"À trente-quatre ans, j'ai éprouvé de nouveau l'empoignade d'une lecture d'enfance. Elle a duré deux nuits. Je relisais, bouleversé, Ceux de 14. [...] M'apprêtant à écrire sur les paysages du Barrois et de la Woëvre, j'avais pensé recevoir d'une nouvelle lecture de Genevoix la bénéfique influence. Sa réputation de paysagiste était solide et l'on disait qu'il n'était pas seulement le meilleur peintre de la Loire, mais aussi de la nature meusienne. Je pense maintenant que la cause était plus profonde."
Sept titres, quinze volumes dans la collection blanche de la NRF, près de 4 000 pages : À la recherche du temps perdu est un monument de la littérature, une cathédrale de papier. Elle abrite une foule de personnages, depuis le héros omniprésent jusqu'aux silhouettes fugaces d'une mondaine ou d'un valet. Si plusieurs recensions des personnages proustiens ont été effectuées, Michel Erman est le premier à se pencher exclusivement sur les quelque deux cents êtres de fiction qui peuplent la Recherche. Il montre comment, par touches successives, Marcel Proust donne vie à Gilberte ou Elstir, Odette ou Charlus, Albertine ou Swann...
« Voilà une biographie à la fois inattendue, brillante et bienvenue. [...] Ernest Pinard, qui en est l'objet, fut un procureur soumis en tous points à l'ordre social de son temps, un ministre de l'Intérieur somme toute médiocre, et sa postérité, à vrai dire, n'avait jamais encore interpellé quiconque. [...] On eût été tenté de rejeter d'emblée le souvenir d'un homme qui eut pour titre de gloire - ou, à tout le moins, pour chemin vers la notoriété - de faire condamner Flaubert, Baudelaire et Eugène Sue, qui s'opposa à l'érection des statues de Baudin et de Voltaire, et eut maille à partir avec Zola. Excusez du peu ! [...] Au travers du destin d'un homme, on traverse une époque, les yeux et les oreilles aux aguets. On voit s'achever la monarchie de Juillet, avec ses fausses certitudes, s'édifier la Deuxième République, celle de toutes les ambiguïtés, vivre le Second Empire, avec ses contradictions si souvent fécondes, s'improviser la Troisième République avec l'entrelacis de ses arrière-pensées. Nul ne pourra plus écrire sur le Second Empire sans tenir compte de la contribution d'Alexandre Najjar. C'est le témoignage à lui rendre. »
Extrait de la préface de Philippe Séguin.
«J'avais autrefois l'illusion de ressaisir Balbec, quand, à Paris, Albertine venait me voir et que je la tenais dans mes bras», écrit Proust dans Albertine disparue. Après avoir recensé les quelque deux cents êtres de fiction qui peuplent À la recherche du temps perdu, Michel Erman explore ici l'espace proustien et montre à quel point il ne constitue pas une simple toile de fond. De la chambre de Combray aux hôtels particuliers du faubourg Saint-Germain, de la cité balnéaire à la cité des doges, les lieux de la Recherche sont lourds de sens. Réels ou inventés, ils font esprit et corps avec les personnages qui les habitent, qui les arpentent ou qui les hantent.