Comment juge-t-on les adolescents ? Arthur Vuattoux a mené l'enquête auprès de deux tribunaux, dans plus de 300 dossiers d'affaires. Son verdict est sans appel : les normes de genre orientent profondément la façon dont la justice appréhende les conduites déviantes à cet âge. Ce traitement différencié dépasse le sexe, il concerne la race, l'âge, la classe sociale. Il tourne à la discrimination institutionnelle systématique pour une catégorie d'adolescente : les « jeunes filles roumaines ».
Arthur Vuattoux est maître de conférences Université Sorbonne-Paris-Nord.
La New Political Economy découvre sur le tard qu'il y a de la politique dans l'économie, ou plutôt par-dessus. Mais le « politique » n'y est qu'une couche supplémentaire surmontant la structure d'ensemble des marchés, elle-même réputée parfaitement autorégulée... et inopportunément perturbée par les parasitages de la vie politique.
Ce livre, à l'inverse, affirme que le politique est immanent aux rapports sociaux du capitalisme. Il s'agit bien sûr d'un concept étendu du politique, compris ici comme (omni)présence des conflits et des rapports de pouvoir ; il a pour lieu d'élection les armatures des capitalismes que sont leurs constructions institutionnelles.
C'est un parcours d'une triple diversité que proposent les auteurs. Diversité institutionnelle, puisque conflits et pouvoirs sont aussi bien observables dans le rapport salarial, la monnaie, l'entreprise, que la politique économique. Diversité géographique au travers des cas américain, iranien, argentin et russe. Diversité disciplinaire, convoquant, en plus de l'économie, sociologie, droit, politologie et histoire.
Frédéric Lordon est directeur de recherche au CNRS et chercheur au Bureau d'économie théorique et appliquée (Strasbourg).
La biométrie est présentée aujourd'hui comme la solution technologique la plus appropriée pour faire face aux menaces inédites auxquelles l'Occident est (ou serait) confronté. Dans ce contexte, ce livre vient rappeler l'effort constant de l'État pour mieux identifier les personnes à des fins policières, administratives et politiques.De l'Ancien Régime à la France contemporaine, en passant par la Troisième République et Vichy, l'ouvrage retrace le cheminement mouvementé et les enjeux des processus d'identification. Il montre gue depuis la période absolutiste, l'État s'est efforcé de fixer sur papier sa propre population, des marginaux jusqu'aux citoyens les mieux intégrés.Les auteurs font également la lumière sur les pratiques d'encartement de certaines catégories d'individus, dans l'URSS stalinienne ou la France des Trente Glorieuses. On retiendra le cas des étrangers, dont la mise à l'écart administrative contribue à délimiter l'espace national tout autant qu'à prévenir de supposés périls.Des initiatives régionalistes au refus britannique d'une mise en carte des citoyens, les résistances ont été constantes. Ainsi, la défiance envers l'encarte-ment paraît-elle plus gue jamais d'actualité, à l'heure où la traçabilité des personnes sur internet et la biométrie s'imposent comme des exigences sécuritaires.
Dans l'effervescence de 1789, alors qu'une nation s'affirme au Jeu de paume, l'Assemblée nationale invente une incrimination. Calquée sur la traditionnelle lèse-majesté comme pour mieux marquer le transfert de souveraineté, la « lèse-nation » cherche à protéger la Révolution et ses nouvelles valeurs. Elle réprime les adversaires tenus pour des « ennemis ». Elle dit aussi ce qu'est la nation. Épousant les craintes successives du régime naissant, elle devient l'une des principales armes pénales des débuts de la Révolution.
Alors que l'attention se porte le plus souvent sur les pratiques de la Terreur, Jean-Christophe Gaven nous invite à découvrir une phase fondatrice et peu explorée de l'histoire de la justice politique révolutionnaire. En s'appuyant sur les archives judiciaires et parlementaires des affaires discutées, et parfois jugées, au titre de la lèse-nation, il met en lumière une expérience judiciaire et politique marquée à la fois par les impératifs de protection des nouvelles institutions - assimilée à la défense de la nation - et par les aspirations libérales et légalistes du jeune régime - attachées, elles, à la reconnaissance des droits individuels, y compris ceux des accusés politiques.
Les marchés sur lesquels nous échangeons ne sont pas terres arides où s'articuleraient froidement des intérêts calculateurs. Ils sont au contraire saturés de repères et d'échelles - logos, noms propres, critiques, réputations, certifications, labels, titres et statuts - qui contribuent à définir nos choix et, partant, à peser sur les jeux concurrentiels.Comment comprendre le rôle déterminant que joue le critique Robert Parker dans la fixation du prix des vins de Bordeaux ? Après tout, nul appareil coercitif n'impose aux acteurs du monde bordelais de s'appuyer sur ses notes pour fixer leurs prix ; et pourtant nul ne peut les ignorer. C'est donc la puissance de l'institution marchande « Robert Parker » qu'il faut d'abord expliquer.Si ces institutions jouent un tel rôle dans notre vie économique, il nous faut aussi rendre compte de leur origine et de leur transformation : d'où vient par exemple que le Sentier, longtemps associé à l'industrie de la confection, est brutalement devenu synonyme, au tournant des années 1990, de la net-économie naissante ?Genèse et puissance des institutions marchandes sont des énigmes que cet ouvrage propose d'explorer au travers d'un cadre théorique original et d'une série d'études portant aussi bien sur le marché du vin, les firmes de biotechnologies ou la norme ISO 26000.Un livre qui ne manquera pas d'intéresser étudiants et enseignants en sociologie, économie et marketing.
Cet ouvrage (complété d'un cédérom) offre un bilan complet des recherches récentes menées en sociologie de la culture ainsi que de nombreux éléments de réflexion sur la question de la démocratisation qui est au coeur des politiques culturelles.
Il illustre la diversité de la "question des publics" en analysant les principaux effets des mutations intervenues dans le domaine de l'école, de la famille, du travail, en confrontant le public de la culture imaginé par les artistes et les responsables politiques avec les publics réels tels que les révèlent les enquêtes de fréquentation.
Ce livre est d'abord un témoignage, celui de ces hommes et de ces femmes qui se construisent une place entre ici et là-bas. C'est la première étude concernant les associations de migrants marocains impliqués dans le développement.L'auteur aborde sous un angle nouveau la relation entre migration et développement en s'interrogeant non pas sur les effets de la migration en matière de développement mais sur le pourquoi de l'implication des migrants. Le développement apparaît alors comme un moyen instrumentalisé par les différents groupes en présence.Thomas Lacroix rénove l'approche sur le transnationalisme en l'analysant comme le creuset où s'invente une nouvelle identité migratoire, un nouveau mode d'intégration.
Résultat d'une minutieuse enqu?te de terrain chez d'importants industriels en France et au Canada, ce livre décrypte le fonctionnement des entreprises en réseau. Rejetant l'image de la firme creuse, l'auteur démontre qu'aujourd'hui les entreprises ne savent plus concevoir, produire, ni vendre sans la coopération d'une multitude de partenaires. Dans ce contexte, la question du gouvernement des entreprises en réseau, nécessaire afin de gérer de telles organisations, devient capitale, permettant d'appréhender la mutation de l'entreprise en une véritable institution de la société.
Lancés à partir de 1960, les efforts pour construire des politiques pharmaceutiques communes se sont vite heurtés aux intérêts nationaux et aux écarts de pratiques et de normes entre pays. En 1993, la création d'une structure institutionnelle innovante, l'Agence européenne du médicament, est finalement décidée et s'impose rapidement comme le coeur du contrôle des médicaments en Europe. Ce livre analyse, dans une Europe devenue le cadre normatif central et l'horizon stratégique des acteurs, toutes les questions traditionnellement appliquées aux politiques du médicament : comment et pourquoi juge-t-on un médicament acceptable ? Quelle implication les industriels ont-ils dans les procédures de contrôle ? La protection de la santé publique est-elle correctement assurée ? Quelle place les experts ont-ils dans les processus de décision politique ? S'intéresser à la régulation des médicaments paraît d'autant plus pertinent que le secteur pharmaceutique et son contrôle par les pouvoirs publics traversent une crise grave depuis quelques années.
Les services pèsent près de 80% du PIB des pays de l'OCDE, alors qu'ils représentent à peine plus de 20% de leurs échanges internationaux. Pourquoi un tel écart ? La réponse vient pour une part de la difficulté à établir une régulation mondiale des services sur la base de normes internationales de type ISO ou autres.À l'aide d'un très riche ensemble d'études de cas, cet ouvrage montre que ces activités suivent une logique très différente de celle de la production et de la consommation des biens industriels à l'oeuvre dans le fordisme, et pointe les difficultés qu'engendre cet atypisme dans le contexte de la mondialisation.Unique dans sa thématique, l'ouvrage s'éloigne des analyses conventionnelles sur la mondialisation des marchés et les rapports de puissance interétatiques. En plaçant la problématique des services au coeur du nouveau régime de croissance capitaliste, il met en perspective les polémiques sur la sous-traitance et les délocalisations et ouvre la voie à de nouvelles hypothèses sur les liens entre tertiarisation, internationalisation et normalisation.Ont également contribué à cet ouvrage : Pablo Andres Diaz o Christian du Tertre o François-Xavier Dudouet o Tero Erkkilä o Eva Hartmann o Christophe Hauert o Niilo Kauppi o Pascal Petit o Carlos Ramirez o Antoine Vion.
Une inflation massive a touché l'Europe après le choc pétrolier de 1973. Associée à une faible croissance et à la montée du chômage, elle a eu des conséquences majeures tant sur le plan social, en raison de conflits liés à l'indexation prix-salaires, que sur celui de la théorie économique, avec les controverses sur la courbe de Phillips et le monétarisme, et sur celui des politiques publiques, puisque la priorité a été donnée à la lutte contre l'inflation au détriment du plein emploi.
L'ouvrage revient sur ce phénomène dans une perspective historique large qui embrasse les pays d'Europe de l'Ouest, du Nord et de l'Est ainsi que les syndicats, les entreprises et les organisations internationales, en particulier la Communauté européenne et le GATT.
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À partir de Mai 68 et au cours des années 1970, des mouvements militants (d'extrême-gauche, de prisonniers, de féministes, d'homosexuels, d'immigrés, etc.)font émerger une nouvelle pratique critique du droit et des institutions pénales.
Les quinze années qui suivent sont marquées par une politisation des questions pénales et par un éclatement des positions militantes en la matière : faut-il envoyer les patrons en prison ? Lutter contre la répression ou saisir les tribunaux des dommages que l'on subit ? Plaider contre la loi pénale ou pour son application ? Veut-on demander un renforcement des sanctions contre les agressions racistes, sexistes, sexuelles, homophobes, etc. comme signe de reconnaissance de la gravité des préjudices ?
Jean Bérard propose une histoire inédite des relations entre les mouvements contestataires et la justice, et apporte un éclairage sur leur contribution essentielle à l'évolution de la justice et du système pénal contemporains.
"Aujourdhui, tous les pays dAsie de lEst et du SudEst sontcapitalistes, à l'exception de la Corée du Nord. En lespace de vingtans, les relations intrarégionales se sont intensifiées, et le mondeasiatique sest intégré au processus de mondialisation pour en devenirun acteur majeur.Dans cette effervescence des capitalismes asiatiques, la Chinejoue un rôle particulier. Son dynamisme économique, associé à lapuissance de lÉtat, lui permet de disputer la position dominante dontbénéficiaient les ÉtatsUnis dans la région. Grâce à une remarquablecompétitivitécoûts fondée à la fois sur lexploitation des paysansdevenus salariés et sur la compétence technique et organisationnelledes travailleurs protégés, elle diffuse ses exportations dans lensembledes pays voisins au point de leur imposer ses normes industrielles, quandelle nacquiert pas des pans entiers de leur économie.Face au nouvel hégémon chinois, ces pays sont contraints dadapter leursstratégies et leurs institutions, tout en conservant leur propre logiquedémergence. Ainsi se déploient et coexistent des formes nationales etdiverses de capitalismes. Laboratoire des capitalismes contemporainset moteur de la croissance mondiale, lAsie porte en elle les grandestransformations économiques et géopolitiques des décennies à venir."
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La mondialisation, qui suscite de vives polémiques, est source de grandes richesses, mais l'essor des marchés et des mouvements de capitaux se déploie de manière chaotique et injuste, entraînant des polarisations sociales toujours plus fortes à l'intérieur des pays et dans l'ensemble de la société internationale. Les manifestations à Genève, Seattle, Washington et Prague contre l'Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale témoignent d'une crainte grandissante au sein des opinions publiques à l'égard des conséquences sociales et environnementales de la libéralisation des échanges et des flux financiers. Il est vrai que les crises monétaires et financières qui ont frappé l'Amérique latine, l'Asie du Sud-Est et la Russie, et dont les conséquences sociales furent dramatiques, ont manifesté les défaillances de ce régime libéral. La dynamique de la mondialisation n'est au demeurant pas étrangère à l'effondrement de certains États de l'hémisphère sud et à la recrudescence des guerres civiles. La mondialisation doit donc être maîtrisée par le développement de nouveaux mécanismes de régulation sociale impliquant les États et les institutions internationales. Que faire ? Les auteurs de cet ouvrage s'efforcent de répondre à cette question. Leurs perspectives sont diverses, parfois contrastées, fondées sur des convictions doctrinales et des spécialisations académiques différentes : le droit, la sociologie, l'économie et la science politique. Ils sont toutefois attachés à la conception moderne de la citoyenneté, celle qui confère aux individus des droits économiques et sociaux leur permettant d'assumer leur liberté civile et politique. Ils reconnaissent l'importance des principes universalistes des Nations unies, en particulier ceux contenus dans les instruments relatifs à la protection des droits de l'homme et au développement durable.
Le recours simultané aux méthodes classiques de l'histoire ou de la sociologie et à celles, plus neuves de la linguistique ou de l'ethnologie, permet à l'auteur d'analyser les comportements et les mentalités des classes moyennes de la société française entre les deux guerres.
Le recours simultané aux méthodes classiques de l'histoire ou de la sociologie et à celles, plus neuves de la linguistique ou de l'ethnologie, permet à l'auteur d'analyser les comportements et les mentalités des classes moyennes de la société française entre les deux guerres.
Le recours simultané aux méthodes classiques de l'histoire ou de la sociologie et à celles, plus neuves de la linguistique ou de l'ethnologie, permet à l'auteur d'analyser les comportements et les mentalités des classes moyennes de la société française entre les deux guerres.
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