Le sang est celui qui jaillit d'Angel, le matador blessé par le fauve. L'or est celui qui transcende l'habit de lumière, marque la différence entre le maestro et Nacho, le subalterne, le miroir trouble d'Angel. Pour arrêter le temps, Nacho invoque le fantôme de Don Pascual et de feu sa gloire. Alors se dessine la trame de l'histoire qui les a conduits là, lui et le fragile Angel, son dieu vivant. Vivant... mais pour combien d'instants encore ? « Tomás avait fini de t'habiller, c'était bientôt cinq heures, la cigarette qu'on écrase, et toi qui pars en mille morceaux, comme un miroir brisé, un puzzle à refaire. »
Y a-t-il une femme au monde qui puisse autant personnifier son pays que Jade, la Vietnamienne, la fille du vénérable To Van Hùng ? Mystère, fascination, grâce au Viêt Nam incarné. Le narrateur - un journaliste français - la découvre à son arrivée à Saïgon, et tout de suite la magie s'accomplit. Il devient la proie de ses sortilèges. Le dégoût qu'il a de cette terre livrée à la violence se transforme en passion. Ce pays l'envoûte comme il a envoûté des générations de Français. Comme il a envoûté Gilles Lemaître, son aîné et son rival qui l'aide lui aussi à traverser ce rideau de feu et de sang pour s'enfoncer dans un autre Viêt Nam, celui des génies, des dragons, des phénix. Il a conquis Jade après une longue bataille, et le Viêt Nam l'a conquis. Mais la guerre est là, plus proche, soudain. Et le danger. Comment Jade peut-elle refuser de comprendre que son pouvoir magique a des limites, et qu'il lui faut quitter son pays pour survivre, monter dans cet hélicoptère où son ami veut la pousser un certain soir d'avril, sur un toit de Saigon ? Avec Jade, pour la première fois, l'amour est au Viêt Nam plus fort que la guerre et la mort. L'amour exalté pour une femme et un pays hors du commun. Une histoire sensuelle que le merveilleux dispute continuellement à la vérité crue, et que Michel Tauriac nous conte dans un style flamboyant d'images et de poésie.
Un enseigne de vaisseau qui ne goûte pas les cérémonies militaires prend le commandement du Pégase, un navire de guerre qui part croiser vers un sud improbable. C'est un personnage mélancolique qui fuit une histoire d'amour et dont la vie ne semble plus bercée que par la houle. Il s'abandonne au rythme de la navigation, à la poésie des cartes marines. Le Pégase finit par toucher le Parador, pays qui n'est pas sans rappeler la Guyane, et par s'ancrer à Échouage, ville déchirée par une guerre civile. Là, l'enseigne de vaisseau s'abandonne à l'oisiveté, à une volupté corsetée par son uniforme blanc. Souvenirs d'anciennes campagnes navales, d'amitiés et d'amours perdues renaissent dans une moiteur équatoriale où la condition humaine est mise à nu. Rarement on aura parlé de la mer et de la navigation avec une connaissance si poétique et naturelle.
Sur l'autre versant - le rêve - un petit garçon s'est aventuré, dans un but précis : voir enfin, ou retrouver, la licorne. Qu'importe son nom, blanche vision, être inaccessible, il faut prendre le chemin du merveilleux avec le coeur aux aguets. Petit Lu se serait-il engagé dans ce voyage, si la menace de la disparition de sa mère ne l'avait si fort étreint ? Ou pis encore, l'abandon ! Et c'est une licorne en danger de mort qui l'appelle à travers les miroirs simultanés du songe. Il part sans savoir si elle existe, s'il la trouvera. Prendre ce chemin, c'est s'exposer à d'innombrables surprises, à des rencontres fabuleuses avec des personnages jusque-là tenus à distance, et nuit après nuit, lâcher la bride à quelques animaux rois.