Sortir du capitalisme, certes, mais pour aller où? À quoi pourrait bien ressembler une économie postcapitaliste?
Devant l'ampleur de la crise écologique et l'absence de solutions conséquentes de la part de la classe politique, il devient urgent de répondre à ces questions, que la gauche évite depuis trop longtemps. Selon les tenants du capitalisme, seules deux options semblent s'offrir à nous: le statu quo ou les goulags soviétiques. La victoire du capitalisme serait donc définitive, et envisager une société sans exploitation serait une lubie réservée aux adeptes de science-fiction, aux révolutionnaires nostalgiques et aux jeunes idéalistes.
Prenant ces désolants lieux communs à contre-pied, Construire l'économie postcapitaliste présente dans le détail des modèles concrets pour réorganiser en profondeur notre système économique et politique. Ce livre offre au lectorat francophone une synthèse des réflexions des trente dernières années sur la planification démocratique de l'économie. Il permet de penser l'activité de nos sociétés au-delà du capitalisme, dans un esprit de justice sociale dont elles ont plus que jamais besoin.
C'est l'inquiétude face aux changements climatiques qui a incité Matt Hern, Am Johal et le bédéiste de réputation internationale Joe Sacco à entreprendre un road trip partant de la très progressiste et écologique Vancouver pour se rendre au coeur des champs de sables bitumineux du nord-ouest du Canada. Leur projet ? Aller à la rencontre des gens qui vivent de l'extraction de la ressource naturelle réputée la plus polluante de la planète et des hommes et femmes qui sont aux premières loges du désastre écologique qu'elle provoque.
Mêlant le carnet de voyage, l'analyse politique et la théorie écologiste, Réchauffement planétaire et douceur de vivre dévoile avec finesse les impacts des changements climatiques sur les diverses communautés qui peuplent un territoire colonisé par l'industrie. Au fil de ce périple, il apparaît manifeste que toute écologie doit partir d'un processus de décolonisation, et chercher une nouvelle façon d'être dans le monde, quelque chose comme ce que Kojève appelait la « douceur de vivre ».
Dans un contexte où s'enchaînent toujours plus brutalement les crises économiques majeures, provoquées par les formes financiarisées de la valeur-capital, François Morin livre un plaidoyer pour un remaniement du système économique mondial.
Il s'agit, pour passer de la valeur-capital à une valeur-travail affranchie, d'entamer une réelle démarche d'économie politique, d'adapter aux réalités du XXIe siècle une théorie économique critique qui a fait la grandeur des penseurs du capitalisme moderne, de Marx à Keynes en passant par les institutionnalistes contemporains.
Les défis intellectuels, politiques et moraux d'aujourd'hui sont immenses. Pour y faire face, ce livre propose d'explorer les gestes de refondation économique et politique que citoyens et responsables politiques devraient être appelés à poser : transformer le travail, repenser la monnaie, la notion de patrimoine, la grande entreprise et la démocratie.
Édité pour la première fois en 1932 sous la direction de Jay K. Ditchy, Les Acadiens louisianais et leur parler, outre son célèbre glossaire, comprend une brève histoire de la déportation des Acadiens et un aperçu du folklore louisianais. Ce livre constitue un document indispensable pour quiconque s'intéresse à la culture acadienne et à l'histoire de la langue française.
Publiés en 1703, les Mémoires de l'Amérique septentrionale de Lahontan s'inscrivent dans la tradition de l'histoire morale et naturelle, genre qui veut représenter la géographie, l'histoire, la flore et la faune en même temps que les moeurs et coutumes d'une large région. Ils constituent aussi une critique très vive des orthodoxies européennes de l'époque dans les domaines religieux, philosophique, ethnographique, politique et social. Lahontan redonne vie non pas au Bon Sauvage, mais au Sauvage « éclairé », au Sauvage philosophe dont la connaissance du monde amérindien lui permet de mieux critiquer la civilisation occidentale.
« La meilleure façon de mettre en lumière les limites des doctrines dominantes, c'est de connaître la tradition canonique et le contexte historique qui les ont vu naître. » Suivant ce précepte, Liberté et propriété retrace l'histoire sociale de la pensée politique de la modernité. Sondant les grands moments politiques de cette période (la cité-État de la Renaissance, la Réforme, les empires espagnols et néerlandais, l'absolutisme français et la Révolution anglaise), Ellen Meiksins Wood pense ensemble la naissance de l'État moderne et la formation du capitalisme.
Cet ouvrage fait suite à Des citoyens aux seigneurs, qui couvrait la période allant de l'Antiquité à la fin du Moyen Âge. La grande thèse qui sous-tend cette imposante recherche peut être résumée ainsi : la pensée politique est intrinsèquement liée à l'évolution historique de la relation conflictuelle entre État et propriété privée, et c'est dans cette tension que les sociétés modernes ont accouché d'idées riches et équivoques encore vivantes de nos jours : les droits de la personne, la liberté, l'égalité et la propriété
Alors que les soulèvements armés et les attentats continuent de survenir un peu partout dans le monde, il importe de s'interroger sur la légitimité de la violence comme forme d'intervention publique, qu'elle soit l'oeuvre des groupes militants ou celle des forces étatiques.
Dans le but de préciser les enjeux fondamentaux liés à ce phénomène, cet ouvrage revient sur les décennies agitées de 1960-1970 qui, plus que toute autre période récente, permettent d'en comprendre les ressorts.
« Peut-être ne le savez-vous pas, mais les anarchistes sont très actifs au Québec », soutenait un chroniqueur du Journal de Montréal, au cours de la grande grève étudiante de 2012. Au-delà d'un phénomène spectaculaire associé au chaos, quelle est la véritable nature des activités de la nébuleuse anarchiste ? Et surtout, qui de mieux que des anarchistes pour l'expliquer ? Nous sommes ingouvernables constitue une réponse à plusieurs voix par des anarchistes qui militent dans divers réseaux. Cette mosaïque forme un portrait ouvert de ce qui fait le coeur et le corps du mouvement anarchiste aujourd'hui au Québec.
À qui profitent les ressources du Québec ? Qui contrôle nos forêts, nos mines et les produits de nos terres agricoles ? Qui choisit la voie qu'empruntera notre développement hydro-électrique ? Qui décide du sort de nos réserves d'eau potable ? Si, depuis la Révolution tranquille, nous sommes vraiment «maîtres chez nous», d'où vient ce sentiment que nos ressources sont encore pillées?
Dépossession répond à ces questions persistantes, attaquant l'idée - chère à l'imaginaire québécois - selon laquelle le projet de souveraineté économique des années 1960-1970 est accompli. L'histoire ici retracée est celle d'une perversion, d'une corruption au sens propre du terme. Est-il en effet possible que la Révolution tranquille ait contenu en germes le néolibéralisme que l'on connaît aujourd'hui ?
Parcourant l'histoire de l'agriculture, de la forêt, des mines, de l'énergie et de l'eau, cet ouvrage met à nu les racines du malaise profond qui perdure depuis plus de quarante ans lorsqu'il est question de nos ressources naturelles. Il sera suivi d'un deuxième tome sur les services publics.
Entre 1936 et 1939, près de 1 700 Canadiens ont défié la politique étrangère de leur gouvernement et se sont engagés comme volontaires dans la guerre civile espagnole. S'appuyant sur des archives de l'Internationale communiste rendues publiques récemment et sur les témoignages de vétérans qu'il a interviewés, Michael Petrou raconte l'histoire de ces hommes.
« Notre époque est accablée par la dictature de l'actionnariat. Il est convenu d'avance qu'il faut se résigner devant les frontières fixées par ceux qui imposent une réalité dogmatique établie à leur seul profit. Cette béatitude entretenue par les chants des sirènes de la consommation se voit présentée comme une précieuse bénédiction. Tout s'est évidé de perspectives humanistes, mais nous sourions. Il ne reste plus guère de nous qu'un sourire suspendu dans l'air du temps, comme celui du chat du Cheshire dans Alice au pays des merveilles, cet animal étrange qui continue de montrer le sien une fois que tout de lui a pourtant disparu. Bien des possibles révoqués demandent aujourd'hui à être totalement réinventés. C'est l'idée qui sous-tend la plupart des textes rassemblés ici. »
Cette anthologie rassemble des textes représentatifs de l'engagement de la revue dans son époque, depuis sa fondation en 1941. Regroupés autour des grands enjeux qui ont marqué chacune des périodes de l'histoire du Québec depuis la Seconde Guerre mondiale, chacun de ces textes raconte une histoire, celle des luttes sociales, des débats et des espérances qui ont animé le Québec depuis plus de 75 ans. On pourra y lire, pour ne nommer qu'eux, Fernand Dumont, Paul Arès, Gregory Baum, Renée Dupuis, Nicole Laurin, Bernard Émond.
Arthur Buies (1840-1901), pamphlétaire redouté, chroniqueur adulé, voyageur invétéré, «rouge» impénitent et ami intime du curé Labelle, habite toujours la mémoire des téléspectateurs des Belles histoires des pays d'en haut, bien que Claude-Henri Grignon ait tenté de lui faire une triste réputation.
Son histoire et sa vie se révèlent dans cette réédition de près de 270 lettres - presque toutes inédites - qui, au fil des années, dévoilent non seulement les rouages cachés du pouvoir intellectuel, mais la richesse intérieure et le talent d'un des écrivains québécois les plus attachants du XIXe siècle.
« Seuls les entrepreneurs peuvent devenir riches. Devenez entrepreneur. C'est le meilleur investissement que vous pouvez faire, car il implique d'investir dans vous-même, tandis que travailler pour un salaire équivaut, cela s'entend, à enrichir autrui. Les termes de l'alternative sont clairs : donner ou prendre (partager étant exclu de la discussion). Ainsi pourrait se conclure le manifeste du parvenu : ce qui n'est pas pris est perdu. »
Avec cet essai, qui tient à la fois de la satire et de l'analyse, la sociologue Julia Posca passe au crible le discours décomplexé de l'élite québécoise au pouvoir, qui rêve d'un Québec peuplé principalement de rentiers et de patrons. Une utopie pécuniaire sondée dans toute son absurdité, mais surtout dans ses nombreuses contradictions.
Le manifeste des parvenus est une oeuvre-choc et décapante. C'est la voix de nos maîtres, telle que vous ne l'avez jamais entendue ! Et il importe d'y porter une attention critique, car, dans l'Amérique où le triomphe de l'argent repousse les frontières de la vulgarité, l'heure des parvenus a sonné.
Après avoir écrit sur le système de santé, la mort et sur la médecine elle-même, le docteur Alain Vadeboncoeur a eu envie de relaxer un peu et de partager les moments étranges et cocasses qui ponctuent sa vie à l'urgence.
Avec la sensibilité qu'on lui connaît, il raconte les petits travers des gens du métier (et les siens !), les rencontres loufoques, les contrastes étonnants entre certains drames et leurs répercussions insolites... et même comment son préfacier, le comédien et réalisateur Simon Olivier Fecteau, a un jour tenté de le tuer. En poursuivant son exploration du milieu de la médecine, Alain Vadeboncoeur nous dévoile le côté givré que les professionnels de la santé ont parfois un peu de difficulté à révéler en public.
Les brutes et la punaise dissèque le phénomène des radios de confrontation, connues sous le quolibet de « radios-poubelles », et dont la plupart se trouvent à Québec. Dominique Payette y analyse la frontière ténue qui sépare journalisme d'opinion et manipulation politique, et livre ce salutaire rappel : si les médias ont le droit de prendre position, voire de soutenir des idées politiques, il est de leur devoir de le faire dans le respect des faits et, surtout, en laissant à leur public la liberté de ne pas être d'accord avec eux.
Il faut lire ce texte comme une réflexion inquiète sur la disparition des conditions nécessaires à un débat civilisé et rigoureux dans notre société. Comment invoquer la liberté d'expression pour justifier la prolifération de propos qui, de l'avis de plusieurs, empoisonnent l'atmosphère de la Cité ? Peut-être le temps est-il venu d'affronter les effets délétères du commerce des injures et de la haine.
Certains débats reviennent dans l'actualité québécoise avec une régularité déconcertante, comme si nous étions condamnés à les revivre éternellement. Faut-il privatiser la Société des alcools ? Quel peut bien être le rôle de l'État dans la gestion des jeux de hasard ? Et pourquoi le gouvernement aurait-il le monopole de la vente de cannabis ? Avec Du vin et des jeux, Simon Tremblay-Pepin et Bertrand Schepper-Valiquette proposent de reconstituer l'histoire de ces sociétés d'État afin de comprendre leur mission et de cerner les problèmes qui ont mené à la crise de légitimité qu'elles traversent depuis leur création. Cette étude nous plonge au coeur de l'histoire économique et sociale du Québec, du duplessisme à nos jours, et offre une lecture sans complaisance de la Révolution tranquille.
Le chocolat noir est-il un aliment miracle ? Les superaliments existent-ils ? Faut-il courir des marathons pour être en forme ? Les saucissons menacent-ils votre existence ? Les vaccins affaiblissent-ils votre système immunitaire ? Le dépistage des cancers allonge-t-il votre vie ? La médecine peut-elle vous aider à vous remettre d'une cuite ? Peut-on faire confiance aux études médicales ? Comprenez-vous toujours les explications de votre docteur ? Faut-il acheter la détox du docteur Vadeboncoeur ? Tant de questions !
Nous voulons tous vivre longtemps et en santé. Chaque jour, des experts, réels ou autoproclamés, nous prescrivent une nouvelle recette pour y parvenir. Mais comment les croire alors que leurs recommandations ne cessent de changer ? Surtout quand ces conseils s'appuient sur des études incompréhensibles pour la plupart d'entre nous, quand elles ne reposent pas sur du vent. Pourtant, la santé est l'affaire de tous et chacun devrait pouvoir faire des choix éclairés en ce domaine. C'est dans ce but que le docteur Vadeboncoeur a écrit ce livre.
Dans un style clair et humoristique, Alain Vadeboncoeur nous raconte l'histoire de la médecine et nous explique les fondements de sa rigueur scientifique, tout en montrant ses limites. Il nous offre ainsi des clés pour mieux comprendre les études qui nous dictent comment vivre, tout en élucidant les questions médicales qui nous tourmentent. Il nous enjoint avant tout à penser par soi-même, une tâche cruciale pour quiconque souhaite (sur)vivre en santé.
L'État québécois sert-il vraiment le bien commun ? Les institutions publiques héritées de la Révolution tranquille permettent-elles une réelle prise en charge démocratique de notre destin collectif ? Si nous sommes vraiment « maîtres chez nous », pourquoi nos institutions sont-elles contrôlées par une élite de technocrates et de personnes issues du monde des affaires ?
Le second tome de Dépossession conteste l'idée selon laquelle le projet de libération nationale des années 1960-1970 aurait porté ses fruits et démontre que la configuration néolibérale de nos institutions publiques remonte aux origines de celles-ci. En retraçant l'histoire des services de santé et des services sociaux, des écoles, des universités, de la fiscalité et des régimes de retraite, ce livre révèle les fondements de la crise qui met à mal la légitimité de notre système public.
Monsieur Legault, au printemps 2019, vous avez prévenu les journalistes : il ne faut pas s'attendre à ce que vous vous transformiez en « bonhomme vert » ! Je présume que c'était votre manière - on reconnaît la légèreté comique avec laquelle vous traitez de ces questions - de nous avertir que votre conversion à l'écologisme resterait sagement à l'intérieur des limites de votre conservatisme économique. Je trouve cette attitude franchement naïve.
Vous espérez une lutte aux changements climatiques qui ne change rien à la société. Vous tenez le pari, sans cesse contrarié par les faits, qu'il serait possible de mener ce combat sans bousculer vos certitudes. Ce coup de dés vous permet d'affirmer que le projet GNL Québec ou le troisième lien ne sont pas incompatibles avec vos nouvelles convictions écologistes. Vous appelez cela être pragmatique.
Tout en vous concourt ainsi à vous rendre aveugle à la possibilité, plus que réelle, que de succès économique en succès économique, nous puissions aller au-devant d'un désastre. Sachez, monsieur Legault, que la mécanique d'une catastrophe peut être très efficace, et que l'accomplissement d'une folie requiert du fou beaucoup de pragmatisme.
J'aurai environ votre âge, en 2050, lorsque l'humanité saura si elle a échappé à la catastrophe. J'aimerais pouvoir regarder les jeunes dans les yeux et voir dans leur regard que les gestes que nous avons posés, vous et moi, ne nous ont pas déshonorés.
« Au tournant des années 1960, tous s'accordaient pour dire que le Québec venait au monde et cela suscitait l'enthousiasme de la population. De nos jours, on chercherait en vain de telles espérances. L'époque est au ressentiment et à la résignation, car on ne désire pas l'État néolibéral. On le subit comme une fatalité. Tout bilan des quinze années de pouvoir du Parti libéral du Québec doit prendre acte de ce fait et l'expliquer : le Québec d'après 2003 ne sait plus, collectivement, ce qu'il veut. »
Depuis son accession au pouvoir, le PLQ a transformé le Québec en profondeur, si bien qu'aujourd'hui, la quasi-totalité des partis emboîtent le pas et acceptent l'héritage laissé par ceux qu'ils aspirent à remplacer. On critique certes les politiques libérales dans leurs menus détails, mais ce n'est souvent que pour mieux en honorer l'esprit. Il va sans dire que ce legs marquera durablement la société québécoise. Mais celle-ci se porte-t-elle mieux aujourd'hui qu'en 2003 ? Est-ce possible d'accepter la philosophie des réformes libérales sans pâtir de ses conséquences ? Ne devrait-on pas plutôt renoncer à cet héritage ?
Pour répondre à ces questions, Guillaume Hébert et Julia Posca rappellent à notre mémoire les grandes figures du règne libéral (Jean Charest, Monique Jérôme-Forget, Raymond Bachand, Nathalie Normandeau, Tony Tomassi, Philippe Couillard, etc.) et peignent un tableau réaliste de la révolution (néo)libérale qu'a connue le Québec.
Cet essai a été écrit par Julia Posca et Guillaume Hébert pour l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS).
« J'ai conçu ce pamphlet humoristique comme une catapulte à marde. J'y plonge vingt mille lieues sous les merdes pour faire remonter à la surface les monstres qui hantent nos vies. Je suis un Claude Poirier en habit d'homme-grenouille qui s'est donné pour objectif de faire chier tout le monde et, pourquoi pas, d'être invité à une émission de radio littéraire pour répondre à la question : "Fred, si vous étiez un smoothie, de quelle couleur seriez-vous ?" Au Québec, on est pas un vrai écrivain tant qu'on a pas fait la splitte à la radio d'État sous les rires de la Staline de la culture. »
En 1995, internet n'existe pas, Jacques Parizeau lance sa fameuse phrase à la suite de la défaite référendaire et Lux Éditeur publie son premier ouvrage. C'est également l'année où le film culte La haine prend l'affiche et marquera les esprit avec sa réplique d'ouverture: «C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de cinquante étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, se répète sans cesse pour se rassurer: "Jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien." L'important, c'est pas la chute, c'est l'atterrissage.»
À la tombée de la nuit, Montréal scintille de mille feux. Le pont Jacques-Cartier, le Quartier des spectacles, la Biosphère et bien d'autres repères urbains bénéficient d'une mise en lumière qui magnifie leur présence dans l'obscurité. La constellation que forment ces illuminations confère à la ville une apparence « magique et féérique ». Or, serait-il possible que cet éclat camoufle, voire alimente, une réalité moins séduisante ?
Dans cet ouvrage, Josianne Poirier considère le côté sombre des animations lumineuses urbaines, les visées de rayonnement international qui les légitiment et les récits collectifs pasteurisés qu'elles véhiculent. Entre illumination et aveuglement, visibilité et effacement, promesse et leurre, les scénarisations nocturnes étudiées ici constituent le point de départ d'une réflexion critique sur la marchandisation de la ville et ses effets délétères sur le vivre-ensemble.