Oeuvre sacrée à Rome, L'Enéide est l'opus magnum de la culture occidentale avec les textes homériques d'une part, la Bible en son entier de l'autre. Marcel Desportes dans cet effort magistral de translation voyait en Virgile "un Voyant" et sur tous les plans "un devancier", "notre contemporain" permanent. Le genre humain étant le même, ce qui s'offrait à la spéculation de nos ancêtres nous concerne tout aussi pertinemment au troisième millénaire.
Dominique Delouche est le réalisateur de 24 heures de la vie d'une femme, de L'homme de Désir, de Divine. Il est aussi le Cinéaste de la Danse. Puisant dans ses souvenirs de tournage, au regard de sa caméra et des liens qu'il a tissés avec eux, il évoque ici les plus grands danseurs et chorégraphes, de Lifar à Jerome Robbins, de Vassiliev et Plissetskaïa à Markova, de Chauviré à Guillem, de Vassiliev à Noureev en passant par les plus grandes étoiles de l'Opéra de Paris.
Anecdotes, admiration, études stylistiques éclairent cette trentaine de portraits et constituent un Essai sur l'histoire récente du Ballet.
Cet essai se penche sur les enjeux historiques et esthétiques de l'inflation des discours ou des pratiques associant musique, écritures et scène théâtrale contemporaine. C'est en remontant jusqu'au tournant esthétique du romantisme d'Iéna qu'en émergent les véritables fondements. Une passerelle inattendue relie ainsi romantisme et postmodernité ; elle expliquerait peut-être, en partie au moins, la crise de la représentation », voire l'effondrement du symbolique, qui serait à l'oeuvre dans les arts de la scène en ce début de XXIe siècle.
Des spectacles scéniques et des récits filmiques faisant figurer marionnettes, objets animés et acteurs ensemble, que retenons-nous ? Le robot, la marionnette critiquent-ils le comédien vivant ? En désignent-ils les failles et les habitudes ? L'amènent-ils à modifier son jeu ou le complètent-ils ?
Il s'agit, ici, en termes d'enjeux narratifs, d'interroger ce qu'il en est des représentations du comédien, de sa contestation ou de sa réévaluation.
Réalisateur majeur du cinéma français de la Seconde moitié du XXe siècle, Claude Sautet (1924-2000) est, après sa mort, de plus en plus estimé par la critique et le grand public. Ces entretiens inédits que l'auteur, confident et ami, a enfin décidé de publier, couvrent quinze années de la vie et de l'oeuvre du réalisateur. Témoignage unique d'un artiste-créateur qui se penche sur ses films et, par endroits, sur ceux de ses confrères ; c'est aussi une radiographie de la société française de son époque.
1585. Giuseppe Arcimboldo, peintre à la cour de l'empereur Rodolph II, grand ordonnateur des festivités du Château, a cinq nuits pour représenter le plus beau des oiseaux. Il sera l'apanage du Carnaval.
Cinq nuits, c'est trop court. Mais l'exigence impériale ne se discute pas. Pour que l'oeuvre soit encore plus belle, le peintre doit sublimer le plus vil et mal aimé des oiseaux. Le Corbeau d'Arcimboldo affleurera-t-il le regard de l'artiste ? Or Arcimboldo a le coeur qui souffre d'un amour impossible pour Klara...
À travers diverses contributions qui explorent la production et la diffusion de l'écrit dans l'Europe de Gutenberg, les auteurs posent les jalons d'une histoire du livre-produit, depuis les imprimés d'Ancien Régime, en passant par l'apparition, au XIXe siècle, du « livre de boulevard » qui s'expose et se vend sans complexe, se diversifie et renouvelle ses stratégies pour conquérir de nouveaux lectorats, jusqu'à son apparente dématérialisation au temps du numérique.
"Le voyage de Parménide" est un essai sur les origines de la philosophie. Parmi l'éventail d'options que la Grèce présocratique proposa à l'Occident pour définir sa physionomie, les philosophes ne choisirent ni le naturalisme de Thalès, ni les nombres de Pythagore, ni la coïncidence des opposés d'Héraclite et des Mystères, mais ils se greffèrent sur l'expérience de l'être suggérée, en Grèce d'Occident, par le poème de Parménide.
Parcourant l'ensemble du XXe siècle, d'Artaud et Boulez à Goebbels et Novarina en passant par Honegger et Pasolini, cet ouvrage collectif réunit douze textes sur l'association de la musique et du théâtre. La musique de scène, composée par des musiciens en accord avec les dramaturges, inséparable du texte théâtral, s'y trouve convoquée avec la musique en scène, choix de metteurs en scène qui insèrent dans les textes et sur les plateaux des partitions autonomes qu'ils prennent le parti de confronter à la dramaturgie. Musique en connivence, musique venue de l'extérieur, musique imposée ou conçue pour elle-même, telles sont les différentes approches explorées au coeur de cet ouvrage.
Ce premier volume détermine les conditions de possibilité d'un théâtre politique contemporain, à l'heure où le politique semble avoir déserté les scènes et manquer à l'art comme à la société. Il critique les formes actuelles de théâtre prétendument politiques, distingue le théâtre politique des théâtres asservis à une idéologie et explore tant ses modèles historiques que ses (re)définitions, à travers l'étude de philosophes sensibles à l'idée d'une essence politique du théâtre tels que Badiou, Guénoun, Rancière et Stiegler.
Else Lasker-Schüler est née, en Allemagne, en 1869, dans une riche famille juive. Son oeuvre restera toujours inséparable de sa vie. Idole des folles années berlinoises, avant l'avènement du nazisme, elle échoue à Jérusalem, dans les années 40. Ses poèmes nostalgiques nous émeuvent par leur bouleversante sincérité. Raoul de Varax, son traducteur, a traduit d'autres grandes voix de la lyrique allemande.
Ce volume réunit des études de différents spécialistes italiens et français, universitaires, artistes (comédiens et metteurs en scène), sur les formes historiques du théâtre de masse et du théâtre populaire. Les expériences étudiées montrent qu'un véritable dialogue France/Italie a eu lieu. Ce volume analyse les frontières qui séparent théâtres de masse et théâtres populaires ; et la question qui parcourt toutes les études est l'actualité non seulement d'un tel débat, mais aussi de l'idée d'un théâtre pour un public élargi ou populaire.
Plutôt qu'à un « tous malades » anxiogène mobilisant les hantises de la contamination et de l'épidémie, ce volume convie à penser la maladie comme motif de rassemblement et de stimulante réflexion. La maladie autorise des modalités d'écriture, de ressaisissement de soi ou d'épanchement, d'appel à l'autre et d'exposition. Les contributeurs de ce volume les interrogent et les mettent en perspective dans l'étude de récits de patients, de romans de la maladie comme métaphore, de films catastrophe et de performances de corps souffrants.
De nos jours, l'attention médiatique accordée aux collaborations de chercheurs dans le domaine du théâtre, le succès de documentaires, d'émissions et de magazines scientifiques témoignent bien que la science appartient plus que jamais au champ du spectacle et des représentations. Les réflexions réunies dans ce livre interrogent ce que le théâtre fait à la science et inversement comment la science agit avec le théâtre. Ainsi à travers Galilée, Oppenheimer ou Schrödinger se dessine par le théâtre notre désir de science aujourd'hui.
Écrites par trois auteurs phares de la littérature indienne d'expression hindi et traduites pour la première fois en français, les trois pièces de ce recueil explorent le présent en Inde de la faim, de la violence, de la perte de la culture et de la disparition des valeurs. Traduites en plusieurs langues, elles sont aujourd'hui toujours jouées avec le même succès. Il s'agit de La faim, c'est le feu de Krishna Baldev Vaid (1998) ; de L'Époque aveugle de Dharamvir Bharati (1953) ; d'Agra Bazar de Habib Tanvir (1954).
Les quatre pièces qui constituent "Les Hitlérides" retracent les destins volontairement ou fatalement tragiques de dignitaires du IIIe Reich : Heydrich et Eichmann (Conférence) ; Magda Goebbels (Magda) ; Heinrich Himmler (H) ; et leurs collaborateurs français (Une saison à Sigmaringen) passage involontaire de la tragédie à la tragi-comédie...
Avec son art de la concision, Claude Prin nous fait pénétrer au coeur du système de la dictature nazie et fait ressortir des personnages connus ; leur action et surtout leur parler font affleurer l'effroi que nous ressentons progressivement ; ils suffisent à construire un univers morbide et sauvage. Cet art particulier, propre au théâtre, est celui d'un dramaturge sobre, pertinent et immensément talentueux.
Les villes de la Méditerranée, évoquées dans ce travail, occupent une place de choix dans des cinématographies prestigieuses. La question est posée : comment représentent-elles ces espaces et les cultures qu'ils portent ?
Sylvia Plath, Unica Zürn, Anna Kavan : trois femmes de démesure. Elles ont aimé des prédateurs. Broyées par leur perversion, elles ont créé pour ne pas mourir ; elles ont aimé à en mourir. Sylvia a mis fin à ses jours, à l'âge de trente ans. Unica s'est défenestrée ; elle avait cinquante-quatre ans ; Anna est morte d'une overdose d'héroïne à soixante-sept ans.
Jean d'Alembert naquit, à Paris, le 16 novembre 1717. Le nouveau-né fut confié à la famille d'Alexandre-Nicolas Rousseau, vitrier. Il fut associé astronome adjoint à l'Observatoire dès 1741. Il collabora avec Diderot à l'Encyclopédie. Et il rencontra sa nièce, Julie de l'Espinasse, elle aussi enfant naturelle. Jean et Julie s'aimèrent et vécurent, bientôt, dans le même immeuble, rue Saint-Dominique. Julie y ouvrit son salon. Elle mourut, phtisique, en 1776. La personnalité et les passions de Julie de l'Espinasse furent idéalisées au XIXe siècle. Quentin Debray a cherché, au-delà de la légende, les lumières et les inclinations, les tourments et les bonheurs.
Brigitte Manceaux (1914-1963), nièce de Poulenc, excellente pianiste elle-même, fut pour son oncle une indispensable conseillère musicale, une secrétaire, et une confidente de chaque instant. Cette Correspondance est composée de 192 lettres soigneusement conservées par leur destinataire. Elle constitue un véritable journal, dans lequel Francis Poulenc, l'un de nos grands épistoliers, livre comme nulle part ailleurs, avec tous ses paradoxes, sa vérité de musicien et d'homme.
C'est par le biais de la fiction que François G. Bussac a croqué une Tunisie récente, fiévreuse et tumultueuse. Usant du style et du panache qui le caractérisent, il dresse, dans ce roman, une galerie de personnages multi générationnelle, qu'on suit de ville en campagne, dans leurs hésitations et leurs affirmations de soi. On rentre dans Le miracle de Méméti avec le plaisir et la facilité propre à la fable, et on ressort heureux et empli par l'espoir d'un monde meilleur.
Cet ouvrage est un événement éditorial en France. C'est la première fois que l'ensemble des lettres d'Emily Dickinson est publié! Née en 1830 à Amherst où elle y meurt en 1886, Emily Dickinson, est devenue, dans le premier tiers du XXe siècle, un des grands mythes des Lettres américaines et, sans doute, l'un des poètes majeurs de la littérature universelle.
Qui sont les vingt-quatre écrivains de ce recueil ? Certains vivent à Cuba, d'autres pas. Certains sont dissidents, d'autres pas. Certains sont jeunes, d'autres... moins. Certains, diffusés de par le monde, traduits, restent inconnus dans leur pays natal. Tous évoquent Cuba, certains directement, avec une double casquette d'écrivains et de journalistes ; d'autres, la plupart, empruntent des chemins de traverse.
Entre Michelangelo Antonioni et David Lynch, Gaspar Noé, Arnaud Desplechin et quelques autres réalisateurs, il existe un lien qui n'est pas celui d'une filiation artistique. Chacun éprouvant à sa manière une curiosité pour ce qui reste des grandes traditions dans le monde d'aujourd'hui. Vue par Angelina Jolie, la Seconde Guerre mondiale est une synthèse de tous les fratricides, où succombe l'idée du sacré. Un renouveau de la métaphysique s'annonce pourtant dans les films de certains de ces réalisateurs, à travers leur vision critique de la violence humaine. Et jusqu'au terrorisme contemporain, qui hante l'imagination de cinéastes moins connus.