Bientôt centenaire, Frédéric Jacques Temple, né en 1921 à Montpellier, est sûrement un des poètes les plus atypiques du siècle qu'il a traversé, indifférent aux modes et avant-gardes successives, gardant obstinément le cap, dans le sillage d'un Cendrars dont il fut proche, d'une poésie de l'ouvert, de la traversée des lieux et des espaces. Et si beaucoup de ses poèmes sont dédiés à quelque ami, poète ou peintre, ce n'est sûrement pas pour faire apparaître un réseau de relations mondaines, c'est parce que le principe même de sa poésie relève de la rencontre, que la poésie se justifie comme occasion du lien fraternel, comme une conversation continue et le déni de toute clôture dans sa propre singularité. Ami d'Edmond Charlot, d'Henri Miller, de Lawrence Durrell, de Joseph Delteil, de Pichette ou de Gaston Miron, combattant engagé en 1943 dans la campagne d'Italie, journaliste, homme de radio, voyageur impénitent sur terre et sur mer, de San Francisco à Saint Pétersbourg, de Dublin au désert du Néguev, Temple nourrit son oeuvre d'une vie qui est étreinte insatiable du monde.
Divagabondages est une échappée orchestrée par un amoureux des arts pour les curieux, les bibliophiles du voyage intérieur ou lointain. Ce livre est un transibérien roulant à petite vitesse au gré des paysages où se croisent entre autres, Lawrence Durell, Mondrian, Richard Adlington, Henry Miller, D. H. Lawrence, Cilette Ofaire, Albertine Sarrazin, Jean Hugo, Cendrars, Denis Lavant, Henri Thomas et tant et tant d'inconnus magnifiques pour les générations nouvelles et à venir.
En prélude à ce voyage aux lointains immobiles, Frédéric Jacques Temple écrit : À bord du San Cristobal, j'imagine, selon le bon vouloir du vent et de la mer ce que restitue, bribe par bribe ma mémoire. Le temps qui n'est jamais droit sur ses rails explose dans ma tête. Tout émerge sans ordre, se rencontre, se rejoint, comme dans une lanterne magique où défilent en vrac des verres coloriés. Je roule sur une longue vague.
Poète, romancier, traducteur de Laurence Durell, proche d'Hemingway, de Conrad et de Cendrars, Frédéric Jacques Temple a traversé le siècle auprès des artistes les plus merveilleux de cette génération. Homme de radio, d'édition mais aussi soldat et compagnon de résistance, il livre avec ce "faux journal", mémoires parfois réinventées par le passage et les couleurs du temps, une vision du monde, de l'Histoire, de la littérature et de la musique qui a façonné toute une vie...
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
"Quelque part, dans la nuit jaune sale, d'un jour, quelque part en mer, dans l'orbite noire de la brume défoncée, fog-horn, une voix, quelque part, quelque chose comme un oeil, sombre sur les mâts. Un capitaine, des hommes qui veillent au grain, un pont lisse de silence humain et cette voix rauque, dans le tunnel de la brume, quelque part où va quelque navire, pas de ciel, pas de mer, cette voix seule." L'écrivain et poète français Frédérique-Jacques Temple (1921-2020) nous livre ici trois long poèmes en prose.
"Quelque part, dans la nuit jaune sale, d'un jour, quelque part en mer, dans l'orbite noire de la brume défoncée, fog-horn, une voix, quelque part, quelque chose comme un oeil, sombre sur les mâts. Un capitaine, des hommes qui veillent au grain, un pont lisse de silence humain et cette voix rauque, dans le tunnel de la brume, quelque part où va quelque navire, pas de ciel, pas de mer, cette voix seule." L'écrivain et poète français Frédérique-Jacques Temple (1921-2020) nous livre ici trois long poèmes en prose.