Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Simone Weil. Recueil de pensées et de réflexions intimes, "La pesanteur et la grâce" constitue une remarquable initation à l'oeuvre de Simone Weil. Sa démarche, où prend place une expérience spirituelle qui dépasse la raison, montre combien la raison tendue à l'extrême porte un ordre qui n'est pas le sien, qu'elle assimile mais ne dicte pas. Que ce soit l'ordre grec où s'inscrit l'exil, ou le désir de transcendance qui verrait la fin de cet exil, elle ne prend pas la voie simple d'un désir réalisé pour lui-même. Elle impose une exigence temporelle pleinement assumée qui diffère la satisfaction d'obtenir pour soi. Simone Weil représente "l'autre", celui qui est insitué, extérieur et à sa propre tradition et à une tradition d'accueil, l'autre par rapport auquel on doit se situer, presque malgré soi. Aussi tente-t-elle de définir un lieu neuf à la pensée à partir d'une expérience de l'individu lié au monde. Dans son époque, elle repose la question de Dieu selon d'autres normes, sans le souci des preuves, mais selon la nécessité d'un autre discours qu'elle suggère par la recherche d'une méthode et de structures.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Edouard Schuré.Sous-titré "Esquisse de l'histoire secrète des religions". "Les sages et les théosophes de l'Orient et de la Grèce savaient qu'on ne peut embrasser et équilibrer la Vérité sans une connaissance sommaire du monde physique, mais ils savaient aussi qu'elle réside avant tout en nous-mêmes, dans les principes intellectuels et dans la vie spirituelle de l'âme. Pour eux, l'âme était la seule, la divine réalité et la clef de l'univers. En ramassant leur volonté à son centre, en développant ses facultés latentes, ils atteignaient à ce foyer vivant qu'ils nommaient Dieu, dont la lumière fait comprendre les hommes et les êtres. Pour eux, ce que nous nommons le Progrès n'était que l'évolution dans le temps et dans l'espace de cette Cause centrale et de cette Fin dernière. Et vous croyez peut-être que ces théosophes furent de purs contemplatifs, des rêveurs impuissants, des fakirs perchés sur leurs colonnes ? Erreur, Le monde n'a pas connu de plus grands hommes d'action, dans le sens le plus fécond, le plus incalculable du mot. Ils brillent comme des étoiles de première grandeur dans le ciel des âmes. Ils s'appellent: Rama, Krishna, Bouddha, Zoroastre, Hermès, Moïse, Orphée, Pythagore, Platon, Jésus, et ce furent de puissants mouleurs d'esprits, de formidables éveilleurs d'âmes, de salutaires organisateurs de sociétés. Ne vivant que pour leur idée, toujours prêts à mourir, et sachant que la mort pour la Vérité est l'action efficace et suprême, ils ont créé les sciences et les religions, par suite les lettres et les arts dont le suc nous nourrit encore et nous fait vivre." - Édouard Schuré.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Fulcanelli, précédé des trois préfaces d'Eugène Canseliet, accompagné du frontispice et des 46 planches hors-texte dessinées par Jean-Julien Champagne pour l'édition originale du livre. Du mystérieux personnage, simple compilateur d'écrits ésotériques ou authentique "Adepte", qui signe du nom de plume Fulcanelli, nous connaissons deux livres majeurs: "Le Mystère des Cathédrales et l'interprétation ésotérique des symboles hermétiques du Grand OEuvre", publié en 1926, et "Les Demeures philosophales et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'art sacré et l'ésotérisme du Grand OEuvre", publié en 1930. Ces deux ouvrages, publiés chez l'éditeur-libraire Jean Schemit, ont profondément marqué la littérature ésotérique et les études alchimiques traditionnelles du XXe siècle. Dans "Le Mystère des Cathédrales", considéré aujourd'hui comme un classique de l'ésotérisme contemporain, Fulcanelli s'attache à montrer que les chefs-d'oeuvre de l'art architectural gothique, notamment les cathédrales, ont été inspirés par une pensée alchimique et, directement ou indirectement, édifiés par des Adeptes (un "Adepte" est un homme qui a découvert le secret de la pierre philosophale, c'est-à-dire qui sait transmuter le plomb en or et atteindre ainsi le "Grand oeuvre" de l'alchimie, la vie éternelle). De Notre-Dame de Paris à la cathédrale d'Amiens, en passant par l'Hôtel Lallemant de Bourges ou encore la Croix cyclique d'Hendaye, il décrypte de façon aussi érudite que convaincante toute leur symbolique secrète cachée dans la pierre derrière les motifs chrétiens, et décrit avec clarté les opérations alchimiques du Grand-OEuvre qui leur a donné vie.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de René Guénon. "La croix est un symbole qui, sous des formes diverses, se rencontre à peu près partout, et cela dès les époques les plus reculées. [...] Ce caractère symbolique, bien que commun à tous les faits historiques, doit être particulièrement net pour ceux qui relèvent de ce qu'on peut appeler plus proprement l'"histoire sacrée". Et c'est ainsi qu'on le trouve notamment, d'une façon très frappante, dans toutes les circonstances de la vie du Christ. [...] Si le Christ est mort sur la croix, c'est pouvons nous dire, en raison de la valeur symbolique que la croix possède en elle-même et qui lui a toujours été reconnue par toutes les traditions. C'est ainsi que, sans diminuer en rien sa signification historique, on peut la regarder comme n'étant que dérivée de cette valeur symbolique même. [...] Ce que nous avons essentiellement en vue dans ce livre, c'est le sens métaphysique de la croix, qui est d'ailleurs le premier et le plus important de tous, puisque c'est proprement le sens principiel. Tout le reste n'est qu'applications contingentes et plus ou moins secondaires. Et, s'il nous arrive d'envisager certaines de ces applications, ce sera toujours, au fond, pour les rattacher à l'ordre métaphysique, car c'est là ce qui, à nos yeux, les rend valables et légitimes, conformément à la conception, si complètement oubliée du monde moderne, qui est celle des sciences traditionnelles." - René Guénon
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de René Guénon. "Beaucoup comprendront sans doute, par le seul titre de cette étude, qu'elle se rapporte surtout au symbolisme de la tradition extrême-orientale, car on sait assez généralement le rôle que joue dans celle-ci le ternaire formé par les termes "Ciel, Terre, Homme". C'est ce ternaire que l'on s'est habitué à désigner plus particulièrement par le nom de "Triade", même si l'on n'en comprend pas toujours exactement le sens et la portée, que nous nous attacherons précisément à expliquer ici, en signalant d'ailleurs aussi les correspondances qui se trouvent à cet égard dans d'autres formes traditionnelles." - René Guénon.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Ananda K. Coomaraswamy. Dans ce grand classique de la "Philosophia Perennis", brillante synthèse des courants religieux et philosophiques de l'Inde, Coomaraswamy s'attache à faire comprendre, à travers un foisonnement de citations empruntées dans leur texte original aux littératures anciennes et modernes du bouddhisme et de l'hindouisme (notamment les "Upanishads"), que la plupart des grandes spiritualités orientales, mais aussi occidentales (Platon, Maître Eckhart, Dante,...), relèvent toutes d'un même fonds commun remontant à des origines brahamaniques et hindouistes. Pour Coomaraswamy, ces grands courants de pensée relèvent en définitive de la même Tradition et Bouddha, Krishna, Moïse et le Christ ne sont que les noms d'une seule et même "descente" dont "la naissance est éternelle".
Une des idées dominantes de l'oeuvre de René Guénon est la communauté d'origine des traditions initiatiques et religieuses de l'humanité et, par suite, d'une Tradition primitive, source unique ayant donné naissance à tous les grands courants orthodoxes qui ont, au cours des âges, alimenté la vie spirituelle des hommes et fourni les bases à toutes les civilisations. Cette Tradition Primordiale, qui est comme la manifestation de la Volonté du Ciel dans notre monde, doit être nécessairement conservée dans son intégralité par un centre spirituel qui demeure inaffecté par les vicissitudes cycliques. C'est à ce centre suprême, mais caché (l'Agarttha), et à son chef le Roi du Monde (le "Manu" de la tradition hindoue) qu'est consacrée la présente étude. C'est l'occasion pour René Guénon d'exposer les théories de la Kabbale sur les influences spirituelles et les intermédiaires métaphysiques, d'élucider deux passages particulièrement énigmatiques de la Bible: l'investiture d'Abraham par Melchissedec et l'hommage rendu au Christ naissant par les Rois-Mages, ou encore de restituer la signification profonde de la légende du Graal.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de René Guénon. Avec cette "Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues", publiée en 1921, René Guénon constate la divergence entre Orient et Occident et souhaite promouvoir un mouvement d'ouverture à la pensée orientale. Pour lui, l'Occident est "despiritualisé" et sa civilisation est condamnée. Tôt ou tard, s'il veut survivre, il doit repousser la fatuité qui l'incline à croire qu'il est la civilisation par excellence. Il rappelle d'ailleurs que la séparation entre les deux mondes ne fut pas toujours absolue, évoquant notamment le caractère oriental de la philosophie de l'école d'Alexandrie, ainsi que l'apport de la philosophie arabe au monde culturel médiéval. Il énumère les nombreux emprunts que firent les Grecs aux orientaux. Dans la deuxième partie du livre, René Guénon présente une introduction à l'ensemble des pensées orientales, du monde musulman à la Chine en passant par l'Inde, démontrant que la tradition y est aussi bien orale qu'écrite et qu'elle se confond complètement à la civilisation: en Islam tradition à la fois métaphysique et religieuse, en Inde tradition purement métaphysique, en Chine tradition métaphysique et sociale bien séparées l'une de l'autre. La troisième partie du livre traite exclusivement des doctrines hindoues. Il s'élève contre les hindouistes qui distinguent trois périodes dans l'histoire de la civilisation de l'inde: védisme, brahmanisme, hindouisme. Pour lui, la tradition hindoue n'a jamais cessé d'être fondée sur le Veda. Le bouddhisme, qui n'est ni une religion ni une philosophie, est cependant de toutes les doctrines orientales la plus proche des modes de penser occidentaux. Il étudie en détail les différents caractères de l'hindouisme: les castes, la Nyâya, le Vaishêshika, le Yoga, le Mîmâmsâ, le Vedanta enfin, domaine de la pure métaphysique. Dans la quatrième et dernière partie, sont passées en revue les principales interprétations occidentales de l'hindouisme.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Arthur Avalon (pseudonyme de John Woodroffe), traduction de Charles Vachot, préface de Jean Herbert, ouvrage orné de huit illustrations en couleurs et de quatre tableaux. - "Quand la véritable nature de l'âme de l'Inde était si complètement voilée que même les guides de sa renaissance vacillaient dans leur marche, ardents défenseurs de son passé mais inconscients de son authentique héritage, il a été donné à quelques hommes clairvoyants de découvrir, au milieu des décombres d'un passé fuyant, les joyaux sans prix d'un legs immémorial. A la pointe de ces savants désintéressés, Sir John Woodroffe qui consacra sa vie à mettre en valeur les vérités profondes de la tradition religieuse Hindoue la plus mécomprise et la plus diffamée: le Tantrisme. Membre bien connu de la magistrature, spécialisé dans les études sanskrites, il a abordé les textes sacrés des Agamas avec le respect adéquat; aidé par les lettrés autochtones et guidé par des Gurus, il a exploré les arcanes du Sâdhana Shâstra assez profond pour en ressurgir comme le champion inspiré de cette religion vénérable, stupéfiant tout le monde par son incroyable persévérance, par l'éclat de son esprit et la force de pénétration qu'il a apportés à maintenir son effort solitaire destiné à ressusciter la splendeur des Tantra Shâstra, particulièrement le Shâkta Vedânta. Il a écrit, traduit, édité, commenté, fait des conférences, il a fait tout ce qu'il pouvait faire pour présenter l'enseignement théorique et pratique des Agamas sous leur véritable jour. L'Inde a envers lui une immense dette de reconnaissance car il a éveillé ses fils au sens vivant d'un de leurs grands héritages." - M. P. Pandit.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Gandhi. Destinées à ses proches disciples restés à l'Ashram, ces quinze lettres de Mohandas Karamchand Gandhi furent rédigées en 1930 alors qu'il était incarcéré à Yeravda. La seizième et dernière lettre, Svadeshi, fut écrite l'année suivante, après sa sortie de prison. À la fois principes moraux et règles de vie portant sur des questions telles que l'Amour, la Vérité, la Chasteté, la Pauvreté, la Tolérance ou encore l'Humilité, elles restent l'une des meilleures façons d'appréhender la pensée philosophique et politique non-violente du Mahatma Gandhi. "En toute humilité je m'efforcerai / D'être aimant, véridique, honnête et pur, / De ne rien posséder dont je n'ai pas besoin / De mériter mon salaire par mon travail / D'être perpétuellement vigilant / Sur ce que je bois et je mange / De toujours être intrépide / De respecter les autres religions autant que la mienne / Et de chercher à toujours voir le bien chez mon prochain / De suivre fidèlement le svadeshi / Et d'être un frère pour tous mes frères."
Publié dans la revue "Die Horen" (Les Heures) de Friedrich Schiller pour conclure le cycle des "Entretiens d'émigrés allemands", "Le Serpent vert" est un conte de fées philosophique, poétique, symbolique, allégorique et initiatique, d'une inspiration pleine de légèreté, de merveilleux et de fantaisie. Les personnages sont des feux follets, un couple de vieillards, un serpent couleur d'émeraude, un géant sans aucune force, une jeune fille dont le contact est mortel et un prince ensorcelé. Les deux jeunes gens ne peuvent se rencontrer à cause d'un maléfice et un fleuve infranchissable sépare leurs deux mondes. Mais les feux-follets parviennent à les libérer de leurs enchantements et le serpent se sacrifie pour créer un pont de pierreries entre les deux rives du fleuve. Le prince et la jeune fille sont alors conduits dans une grotte où ils rencontrent un roi d'or (la sagesse), un roi d'argent (l'apparence) et un roi de bronze (la puissance) qui les couronnent et leur redonnent la vie avec l'amour. Ce jeu romantique énigmatique se déroule dans une sorte de rêve, sur un rythme de danse. Le conte est suivi d'un commentaire du célèbre occultiste Oswald Wirth, également traducteur, qui en décrypte les symboles.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Oswald Wirth. Compagnon du Grand Orient de France puis Vénérable Maître de la Grande Loge Symbolique Ecossaise avant d'oeuvrer ardemment à la fusion des deux obédiences, Oswald Wirth a été l'un des acteurs majeurs de la Franc-maçonnerie française. Magnétiseur médical, directeur pendant 30 ans de la revue franc-maçonnique "Le Symbolisme", membre des plus grandes sociétés secrètes, auteur d'une vingtaine d'ouvrages consacrés aux symbolismes et aux traditions initiatiques, dont un tarot kabbalistique, il a étudié de près les oeuvres d'Eliphas Lévi, Papus, Joséphin Péladan et Stanislas de Guaita entre autres. Mais son oeuvre la plus importante et la plus connue reste sans conteste "La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes", sous-titrée "Sa philosophie, son objet, sa méthode, ses moyens", qui rassemble en un seul volume trois manuels: "Le Livre de l'Apprenti", "Le Livre du Compagnon" et "Le Livre du Maître". Incontournable guide pout tout chemin initiatique, ce livre devenu un classique est aussi accessible à tout esprit curieux de comprendre l'univers fascinant de la Franc-maçonnerie: sa philosophie, son histoire, ses traditions, ses symboles, ses rituels, ses préceptes et ses mystères. Il permet aussi de découvrir la haute pensée d'un homme libre et d'un chercheur d'âme soucieux toute sa vie de retrouver les véritables sens symboliques de la Vérité et de l'Initiation.
Texte intégral révisé et modernisé. De tribus impostoribus ou Traité des trois imposteurs est un ouvrage mythique parmi les classiques des traités athéistes. Véritable livre palimpseste consacré aux fondateurs des trois grandes religions monothéistes - les prophètes et messies juif, chrétien et musulman Moïse, Jésus-Christ et Mahomet - il a défrayé la chronique religieuse tout au long du Moyen Âge et de la Renaissance avant d'apparaître au grand jour au XVIIIe siècle sous diverses versions clandestines. Alimentant les fantasmes des inquisiteurs comme ceux des libertins, il a été attribué par les érudits à de nombreux auteurs accusés d'impiété, d'athéisme, de blasphème ou d'hérésie: Abû Tâhir, Averroès, l'Arétin, Giordano Bruno, Machiavel, Erasme, Boccace, Rabelais, Vanini, Pomponace, Etienne Dolet, Michel Servet, Jean Rousset de Missy, Simon de Tournai, Christopher Marlowe, Geoffroy Vallée, Frédéric II de Prusse, le baron d'Holbach, Baruch Spinoza, Thomas Hobbes, Jan Vraesen, Johan Joachim Müller, Jean Maximilien Lucas, et bien d'autres. L'auteur anonyme - présumé être Jan Vroesen - qui fit imprimer la version reproduite dans cette édition renvoie dos à dos Yahveh, Dieu et Allah, accusant ceux qui parlèrent en leur nom et propagèrent ainsi le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam d'avoir purement et simplement abusé de la crédulité de leurs contemporains. Dénonçant les croyances irrationnelles et les dogmatismes des églises, il s'attache à démontrer que toutes les preuves de l'existence de Dieu sont fausses ou ridicules. Même si certains de ses arguments peuvent aujourd'hui paraître dépassés par les progrès de l'exégèse et de l'archéologie biblique, il n'en reste pas moins que le Livre des trois imposteurs est un témoignage infiniment précieux sur la libre-pensée et la critique de l'oppression religieuse du Moyen Âge à nos jours. En ce XXIe siècle toujours livré aux conflits religieux, son audace sent toujours le souffre et reste plus que jamais d'actualité.
Texte intégral révisé et modernisé suivi d'une biographie de Paul-Henri Thiry d'Holbach. Publiée sous le nom de l'abbé Bernier en 1768, la "Théologie portative" est un essai ironique où le baron d'Holbach - collaborateur de l'Enclycopédie de Diderot, animateur mondain d'un des plus influents salons de la République des Lettres et chef de file des matérialistes athées de l'époque - expose ses idées critiques sur l'Église et sur la religion chrétienne. De A comme Âme à Z comme Zèle, en passant par Bible, Catholique, Doctrine, Humilité, Libertins, Pape, Sacerdoce, etc, ce petit dictionnaire éminemment caustique comptant quelque 580 entrées est l'un des principaux pamphlets pré-révolutionnaires du siècle des Lumières. Toujours d'actualité, il permet, outre sa verve railleuse, d'apprécier à leur juste valeur les idées anticléricales qui aboutiront à la séparation de l'Église et de l'État. Il prolonge aussi utilement le "Système de la nature", véritable bible de l'athéisme, où D'Holbach expose sa philosophie matérialiste et sensualiste. En 1776, La "Théologie portative" fût condamnée par le Parlement de Paris à être brûlée.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'Alan Watts. Soucieux de rigueur, l'auteur de "L'Esprit du zen" et du "Bouddhisme zen" met les choses au point dans ce célèbre article d'une quarantaine de pages intitulé "Beat Zen, Square Zen et Zen". II y explique que, pour lui, ni le zen square, celui de l'orthodoxie et des institutions japonaises, ni le zen beat, trop souvent fumeux prétexte à suivre sa fantaisie, ne sont réellement le Zen, qui procède d'un lâcher-prise radical. "... l'Occidental que le Zen séduit et qui désire le comprendre pleinement doit faire preuve d'une qualité indispensable: il lui faut avoir une connaissance exacte de sa propre culture afin de n'être plus inconsciemment soumis à ses postulats. Il lui faut avoir fait sa paix avec Jahve et sa conscience judéo-chrétienne et être en mesure d'afficher une indifférence libre de crainte ou de révolte. Il doit s'être délivré du besoin malsain de se justifier. Faute de ces conditions, son Zen sera soit "beat", soit "square", soit révolte contre une culture et un ordre social, soit nouveau mode de conformisme et de respectabilité. Car le Zen signifie avant tout libération de l'esprit vis-à-vis des conventions, ce qui est totalement différent aussi bien d'une révolte contre les conventions que de l'adoption de conventions étrangères." - Alan W. Watts.
Texte intégral révisé. Jiddu Krishnamurti, Indien d'origine, mais volontairement coupé de toute filiation, a répandu à travers le monde un enseignement qui incite à rompre avec tout enseignement. Comme l'a remarqué Aldous Huxley, son thème fondamental est celui-ci: "Il y a de l'espoir en l'homme, non en la société, en les systèmes religieux organisés, mais en vous et en moi." Il n'apporte ni autodiscipline, ni prière, ni quelque yoga, mais tente d'ouvrir des voies à une pensée, ou plutôt à une attitude mentale libérée de tout conditionnement. Les huit entretiens réunis dans ce petit recueil ont eu lieu en français, à Gstaad (Suisse), du 21 au 28 Août 1963. Ils ont été relus et corrigés par Krishnamurti lui-même. On peut y voir une mise au point d'une des pensées les plus originales qui soient, et, peut-être, une sorte de testament spirituel.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Muhammad Iqbal. "Le Livre de l'Éternité" est le récit d'une pérégrination céleste entreprise par le poète sous la conduite de son maître spirituel Jalâl al-Dîn Rûmî, le grand poète mystique persan fondateur de l'ordre des derviches tourneurs. Il s'apparente avec l'ascension nocturne de Mahomet et "La Divine Comédie" de Dante. Cependant, il ne s'agit pas d'un récit visionnaire, mais d'une exposition de thèmes représentés par des poètes, mystiques et hommes d'État rencontrés dans l'au-delà par le narrateur qui joue le rôle de Virgile. Le pélerin reçoît notamment les enseignements, plus complémentaires qu'opposés, de Bouddha, de Zoroastre, du Christ et de Mahomet. Un entretien porte sur les aspects actuels du monde politique musulman, les abus du nationalisme et les erreurs des modernistes qui, au lieu d'utiliser les idées et les techniques occidentales en vue de la rénovation matérielle et spirituelle de l'Islam, font de l'Orient une caricature de l'Occident. L'apparition et le discours de Satan, "seigneur des exilés", est l'un des passages les plus remarquables du Livre. Au-delà des cieux, demeure Nietzsche, le philosophe "ivre de Dieu" qu'on prit pour un fou et que l'Europe n'a pas compris. Plus haut encore, le pèlerin parvient enfin au Paradis, mais ses enchantements ne peuvent retenir celui qui est épris de Dieu seul. De retour sur terre, Iqbal s'adresse à travers son fils à la nouvelle génération. "Le Livre de l'éternité" n'est pas seulement une oeuvre littéraire qui marque la renaissance de la grande poésie persane au XXe siècle, c'est aussi l'oeuvre d'un penseur, à la fois moderniste et traditionaliste, qui tente de rassembler et de préserver les valeurs vivantes de l'Islam afin de les projeter dans l'avenir.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Joë Bousquet. Roman autobiographique, "Le Meneur de lune" organise la vie de l'auteur selon une logique purement onirique où la fable prend souvent le pas sur les faits réels, et où l'univers intérieur du poète vampirise totalement son environnement. Sa vie nous apparaît comme éclatée, morcelée, déchirée entre pulsion de mort et pulsion de vie. Joë Bousquet naît ici, à l'âge de vingt ans, de cette blessure de guerre qui fera de lui un mort en sursis jusqu'à la fin de sa vie, mais un mort flamboyant. La blessure ouvre une histoire de son corps infirme, mutilé, paralysé, un corps désormais en trop. À partir de ce jour, le poète doit vivre en deux, comme désolidarisé de sa propre chair, et il se sent devenir femme, "souhaitant d'enfanter des esprits". Les morceaux de son corps se rassemblent dans le texte et le récit biographique laisse alors place au conte. L'auteur n'assiste plus au jeu du monde, mais s'arrange pour en montrer les marionnettes. Son royaume se peuple de créatures composites: "l'homme-nébuleuse", "l'oiseau-corbillard", "l'homme-chien". Dans ce nouveau royaume où l'homme n'est plus, des ombres passent, des fêtes funèbres s'y donnent, auxquelles participent des princesses en exil, femmes mythiques à qui il donne des noms de reines qui se lisent comme des signes révélés de son passé en ruine. "Le Meneur de lune" est l'un des derniers ouvrages en prose de Joë Bousquet.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Maurice Maeterlinck. Philosophe, entomologiste, écrivain récompensé par le Prix Nobel de Littérature, Maurice Maeterlinck a développé tout au long de son oeuvre une importante réflexion sur la condition humaine, explorant toutes les formes et toutes les métamorphoses de la vie et de la mort. Dans ce brillant essai de pure pensée métaphysique, publié bien avant l'actuel débat sur l'euthanasie et la fin de vie, il nous invite à regarder la mort telle qu'elle est en soi, c'est-à-dire "dépouillée des terreurs de l'imagination", et s'interroge sur le passage des corps, des esprits et des âmes vers l'inconnu de l'au-delà. L'auteur de La Vie des abeilles passe au scalpel de la raison diverses hypothèses religieuses (christianisme, hindouisme,...), téosophiques et/ou néo-spirites (survivance de la conscience, réincarnation, communication avec les morts, etc), réfutant le pari sur Dieu de Blaise Pascal, et méditant sur divers aspects de l'Absolu, de l'Éternité et de l'Infini. Pour Maurice Maeterlinck, "tout ce que contient l'infini doit être aussi infini que le temps dont il dispose; et les hasards, rencontres et combinaisons qui s'y trouvent n'ont pas été épuisés dans l'éternité qui nous a précédés, non plus qu'ils ne sauraient l'être en celle qui nous suivra. L'infini du temps n'est pas plus vaste que l'infini de la substance de l'Univers. Les événements, les forces, les chances, les causes, les effets, les phénomènes, les mélanges, les combinaisons, les coïncidences, les harmonies, les unions, les possibilités, les vies, y sont représentés par des numéros innombrables qui remplissent entièrement un abîme sans fond ni bords où ils sont agités depuis ce que nous appelons l'origine d'un monde qui n'eut pas d'origine; où ils seront remués jusqu'à la fin d'un monde qui n'aura pas de fin..." Nettement contraire à la dogmatique catholique, cet essai lui valut la mise à l'index par l'Église de l'ensemble de son oeuvre.