' Le bonheur baigne le chat qui sait se tenir immobile. Mais le chat qui va devant lui, les pattes souples et les narines ouvertes, le bonheur se tient sur sa route. '
Parmi les ' livres de nature ' de Maurice Genevoix, Rroû occupe une place particulière. En apparence, c'est seulement l'histoire d'un chat. En réalité, il s'agit là d'une oeuvre aux prolongements multiples, où tous les tons se mêlent et s'harmonisent, où le conteur retrouve le poète.
' On aurait dit que la nature avait organisé un gigantesque raout de bouteilles, auquel elle avait convié un étrange aréopage de plantes tempérées, tropicales et subtropicales. Les palmiers se penchaient paresseusement et les épineux s'enroulaient autour d'eux en une étreinte enivrée ; des fleurs élégantes voisinaient avec des cactées mal rasées et les palos borrachos pansus, tels des buveurs de bière, formaient avec le sol un angle inquiétant. Au milieu de cette ivresse florale, les tyrans, au plastron immaculé, s'affairaient comme des garçons de café. '
Publié en 1956, La Forêt ivre est l'un des premiers livres de Gerald Durrell, qui retrace le voyage du naturaliste-écrivain et de sa femme en Argentine puis dans la forêt du Chaco, au coeur du Paraguay. Après plusieurs mois à observer, capturer et soigner des espèces rares d'animaux, après les défaillances des compagnies aériennes, les nuées de moustiques et autres coups de bec assassins, une révolution les forcera à quitter le pays. Déconvenue qui n'enlève rien à l'aventure, rapportée avec tout le charme et la drôlerie dont Gerald Durrell continuera de faire preuve au fil de son oeuvre.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Lawrence Durrell, futur auteur du Quatuor d'Alexandrie, fuit l'hiver anglais avec sa mère, sa soeur Margo, coeur d'artichaut, ses frères Leslie, autoritaire chasseur en herbe, et 'Gerry', éminent zoologiste d'une douzaine d'années. Ils s'installent à Corfou, jardin d'Éden au beau milieu de la mer Ionienne. Là, le benjamin de la tribu part à la conquête de son île et de sa grouillante faune. Les souvenirs qu'il a conservés de cette époque enchanteresse ont donné naissance à des mémoires en trois volumes, adoubés par des générations de lecteurs, adultes et enfants confondus.
Des bergers à la peau tannée et des comtesses enfarinées, des chiens en pagaille, des olives juteuses et des amandiers en fleur, des criques secrètes et des grenouilles de toutes dimensions. Gerald Durrell raconte l'âge d'or que représenta pour lui la parenthèse corfiote et revient sur les prémices d'une vocation de naturaliste. Stimulant et ensoleillé, Le Jardin des dieux plonge le lecteur dans un bouillon de curiosités qui se lit comme un hommage à la famille autant qu'au règne animal.
Le Jardin des dieux est le troisième volet de la 'Trilogie de Corfou'.
Corfou, morceau de terre bénie des dieux jeté au large des côtes grecques. Sur cette île aux mille merveilles, un repaire indo-britannique : la villa des Durrell, excentrique royaume des bêtes et des réceptions mondaines. On y retrouve 'Mère' et ses quatre enfants : Lawrence, Leslie, Margo et Gerry, qui, entre deux cours avec son précepteur, explore criques et oliveraies, collectionne crapauds et tortues, papillons et chauve-souris, poulpes et scorpions. Mais les paysans de l'île et les hôtes venus des quatre coins du globe rendre visite à sa famille sont pour ce formidable conteur une espèce tout aussi passionnante à observer.
Grand voyageur, réalisateur pour la télévision de nombreux films sur les spiritualités vivantes d'Orient, Arnaud Desjardins est décédé en août 2011 et repose à Hauteville, l'ashram qu'il avait fondé en Ardèche.
Gilles Farcet retrace ici l'existence et le parcours spirituel de celui qui fut un familier des plus grands maîtres de l'hindouisme, du soufisme, du bouddhisme tibétain et zen. Car le chemin
d'Arnaud Desjardins passe non seulement par l'Orient, mais aussi par la passion du théâtre, le sanatorium, les errances amoureuses,
les Groupes Gurdjieff, le voyage en Inde en famille et les coulisses du show-business.
Une aventure personnelle d'une portée universelle : tout au long de sa vie sur terre, Arnaud Desjardins s'est efforcé de transposer dans son quotidien d'Occidental chrétien les richesses spirituelles découvertes en Orient. Il s'est aussi attaché à transmettre ce qu'il avait appris des sages, en se fondant sur une connaissance intellectuelle, mais aussi, et surtout, sur une connaissance intime.
La nuit n'est pas seulement l'autre versant du jour. Elle figure à la fois l'immensité et l'intimité. Elle déploie tout un monde fait de beauté, de silence, de douceur, mais aussi d'effroi et de maléfices. Tantôt elle procure la paix et le repos, tantôt elle suscite terreurs et délires et se fait annonciatrice de mort. La nuit veille sur l'amour, sur l'espace intérieur, sur la création artistique. Elle invite au recueillement et à la contemplation. Sans doute est-elle le manteau de l'invisible. Au royaume des nuits, on rencontre Schéhérazade, la conteuse de Bagdad, la Belle au bois dormant, Jacob, Joseph ou encore les Rois Mages visités de grands songes, on voit surgir les amants du Cantique des Cantiques et, sous le ciel étoilé, Roméo et Juliette...
«Faut-il publier ses carnets? Surtout pas! La littérature des marges, des fragments, des repentirs, des esquisses, des brouillons, des chutes que le travail du romancier, si proche de celui de l'ébéniste, laisse sous l'établi, j'ai trop de pudeur pour ne pas la destiner, en règle générale, au feu de cheminée. Brûler sans hésiter, c'est d'ailleurs le conseil que je donne à qui prend mon avis. Mais j'étais à Chambord. Le hasard m'avait offert cette résidence invraisemblable. Je partageais mon temps entre un bureau de garde-chasse, un logement au château modestement appelé "appartement des Princes" et une forêt percée de trois cents kilomètres d'allées où ne pénétraient avec précaution que des invités de la République et de rares débardeurs.» Xavier Patier.
Le 7 juin 1998, on découvre, devant le plus vieux cimetière noir de la ville de Jasper, Texas, les restes d'un homme ; les genoux et les organes génitaux ont été rabotés, la tête et le bras droit arrachés. Les traces de sang permettent de retrouver un dentier, des clés et, un kilomètre plus loin, le bras et la tête dans un fossé. C'est un lynchage, celui de James Byrd, le dernier exemple de lynchage traditionnel. Il est l'oeuvre de trois hommes, qui veulent venger un Blanc assassiné en donnant une leçon à tous les Noirs. Depuis la guerre de Sécession, Jasper est, selon la communauté noire du lieu, «un endroit où les choses arrivent longtemps après leur temps». Aux États-Unis, le racisme ne se cantonne pas aux ghettos urbains. Dans le Sud profond, il ressurgit parfois, avec une violence qu'on voulait croire oubliée. Précis dans ses références, pointu dans ses analyses, effrayant dans ses descriptions, cet essai s'appuie sur les publications récentes d'historiens américains : jusque dans les années 1990, le lynchage était un sujet tabou. En France, c'est le premier livre qui lui est consacré.
Une anagramme est un mot que l'on obtient en transposant les lettres d'un autre mot, comme par exemple : Totem & Motet. C'est un tour que chacun peut réaliser plus ou moins facilement, même sans l'aide d'une baguette magique. Dans ce livre, on trouvera quelques exemples d'anagrammes créées à partir de noms d'animaux. Et pour les plus sportifs des exercices de style. Alors, toi aussi, danse avec les lettres...
Le visage clair et recueilli, une jeune femme aux habits somptueux se tient au centre d'une île fleurie, où ne règne aucune ombre. On l'a nommée la Dame à la licorne. Les historiens s'accordent à voir dans les six tapisseries exposées au musée de Cluny une allégorie des cinq sens et une invitation à bien user d'eux pour une vie morale. Or, l'atmosphère sacrée émanant de cette tenture engage à une lecture plus profonde.
Dans une perspective métaphysique, ce livre étudie les vêtements et les coiffures, la symbolique des arbres, des fleurs et des animaux, celle des couleurs et des armoiries. Il suggère les liens étroitement tissés entre les mondes visible et invisible, entre les sens corporels et les sens spirituels, en suivant le fil secret du désir.
La commissaire Viviane Lancier n'est pas du genre poète, mais la voici condamnée à se passionner pour Baudelaire : un sonnet torride dont il serait l'auteur se transforme en serial killer, envoyant à la morgue ceux qui s'y intéressent. Flanquée de son ingénu lieutenant, Viviane Lancier plonge dans une enquête où semblent la narguer les morts, les survivants et même les revenants.
'Le cinéma est une invention permanente. Le jour de son invention définitive sera aussi le jour de sa mort. Ce qui fait qu'un art ne meurt pas, c'est qu'un être soudain découvre une "place vide" et qu'il trouve un moyen de la combler.' Henri-G. Clouzot.
Dans le domaine de la connaissance spirituelle, qu'on appelle aussi connaissance du coeur, il existe des affinités évidentes entre le silence, le secret et le désir. En effet, pour user de métaphores, voici comment on approche de la maison du coeur : le désir ouvre la porte ; le silence permet d'y demeurer ; le secret protège l'habitation intérieure. Méconnues ou méprisées par une société de pouvoir et d'apparence, ces trois dimensions représentent - et ce n'est pas leur moindre valeur - les clés de la liberté pour tout être humain. Se tenir dans la lumière impalpable du secret, dans la profondeur paisible du silence, et dans le feu vivant du désir désiré, c'est, déjà, savourer l'infini.
La vie est là, ni simple, ni tranquille, mais, au contraire, curieusement équivoque, parce que nous en éprouvons la fragilité à l'instant même où nous en reconnaissons l'absolue immanence. Ainsi Raymond Dumay peut-il écrire qu'«après avoir sondé les reins et les coeurs, nous arrivons à une conclusion : l'alcool est un produit de la philosophie plus que de la distillation, il est existentialiste. L'alcool n'était pas, il est devenu. Il s'est fait en faisant son consommateur, qui lui-même devenait autre à mesure que l'alcool se modifiait. Tous les alcools suivent la même évolution, qui est celle de l'homme et tout aussi bien celle de l'art. Ils vont vers plus de dépouillement, de sobriété, de finesse...»
«Attendez, brigadier, vous êtes en train de me dire que vous avez tous passé la soirée du 14 juillet à danser autour du cadavre pendu, en tapant dessus à coups de bâton?» On vient d'assassiner d'horrible façon le chef d'un club de vacances sur l'île de Rhodes. Chargée de l'enquête, la commissaire Vivianne Lancier doit jongler avec une cocaïnomane noyée, un chat empaillé, un jardinier décapité... sans compter la mauvaise volonté des témoins, la chaleur écrasante et le buffet des desserts, presque aussi tentant que le physique d'Apollon de son lieutenant.
Il existe une vaste littérature, en France et dans le monde entier, sur l'oeuvre, l'action politique et l'héritage de Drieu la Rochelle, d'Aragon et de Malraux. Mais aucune étude connue, qui se propose d'analyser leurs itinéraires croisés d'un point de vue chronologique et thématique à la fois, sur fond des «guerres civiles» européennes de leur temps. C'est le pari tenté par Maurizio Serra. Il a relu ce moment capital de «l'idéologie française» du vingtième siècle, où s'affrontent révolution et anarchie, communisme et fascisme, surréalisme et décadence, Résistance et Collaboration, patriotisme et «parti de l'étranger», gaullisme et internationalisme à travers le destin extraordinaire de trois intellectuels «furieusement» engagés. Trois hommes unis et lacérés par leurs contradictions, leurs passions, leurs démons intérieurs. Paru en Italie en 2006, Les frères séparés a été entièrement revu par l'auteur pour cette version française.
Comment une beauté frêle, timide, au maintien modeste et à l'éducation sommaire, montée sur le trône en 1952 sans aucune préparation, a pu atteindre un tel prestige? Comment cette petite femme, aristocrate de naissance, petite-bourgeoise dans ses goûts, a réussi en un demi-siècle de règne tumultueux à asseoir l'une des institutions les plus anachroniques au monde : le monarchie britannique ? Quand elle ne sera plus là, la monarchie continuera, mais sous une autre forme, moins éclatante. La parution de la première biographie en français de la reine coïncide avec le triomphe du film The Queen, la célébration du dixième anniversaire de la mort de Diana, et les noces de diamant d'Elizabeth et Philip. Ce livre s'articule autour de plusieurs rencontres de l'auteur avec la reine et des officiels du Palais de Buckingham. Il se lit comme un roman d'amour, un conte de fées, un thriller de la haute société la plus secrète et la plus puissante du monde.
La Grande-Bretagne est-elle un eldorado? Oui, selon nos élites, et la France gagnerait à s'en inspirer. Pourtant, l'Angleterre n'a pas attendu la crise financière de l'automne 2008 pour prendre l'eau. À force de vivre à crédit, sa population est la plus endettée des nations développées. Son multiculturalisme exemplaire fait place à une défiance grandissante à l'égard des immigrés. Les services publics ne sont toujours pas efficaces, et les caméras de surveillance sont présentes à chaque coin de rue. L'alcoolisme et la violence des jeunes ne cessent de gagner du terrain. Les idéologies sont en faillite et la reine apparaît comme le dernier garde-fou d'une classe politique décriée. Riche de nombreux témoignages, cette enquête approfondie montre que, au-delà des formidables avancées économiques, sociales et culturelles des années Blair, s'est construit un mythe qui, aujourd'hui commence à se lézarder.
'Il était une fois un enfant étrange qui n'aimait pas le gâteau au chocolat...' Tenir en équilibre. Être d'ici et d'autre part, à la fois bon et mauvais, mélancolique et heureux. Jongler avec les fibres du réel et la nébuleuse des rêves. À force de volonté, faire d'une corde un monde merveilleux où tout devient possible. C'est ce que le vieux Célestin a enseigné à Robin. Il a légué à l'enfant le sceptre d'un royaume fabuleux. Tout au long de ses confessions, Robin tâche de comprendre ce qui s'est passé entre cet homme et lui. Il essaye de tenir sur la corde de l'existence, d'y danser avec grâce, il se blesse, puis il remonte sur le fil avec acharnement. Le premier amour, les paradis artificiels, la bohème... Comment être heureux aujourd'hui et demain? Comment trouver l'équilibre dans une réalité où rien ne tient en place? Enfin, comment rêver les yeux ouverts?
La plupart des religions parlent d'amour, mais se heurtent au désir amoureux et, le plus souvent, le combattent âprement. C'est ainsi que le christianisme, face à eros, a inventé agapê (la charité), ou que le bouddhisme invite à la compassion et ignore la passion amoureuse. N'y a-t-il donc pas de connivences entre l'amour humain et la ferveur de l'âme? N'est-il point de caresses salvatrices? Au long de ces réflexions personnelles sur la quête d'immortalité et ses inévitables embûches, il est question de la Divinité, de la rencontre périlleuse entre l'homme et la femme, du précieux désir, du corps, de la beauté, du silence, des vertus, de la liberté immense, de la fin' amor des temps courtois, des affinités entre érotique et mystique, et de la lumière de l'éveil.
Personnage attachant, jouisseur mélancolique et raté magnifique, Pierre de Régnier (1898-1943) est adulé par un petit club de fanatiques. Leur bréviaire ? La Vie de Patachon, un roman de 1930 nettement autobiographique qui évoque la vie débridée d'une bande de fêtards des Années folles.
Moins connue est la chronique que l'auteur a tenue de 1930 à 1939 pour l'hebdomadaire Gringoire. Montmartre, Montparnasse, les Champs-Élysées, restaurants, boîtes, bars, cabarets ou dancings... aucun nouveau rendez-vous ne lui échappe. Il court voir Joséphine Baker au Casino de Paris, applaudit Maurice Chevalier, Édith Piaf et Mistinguett. Et, lorsqu'il ne se lève pas trop tard, on le suit aux champs de courses dont il est un inconditionnel, à l'Exposition coloniale, au Salon des arts ménagers, à Roland-Garros ou à la première des Lumières de la ville, de Charlie Chaplin.
Réunies ici pour la première fois, drôles et poétiques, ces Chroniques d'un patachon, illustrées par leur auteur, sont un pur moment de fête.
"Le monde est vaste", dit-on. Je ne pensais pas qu'il l'était autant. Cela me revient aujourd'hui, ma mémoire est traversée de mille et un instants, de lieux magiques, d'êtres exceptionnels. Enfant, j'avais déjà le désir de découvrir d'autres civilisations, d'autres cultures, de faire de ma vie un voyage. J'ai pu vivre ce rêve au-delà de ce que j'espérais. (...) Depuis, j'ai survolé des pays et des mers, vogué, marché, roulé. Ce sont ces moments que j'offre ici en partage. Pas de chronologie : les souvenirs reviennent mêlés les uns aux autres : ici un péché d'enfance, là une émotion lors d'un reportage... et, surtout, bien des sensations fortes !
"Ce que je cherche, c'est de n'employer que ce que j'appelle des mots-matières. Je cherche des mots qui aient du poids. C'est comme le mot pluie, c'est un mot admirable. Mais si vous commencez à parler d'onde, le mot onde ne veut plus rien dire. Vous comprenez ce que je veux dire ?"