Terrorisée, Ingrid gardait les yeux fermés. Une poutrelle lui sciait atrocement le ventre, ses jambes pendaient dans le vide, soixante mètres au-dessus du sol. La voix du bourreau lui parvint dure, tendue : - Rampe ! Sous ses paupières closes, Ingrid eut le sentiment que la Tour Eiffel était prise de folie et qu'elle tournait autour d'elle à une vitesse vertigineuse...
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Dans sa suite du Taj Mahal Hotel, Jacques Maillet, brillant attaché commercial de l'ambassade de France à New Delhi, tournait comme un fauve en cage. En voyage d'affaires à Bombay, il attendait dans sa chambre qu'on lui "livre une occasion exceptionnelle" : une ancienne Kumari royale. Autrement dit, la vivante réincarnation, jusqu'à sa puberté en tout cas, d'une déesse népalaise. Dans quelques minutes, il allait tenir entre ses mains, tout à la fois, une déesse et une prostituée vierge. Car elle était vierge, bien sûr, Prem le lui avait garanti. Prem... Jacques Maillet fronça les sourcils à l'évocation de l'entremetteur, un personnage trouble, un Intouchable et-pourtant richissime homme d'affaires qui défrayait régulièrement la chronique de l'actualité indienne. A cet instant, quelqu'un frappa doucement à la porte. Enfin ! Jacques Maillet se précipita pour ouvrir. Sans méfiance...
- Ici, on est vraiment hors du monde et du temps, murmura Barbara. C'est un endroit magique, vous ne trouvez pas ? Non, Patrick Descrouelle ne trouvait pas. Cette promenade nocturne dans le cimetière du Père-Lachaise, aux bras d'une inconnue, draguée une heure à peine auparavant une veuve qui arborait une incroyable tenue de deuil, commençait même à le mettre mal à l'aise. Il la suivit pourtant lorsque la jeune femme pénétra dan un immense monument funéraire et l'entraîna au fond du caveau dans un escalier à vis qui s'enfonçait dans les profondeurs de la terre. Au bas des marches, Patrick s'arrêta, interdit : dans une crypte voûtée éclairée par une vingtaine de bougies, deux autres femmes l'attendaient, elles aussi en grande tenue de deuil.
Dans la chambre, le spectacle était atroce : un homme d'une cinquantaine d'années gisait nu en travers du lit. Dans une mare de sang. La gorge déchiquetée, lacérée comme s'il avait été agressé par une bête sauvage, il râlait faiblement. Lorsque l'inspecteur principal Brichot se pencha vers lui, l'inconnu ouvrit péniblement les yeux. Puis ses lèvres s'écartèrent et il émit une sorte de gargouillis. Aimé Brichot colla son oreille contre la bouche du moribond qui, au terme d'un effort surhumain, parvint à articuler quelques mots. - L'Ange... balbutia-t-il. C'est l'Ange qui... les griffes... les griffes de l'An... Il ne termina pas sa phrase, un long frisson parcourut son corps qui retomba, inerte, sur le drap. Il était mort.
Carol s'examina dans la glace. Recoiffée, remaquillée, elle était redevenue la très belle créature qu'elle était deux heures plus tôt, lorsqu'elle avait sonné à la grille de l'hôtel particulier de Steve Douglas. Oui, tout était en ordre. Apparemment du moins. Car, au plus profond d'elle-même, il y avait cette sensation de brûlure qui la ravageait comme si on l'avait travaillée au lance-flammes. Violée... Ce porc de Douglas l'avait violée ! Ce porc qui ronflait à présent dans la pièce voisine comme une bête. repue. Une onde de rage la submergea. Il fallait qu'elle se venge. Que la Bête crève. Machinalement, elle ouvrit les armoires de toilettes qui tapissaient les murs autour du lavabo. Son regard glissa sur des piles de serviettes et peignoirs de bain, des flacons d'after-shave, plusieurs bombes de mousse à raser, une collection de rasoirs à l'ancienne... Des rasoirs... Carol se figea. Ses yeux étincelaient.
Pendant des années, François Degarenne avait eu la réputation d'une bête de sexe. Secrétaires, femmes du monde, prostituées, travestis, il consommait avec une égale boulimie tout jupon qui passait à sa portée. Jusqu'au jour où il était tombé amoureux de Claire, une minuscule Eurasienne qui, pour l'heure, assise en face de lui dans le Wagon-restaurant de l'Orient-Express, finissait avec délectation un sorbet aux poirés nappé de chocolat noir. Claire... Sa maîtresse, si l'on peut dire, depuis trois ans, malgré son incapacité à la posséder réellement, Claire qui le quitterait un jour s'il ne faisait rien pour retrouver sa virilité d'antan. Heureusement la solution de ses problèmes se trouvait au bout de ce voyage en Orient-Express. A Venise. Où l'attendait celui qui allait lui rendre sa vigueur, sa puissance, sa jeunesse, toutes choses dont cet homme détenait le secret.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Encore cinquante mètres, encore quarante, plus que trente, plus que vingt ! Melissa courait à perdre haleine dans la nuit glacée du bois de Boulogne. Elle seule avait reconnu les phares oblongs, les seuls phares qui puissent être ceux du cabriolet BMW de Coco. Elle allait le retrouver son mac, son julot, son dieu vivant au membre inépuisable, un dieu incroyablement doux et attentif quand il lui faisait l'amour. - Coco ! Coco ! Ah, je savais..., eut-elle le temps de crier, avant de s'écrouler, horrifiée. Là-bas, à Montparnasse, Francis sifflotait en nouant sa cravate rose. - Tchao Coco ! Maintenant le premier gigolo de Paris, c'est moi !
Quatre mille dollars ! Ava ne pouvait pas imaginer, à cet instant, qu'elle allait les arroser de ses larmes, ces quatre mille dollars. De ses larmes et de son sang. Il lui aurait fallu un sixième sens, ou le don de double vue, pour deviner que tout cet argent lui était envoyé par l'enfer, et qu'il allait y retourner en l'entraînant à sa suite...
Dans l'herbe rafraîchie par la nuit, les baskets blanches de Xavier ne faisaient pas plus de bruit qu'un frôlement d'ailes d'oiseaux. Il marchait lentement, et pourtant son coeur sautait d'excitation. Dans quelques minutes, il allait réaliser un rêve presque aussi vieux que lui-même ! Égalité ! Liberté ! Allons, pressons ! ordonna-t-il en tirant d'un coup sec sur les deux longes qu'il tenait à la main. Un grognement sourd lui répondit. Alors, dans la clarté de la lune, immense et ronde comme un oeil gigantesque, un étrange équipage apparut...
Seule dans l'appartement de son amant, ses vêtements en tas autour de ses pieds, Françoise Basquiat-Terré s'examina dans l'immense miroir de la chambre. La toison blonde bouclée, le blanc laiteux de ses cuisses au-dessus de ses bas, le maquillage outré, la mèche flottante sur la moitié du visage... Oui, la glace lui renvoyait l'image parfaite de la prostituée, de la call-girl. Elle, la bourgeoise, l'épouse sans reproche, le parangon du bon chic bon genre. À ce moment, tinta le carillon du téléphone. C'était le premier d'une longue série d'appels anonymes...
Les yeux de Bob n'étaient plus que deux pierres dorées, dures et sans regard, obnubilés par des images de cauchemar : des chairs meurtries, des plaies sanglantes d'un beau sang rouge, qui s'écoulait comme les eaux d'un torrent tumultueux. Ses doigts frémirent de plaisir au contact du rasoir qui bosselait la poche de son jean déboutonné. Cette fille offerte, à quatre pattes, jambes écartées et fesses dressées, il devait la déchirer, la massacrer. Égaré, il se laissa submerger par cette nécessité obscure qui montait dû tréfonds de son être, et ses mains se refermèrent comme deux pinces sur le cou de la jeune femme.
L'homme en veste à boutons dorés des cavaliers du Cadre noir de Saumur, écarta lentement le buisson, une étrange arbalète à la main. Devant lui, à trois pas du cheval splendide attaché à un arbre, un garçon et une fille, nus, s'étreignaient avec cette frénésie lente de ceux qui s'aiment d'amour. L'homme eut une brusque crispation de la mâchoire en épaulant son arbalète.
Gare de Lyon, 22 h 45, le Train bleu démarrait doucement. Martine Pardello s'arrêta sur le seuil de son compartiment : ainsi ce serait là, dans ce train, que Jacques et elle passeraient leur première nuit d'amour, la nuit qui allait décider de tout leur avenir. La vie ne les avait pas épargnés jusqu'à présent, mais ils allaient enfin avoir droit au bonheur, elle en était sûre, après tant d'années d'épreuves. En cet instant, elle ignorait encore que, dans ce train de rêves, elle aurait rendez-vous avec l'horreur...
Encore cinquante mètres, encore quarante, plus que trente, plus que vingt ! Melissa courait à perdre haleine dans la nuit glacée du bois de Boulogne. Elle seule avait reconnu les phares oblongs, les seuls phares qui puissent être ceux du cabriolet BMW de Coco. Elle allait le retrouver son mac, son julot, son dieu vivant au membre inépuisable, un dieu incroyablement doux et attentif quand il lui faisait l'amour. - Coco ! Coco ! Ah, je savais..., eut-elle le temps de crier, avant de s'écrouler, horrifiée. Là-bas, à Montparnasse, Francis sifflotait en nouant sa cravate rose. - Tchao Coco ! Maintenant le premier gigolo de Paris, c'est moi !
Quatre mille dollars ! Ava ne pouvait pas imaginer, à cet instant, qu'elle allait les arroser de ses larmes, ces quatre mille dollars. De ses larmes et de son sang. Il lui aurait fallu un sixième sens, ou le don de double vue, pour deviner que tout cet argent lui était envoyé par l'enfer, et qu'il allait y retourner en l'entraînant à sa suite...
Dans l'herbe rafraîchie par la nuit, les baskets blanches de Xavier ne faisaient pas plus de bruit qu'un frôlement d'ailes d'oiseaux. Il marchait lentement, et pourtant son coeur sautait d'excitation. Dans quelques minutes, il allait réaliser un rêve presque aussi vieux que lui-même ! Égalité ! Liberté ! Allons, pressons ! ordonna-t-il en tirant d'un coup sec sur les deux longes qu'il tenait à la main. Un grognement sourd lui répondit. Alors, dans la clarté de la lune, immense et ronde comme un oeil gigantesque, un étrange équipage apparut...
Seule dans l'appartement de son amant, ses vêtements en tas autour de ses pieds, Françoise Basquiat-Terré s'examina dans l'immense miroir de la chambre. La toison blonde bouclée, le blanc laiteux de ses cuisses au-dessus de ses bas, le maquillage outré, la mèche flottante sur la moitié du visage... Oui, la glace lui renvoyait l'image parfaite de la prostituée, de la call-girl. Elle, la bourgeoise, l'épouse sans reproche, le parangon du bon chic bon genre. À ce moment, tinta le carillon du téléphone. C'était le premier d'une longue série d'appels anonymes...
Les yeux de Bob n'étaient plus que deux pierres dorées, dures et sans regard, obnubilés par des images de cauchemar : des chairs meurtries, des plaies sanglantes d'un beau sang rouge, qui s'écoulait comme les eaux d'un torrent tumultueux. Ses doigts frémirent de plaisir au contact du rasoir qui bosselait la poche de son jean déboutonné. Cette fille offerte, à quatre pattes, jambes écartées et fesses dressées, il devait la déchirer, la massacrer. Égaré, il se laissa submerger par cette nécessité obscure qui montait dû tréfonds de son être, et ses mains se refermèrent comme deux pinces sur le cou de la jeune femme.
L'homme en veste à boutons dorés des cavaliers du Cadre noir de Saumur, écarta lentement le buisson, une étrange arbalète à la main. Devant lui, à trois pas du cheval splendide attaché à un arbre, un garçon et une fille, nus, s'étreignaient avec cette frénésie lente de ceux qui s'aiment d'amour. L'homme eut une brusque crispation de la mâchoire en épaulant son arbalète.
Gare de Lyon, 22 h 45, le Train bleu démarrait doucement. Martine Pardello s'arrêta sur le seuil de son compartiment : ainsi ce serait là, dans ce train, que Jacques et elle passeraient leur première nuit d'amour, la nuit qui allait décider de tout leur avenir. La vie ne les avait pas épargnés jusqu'à présent, mais ils allaient enfin avoir droit au bonheur, elle en était sûre, après tant d'années d'épreuves. En cet instant, elle ignorait encore que, dans ce train de rêves, elle aurait rendez-vous avec l'horreur...