On entend rarement celles à qui ce livre donne la parole. Collégiennes, lycéennes ou jeunes actives, issues de milieux populaires, elles ont grandi et vivent dans la frange rurale de l'Hexagone. Celles qui travaillent ont le plus souvent un emploi au bas de l'échelle.
Yaëlle Amsellem-Mainguy est allée à la rencontre de cette jeunesse a priori « sans problème » et pourtant largement concernée par les grandes évolutions économiques, sociales et politiques du pays. Les « filles du coin » lui ont raconté leur vie quotidienne, leurs relations familiales, leurs amours, les amitiés qui se font et se défont. Elles lui ont décrit leur parcours scolaire, leurs rêves et leurs aspirations, et la question qui se pose à elles dès l'adolescence : partir ou rester ?
Yaëlle Amsellem-Mainguy est sociologue, chargée de recherche à l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP), associée au Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS) et chercheuse associée à l'Institut national d'études démographiques (INED).
Cet ouvrage se propose de dépasser les postures antagonistes sur les questions policières en faisant la synthèse des savoirs produits par les sciences sociales des dernières années. Car la police - qu'elle soit nationale ou locale, militaire et civile, privée et publique - est aussi un domaine de recherche où se croisent nouvelles données empiriques et renouvellements théoriques (analyse du lien entre police et politique, de la confiance dans la police par le public, etc.). Observer les polices permet, en outre, de comprendre les transformations contemporaines de l'État, marquées par la diffusion des normes du nouveau management public et la dénationalisation de l'autorité, et, plus largement, les formes de régulation des sociétés traversées par des conflictualités profondes.
Jacques de Maillard est professeur de science politique à l'Université Versailles St-Quentin-en-Yvelines et directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip).
Wesley G. Skogan est professeur de science politique à la Northwestern University de Chicago et chercheur à l'Institute for Policy Research.
Si, depuis l'après-guerre, la poésie ne quitte guère les marges de l'industrie culturelle, sa vitalité sociale demeure : des oeuvres s'écrivent, et la poésie porte toujours des poètes au panthéon littéraire. En 2014, Philippe Jaccottet entre vivant dans la Pléiade, Roubaud, Bonnefoy et d'autres sont étudiés à l'université et entrent dans les programmes scolaires ; un tiers des prix Nobel de littérature sont poètes, dont Louise Glück tout récemment. Et la poésie, soutenue par les pouvoirs publics, sort des livres, avec les lectures, les performances, la proximité croissante avec les arts plastiques mais aussi l'usage des réseaux sociaux.
Qu'est-ce qu'être poète aujourd'hui?
Sébastien Dubois est sociologue et professeur à NEOMA Business School. Chercheur associé au Centre de sociologie des organisations (CSO) à Sciences Po, il enseigne le management des arts, l'économie et la mondialisation.
Malgré les nombreuses controverses internes et externes auxquelles il a dû faire face depuis sa création en 1988, le GIEC est parvenu à s'imposer comme un modèle d'expertise internationale. Il a réuni des milliers d'individus, dans une des expériences les plus abouties de coopération entre scientifiques et diplomates au niveau international. Loin de la vision originale de ses fondateurs, qui l'avaient imaginé comme une structure informelle au service des décideurs, le GIEC s'est institutionnalisé et propose une forme inédite de diplomatie scientifique multilatérale. Au risque de voir les scientifiques à se questionner sur les implications de leurs conclusions et dans certains, à les adapter aux attentes de leur public?
Cet ouvrage propose la première histoire du GIEC.
Kari De Pryck est chercheuse à l'institut d'études avancées en développement durable (IASS) de Potsdam et chercheuse associée au CERI (Sciences Po).
Préface de François Gemenne.
Dans les squats et les bidonvilles des Bouches-du-Rhône, à la gare Saint-Charles de Marseille comme dans les quartiers populaires, Véronique Le Goaziou a suivi le travail de plusieurs intervenants sociaux, éducateurs comme bénévoles, auprès de publics en situation de très grande précarité. Elle donne ainsi à voir les pratiques ordinaires du travail social.
Sur le terrain, les travailleurs sociaux interviennent auprès des populations ne se dérobent pas. Ils n'attendent pas que les conditions soient réunies pour agir - en vérité elles ne le sont jamais. Ils agissent à partir de leur expérience, des bonnes pratiques et des dispositifs existants, convaincus que toute action, même infime, aura des effets. Au risque de voir leur travail social réduit à un soin palliatif...
Véronique Le Goaziou est sociologue et ethnologue. Elle travaille sur la délinquance, la violence, la pauvreté et les politiques publiques relatives à ces questions. Elle est notamment l'auteur, aux Presses de Sciences Po de Viol. Que fait la justice ? (2019).
Aux arguments juridiques et éthiques pressant les entreprises de lutter contre les discriminations, les milieux d'affaires ont opposé leur propre stratégie de la diversité. Dans les plus grandes entreprises, sa mise en oeuvre est confiée aux managers de la diversité et repose sur l'idée que la valorisation des différences et le traitement équitable de la main-d'oeuvre permettrait d'attirer les talents, de conquérir de nouveaux marchés, d'améliorer l'image de l'entreprise, de stimuler la créativité, etc. Que nous disent ces politiques de la diversité du capitalisme contemporain ?
A Paris ou à New York, Laure Bereni montre que ces conduites gestionnaires marquées du sceau de la vertu témoignent d'une articulation entre morale et marché propre à l'ère néolibérale.
Directrice de recherche au CNRS Laure Bereni est sociologue au centre Maurice Halbwachs (ENS-EHESS-CNRS). Ses travaux portent sur le genre, les mouvements sociaux et l'action anti-discriminatoire (parité politique, promotion de la diversité en entreprise). Elle a codirigé avec Catherine Achin le Dictionnaire genre & science politique (Presses de Sciences Po, 2013).
La guerre d'indépendance algérienne a constitué le théâtre de l'une des politiques de déplacement forcé de civils parmi les plus massives du XXe siècle. De 1955 à 1961, l'armée et l'administration française ont organisé le « regroupement » de plus de deux millions d'Algériennes et d'Algériens dans quelque deux mille camps. Il s'agissait d'abord de priver le FLN de tout soutien logistique et politique, de placer sous surveillance une population suspecte de soutenir les insurgés. Si certains responsables militaires et civils les ont considérés comme l'outil d'une modernisation à marche forcée du bled, la politique de regroupement accéléra surtout la dépaysannisation et la déstructuration d'une société algérienne déjà profondément bouleversée par un siècle et demi de colonisation française.
Fabien Sacriste, docteur en histoire et agrégé d'histoire-géographie, est enseignant dans le secondaire et le supérieur. Il a notamment publié Germaine Tillion, Jacques Berque, Jean Servier et Pierre Bourdieu. Des ethnologues dans la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962), Paris, L'Harmattan, 2011.
Dans notre monde, des algorithmes proposent, selon la règle d'optimalité à l'oeuvre, la paire la mieux ajustée possible, entre des personnes à la recherche de relations amoureuses utilisant des applications de rencontre, ou entre des personnes et des logements HLM, des traitements médicaux, des emplois ou encore des formations via la plateforme Parcoursup. Les enjeux résultant de ces processus d'appariement, de matching sont majeurs : moments de bifurcation qui façonnent les trajectoires individuelles, ils constituent une nouvelle manière d'allouer des ressources et de structurer les inégalités.
Cet ouvrage étudie ces processus sociaux afin d'éclairer leur fonctionnement et de comprendre leurs implications sociales et politiques.
Philippe Steiner est professeur de sociologie à Sorbonne Université.
Melchior Simioni est docteur en sociologie économique.
À l'issue de la première guerre mondiale, l'état de la population civile inquiète pouvoirs publics et philanthropes : les familles de milieux populaires font face à un ensemble de « fléaux sociaux » aggravés par la guerre (pauvreté, prévalence de la tuberculose, chute de la natalité, etc.) et qui risquent d'affaiblir le corps social. Nés d'initiatives privées, les premiers services sociaux apparaissent dans les années 1920 et avec eux un métier : assistante sociale.
Lola Zappi s'est immergée dans les dossiers individuels du Service Social de l'Enfance qui, à Paris, agissait pour le compte du tribunal pour enfants. Partant de ces récits, son ouvrage éclaire sous un jour nouveau la construction de l'État social à l'époque contemporaine.
Post-doctorante à l'université d'Harvard, Lola Zappi est chercheuse associée au Centre d'histoire de Sciences Po. Cet ouvrage est issu d'une recherche déjà doublement primée (prix de thèse d'histoire de la sécurité sociale et prix de thèse en lettres et sciences humaines de la chancellerie de Paris).
Il n'y a pas encore de guerre dont le déclenchement puisse être directement imputable aux conséquences du changement climatique. Mais nous voyons déjà à quel point celui-ci affecte la sécurité personnelle, économique, alimentaire, sanitaire et environnementale.
Les militaires doivent anticiper les impacts du changement climatique sur le paysage stratégique international (migrations, aires géopolitiques les plus impactées). Ils doivent aussi analyser la façon dont leurs grandes missions de défense vont être affectées par la hausse des températures : opérations militaires, sécurité sanitaire, contribution aux politiques publiques d'atténuation, sécurité énergétique, adaptation des équipements et des infrastructures de défense.
Nicolas Regaud est délégué au développement international à l'Institut de recherche stratégique de l'école militaire (IRSEM).
François Gemenne, membre du GIEC est chercheur à l'université de Liège, enseignant à Sciences-Po. Il est coauteur de l'Atlas de l'Anthropocène (Presses de Sciences Po 2e éd. 2021).
Bastien Alex est responsable du programme Climat-Energie au WWF-France.
À en croire les propos du président de la République et de nos diplomates, la politique de défense nucléaire française ne fait pas débat. Le choix est fait : celui d'un monde désormais structuré par la prolifération nucléaire. Ce choix repose sur trois composantes : validité de la politique de dissuasion, absence de risque grâce à un contrôle adéquat de notre arsenal, responsabilité morale et politique sans faille du chef de l'Etat, habilité à déclencher le feu nucléaire. En démocratie, est-il acceptable que ce choix ne soit pas questionné ?Benoît Pelopidas montre la fragilité de ces présupposés et ouvre ainsi le choix des possibles.
Benoît Pelopidas est titulaire de la chaire d'excellence en études de sécurité de Sciences Po (Centre de recherches internationales, CERI) et chercheur affilié au Center for International Security and Cooperation (CISAC) de l'Université Stanford.
Portraits de 6 jeunes dans la crise sanitaire à partir d'entretiens réalisés par Yaëlle Amsellem-Mainguy, Julie Couronné et Laurent Lardeux en 2020 et 2021
« Je suis en colère car on a été abandonnés par les profs, abandonnés par l'État » Louisa, 21 ans, étudiante en DUT carrières sociales « Si tu ne travailles pas, t'as pas d'argent c'est le problème quand t'es vacataire » Djénéba, 22 ans, étudiante et vacataire à l'APHP en ménage « Quand ils nous ont confinés, ils ont empêché toutes les possibilités de manifester d'exister » Yanis, 17 ans, lycéen à Paris, membre de Youth for climate « On ne peut pas déconnecter la crise actuelle de ce qui se passe sur la planète » Flora, 21 ans, militante à Alternatiba « Maintenant c'est le flou complet » Coline, 26 ans, secrétaire administrative dans la fonction publique « C'est pas la peine en fait de continuer en restauration » Gautier, intérimaire dans la logistique en Ile-de-France, 19 ans
Yaëlle Amsellem-Mainguy, chargée de recherche INJEP, associée CERLIS-INED, est notamment l'auteure des Filles du coin. Laurent Lardeux est chargé d'études et de recherche à l'INJEP et chercheur associé au laboratoire CNRS Triangle de Lyon. Julie Couronné est chargée d'études et de recherche à l'INJEP.
Tom Chevalier, Joanie Cayouette-Remblière, Benoît Coquard, Adrien Delespierre, Anne Gosselin, Élie Guéraut, Marion Maudet, Patrick Peretti-Watel, Camille Peugny et Arthur Vuattoux
Traduction d'un ouvrage paru en 2018 chez Harvard University Press, le livre de Herrick Chapman propose une relecture de la reconstruction française après 1944. Il raconte ce qu'il appelle la « longue reconstruction », pendant laquelle les élites gouvernementales, les partis, les groupes de pression et les mouvements de citoyens de base n'ont pas su réduire la tension entre démocratie et « technocratie » au fil d'une période dont il montre qu'elle s'étend jusqu'à 1962. Seul pays d'Europe à réaliser sa reconstruction tout en menant deux grandes guerres coloniales, en Indochine puis en Algérie, la France affronta des défis spécifiques pour financer sa reconstruction, proclamer une nouvelle ère de paix et démêler sa "modernisation" du processus de décolonisation.
Herrick Chapman est un historien américain spécialiste de l'histoire française et professeur à l'Université de New-York.
Toutes les femmes sont citoyennes, quelques femmes sont artistes. La citoyenne et l'artiste sont-elles les semblables des hommes ? Oui. Tout autant concernées par la politique et par l'art ? Oui.
Au commencement de l'ère démocratique, initiée par la Révolution française, ces affirmations furent pourtant sources de débats et de polémiques : aux femmes la famille plutôt que la cité, la muse plutôt que le génie, arguaient bien des hommes qui n'étaient pas tous réactionnaires. Deux cents ans après, nous en discutons encore.
L'ouvrage revient sur les conséquences de ce moment fondateur. Il rend compte du travail sans fin de la démonstration de l'égalité, dans une « démocratie exclusive » où chacun - donc chacune - peut théoriquement se voir individu, sujet, citoyen, créateur, un, une parmi tous et toutes.
De Poulain de la Barre, philosophe du XVIIe siècle, à Jacques Rancière, penseur contemporain, avec Virginia Woolf comme avec Simone de Beauvoir, les textes réunis ici montrent à quel point ces questions demeurent essentielles pour la modernité : celle de la jouissance revendiquée, celle de la stratégie subversive, celle de la mesure de l'émancipation des femmes, celle du féminisme comme dérèglement de la tradition occidentale.
Début 2008, les prix agricoles mondiaux s'envolent. Des « émeutes de la faim » éclatent dans soixante pays à travers le monde. Paradoxalement, la production agricole mondiale est alors particulièrement élevée. Le défaut d'anticipation des gouvernements nationaux comme des organisations internationales se fait jour : la sécurité alimentaire ne peut plus être envisagée uniquement comme un problème agricole et de développement. De plus, la traditionnelle vision productiviste de la lutte contre la faim se confronte aux enjeux sanitaires et environnementaux. Pour nourrir neuf milliards de personnes en 2050, le meilleur levier ne serait-il pas de mieux répartir ?
Cet ouvrage dresse un panorama éclairant de la nouvelle gouvernance de la faim.
Antoine Bernard de Raymond est sociologue, chargé de rechercher INRA.
Maîtresse de conférences en sociologie, Delphine Thivet est directrice adjointe du Centre Émile Durkheim.
avec les contributions de : Arlène Alpha, Pierre-Marie Aubert, Nicolas Bricas, Matthieu Brun, Vincent Cardon, Priscilla Claeys, François Collart Dutilleul, Jessica Duncan, Eve Fouilleux, Nadia Lambek, Florence Pinton, Yannick Sencébé, Sina Schlimmer, Gilles Tétart.
« Chacun comprend aisément qu'une croissance infinie dans un monde fi ni est impossible, tout en agissant comme si cela n'était pas vrai. Nous sommes collectivement affligés d'une dissonance cognitive : pour assurer notre confort psychique, nous renonçons à considérer la vérité qui nous embarrasse en espérant que, finalement - mais sans trop savoir comment - tout finira par s'arranger... » En réalité nous savons comment sortir de l'impasse. Pour nous guérir de notre addiction à la croissance, nous devons restaurer la notion de biens communs, réhabiliter la réciprocité, en fi nir avec l'endettement, renouer le dialogue avec la nature.
Après l'ouverture du mariage aux couples homosexuels en France, les mouvements réactionnaires ont orchestré une vaste campagne contre la « théorie du genre », dangereuse propagande venuetout droit des campus américains.Bruno Perreau démontre que cette campagne s'attaque en réalité à la théorie queer, précisément parce que celle-ci est largement inspirée de penseurs français tels que Foucault, Beauvoir et Derrida. Il propose une enquête sur les liens entre identité, communauté et nation en France : si la théorie queer dérange autant, c'est parce qu'elle soutient l'idée que le sentiment d'appartenance ne naît pas d'un socle de valeurs et de références communes mais, au contraire, de la capacité à en contester le bien-fondé.Qui a peur de la théorie queer ? présente les nombreuses facettes de la réponse à la théorie queer en France, de la Manif pour tous au militantisme lesbien, gay, bi et trans, en passant par les séminaires de recherche, l'émergence de nouveaux médias, les politiques de traduction ou encore les débats autour du nationalisme etde l'intersectionnalité.Contre l'idée de « tyrannie des minorités », Bruno Perreau propose une théorie critique de la représentation, plus attentive et plus hospitalière.
Face à la critique du système représentatif, la démocratie délibérative est de plus en plus fréquemment invoquée. Cet ouvrage revient, grâce aux contributions d'une quinzaine de spécialistes français et internationaux, sur les manières multiples de penser la démocratie délibérative mais aussi ses limites.
Loïc Blondiaux est professeur de science politique à l'Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP, EHESS-Paris-1-CNRS).
Bernard Manin est philosophe, directeur d'études à l'EHESS et professeur de science politique à New York University.
Des attentats islamistes que notre pays subit depuis 2012 aux manifestations à dimension émeutière actuelles, nous sommes saturés d'images de violence. La France du XXIe siècle semble s'éloigner de la « civilisation des moeurs » amorcées au XVIe siècle avec la construction de l'État selon la thèse classique de Norbert Élias. La violence politique fait couler beaucoup d'encre, mais sa matérialité est rarement étudiée. C'est ce que propose cet ouvrage, qui effectue un recensement inédit des actes de violence politique en France de 1986 à aujourd'hui. Ce regard à la fois froidement statistique et historique permet d'objectiver la réalité de faits qui font souvent la une d'une actualité anxiogène. S'en dégagent plusieurs évolutions remarquables tranchant avec les représentations communes.
Isabelle Sommier, professeure de sociologie politique à l'Université Paris-1-Panthéon-Sorbonne et chercheure au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP) dirige cet ouvrage en collaboration avec Xavier Crettier, professeur de science politique à Sciences Po Saint-Germain et François Audigier est professeur en histoire contemporaine à l'Université de Lorraine.
« Chercheur embarqué », Frédéric Mérand a pu faire une immersion au sein du cabinet du commissaire européen Moscovici entre l'été 2015 et l'automne 2019. Passant deux mois par an au Berlaymont , il a suivi l'évolution de chaque dossier (crise du Grexit, surveillance budgétaire, taxe sur les GAFA, etc.) presque en temps réel. De la cantine aux rencontres internationales, il a observé le commissaire et son cabinet. Il a recueilli au quotidien, leurs stratégies et leurs espoirs mais aussi leurs étonnements, leurs craintes et leurs déceptions. L'objectif, scientifique, n'était pas de savoir si la politique menée fut bonne ou mauvaise, mais de comprendre et de raconter comment elle s'est faite dans les pratiques.
Un voyage unique dans les arcanes de la politique européenne.
Professeur de science politique à l'Université de Montréal, Frédéric Mérand y dirige le Centre d'études et de recherches internationales (CÉRIUM).
« La victime [est] la grande oubliée du procès pénal. Quiconque assiste à un procès d'assises pour viol s'en rend rapidement compte. »Malgré la sévérité des textes et l'unanime réprobation sociétale, très peu d'affaires de viol sont portées devant l'institution judiciaire, la plupart sont classées, certaines sont requalifiées en simples agressions sexuelles et les rares condamnations semblent plus satisfaire l'opinion publique que les victimes elles-mêmes.Véronique Le Goaziou montre toutes les contradictions qu'il peut y avoir à défendre une cause collective et politique devant une instance qui ne traite que des affaires individuelles. Elle revient en détail sur ce qui motive les décisions des magistrats aux prises avec les délicates questions touchant à la violence, au désir et à la sexualité, et décrit le parcours des victimes tout au long d'un processus judiciaire parfois vécu comme un second viol.Face au traitement strictement pénal des violences sexuelles, qui privilégie la recherche de la faute et la sanction du coupable, ne serait-il pas temps d'écouter les victimes ? De leur demander ce qu'elles attendent de la justice comme de la société ? De trouver d'autres voies pour leur permettre de se reconstruire ?
Conseils de « psys » adressés aux managers et aux dirigeants, formations au « management bienveillant », chief happiness officers, offres de méditation pour conjurer le stress au travail, toute une panoplie de discours et de pratiques se sont multipliées ces dernières années pour promouvoir le développement personnel et le bien-être au travail, dans la perspective de la performance de l'entreprise. Une nouvelle figure et une nouvelle activité professionnelle emblématique de cette orientation se sont installées dans le monde de l'entreprise depuis plus d'une vingtaine d'années en France : les coachs et le coaching. À travers elles, sont promues une optimisation de soi et une hygiène psychique au travail en phase avec les mutations contemporaines du capitalisme.
Sociologue, Scarlett Salman est maîtresse de conférence à l'université Paris est-Marne-la-vallée.
L'Anthropocène a fait une entrée tonitruante dans la pensée contemporaine. Pour la première fois dans l'histoire de la planète, une époque géologique serait défi nie par l'action d'une espèce : l'espèce humaine. Mais que l'on isole l'humanité en tant qu'acteur unique ou que l'on pointe le rôle récent de la révolution industrielle, c'est toujours une vision occidentale que l'on adopte pour décrire le basculement annoncé, au risque de tenir à l'écart le reste du monde, humain et non humain.
Issu d'un colloque organisé par Philippe Descola et Catherine Larrère au Collège de France, à l'initiative de la Fondation de l'écologie politique, cet ouvrage réunit les contributions de chercheurs d'horizons multiples sur un sujet qui par défi nition traverse toutes les disciplines. Sans négliger les controverses entre géologues, il prend le parti de la pluralité des récits anthropocéniques, en privilégiant le point de vue des peuples sur un changement qu'ils subissent et que l'on nomme à leur place, et en tenant compte de la dimension sociale, genrée et inégalitaire de la question climatique.
Ouvrant la réflexion à d'autres manières d'habiter la terre, aussi improbables paraissent-elles, il montre que l'avenir n'est pas que le prolongement linéaire du présent.
Si la violence conjugale est aujourd'hui reconnue comme une question de société légitime, il n'en a pas toujours été ainsi. C'est grâce aux mobilisations féministes des années 1970, qui définissent alors la violence dans le couple comme une violence faite aux femmes - produit des rapports de domination entre les hommes et les femmes -, que ce phénomène est sorti de la dénégation sociale dans laquelle il était tenu. Comment une cause féministe devient-elle un problème public dont s'emparent les associations, les institutions internationales et l'État ?À travers la question des violences conjugales et en comparant des cas français et américain, à Paris et à Los Angeles, Pauline Delage analyse avec acuité quelles sont, de part et d'autre de l'Atlantique, les formes légitimes de l'intervention publique dans le domaine de l'intime et des inégalités sexuées.