, se dessinent en effet les profondes mutations culturelles qui agitaient l'époque, et dont le théâtre se faisait l'écho. De la prostituée à l'artiste accomplie, des personnalités variées et inattendues émergent de cette Histoire originelle de l'actrice.
Si « Je est un autre », comme disait Lacan en reprenant les mots d'Arthur Rimbaud, qui mieux que l'acteur peut représenter la nature humaine ? De quoi est faite la jouissance de l'acteur en scène, et que nous apprend-elle sur notre être social ? Cette recherche est celle de la compréhension de la vie dans son essence de joie : quelles conditions doit-on réunir pour être dans cet état de présence totale et de liberté d'être qui caractérise l'acteur au sommet de son art, et, au-delà, l'être humain en union avec lui-même, les autres et la vie ? Dans les contraintes des rôles à jouer, comment vivre nos propres mots, notre vérité, notre désir et notre liberté ? Et que faut-il surmonter pour y arriver ?
Ce livre propose une réflexion collective sur le rapport au théâtre de plusieurs membres de l'Université populaire de Bobigny à la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis (MC93). Il est le résultat du travail d'un atelier de récits de vie de spectateurs de théâtre créé au sein de cette Université populaire au début de l'année 2020, qui s'est très vite trouvé pris dans la tourmente de la pandémie de Covid-19. L'originalité de la conception de ce travail donne à penser que les Universités populaires et l'éducation populaire sont aptes à proposer des réflexions riches et impliquées, produites par un dispositif coopératif, simple et interactif, entièrement bénévole et gratuit.
Une invasion de frelons oblige deux soeurs, que tout sépare, à vivre ensemble. Bertrand Lacy nous livre un huis clos angoissant dans lequel on ne sait plus vraiment d'où vient le danger...
La relation entre les arts vivants et les arts audiovisuels n'a eu de cesse de s'intensifier depuis l'invention du cinématographe. Mais quels sont aujourd'hui les enjeux de la captation audiovisuelle des arts scéniques ? À partir de quel moment le filmage d'une oeuvre scénique préexistante peut-il être considéré comme une oeuvre à part entière ? Quels sont les processus de transmédialité mis en oeuvre ? Quel type de rapport se forme entre le metteur en scène et le réalisateur ?
Léo, un jeune homme du XXIe siècle qui rêve d'être comédien, se retrouve accidentellement plongé en 1656 au coeur de la troupe de l'Illustre Théâtre de Molière. Commence alors une aventure extraordinaire dans un monde créatif et cruel où la vie et la gloire ne tiennent qu'à un fil.
Ce premier volume s'attache à certaines figures qui scandent la connaissance du XXe siècle théâtral - à la recherche d'une utopie théâtrale plus ou moins réalisable. D'Artaud, figure dominante, le livre met en valeur le théâtre comme cruauté et révolution, mythe et sacré, ou l'écriture du déchirement et de la "rampe" subvertie quand le théâtre se fait vie. D'Appia, l'éclairage et la rythmique de l'espace. De Craig, la marionnette et le jeu d'éloignement de l'acteur dans une métaphysique du jeu qui boude la scène et l'acteur.
Avec L' OEuvre, quatorzième roman des Rougon-Maquart, Zola raconte l'histoire d'un peintre génial qui ne saura pas vivre de son génie. A travers ce récit, l'auteur décrit le milieu artistique qu'il a si bien connu : peintres, critiques, marchands, jury... L'adaptation du roman en une heure et quart, mêle deux voix pour faire entendre et vivre cette question : l'art et son absolu ont-ils une place dans notre monde? Roman à clés, L' OEuvre cache à peine Renoir, Manet, Zola lui-même et Paul Cézanne bien entendu. La publication du roman mettra fin à leur amitié d'enfance. On a tendance à résumer les romans de Zola comme misérabilistes voire larmoyants. L'auteur décrit la Révolution industrielle avec ses incertitudes, ses changements, ses morts et ses vainqueurs. Les obstinés d'un monde qui meurt ne résistent pas. Les obsédés de la vie y trouvent leur chance. L'adaptation pour la lecture publique (signée Christophe Mory) met en confrontation les personnages du roman, et surtout le héros, Claude Lantier, avec lui-même.
Le théâtre de Berio traverse toute la deuxième moitié du XXe siècle, il respire les expériences des avant-gardes du théâtre parlé, il interroge le lieu même du théâtre, il explore avec la musique de nouveaux espaces expressifs de la scène, il fait évoluer son écriture, il expérimente, il joue avec les formes et les gestes de l'opéra, avec la musique du passé et du présent, il « compose » la scène avec une dramaturgie en même temps complexe, expressive et lisible. Il est une aventure à laquelle il faut se confronter afin de comprendre le « présent » de la dramaturgie musicale. (articles en français, anglais et italien)
La république de Komi, dans le nord-est de la Russie européenne, est bordée par l'Oural et par la toundra arctique. Au coeur de cette région finno-ougrienne, où l'identité repose sur la langue et le territoire, la société et son histoire entrent en résonance avec un siècle de représentations théâtrales dans l'idiome national. Au fil du siècle passé, le théâtre komi a pu s'avérer un vecteur de la mythologie et des traditions populaires, de propagande ou de communication mondialisée. De l'auteur Lebedev à Popov, cet ouvrage « lève le rideau » sur une culture qui s'offre au dialogue avec le monde.
Dans un futur pas si lointain... Un homme et une femme sont assis sur leur canapé. Une sirène assourdissante retentit puis une voix désincarnée hurle : « À partir de ce jour, seules les personnes jugées essentielles sont autorisées à sortir de chez elles et à vivre normalement. Vous recevrez votre lettre de catégorisation dans les heures qui suivent. Nous exigeons que la population fasse preuve de civisme : dénoncez votre voisin, votre conjoint, votre mère, votre enfant. Si vous ne le faites pas, vous serez privés de votre liberté comme les non-essentiels. En attendant, tenez-vous informés ! Regardez la télé ! » L'homme est un essentiel. La femme, non. Dans la prison de leur maison, le couple va devoir affronter l'absurdité, la manipulation et la peur. Et l'amour dans tout ça ?
S'étant inspiré de Bouetoumoussa, son oncle, Tsatou Meya s'emploie à son tour à concevoir un testament devant faciliter le partage des biens qu'il aura laissés après sa disparition. Sauf que lui n'a pas les biens à la hauteur de ceux de Bouetoumoussa. Le notaire s'y oppose. Mais c'est sans compter sur la détermination de Tsatou Meya, détermination qui n'a d'égale que sa volonté de s'affranchir des préjugés sociétaux.
La scène théâtrale à Buenos Aires est aujourd'hui l'une des plus effervescentes et créatives de tout l'Occident. Issue d'une histoire ponctuée de transferts et d'appropriations culturels, elle a connu un essor inédit depuis la fin de la dernière dictature militaire en 1983. Pendant ces années marquées par des crises économiques et de fréquents revirements de politique culturelle, le théâtre argentin a consolidé sa place aussi bien dans le champ culturel que dans la géographie de la ville. Au croisement de la sociologie des arts et des études théâtrales, ce livre dresse un tableau minutieux d'un changement majeur dans les manières de faire et de penser le théâtre en Argentine. De l'analyse esthétique à la réflexion socio-politique, entre théâtre et société, il apporte également sa contribution à la compréhension d'une transformation plus générale des sensibilités et des modes d'action au sud de l'Amérique latine au tournant du siècle.
Entre Ralph Ellison et Aimé Césaire, entre l'invisibilité constatée et la négritude revendiquée par les grands intellectuels noirs, Étienne Dumond, le héros d'Invisible négritude, cherche, à travers des expériences professionnelles diverses et variées, un antidote à une pathologie générée par le colonialisme et le racisme : la cécité sociale. Ce texte nous fait découvrir comment prendre de la distance et de la hauteur en toutes circonstances et crier en riant que l'avis des Noirs compte.
Dans cet ouvrage, l'auteur donne chair et vie, à travers un espace imaginaire : aux héros du Mahâbhârata, à Don Quichotte, à Diogène, à Nasreddin Hodja. Les histoires fabuleuses pleines d'humour - où se conjuguent l'absurde avec la sagesse - de Nasreddin Hodja, transporté de son temps à des temps futurs, révèlent son attitude critique et son optimisme. Ces héros disent aux lecteurs : « Si demain, le soleil se levait sur le jour où il n'a y a plus de malheur... et Si cela arrivait... Ya Tutarsa... ! »
Serpilekin Adeline TERLEMEZ
Comment réussir à jouer une pièce de théâtre quand on est à la fois comédienne et fille d'un homme célèbre, et que la pièce raconte la relation douloureuse entre ces deux personnes ? Personnes ou personnages d'ailleurs ? Qui est la vraie fille ? Si elle ne supporte pas d'avoir à évoquer son père, a-t-elle délégué son rôle à une autre comédienne, qui ne devrait pas souffrir puisque pour elle il ne s'agit que de jouer ? Mais peut-on jouer au théâtre sans que sa propre existence interfère avec le texte ? Et alors, laquelle des deux femmes s'adresse à un psychanalyste pour résoudre ce problème ? La vraie ou sa doublure ? Et si c'était l'auteure elle-même ?
Comment est-il concevable que le parent, qui est censé oeuvrer pour le développement de ses enfants devienne, aujourd'hui, leur premier obstacle ? Quant au jeune désireux d'émerger, comment revendiquer ses droits ? Combattre son parent est-il la meilleure option ? Comment peut-on faire pour construire l'Afrique dans l'harmonie et la paix ? Telles sont les préoccupations que cette pièce se charge d'aborder.
La compagnie Scena Nostra a réuni des auteurs, metteurs en scène, comédiens, techniciens et leur a proposé de passer une semaine où ils le désiraient dans la ville de Gennevilliers. Ils ont intégré une classe de collège, une maison de retraite, un fablab. Ils ont travaillé au self de la mairie, au service propreté, dans un accueil de jour pour sans domicile fixe. Ils ont suivi au quotidien le curé, le maire, plusieurs jeunes...Le temps d'une immersion, ils ont pris le pouls de la ville et ont écrit un texte théâtral tiré de cette expérience.
Dans les coulisses d'un théâtre, deux comédiens se préparent avant le début de leur spectacle. L'un d'eux hésite beaucoup à jouer le rôle qu'on lui a attribué car il exige de lui de vivre des états antinomiques se superposant et aléatoires : être, en même temps, dans un état et son contraire, croyant et athée, ange et démon, mort et vivant, à l'instar des principes d'incertitude et de superposition des états de la mécanique quantique. S'inspirant des principes de la mécanique quantique, Fahd Kaghat élabore une oeuvre théâtrale originale.
Décidément, on n'en finira jamais des Atrides. Nous prenons l'histoire en cours. La guerre de Troie est déjà loin, Agamemnon est déjà mort, Clytemnestre a déjà pris Egisthe pour amant. Dans le palais d'Argos, Electre ressasse son deuil et sa haine. Elle ne vit quepour attendre son frère Oreste. Electre et Oreste se démultiplient. Les temps se croisent. En filigrane, l'ombre de Schliemann, découvreur des ruines de Troie.