Si, depuis l'après-guerre, la poésie ne quitte guère les marges de l'industrie culturelle, sa vitalité sociale demeure : des oeuvres s'écrivent, et la poésie porte toujours des poètes au panthéon littéraire. En 2014, Philippe Jaccottet entre vivant dans la Pléiade, Roubaud, Bonnefoy et d'autres sont étudiés à l'université et entrent dans les programmes scolaires ; un tiers des prix Nobel de littérature sont poètes, dont Louise Glück tout récemment. Et la poésie, soutenue par les pouvoirs publics, sort des livres, avec les lectures, les performances, la proximité croissante avec les arts plastiques mais aussi l'usage des réseaux sociaux.
Qu'est-ce qu'être poète aujourd'hui?
Sébastien Dubois est sociologue et professeur à NEOMA Business School. Chercheur associé au Centre de sociologie des organisations (CSO) à Sciences Po, il enseigne le management des arts, l'économie et la mondialisation.
L'entrée du numérique dans nos sociétés est souvent comparée aux grandes ruptures technologiques des révolutions industrielles.En réalité, c'est avec l'invention de l'imprimerie que la comparaison s'impose, car la révolution digitale est avant tout d'ordre cognitif. Elle est venue insérer des connaissances et des informations dans tous les aspects de nos vies. Jusqu'aux machines, qu'elle est en train de rendre intelligentes.Si nous fabriquons le numérique, il nous fabrique aussi. Voilà pourquoi il est indispensable que nous nous forgions une culture numérique.
Sociologue, Dominique Cardon est directeur du Médialab de Sciences Po. Il y a créé le cours « Coder/Décoder » qui est à l'origine de cet ouvrage. Il est notamment l'auteur de À quoi rêvent les algorithmes (Seuil, 2015).
Comment comprendre que certains problèmes comme la pollution des sols ou l'apparition de cancers professionnels restent durablement invisibles ? Pourquoi les décideurs publics ne les prennent-ils pas en charge avant qu'un énorme scandale ne rende incontournable d'y apporter des réponses politiques ?
Le sociologue Emmanuel Henry, s'appuyant sur plusieurs affaires, montre que les lobbyistes de l'industrie déploient de véritables stratégies pour extraire du débat public les sujets qui seraient les plus préjudiciables à leur activité. Il s'agit de produire de façon consciente et systématique de l'ignorance.
Emmanuel Henry est professeur à l'Université Paris-Dauphine, chercheur à l'IRISSO.
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Fondée en 1989 sur un modèle américain, l'association Act Up Paris a choisi de faire du sida un enjeu de lutte politique en même temps que l'objet d'une mobilisation homosexuelle. Malgré de nombreuses réactions sceptiques ou hostiles, jugeant cette importation inopportune dans le contexte français, Act Up va progressivement se révéler un acteur central tant du mouvement associatif de lutte contre le sida que du mouvement gay et lesbien, pour devenir l'un des groupes contestataires les plus remarqués en France des années 1990.
À partir de nombreux témoignages et d'un travail de terrain ethnographique inédit, cet ouvrage rend compte des conditions et des conséquences de ce succès, en retraçant l'histoire d'Act Up. Il éclaire l'engagement spécifique de l'association, seule en France à se réclamer d'un « point de vue homosexuel » sur le sida.
L'auteur révèle la logique des « actions publiques » d'Act Up, de la violence qui leur est souvent imputée, du lien intime qui les unit à la question de la mort. Il analyse les changements induits par l'apparition de nouveaux traitements de l'infection au VIH.
Il montre aussi que les positions controversées adoptées par l'association sur les comportements sexuels des gays traduisent les tensions générées par la normalisation en cours de l'homosexualité et sa contestation.
Les émotions sont au coeur de la mobilisation collective : compassion pour les victimes, colère à l'égard des tyrans, admiration des héros, enthousiasme d'agir ensemble, etc. L'objectif est ici d'analyser ces « phénomènes » qui permettent aux militants de sensibiliser le public à leur cause.
Modes d'action des intermittents du spectacle ou d'Emmaüs, exaspération des victimes du sida, enthousiasme pour le Téléthon, dénonciation de la double peine, protestation contre la corrida, enrôlement des mères de famille en faveur du parti communiste ou encore attachement du public à la défense du patrimoine historique, la diversité des causes et des registres d'émotion ne manque pas.
Mais qu'est-ce qui fait courir les militants et les motive ainsi à payer de leur temps et de leur argent ? Que doit leur engagement à leur histoire ? Comment les convictions les plus profondes et les calculs stratégiques se mêlent, se complètent ou s'opposent ? Que nous apprennent les cas italiens, marocains ou argentins sur le poids des contextes historiques et nationaux ?
L'attention accordée aux émotions éclaire d'un jour nouveau les questions classiques de l'étude des mobilisations collectives.
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Réponse française à la question politique de la légalisation du couple de même sexe, le pacte civil de solidarité (PACS) est un texte juridique ambivalent s'inspirant de l'institution matrimoniale sur certains points et empruntant à l'esprit de l'union libre sur d'autres.Symbole de la reconnaissance du couple de même sexe, maintenu à l'écart du mariage, le PACS s'est progressivement inséré dans la société française pour se banaliser au point d'être aujourd'hui, dix ans après son adoption, utilisé massivement par les couples de sexe différent. On comptait environ un PACS pour deux mariages en 2008.À partir d'une enquête par entretiens, l'auteur va au-delà des interprétations théoriques de la loi pour s'intéresser à la mise en oeuvre concrète du PACS et à ses usages au travers de trois aspects : les motivations associées au choix du pacte, son enregistrement au tribunal d'instance, et les modes de célébrations (cérémonies, fêtes collectives ou encore mises en scène privatisées) qui y sont associés.Au carrefour d'une sociologie du droit et des institutions et d'une sociologie de la vie privée, ce livre permet de saisir la multiplicité des appropriations du dispositif, et de dépasser les figures simplistes évoquées au moment de sa discussion en 1999.
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Qui manifeste en France, pourquoi et sous quelles bannières ? Quelle est la place du recours à la rue parmi les formes classiques de la participation politique ? Quel sens donner à la violence qui, parfois, accompagne la protestation ? Par quels moyens le pouvoir politique et les forces de police essaient-ils de concilier le droit de manifester avec le maintien de l'ordre public ?
Autant de questions auxquelles ce livre cherche à répondre.
À partir d'une enquête par entretiens semi-directifs, ce classique sur le sujet présente une analyse des comportements identitaires de la population musulmane en France, en lien avec l'islam. Des rappels historiques, des comparaisons avec d'autres groupes sociaux dans leur maniement du religieux et du politique sont présentés avec le souci de laisser la parole aux acteurs sociaux dans l'interprétation de leur situation.
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