Perdu dans les rues de Madrid, un vieil homme déambule à la recherche de son domicile. Ressassant les souvenirs d'un monde disparu, il imagine une ville future privée de musées, de librairies et de salles de cinéma où les lieux de culture et de rencontre sont désormais tout aussi virtuels que l'amour et où les nouvelles technologies asservissent la collectivité pour imposer leur nouveau modèle de consommation. À la croisée du conte et de la dystopie, ce roman sonde avec mélancolie l'obsolescence programmée d'un monde et de la vie d'un homme.
Annie Ernaux est aujourd'hui, de façon incontestable, l'un des auteurs français les plus (re)connus dans le paysage littéraire contemporain. Ce Cahier, mêlant regards critiques et témoignages personnels d'écrivains ou d'artistes, comporte un très grand nombre d'inédits de l'auteure - notamment des extraits de son journal - ainsi que des documents personnels (manuscrits, photos, échanges épistolaires....).
Animé d'un esprit d'une liberté étonnante, Lafargue a su trouver le ton juste pour dénoncer une aliénation du travail plus métaphysique que sociale.
Depuis les années 1970, François Cheng a construit pas à pas une oeuvre riche et complexe à la croisée de l'Orient et de l'Occident, du taoïsme et du christianisme, de la poésie et de la fiction. Son écriture singulière irrigue la littérature française d'une voix limpide et vivifiante qui résonne au travers d'une oeuvre polymorphe : poésie, fiction, essais, calligraphie,... Le format d'un Cahier de L'Herne est propice pour interroger ce parcours singulier. Comprenant des interventions extrêmement variées autour de la figure de l'écrivain et de son oeuvre, mêlant regards critiques et interventions plus personnelles d'écrivains ou d'artistes jalonnés d'un grand nombre d'inédits de l'auteur, ce volume permet aux lecteurs de prendre la mesure de cette oeuvre marquante. Les thématiques essentielles dans l'oeuvre de François Cheng (la spiritualité, la nature, la religion,...) s'entremêlent au fil des pages pour faire entendre la voix du poète, mais aussi celles du penseur et de l'artiste.
Ce receuil regroupe une trentaine de chroniques de voyage, nous invitant à parcourir les paysages andins, du Pérou à la Bolivie, jusqu'aux confins de l'Europe, à Berlin, Rome ou Londres. Mario Vargas Llosa se révèle véritable « citoyen du monde », témoignant avec clairvoyance de ses évolutions sociales et politiques et posant son regard de journaliste sur les traditions culturelles de pays lointains (Hawaï, les îles marquises, le Japon,...). Ces quelques chroniques démontrent surtout que Mario Vargas Llosa est un homme curieux de tout, un écrivain nourri de multiples lectures dont la plume n'a de cesse d'interroger le théâtre du monde. Préface d'Albert Bensoussan. Traductions par Albert Bensoussan, Anne-Maris Casès et Bertille Hausberg.
Nul besoin de caution pour s'intéresser à l'oeuvre monumentale de Vladimir Jankélévitch qui traverse de bout en bout le XXe siècle. Philosophe, écrivain, pianiste, musicologue, résistant, témoin et victime d'une guerre qui a « coupé sa vie en deux », infatigable marcheur de la gauche, professeur en Sorbonne... C'est tout cela que fut Vladimir Jankélévitch. Les visages de l'homme sont multiples et ce Cahier, à partir de conférences et d'articles désormais introuvables (sur la musique, la religion et son judaïsme), de documents historiques (un CV corrigé de la main de Jankélévitch, une attestation de Résistance), d'engagements publics (sur l'enseignement de la philosophie, sur l'Université française, sur la Shoah, sur l'Allemagne d'après-guerre), mais aussi, d'articles critiques et de témoignages de ses collègues, disciples et fidèles amis, permet d'en dessiner tous les contours.
Ce Cahier de L'Herne propose d'interroger une oeuvre qui n'a cessé de déplacer ses enjeux pour interroger de nouvelles formes narratives. De fait, loin d'être figées, l'interprétation et la connaissance de l'oeuvre de Jean Echenoz se voient constamment remises en jeu par les romans successifs que l'auteur a pu faire paraître, chaque nouveau récit éclairant d'une lumière neuve les romans précédents. Le volume révèle plusieurs périodes de l'écriture de Jean Echenoz rendues lisibles grâce aux carnets personnels de l'écrivain, accessibles pour la première fois et dont la lecture modifie en profondeur la saisie de l'oeuvre. Alternant les contributions de spécialistes, qui interrogent la poétique même d'Echenoz, avec des interventions d'autrices et d'auteurs qui, toutes générations confondues, rendent hommage à l'influence majeure de Jean Echenoz dans la littérature contemporaine, ce Cahier entend dessiner le portrait de l'un des romanciers qui, s'il se tient parmi l'un des plus discrets de sa génération, n'en est pas moins l'un des plus influents.
Les textes de ce recueil proviennent des colloques des Intellectuels juifs de langue française, auxquels Vladimir Jankélévitch participa assidûment à partir de 1957. Ces colloques se proposent de mettre à distance un certain pessimisme d'après-guerre et de (re)donner un sens à un judaïsme rescapé de l'anéantissement au travers de nouvelles réflexions et interrogations.
Ainsi prennent place les conférences de Vladimir Jankélévitch, tout en témoignant de son attachement à Israël, à la conscience juive et à sa complexité. Remontant le fil de sa propre histoire, il donne à lire dans ces textes sa vision du judaïsme.
La Grève des électeurs est le titre d'une chronique, d'inspiration clairement anarchiste, de l'écrivain français Octave Mirbeau, parue le 28 novembre 1888 dans Le Figaro. Comme tous les anarchistes, Mirbeau ne voit dans le suffrage universel et le recours à des élections qu'une duperie par laquelle les dominants obtiennent à bon compte l'assentiment de ceux-là mêmes qu'ils oppriment et exploitent.
S'adressant à l'électeur moyen, « ce bipède pensant, doué d'une volonté, à ce qu'on prétend, et qui s'en va, fier de son droit, assuré qu'il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin », il s'emploie donc à démystifier, discréditer et délégitimer le prétendu droit de vote, "grâce" auquel les opprimés, dûment aliénés et abêtis, choisissent "librement" leurs propres prédateurs : « Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. »
Au lieu d'assumer sa liberté, l'électeur, cet « inexprimable imbécile », ne fait en réalité que se choisir un maître, qui l'éblouit de promesses impossibles à tenir et qui n'a pas le moindre souci des intérêts des larges masses : il participe, ce faisant, à son propre asservissement. Mirbeau appelle donc les électeurs à faire la grève des urnes et à se comporter, non en moutons grégaires, mais en citoyens lucides.
L'étude des rapports entre sciences humaines, ésotérisme et occultisme irrigue intrinsèquement toutes les disciplines des sciences humaines. Si les historiens, anthropologues et ethnologues ont de longue date investi ces domaines de la culture occidentale, les spécialistes de littérature ont tendance à regarder ces objets avec suspicion, même si ces derniers font intrinsèquement partie de la pensée des auteurs ou de leur bagage culturel. L'ambition de ce Cahier est donc de parcourir cette création littéraire, depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'à l''émergence du concept de contre-culture à la fin des années 50.
Organisé en quatre volets, le Cahier aborde autant de thématiques telles que le spiritisme et les formes occultes et ésotériques qu'il revêt, au XIXe siècle, la tension dialectique entre sciences et para-sciences, les héritages ésotériques, les individualités remarquables du mouvement, ou encore les phénomènes collectifs qui ont alluvionné la création littéraire.
En « vingt arrondissements et deux rives de fleuve », Colette a cherché à retrouver à Paris sa province perdue. Jusqu'à découvrir le Palais-Royal. D'abord entre 1926 et 1930, dans son « tunnel », un sombre entresol aux fenêtres en demi-lune ; puis, de 1938 à sa mort en 1954, dans la « seigneurie retrouvée », un premier étage dont les hautes baies donnent directement sur le jardin. « Ma Province de Paris » écrit Colette à propos de cette enclave de verdure en plein coeur de la capitale. Un village en somme avec ses autochtones, ses habitants anonymes ou illustres (Cocteau, Bérard, Bove etc.), ses lieux de rencontres, ses boutiques et ses restaurants (le Grand Véfour).
L'écrivaine observe le monde depuis ses appartements et chronique la vie quotidienne des parisiens. Elle restitue avec un émerveillement sans cesse renouvelé, le spectacle de la vie, reconstituant sous nos yeux de lecteur le Paris du XXe siècle.
Sur les cimes du désespoir est le premier livre écrit par Emil Cioran, pendant une période d'insomnie. Rassemblés sous forme d'aphorismes, on y trouve déjà ses thèmes de prédilection qui ont fait de lui le grand philosophe qu'il est aujourd'hui.
Extrait : J'ai écrit ce livre en 1933 à l'âge de 22 ans dans une ville que j'aimais, Sibiu, en Transylvanie. J'avais terminé mes études et, pour tromper mes parents, mais aussi pour me tromper moi-même, je fis semblant de travailler à une thèse. Je dois avouer que le jargon philosophique flattait ma vanité et me faisait mépriser quiconque usait du langage normal. À tout cela un bouleversement intérieur vint mettre un terme et ruiner par là même tous mes projets.
E.C.
Si l'essentiel de l'oeuvre de Marcel Proust est déjà publié et connu, la publication de ce Cahier permet du moins, si ce n'est d'accroître nos connaissances, de maintenir cette oeuvre en vie et de lui garantir une forme d'immortalité. On trouvera dans ce volume quelques inédits et quelques lettres et poèmes mais surtout un grand nombre de documents ou témoignages peu connus, peu accessibles ou même oubliés. Le Cahier s'attache aussi à décrire certains aspects négligés de l'oeuvre, comme les figurants analysés par Michel Schneider, le marquis de Palancy présenté par Michel Crépu, les opinions politiques de Proust au fil des années, lui qui a eu dans sa famille trois ministres, dont l'un a eu des funérailles nationales, et dont les parents étaient liés au président de la République.
Du 11 avril au 14 août 1961, se tient, à Jérusalem, le procès d'Adolf Eichmann - ancien chef de service du bureau IV B 4 de la Gestapo chargé de la « solution du problème juif en Europe » - pour lequel Hannah Arendt obtient du journal The New Yorker d'être envoyée en tant que reporter. En 1963, elle publie à la suite de ce procès son livre Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. Il s'agit ici de proposer une nouvelle approche de la réception du livre d'Arendt et de sa polémique à travers la lecture de quatre textes inédits en français.
Longtemps tenue à l'écart du monde académique, l'oeuvre de Hannah Arendt - désormais largement publiée et traduite - suscite aujourd'hui l'intérêt d'un nombre considérable de travaux, colloques et publications dans le monde entier. En revenant sur les principaux évènements de sa vie, ce Cahier dresse le portrait de cette « théoricienne de la politique » sans pour autant négliger les vives polémiques qui ont marqué sa carrière. Le volume rassemble des contributions qui évoquent notamment son travail majeur sur le totalitarisme, les catégories de sa pensée politique et la centralité de l'action, son insistance sur la responsabilité et le jugement ainsi que son analyse du monde moderne.
INÉDIT. Écrit en 1954, Les Inséparables raconte l'amitié passionnée qui unit Sylvie à Andrée - alter égo de Simone de Beauvoir et d'Élisabeth Lacoin (Zaza) - depuis l'âge de neuf ans. Andrée est joyeuse, impertinente, audacieuse tandis que Sylvie plus traditionnelle et timide se sent irrésistiblement attirée par cette personnalité solaire.
Ce Cahier est l'exploration de ce que Christian Bobin appela dès ses vingt ans Les différentes régions du ciel, et qui n'est autre qu'une sorte de chemin buissonnier contournant les croyances et les incroyances du monde. Les nombreux textes de Christian Bobin réunis dans ce volume démontrent la puissance de son écriture lumineuse qui ne cesse de conquérir un public fervent, et touche comme seule touche l'écriture des poètes.
La vicomtesse de Beauséant, abandonnée par le marquis d'Ajuda Pinto après une aventure malheureuse, s'est réfugiée dans son château en Basse-Normandie. Elle y vit en solitaire, recluse. Ce personnage fait partie de La Comédie humaine : Madame de Beauséant y est la référence parisienne, tenant un salon très réputé. Elle est également parente de Rastignac, qu'elle initie aux subtilités de la vie mondaine dans la capitale.
Non pas « Pourquoi on meurt ? », mais « Comment on meurt ? ». Que nous mourrions est une chose, que la grande Faucheuse égalise in fine la condition des hommes, puissants ou misérables, ne fait pas l'ombre d'un doute. Mais le dernier combat, l'agonie, est un acte encore socialisé et toujours tabou dans notre société moderne.
Parlant de sa ville natale, Christian Bobin fait exploser toutes les notions tristes d'appartenance, de racines, voire d'identité. Il dessine ses rues, ses maisons préférées, le ciel qui roule au-dessus et contracte le tout dans le dessin d'une feuille d'automne, ou la minuscule cathédrale d'un flocon de neige. Celui qui était réputé immobile, plus sédentaire qu'un arbre, se révèle en vérité habitant de tous les mondes, vagabond de tous les ciels.
Dans ce court essai rédigé en 1855, Baudelaire s'interroge sur ce qui provoque le rire, et en arrive à la conclusion que le rire est satanique et donc profonde´ment humain : « comme le rire est essentiellement humain, il est essentiellement contradictoire, c'est-a`-dire qu'il est a` la fois signe d'une grandeur infinie et d'une mise`re infinie ».
L'oeuvre de Pascal Quignard est multiple par la diversité des domaines artistiques dans lesquels il excelle ; musique, dessin, cinéma, littérature... Le Cahier de L'Herne se propose d'explorer ces différentes facettes en retraçant l'itinéraire artistique de Pascal Quignard ; son parcours de musicien et ses nombreuses créations originales, ses collaborations avec compositeurs, scénaristes, musiciens et metteurs en scène dans le cadre de performances artistiques, son oeuvre littéraire tout à fait inclassable, qui oscille entre roman, essais philosophique, autobiographie, écrits historiques, poésie... Nous dévoilons par ailleurs dans ce volume, le manuscrit inédit du Petit Cupidon, plusieurs textes inédits et de nombreux dessins en couleur de Pascal Quignard.
Ce roman d'amour sur fond de scandales et d'intrigues se déroule dans l'Angleterre rurale de la fin des années 1820. Molly Gibson, 17 ans, vit dans la campagne anglaise avec son père médecin qui l'a élevée seul tandis que les aristocrates locaux règnent en maîtres absolus sur ce coin perdu des Midlands, depuis l'imposant château de Cumnor Towers.
La vie de Molly, où paysans, domestiques et notables se croisent et se recroisent, est bouleversée quand son père lui annonce son remariage. Elle se lie d'amitié avec sa demi-soeur, la ravissante Cynthia mais les rivalités ne tardent pas à apparaître lorsque l'amour secret de Molly, le beau Roger Hamley, tombe fou amoureux de Cynthia et lui demande sa main.
C'est avant tout la nature humaine dans la toute-puissance de ses pulsions et de ses désirs si impitoyablement réprimés par la société victorienne qu'Elizabeth Gaskell place au centre de la trame.
Ce Cahier offre l'opportunité de lire Aron pour lui-même, d'éclairer la genèse de sa pensée, de prendre la mesure de son importance aujourd'hui, sans se dire qu'il n'avait ni tort ni raison mais en essayant de dépasser le cloisonnement disciplinaire auquel il nous invite.