La sociologie, majoritairement distante, voire méfiante, dans l'analyse des catastrophes et mobilisations environnementales en cours, doit prendre la mesure des transformations écologiques contemporaines. Paul Cary et Jacques Rodriguez posent des jalons pour faire émerger une sociologie renouvelée, lucide et responsable face aux bouleversements à venir, capable d'influencer les politiques publiques en valorisant les initiatives locales de transition.
Élargir l'objet de la sociologie n'est pas seulement une impérieuse nécessité, c'est également la promesse d'une meilleure compréhension de nos rapports avec le vivant en vue de les rendre plus harmonieux. De nombreuses réflexions et pratiques qui peuvent nous guider en ce sens existent déjà. Admettre la pluralité des natures et en particulier l'existence d'une « part sauvage du monde », élargir la perspective des communs à la nature, appuyer les expériences novatrices de conservations plutôt que de les réduire à du « colonialisme vert », enfin, mettre en lumière la possibilité d'une co-construction de l'action publique par les initiatives locales de transition : telles sont, pour les auteurs, les missions d'une sociologie engagée et déterminée à accompagner notre société dans les changements climatiques et sociaux futurs.
Le monde change mais la science économique évolue peu. Le capitalisme menace la démocratie qui ne parvient plus à le réguler. Ces deux constats sont à l'origine de cet ouvrage. Partant des initiatives citoyennes qui s'opposent au capitalisme, les auteurs construisent une nouvelle vision du vivre ensemble : se défaire de la représentation libérale de l'économie pour bâtir une démocratie écologique et solidaire grâce à la délibération dans l'espace public. En effet, la meilleure façon de favoriser la liberté de chacun est de créer une intelligence collective basée sur la participation de tous.
Le délibéralisme est une construction théorique qui articule une réflexion économique (la délibération comme principe d'allocation des ressources), une théorie politique (la démocratie radicale) et un nouveau cadre symbolique (l'épistémologie de la complexité).
À l'heure où la critique antisystème nourrit les ennemis de la démocratie, il est temps de passer de la déconstruction à la reconstruction, de la mise en lumière des dysfonctionnements réguliers à l'éclairage des fonctionnements alternatifs, de la soumission au désespoir du réel à l'espérance constructive de l'utopie. La tâche la plus urgente du chercheur est d'ouvrir, à nouveau, l'espace des possibles.
Lire l'entretien avec Maïté Juan et Jean-Louis Laville, paru dans la Lettre érès 44
L'innovation sociale est partout considérée comme vertueuse mais cet éloge unanime ne saurait faire illusion. Elle regroupe en fait un ensemble de pratiques très diversifiées, voire divergentes. Deux approches contrastées sont ici dégagées : la première qualifiée de social business se contente d'une amélioration du modèle économique dominant, l'innovation s'inscrivant dans une perspective réparatrice et fonctionnelle ; la seconde, du côté de l'économie solidaire, a pour horizon une démocratisation de la société.
Cet ouvrage propose un bilan inédit du social business (Amérique, Asie, Europe) qui a pris l'ascendant dans différents continents alors que les effets de réalisations restent difficiles à cerner.
S'éloignant du discours dominant, il met aussi en lumière les multiples innovations citoyennes qui s'attaquent à des problèmes structurels affectant le quotidien des populations. Dans ces dynamiques de politisation ordinaire, les habitants retrouvent un pouvoir d'agir. Certaines collectivités locales commencent à les soutenir, à l'instar de la mairie de Barcelone dont l'expérience primaire de municipalisme valorise les communs autant que les alliances entre acteurs, chercheurs et responsables politiques.
Ces formes alternatives d'innovation sociale s'opposent ainsi à l'uniformisation managériale et viennent alimenter de manière originale le débat sur la transition écologique et solidaire qui agite les acteurs engagés, les travailleurs sociaux autant que les scientifiques et les élus.
Il existe partout dans le monde une multitude d'initiatives locales spécifiquement féminines combinant activités économiques (production, consommation, finance, etc.) et politiques (défense des droits) et pourtant celles-ci sont quasiment ignorées de l'opinion publique et du domaine académique. La mobilisation des femmes pour faire de l'économique autrement est-elle une résistance et un palliatif à la mondialisation libérale ? Ou assiste-t-on à la construction d'une alternative ? Telle est la question centrale de cet ouvrage. Isabelle Guérin est socio-économiste, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement, responsable du programme « Travail, finances et dynamiques sociales » de l'Institut français de Pondichéry Madeleine Hersent, directrice de l'association ADEL (Association pour le développement économique local) Laurent Fraisse est socio-économiste, chercheur au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique.
Lire l'entretien avec l'auteur en suivant ce lien
Les circuits courts alimentaires, en France, sont en plein renouvellement depuis la fin des années 1990. Les initiatives se multiplient, avec des objectifs divers : maintenir des fermes à taille humaine, permettre un « prix juste », favoriser une agriculture plus écologique, répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, soutenir l'économie locale...
Que nous apprend la diffusion actuelle de ces circuits en dehors des cercles militants qui ont contribué à les remettre sur le devant de la scène ? Yuna Chiffoleau montre comment leur histoire récente se joue dans la confrontation entre différentes façons de penser leur développement. Au-delà des finalités énoncées par leurs acteurs, elle questionne leurs impacts au regard de l'urgence d'une transition, des systèmes alimentaires comme de l'économie de marché. Les circuits courts émergent comme des révélateurs, des freins au changement de modèle, qui interpellent l'action publique en particulier, mais aussi des processus sociaux par lesquels se fabriquent d'autres possibles.
Cet ouvrage, appuyé sur de nombreuses données de terrain, décrit un phénomène foisonnant encore largement méconnu. Ancré dans la sociologie économique et des réseaux, il constitue une synthèse scientifique inédite qui met en lumière différents chemins de transition vers une « autre» économie, dans laquelle l'économie sociale et solidaire peut jouer un rôle clé.
Le monde contemporain fait face à un double péril : l'exploitation abusive des ressources naturelles met en danger l'équilibre du climat et de la biodiversité, et les inégalités croissantes condamnent notre capacité à faire société.
Ces menaces se renforcent mutuellement et appellent sans délai à l'affirmation d'une double solidarité, celle qui relie les hommes et la nature, et celle qui unit les hommes entre eux. Un tel effort ne se décrète pas. Il s'organise. La transformation sociale et sociétale indispensable à notre survie collective suppose ainsi tout à la fois une autre économie et une autre gestion.
En s'appuyant sur de nombreuses expériences citoyennes qui s'inventent chaque jour dans le monde et sur une approche historique et anthropologique, l'ouvrage explore différentes façons de conjuguer solidarité et organisation. Gestion solidaire, gestion des communs, gestion du buen vivir sont autant de pistes analysées dans le contexte d'un dialogue Nord-Sud afin de formuler le cadre conceptuel et les étapes pratiques d'une transition sociale et environnementale plus que jamais nécessaire.
A l'heure où l'innovation sociale est admise dans les politiques publiques, labellisée, considérée comme un remède miracle, l'ambition de ce livre est de rendre visible le travail que réalisent au quotidien les associations. En effet, dans le domaine trop souvent négligé des services à la personne, elles expérimentent et mettent en oeuvre des initiatives dans une perspective de cohésion sociale et d'émancipation. Au plus près des citoyens, elles témoignent d'une réelle capacité à engager des changements d'ordre sociétal, culturel et environnemental.
A partir d'une étude réalisée auprès de structures adhérentes à la fédération Adessadomicile émergent des réflexions transversales sur les enjeux de l'innovation sociale, prise entre démocratie solidaire et instrumentalisation. Sans éluder les ambiguïtés ou les faiblesses repérées, l'ouvrage s'inscrit dans l'analyse de la pratique afin de situer le périmètre de transformation induit par l'innovation sociale.
Une réflexion étayée sur des exemples et comportant des outils concrets, respectueux de la spécificité des associations, plébiscitée par les lecteurs, justifie cette édition de poche.
Les associations, qui avaient rêvé de bénévolat, de gratuité, de générosité et de travail en commun harmonieux, vivent parfois des enjeux de pouvoir, des conflits violents, des identités non reconnues, un sentiment de perte de projet et donc de sens. D'où l'intérêt de cet ouvrage qui se propose de rétablir ce que devrait être un mode d'organisation de plus en plus influencé par le monde de l'entreprise. Lien social
Les associations et coopératives prennent aujourd'hui une importance grandissante dans l'économie. Cet ouvrage éclaire cette actualité par une mise en perspective historique à la fois approfondie et accessible. En rendant compte des idées d'association et de coopération en France au XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'auteur s'attache à mettre en évidence les enseignements que peut en retirer l'économie solidaire. Il vise à devenir un ouvrage de référence sur le sujet. Cyrille Ferraton est chercheur associé au Laboratoire d'économie de la firme et des institutions (Institut des Sciences de l'Homme - Université Lumière Lyon et à la Chaire de recherche du Canada en économie sociale (Ecole des Sciences de la Gestion - Université du Québec à Montréal).
Dans le prolongement de La gouvernance des associations (érès), cet ouvrage ouvre un espace de réflexion et de débat plus que nécessaire étant donné l'ampleur des mutations que connaissent les associations. A partir d'études de cas approfondies menées dans différents milieux, il révèle les limites d'une gestion formelle héritée de la gestion d'entreprise. En effet, le rôle des associations dans la société invite à s'interroger sur la production de sens et donc autant sur le pourquoi que sur le comment.
Les auteurs plaident pour une gestion plurielle des associations dont les caractéristiques ne sont ni celles du service public, ni celles du secteur marchand. Ils proposent trois clés d'entrée pour l'orienter : le projet, l'organisation et l'action. Cette grille de lecture de la vie associative ouvre des voies possibles pour comprendre, agir et mettre en cohérence son fonctionnement avec les valeurs du projet associatif.
Au-delà des associations, les questions posées par les auteurs renvoient au périmètre plus large de l'économie sociale et solidaire.
L'enjeu de ce livre est de mobiliser l'apport de Polanyi pour penser la socio-économie dans une perspective d'approfondissement de la démocratie. L'ouvrage actualise l'analyse critique à grande échelle du nouveau capitalisme globalisé mais il repère aussi des expériences socio-économiques pouvant contribuer à la construction de sociétés plus démocratiques au XXIe siècle.
Un manuel sur l'innovation sociale destiné à faire référence au plan national et international.
Cet ouvrage se présente comme une introduction à l'innovation sociale. Il permet de situer en quoi la dimension sociale de l'innovation vient renouveler l'approche de ce concept. Il explique pourquoi la thématique de l'innovation sociale est apparue dans la période de mutations contemporaines à travers une discussion théorique et montre l'importance pratique qu'elle peut revêtir en s'appuyant sur des exemples de territoires (Flandre et Québec) comme de secteur (services sociaux).
Ni pamphlet gratuit, ni apologie corporatiste, l'ouvrage propose une critique directe mais équilibrée de la science économique actuelle. Il analyse les rôles qu'elle occupe effectivement dans la société d'aujourd'hui, mais aussi ceux que nous tous, en tant que citoyens d'une société libre et démocratique, nous aimerions lui voir jouer. Une invitation au débat citoyen. Christian Arnsperger est professeur à l'université de Louvain-la-Neuve (Belgique).
L'ouvrage aborde les principales thématiques de la crise écologique sous l'angle des conflits d'intérêts et des stratégies d'acteurs organisés ; il explique le décalage entre la conscience écologique aiguë de l'opinion publique et les résultats concrets en matière de réforme socio-environnementale, pour mieux montrer pourquoi la transition écologique devra surmonter de gros obstacles et en quoi le champ de l'économie solidaire en constitue la voie la plus rapide et la plus sûre. Salvador JUAN est professeur de sociologie, directeur du master Changements institutionnels, risques et vulnérabilités sociales et chercheur au CERReV, à l'université de Caen, Basse-Normandie. Il travaille sur les questions d'environnement depuis trente ans.
L'autoproduction renvoie à des réalités très familières de la vie quotidienne qui produisent des biens et des services, pour sa propre consommation et celle de son entourage, sans échanges monétaires : préparer un repas, s'occuper des enfants, bricoler, améliorer son logement, fabriquer un meuble ou un vêtement, produire des légumes ou des fleurs dans un jardin. L'autoproduction accompagnée consiste à apporter une aide technique et sociale à des publics défavorisés pour leur permettre de faire par eux-mêmes. En étant actifs dans l'amélioration de leurs conditions de vie, les personnes touchées par la pauvreté et l'exclusion retrouvent une place dans la société. Ce livre a pour ambition d'inscrire les démarches d'autoproduction accompagnée dans la panoplie des politiques publiques d'action sociale et de développement social. Les auteurs montrent que cet outil, à l'heure actuelle sous utilisé, a fait ses preuves et qu'il pourrait être généralisé. Ils en présentent la méthodologie et les résultats. Daniel Cérézuelle est philosophe et sociologue, actuellement directeur scientifique du PADES (Programme Autoproduction et développement social) . Guy Roustang est directeur de recherche honoraire au CNRS.
La sociologie des organisations est une discipline particulière que l'on pourrait qualifier de spécialisée ou d'appliquée du fait que ses outils théoriques et méthodologiques se sont forgés par et pour la confrontation spécifique au monde des organisations. Pourtant, pour exercer dans ce champ, que ce soit à titre de chercheur ou comme consultant, le sociologue ne peut se contenter de mobiliser le seul corpus théorique de sa discipline. Défaire ses cadres habituels, la soumettre à des impulsions multiples en provenance de tous les horizons des sciences sociales sont autant de directions que suggère l'auteur. Passer de la sociologie des organisations à une sociologie d'intervention puis monter en généralité pour tenter de déboucher sur une anthropologie d'intervention, tel est le parcours que propose cet ouvrage. Gilles Herreros est professeur de sociologie, université Lyon 2.
Le présent ouvrage, fruit de la collaboration entre acteurs du secteur culturel et chercheurs, a la modeste ambition de proposer un premier éclairage sur le lien qui unit le champ de l'art et de la culture à celui de l'économie solidaire. Il s'agit d'un ouvrage concis et diversifié dans sa forme, alliant articles, interviews et propos rapportés, qui contribue à définir cette nouvelle filière culturelle qui ne se situe ni dans la sphère privée lucrative ni dans celle de l'Etat et des collectivités. Bruno Colin est directeur d'Opale, association qui a pour but d'accompagner la consolidation et le développement des structures artistiques et culturelles, principalement associatives. Arthur Gautier est sociologue, membre du laboratoire LISE-CNRS
Alors que le thème de la flexibilité du travail hante l'actualité sociale depuis une quinzaine d'années, avec sa cohorte de stéréotypes et d'incompréhensions, ce livre entend faire le point sur un sujet controversé. Ouvrage de référence présentant une synthèse, accessible et complète, réalisée par des chercheurs de toutes disciplines (philosophes, gestionnaires, sociologues, juristes et psychologues), il est une véritable invitation à la confrontation d'idées et au débat démocratique. Matthieu de Nanteuil-Miribel, professeur de sociologie à l'Université catholique de Louvain (UCL), Assaâd El Akremi, professeur de gestion à l'Institut supérieur de gestion de Tunis.
L'économie n'est pas forcément contre la société, et la politique peut retrouver une capacité d'intervention pour améliorer les conditions de vie sur les territoires. C'est du moins l'espoir que redonnent les politiques examinées dans ce livre dont l'ambition est de fournir un outil de référence rendant compte de l'histoire - en train de s'écrire - du mouvement de l'économie solidaire et de ses rapports évolutifs à l'action publique. Le livre rassemble des chercheurs et des hommes politiques en France et au Brésil.
Alors que la poursuite de l'intérêt individuel, avec l'extension du marché et la globalisation d'une économie basée sur la rentabilisation maximale du capital, apparaît comme l'horizon indépassable de nos sociétés, le foisonnement d'initiatives économiques solidaires (commerce équitable, finances solidaires, crèches parentales, régies de quartier...) donne une base empirique pour de nouveaux questionnements sur l'économie. Cet ouvrage présente l'originalité d'offrir à la fois une approche concrète des initiatives solidaires et de nourrir la réflexion théorique sur leurs rapports avec l'Etat et le marché. Laurent Gardin est maître de conférences à l'université de Valenciennes et chercheur au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (CNRS-CNAM, Paris).
L'économie solidaire s'appuie sur des valeurs et sur des pratiques cohérentes : ce n'est pas qu'une approche conceptuelle et théorique. Les auteurs en témoignent.
Cet ouvrage a pour objectif de présenter l'économie solidaire, ses acteurs, ses associations, ses entreprises et ses réseaux, comme parties prenantes de la transition vers d'autres formes de vivre-ensemble, d'autres formes de sociétés plus justes et solidaires. L'économie solidaire n'est pas seulement une affaire d'intellectuels qui développent des concepts, ni d'élus qui soutiennent des initiatives. Elle est surtout le fait de citoyens qui, en tant qu'acteurs socio-économiques, construisent au quotidien une économie innovante, distincte de l'économie d'état et de l'économie marchande.