Est-il possible de mesurer le bien-être subjectif des Français en analysant les messages qu'ils publient sur Twitter ? Quels sont les avantages et les limites de cette approche ? Et que peut-on apprendre de l'analyse de leurs émotions à partir de cette nouvelle source de données ?
Cet opuscule présente les résultats d'un travail de recherche original issu de l'analyse de plusieurs dizaines de millions de messages publiés sur Twitter entre 2010 et 2022. L'auteur commence par décrire une méthodologie susceptible de construire des indicateurs de sentiment et d'émotion de manière automatique. L'analyse des mots clés et des hashtags permet de révéler les principaux sujets qui intéressent les Français et les émotions associées au traitement de chacun. Des indicateurs désagrégés sont aussi présentés - par genre, âge et catégorie socio-professionnelle -, qui permettent d'analyser de manière plus fine les déterminants des variations du bien-être subjectif.
L'analyse des messages illustre un net décrochage du moral des Français - et une hausse de leur colère - à partir de la fin de l'année 2018, au moment du mouvement des Gilets jaunes. Après une forte montée de la peur quand s'est déclarée la Covid-19, la colère est l'émotion qui a repris le dessus depuis le milieu de l'année 2020, autour des thématiques de la #politique et de la santé, en dépit d'une augmentation des émotions relatives à l'économie.
La guerre en Ukraine a entraîné une nouvelle dégradation des émotions exprimées par les Français en février 2022, un effet qui s'est estompé lorsque les craintes d'une 3e guerre mondiale se sont éloignées et ont cédé la place à la thématique des élections présidentielles françaises.
Si la pandémie à la Covid-19 a eu des conséquences importantes sur l'économie du football, la riche actualité (économique) de ce sport va bien au-delà de la crise sanitaire.
Au niveau européen, l'annonce de la création (avortée) de la Super League en avril 2021 a provoqué un petit séisme et suscité l'ire des supporters. L'atonie du marché des transferts sur les deux dernières saisons a mis en difficulté les clubs dont le modèle économique repose sur le trading joueurs. Les problèmes financiers de certains gros clubs européens ont incité l'UEFA à revoir le fair-play financier avec l'introduction d'un « salary cap ». L'arrivée du fonds souverain saoudien à Newcastle en octobre 2021 a bousculé les clubs de Premier League et l'entrée des fonds d'investissements dans le football, non seulement dans les clubs, mais aussi au niveau des ligues, interroge. Du côté français, la période a été marquée par la défection du diffuseur Mediapro, mais le football a pu se réjouir du transfert de Lionel Messi au PSG à l'été 2021.
L'hypothèse soutenue dans ce livre est que le football entre dans une nouvelle ère : l'hypermodernité. On en donne les arguments et les outils. En particulier, les thèmes des inégalités et de la croissance, comme d'ailleurs dans la société, sont centraux pour envisager l'avenir du football, notamment l'émergence de la Super League européenne.
La France est engagée dans un cercle vicieux dont les coûts économiques et sociaux sont considérables. Depuis plus de vingt ans, des enquêtes menées dans tous les pays développés révèlent qu'ici plus qu'ailleurs, on se méfie de ses concitoyens, des pouvoirs publics et du marché. Cette défiance allant de pair avec un incivisme plus fréquent.
Or la défiance et l'incivisme, loin d'être des traits culturels immuables, sont alimentés par le corporatisme et l'étatisme du modèle social français. En retour, le manque de confiance des Français entrave leurs capacités de coopération, ce qui conduit l'État à tout réglementer et à vider de son contenu le dialogue social.
En comparant les relations entre les performances économiques et les attitudes sociales dans une trentaine de pays du début des années 1950 à nos jours, Yann Algan et Pierre Cahuc montrent comment ce déficit de confiance réduit significativement l'emploi, la croissance et, surtout, l'aptitude des Français au bonheur.
Préface de Daniel Cohen
Nouvelle édition
Dans cet essai inédit en français qui est devenu un classique sur la question du traduire, Folena fait dialoguer avec les grands théoriciens de notre temps nombre d'auteurs anciens (d'Aristote à Cicéron et Jérôme, de Marie de France à B. Latini, Boccace ou L. Bruni...), sans négliger les avancées théoriques de Dante. Comment se définissait l'exercice de la traduction médiévale et humaniste ? Quels étaient ses critères ? Que visait la transposition d'une langue à l'autre ? Facteur crucial de la diffusion de la culture et de l'expérience religieuse et littéraire entre le XIIIe et le XVe siècle, la traduction s'affirme peu à peu, à travers les néologismes traducere ou tradurre, comme une pratique artistique autonome, affranchie de l'autorité des langues sources, ouverte aux échanges entre langues voisines - une nouvelle herméneutique.
Traduction d'Anouchkka Lazarev et Lucie Marignac
Édition de Lucie Marignac
Postface de Christophe Mileschi
La crise de la dette souveraine de la zone euro au début de l'année 2010 et plus encore les conséquences de la crise de la Covid sur l'activité et les besoins de financement des dépenses publiques ont relancé une vieille idée : celle de la « monnaie hélicoptère » qui permettrait d'injecter de la monnaie dans l'économie sous forme de transferts directs aux individus plutôt que par l'intermédiaire d'interventions des banques centrales sur les marchés des titres ou par des prêts aux banques.
Cette idée est plus que jamais d'actualité. L'hélicoptère monétaire a des effets sur l'activité, l'inflation, l'efficacité de la politique monétaire, la distribution des revenus, distincts des canaux traditionnels de la politique monétaire. Elle soulève la question de l'indépendance de la politique budgétaire par rapport à la politique monétaire et de la légitimité démocratique de cette dernière dans le contexte d'une union monétaire et d'un institut d'émission indépendant.
Fondé sur une conférence organisée par le CEPREMAP, l'École d'économie de Paris et la Fondation Banque de France qui réunissait des chercheurs de niveau international, cet ouvrage présente l'essentiel des enjeux de l'hélicoptère monétaire de manière accessible à un large public informé ainsi qu'à des étudiants en économie de tout niveau.
Dans les pays du Sud où une grande partie de la population travaille dans l'agriculture, sortir les travailleurs du secteur agricole relativement improductif peut être une clé pour améliorer leur niveau de vie. Cette « transformation structurelle » a caractérisé la trajectoire de développement de presque tous les pays développés. Pour accélérer le processus et empêcher les zones rurales de prendre du retard en termes économiques, les pays investissent souvent massivement dans les infrastructures. De tels projets contribuent-ils à transformer les zones agricoles ?
L'analyse s'appuie largement sur le cas de l'Inde. Si les investissements à grande échelle dans les infrastructures rurales, notamment les routes, ont eu des effets positifs, leur impact en termes de bien-être et de consommation est très hétérogène. En particulier, seuls les villages ayant bénéficié à la fois d'infrastructures routières et électriques semblent avoir vu leur consommation par habitant augmenter. Il faudrait donc regrouper les programmes complémentaires et les cibler sur des zones spécifiques pour que les investissements soient efficaces.
La France a subi un changement structurel rapide au cours des trois dernières décennies. Elle n'est plus seulement spécialisée dans quelques domaines du secteur manufacturier mais s'est tournée vers celui des services : recherche et développement, activités de commerce ou du secteur financier. Le marché du travail, en accroissant la proportion des emplois à bas et haut salaire au détriment des emplois intermédiaires, s'est fortement polarisé - et la crise de 2008 a exacerbé ce phénomène, probablement lié à l'essor des nouvelles technologies et à l'élargissement de la mondialisation.
Vecteur d'inégalités salariales, la polarisation de l'emploi ravive aussi les tensions sociales et les passions politiques. Pour autant, les effets négatifs de ces changements majeurs ne sont pas inévitables. A. Reshef et F. Tubal ouvrent ici des pistes de réflexion originales sur le devenir de l'emploi en France. Et proposent des politiques publiques d'ajustement et de formation qu'il faudrait adopter pour que les gains engendrés par le progrès économique soient mieux répartis.
Depuis le début des années 2000, l'expression de « déserts médicaux », régulièrement utilisée par les médias et nos gouvernements successifs, décrit des situations où les populations font face à des difficultés d'accès aux soins (délai d'attente pour un rendez-vous, nombre insuffisant de médecins traitants disponibles...). Ces situations sont la conséquence, notamment, d'une raréfaction globale de l'offre de soins, plus marquée chez les médecins généralistes. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi les outils de régulation de l'offre de soins ont-ils échoué dans leur objectif : adapter cette offre aux besoins de la population ? Tous les territoires ne sont pas touchés de la même manière par ce phénomène de raréfaction. Les pouvoirs publics ont-ils mis en place ces deux dernières décennies des solutions pour améliorer l'accessibilité aux soins - et lesquelles ?
Depuis le milieu du XXe siècle, les pays développés connaissent une augmentation continue des dépenses de santé et un formidable accroissement de la longévité.
Quel est le lien entre ces deux évolutions ? Contrairement à une opinion répandue, le vieillissement ne joue qu'un rôle mineur dans la croissance des dépenses de santé. Celle-ci résulte principalement de la dynamique du progrès médical : de nouveaux produits et de nouvelles procédures apparaissent continuellement, dont la diffusion alimente la consommation de soins.
Ces dépenses sont-elles justifiées ? Doivent-elles continuer à progresser ? Brigitte Dormont montre que leur croissance soutenue peut correspondre à un optimum collectif. Certes, le coût des soins augmente rapidement mais leur efficacité aussi. Une augmentation de la longévité, une baisse des handicaps et une amélioration de la qualité de la vie sont obtenues en contrepartie des dépenses de santé. Et la valeur de ces gains en bien-être dépasse largement le coût des soins.
Malgré les multiples politiques conduites depuis près de trente ans pour venir en aide aux habitants des ghettos urbains que sont devenues certaines banlieues françaises, la situation y demeure extrêmement difficile. Pauvreté, chômage, échec scolaire, faible accès aux soins, violence : comment enrayer la spirale négative dans laquelle sont entraînés les quartiers dits « prioritaires » ?
Les évaluations dont nous disposons concordent pour montrer que plusieurs « politiques zonées » emblématiques n'ont pas obtenu les résultats escomptés, en particulier les zones franches urbaines (ZFU), basées sur des allègements de charges et d'impôts offerts par les pouvoirs publics aux entreprises localisées dans les quartiers « prioritaires ». L'évaluation de dispositifs similaires mis en oeuvre aux États-Unis ou au Royaume-Uni conforte cette conclusion. La surreprésentation de populations fragiles amplifie les handicaps sociaux dont souffrent les habitants de ces quartiers, rendant ces politiques souvent inopérantes.
Cette situation appelle des politiques plus radicales, combinant mixité sociale, mixité scolaire et accompagnement individualisé : discrimination positive sur le marché du travail, « emplois francs », pénalités renforcées pour les communes qui ne respectent pas la part de logements sociaux prévue par la loi ou encore dispositifs de busing inspirés des États-Unis. Autant de politiques qui pourraient utilement venir compléter la boîte à outils du gouvernement.
Avec l'ouverture des économies et le développement des échanges internationaux croissent les craintes des consommateurs de voir arriver sur le marché national des produits de piètre qualité et potentiellement dangereux pour la santé humaine ou l'environnement. Afin d'assurer un niveau de sécurité adéquat, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) autorise les pays à mettre en oeuvre différentes normes sanitaires et techniques. Sur le principe, ces normes ne doivent pas être protectionnistes, néanmoins, certains décideurs publics peuvent être tentés de les utiliser pour protéger les producteurs domestiques de la concurrence étrangère.
Quel est l'effet réel de ces normes sur le bien-être des consommateurs et sur les flux de commerce entre pays ? Leurs définitions et applications sont-elles influencées par certains groupes de pression pour leur propre profit ?
À partir des résultats de recherches menées depuis près de deux décennies, l'auteure propose plusieurs pistes d'action, tant pour une meilleure coordination des réglementations entre les pays que pour une meilleure insertion des pays en développement dans la politique réglementaire internationale.
Longtemps attendue, l'émergence du livre numérique annonce l'arrivée de biens et d'acteurs qui vont ébranler le secteur de l'édition et de la vente de livres. Ce secteur est-il en mesure de réagir à l'implantation d'une nouvelle chaîne du livre numérique qui ne serait pas régie par ce dispositif central du livre physique qu'est le prix unique ?
Tirant partie de la théorie économique, des comparaisons internationales et des données existantes, les auteurs avancent que le prix unique du livre n'a mérité ni l'excès d'honneur ni l'indignité dont le débat public l'a chargé. Ainsi, il n'est pas certain que le prix unique ait eu des conséquences importantes sur le prix du livre, pas plus que son absence dans d'autres pays ne semble avoir véritablement nui à la production éditoriale.
Dans sa forme actuelle toutefois, le prix unique du livre entrave partiellement le repositionnement des libraires sur leur apport essentiel à la chaîne du livre, numérique comme physique : la création d'information sur le livre et l'appariement entre titres et lecteurs. Des modifications des relations entre éditeurs et libraires, associées à un prix unique plus dynamique, permettraient ainsi au secteur du livre papier de mieux répondre à l'arrivée de son alter ego numérique.
Drames privés ou question publique ? De quoi et de qui parle-t-on quand on parle de dépendance ? Le terme, d'origine médicale, désigne l'incapacité à accomplir sans aide les actes essentiels de la vie quotidienne, qui touche les handicapés, les malades chroniques, les vieillards infirmes ou déments. La réforme de la dépendance, promesse électorale depuis trois campagnes présidentielles, devrait donner une base cohérente aux politiques visant à compenser ces difficultés, pour assurer la survie et promouvoir l'autonomie des personnes concernées.
Au-delà des débats sur le financement de cette nouvelle protection sociale, ce petit livre éclaire les enjeux humains d'une réforme attendue en tentant de faire entendre les points de vue des personnes handicapées elles-mêmes, de leurs familles et des professionnels de l'aide. Il plaide pour la suppression de la barrière des 60 ans entre handicap et dépendance, ainsi que pour la construction d'un nouveau secteur professionnel de l'aide, à domicile et en institution.
Dans de nombreux pays du Sud, le travail des enfants est un phénomène de grande ampleur. Pour les en protéger, faut-il tenter de l?interdire, en faisant au besoin pression de l?extérieur sur les échanges internationaux de certains biens manufacturés ? L?impact d?un tel boycott sera-t-il nécessairement bénéfique pour les enfants ? Sinon, quels sont les autres types d?interventions possibles ?
Cet opuscule s?attache à restituer la réalité du travail des enfants dans le monde, parfois bien éloignée des clichés. Si l?on veut agir efficacement, il faut identifier correctement les enfants concernés et se demander quels seraient leurs activités et leur niveau de vie s?ils ne travaillaient pas. En discutant la pertinence des différentes politiques visant à réduire le travail enfantin, C. Dumas et S. Lambert suggèrent que la piste la plus prometteuse serait la mise en place de transferts de revenu conditionnels à la scolarisation des enfants.
En France, l'emploi des seniors est en panne, tandis que nos
voisins européens ont mieux réussi dans ce domaine depuis le milieu des années
1990. Existe-t-il une spécificité, voire une fatalité française, ou nos réformes
sont-elles inadaptées, donc inopérantes ?
Cet opuscule propose d'aller
beaucoup plus loin dans les politiques d'incitation à la prolongation
d'activité, encore bien timides en France. Il faut casser la norme du départ
précoce en mettant en place de fortes surcotes en capital et une liberté
complète dans le cumul emploi-retraite. Une telle politique aura des
conséquences positives sur l'emploi après 60 ans, mais également sur celui des
quinquagénaires en repoussant les effets de bord créés par l'âge de la retraite,
qui freinent fortement la demande et l'offre de travail des seniors.
La France et l'Italie connaissent des évolutions économiques et politiques comparables. Contrairement à l'opinion dominante, selon laquelle des obstacles d'ordre politique empêcheraient l'adoption de mesures économiques d'inspiration néolibérale qui seraient « indispensables », ce livre analyse la mise en oeuvre d'un programme économique néolibéral en France et en Italie comme une réponse aux crises politiques que connaissent les deux pays depuis plus de deux décennies.
La dissolution des anciennes alliances sociales y a rendu nécessaire la reconstitution d'un bloc social dominant. Mais le «noyau dur» du bloc néolibéral constituant une minorité politique, la stratégie consiste à s'appuyer sur une coalition sociale élargie. En France, le programme de « rupture » de Sarkozy a été conçu comme une médiation entre d'une part les attentes du « noyau dur », et d'autre part celles de la majeure partie des salariés du secteur privé. En Italie, la stratégie de Berlusconi a été de former une alliance entre le «noyau dur» et les classes précaires et assistées.
Quant à la participation à l'Union européenne, elle implique dans les deux pays une pression politique forte qui est favorable à la mise en place d'une stratégie néolibérale sous des formes politiques variées.
À partir d'une discussion sur le marché européen des droits d'émission de gaz à effet de serre et sur la défunte taxe carbone à la française, cet opuscule examine les questions de politique climatique sous tous leurs aspects. Il revient longuement sur la question cruciale des instruments : taxe ou marché de droits, exemptions pour faciliter une transition douce, ajustements aux frontières. Ce faisant, il souligne les enseignements tirés du savoir économique comme les contraintes posées par l'économie politique (la lucidité limitée dont témoigne le récent avis du Conseil constitutionnel sur la taxe carbone, le lobbying pour la gratuité des quotas...).
La conception de l'architecture internationale est, elle, dominée par deux questions essentielles : les effets du dispositif sur les prix des combustibles fossiles ; la nécessaire intégration des pays en développement, qui pour être généreuse doit renoncer à l'angélisme. Car l'accumulation d'initiatives locales ne peut être suffisante pour éviter un dépassement rapide du plafond de CO2 défini par les climatologues, alors que l'échec de Copenhague illustre les obstacles politiques à un accord global efficace. Roger Guesnerie propose des voies pour surmonter ces blocages et concevoir ainsi une Realpolitik climatique globale.
Le thème de l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes est un vrai serpent de mer : chaque année, aux alentours du 8 mars (la « Journée de la femme »), est dénoncée l'inégalité persistante entre les hommes et les femmes sur le marché du travail ; le discours se concentre sur le contenu à donner au terme d'« égalité » ; parfois, une loi est votée. Puis rien ne semble beaucoup évoluer, jusqu'au 8 mars suivant...
Cet opuscule commence par retracer les progrès accomplis en matière d'égalité hommes/femmes dans les dernières décennies. Pourtant, alors que désormais les femmes sont plus éduquées que les hommes, les inégalités professionnelles demeurent marquées. L'analyse de leurs déterminants et des politiques publiques - notamment des expériences étrangères - montre que pour résorber des inégalités de salaire persistantes, il faudra mettre en place des politiques de longue haleine. Elles seules pourront avoir des effets durables, en affectant les comportements individuels et les normes sociales.
Les réformes introduites en Russie dans les années 1990 n'ont pas seulement porté sur une libéralisation économique et politique. Pays ultracentralisé, la Russie a alors adopté une structure fédérale décentralisée. Cette expérience de décentralisation menée sous Eltsine est considérée comme l'un des facteurs de l'effondrement économique russe. Après 1999, l'ère Poutine a au contraire été marquée par une forte recentralisation.
Revenant sur les raisons de l'échec de la décentralisation russe, et s'appuyant sur l'exemple d'autres pays où le fédéralisme s'est développé avec un certain succès (Mexique, Chine), E. Zhuravskaya montre que la centralisation actuelle est également néfaste pour la Russie. L'hétérogénéité de ce pays continent appelle à un fédéralisme qui conserverait une centralisation politique tout en garantissant à tous les niveaux (local, régional et fédéral) des élections libres dans un contexte véritablement démocratique.
Le commerce international n'est pas toujours un facteur de pacification des relations entre les pays. Certes, si deux pays commercent davantage de manière bilatérale, ils sont plus fortement incités à résoudre pacifiquement le conflit qui peut les opposer. Mais s'ils commercent davantage avec le reste du monde, la diversification des partenaires agit comme une assurance contre les coûts économiques d'un conflit militaire, et elle peut en augmenter la probabilité. La mondialisation, en affaiblissant les dépendances économiques locales, a donc une influence ambiguë sur la paix.
Étudiant l'équilibre entre commerce régional et multilatéral et le rôle des accords commerciaux, les auteurs montrent comment l'architecture des échanges internationaux, si elle est structurée de manière cohérence, permet de réduire la conflictualité. Cette réflexion est illustrée par quelques cas concrets (Turquie-Grèce et Inde-Pakistan).
Bonheur, satisfaction dans la vie, confiance et optimisme : où en sont les Français ? Il existe une spécificité française en matière de bien-être et ce livre met en lumière plusieurs paradoxes.
Les Français se disent moins heureux et plus pessimistes que la plupart des citoyens des autres pays européens ; ce mal-être concerne avant tout les questions économiques ; et c'est en France que la relation entre bonheur et argent est la plus forte. Ceci vient sans doute de leur défiance vis-à-vis des institutions : ne pouvant plus compter sur elles pour organiser leur destinée collective et les protéger contre les principaux risques de la vie, les Français se replieraient sur leurs ressources personnelles. Au malheur collectif s'oppose alors un bonheur privé.
Mal-être et défiance se traduisent par un processus de polarisation politique, avec la montée de l'extrême droite notamment. Lors des dernières élections présidentielles, le vote en faveur d'Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen a marqué le clivage entre optimistes et pessimistes. Quelle que soit sa postérité, le sursaut d'optimisme du mois de juin 2017 montre que, même si l'état d'esprit des Français est si ancien qu'il finit par se confondre avec une attitude culturelle, il n'est pas pour autant irréversible.
La démocratie n'est plus une évidence. Ses dysfonctionnements remettent en cause son principe (le pouvoir du peuple) ou l'idée dérivée de représentation.
Ce livre montre pourquoi et comment il est possible d'améliorer le fonctionnement de notre démocratie sur, au moins, un point spécifique : la technique de vote. L'élection au suffrage universel est un moment crucial pour la démocratie, or il existe des manières différentes de voter, qui portent des symboliques différentes et qui ont des conséquences différentes. Demande-t-on à l'électeur derrière quel candidat il se range, ou bien lui demande-t-on son avis sur chacun ? Favorise-t-on les candidats consensuels ou exclusifs ? Encourage-t-on le regroupement ou l'émiettement des partis ?
Le lecteur trouvera ici une synthèse des connaissances à propos des votes « par évaluation », dont la caractéristique commune est de recueillir l'opinion de chaque électeur sur chaque candidat. Cette synthèse repose, d'un côté, sur la théorie du choix social et, de l'autre, sur de nombreuses expériences réalisées en collaboration avec le public, dans les bureaux de vote, en ligne ou en laboratoire. On y voit que certaines méthodes envisagées sont plus satisfaisantes, pour beaucoup d'électeurs, que les systèmes actuels, qu'elles pourraient être utilisées en pratique et qu'elles tendraient sans doute à favoriser les candidats consensuels.
En s'interrogeant sur ce que pourrait être notre démocratie, ce livre nous parle aussi de ce qu'elle est actuellement, de ses petits défauts comme de ses failles plus profondes. Il apporte un éclairage original sur un objet du débat citoyen, et constitue une source d'information et de réflexion pour toute personne intéressée par l'art difficile de la décision collective.
Les filles constituent quasiment la moitié des bacheliers scientifiques et réussissent mieux à cet examen que les garçons. Pourtant les grandes écoles d'ingénieurs - qui représentent plus que jamais la voie d'accès aux positions de pouvoir - demeurent aujourd'hui des bastions masculins. C'est cette énigme apparente qu'il s'agit de résoudre : comment rendre compte de cette « disparition » des filles ? Où sont-elles passées ?
En mobilisant un large spectre de sources statistiques et une enquête conduite auprès d'élèves de classes préparatoires scientifiques à la demande de la direction de l'École normale supérieure, ce livre propose une approche originale en considérant cette disparition comme un fait social à part entière. Comment certains parcours scolaires et certaines destinées professionnelles en viennent-ils à être reconnus comme ouverts aux femmes ? Quels mécanismes d'incitation poussent les uns plus que les autres à se sentir à leur place dans ces parcours scolaires d'excellence scientifique ? Comment les rapports aux savoirs qui y ont cours participent-ils au maintien de ces bastions masculins ?
Cette étude pourra intéresser un large public : élèves, enseignants, parents d'élèves, conseillers d'orientation, mais aussi responsables politiques ou associatifs en charge de la promotion des carrières scientifiques féminines, ainsi que sociologues et économistes spécialistes des questions scolaires et/ou de genre.
Cet opuscule propose une mesure de la performance des États-providence européens fondée sur la manière dont ils traitent des inégalités sociales, de santé, d'emploi et d'éducation. Cette mesure permet de comparer la performance des pays de l'Europe des quinze avec celle des douze nouveaux membres ; elle donne aussi la possibilité de tester l'hypothèse d'un éventuel dumping social à l'oeuvre dans ces pays ; enfin elle peut être utilisée pour mieux appréhender la façon dont les différents États européens prennent en charge les personnes âgées.
Sans surprise, les pays nordiques présentent les meilleurs scores. En revanche, l'entrée des douze nouveaux membres a eu un effet contrasté. Certains, telles la République Tchèque ou la Slovénie, font aussi bien que les meilleurs de l'Europe des quinze, alors que d'autres, la Roumanie et la Bulgarie en particulier, sont à la traîne. On n'y observe pas de dumping social et, en dépit de l'augmentation du taux de dépendance, le bien-être des personnes âgées n'y a pas progressé au cours de la dernière décennie.